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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

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CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

PAR

P. MILLIÈRE

(ONZIÈME LIVRAISON ) TOME DEUXIEME

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PARIS

FF: SANS LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE

RUE HAUTEFEUILLE, 24

1S36G4

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V, à P CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS

PAR

P. MILLIÈRE

TOME SECOND

» ONZIÈME LIVRAISON (Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 9 Mai 1864).

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J'entreprends de publier un deuxième volume de mon Iconographie; mais avant, je dois à mes lecteurs une petite explication.

En commençant ce travail, je donnai au premier volume un titre qui ne s’est pas tout à fait justifié : j'ignorais alors qu'outre la publication de chenilles inédites et de quelques papillons nouveaux , j'aurais à ma disposition un assez bon nombre d’espèces, sinon com- plétement nouvelles, du moins qui n’ont été figurées nulle part. Je veux parler de Lépidoptères récemment publiés dans des revues suisses et allemandes. Loin de nuire à mon travail, ces nouveaux venus devront certainement lui donner plus d'importance. En eflet , ces insectes décrits depuis peu, l'ont été, pour le plus grand nombre, par des auteurs fort honorablement connus dans la science. Il me suflira de citer M. le docteur de Laharçe, de Lausanne, et M. le docteur Staudinger, de Dresde, qui n’ont pas craint de me confier

2. CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

des sujets de la plus grande rareté, et dont il n'existait, au moins pour quelques-uns, qu’un seul exemplaire. Que ces Messieurs reçoi- vent ici l’expression de toute ma gratitude pour leur obligeance.

Cette addition de Lépidoptères, sinon nouveaux, du moins, je le répète, non encore figurés, devrait peut-être entrainer la modifica- tion du titre de mon travail, et à la suite des mots : Iconographie et description de Chenilles et Lépidoptères inédits, il faudrait ajouter : ou non encore figurés. Je ne ferai cependant pas cette modification, Car, indépendamment de ce que le titre ancien est déjà fort long et supporterait difficilement d’être encore allongé, il en résulterait un défaut d’uniformité entre le premier et le second volume.

Bien que cette première partie de ma publication m’ait demandé beaucoup de temps, j'espère , si la Providence me le permet, pou- voir fournir un second volume qui, j'ose le promettre, ne sera pas moins soigné que le premier, pour ce qui regarde surtout la partie iconographique.

Toutefois il est juste d’ajouter que je dois des remerciments à deux entomologistes qui, avec une complaisance extrême, m'ont aidé de leurs conseils : à M. A. Guenée, de Châteaudun, la gloire de nos Lépidoptéristes français, et à M. Constant, d’Autun, entomologiste distingué et observateur fort habile. Que ces Messieurs reçoivent aujourd’hui le témoignage de ma vive reconnaissance.

Cleta (1) Reaumuraria, MiLL. ( Species nova.)

(PI. 51, fig. 1 et 2.)

Les Cleta européennes, peu nombreuses et fort petites, ne sont re- présentées que par trois espèces appartenant toutes aux contrées les

oo,

(1) Emmiltis, H.-S. = Acidalia, Tr. Bdv. Led, Ster.

Cleta Reaumuraria. 3

plus méridionales ; elles sont donc demeurées rares, et, par consé- quent, sont à peine répandues dans les collections.

Duponchel qui a créé ce genre, ne l’a composé que de deux es- pèces : l’une d’elles, la Nexata, Hb. (1), véritable Acidalie , exclue avec raison du genre Cleta, par M. Guenée, serait en tout cas assez mal placée après la Vittaria, Hb.

L’auteur du Species qui a augmenté ce genre, tout en lui enlevant la Nexata, l’a formé de six espèces dont trois exotiques. Je viens lui adjoindre une espèce européenne qui me semble avoir tous les caractères des Cleta; elle est tout aussi agréablement parée que ses congénères, lesquelles à cause des jolis dessins de leurs ailes, ont, ainsi que nous le dit M. Guenée (IX, p. 441), un faux air de Fidonia.

Cette nouvelle Phalénite, dont je n’ai sous les yeux que deux fe- melles, ne porte que 0",020 d'envergure ; elle est cependant la plus grande du genre, y compris les exotiques.

Les ailes de la C. Reaumuraria (2) sont entières ; les supérieures, à apex aigu, ont le fond d’un jaune argileux traversé par trois li- gnes d’un brun clair, très-distinctes. Sur l’espace médian, dont le centre est occupé par le point cellulaire, on voit une large ligne coudée , ondulée, bordée de noir en dedans et de blanchâtre en dehors. La ligne basilaire est sinueuse, brune et mal définie. La subterminale, bien écrite en brun, très-sinueuse, large, est fondue dans la couleur du fond et finement éclairée de blanc extérieure- ment. Les secondes ailes, de couleur à peu près semblable à celle des supérieures, sont toutefois d’un jaune, plus chaud ; le dessin des lignes est un peu celui des supérieures.

En dessous, les quatre ailes sont à peu de chose près semblables au dessus : sur un fond plus clair, les lignes brunes sont moins accusées

QE

(1) Je donnerai prochainement l’histoire des premiers états de cette Phalénite , la plus petite sans doute des Géomètres connues. (2) En souvenir du naturaliste français Réaumur.

4 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

et l’extra-basilaire a disparu. Le point cellulaire aux quatre ailes est indiqué en brun. Les franges sont médiocrement longues, claires et entrecoupées de brun. Les antennes, assez courtes et monilifor- mes ; les palpes longs, velus jusqu’au bout et hérissés; les yeux gros, ronds, noirs. Thorax robuste et peu fourni d’écailles concolo- res. Abdomen gros, conique, brun, entrecoupé de blanchâtre. Pattes de longueur normale, jaunâtres et munies aux tibias postérieurs de deux éperons.

Mon savant ami, M. Guenée, m'a fait savoir qu'il possédait deux mâles de cette Cleta nouvelle, et que ces mâles, en tout semblables à mes deux femelles, bien qu’un peu plus petits, ont les antennes très- pectinées. Ce caractère esi celui de toutes les Cleta.

M. Guenée m’informait en outre que les mâles de la Reaumuraria, devaient provenir ou de l’Algérie ou de l'Espagne. Mes femelles ont été prises aux environs de Montpellier ; je les tiens de M. Daube, qui les a capturées lui-même (4).

Hemerophila (2) Albrupéaria.

Thbg. Ins. Suec. p. 59, pl. 4. Step. I, p. 489. Wood, 514. Gn. IX, p. 218. Stgr. Cat. 253. Suberaria, Donov. VIT, p. 91, pl. 251. Petrificata, Hb. 267. Tr. IT, p. 65 et sup. p. 209. Dup. IV, p. 375. pl. 161, fig. 3. Bdv. 1567. H.-Sch., p. 77.

(PI. 51, fig. 3 à 3.)

Jusqu'à ce jour on ne savait rien, ou à peu près rien, de l’un des plus beaux genres faisant partie de la grande famille des BOARMIDES de M. Guenée. es OR RD à Ed. AMOR MERS ee 2 5 CRE

(4) Ce qui précède n’était pas encore imprimé lorqu’il me fut possible de voir en nature un mâle de la Cleta Reaumuraria appartenant à M. Guenée. J'ai pu alors peindre la tête de cet insecte et faire connaître la forme des antennes.

(2) Boarmia, Dup., Bdv., H.-S., Stgr.

Hemerophila Abruptaria. b)

Je suis heureux de pouvoir présenter à mes lecteurs l’histoire complète de deux Phalénites longtemps confondues, comprises dans cette importante famille. Je veux parler des Hemerophila Abruptaria, Thbg. et Nictemeraria, Hb., aussi voisines entre elles par leurs che- nilles qu’elles le sont par leurs insectes parfaits; cependant les mœurs de chacune de ces deux espèces diffèrent passablement, ainsi que je vais l’exposer.

CHENILLE.

La larve de l’Hem. Abruptaria est allongée, atténuée antérieure- ment, à tête petite et aplatie. Le corps est recouvert de plusieurs ca- roncules et n'offre pas de lignes bien distinctes. La couleur générale qui n’a rien de décidé est le gris jaunâtre lavé parfois de carné et de bleuâtre plus ou moins obscur sur les denx premiers anneaux, les cin- quième et sixième et sur les flancs des derniers. Le clapet anal est peu prononcé et le douzième segment se termine par une double pe- tite pointe.

Les lignes ordinaires, ai-je dit, sont presque nulles. Je n’ai pas vu de trace de la vasculaire. A la place de la sous-dorsale et de la stig- matale, il existe plusieurs traits mal indiqués, géminés et interrom- pus. Les stigmates sont blanchâtres, petits et cerclés de brun. Le quatrième et le huitième anneau sont munis d’un petit tubercule brun éclairé sur les côtés. Les onzième et douzième segments ont les trapézoïdaux postérieurs proéminents, donnant naissance à un poil raide et court; les deux autres points pilifères n’ont rien de remar- quable. Les pattes antérieures sont assez longues, eflilées, avec le der- nier article noirâtre. Les quatre postérieures sont concolores ; cepen- dant les deux premières sont barrées d’un trait noir transversal. Le ventre est d’un carné obscur marqué d’une large ligne grise continue du premier au neuvième segment. La tête est petite, carrée, coupée en biseau antérieurement, concolore, chagrinée de brun et éclairée de blanchâtre sur les côtés supérieurs,

6 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

C’est à juste raison qu’on peut appeler cette larve et sa voisine, celle de la Nyctemeraria , chenilles en bâton. Leur rigidité est en effet extrême : la chenille de l’Abruptaria, pendant toute la durée du repos, se tient fixée seulement avec les pattes postérieures ; d’autres fois elle appuie la partie antérieure du corps sur la pointe de la troisième paire des écailleuses, tandis que les deux précédentes pai- res sont étroitement fixées au corps, au point de disparaitre com- plétement à l'œil.

J'ai trouvé pour la première fois les larves de cette Hémérophile

pendant l'hiver de 1863, sur le Similax aspera, aux bords du Tech (Pyrén.-Orient.) ; cependant j'ai nourri leurs descendantes avec les feuilles et les fleurs de plusieurs espèces de Genista. Une famille en- tière a été élevée avec la feuille d’un Cytisus exotique que j'avais à Lyon à ma disposition. La génération suivante , la troisième, fut amenée à bien avec la feuille du Jasminum fruticans, L.

À Lyon, ayant toujours trouvé l’insecte parfait dans des prairies plantées de peupliers et de saules, j’ai supposé qu'ici elle se nourrit des feuilles de l’un de ces arbres ou peut-être de celles de tous deux. Par suite de ce que j’ai observé, jai lieu de croire polyphage la che- nille de l’Abruptaria. M. Guenée nous dit même que M. Doubleday, d'Angleterre, élève cette chenille sur le tilleul, mais qu'il n’a pas d’autres renseignements (IX, p. 218). Cependant, depuis la publica- tion de son Species, il a élevé, m'’écrit-il, plusieurs pontes de cette Géomètre dont les œufs lui ont été envoyés d’Angleterre, et a ob- servé que l’éducation de cette espèce est très-facile et son accouple- ment toujours certain.

La mère et le père de plusieurs générations successives de l’Abrup- taria obtenues en captivité la même année, après s’être chrysalidés à la fin de janvier 1863, sont, par un heureux hasard, éclos tous deux le même jour, le 6 avril suivant. L’accomplissement de ces deux sujets ayant eu lieu chez moi, j’oblins une ponte d'œufs fécondés : j'en comptai cent vingt-quatre. Ceux-ci sont sphériques, finement granuleux, d’un bleuâtre rappelant la couleur du sulfate de cuivre,

Hemerophila Abruptaria. 7 Douze jours après que les œufs ont été pondus eut lieu l’éclosion des chenilles.

Il est rare que cette espèce se cache dans la mousse pour se chrysa- lider : c’est presque toujours dans les feuilles de l’arbuste qu’elle tisse une coque légère elle se transforme en très-peu de temps, puisque, même en hiver, mais cela à Amélie-les-Bains, sept jours lui ont suffi pour opérer sa métamorphose en nymphe.'

La chrysalide est allongée, sans aspérités, d’un brun rougeûtre, luisante, avec l’extrémité abdominale finissant en pointe unique, courte, forte, noire, précédée d’un petit bourrelet brun, granuleux.

Le Lépidoptère éclot ordinairement pendant les premières heures de la nuit.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : le o’ 0",032 à 0°,033. la © 0",036 à 0",037.

Les ailes sont grandes, veloutées, dentées, avec le fond roussâtre. Les supérieures sont traversées diagonalement par une large bande brune, liserée intérieurement par un trait fin, noir et continu. Un autre trait noir plus rapproché de la base, mais moins apparent , traverse également l’aile dans le même sens et limite l’espace mé- dian sur lequel on voit le point cellulaire, petit, rond et toujours bien indiqué. Les secondes ailes, plus dentées que les supérieures , sont ornées d’une large bande brune qui occupe l’espace médian et qui va en s’affaiblissant à mesure qu’elle se rapproche de la base de l’aile. Cette large bande est traversée en entier par un trait noir, fin, festonné, faiblement éclairé extérieurement. Le point cellulaire, à peine marqué, disparaît chez quelques sujets.

La femelle typique est d’un roux plus clair que le mâle; cepen- dant la race des Pyrénées-Orientales m'a offert toutes les femelles avec le fond blanchâtre et les larges bandes d’un vineux obscur, à tel point qu’on croirait voir une espèce différente.

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Cette belle Hémérophile, dont les femelles écloses chez moi sont re- lativement grandes, a plusieurs générations par an; j'en ai compté trois élevées en captivité, et une quatrième arrivera bientôt, puisque je viens d’obtenir un accouplement de sujets récemment éclos à Lyon (du 20 au 25 février), provenant de la troisième génération.

L’Hemer. Abruptaria appartient au midi, au centre et au nord de la France. Elle n'est pas rare en Angleterre, à ce qu’il paraît. L’es- pèce ne fait point partie de la faune suisse, pays où, chose étonnante, sa congénère la Nyctemeraria, considérée comme essentiellement mé- ridionale, se trouve quelquefois (Laharpe, Phalènes suisses, p. 69).

L’Abruptaria fait partie de la faune de Bordeaux. Elle vole aux environs de cette ville, en avril, juillet et septembre (1). Ce qui vient confirmer mes observations que l’espèce a trois ou quatre générations annuelles.

On la rencontre assez communément dans la campagne de Lyon et particulièremont à Rochecardon, notre collègue M. Beckenstei- ner la prend en nombre chaque année.

Hemerophila Nyctemeraria.

Hb. 364-365. Dup. V, p. 591, pl. 2410, fig. 2 Frey. I, pl. 78, f. 4. Tr. Sup. p. 209. Bdv. 1566. Lah. 126. Herr.-Sch. p. 77.—Gn. IX, p. 219. Stgr. Cat. 254.

(PI. 51, fig, 6 à 8.)

CHENILLE.

Elle est allongée, atténuée antérieurement, rase, d’un gris terreux ou parfois d’un brunâtre clair, et lavée de bleuâtre en dessous. Bien

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(1) Catalogue des Lépidoptères de la Gironde, par M. Henri Trimoulet , p. 57.

Hemerophila Nyctemeraria. 9

qu’assez semblable à celle de sa congénère l’Abruptaria, elle s’en distingue : par la tête moins allongée, moins biseautée, pourvue de deux pointes obtuses placées au sommet et éclairées de blan- châtre antérieurement; par le plus grand développement de plusieurs des trapézoïdaux, notamment de la première paire du neuvième anneau; par la présence d’une quadruple caroncule sur chaque flanc du cinquième anneau; par le clapet anal plus dé- veloppé; par les stigmates, grands, jaunâtres, en ellipse et cer- clés de noir. Cette chenille est en outre très-plissée transversalement et ne présente aucune trace des lignes ordinaires. Les dix pattes sont concolores ; les antérieures ont seules le dernier article noir.

Cette espèce, qui ne doit habiter que l'Europe méridionale, vit aux environs de Marseille, de Toulon et d’Hyères sur les divers Genista et Cythisus qui y croissent en abondance. M. Daube l’élève chaque année; après m'en avoir adressé plusieurs individus parve- nus à leur taille, 1] m'a écrit qu'il ne rencontrait cette chenille dans la campagne de Montpellier que sur le Juniperius oxycedrus. Elle vit à découvert depuis sa naissance jusqu’au moment de sa métamor- phose, et même à cette époque ne descend-elle pas de l'arbre pour se chrysalider. Ellene mange que la nuit ; et, enfin, elle est fort délicate à amener à bien. Du reste même rigidité, même attitude, même im- mobilité, même aspect repos que la chenille de l'Abruptaria. Elle n’est jamais abondante sur les arbustes qui la nourrissent; aussi l’insecte parfait est-il encore rare dans les collections.

Le moment le plus favorable pour la recherche de cette chenille est la fin de mars et le commencement d'avril; mais je ne serais pas sur- pris que la seconde génération passät l’hiver.

Cette espèce, qui demeure peu de temps en léthargie, se métamor- phose dans les feuilles après avoir tissé une coque à claire-voie très- légère. La chrysalide est allongée, avec la gaîne des antennes saillante. L’extrémité abdominale se termine en pointe robuste légèrement re- courbée et tout à fait noire. La couleur générale est le rouge acajou

foncé, mais celle de l’enveloppe des ailes est brunâtre ainsi que celle

10 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

des anneaux. L’insecte parfait éclot environ vingt-cinq jours après sa métamorphose. Ordinairement l’éclosion a lieu dans la matinée ; c’est le contraire qui arrive chez sa congénère l’Abruptaria.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : le ©” 07,033: 07,035. la $ 0”,036 à 0,038.

La Nyctemeraria est un peu plus grande que l’Abruptaria, mais elleest moins grande que la figure de Duponchel qui est d’une taille exagérée. Les ailes sont allongées, larges, profondément dentées; les inférieures sont surtout aiguës à l’apex, d’un ton général vigoureux le brun et le rougeâtre dominent sur un fond gris clair ; ce qui laisse voir une large bande contiguë à la costale qu’elleaccompagne dans toute son étendue. Une très-large bande brune traverse l’aile obliquement de l’apex à la base. Cette bande est coupée par deux traits fins, noirs. Le fond gris clair des inférieures est strié de brun et traversé par un trait fin, noir et ombré de rougeâtre extérieurement. D’autres lignes suivent ce trait caractéristique. Les franges sont unicolores et fine- ment entrecoupées de brun. Le point cellulaire est petit et noir, il n’est visible qu’aux supérieures. Les quatre ailes sont en dessous d’un gris clair, sablées de brun avec la tache cellulaire aux quatre ailes. Les antennes sont fortement pectinées.

La femelle est assez semblable au mâle, cependant les couleurs sont généralement moins acusées.

Cette espèce varie peu ; j’ai toutefois sous les yeux une aberration femelle très-foncée, chez laquelle le brun tend à passer au noir et le clair occupe un faible espace. L:

La Nyctemeraria, qui éclot en mai et en août, n’a pas, la chose me paraît certaine, plus de deux générations annuelles; elle diffère en cela de l’Abruptaria qui, je l’ai dit, en a quatre.

I n°y a pas plus de quarante ans que cette superbe Hémérophile a été découverte. C’est Hubner qui l’a fait connaître; cependant c’est

Sesia Chalcocnemis. 11

un naturaliste français, M. Lefèvre, qui le premier l’a trouvée en Sicile en 1824 (1).

J'ai dit à l’article précédent que la Nyctemeraria habitait le Haut- Valais et que sa présence en Suisse (2) me surprenait. J’ajouterai que j’ai la crainte qu'il n’y ait une erreur, et qu’à l’exemple de Treit- schke, M. de Laharpe n’ait confondu l’Abruptaria avec la Nycteme- raria.

L'auteur de la Faune suisse s'est-il assuré par lui-même que la Phalénite « découverte et élevée chaque année par M. Anderregg » soit bien la Nyctemeraria?

Sesia Chalcocnemis.

Stgr. I, c. p. 322, Cat. 92.

(PI. 59, fig. 1 et 2.)

Envergure : 0°,019 à 0",020.

Elle est de la taille de la Doryliformis, O.,ou plutôt de celle de la Prosopiformis, O., H. Ld., H.-S. 33, très-voisine elle-même de la Chrysidiformis des auteurs.

Les aïles supérieures sont transparentes avec les nervures et les bords d’un fauve obscur, entre les deux cellules diaphanes, dont la première allongée et triangulaire, et la seconde allongée et re- lativement petite. Entre ces deux cellules, dis-je, il existe la tache ou bande transversale ordinaire, oblique, noire, précédée d’une teinte faiblement rougeätre. A la base de l’aile et sur le bord in- terne, cette même teinte se voit remplissant une petite cellule jus-

(1) Dup. VIE, 1re par, p. 553. (2) Laharpe, Faune suisse, p. 69.

12 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

qu’au tiers de sa longueur. Les inférieures sont diaphanes avec les nervures fines, noires et le bord subterminal de même couleur. La frange aux quatre ailes, est longue et d'un roux obscur. À la seconde nervure vient aboutir un petit croissant noir lequel s'appuie au bord supérieur de l'aile. Le dessous est à peu près semblable au dessus, mais les teintes sont moins prononcées. Les antennes sont d’un noir bronzé avec le dessous un peu crénelé. Les palpes, longs, gris, velus. Les yeux gros, luisants et grisâtres. La trompe allongée, ténue et noire. Le thorax robuste, d’un brun irisé et brillant. Pour distinguer cet éclat il faut que les poils nombreux et grisâtres du thorax, chez les individus frais, aient en partie disparu. L’abdomen est assez gros et d’un noir velouté : chaque anneau est séparé par une bande d’un gris bleuâtre irisé. Le quatrième anneau présente un cercle jaunâtre à reflet brillant. La brosse de l’anus est longue, fournie et complétement noire. La poitrine et l’abdomen sont d’un noir velouté ainsi que les pattes. Celles-ci ont le dernier article et les tarses grisätres. Les pattes postérieures sont épaisses ef velues.

Cette Sésie, récemment découverte, n’a point encore été figurée ; elle a pour patrie les environs de Montpellier.

Quant à la race des environs de Cadix que j'ai également fait fi- gurer (PI. 52, fig. 2) et que je désignerai

Var. A.

Je la crois distincte de celle de la Provence, et je pense qu’elle pour- rait bien constituer une espèce séparée. Si elle a la taille et la coupe d'ailes du type, elle s'éloigne de celui-ci par des différences peu importantes, il est vrai, mais constantes ; les voici :

Les supérieures sont d’un rouge de Saturne qui rappelle tout- à-fait la couleur des ailes de la Prosopiformis; ce qui n’a pas lieu chez les sujets ordinaires. |

2 Le thorax et l’abdomen sont caractérisés par une teinte métal-

Atychia Laeta. 13 lique gris-bleuûtre et irisée très-belle. Ce brillant éclat se remarque en dessous des ailes, sur la poitrine et sur le ventre.

Enfin, chez aucun sujet provenant de Montpellier, on ne voit le quatrième anneau jaunâtre qui caractérise les individus ty- piques.

La Sesia Chalcocnemis, type et variété, fait partie du cabinet de M. Staudinger.

Atychia Laeta,

Stgr. Ann. de la Société entomolog. de Stettin, p. 269 (année 1863).

(PI. 52 fig. 3 et 4.)

Cette nouvelle espèce vient d’être décrite, mais elle n’a pas en- core été figurée. Le mâle de cette intéressante Atychia a cela de re- marquable qu'il s'éloigne très-sensiblement de la femelle par la forme. Plus que chez toutes les espèces congénères, cette femelle se rapproche beaucoup de la Funebris, Feisth, bien que plus petite, et le mâle ressemble assez à la Cassandrella, Stgr.

Cependant le mâle et la femelle de cette Afychia appartiennent à la même espèce. Il est nécessaire de dire que si les mâles de la Laeta volaient abondamment autour de la femelle, M. Staudin- ger qui a observé ce fait sur les lieux, n’a pu être témoin de l’acte copulatif. Quoi fqu'il en soit, ni l’un ni l’autre de ces sexes n'était connu.

Le mâle de l’Af. Laeta mesure 0",024. Les ailes supérieures sont étroites, presque rectangulaires et d’un jaune paille uni. Les franges sont d’une largeur normale. Les ailes inférieures sont d’un gris fuligineux, sans taches et tranchent avec les franges qui sont d’un jaune paille. En dessous les supérieures sont d’un gris sombre, luisantes avec les bords teintés de jaunâtre. Les inférieures,

14 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

d’un gris plus clair que les supérieures, sont aussi plus largement lavées de jaune raougeätre sur les bords. Les antennes, au rebours des espèces congénères, ne sont pas pectinées, elles sont minces et filiformes. La tête est hérissée de poils jaune paille. Le front est blanchätre. Les palpes sont droits, légèrement velus, aigus et as- sez longs. Le thorax est robuste et garni d’écailles concolores. L’abdomen est effilé, dépassant les ailes, brun et annelé de jaunâtre.

La © mesure 0,020 mill.

Elle est, on le sait, plus grande que l’Atychia Funebris 9. Les ailes sont relativement plus allongées que celles de sa congé- nère et moins arrondies à la côte des supérieures. Ces ailes sont également plus rectangulaires avec l’apex plus émoussé que chez la Funebris. Les supérieures sont d’un brun noirâtre, marquées de quaire grosses taches d’un gris clair ainsi placées : Les deux pre- mières et les deux dernières, par leur disposition , forment les li- gnes transversales ordinaires vaguement indiquées; la coudée, à son point de départ, s'appuie à la côte. L'espace médian ainsi limité n'a rien qui le distingue du fond. Les ailes inférieures sont larges, d'un noir fuligineux et sans aucune tache. La frange aux quatre ailes est concolore. Le dessous est d’un gris noi- râtre, très -luisant et sans aucune tache; cependant le bord in- terne des supérieures s’éclaircit un peu. La tête rappelle celle du mâle, seulement les antennes également simples sont d’un tiers plus courtes. Le thorax est d’un brun foncé ainsi que l’abdomen ; celui-ci est long, conique, renflé au milieu avec le dernier anneau plus allongé que les précédents et finissant par un oviducte de plusieurs milli- mètres de long, un peu tridenté et de couleur ambrée. La poitrine est d’un gris blanchâtre ainsi que les pattes ; ces dernières sont an- nelées de brun avec l'extrémité noirâtre.

La femelle de la Laeta paraït être d’une grande rareté, puisque M. Staudinger qui a rapporté de son voyage en Espagne, patrie de cette nouvelle Atychia, un certain nombre de mâles, n’a pu saisir qu'une seule femelle.

Cerastis Buæi. 15 Cette espèce a été prise au mois de juillet, volant au soleil, sur un pic rocailleux très-sec, à San-Ildefonso, près de Madrid. Je possède le mâle de l’Af. Laeta. La femelle fait partie du cabinet de M. Staudinger. L'espèce non comprise dans son catalogue devra prendre place après la Cassandrella et porter le 119% bis.

Cerastis Buxi.

Bdv. 4180. Gn. Ind. 242. Gn. Spe. V, p. 378. Herr.-Sch. 92-93. Star. 614 Orthosia Daubei, Dup. sup. HE, p. 334, pl. 30.

(PI. 52, fig. 5 à 8.)

CHENILLE.

L'œuf éclot au printemps : la croissance de la jeune chenille est assez rapide et elle ne change pas de couleur, c’est-à-dire qu’elle demeure verte à tous ses âges. Parvenue à son entier développement au commencement de mai, elle est alors rase, médiocrement allon- gée, atténuée antérieurement, veloutée, d’un vert plus ou moins blanchâtre, et faiblement lavée de rougetre sur le dos et les flancs avec l’écusson du premier anneau concolore et bien indiqué. En outre, tout le corps en dessus et en dessous est strié longitudinale- ment de vert foncé. Les lignes ordinaires, continues, étroites, se dis- tinguent à peine à l'œil nu. La vasculaire est peu apparente, bien que plus claire que le fond; elle est très-finement lisérée de vert foncé. La ligne sous-dorsale est plus large que la première et faiblement ondulée. La stigmatale, également vert clair, n’est in- diquée que sur les incisions. Les stigmates sont ovales et entière- ment noirs. Le ventre n’a pas de lignes. La tête est petite, aussi haute que le premier anneau et d’un jaunâtre testacé : les palpes sont longs et les mâchoires brunes. Les pattes antérieures, assez

16 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

courtes, testacées; les autres, concolores avec la couronne jau- nâtre.

Cette chenille vit exclusivement sur le buis, Buxus sempervirens, L., dont elle ronge les jeunes pousses. C’est vers les premiers jours du mois de mai qu'il convient de la chercher. On ne peut réussir à la trouver pendant le jour, car, ayant les habitudes des Anchocelis de M. Guenée, elle fuit la lumière.

M. Daube, qui chaque année récolte en abondance cette chenille, me mande qu'il la trouve sur les nombreux buis de son jardin, la nuit, au sommet des jeunes rameaux. Pendant le jour elle se fixe au centre des touffes et demeure accrochée aux grosses branches de buis, d’où il est presque impossible de la faire tomber.

Cette espèce est fort délicate et arrive difficilement à bien.

Vers la fin du mois l’insecte s’enterre assez profondément ; toutefois il ne se transforme qu’à la fin de septembre et même plus tard, bien que la principale éclosion arrive en novembre.

La chrysalide est conique, d’un brun rougeûtre, sans aspérités , lisse, luisante et finissant par une pointe très-obtuse sans qu'il y ait vestige de crins ou de crochets. L’éclosion du Lépidoptère, je l'ai dit, arrive en automne, sur l’arrière-saison.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",033 à 0",035.

Les ailes supérieures sont coupées carrément, festonnées, à bord arrondi inférieurement, d’un ochracé pâle et aspergées d’atomes bruns. Les lignes ordinaires sont très-imparfaitement indiquées ainsi que la tache réniforme et l'ombre médian. Cependant les points terminaux, petits et bruns, sont assez visibles. Les ailes inférieures sont d’un gris foncé et luisantes, avec la frange de la couleur des ailes supérieures. Le dessous est d’un ochracé pâle avec le milieu des su- périeures ombré de rougeâtre. Une ligne transversale est assez mal

Chelonia Hebe. 17 indiquée aux quatre ailes. Le point cellulaire est seulement marqué aux inférieures.

Cette Cerastis que, malgré ses caractères constants, certains ento- mologistes considèrent encore comme variété de l’Humilis ou de la Pistacina, a étè nommée par Duponchel Orthosia Daubei (1).

Il n’est pas extraordinaire de voir la C. Buxi voler encore en dé- cembre, et même en janvier (2).

A ma connaissance elle n’a encore été trouvée qu’à Montpellier ; ausssi l’espèce est-elle demeurée rare.

Il est supposable que les nombreux buis de certaines provinces au midi de l’Europe doivent également nourrir la chenille de la Buxi ; le tout est de savoir la chercher.

C’est encore à l’infatigable M. Daube que nous devons la découverte de la chenille de cette rare Cerastis.

Nouvelles variétés de la Chelonia (3) Kebe.

L.; S. V. Esp. 34, 1-4. Hb. 129; 296 ab. God. IV, 31, fig. 1. 2. Frr. 458, 3. ab. 632 Herr.-Sch. 68, ab. Sig. Cat. 79.

Bien que les variétés d'insectes n’aient que peu d'intérêt relative- ment à la science, souvent elles ne laissent pas d’en présenter à l’ob- servateur, considérées au point de vue de la Tératologie. De plus, il en est qui, par leur étrangeté, ont un puissant attrait aux yeux des na- turalistes collectionneurs.

Si les aberrations connues de la Chelonia Hebe (Hb. 296 et H.-$.,

(1) UE. Supp., p. 3314, pl. 30, fig. 5.

(2) M. Daube m'écrit l'avoir trouvée, le 4er janvier, fixée dans la glace d'un bassin de son jardin, elle avait tomber dans la soirée précédente.

(3) Arctia, Stph. Stgr.

18 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

68) sont curieuses, les trois variétés que je figure aujourd’hui le sont, bien davantage, je le crois ; la première

Var: UD.

(PI. 53, fig. 1.)

est tout aussi grande que le type. Les ailes supérieures d’un jaune clair ont à peine à la nervure costale, à la base et à l’extrémité de l'aile, quelques taches noires qui indiquent la place qu’occupent, chez les sujets ordinaires, les larges taches noires qui les caractérisent. Certaines taches de rouille placées au sommet de l’aile, et d’autres qui entourent le noir de la côte et celui de l’angle intérieur, se montrent comme délayées sur le fond jaunâtre. Le rose des ailes inférieures est faible, et les deux grosses taches noires du bord postérieur sont bien développées. La frange est plutôt grise que noire. En dessous, les ailes sont différentes du dessus : les supérieures ont le fond plus blanchâtre avec les taches noires de la costale plus développées. Les inférieures, roses à la base et au bord supérieur, ont leurs taches noires plus prononcées qu’en dessus et onten outre deux taches noires cunëi- formes, appuyées au bord supérieur. Ainsi que chez le type, les deux colliers existent chez cette variété. L’abdomen ne .présenterait rien d’anormal si le rose n’était un peu sali par le noir. Les antennes, la poitrine et les pattes n’ont rien de particulier. Cette curieuse variété, dont la patrie m'est inconnue, est un mâle. Elle fait partie du cabinet de M. Staudinger.

NS (PI. 53, fig. 2.)

Celle-ci, qui représente un des plus grands exemplaires de la C. Hebe, est une femelle; elle mesure soixante millimètres. Son as- pect est des plus remarquables : les ailes supérieures, grandes, lar- ges et parfaitement développées, seraient entièrement d’un noir ve-

Chelonia Hebe, 19

louté uniforme, n’était une bande claire, étroite, flexueuse, très- étranglée au centre, qui côtoie la frange jusqu'aux deux tiers de son étendue. Cette bande d’un jaune clair est lavée de roussätre sur les bords ; elle est suivie d’un très-petit point qui se détache en roux. Les secondes ailes sont également noires, mais ce n’est plus le velouté mat des supérieures, mais bien un noir fuligineux qui, à certains reflets de la lumière, passe au bleuâtre obscur. A la base, ces ailes sont très-faiblement teintées de carmin qui apparaît en se fondant d'une manière insensible ainsi que ferait, qu’on me passe cette com- paraison, un dernier reflet de soleil couchant dans un ciel obscur. En dessous, les ailes supérieures sont également d’un noir douteux et ne présentent plus la bande marginale du dessus que sous forme de cinq points, qui se suivent et qui sont de grosseurs diverses. Les inférieures sont en tout ce qu’elles sont en dessus.

Ce beau Lépidoptère a été élevé de chenille à Montpellier ; il ap- partient à la riche collection de M. Staudinger.

Var. F.

(PI. 53, fig. 3.)

Si les deux précédentes aberrations de la C. Hebe sont dignes d’in- térêt, celle-ci qui est un mäle me paraît en présenter bien plus encore par l’étrangeté de ses couleurs, c’est-à-dire par la différence complète des teintes des deux ailes droites comparativement aux ailes gauches : celles-ci, bien que s’éloignant de celles du type par la coloration, n’ont rien qui doive surprendre ; mais à côté de ces deux ailes gauches, combien n’est-on pas surpris de voir les droites presque entièrement d’un noir fuligineux ! La supérieure gauche n’a de visible que deux bandes transverses jaunâtres, et encore la première de ces bandes est- elle étroite et interrompue. Cependant, à la hauteur de ces bandes, on voit vers le milieu une éclaircie roussâtre. Le reste de l’aile est recou- vert par le noir plus intense sur les taches que sur les places envahies.

20 | GHÉNILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIHS.

Laseconde aile est d’un rose tendre et légèrement enfumée à la base : sont les seules particularités qui différencient ces ailes de cellesdu type. L’aile supérieure droite serait tout à fait noire si, en dessous de l’apex, il n’existait une très-légère éclaircie roussâtre. La seconde aile droite serait entièrement fuligineuse si son milieu et la frange du bord in- terne n'étaient faiblement lavés de jaunâtre. Chez ce sujet, un peu plus petit que le type, le double collier du thorax n’existe pas et l’ab- domen est presque entièrement sali par le noir ; le rose cependant se fait jour de chaque côté. En dessous les quatre ailes sont semblables au dessus ; les teintes toutefois sont plus nébuleuses.

C’est, à ma connaissance, la seule variété de Lépidoptère présentant une coloration aussi anormale que celle que je viens de signaler. Je n’ai nulle connaissance du lieu cette remarquable variété a été prise ; je la crois cependant des environs de Berlin.

Variétés de l’'Arectia @uenselii.

Payk. Act. Hist. Nat. Hafn. IL, 2, p. 99. Tr. Il, fig. 2 (1791). Hb. 353, p. 5. Dup. IL, 4, 3, Stgr. Cat. 87. = Sirigosa, F. E. S. II (1794).

L’Arctia Quenselii, qui est encore une très-grande rareté, a été pu- bliée depuis longtemps. Duponchel qui n’avait connu que le mâle en a donné une figure médiocre (Sup. IL p. 54, pl. 4.), copiée sur le seul individu qui existait alors en France et qui était possédé par l’ento- mologiste lyonnais feu Chardiny. Hubner a donné depuis le mâle et la femelle convenablement figurés (353-355). Je viens aujour- d’hui faire connaître quatre variétés de cette Arctia, qui sont origi- naires, l’une de la Sibérie orientale, et les trois autres du Labrador (Amérique septentrionale). La première de ces aberrations que je désignerai :

Arctia Quenselii, 21

Var fA.

(PI. 53, fig. 4.)

est un mâle ; ce sujet, dont l’envergure est celle du type (0",034) , a les ailes supérieures allongées et de forme rectangulaire. Les ner- vures qui, chez les individus ordinaires, sont d’un jaune de Naples plus ou moins pàle, se montrent, chez cette variété, d’un jaune d'ocre très-chaud. Les bords, y compris la frange, sont entièrement de la couleur des nervures. Le fond, comme chez les sujets typiques, est d’un noir velouté. Les secondes ailes seraient tout à fait noires si une large bande transverse fortement ondulée et d’un fauve vif ne les par- tageait. Les quatre ailes en dessous sont la répétition du dessus, mais les teintes sont plus pâles. Les antennes sont faiblement pectinées et noires. Le thorax, médiocrement garni de poils et l’abdomen peu dé- veloppé, sont de la couleur des nervures ; cependant le sommet du collier offre deux gros points noirs. Le centre des ptérygodes et le haut du thorax sont noirs. Le milieu de l’abdomen est marqué d’une large bande longitudinale entièrement noire; les flancs, sur chaque anneau, Sont également marqués de noir. L’abdomen se termine par quelques rares poils noirs et fauves. La poitrine est noire ainsi que le ventre. Enfin, les pattes sont d’un fauve clair.

Cette variété et les trois suivantes appartiennent à la collection Staudinger.

SVT:

(PL 53, fig. 5.) .

Cette seconde anomalie est aussi une femelle ; elle se distingue par sa grande taille qui mesure 0,035, par les ailes supérieures un peu pius arrondies et par le fond généralement plus noir que chez le type; c’est-à-dire que les parties claires sont toutes étroites. Les nervures , les franges, le bord costal et le bord interne sont, ainsi qu’à l’or-

22 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. dinaire, d’un jaune de Naples clair ; seulement cette couleur est nette et nullement maculée. Les secondes ailes sont, ainsi que toutes les franges, d’un jaune de chrôme vif, mais le noir qui contraste avec cette belle couleur est ainsi réparti : une bande festonnée, interrom- pue, précède la frange; une grose tache noire, triangulaire, ap- puyée par l’un de ses côtés au bord supérieur, projette un de ses an- gles au milieu de l’aile. Le dessous des quatre ailes est à peu de chose près la répétition du dessus. Le thorax est très-velu ; il est de la couleur des supérieures. Les taches noires du thorax et de l’abdo- men existant chez la Var. À, se reproduisent exactement chez celle-là. J'ai devant moi deux autres aberrations de la Quenselii, mais moins importantes que les précédentes ; la première,

Var. C,

est un mâle. Les ailes supérieures rappellent assez celles du type, mais les secondes sont presque entièrement fuligineuses. Une éclaircie qui longe l’avant-dernière nervure, seule, se détache du fond. Les franges sont blanches. Le dessous des ailes est bien différent du des- sus : les dessins, qui sont un peu ceux du type, se détachent en clair sur un fond fuligineux.

La dernière de ces aberrations,

Var. D, est une femelle, elle se distingue par les nervures et les franges qui, presque blanches, se détachent du fond noir des supérieures et du fond fuligineux des inférieures. Le thorax et l’abdomen sont égale- ment blanchâtres avec dessins mal arrêtés.

Ogs. Depuis la rédaction de l’article précédent, j'ai été à même d'obtenir de nouveaux renseignements sur cette Arctia, qui, avant peu, ne sera sans doute plus une rareté.

La Quenselii vole dans le Haut-Valais : au mois de juillet dernier

Chelonia Caja. 23 il en fut pris plusieurs exemplaires dans les mêmes lieux vit la Nemeophila Cervini, FALLOU (Ann. de la Soc. entom. de Fr., p. 23, pl. 1,186%) qui fut retrouvée elle-même cette année en grand nombre, soit à l’état de chenille, de chrysalide ou d’insecte parfait.

Vers le même temps, M. Rod. Zeller, de Zurich, a pris à Celé- rina (pays des Grisons), plusieurs individus mâle et femelle de la Quenselui. Quelques œufs fécondés de cette espèce m’ayant été envoyés par ce natu raliste, j'ai l'espérance de pouvoir bientôt connaître la larve de cette Arctia, qui doit passer l'hiver et qui, en cela, possède un nouveau point de rapprochement avec la chenille de la Nem. Cervini.

Cependant aujourd’hui, 22 août, au moment j'allais envoyer ce dernier travail à l'impression, j'obtiens l'éclosion de deux exemplaires de l’Arctia Quenselii, dont un ©” et une © , provenant de deux che- nilles que, le 4 août, j'avais reçues de M. Zeller. Ce naturaliste et moi ignorions ce que devaient être ces chenilles; fort heureusement j'avais eu le temps de peindre et de décrire l’une d'elles avant la transformation ; je pourrai donc bientôt, je le répète, faire connaître les premiers états de cette rare Chélonide.

Nouvelles variétés de la Chelonira Caja, Hb.

Il n’est pas, je crois, de Lépidoptères qui varient autant que la Ch. Caja : on comptait, jusqu'à ce jour, sept principales aberrations de cette espèce. Les variétés dont il va être question doivent, à juste titre, rivaliser avec les plus curieuses. La première, qui est un mâle,

Var; (PI 53, fig. 6.)

est d’une très-grande taille : elle mesure jusqu’à 0",062. Voici en quoi elle s'éloigne du type : les ailes supérieures qui ont le fond brun

Y . 92% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

chocolat, n’ont plus les ruisseaux blanchâtres et sinueux de l’espèce ordinaire ; ils Sont remplacés par une large bande transversale oblique, blanchâtre, placée aux deux tiers de l’aile et présentant au sommet une pointe obtuse, deux pointes antérieures très-aiguës et deux autres pointes inférieures ; par divers points également blan- châtres, situés entre la bande précitée et la base de l’aile à laquelle s'appuie le plus large de ces points.

Il est bon de faire observer que la tache oblique de l’aile gau- che n’est pas exactement semblable à celle de l’aile droite. Sur celle-ci la tache se termine bien par deux pointes, mais la gauche, très-déliée, court dans le sens des nervures, et tend à se réunir au point carré de la base de l’aile. Le rouge brique des inférieures se voit encore, mais à la base seulement, sous forme d’une large bande transversale. Le reste de l’aile est occupé par une teinte fuligineuce, avec l’éclaircie au bord supérieur. Sur les secondes ailes on ne voit rien des cinq ou six taches bleues bordées de noir qui caractérisent le type. Les franges sont toutes de la couleur du fond. Le dessous des quatre ailes offrirait le même dessin que le dessus, si le point blanc basilaire et carré n'avait disparu. Les taches et teintes générales sont à peu près celles du dessus, mais cependant elles sont beaucoup plus pâles. Les antennes sont blanches avec les lamelles brunes ; le collier est rouge. Le thorz.x est bien fourni et d’un rouge brunâtre. L’abdo- men est d’un rouge brique avec les cinq taches noires transversales ordinaires.

Cette aberration qui a être obtenue ex larva fait partie du cabi- net de M. Staudinger ; mais je n’en connais pas la patrie.

Var. I. (PI. 53, fig. 7.)

Un peu plus petite que la précédente, elle est au moins aussi re- marquable qu’elle. Envergure 0,057. Sa taille, on le voit, est celle

Fumea Sapho. 25 du type. Les ailes supérieures présentent cette étrange particularité qu’ellesseraiententièrement blanchessi ellesn’étaent maculées de brun en quelques endroits. Dans la première partie de l'aile, on voit qua- tre gros points de couleur chocolat et de formes diverses, présentant d’une manière imparfaite un carré. Au milieu de ce carré on distin- gue une petite tache allongée de même couleur, et enfin trois autres très-petits points plus rapprochés de la base de l’aile que tous les au- tres. Les inférieures sont d’un beau rouge de Saturne, rappelant la couleur du type, avec une petite tache noire en forme d’ellipse entou- rée de jaune et placée près de la base de l’aile. Enfin, avant d'arriver à la frange qui est d’un jaune clair, on voit uñe ligne de trois points médiocrement gros, également cerclés de jaune. Le dessous des ailes supérieures est semblable au dessus ; cependant les taches ont pal. Les inférieures ont perdu leur brillante teinte rouge et ne sont plus que faiblement carnées : les points devenus brun pâle persistent en- core, mais ils ne sont plus entourés de jaune. Le thorax, bien fourni, brun, a également le collier rouge. Les antennes sont blanches avec les barbules brunes. L’abdomen est rouge et présente trois anneaux ou taches allongées, noires.

Ce bel insecte provient de Montpellier le naturaliste M. Daube Ja élevé de chenille. Il fait partie de mon cabinet.

Fumea (1) Sapho, Mii..

( Species nova.)

(PI. 54, fig. 1 et 2.)

Cette nouvelle espèce tient des Psyche de Schrk, et de certaines Fumea de Haw., telles toutefois que les a groupées dans son cata-

"oo,

(1) Psyche, Brd.

‘26 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

logue méthodique M. Staudinger, de Dresde. En effet, elle se rap- porte aux premières par la couleur et la forme des ailes de plusieurs d’entre elles, et t'ent aux secondes par la ténuité des écailles, la tex- ture et la transparence des ailes, et surtout par la composition des fourreaux. Si nous la rapprochons de ces dernières, cette Psychide est voisine des Psyche Pectinella, Brd. (1), et Fumea Suriens. Reutti (2).

Si aujourd’hui je ne considérais plus que comme caractère secon- daire la forme des fourreaux, ce pourrait être à côté de ces deux es- pèces qui sont, je l’ai dit, la première une Fumea de M. Staudinger, et la seconde une Epichnopteryx du même classificateur, que je pla- cerais cette espèce nouvelle.

La grande famille des PsycHines a été, jusqu’à ce jour, si impar- faitement étudiée et présente de si sérieuses difficultés, que je crois bien faire de ne pas assigner de place définitive à l’insecte dont il est question ; je me contenterai de le décrire. Cependant je le crois une Fumea proprement dite ; c’est également l’avis de M. Staudinger qui, ainsi que moi, regarde cette espèce comme inédite, et qui, en. me la procurant, m'a engagé à la publier.

Envergure : 0*,049.

Elle à un peu la coupe de la Proxima, Led. (Ledereriella, Brd., fig. 59.), mais les ailes sont plus allongées et d’un noir moins opa- que. Ces mêmes ailes rappellent la couleur de celles de la Fusca, How. (Calvella, Och. Brd.), bien qu’un peu plus foncées. Elle au- rait plutôt la forme d'ailes étroites , allongées et sémidiaphanes de la Pectinella, S.-N., bien que près du double plus grande. Les franges sont raisonnablement larges et d'un gris blond. Le dessous est aussi uniforme que le dessus et lui ressemble, Les antennes sont d’un gris

(1) Psyche Surientella? Brd. (Ann. de la Soc. entom. de Fr., 1858, p. 405, pl2). (2) Epichnopteryx Pectinella, S -V., Stgr.

Typhonia Dardoinella . 27 foncé, longues et brièvement pectinées. Le thorax est grèle et d’un noir de suie. L’abdomen, également grèle, est garni à l'extrémité de poils blonds très-courts. Les pattes sont d’un gris foncé.

Je ne connais pas la femelle.

Le fourreau a la forme de ceux de la Pectinella, S.-V., et de la Perlucidella, Brd. (1), sauf la taille qui est plus grande, Ce fourreau est tubuliforme, allongé, conique, un peu courbé ; il est formé de soie blanche, recouvert de très-petites parcelles terreuses et siliceu- ses, et présente une texture des plus solides, bien que cédant sous la pression du doigt.

La chenille de la Fumea Sapho m'est inconnue : il est supposable qu'elle vit de graminées ainsi que celles de ses voisines les Perluci- della, Pectinella et Nudella (2).

Cette Fumea, qui provient d'Allemagne, appartient à mon cabinet ; M. Staudinger, de Dresde, en possède plusieurs individus semblables.

Z'yphonia (3) Dardoinella ©, Mi.

(PI. 54, fig. 3 à 5.)

On a toujours ou presque toujours tort de publier certaines espèces de Lépidoptères, celles qui sont d’une détermination difficile, alors qu'on n’a vu qu’un sexe. Je viens de reconnaitre moi-même cette

(1) Distincte de la précédente. On a eu tort de considérer l’une comme variété de l'autre. C'est ce que démontrent, d’une part, la taille de chacun de ces deux insectes et, d'autre part, les mœurs des chenilles et l'époque d'apparition de deux Psychides.

(2) L'auteur de la Monographie des Psychides d'Europe ayant trouvé des four- reaux de la Nudella sur les mousses, a supposé que la chenille s'en nourrit (*), ce qui est une erreur : je l’ai toujours rencontrée mangeant dans des prés mous- sus, des graminées courtes qui y étaient mêlées.

(3) Melasina, Bay.

(*) Monograph. p. 78.

28 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,,

vérité, et, franchement, je conviens que ma précipitation à publier la Psyche Dardoinella (VI liv., p. 318, pl. 37, fig. 8 à 41) m'a gra- vement induit en erreur à l'égard du genre auquel appartient réel- lement cette prétendue Psyche.

M. Dardoin vient de m'adresser un Lépidoptère obtenu ex larva, qui doit bien certainement être la femelle de ma Psyche Dardoi- nella ©’. Je reconnais donc que cette espèce 9, dont j’ai sous les yeux deux exemplaires, n’est point une Psyche, mais bien une Ty- phonia. Je dois dire cependant, pour atténuer mon tort, que j'ai été trompé par la forme du fourreau en tout semblable à ceux de cer- taines Psyche (1). |

Les Typhoma, dont la parure est sans éclat, forment, on le sait, un petit groupe d’insectes tranchés, généralement fort recherchés des en- tomologistes à cause peut-être de leur excessive rareté. C’est à peine si les collections les plus riches possèdent quelques espèces, en plus ou moins mauvais état, de ce genre dont le nombre s’élève à une dizaine, selon Bruaud ; cependant plusieurs de celles-ci ne me parais- sent pas authentiquement distinctes.

L’individu que je publie aujourd’hui sous le nom de Dardoinella , est une vraie Typhonia $ reconnaissable aux ailes bien développées, aux antennes filiformes et surtout à l’oviducte.

Voici la description de cette Typh. Dardoinella.

Envergure : 0°,0925.

Elle est, on le voit, tout aussi grande que ses aînées et possède la coupe d’aile dela Typ. Melas, Bdv. (Melanosella, Brd.); mais au lieu d’être entièrement d’un noir brun plus ou moins intense, ca- ractère qui distingue presque toutes les espèces de ce genre, les ailes de cette femelle inédite sont d’un gris chaud, faiblement lavées de

(1) Je me plais à rendre justice au sûr coup-d'œil de M. Staudinger qui, lors de la visite qu’il m'a faite en 1862, avait cru voir dans le & de la P. Dardoi- nella, malgré la forme exceptionnelle de son fourreau, une véritable. Typhonia,

Typhonia Dardoinella. 29 Carné dans la partie qui longe la côte. L’envergure est un peu plus grande que celle du mâle, et le bord des supérieures, assez aigu à l’apex, est aussi plus large. Les ailes inférieures sont peut-être aussi plus allongées et moins arrondies que chez le mâle. Les taches, stries et atomes bruns qu’on remarque chez ce dernier, existent bien chez la ©, mais leur forme et leur disposition ne sont pas précisément les mêmes. La tache du milieu de l'aile au lieu d’affecter une forme carrée est plutôt rectangulaire et mal arrêtée à ses angles. Celle du sommet de l’aile est assez celle du mâle. Les inférieures sont uniformément d'un gris foncé, mais moins fuligineux que celles du ©. En dessous les quatre ailes sont sans dessins et d'un gris roussâtre uniforme. Les antennes sont courtes, grêles, un peu plus épaisses à la base, et concolores. Le thorax est de la couleur des ailes supérieures. Le corps est assez épais et d’un gris chaud; il se termine par un faisceau de poils fauves, divergents, qui au premier abord dérobent l’oviducte, lequel est court, courbé, coriace, foncé, et qui se termine par une pointe brune qui se dirige en dessous. Aussi pour distinguer cet organe important est-on obligé de retourner l'insecte.

Le fourreau, un peu plus grand que celui du mâle, présente à très- peu de chose près, la forme de celui-ci.

M. Dardoin qui possède aujourd'hui deux mâles et deux femelles de cette Thyphonia, après avoir agi pour les fourreaux des deux femelles ainsiqu’il a opéré pour ceux des mâles (1), est très-sûr que les deux enveloppes qu’il m'a envoyées, et qui sont identiques entre elles, appartiennent bien à l’espèce que je viens de décrire. Ces fourreaux, récoltés au commencement de juin 1863, ont donné leur insecte par- fait dans le courant de juillet suivant.

AP D D

(4) Icon, T. I, p. 320,

30 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES JINÉDITS.

| Giottula Paneratiài.

Cyrillo, pl. 19, £ 4 Hb. 391, 846 Tr. I, p. 182 et Sup. p. 29. God. IT, p. 272, pl. 70, f. 1-2. Frey II, pl. 147, f. 4. Gn. Ind. 238 Bdv. 909. Gn. V, 115 Stgr. Cat. 199.

(PI. 54, fig. 6 à 9.)

CHENILLE.

Elle est depuis longtemps connue, mais elle n’a jamais été figurée. De plus, les détails inédits qui feront suite à sa description pourront sans doute ajouter de l'intérêt à son histoire.

Cette larve est cylindrique, épaisse, allongée. On ne peut dire si c’est le blanc ou le noir qui doit être considéré comme le fond de l’in- secte ; mais voici de quelle manière ces couleurs se présentent à l'œil. Il règne sur la plupart des anneaux une large bande noire qui, sur les flancs, s’arrête à la naissance de chaque paire de pattes; cepen- dant sur les anneaux qui en sont dépourvus, la bande noire fait le tour du corps. Ces bandes sont liées entre elles par quatre lignes brunes qui semblent tenir la place des deux sous-dorsales et des deux stigmatales. De chaque côté de la bande noire existent cinq taches blanches arrondies qui tranchent d’autant plus que le fond est noir. Les trois taches antérieures qui occupent le milieu des cinq, sont de moitié plus petites que les deux autres. Le ventre est blanc, excepté le milieu de chaque paire de pattes. La tête est petite, arrondie, d’un fauve vif et marquée de quatre grosses taches foncées. Les mandi- bules sont noires. Les seize pattes sont fauves, mais les antérieures ont les deux derniers articles noirs. Les ventrales et anales ont la couronne noire et sont marquées de brun sur le côté extérieur. Les stisomates sont ovales, blanchâtres et assez peu distincts. Les points ordinaires sont verruqueux, luisants et surmontés d’un poil court, brun, raide. Au-dessus de chaque patte ventrale, entre la stigmatale

Glottula Pancratii. 31 et le dernier point verruqueux, on distingue une tache ovale, petite, blanche qui touche ce dernier et qui n’existe que sur les seuls an- neaux des ventrales.

À son premier âge, cette chenille vit dans l’épaisseur de la feuille du Pancratium maritimum, L., d’où elle ne sort que pour effectuer sa seconde mue; elle n’est parvenue à son entier développement que pendant le mois de mai. On la trouve abondamment sur le littoral de la Méditerranée, partout croit le Pancratium qui, dans la nature, parait être sa seule nourriture (1).

Il est deux époques on la rencontre communément, celle de la fin de mai et celle de la fin de novembre. Cependant lorsque le mois d’août a été humide, la génération de l’arrière-saison est plus abon- dante que la première, car alors il y a eu une nouvelle pousse de la plante maritime. Si, au contraire, la sécheresse continue pendant les mois d’août et de septembre, l’éclosion des œufs, qui n’a sans doute pas lieu en temps ordinaire, n’arrivera, en partie du moins, qu’au premier printemps d’après.

Les chenilles qui s’enterrent au commencement de juin éclosent trois ou quatre semaines après, tandis que les autres ne voient la lumière qu’au printemps de l’année suivante.

M. Daube, qui m'a transmis les détails que je viens de donner sur la chenille de la Pancratii, termine par cette dernière et curieuse communication : « Elles mangent, dit-il, la feuille du Pancratium, « la fleur, la graine, lorsque celle-ci n’est pas trop avancée, et l’oi- « gnon; ce qu’elles font en dernier lieu. Lorsqu’elles ont dévoré le « bulbe, qu’elles rendent tel qu’il a été broyé par leurs robustes mâ- « choires, elles mangent leurs excréments ; et, chose singulière, celles « qui se sont nourries de cette étrange façon, se transforment tout « aussi bien et fournissent des insectes tout aussi beaux que les

nes ne (1) M, Guenée, auquel j'adressai quelques chenilles de la Pancratii, m'a dit

les avoir nourries, faute de feuilles du Pancratium, avec le poireau (Allium porrum).

"32 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.@ « autres!! C’est, je pense, la seule chenille qui soit dans ce cas. » Pour se métamorphoser, la chenille s’enfonce profondément dans le sable. k La chrysalide est pleine, allongée, sans aspérités, lisse, luisante, d’un brun acajou, maculée de noir à certaines places. L’extrémité se termine par deux pointes obtuses, fortes, noires. Les stigmates sont ovalaires et bien indiqués en noir sur tous les anneaux : ceux-ci sont distincts et mobiles.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0”,024 à 0°,025.

Les ailes sont épaisses, veloutées, entières, d’un brun café foncé, à apex arrondi avec une éclaircie rougeâtre, transversale, à la hauteur de la subterminale, et suivie de l’espace terminal d’un gris de plomb mat, lequel est précédé d’un liseré ferrugineux roussâtre. La réni- forme, qui est plus ou moins visible, est également d’un jaune clair. Chez quelques sujets la claviforme est écrite en noir. Les ailes infé- rieures sont d’un blanc pur chez le mâle et enfumées au bord termi- nal chez la femelle. Les antennes sont courtes, noires et pubescentes. La tête et le thorax sont noirâtres. L’abdomen est blanc avec l’extré- mité plus ou moins enfumée. Il est gros et presque entièrement brun chez la femelle.

L’insecte varie peu : aucun auteur ne signale de variété de cette Glottula, si ce n’est toutefois la Glott. Encausta que plusieurs consi- dèrent comme une simple aberration de la Pancrati.

L'espèce appartient à la France méridionale, à l’île de Corse, aux environs de Naples, au Cap de Bonne-Espérance. On avait con- fondu avec elle la Dominica de Cramer qui se trouve sur la côte de Coromandel, mais M. Guenée nous a appris dens son Species que cette dernière est une espèce distincte,

EXPLICATION DES PLANCHES,

EXPLICATION DES PLANCHES

De la {1e Livraison (1864).

SG > QE - ——

PLANCHE 51.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig. 4. Cleta Reaumuraria $ , Mu. 2. Tête de la C. Reaumuraria o’.

IL. Fig. 3. Chenille de la Hemerophila Abruptaria, TH6c.

4. Chrysalide. >. Insecte parfait.

IE.

Fig. 6. Chenille de la Hemerophila Nyctemeraria, Hus.

EN

. Chrysalide. 8. Insecte parfait.

33

EXPLICATION DES PLANCHES,

PLANCHE 52.

EXPLICATION DES FIGURES.

f Fig. 4. Sesia Chalcocnemis, STGR. MCE id. (Aberr. À) IE. Fig. 3. Atychia Laeta, ©, STGR. CAES À HE PRO IT. Fig.

Chenille de la Cerastis Buxi, Bpv. Id. id.

6. 7. Chrysalide. 8. Insecte parfait.

jeune.

pa S

Fig.

EXPLICATION DES PLANCHES, hr)

PLANCHE 53,

EXPLICATION DES FIGURES.

4. Chelonia Hebe, Hs. (Aberr. D.).

2-7. td. (Aberr. E.). PNEU id. CAberr.:K): I.

4. Arctia Quenselii, PAx. (Aberr. A. ). 0. I id. (Aberr. B. ).

LEE.

- 6. Chelonia Caja, H8. (Aberr. H.).

1. Ai. id. (Aberr. I.).

EXPLICATION DES PLANCIES, »

PLANCHE 54.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig. 4. Fumea Sapho, ©, MILL. 2. Fourreau.

IE.

Fig. 3. Typhonia Dardoinella, ®, Mizr. . Fourreau.

. Oviducte grossi.

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JIL. Fig. Chenille de la Glottula Pencratii, Cyrir. Id. id. id. . Chrysalide. . Insecte parfait.

jeune.

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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES | INÉDITS

PAR

P. MILLIÈRE

DONZIÈME LIVRAISON

(Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 14 Novembre 1864).

Nemoria Aureliaria, MILL. (Species nova.) (PI, 55, fig. 4 et 2.)

Je n’ai pu rapporter à aucune des espèces figurées , ou simplement décrites, la jolie Phalénite que je publie aujourd’hui. Sa couleur vert bleuâtre est unique parmi les Géomèêtres européennes ; je ne sau- rais mieux comparer cette couleur qu’à celle de la Malachite (deuto-

carbonate de cuivre). Pas une des espèces composant les genres Pseudoterpna, Geometra, Nemoria et Iodis, qui à peu près toutes sont vertes ou vert bleuâtre, aucune, dis-je, n’approche de la teinte délicate qui carac- térise cette espèce nouvelle. |

Envergure : 0®,022. Sa coupe d’ailes la rapproche de la Pulmen- taria, Gn., et sa taille est celle de la Viridata, L. Les ailes sont bien

fournies d’écailles d’un vert bleuâtre velouté, participant de la 3

38 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. ,

teinte de la Nem. Pulmentaria et de celle de l’Iodis Vernaria (4) au . moment de leur éclosion. Les ailes supérieures, à apex prolongé, ont le bord costal un peu arrondi ainsi que le côté externe de la frange; le bord interne est presque droit. La côte est très-légèrement teintée de fauve rougeâtre. Sur un fond uni on voit, à la hauteur de la coudée, uneligne très-imparfaitement écrite, droite, blanchâtre, et traversant obliquement l’aile. Cette ligne qui s’appuie à la côte prend son point de départaux trois quarts de la longueur de celle-ci. Les ailes inférieures sont larges, assez longues, à angle anal prolongé, mais arrondi ; elles sont unies et traversées par une ligne blanchâtre, fine, coudée. La frange des quatre ailes est étroite et presque blanche des deux côtés. Le dessous n’a aucune ligne; il est d’un vert d’eau très - clair, et n’est teinté de vert bleuâtre qu’à la côte et sur les bords extérieurs. Les antennes sont franchement pectinées ; la côte est blanche et les lamelles sont d’un fauve jaunâtre. Les palpes, au re- bours de ce qui existe chez les espèces congénères, ne dépassent pas le front. Les yeux sont proéminents et bruns. La tête est d’un pour- pré clair et le front est d’un blanc pur. Le thorax et l’abdomen sont crèles et recouverts d’écailles d’un vert plus tendre que celui des ailes. Les pattes, assez longues, sont ainsi que la poitrine d'un jaune rougeâtre. Enfin les tibias des pattes postérieures n’ont qu’une seule paire d’éperons courts.

Je ne connais malheureusement pas la $ de cette intéressante es- pèce et encore moins la chenille.

Cette Nemoria, bien tranchée et que je possède dans un état de conservation parfait, a été reconnue nouvelle par M. Guenée et par M. Staudinger auxquels je l'ai soumise. Fort de l’avis de ces mes- sieurs, je n’ai pas hésité à la considérer comme inédite. ;

(1) Je fais observer que la couleur de la Nem. Aureliaria, malgré son état de dessiccation, est uniformément conservée; ce qui a lieu de surprendre, car toutes les espèces congénères sont, après leur mort, toujours plus ou moins

altérées,

Margarodes Unionalis 39 Cette charmante Phalène a pour patrie l'Italie méridionale. J'ai l'honneur de la dédier à une Princesse française qui aime et encourage les sciences naturelles. La Nem. Aureliaria devra dans le species général trouver place avant la Pulmentaria, Gn., et porter le 540 bis.

Margarodes Unionalis, Hb.

Europ. Sami. 132 ?— Exot. Sami. IL, €. a.—Tr. p. 116.— Dup., p. 455, pl. 220, fig. 4. Herr.-Sch., p. 25. Gn. VII, p.305. Stgr. Cat. 103.

(PL. 35, fig. 3 à 6.)

Cette Pyralite appartient à un genre fort nombreux et qui ren- ferme des espèces très-belles. Tel que l’a établi l’auteur du species général, le genre Margarodes compte vingt-trois espèces dont vingt- deux exotiques. La plus grande partie de celles qui ont été décou- vertes jusqu’à ce jour, nous vient des îles américaines plutôt que des continents et des Indes-Orientales ; cependant l’Afrique nous en fournit de fort remarquables (1). Nous sommes vraiment heureux qu'une espèce, l’Unionalis, vienne représenter en Europe ce genre brillant. |

Depuis longtemps les mœurs de l’Unionalis, qui étaient restées in- connues, intriguaient les naturalistes qui n’avaient rien pu savoir des habitudes de sa chenille ; je désirais vivement, moi-même, connaître celle-ci ; malgré mes constantes recherches, elle a, pendant cinq ou six ans, toujours échappé à mes investigations.

Chaque année, depuis 1857, j'élevais avec une grande persistance une chenille qu’on ne trouve que très-difficilement sur les oliviers de

om

(1) Gn. VII, p. 302.

40 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,

la Provence. Je soupçonnais vaguement que cette larve pouvait bien être celle de l’Unionalis, assez abondante dans nos contrées méridio- nales pendant, la plus grande partie de l’année. Toujours mes che- nilles périssaient misérablement avant la transformation ou pendant la chrysalidation ; ma curiosité, après ces insuccès, n'en était que plus excitée. Cette année cependant j'ai été plus heureux, et je puis enfin donner l’histoire complète de cette Margarodes.

CHENILLE.

L’œuf est sphérique et blanchâtre. Après avoir été déposé par la mère prévoyante à l’aisselle d’un rameau d’olivier, cet œuf éclôt quinze ou vingt jours après qu'il a été pondu. La jeune chenille, qui attaque d’abord la surface inférieure d’une feuille récemment déve- loppée, grossit lentement. Elle est alors d’un vert blanchâtre, cou- leur qu’elle conserve jusqu’après la troisième mue. À cette époque le vert Se prononce davantage et la chenille, de même que celles de certaines Tortrix, se retire pendant le jour au centre de plusieurs feuilles réunies par des fils de soie, d’où elle ne sort plus que la nuit pour manger. Cinq ou six semaines après sa naissance, cette chenille est parvenue à toute sa grosseur : elle est fusiforme, assez allongée, plissée transversalement, un peu luisante, d’un vert clair teinté de bleuâtre sur les deux premiers et sur les trois derniers anneaux ; elle est de plus lavée de jaunâtre antérieurement. La tête est lenticulaire, luisanteet d’un vert testacé. Les ocelles, au nombre de cinq de chaque côté, sont très-petits, noirs et disposés en ellipse. Le premier anneau est recouvert d’une plaque écailleuse et concolore. La région dorsale est quelquefois teintée de vineux du quatrième au dixième anneau : ce doit être la couleur du tube digestif qu’on distingue sous la peau; du reste pas de ligne vasculaire. La sous-dorsale est d’un vert assez foncé; la stigmatale est étroite, continue et blanchâtre. Ces deux li- _gnes ne sont pas toujours bien indiquées. Le ventre est d’un vert - bleuâtre et n’a pas de lignes. Des poils courts et blanchâtres nais-

Margarodes Unionalis. LI sent des points verruqueux ordinaires; ceux-ci sont d’un vert foncé. Les pattes sont concolores ; les ventrales ont la couronne jaunätre.

Je pense que cette chenille vit exclusivement sur les oliviers; on la trouve de préférence sur l'olivier non greffé (Olea oleaster, L.).

Pour se métamorphoser l'insecte descend rarement de l'arbre; il se fixe encore moins souvent dans les feuilles de l'olivier. C’est entre les gerçures des grosses branches et du tronc qu’il tisse une coque légère il se métamorphosera huit ou dix jours après.

Cette espèce se rattache à ses congénères par un caractère impor- tant et qui est propre à toutes les exotiques dont les premiers états ont été observés par M. Poey. Je veux parler d’un filet ventral qui rappelle celui des chrysalides de Cleophana.

La nymphe est allongée, cylindrico-conique, munie d’une gaine ventrale brune, détachée à l'extrémité et descendant très-bas sur l'enveloppe de l'abdomen. Sa couleur générale est le rougeàtre obs- eur ; cependant la partie antérieure et l'enveloppe des ailes sont brunes avec les anneaux abdominaux plus clairs ; enfin, la pointe est courte, noire et inclinée du côté de la gaine ventrale.

En hiver et au printemps, l’insecte parfait éclot trente-cinq ou _ quarante jours après la transformation de la chenille, et cela tou- jours dans la matinée. J'ajouterai qu’il se développe trés-rapide- ment.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",0025 à 0",0027.

Les ailes sont larges, soyeuses, à moitié diaphanes, sans lignes, d’un blanc pur et irisé chez les individus frais, mais un peu jau- nâtre chez ceux qui ne le sont plus. Les supérieures ont la côte d’un fauve brunâtre, continue et lisérée en dessous d’un trait fin qui est d’un blanc de lait. La frange est concolore et précédée d’une série de points noirs placés sur les nervures. En outre, un très-petit point noir se voit à l'extrémité de la disco-cellulaire; ce point manque

49 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

quelquefois chez la femelle. Les antennes sont blanches ; le front est jaune et teinté de roux; le thorax et l’abdomen sont blancs.

La femelle est ordinairement plus grande que le mâle; elle lui ressemble d’ailleurs.

Je crois que les générations de l'Unionalis se succèdent sans in- terruption, mais que pour les sujets qui volent en hiver, la crois- sance se fait beaucoup plus lentement que chez les autres. Ce que je puis dire, c’est que j'ai pris assez abondamment l’insecte parfait au printemps (1), en automne et quelquefois en hiver.

Cette espèce qui est vive, vole rapidement dans la campagne et sur les collines cultivées des environs d’Hyères, de Marseille, de Montpellier et autres lieux de la Provence.

Il est fort étonnant que Duponchel nous dise qu’on la prend dans les endroits marécageux du midi de la France (VIIE, éd., p. 155), cependant ne croissent jamais les oliviers.

Les seuls pays l’Unionalis ait été rencontrée jusqu’à ce jour , sont l'Italie, la Dalmatie, la Provence et le Languedoc. Il est sup- posable que tous les lieux vient spontanément l'olivier, fournis- sent cette jolie Pyralite; et il est probable qu’elle est commune en Afrique cependant elle n’a point encore été signalée.

Obs. Elevée sur une branche d'olivier, enfermée sous une gaze, la chenille arrive fort bien à l'état parfait; mais il n’en est pas ainsi de celles qui sont placées dans d’autres conditions.

Tinen @leastrella (2), Mir. (Species nova. ) (PI. 55, fig. 7 à 9.)

J'avais primitivement rapporté cette petite Tinéide à l’une des deux > PS DR RS 2 1 Rs

(1) Je l’eusse sans doute pris en été si, à cette époque de l’année, je me fusse trouvé dans le Midi. (2) Du latin Oleaster, olivier sauvage.

.. Tinea Oleastrella. 43 espèces observées par feu Boyer de Fonscolombe : l’Elachista (4) Oleælla et l'Æcophora Olivella (Ann. de la Soc. ent. de Fr., année 1857, t. VL p. 179-187, pl. 8, fig. 4 et 5); mais je ne tardai pas à reconnaître qu'elle n’était ni l'une ni l’autre et qu'elle devait bien certainement représenter une espèce nouvelle. |

La chenille de la Tinea Oleastrella ne peut pas être celle de l’une des deux espèces précitées, par la raison qu'elle n’a nullement, ainsi que je le dirai dans un instant, les mœurs des chenilles observées par M. Boyer de Fonscolombe.

J'ajouterai que la description des insectes parfaits et leurs figu- res par Duponchel (Supp. IV, p. 434-439) ne s’y rapportent en aucune manière.

CHENILLE.

Elle est fusiforme, très-atténuée aux extrémités, d’un vert plus ou moins obscur avec plusieurs lignes longitudinales à peine plus accusées que le fond, excepté cependant la vasculaire qui est large, brune et continue. La tête est petite, cordiforme et d’un jau- nâtre testacé qui est la couleur de la plaque du premier anneau. Les pattes écailleuses sont d’un vert foncé, les autres sont concolores avec la couronne brune. Tous les anneaux du milieu sont lavés très- légèrement de rouille : cette nuance n’est pas constante, car plu- seurs sujets n’en présentent pas de traces. Les stigmates sont noirs et sont placés sur un front vert clair. Elle vit en automne sur l'olivier cultivé, Olea europea, mais principalement sur l'olivier qui croit spontanément ; ©. oleaster (sauvageon). Elle n’at- taque que les feuilles récemment développées dont elle commence par ronger le revers où, jusqu’à sa troisième mue, elle se tient fixée pendant le jour. Après cette troisième mue, elle file dans la gerçure

(1) Atemelia, Herr.-Sch., Slgr.

LA" CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.,

d’une branche une galerie ouverte aux deux extrémités, s’y blot- tit et n’en sort que la nuit pour courir sur les feuilles : elle les explore longtemps avant de les ronger. Sa vivacité est telle, qu’on peut à peine l’imaginer ; elle est de plus fort délicate et d’une éducation difficile.

Des chenilles très-petites de l’Oleastrella, envoyées des environs d’Hyères le 7 novembre 1863, se sont métamorphosées vers la fin du même mois, chacune dans une petite coque solidement tissée dans la mousse d’un vase qui les renfermait. |

La chrysalide est relativement petite, allongée et d’un brun rou- geâtre. Quinze ou vingt jours après la métamorphose, arrive l’éclo- sion de la Tinéide.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",021 à 0”,022.

Ce petit lépidoptère me paraît appartenir au genre Tinea pro- prement dit : il en a d’ailleurs la plupart des caractères. Les aï- les supérieures sont longues, étroites, rectangulaires, un peu fal- quées, à angle apical obtus et ont, au premier abord, un aspect terreux. Sur le fond gris clair, lavé de rougeâtre à la base, au centre et à l’extrémité de l’aile, on voit un grand nombre de très- petits points ou atomes bruns serrés qui en recouvrent assez ré- gulièrement la surface. Il existe en outre plusieurs taches noirà- tres ainsi disposées : la première, de forme triangulaire, est placée sur le bord interne, au tiers environ de l'étendue de l’aile; deux ou trois autres taches allongées se montrent à la hauteur de la cou- dée, une à la pointe qui précède l’apex, et enfin une dernière à la frange de l’apex même. Les ailes inférieures sont allongées, cul- _triformes, gris foncé, unies, luisantes et garnies, ainsi que les su- périeures, de longues franges soyeuses et concolores. Le dessous est d’un gris ardoisé, luisant, sans aucun dessin. Les antennes sont presque aussi longues que le corps, filiformes et brunes. La tête est

Eupithecia Cocciferata. 45 laineuse et blanchâtre. Les palpes, un peu recourbés en crochet, sont assez longs, dépassant la tête, et garnis d’écailles blanchâtres, sauf le dernier article qui est nu; les yeux sont gros et noirs. Le thorax et l'abdomen sont de la couleur des ailes supérieures. Le corps en dessous et les pattes sont gris de fer et luisants.

L’insecte varie peu : on rencontre pourtant des sujets d’un gris jaunâtre.

La T. Oleastrella, qui doit avoir plusieurs générations par an, ne pa- rait pas très-abondante dans les lieux croissent les oliviers. Je Pai prise au vol en hiver dans le département du Var (1). Sa vivacité est aussi très-grande : pour se soustraire au danger, elle disparait sous les gerçures avec une remarquable facilité.

Je place cette Tinea après la Clematella, Step. (Arcella, F.-Z.), Dup. Sup,, pl. 85, fig. 13. Elle portera le 1,213 bis dans le ca- talogue Stgr.

Eupithecia Cocciferatr (2), Mis.

(Species nova. )

(PI. 56, fig. 1 à 4.)

CHENILLE.

Elle est assez courte, carènée sur les cités, atténuée antérieure- ment, à tête petite et globuleuse. Ainsi que certaines chenilles du genre Acidalia, tout le corps est plissé transversalement et pré- sente de nombreuses rugosités qui ne sont autres que l’effet produit par la peau plissée. Elle est généralement d’un jaune plus ou moins

(1) En décembre et en janvier 1857, nous l'avons prise plusieurs fois, feu Bruand d'Uzelle et moi, dans la campagne d'Hyères. Je l'ai retrouvée en 1861 aux environs d’Amélie-les-Bains (Pyr.-Or.).

(2) Du nom spécifique Coccifera (Quercus coccifera).

46 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

accusé, lavé de verdâtre avec les dessins assez bien indiqués en brun rougeatre. La ligne vasculaire est fine et ne se distingue pas tou- jours ; cependant on voit sur chaque anneau, du deuxième au neu- vième, une longue tache ou ligne brisée qui descend diagonalement à droite et à gauche. La sous-dorsale, qu’on n’aperçoit bien que du quatrième au neuvième anneau, est interrompue sur les in- cisions. La stigmatale, ainsi que la précédente ligne, est inter- rompue et ne règne que sur les anneaux du milieu. Ces deux lignes sont reliées entre elles par une sorte de chevrons qui n’est autre que l’un des cités de la ligne brisée dont il a été précédem- ment question.

Les stigmatales sont relativement petits, blancs et cerclésde noir. Le ventre est gris verdâtre avec une ligne centrale claire, fine, mal indi- quée et interrompue du deuxième au dixième anneau. La tête est globu- leuse et d’un rougeätre obscur. Les pattes écailleuses sont d’un jaune rougeâtre avec le dernier article brun; les anales sont concolores.

Cette chenille mange pendant le jour et grossit avec assez de ra- pidité. Elle n’a encore été trouvée que sur les Quercus ilex, suber et coccifera , et attaque plut‘t les fleurs que les jeunes feuilles &e l’ar- bre qui la nourrit. Des chenilles de cette espèce, recueillies en mai, ont sortir de l’œuf un mois plus tôt. Elies se sont métamorphosées au commencement de Juin. Je dirai encore qu’au rebours de la plupart des chenilles d'Eupithecia, celle de la GCocciferata est d’une éducation difficile.

Au moment de la métamorphose, la chenille descend de l'arbre, se retire sous la mousse et se fabrique une coque solidement tissée dans la composition de laquelle il entre des grains de terre et des dé- tritus de végétaux liés au moyen d’une soie brune. La transforma- tion à lieu quelques jours après.

La chrysalide est conico-cylindrique, assez allongée, d’un rougeà- tre obscur, et luisante. L’enveloppe de la tête, des ailes et celle de la pointe abdominale sont d’un brun noirâtre.

L’éclosion de la petite Phalénite n'arrive pas avant les premiers

Eupithecia Cocciferata. 47

jours de mars de l’année suivante. Elle demeure, comme on le voit, un temps relativement très-long en chrysalide : ce qui lui est com- mun avec le plus grand nombre des chenilles d’Eupithecia qui ont été étudiées.

INSECTE PARFAIT.

Je suis surpris que cette Eupithecia n'ait point encore été décrite, car elle n’est pas très-rare dans certaines provinces méridionales, et sans doute partout ou croît le chène vert.

La Cocciferata est de la taille des Eupithecia Denotata et Innotata : c’est dans le voisinage de ces deux espèces qu'il convient de la placer. Bien que de couleur sombre, elle n’en est pas moins une des plus caractérisées du genre, par la forme et la régularité des dessins de ses ailes, mais plus encore par son facies particulier.

Voici la description de cette Eupithecia nouvelle, faite d’après sept individus des deux sexes qui tous ont été obtenus ab ovo.

Envergure : 0°,030 à 0",031.

Les ailes sont entières, épaisses et fournies d’écailles, assez lon- gues et larges, d’un aspect nébuleux et velouté. Les supérieures, bien qu’assez allongées, le sont moins que chez l’Innotata, et les inférieures ne sont pas arrondies ainsi que celles de cette dernière espèce : elles sont coupées carrément et ont le bord extérieur plutôt rentré qu'ar- rondi. Ces quatre ailes sontgénéralement d’un brunâtre plus ou moins accusé, avec les lignes et les dessins très-bruns ; le tout est lavé d’une teinte chaude et parfois verdâtre. La ligne transverse et carac- téristique, commune à beaucoup d’espèces congénères, existe bien, mais elle est mal arrêtée et ne se distingue pas toujours. Cette li- gne, qui est la coudée proprement dite, est dentée extérieurement et finement lisérée de noir. La subterminale et l’extrabasilaire sont encore moins arrêtées, plus nébuleuses, plus vagues que la précé- dente; cependant le point cellulaire est toujours bien indiqué en noir. Les inférieures, un peu moins aspergées d’atomes noirs que les

18 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,.g

précédentes ailes, n’ont guère que des traces de bandes transversales, visibles seulement au bord abdominal. Le point ordinaire est allongé et assez mal écrit; il n’existe pas toujours. Les franges, aux quatre ailes, sont médiocrement longues, concolores et entrecoupées de brun. Entre chaque nervure on voit un petit trait noir, un peu courbe, éclairé extérieurement et précédant immédiatement la frange. En dessous, les ailes sont d’un gris foncé, luisantes, avec les taches transversales moins accusées aux premières ailes qu’elles ne le sont en dessus ; c’est le contraire qui arrive aux inférieures. Cependant le point cellulaire est bien indiqué aux quatre ailes, ainsi que les traits noirs qui précèdent la frange. Les antennes sont courtes, filiformes et concolores. Tête brune ; palpes gros, dépassant le front et recou- verts de grossières écailles brunes. Thorax et abdomen concolores; ce dernier est muni de très-petites crêtes brunes.

La femelle ne diffère du mâle que par sa taille un peu plus grande. |

Cette espèce, que M. Dardoin, de Marseille, et M. Daube, de Mont- pellier, élèvent chaque année, n’a encore été trouvée que dans la Provence et à Celles-les-Bains (Ardèche). J'ai recucilli moi-même un certain nombre de chenilles ; mais ne les ayant pas élevées avec assez de soin, je n’ai obtenu que fort peu d'insectes parfaits.

La Cocciferata varie : il est des sujets à ailes moins chargées d'atomes bruns, l’espace médian est mieux indiqué, et qui sont d’un aspect plus clair que le type. |

L'espèce ne peut avoir, on l’a compris par ce que j'ai dit des ha- bitudes de la chenille, qu’une seule génération par an. Dans le spe- cies Guenée, elle portera 1,438 bis, et dans le catalogue Staudinger, le G8i bis.

Obs. Avant d'achever cet article, je fais remarquer que plusieurs _entomologistes peuvent avoir en collection sous le nom de Guinar- dharia cette même Cocciferata que j’ai possédée moi-même longtemps sous ce faux rom.

Avant peuJe pense donner l’histoire de la vraie Guinardiaria, Bdv., tout aussi remarquable par la chenille que par l’insecte parfait.

Bombyx Ilicis. 49

Bombyx (!) Elicis.

Ramb. Cat. Syst. Andal., pl. 5, fig. 4. Bdv. Index meth. 575. Dup. Cat., p. 75. Stgr. Cat., 226.

(PI 56, fig. 8 à 8.) CHENILLE.

Par sa forme relativement allongée et son aspect particulier, on peut dire qu’elle s’éloigne de toutes ses congénères. Elle serait cy- lindrique si elle n’était atténuée antérieurement et si elle n’avait le pénultième anneau un peu relevé à la manière de certaines chenilles de Catocala. Sa couleur générale est le roux obscur : elle est sim- plement pubescente, et il règne sur la région du dos deux lignes d’un fauve très-chaud qui forment par leur réunion sur les inci- sions une sorte de losange, et cela sur chacun des anneaux, du deu- xième au onzième compris. Le deuxième anneau, le troisième, le cin- quième et le dixième sont marqués de deux taches noires placées après la première paire de trapézoïdaux : ceux-ci sont d’un jaune vif ainsi que les points pilifères qu’on remarque sur les flancs. Les deux autres lignes ordinaires, la sous-dorsale et la stigmatale, n’existent pas. Le onzième segment est plus relevé que les autres et présente une petite caroncule noire très-caractéristique. On distingue diffici- lement les organes de la respiration ; ils sont blanc-bleuâtre et cer- clés de noir. Le premier anneau, diffèrent des autres, est dénudé, moins large et d’un gris bleuâtre marqué de petits traits longitudi- naux foncés. La tête est petite, un peu aplatie, cordiforme, maculée de brun et éclairée aux deux tiers de sa hauteur par deux taches blanches. Les pattes écailleuses sont d’un fauve rougetre et mar-

EEE enennnnd

(1) Genus Acnocampa, Ramb,

50 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS® quées à la base d’un noir profond. Les autres sont concolores avec la couronne brune. Le ventre, sur un fond carné, présente, dans toute son étendue, une large bande noirâtre rétrécie à chaque incision. Cette chenille vit à découvert en mai et juin sur les Quercus ilex et coccifera : .c’est, je crois, ce dernier chêne vert qui la nourrit le plus ordinairement. Elle attaque les jeunes pousses, et plus particu- lièrement les fleurs de l’arbre qu’elle quitte toujours lorsqu’arrive pour elle le moment de la métamorphose. La chenille cherche alors un lieu convenable elle pourra tisser une coque papyracée, brune, très-solide, dans la composition de laquelle elle fait entrer des frag- ments de végétaux. L’éclosion du lépidoptère arrive cinq ou six se- maines après la métamorphose de la chenille.

INSECTE PARFAIT.

Comme il n’a encore êté figuré que la femelle du Bombyx Ilicis, et cela dans un seul ouvrage iconographique (1), je pense être agréa- ble à mes lecteurs en faisant représenter les deux sexes, qui diffèrent notablement l’un de l’autre.

Le mâle porte une envergure de 0",023 à0",024. Il est bien moins grand que le Crataegi ; néanmoins on pourrait, au premier abord, le prendre pour un petit exemplaire de ce Bombyx. Les ailes sont larges, bien développées, arrondies. Les supérieures, au repos de l’insecte, sont en toit écrasé : elles sont grises avec un léger reflet verdâtre lorsque la lumière les frappe obliquement ; leurs dessins sont net- temment accusés en noir. L'espace médian, gris foncé, est limité par une ligne basilaire fortement dentée et par une coudée qui traverse l'aile obliquement et qui, plus large au sommet qu’à la base, est fi- nement éclairée de blanchâtre extérieurement. Une autre ligne sub- terminale, brune, interrompue, précède une série de points noirs

(4) Rambur : Calalogue systématique des Lépidoptères de l’Andalousie, pl. 5, fig. 4.

Bombyx Ilicis. 51 triangulaires placés sur la frange qui, elle-même, est assez longue, concolore et entrecoupée de petites taches brunes contiguës aux points triangulaires précités. Les inférieures sont d’un gris foncé presque brun, et n’ont pour tout dessin que la ligne de points triangulaires qui caractérise la frange des supérieures. Ces franges des ailes inférieures sont assez longues et, en outre, plus claires que le fond. Le dessous des quatre ailes est semblable au dessus des infé- rieures ; cependant elles sont toutes traversées par une ligne brune centrale. Le corps est robuste et velu. Les antennes sont très-pecti- nées et brunes; la tête et Le thorax sont de la couleur des supérieu- res ainsi que les pattes.

La femelle, plus grande que le mâle, mesure 0,028 à 0°”,030. Les ailes sont plus allongées et généralement plus brunes; elles ont l’espace médian plus accusé, et sur leur milieu se détache le point cellulaire qui est grand et blanchâtre. Ce dernier caractère n'existe pas chez le mâle. Le dessous est aussi très-brun, et la ligne trausverse qui se voit chez l’autre sexe, se détache en clair sur le fond. Les antennes sont très-ciliées, brunes, avec la côte blanchâtre. Le thorax est velu ainsi que l'abdomen; celui-ci est gros et dépasse les ailes inférieures.

Cette espèce, découverte en Espagne par M. le Rambur qui l’a décrite le premier, a été retrouvée dans la Castille- Vieille par M. Staudinger qui l’a élevée de chenille. C'est d’après des sujets obtenus ex larva appartenant au cabinet de ce naturaliste que j’ai fait mes descriptions.

Les entomologistes d’Aix-en-Provence, m'écrit M. Zeller, de Zu- rich, élèvent de temps en temps la chenille du Bombyx Ilicis; cepen- dant cette espèce est toujours une grande rareté,

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52 . CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. »

Voici trois espèces à ajouter aux nombreuses Acidalies qui déjà ont été publiées. La récente découverte de ces nouvelles venues fait espérer que la matière n’est pas épuisée, et qu'avant peu d’années leur nombre pourra augmenter sensiblement, d’autant plus qu’au- jourd’hui les lépidoptéristes paraissent se livrer à leur recherche avec une prédilection marquée.

Ni l’une ni l’autre de ces trois espèces n’ont encore été figurées ; elles ont cependant été publiées.

Acidalia Robiginata, SrGr.

Ann. Soc. ent. de Stettin (année 1862, p. 267). (PI. 57, fig. 1 et 2.)

Cette Acidalia, qui appartient au groupe C du species Guenée, ne saurait être confondue avec aucune autre espèce.

Envergure : 0",018 à 0”,020.

Les ailes sont entières, un peu épaisses, soyeuses, d’un jaune d’ocre plus foncé sur les bords qu’à la base et rappelant la teinte de la Perochreata, sa congénère. Les lignes transversales sont disposées à peu près comme chez l’Aureolaria, Les ailes supérieures présentent trois lignes transversales noires : celle du centre, en zigzag, est très- anguleuse. La frange, médiocrement longue et brune, est précédée d’une éclaircie festonnée, précédée elle-même d’une ombre qui s'af- faiblit en s’avançant au centre de l’aile. Les inférieures ne sont ca- ractérisées que par deux lignes transverses noires, dont la seconde présente extérieurement un angle vif. L'espace ombré qui vient avant la frange se voit aussi. Le point cellulaire est indiqué en noir aux quatre ailes. Sur la frange mème il existe des points qui corres- pondent aux nervures et qui alternent avec les traits noirs qui pré- cèdent immédiatement la première. En dessous, les ailes sont plus

Acidalia Pecharia. 53

foncées ; elles sont aspergées d’atomes bruns, et les lignes, qui ont la même disposition qu’en dessus, sont plus accusées. On voit égale- ment aux quatre ailes le point cellulaire. Les antennes sont courtes, moniliformes, concolores en dessus, et brunes en dessous. Le front et le thorax sont de la couleur des ailes. L’abdomen est grèle et ocreux. Les pattes sont également ocreuses.

La femelle est semblable au mâle.

Lors de son dernier voyage en Espagne, M. le D' Staudinger a cap- turé cette jolie espèce à San Ilfonso (Vieille-Castille) , en juin ou juillet, dans des lieux très-herbus elle volait à la tombée de la nuit. On ne sait absolument rien de sa chenille.

L’Acidalia Robiginata fait partie de mon cabinet. Plusieurs ento- mologistes français la possèdent aussi. Elle doit trouver place après la Perochreata, et porter dans le species général le 738 bus.

L’espèce n’a point encore été comprise dans le catalogue Stgr.

Acidalia Pecharia. Stgr. Ann. Soc, ent. de Stettin (année 1862).

(PL. 57, fig. 3 et 4.)

Envergure : 0",016 à 0",017.

On ne peut non plus confondre cette petite espèce avec aucune autre Acidalie.

Les ailes sont assez allongées, avec les lignes et les dessins mal indiqués. Elles sont d’un gris de poussière, aspergées de nombreux atomes foncés qui, par leur nombre, dissimulent les lignes ordi- naires; cependant on distingue bien la bande marginale qui est som- bre, en zigzag et finement liserée de blanchâtre intérieurement. La tache cellulaire existe aux quatre ailes, mais elle est assez peu appa-

rente. Les fran es, médiocrement longues et d’un gris jaunâtre, sont 8 gris J 4

54 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

précédées de points noirs bien visibles qui ont aux inférieures la forme de petits traits noirs. Le dessous présente à peu près les mêmes lignes et les mêmes taches qu’en dessus, mais le tout est moins foncé. Les antennes sont à peine ciliées; elles sont blanchà- tres ainsi que le haut de la tête. Le thorax et l'abdomen participent de la couleur des ailes. Les pattes sont blanchâtres : les inférieures sont garnies de poils plus longs qu’à l’ordinaire; enfin le fémur des premières pattes est relativement court.

L’Acidalia Pecharia a été trouvée, il y a plusieurs années déjà, aux environs d'Ofen (Basse-Hongrie ), par un entomologiste zélé, M. Pech, à qui elle fut dédiée.

Elle sera placée après la Calunetaria, Stgr. (Dorycniata, Bell. Ann. Soc. ent. de Fr., 4862, p. 198, pl. 4, fig. 4.), et portera le 812 ter dans le species général.

Cette petite espèce, bien que rare encore, commence à se répandre dans les collections. J’en possède un exemplaire femelle obtenu ex larva.

Je n’ai rien appris sur la chenille de la Pecharia.

Acidalia Folognearia.

Stgr, Ann. Soc. ent. de Stettin (Année 1862, p. 264 ).

(PI. 57, fig. 10 À 12.)

Envergure : 0",018 à 0°”,019.

C’est à l’Acidalia Straminata, Tr. (Gn. 851) que cette espèce a été comparée. Bien que plus petite et avec des ailes plus allongées et plus aiguës à l’apex, la Folognearia sera mieux placée après cette Straminata que partout ailleurs. L’insecte est généralement d’un jaune paille clair, sali par de nombreux atomes noirs irrégulière-

ient répandus sur toute la surface des ailes. Les lignes ordinaires

Acidalia Folognearia. 35 sont mal indiquées, mais elles sont plus visibles cependant que celles de la Straminata. Ces lignes qui sont au nombre de quatre sur les ailes supérieures, et de trois sur les inférieures, sont presque droites, sauf la basilaire qui forme un coude avancé sur l’espace médian, on voit le point cellulaire indiqué en noir sur les quatre ailes. Les franges sont de la couleur du fond : à leur base il existe une ligne de points nervuraux noirs et assez gros. Le dessous est plus sombre : le sablé noir est plus serré; la tache cellulaire aux quatre ailes et les points nervuraux sont mieux marqués qu’en dessus; enfin une ligne transverse brune, dentée, flexueuse qui traverse les ailes, est indiquée sous forme de points noirs rapprochés. La tête est brune, les antennes et le front sont blancs ; le thorax est d’un ton un peu lus chaud que le reste. Le corps qui est grèle est de la couleur des ailes. Les pattes antérieures sont brunes à la base, les postérieures n’ont pas de tarses chez le mâle. Les deux sexes possèdent ces pattes fort longues; elles sont plus grandes que je ne les ai remarquées chez aucune espèce du genre.

La femelle qui est de la taille du mâle s’en distingue par l’abdo- men plus renflé et par la basilaire des ailes supérieures mieux écrite.

M. Staudinger nous dit qu’il a reçu cette espèce de l’entomologiste M. Fologne, de la Belgique, auquel il l’a dédiée. M. le D' Breyer, ajoute-t-il, en a trouvé de son côté deux exemplaires dans des lieux incultes. Enfin l’auteur de la Monographie des Sésies européennes ajoute qu’il a reçu de la France occidentale une femelle de la même espèce. Cela étant, l’Acid. Folognearia, qui a été trouvée pour la pre- mière fois en Belgique, doit appartenir à la faune lépidoptérique fran- çaise.

Cette Acidalia nouvelle fait partie de mon cabinet; elle devra porter le 851 bis dans le species général, et dans le catalogue allemand le 55 bis.

56 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDETS.

Acidalia Nexata.

Hb. 401, 421. Herr.-Sch. p. 32. Bdv. 1887. Dup. 271. Gn. IX, p. 486. Stgr. Cat. 27.

(PI. 57, fig. 5 à 9.)

Au printemps de cette année je faisais de l’entomologie à Ax-sur-Ariége (Basses-Pyrénées), et j’y prenais une Acidalia femelle en assez mauvais état, que je rapportai à la Nexata, la plus exiguë peut-être de toutes les Phalénites connues. J’obtins de cette femelle quatre œufs fécondés qui sont éclos neuf jours après, c’est-à-dire le 18 mai. Je nourris avec soin ces microscopiques chenilles qui, au sortir de l’œuf, sont d’un jaune blanchâtre. Après la seconde mue, la vasculaire se prononce en gris foncé. Le 12 juin l’insecte avait atteint toute sa grosseur ; il ne mesurait pas plus de 0*,017 à 0”,018 de long. Il est alors très-atténué antérieurement, caréné sur les côtés et d’un jaune verdâtre uniforme. La vasculaire assez bien indiquée, est continue, géminée, brun rougetre. On ne voit pas de sous-dor- sale; la stigmatale est claire, large, flexueuse. Les stigmates sont ovales, bruns et presque imperceptibles. La région ventrale, d'un vert bleuâtre faible, laisse voir une seule ligne continue, assez large, mal indiquée et grisâtre. La tête est petite, carrée, rougeûtre. Le premier anneau et les pattes écailleuses sont également teintés de rougeûtre. Les pattes anales sont concolores.

J'ai nourri ces chenilles avec les fleurs de la Linaria orgamifolia, D. C., plante fort répandue dans le fond des vallées chaudes des Pyré- nées qui avoisinent l’Espagne. Cependant je crois cette espèce poly- phage (1). J’ajouterai qu’elle est d’une éducation facile et qu’on l'amène aisément à bien.

(1) Je dirai que je connaissais déjà la chenille de l’Acidalia Nexata, etqu’à

Acidalia Nexata. D7

Elle est lente dans ses mouvements, mais sensible au bruit : le plus petit froissement de la plante elle demeure fixée tout le jour, l’oblige à se rouler sur elle-même et à se laisser tomber à terre.

Le 16 ou le 47 juin, un mois après son éclosion, la chenille filait quelques brins de soie blanche dans un coin du vase qui la renfer- mait, et tissait une coque légère dans laquelle la transformation arri- vait bientôt après.

La chrysalide, un peu ramassée, est jaune, lavée de verdâtre, avec enveloppe des antennes et les incisions de l’abdomen plus ou moins rougetres. L’extrémité abdominale est brune et garnie de plusieurs petits crins divergents. L’éclosion a eu lieu à la fin du même mois de juin. L’insecte est donc resté en chrysalide une douzaine de jours seulement.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",041.

Les ailes sont arrondies, luisantes, d’un blanc pur. Sur les supé- rieures on voit une ligne extrabasilaire, étroite, brune, mal écrite ; puis la coudée, suivie elle-même d’une large bande d’un gris argi- leux foncé sur laquelle se détache en blanc une bande terminale ir- régulièrement large. La frange qui est blanche est précédée d’une série de petits points noirs. Les inférieures sont moins chargées de dessins que les supérieures ; elles présentent néanmoins deux lignes transversales étroites, mal indiquées, avec le bord brunâtre. Le point cellulaire est indiqué aux quatre ailes. En dessous, les supé- rieures sont très-blanches et marquées d’une large bordure brune

l'époque j'en fis une première fois l'éducation, je l'avais nourrie avec plusieurs espèces de plantes : les Rubiacées, les Composées et certaines Crucifères. Le Diplo- taxis tenuifolia, D.C., semblait lui convenir plus que toute autre. Je tenais ces premières chenilles de l’obligeant M. Staudinger qui me les avait envoyées de l'Espagne en mai 1858,

58 _CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

divisée elle-même par une subterminale blanchâtre. La côte est également brune. Les antennes, le thorax et l'abdomen sont blan- châtres.

La femelle, qui a un aspect plus élancé, présente une coloration dif- férente : le large espace terminal foncé qu'on remarque chez le mâle existe bien, mais il est d’un argileux clair chez les sujets d'éclosion récente. Enfin l’espace basilaire et les lignes ordinaires sont largement teintés de cette couleur argileuse. L’abdomen est gros, conique et dé- passe les ailes.

Cette Phalénite bien caractérisée doit avoir plusieurs générations ; elle vole à la tombée de la nuit, dans les lieux secs, mais cependant recouverts d’une végétation herbue.

Connue depuis longtemps déjà, elle a été rapportée de l'Andalousie par plusieurs lépidoptéristes qui y ont chassé les petites espèces.

Aujourd’hui la Nexata doit faire partie de la faune française. Elle a êté placée par M. Herrich-£chæffer dans le genre Emmiltis (Cleta), mais elle n’en a pas les caractères.

Noctua Confilua.

Treit. VI, 4" part. p. 405 et sup. X, p. 35. Frey. Beitr. pl. 98, fig. 4. Gn. Ind. 239. Bdv. Icon. pl. 83 et Gen. 784. Dup. IV, p. 140, pl. 109. Herr.-Sch. 154. Gn. V, p. 331. Stgr. Cat. 91.

(PI. 58, fig. 1 à 3.)

CHENILLE.

Elle est allongée, épaisse, cylindrique, rase, légèrement renflée postérieurement, d’un jaune verdàtre et finement striée de brun. Ainsi que bon nombre de chenilles de noctuelles, celle dont il est ques- tion est marquée du quatrième anneau au dixième compris, d’une li-

Noctua Conflua. 59

gne sous-dorsale surmontée, sur chaque segment, d’une tache cunéi- forme noire dont la pointe se dirige en avant. La vasculaire est étroite, blanchâtre, finement liserée de brun de chaque côté et n’est que très-imparfaitement visible sur les anneaux du milieu. La stigmatale est indiquée par des traits bruns, étroits et chevronnés. Les stigmates sont ovales, noirs, et cerclés de blanchâtre. La tête est petite, globu- leuse, cordiforme, et marquée de deux traits noirs en croissant Op- posés l’un à l’autre. Le ventre est plus clair que le reste du corps et n’a pas de lignes. Les pattes écailleuses sont testacées avec le der- nier article noir. Les ventrales et anales sont concolores et ont la couronne brune.

Est-ce plutôt une chenille de Noctua que celle d’une Agrotis? Bien que M. Staudinger ait compris dans son Catalogue général l’insecte parfait parmi les Agrotis, j'inclinerais à le considérer, d’après la forme de sa chenille, plutôt comme une Noctua proprement dite, et à me ranger ainsi de l'avis de nos auteurs français, MM. Boisduval, Duponchel et Guenée.

Cette espèce , qui passe l'hiver, a été rapportée d'Islande. Elle est polyphage, mais ce sont surtout le Selene acaulis, L. et les Leontodon qu’elle mange de préférence (1). Parvenue à toute sa taille vers la fin de mai, elle tarde peu à se métamorphoser après s’être placée parmi les détritus de végétaux elle a formé une coque mêlée de grains de terre.

La chrysalide est médiocrement allongée, de forme ordinaire, brun foncé, peu luisante avec l'extrémité noire, munie de quatre pointes droites un peu divergentes. Deux de ces pointes, celles du milieu, ont une longueur double des autres.

(1) Ces renseignements , ainsi que ceux qui concernent la chenille de la Som- meri, m'ont été fournis par M. Staudinger qui a récolté et élevé lui-même les chenilles de ces deux noctuelles.

60 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.@

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0°,030 à 07,032.

Les ailes supérieures, de forme presque rectangulaire, sont coupées carrément; elles sont épaisses et bien fournies d’écailles d’un gris plus ou moins rougeâtre avec les lignes et les taches ordinaires assez visibles, sinon bien indiquées. La réniforme et l’orbiculaire sont jaunâtres et se détachent sur le fond d’une tache longitudinale presque noire. La claviforme est écrite en noir et représente un V couché de forme indécise. L’extrabasilaire, la coudée et la subtermi- nale sont jaunâtres et liserées d’une teinte foncée; les deux pre- mières de ces lignes sont sinueuses et peu marquées. La frange est médiocrement longue et précédée d’un liseré blanchâtre, précédé lui- même d'une série de points nervuraux. Les inférieures sont brunes, unies avec la frange jaunâtre. Les antennes sont à peine ciliées. Le thorax est concolore et bien fourni, l’abdomen est long avec l’extré- mité jaunâtre. Je ne connais pas la femelle : elle ne doit pas beau- coup différer du mâle.

Treitschke est le premier qui ait observé et décrit la Conflua. Elle a été trouvée pour la première fois en Hongrie, et depuis re- trouvée en Silésie et en Islande; ce dernier pays semble être sa véritable patrie. M. Guenée croit qu’elle pourrait bien avoir été prise en France (V. p. 332).

La Noctua Conflua fait partie de mon cabinet. La plupart des grandes collections doivent posséder cette espèce, car depuis ses voyages dans les contrées du nord de l’Europe, M. le D' Staudinger l'a répandue en Allemagne et en France.

Crymodes Sommeri. 61

Crymodes Sommeri.

Lefebv. Ann. Soc. ent. de Fr., p. 391, pl. 10, fig. 4. Gn. 238.— Bdv. 934.—Dup. Sup. IE, 586, pl. 49, fig. 4-2,—Gn. V., p. 187. Stgr. Cat. 354.

(PL. 58, fig. 4 à 6.) CHENILLE,

Elle vient heureusement jeter quelques lumières sur les chenilles de Crymodes, car aucune de ce genre n’avait encore été observée. Celle de la Sommeri est cylindrique, pleine, com- plétement rase et offre des couleurs tranchées : elle est d’un rougetre vineux en dessus et sur les côtés. Le ventre est d’un ver- dâtre livide largement strié de jaune clair mat dans le voisinage des pattes membraneuses et au milieu de chaque segment. La ligne vasculaire est médiocrement large, brune et continue; la sous-dor- sale, un peu plus étroite que la précédente, est également brune et continue. La stigmatale est sombre, étroite, ondulée, interrompue : cette ligne est limitée par la couleur du ventre qui tranche d’une manière sensible. La tête est assez petite, cordiforme, d’un jaunâtre obscur , striée de brun et luisante. Les pattes écailleuses sont de la même couleur, mais le dernier article est noir ainsi que la couronne des dix autres pattes. Le premier anneau, un peu plus haut et plus foncé que les autres, n’est pas corné. Les stigmates, visibles à l'œil nu, sont blancs et doublement cerclés de noir d’abord et de jaunà- tre. Les trapézoïdaux sont petits et mal indiqués : les deux premiers, sur chaque segment, sont accompagnés extérieurement d’un point gris blanchâtre pas toujours bien visible.

Cette chenille élevée en Islande vit sur diverses espèces de Hie- racium, Leontodon et certaines graminées. Elle met tout l’été à gros-

62 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS

sir et n’est parvenue à toute sa taille qu’en septembre. Elle se ca- che alors pour se métamorphoser, passe tout l’hiver en chrysalide et n’éclot qu'au printempstrès-tardif dans ces froides contrées, c'est-à- dire à la fin de mai ou au commencement de juin.

La chrysalide, qui est proportionnellement grosse, est d’un brun rouseâtre et luisante. Les anneaux très-distincts sont sensiblement carénés. La pointe abdominaleest unique, courte, forte, noire et un peu relevée. Les yeux et les antennes sont visiblement indiqués sous l’en- veloppe qui les protôge.

INSECTE PARFAIT.

A voir les deux figures de Duponchel, représentant la Sommeri (UE, pl, 49, fig. 1 et 2), on reconnaitrait difficilement l’espèce qu'il a voulu représenter. Comme ce sont les seules figures qui existent de cette Crymodes, si celle que je fais figurer est passable, jai l’es- poir qu’elle sera bien accueillie. Voici la description de ce lépidop- tère toujours fort rare.

Envergure : 0*,034 à 0°,036.

Les ailes sont épaisses, squammeuses, robustes. Les supérieures sont d’un gris foncé sur le fond desquelles les lignes et les taches sont bien indiquées. La réniforme et l’orhiculaire, qui sont concolo- res, se détachent en clair par leur entourage et surtout par le trait noirâtre sur lequel ses taches reposent. L’espace médian, large- ment sali de noir, est limité par la coudée et l’extrabasilaire qui toutes deux sont claires, flexueuses, dentées et finement liserées de noir à droite et à gauche. Une tache blanchâtre, en forme d’M couchée, précède la frange ; celle-là est précédée ellé-même par des taches cunéiformes noires qui s’y appuient. La frange est brune et . accompagnée antérieurement par une ligne de points noirs lunulés et séparés entre eux par une éclaircie. Les ailes inférieures sont d’un gris brunâtre, traversées par une bande foncée et presque droite. On distingue le point cellulaire, Les antennes sont ciliées ; le tho-

Crymodes Sommeri. 63 rax est robuste, fourni d’écailles, d’un gris foncé avec les ptérygodes brunes. L’abdomen est concolore.

L’insecte varie : certains sujets sont plus chaudement teintés que ne l’est le type.

En outre de l'Islande cette noctuelle a été prise en certain nombre, elle a été rapportée du Cap-Nord et du Groenland.

Très-peu d’entomologistes connaissaient cette rareté en nature avant les voyages en Islande et au Cap-Nord de M. Staudinger, qui a rapporté de ces loitaines contrées un grand nombre de sujets oblenus de chenilles par ses soins.

Les deux sexes de cette espèce appartiennent à mon cabinet.

M. Lefèvre qui a décrit la Sommeri dans les Annales de la Société entomologique de France, en 1836, l’a dédiée à M. Sommer d’Altona.

6% EXPLICATION DES PLANCHES.

EXPLICATION DES PLANCHES De la 496 Livraison.

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PLANCHE 55.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

Fig. 4. Nemoria Aureliaria, Mir. 2. id. id.

IL.

Fig. 3. Chenille de la Margarodes Unionalis, H8. 4. id. id. jeune.

>. Chrysalide.

6. Insecte parfait.

DIT.

Fig. 7. Chenille de la Tinea Oleastrella, Mizz. 8. Chrysalide. 9. Insecte parfait.

Fig.

Æ ©) RO *

œ 1 @ ©

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 56.

EXPLICATION DES FIGURES,

. Chenille de l’Eupithecia Cocciferata, MizL.

id. id. vue de dos.

. Chrysalide. . Insecte parfait.

IL.

Chenille du Bombyæ Ilicis, RAM.

. Insecte parfait o”.

id. (SE

. Cocon.

65

* 66 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 57.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig. 4. Acidalia Robiginata, STGR. D. Lite id. H.

Fig. 3. Acidalia Pecharia, SrGR. id. id.

JIL. Fig. 5. Chenille de l’Acidalia Nexata, Hs. 6... id. vue de dos. 7. Chrysalide. 8. Insecte parfait ©. De OUEN ER IV.

Fig. 40. Acidalia Folognearia, ©. STGR. 11. id. id. Ce DEL. id.

EXPLICATION DES PLANCHES. 67

PLANCHE 58.

EXFLICATION DES FIGURES.

[. Fig. 1. Chenille de la Noctua Conflua. Tr. 2, Chrysalide. 3, Insecte parfait. I. Fig Chenille de la Crymodes Sommeri, LEFERB.

Chrysalide. Insecte parfait.

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Lyon, impr. Pinier, successeur de Richard, 21, rue Tupiu.

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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

PAR

P. MILBIÈRE TREILZIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 9 janv'er 1865

Re

Bucculatrix Lavaterella (1), Mizr. ( Species nova.)

(PI. 59, Fig. 1 à 5.)

CHENILLE.

On la reconnait de suite pour appartenir au genre Bucculatrix. En effet, elle possède bien les seize pattes normales. Ce caractère essen- tiel, l’éloigne des chenilles du genre Nepticula qui sont dépourvues de pattes écailleuses, et de celles des Lithocolletis qui n’ont que six pattes ventrales. D’autres caractères d’ailleurs, qui seront signalés lors de la description de l’insecte parfait, établissent que c’est bien

(1) De Lavatera. ( L. Olbia, L.)

70 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. effectivement dans le genre Bucculatrix, Z., Stainton (Londres, VIIL, 1862), qu'il convient de placer ce microlépidoptère.

La chenille de la Lavaterella mesure à peine dix à onze millimè- tres de long. Elle est fusiforme, plissée, à anneaux renflés, un peu courbée, d’un‘blanc vert bleuâtre qui rappelle assez la couleur de la feuille dont elle fait sa nourriture; sans dessins, sans lignes, si ce n’est pourtant la vasculaire ou mieux le tube intestinal qu'on aper- coit sous la peau à moitié diaphane, sous forme d’une ligne médio- crement large, droite, continue et d’un vert foncé. On distingue difii- cilement les points trapézoïdaux bruns et les autres points d’où par- tent des poils fins, courts et grisätres. La tête est petite, lenticulaire, brune. Le premier anneau est muni d’une plaque écailleuse d’un jau- nâtre obscur. Les deuxième, troisième et douzième segments sont faiblement lavés de carné en dessus. Les pattes écailleuses sont d’un gris foncé; les autres sont concolores.

Cette petite chenille, dont la lenteur est extrème, vit en novembre et en décembre, aux environs d'Hyères, sur la Lavatera olbia, L.; ar- brisseau qui croit un peu partout. Vivant d’abord à la manière des mineuses, elle ronge le parenchyme de la feuille tomenteuse dont elle dévorera la surface supérieure quand elle aura atteint l’âge adulle.

Un petit parasite appartenant à l'immense groupe des Zchneumons, un Mesolius, attaque très-souvent cette chenille et éclot à sa place.

La taille exiguë de ce parasite est proportionnée à celle de sa vic- time. Il ést nouveau sans doute et peut être nommé dès à présent. Je propose pour lui le nom spécifique de Lavaterellæ.

Lorsque la chenille de la Bucc. Lavatarella éprouve le besoin de se métamorphoser, elle demeure ordinairement sur l’arbuste; elle choisit dans la cavité ou dans le pli d’une feuille Üne place qu’elle juge convenable et forme très-vite, c'est-à-dire en moins de deux jours, une triple enveloppe protectrice. L’insecte file d’abord une soie blanchâtre ressemblant, vue à la loupe, à du coton cardé très-fin, au centre de laquelle il tisse une coque papyracée solide, plissée, ru-

au tien À,

Bucculatrix Lavaterella. 71 gueuse, blanchâtre; après quoi ce prévoyant insecte forme, avant de se chrysalider, une troisième enveloppe lisse, opaque, plus blan- che que la précédente, arrive la transformation dans un temps fort court. Il le faut bien puisque l’éclosion de l’insecte parfait a eu lieu le 21 décembre suivant, moins de quinze jours après la méta- morphose. | Ç

La chrysalide est proportionnellement allongée. Elle est dépourvue, aux anneaux abdominaux, des petites épines qu'on observe chez cer- taines espèces congénères; différant en cela des chrysalides de Buc- culatrix décrites par M. Stainton.

Elle est d’un brun mat avec la gaine des antennes et l’enveloppe des ailes descendant assez bas sur l’abdomen; celui-ci se termine par une pointe obtuse, noire et luisante.

INSECTE PARFAIT.

Ce petit lépidoptère, dont l’envergure ne dépasse pas 0*,09, a tous les caractères des espèces du genre Bucculatrix créé par M. Zeller, et successivement adopté par MM. Herrich-Schæffer, Stainton, Staudinger, etc., c’est-à-dire que l’article basilaire des antennes est noduleux, et que la tête est laineuse et sans palpes. Les ailes supérieures sont ailongées, légèrement falquées, à fond blanc et largement lavées de brun, de gris bleuâtre et de rougeûtre à diverses places, notamment à celles qui sont parsemées de nombreux atomes noirs. Ces atomes de diverses grosseurs, réunis par groupes, forment autant de taches plus ou moins grandes et qui Sont ainsi disposées : une à la base de l'aile et une appuyée au tiers de la longueur de la côte. Une autre tache allongée, plus noire que les autres, longe -le bord interne et suit la tache basilaire précitée. Une quatrième tache triangulaire, qui part de la côte, tend à se réunir à la précédente. Une cinquième occupant la place de la coudée, se dirige sur un gros point noir situé à l’angle inférieur. Enfin une tache orbiculaire, cons-

72 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

tante et caractéristique est située à l’apex. La frange est longue et concolore; elle est partagée par tune rangée de points noirs mieux indiqués au sommet qu'à la base. Les ailes inférieures sont très-étroi- tes, aiguës et d’un gris brunâtre; elles sont garnies de longues fran- ges sOyeUSeS, concolores, mais un peu rougeâtres. En dessous, les quatre ailes ne présentent ni taches, ni dessins; elles sont d’un gris brun plus accusé sur les bords qu’au centre; elles sont de plus lui- santes et parfois irisées. Les antennes, médiocrement longues, n’arri- : vent qu'aux deux tiers de la longueur des ailes; elles sont monilifor- mes, brunes, à peine annelées de blanchâtre avec le premier article noduleux. La tête est fortement laineuse, c’est-à-dire recouverte de poils longs, serrés, nombreux, blanchâtres et bruns à l’extrémité. Le front est dénudé et blanc. Les yeux sont relativement gros et noirs. Le thorax, assez robuste, est blanchâire. L’abdomen est long, brun et garni, à l’extrémité, d’un pinceau de poils concolores. Les pattes sont assez longues, avec les cuisses garnies de grands poils soyeux et blanchätres. |

La B. Lavaterella semble se rapprocher de la Boyerella de Dupon- chel, pl. 3, fig. 3. Herr.-Sch. f. 851. Albedinella, Z., Dup., Sup. 78, f. 10 Cuculipennella, Haw. Aussi est-ce après celle-Jà que cette nouvelle Bucculatrix devra trouver place. Elle portera le 2,496 bis dans le catalogue Staudinger.

Obs. Ce petit lépidoptère paraît aussi vif que sa chenille est pares- seuse. Il vole dans le voisinage des lavatères les femelles viennent déposer leurs œufs.. Au repos, 1l demeure fixé sur les feuilles de l'arbuste, les ailes embrassant étroitement le corps. Il doit avoir, la chose est probable, plusieurs générations ; toutefois, je dirai que je ne l'ai jamais vu voler qu’en hiver, et que j'ai trouvé en abon- dance sa chenille en mème temps que celle de l’Eubolia Malvata , qui, on le sait, n’a jamais qu'une seule génération. (Zconogra.

p. 242.)

Xanthodes Graellsii. 73

Xanthodes Graellsif, FEISTH

Anv. Soc. entom. Fr. 1837, p. 200, pl. 12, fig. 3. Hb., fig. 879. Dup. Sup. IE, pl. 45, fig. 3. Gn. VI, p. 211. Stgr. 795.

(PI. 59, fig. 6 et 7.)

Tous les auteurs qui ont classé cette espèce n’ont pas su que sa chenille a douze pattes; ce qui justifie le placement du genre Xanthodes de M. Guenée dans la famille des Acontides et ce qui le rapproche des Acontia proprement dites parmi lesquelles les Xan- thodes européennes avaient été primitivement classées, c’est que toutes ces dernières, en effet, sauf la Luctuosa, W., n’ont que douze pattes. Voicila description de la chenille de Graellsii qu'au premier abord on pourrait prendre pour un véritable Géomètre.

CHENILLE.

Elle est très-allongée, cylindrique, faiblement atténuée postérieu- rement, à tête globuleuse, médiocrement grosse. La teinte générale, celle du fond, est le vert clair avec la région dorsale largement lavée de carné vineux qui se fond sur les flancs de l’insecte et finit par se confondre avec la couleur verte. A la place de la ligne vasculaire, on voit une éclaircie dorsale large et continue. La stigmatale est fine, jaunâtre et incertaine. Les stigmates sont rougeûtres et cerclés de brun. Les anneaux sont très-distincts et maculés ainsi que je vais le dire. Le premier est marqué de dix points noirs placés sur deux rangs; les deuxième et troisième anneaux ont huit points noirs placés sur une seule ligne, lesquels sont accompagnés de chaque côté de deux traits noirs perpendiculaires. Tous les autres segments

74 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS#

sont marqués de deux V dont les branches supérieures sont séparées par l’espace dorsal. Les quatrième, cinquième, sixième et septième présentent au milieu de l’espace formé par les deux V précités, deux petits traits noirs et horizontaux. Ces diverses taches sont, ainsi que chez les trois premiers anneaux, accompagnées à droite et à gauche d’un trait fin, noir, perpendiculaire, de trois à quatre millimètres de long. Les points pilifères sont noirs, bien accusés et d'où s'échappe un poil brun, fin, assez long. La tête est globuleuse et d’un jaune tes- tacè, maculée de gros points bruns et d'une ligne transversale noi- râtre. L'insecte à douze pattes très-développées : six écailleuses, quatre ventrales et deux anales. Les premières sont effilées et d'un jaune testacé. Les ventrales et anales sont concolores.

Le ventre est d’un vert bleuâtre et n’a pas de lignes.

Cette remarquable chenille vit sur les diverses Lavatera, mais principalement sur la L. olbia, L. Ces plantes sont abondantes dans le midi de la France, en Espagne, à l'île de Malaga, etc. C'est de cette dernière localité que l’insecte a été rapporté par M. Staudinger.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0*,040 à 0,042.

Les ailes supérieures sont larges, arrondies, épaisses, d’un jaune paille vif avec la base inférieure très-claire et quelques atomes noirs çà et répandus. Une liture d’un brun violâtre, partant du milieu de l'aile, aboutit à la frange qui est large et aussi brun violâtre. Quatre ou cinq points ronds, rougeitres, longent côte en dessus, mais ils ne la touchent pas. Les ailes inférieures sont d'un blanc hyalin et teintées de brun roussâtre au bord terminal. Le dessous des supérieures est blanc, mais largement lavé de brun roussâtre au bord. Les inférieures sont semblables au dessus.

Les antennes sont simples, brunes et blanches à la base. Le thorax est bien fourni d’écailles et de la couleur des premières ailes. Le front

Xanthodes Graellsii. 75

et le collier sont blancs. L’abdomen est blanc avec l'extrémité rous- sàtre.

La femelle ressemble au mâle.

Cette jolie noctuelle a été trouvée pour la première fois aux envi- rons de Barcelone par M. le professeur Graells auquel le général Feisthamel l’a dédiée. Depuis elle a été élevée en Espagne en grand nombre, et aujourd'hui cette espèce est répandue dans toutes les collections. Elle n’a point encore été rencontrée en France, mais j’es- père qu'avant peu, nos provinces méridionales où, je l’ai dit, crois- sent abondamment les Lavatera, nous la fourniront.

Obs. L'auteur du Species général des Lépidoptères ayant su que j'allais donner l'historique des premiers états de la X, Graellsii, m'a prié de faire imprimer à la suite de mon article la note suivante :

NOTE DE M. GUENÉE.

La connaissance que j'ai depuis longtemps de la chenille de la Xanthodes Graellsii qui avait été envoyée d’Andalousie à M. Becker il y à plus de dix ans, et qu'il m'avait généreusement sacrifiée, m'en- gage à ajouter cette note à l’article de M. Millière, pour compléter les renseignements qu'il donne ici sur cette curieuse chenille.

Comme celle que j'ai élevée différait un peu de celle de M. Millière, je ne puis mieux faire que de transcrire la description que j'avais prise, dans le temps, sur le vif.

« Elle n'a que trois paires de pattes membraneuses ; mais toutes « ces pattes sont remarquablement longues, effilées et coniques, sur- « tout les deux paires ventrales. Les pattes écailleuses sont aussi « très-développées et implantées sur des mamelons très-saillants, « presque comme celles des Ennomos. Le corps est très-allongé, mo- « niliforme, subdiaphane, avec les quatre premiers anneaux renflés « et les derniers atténués. La tête est presque aussi haute que le pre-

6 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIT£®

mier anneau, saillante, globuleuse, mais aplatie en avant et un peu élargie par en bas. Les trapézoïdaux sont noirs, verruqueux, mais fins et surmontés chacun d'un très-long poil. Les latéraux sont tout aussi visibles, également noirs, mais à poils moins longs ; enfin les ventraux, quoique concolores, sont aussi bien distincts; mais ce qu'il y a de remarquable, c'est que sous les et an— neaux qui, chez les autres chenilles, sont ordinairement pourvus de pattes membraneuses, il existe ici deux points ventraux surnu— méraires et placés immédiatement au dessous du ventral supé- rieur , comme si Ces points étaient les rudiments des pattes absentes |

« Tout le corps de cette curieuse chenille est d’un vert clair un peu jaunâtre et transparent, avec une large bande vasculaire d’un jaune citron, liser‘e de chaque côté d’un filet d’un blanc bleuitre mat, mais incertain. La stigmatale est semblable, mais plus étroite et entièrement jaune. Elle porte, dans son milieu, les stigmates qui sont ferrugineux et entourés de trois points latéraux noirs. De chaque côté de la vasculaire on voit ua chevron linéaire noir, dans le milieu duquel est un trait noir aussi et,isolé, sur les 4°, 5°, et anneaux, vide sur les autres. Ces dessins sont remplacés, sur les trois premiers, par une série transversale de points noirs dont les deux derniers sont séparés par une tache jaune. Enfin on voit, en avant et en arrière de chaque incision, un trait grèle transversal égalemement noir. Le clapet anal est marqué d’une tache ou ban- delette d'un rouge de sang. La tête est couverte de points noirs très-nets, arrondis et régulièrement disposés.

J’ai élevé cette chenille avec des feuilles de mauvé et de lavatère, et elle a subi sa transformation le 45 août. Malheureusement elle est morte avant de l'avoir entièrement opérée.

« Je saisis cette occasion pour rectifier une erreur que j’ai com- mise dans mon Species. J'ai dit que la X. Graellsiü se trouvait non- seulement en Europe, mais aussi aux Indes orientales, en Nubie, à l'Ile Maurice et à Madagascar. J'ai reconnu depuis que les indivi-

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2

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Nychiodes Lividaria. 77

dus d'Andalousie forment une espèce distincte. Celle que je consi- dérais comme la femelle appartient aussi à une tout autre espèce. La femelle de la Graellsii, qui n’était pas connue alors, a les ailes inférieures blanch?s comme le mile et seulement plus largement lavées de brun jaunâtre au bord terminal. J'ai reçu depuis plu- sieurs autres Xanthodes nouvelles, et entre autres une espèce d'Australie, qui n'ont point été décrites dans mon Species ; mais ce n'est pas ici la place de nous en occuper.

« J'appelle, en terminant, l'attention sur ce que j'ai dit dans ma description touchant les verrues ventrales qui remplacent les deux premières paires de pattes membraneuses chez cette espèce, et je me réserve d'entrer quelque jour dans des détails plus étendus à ce sujet. Je remarque dès à présent que ce fait ne se reproduit pas chez les autres Noctuélides dodécapodes, comme les Plusia, la Cerocala scapulosa, etc. Malheureusement je n'ai pas mainte- nant de chenilles d’Acontide sur lesquelles je puisse le vérifier. Ce que je puis ajouter ici, c'est qu'à mesure que mes observa- tions se sont étendues, le rôle des points tuberculeux que j'ai signalés le premier sur les chenilles, m'a paru de jour en jour plus important et plus curieux à étudier en détail.

«€ À. GUENÉE. »

Nychiodes Lividaria.

Hb. pl. fig. 141.— Tr. VI, 1, 207 Cup. IV, pl. 55. fig. 1.

Herrich-Sch. fig. 37. Gn. IX, p. 221. Stgr. cat. 255. (Aberr. Andalusiaria, Mic. )

(PI. 60, fig. 2.)

Cette remarquable variété est plus petite que l'espèce ordinaire

d'un tiers environ; elle s’en éloigne sensiblement par la coloration.

78 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.y

Le fond au lieu d’être brun plus ou moins sombre, est d’un blanc un peu carné au centre de chaque aile, surtout aux supé- rieures. De nombreux atomes noirs répandus irrégulièrement en salissent. la surface. Les lignes coudée et extrabasilaire ainsi que le point cellulaire sont très-nettement écrits en noir. La frange est également blanche; elle est entrecoupée de noirâtre et précédée d’un liseré noir festonné aux quatre ailes. Le dessous serait entièrement blanc, s’il n’était aspergé d’atomes bruns, moins nombreux toutefois qu'en dessus. Le point cellulaire est bien écrit aux quatre ailes. Le thorax est fourni d’écailles blanchâtres, carné au sommet et, ainsi que l'abdomen, aspergé d’atomes foncés.

Cette curieuse variété, qui paraît rare en Espagne, est constante; comme telle, je crois devoir lui imposer un nom qui rappellera sa patrie.

Je possède deux sujets o’ et 9 d’une sous-variété de cette Nychio- des, obtenus de chenille. Ils proviennent également de l’Andalousie. Ces deux exemplaires différent assez sensiblement des Lividaria de la France centrale : ils sont plus petits, plus sombres avec les lignes transversales plus larges et mieux écrites. La coudée est plus angu- leuse, la tache cellulaire est moins allongée. Le dessous présente aussi quelques différences appréciables. Je me demande si cette se- conde aberration espagnole, qui pourrait bien être le type de l’Anda- lusiaria, car je la crois plus abondante que celle-ci, ne constituerait pas une espèce distincte.

Aberr. A. (PI. 60, fig. 1.) Je ne sais trop s’il faut rapporter cette variété aux sujets que pos-

sède M. Ledérer, qui sont plus ternes que le type et qui proviennent de Beyrouth (Gn. IX, p. 222). L'individu dont il s’agitest un mâle; il

Pachnobia Hyperborea. 79 est un peu plus grand que l’espèce ordinaire, bien développé, très- sombre, c'est-à-dire d’un brun ferrugineux roussâtre, surtout au centre de chaque aile. Sur ce fond obscur les lignes et le point cellu- laire qui est très-petit paraissent à peine indiqués. Le sablé noir est si fin et si serré qu'on ne peut le distinguer qu’à la loupe. Le des- sous est semblable au dessus ; cependant la tache cellulaire est un peu mieux écrite. Les antennes, le thorax et l'abdomen participent de la couleur des ailes. Ge sujet qui a été obtenu ex larva provient des environs de Chälon-sur-Saône le type est fort abondant et on obtient au printemps la chenille qui passe l'hiver, en la cher- chant sur les Prunus spinosa petits et rabougris situés sur certaines collines bien exposées.

Obs. On peut obtenir cette chenille d’œufs pondus par des femelles accouplées en captivité; mais pour l’élever il est indispensable de lui faire passer l'hiver en plein air pendant quatre à cinq mois elle ne mange absolument rien. L’atmosphère des appartements ne sau- rait lui convenir ; j'en ai fait souvent l'essai.

Je dirai encore à propos de la Lividaria, que l'espèce fait partie de notre faune lyonnaise, bien qu'elle soit rare dans le département. J'ai pris deux fois la chenille au Mont-Cindre, en mai, sur le Pru- nellier, et une fois en été (1852) l'insecte parfait, à la Cité-Napoléon.

Paclhinobia Hyperborena, DAL».

Bdv., p. 71. Zett. Ins. Lapp. 938. Gn. V, 3492. Aquilo- naris, Zett. 1. c. 940. Alpicola ? Zett. 1. c. Stgr. 67.

(PI. 60, Fig. 3 et 4.)

Envergure : 0",024 à 0",0925. Les ailes supérieures sont un peu arrondies à l’apex, robustes et

80 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INEDITS.

bien fournies d’écailles. Leur fond brunâtre clair est traversé par une large bande grise médiane. Les lignes et taches ordinaires sont bien indiquées; le tout est finement aspergé d’atomes bruns. La coudée est fine, dentée, flexueuse; elle est suivie de la subterminale, un peu plus épaisse à la hauteur de la réniforme, et présente à cette place deux taches noires cunéiformes, courtes. La réniforme est grande, bien formée, blanchâtre, arrêtée en noir et teintée de rougeâtre sur les bords. L’orbiculaire, incomplète par en haut, est grande et com- prise dans la bande grise précitée. La tache claviforme, relativement très-grande, est mal arrêtée par en bas. Les ailes inférieures sont d’un gris noirâtre plus clair à la base, avec les franges blanchâtres. Le dessous est d’un gris un peu vineux au bord supérieur de chaque aile, avec une large bande enfumée qui les traverse du haut en bas. La tache cellulaire, indiquée aux quatre ailes, est ronde aux supé- rieures et allongée aux inférieures. Les antennes sont garnies de lamelles distinctes. Le thorax est robuste, bien fourni d’écailles et semblable aux premières ailes. L’abdomen, dont chaque anneau est un peu crêté, est brun et lavé de rougeâtre à l'extrémité.

La femelle est un peu plus petite que le mâle; cependant ses ailes paraissent plus arrondies, elles sont aussi beaucoup plus claires; c’est-à-dire que le brun des supérieures est remplacé par une teinte gris clair aspergé de rares atomes bruns. Les lignes transversales sont plus mal écrites que chez le mâle, la subterminale entre autres; ce- pendant la claviforme est grande, bien formée et complétement arrè- tée sur les bords. Les inférieures sont grisâtres et un peu enfumées extérieurement. Le dessous rappelle celui du mâle; toutefois la large bande enfumée n’existe pas. Les antennes sont à peine crénelées. Le thorax et l'abdomen sont d’un gris blanchâtre.

Cette espèce, qui est une des plus remarquables du genre, n’a été figurée nulle part. On ne connaît pas, en France du moins, l'ouvrage Dalmen l’a décrite. Je suppose même qu'elle ne l’a été d’une ma- nière convenable que dans le Species de M. Guenée. (V. p.342.)

La Pach. Hyperborea à été rapportée du Cap-Nord par M. Stau-

Ilepialus Lupulinus 81

dinger. C'est encore une très-grande rareté. Je possède en collection le o’ et la © obtenus ex larva.

Hepialus Lupulinus.

L., S. V., Esp., p. 81, pl. 1, fig. 4. God. IV, p. 4, pl. 5, fig. G. Esp., Bdv. 614, Stgr. 117. Flina, Esp., Hb. pl. 240, fig. 1.

( PI. 60, Fig. 5 à 7.)

Les premiers états des Hépiales sont à peine connus : la chenille seule de l’'Humuli a été observée; cependant il importerait, au point de vue agricole et horticole, de connaître les mœurs de leurs larves, afin de combattre les ravages nombreux que la plupart de ces che- nilles voraces causent à un grand nombre de nos plantes potagères et d'agrément. Je suis à même de fournir des détails sur une des plus dangereuses de ces larves : celle de l’Hepialus Lupulinus.

CHENILLE.

Elle est allongée, cylindrique, rase, à peine carénée sur les côtés, avec la tête grosse et les seize pattes bien développées. Elle est d’un blanc jaunâtre, livide, et a les premiers anneaux teintés de violacé par les matières ingurgitées et contenues dans le tube intestinal. Les derniers anneaux sont lavés d’une couleur carnée. La tête est aplatie, carrée, rougeûtre et armée de puissantes mandibules. Les stigmates sont ovales, jaunâtres et cerclés de noir. Le premier anneau est re- couvert en presque totalité par une plaque écailleuse rougeûtre. Le ventre serait concolore si les matières contenues dans le tube intesti- pal n'étaient indiquées en bleu violacé dans toute la longueur de l’in- secte. Les pattes écailleuses sont d’un jaune obscur; les ventrales sont

82 CHENILLES £T LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. unicolores; celles-ci marquées d’une tache noire antérieurement. Les points pilifères et trapézoïdaux sont bruns et laissent échapper des poils noirs médiocrement longs.

Cette chenille, qui éclot dès la fin de l'été, vit aux dépens d’un ascez bon nombre de plantes; ce sont surtout les Daucus, les Bryo- nia, les Valeriana, dont elle dévore les racines charnues et qu'elle fait infailliblement périr à la longue; en effet, à l’abri sous une épaisse couche de terre, elle brave ie froid, et la mauvaise saison ne saurait arrèter ses ravages. Elle mange donc et continue à grossir pendant l'hiver entier ; ce n’est qu'au printemps, vers la fin de mars ou le commencement d'avril que, parvenu à sa taille, ce ver blanc, ainsi nommé par quelques horticulteurs, se choisit, au milieu des radicules d’une des plantes attaquées, un lieu propice il pourra se trans- former rapidement dans une position perpendiculaire, la tête en haut.

La chrysalide qui, par sa forme, a certaine analogie avec celles des Sesia, est allongée, cylindrique, d’un brun rougeätre, avec l’enve- loppe des ailes assez courte et les segments abdominaux disposés én spirale et garnis de dents ou petits crochets fins, aigus et inclinés en bas; ils s'arrêtent au pénultième, ces crochets sont plus développés que sur les autres anneaux. L’enveloppe des yeux et celle des crochets précités sont garnies de poils bruns, courts et raides. Il est supposable qu'ils servent à l’insecte lorsque celui-ci doit éclore et que c'est aussi au moyen des dents placées sur les an- neaux, qu’en opérant un mouvement de rotation , il chemine jusqu'à l'ouverture il travaille immédiatement à se débarrasser de son enveloppe. Cette opération a lieu ordinairement vers le quinze ou le vingt mai, c'est-à-dire cinq ou six semaines après la chrysalidation.

La longue galerie que cette chenille a formée bien avant sa méta- morphose et qu'elle a successivement agrandie, ou mieux le long tube en soie dans la composition duquel il entre des grains terre, et dont l'ouverture arrive à la surface du sol, a lui servir à des— cendre profondément dans la terre lorsqu'arrivent de grands froids,

Coléchià Psoralella. 83 et à remonter jusqu’à l’orifice dès que le temps devient plus doux. Nouvelle preuve de cet admirable &entimèrnit de la conservation ac— cordé par le Créateur à tous les êtres qu'il a formés.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : le 0",025 à 0,027 ; la $ 0,030 à 0",032.

Le mâle, que Fabricius a nommé Obliquus, a les ailes allongées, étroites, rectangulaires, d’un brun jaune rougeûtre, traversées par deux bandes blanches obliques, disposées de telle sorte que leur réunion au milieu du bord abdominal forme une sorte de V au mi- lieu duquel on voit un trait blanc longitudinal. La frange est conco— lore et précédée d’une rangée de petites taches nervurales triangu— laires et jaunâtres. Les inférieures sont d’un brun fuligineux et unies. Le thorax est recouvert de poils concolores.

La femelle est non-seulement plus grande que le mâle, mais elle est toujours sensiblement plus pâle.

On rencontre cette espèce partout en Europe, elle est très-ré- pandue.

Gelechin Psoralella (1), Mir. ( Species nova. )

(PL. 61, fig. 1 6.) CHENILLE.

Cefte petite larve éclot à la fin d'octobre, alors que les feuilles ra- dicales de la plante qui doit la nourrir, commencent à se développer.

(1) De Psoraléa (P. bitiminibsa, 'L.).

8 CHENILLES ËT LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. Jusqu'à sa première mue, l'insecte se tient au revers de la feuille , après quoi il plie celle-ci en deux dans le sens de la nervure princi- pale, en lie les bords seulement, et là, complétement à l'abri du froid, de l'humidité et de ses ennemis, il ronge lentement la pel- licule supérieure de la feuille sans la trouer jamais. La chenille qui , dans le jeune âge, est d’un brun foncé presque noir, demeure une bonne partie de l’hiver sans beaucoup grossir. La nourriture venant à lui manquer, elle change une première fois de demeure, puis une seconde, puis une troisième avant de parvenir à toute sa taille. Ar- rivée à la grosseur qu'elle doit avoir vers les derniers jours de février, la petite chenille ne se contente plus de ronger le parenchyme de la feuille, elle attaque celle-ci dans toute son épaisseur. À cette époque de sa vie cette larve est fusiforme avec les extré- mités très-atténuées et les anneaux renflés tous distincts. Elle est de plus fortement plissée et son aspect général est le rougeâtre vineux, tournant parfois au brunâtre. Le corps ne présente pas les lignes vasculaire et sous-dorsale ordinaires, si ce n’est toutefois une éclair- cie blanchâtre sur les deuxième, troisième et quatrième anneaux ; on voit au milieu de chaque segment une large tache ou bande brune transversale, irrégulière, descendant jusqu'à la stigmatale ; celle-ci est fine, ondulée, claire et continue. Le ventre est concolore et n'a pas de lignes. Les stigmates sont relativement gros, noirs et cerclés de blanchätre. La tête est petite, lenticulaire, noire et dégagée du premier anneau ; celui-ci dont la partie antérieure est blanchâtre est muni, ainsi que le dernier segment, d’une plaque écailleuse noire, étroite, luisante, placée au milieu et descendant de chaque côté jusqu’à la hauteur de la stigmatale. Les pattes écailleuses sont noires et annelées de blanchâtre ; les autres pattes sont d'un vi- neux obscur et également annelées. Une forte loupe permet distin- guer les points trapézoïdaux foncés, surmontés de poils courts et bruns.

Cette chenille vit à Amélie-les-Bains ( Pyrénées-Orient.) sur la Psoralea bituminosa, L., plante à odeur bitumineuse prononcée, des

Gelechia Psoralella. 85 feuilles de laquelle l’insecte doit se nourrir exclusivement. Si, comme je le pense, l'espèce a plusieurs générations, le printemps doit en voir paraître deux et peut-être davantage. La chenille se métamor— phose rarement dans les feuilles : le plus souvent elle se cache parmi les détritus de végétaux a promptement lieu la transformation.

La chrysalide, formée au centre d’une petite coque tissée en soie blanchâtre, est allongée, obtuse au sommet, effilée, conique et granu- leuse à l’extrémité, rougeûtre et luisante. L’enveloppe des ailes, descendant assez bas sur l'abdomen, est brune et striée de rougeûtre, La pointe abdominale est garnie de quelques poils courts, droits et grisâtres. L'’éclosion de la Gelechia arrive dès la fin de mars et se prolonge jusqu’au commencement de mai.

Pendant les premiers jours de février de cette année (1865), j'ai retrouvé aux environs de Cannes (Alpes-Maritimes) et à Fréjus, au pied d’une muraille romaine, plusieurs chenilles de la Psoralella dans les mêmes conditions que, deux ans plus tôt, j’avais observé celles que je viens de décrire aux environs d’Amélie-les-Bains.

INSECTE PARFAIT.

Il est très-voisin des Gelechia Bigutella, H.-S. f. 591 Coroniella, H.-S. f. 522 et Leucopalpella, H.-. f. 593 dont il a le facies général; mais il s'éloigne de ces deux Tinéides par plusieurs caractères impor- tants, tels que : le premier article des antennes qui est noduleux, la forme différente des ailes inférieures, la disposition autre des taches des supérieures, et la taille plus grande de près du double. Voici d’ailleurs sa description :

Envergure : 0,013 à 0,014. Les premières ailes sont allongées, un peu arquées à la côte, assez fournies d’écailles avec l’apex aigu. Elles seraient entièrement d’un noir de jais uni et luisant n’étaient deux taches d’un jaune rougeâtre placées à la hauteur de la coudée:

*

86 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDISS.

la première, de forme triangulaire et appuyée à la côte, la seconde, allongée et atteignant le bord abdominal (1). La frange est longue et concolore. Les ailes inférieures sont plus larges que les supérieures, cultriformes, finissant en pointe aiguë et d'un gris fuligineux. La frange est fort. longue et unicolore. Le dessous des quatre ailes est d’un gris brun uni, luisant, les taches des supérieures apparais- sent, mais d'une manière incertaine. Les antennes sont longues, noires, avec le premier article sensiblement noduleux. Elles sont crénelées, et cette crénelure m'a semblé plus prononcée à lextré- mité de l’antenne qu’à la base. Les palpes sont visibles, arqués, aigus et relevés. Le premier article est d'un gris brun, le dernier est presque blanc. La tête et les yeux sont noirs. Le thorax est ro- buste, noir et assez fourni d’écailles. L’abdomen qui est également noir et presque dénudé, dépasse les ailes inférieures. Les pattes sont noires et luisantes.

La Gelechia Psoralella doit avoir, comme je l’ai dit, plusieurs géné- rations. Elle trouvera place après la Gelechia Biguttella, H.-S., et portera dans le catalogue Staudinger le 4686 bis.

Variété de Ja

Lycoœna Ægon, S. V.

Hub. pl. 343, fig. 5. God. I, pl. 44, fig. 4. Bdv. 76. Stgr. 105. Alsus, Esp. pl. 104, fig. 3 et 4. (Aberr. A. )

(PL. 61, Fig. 7.)

Cette jolie variété, qui est de grande taille, s'éloigne du type par une teinte bleuâtre répandue sur les ailes, principalement aux infé-

(1) Cette seconde tache a, certaines fois, la forme triangulaire de la première.

Myelois Robiniella. 87 rieures, par une tache cellulaire blanche vivement indiquée aux qua- tre ailes en dessus et en dessous, et, aux supérieures, par des rayons blancs dont la base s'appuie sur la ligne brune subterminale. Le des- sous, dont le fond est moins brun que chez le type, ne différerait pas sensiblement de ce dernier, si les nombreuses taches noires n'étaient remplacées par des taches blanches. Enfin le vert métallique, à la base des ailes inférieures, n’existe pas.

Cette curieuse variété de l’Ægon a été trouvée par M. Fallou, lors de l’excursion de la Société entomologique de France, à Montpellier, en juillet 1857. Il en a déjà été dit quelques mots par M. Martin à la séance du 23 septembre 4857 (Bull. ent. CVI). Avant cela il n'avait été signalé qu'une variété de la Lycœna Ægon (la Bella, H. —S., 227, p. 127). Cette dernière paraît constante.

Celle que je viens de décrire n’est qu’accidentelle; elle sera indi- quée par la lettre A. Elle appartient au cabinet de mon collègue et ami, M. Fallou, de Paris.

Myelois (1) Robiniella, Mir.

(Species nova.)

(PL. 61, Fig. 7 à 40.)

L’insecte parfait de cette nouvelle espèce, qui éclot en été, dépose ses œufs sur la silique récemment formée du Robinia-pseudo-acacia; L. Peu de jours après arrive l’éclosion de la petite chenille. Celle-ci perce. l’un des côtés de la gousse très-tendre alors, s’introduit dans l’intérieur et grossit aux dépens des graines qu'elle ronge lentement, sans [que la gousse ait l’air d’en souffrir. Rien ne décèle la présence

(4) Genus Ilythia, Dup.

88 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

de ce ver destructeur dans l’intérieur de la silique, et ce n’est qu’à la vue d’un petit trou rond pratiqué vers le milieu d’un de ses côtés qu'on reconnaît qu'un insecte y a séjourné; mais il est trop tard pour le trouver, car alors il est descendu de l’arbre pour se métamor-

phoser. CHENILLE.

Jeune, elle est verdâtre; parvenue à sa taille, au commencement d'août, elle présente trois couleurs : la tête est jaunâtre, les premiers anneaux sont d'un violacé verdâtre, le reste est vert avec la région dorsale d’un carminé plus ou moins vineux. L’insecte est fusiforme, atténué en avant et plissé transversalement. La tête est petite, lenticulaire, jaunâtre, avec les mandibules brunes et les ocelles noires disposées en demi-cercle. Le premier anneau, qui est écailleux ainsi qu'on le remarque chez beaucoup de chenilles de microlépidoptères, est concolore et caractérisé par cinq points noirs disposés en croissant au bord de l’incision postérieure. Le tube intestinal se voit distincte— ment à partir du second segment ; il occupe la place de la vasculaire et se prolonge jusqu’au pénultième. La ligne sous-dorsale n’est pas indiquée; la stigmatale est plus claire que le fond, étroite et continue. Le ventre est d’un vert bleuâtre et n’a pas de lignes. Les seize pattes sont : les premières, d’un blanc jaunâtre; les autres, de la couleur du fond. Les points trapézoïdaux et pilifères, indiqués en brun, donnent naissance à des poils courts et blanchâtres.

C’est du dix au vingt août que cette chenille, qui ‘semble avoir les mœurs de la Pempelia Etiella, Tr. (Iconog. Mill. p. 248), et que j'ai trouvée assez abondamment à Celles-les-Bains (Ardèche), quitte sa re- traite pour se métamorphoser. Elle ne demeure jamais dans la silique, comme je l'ai dit, pour effectuer cette importante opération. Descen- due du Robinia, au moyen d’un fil de soie, elle cherche parmi les mousses et les feuilles sèches un lieu elle devra passer l'hiver à l’état de chrysalide. Celle-ci ne présente rien d’extraordinaire ; elle

Myelois Robiniella. 89 est assez courte, d’un rouge acajou luisant, avec une pointe abdomi- nale obtuse. Ce n’est qu’en juin de l’année suivante qu’éclot le petit lépidoptère.

INSECTE PARFAIT.

C’est de la Chrysorrhoëlla, Zk., Tr., H.-S. fig. 68, Dup., Sup. fig. 67. (Tetricella. S. V. Hb. fig. 241. Stgr. 489) que cette espèce se rapproche le plus; cependant elle est un peu plus petite, et les dessins des ailes supérieures sont différents.

Enverg. 0",021 à 0,022. Les premières ailes sont allongées, un peu falquées à la côte et d’un gris faiblement bleuâtre lavé de roussâtre à diverses places. Les dessins sont très-simples; ils consis- tent : en une tache noire, étroite, appuyée à la naissance de la côte qu’elle longe dans son premier quart et qui descend jusqu’à la moitié de l’aile elle finit en pointe aiguë; en une ligne sub- terminale en zigzag, partant de l’apex et traversant l'aile dans toute sa longueur. Cette ligne, très-anguleuse, large à son point de départ, est accompagnée antérieurement d’une ombre rougeâtre qui laisse voir entre elles le fond de l’aile sous forme d’un filet délié. Les points nervuraux sont à peine indiqués en brun; les franges sont larges et concolores. Les ailes inférieures sont grandes, unies et un peu carnées sur les bords. Le dessous des quatre ailes n’a absolument rien de re- marquable : il est uni, grisâtre et luisant. Les palpes sont fort longs et bien fournis de plumules sur les deux premiers articles. Les anten- nes sont fines, concolores, avec une faible nodosité à la base. Les yeux sont gros et à peine plus foncés que le thorax. Celui-ci est ro- buste et de la couleur des ailes supérieures; l'abdomen, de grosseur normale, a la teinte des secondes ailes. La poitrine et les pattes sont grisatres.

Il paraît évident que cette Myelois nouvelle, d’après ce que j’ai dit des mœurs de sa chenille, n’a qu’une génération par an.

90 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Obs. J'ai, à plusieurs reprises, cherché, sans résultat, les larves de la Robiniella ou simplement les traces de leur passage dans les gousses des nombreux acacias de nos environs. Je n’ai pas trouvé davantage linsecte parfait. |

Arge Clotho.

Hb. (Var. Cleanthe), Bdv. Icon. pl. 26, fig. 1-3. Dup. I, pl. 25, fig. 5 et 6. Hb., pl. 975, fig. 9. Vill. et Gn. p. 77. Sigr. cat. 241.

(PL. 62, fig. 1 à 3.)

CHENILLE.

Elle est plus allongée que celle de sa congénère la Galathea, mais aussi elle est moins fusiforme et entièrement pubescente, la tête et les pattes comprises. Les anneaux sont distincts et plissés transversalement. Le corps est d’un jaune citron tirant un peu sur le verdâtre ; les cinq lignes ordinaires sont fines, assez bien indiquées et règnent du second au onzième segment. La vasculaire est un peu plus accusée que le fond; ce qui la fait ressortir, c'est qu’elle est lise rée de blanchâtre des deux côtis. Les sous-dorsale et stigmatale sont jaunâtres et plus larges que la première ligne. Les stigmates sont noirs, visibles à l'œil nu et cerclés de rougeûtre faible. Le ven— tre, qui est plus clair que le reste du corps, ne présente pas de lignes. La tête est assez grosse, globuleuse et dégagée du premier anneau : elle est d’un jaune un peu rougeitre avec les ocelles indiquées en brun, et les mandibules rougeûtres. Les pattes sont concolores : les écailleuses ont le dernier article brunâtre.

Cette chenille qui se cache soigneusement pendant le jour, a été

Arge Clotho. 91 trouvée pour la première fois en Espagne par M. Staudinger, qui a bien voulu me la communiquer. Elle vit sur diverses graminées , mais plus particulièrement sur la Lamarckia aurea, L., plante propre aux contrées méridionales de l’Europe.

Pour se métamorphoser, la chenille du Cleanthe se suspend la tête en bas à une tige d'herbe, et trois ou quatre jours lui suffisent pour opérer sa transformation. La chrysalide est renflée et d’un brun clair presque mat; elle est finement striée de rougeûtre sur l'enveloppe des ailes et celle de la poitrine. La place des yeux et le sommet de la _chrysalide tirent sur le brun. Le papillon éclot quinze ou seize jours après.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0,048 à 0",050. Cette espèce, présentée comme dis- tinete du Clotho par plusieurs de nos auteurs français, ne serait, aux veux des auteurs allemands, qu'une variété locale de cet Arge. Il est fâcheux que la chenille du type, celle du Clotho, ne soit point connue, car en la comparant à celle du Cleanthe que je fais figurer aujour- d'hui, on pourrait trancher la question. Espérons toutefois qu'elle sera bientôt éclaircie.

Le Cleanthe est de la taille et a le port du Clotho ; mais les taches des quatre ailes sont généralement plus grandes et recouvrent davantage leur surface; cependant les lunules marginales sont plus petites.

Cette espèce ou variété découverte par feu Honorat dans les Bas- ses—Alpes, a été retrouvée abondamment par notre compatriote Donzel, dans les mêmes lieux. Depuis elle a été rapportée de l'Espa- gne, du Portugal et de la Sicile par tous les lépidoptéristes qui ont chassé dans ces riches contrées, et enfin retrouvée en abondance, ces dernières années, dans le département de la Lozère.

92 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIS.

Arge Lachesis.

Hb., pl. 186, fig. 7. God. If, pl. 15, fig. 4-2. Vill et Gn. p. 75 Bdv. 183 Stgr. 236 = Nemausiaca , Esp. pl. 96, fig. À et 2.

(PI. 62, fig. 4 et 5.)

CHENILLE.

Elle est fusiforme avec le dernier anneau sans queue bifide et en- tièrement pubescente ainsi que la chenille du Cleanthe son congénère. Sa couleur générale est carnée avec les lignes ordinaires d’un carminé pâle. Des traits transversaux indiqués sur chaque anneau, s'arrêtent à une ligne longitudinale étroite et continue, placée au dessous de la stigmatale. Le ventre plus pâle que le dos n’a pas de lignes. La tête est jaunâtre, globuleuse et hérissée de poils roussâtres avec les ocel- les et les mandibules indiquées en brun. Les seize pattes ‘sont con— colores, mais la couronne des ventrales est brune. Les stigmates sont tous gros et noirs.

Cette chenille qui m’a été envoyée d’Espagne, se cache soigneuse- ment et ne quitte sa retraite que la nuit pour manger. Elle vit ainsi que ses congénères sur diverses espèces de graminée ; cepen— dant la Lamarckia aurea, L. semblerait la nourrir plus spécialement.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0*,058 à 0,060. Il est toujours un peu plus grand que ses congénères Galatha et Psyche. Les ailes sont grandes, bien développées , d’un blanc un peu jaunâtre avec le bord subtermi- nal noir, sur le fond duquel se détachent les divers dessins qui ca-

Bombyx Vandalicia. 93 ractérisent l'espèce. En dessous les premières ailes seraient la répéti- tion du dessus si l'extrémité apicale n’était teintée de jaunâtre : elles sont complétement lavées d’une couleur soufrée, obscure. Les se- condes ailes sont aussi lavées de la même teinte, néanmoins les taches ocellées se distinguent assez bien.

Cet Arge est un des plus anciennement connus, cependant Engra- melle n’en parle pas.

Le Lachesis qui vole en juin et juillet, habite le midi de l’Europe , mais plus particulièrement les Pyrénées-Orientales, l'Espagne, le Por- tugal et l'Italie.

Feu Donzel nous dit dans ses notes manuscrites qu'il a pris le Lachesis jusqu'à 1,200 mètres sur les contre-forts du Canigou. MM. Guenée et Bellier l’ont pris abondamment en 1857 aux environs du Vernet, il est le seul de son genre.

Bombyx Vandalicia, Mi. ( Species nova.)

(PI. 62, fig. 6 et 7.)

CHENILLE.

Cette larve d'origine espagnole nous a paru complétement in- connue à M. Staudinger et à moi. C’est pour appeler sur elle l’at- tention des entomologistes que je la fais connaitre. C’est d’après deux chenilles soufflées parfaitement préparées et qui sont l’une à moitié ou aux deux tiers de sa taille, et l’autre, adulte sans doute, que je fais ma description. La plus grande de ces deux larves, celle que je crois adulte, est de la grosseur des chenilles du Bombyx Catax ou du Bombyx Everia; toutefois elle me parait plus épaisse et peut-être relativement plus courte. La villosité, tout aussi longue, est plus

9% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉMITS.

fournie que celle des deux chenilles auxquelles je la compare. Elle est cylindrique, médiocrement allongée et recouverte de poils nombreux implantés par faiscéaux sur de gros points pilifères ovales qui sont d’un brun rougeätre. Cette villosité a cela de remarquable qu’elle présente sur le dos de la chenille trois teintes différentes à chacun des faisceaux : le blanc, le fauve et le noir ; les poils de cette dernière couleur sont les plus abondants. Les poils des flancs sont blan— châtres; ceux du ventre et ceux qui entourent les pattes sont d’un rougeâtre obscur. La peau est d’un noir bleuâtre et la région dor- sale est occupée par de gros points noirs veloutés qui accompagnent , les trapézoïdaux à droite et à gauche. Le ventre est dépourvu de points pilifères ; cependant les quatrième et cinquième anneaux ‘pré- sentent une rangée de points verruqueux rougeàtres. Les stigmates, médiocrement gros, sont noirs et à peine cerclés de grisâtre. Le premier anneau est corné, d’un noir luisant et précédé d’une bande transverse également noire et luisante. La tête est petite, globuleuse rétractile et d’un noir de jais. Les pattes écailleuses sont également noires ; les ventrales et anales, dont la couronne est brune, sont jau— nâtres et marquées de brun aux incisions.

Cette chenille, lors de sa troisième mue, est d'une couleur diffé rente de la teinte qu’elle acquérera après la quatrième, c’est-à-dire que la villosité au lieu de présenter trois couleurs, n’en montre qu'une seule ; c’est le fauve clair et uniforme ; cependant si la peau est d’un gris bleuâtre, la partie comprise entre les stigmates et les pattes, est d’un noir velouté. Les points pilifères, ovales et rougeàtres sont déjà aussi développés qu'ils le seront après la quatrième mue.

Les deux sujets de cette espèce que je viens de décrire, et que j'ai peints avec soin, ont été rapportés d’Andalousie par M. Staudinger lors de son dernier voyage en ce pays. Il en a trouvé plusieurs indi- vidus à divers âges sur un gazon montagneux dans le voisinage du- quel il n’a vu ni arbres, ni arbrisseaux. L’insecte doit donc vivre de plantes basses ; cependant je fais observer qu'il n’a touché à au- cune des plantes herbacées qui lui ont été présent'es. Pas une de ces

Euplocamus Anthracinalis. 95 chenilles n’a fourni son insecte parfait. Espérons toutefois qu'à l'avenir on sera plus heureux dans l'éducation de cette intéressante espèce. En attendant que l’insecte parfait arrive à la connaissance des lépidoptéristes, je nomme la chenille Bombyx Vandalicia pour rappeler sa patrie.

Variété de

L'Euplocamus Antihracinalis.

Scop. Ilig. —W.—V. —Hb.— Stgr. = Erytrocephala, Fab. = Fuesslinaria, Esp. = Guitatus, Latr. = Anthracinella, S. N. Hb.-Tr.

(PI. 62, fig. 8.)

Cette jolie variété qui est de la taille des grands exemplaires du type et qui en a tout le facies, a en presque totalité la coloration de l'espèce congénère l’Ophisa, Cram. (Aurantiella, Tr. Dup.) Cette cou- leur anormale rappellerait assez, au premier abord, une aberration de cetie dernière espèce, si la coupe d’ailes, qui est exactement celle de l'Ophisa, ne venait prouver que le sujet ‘en question est, en réalité, une variété de cette dernière espèce; voici sa description :

Envergure 0%,030. Il s'éloigne du type : par la couleur du fond quiest non pas noire, mais plutôt fuligineuse ; par la disposition tout autre des taches des ailes supérieures qui ne sont qu’au nombre de trois principales, lesquelles présentent chacune la réunion des deux ou trois taches de l’espèce ordinaire ; par la présence aux ailes inférieures d’une bande blanchâtre qui longe le bord interne et par une tache centrale rouge placée aux trois quarts de la longueur de l'aile; enfin par la coloration anormale des taches aux supérieures qui,

96 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. au lieu d’être d’un blanc pur, sont d’un jaune ochracé. Le dessous est la répétition exacte du dessus; pourtant sur le fond enfumé, les taches sont plutôt blanchâtres. La côte des antennes très-plumeuses rappelle tout à fait celle du type : elle est annelée de blanc et de noir. La tête, les pattes et les ptérygodes sont d’un fauve ochracé. L'abdo- men est efflé, noir, et dépasse les ailes inférieures.

Cette variété accidentelle fait partie de mon cabinet ; elle m'a été envoyée de la Prusse; je la crois originaire des environs de Berlin.

EXPLICATION DES PLANCHES.

EXPLICATION DES PLANCHES

De la 48e Livraison (1865).

——#oi——

PLANCHE 59.

EXPLICATION DES FIGURES.

| 4

Fig. 4. Chenille de la Bucculatrix Lavaterella, Mizr., grossie. 2. Fourreau grossi. 3. Chrysalide grossie. 4. Insecte parfait grossi. ÿ. id. grandeur réelle.

IL.

Fig. 6. Chenille de la Xanthodes Graellsi, Feistu. 7. Insecte parfait.

97

98

Fig.

1 © ©

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 60.

EXELICATION DES FIGURES.

L

. Nychiodes Lividaria, H8. (Aberr. A.)

IL.

. Nychiodes Lividaria (Ab. Andalusiaria, ML. ).

IL.

. Pachnobia Hyperborea ©, DELN.

id. id. .

IV.

. Chenille de l’Hepialus Lupulinus, L. . Chrysalide. . Insecte parfait.

Fi !

Fig.

D

Fig.

1

I

9. 10 il

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 64.

EXPLICATION DES FIGURES.

E,

. Chenille de la Gelechia Psoralella, Mizr., grossie.

id. id. id grosseur réelle. Insecte parfait grossi. Id. grandeur réelle. . Chrysalide. Paipe de l’insecte grossi.

IE.

. Lycœna Ægon $ (Aberr. À.).

IT.

Chenille de la Myelois Robiniella, Mi.

id. id. id. vue de dos. . Chrysalide. . Insecte parfait.

99

100 EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 62.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

Dm

. Chenille de l’Arge, Var. Cleanthe, Bdv. 2, Chrysalide. 3. Insecte parfait.

Fig.

IL.

Fig. 4. Chenille de l’Arge Lachesis, Hs. 5. Insecte parfait.

IT. Fig. 6. Chenille du Bombyx Vandalicia, Mir. fs id. id. id. jeune.

IV.

Fig. 8. Euplocamus Anthracinalis Scop. (Aberr. A).

+

Lyon. Imp. Pier, rue Tupin, 31.

Annales de la Societe Linnéenne de Lyon 137€ Lror. Année 1865 Pl 60.

E Miière et J'Mgreatr, p £ Debres, re. M D 11 fr y y . 7 [. 14 à, DUCATI Zavatert Ua, Mi.

LL Fnnfhndes rAAlL cr IL. Ô et 7, ARUAOGAES ÜTAAMLAE., Feaisth ,

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137 Zur. Annee 1865, FL 61.

Annales de la Socicte Linneenne de Lyon

Phillëre et A Mgneauz p! Jogues plant. p* dore se.

| za. Geleclux Psoralella., Mu. JL. 7: lycaena O1, 9. lAberr. AJ Il. 4 & 21, Myeloi Robüuella, Hill.

bnp. Bpurste, dr Mignon M Migneaur 1.

IV 6,

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS

PAR

P. MILLIÈRE

QUATORZIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 10 avril 1868.

nes. >> ns

Rhodaria (1) Sanguinalis, Lix.

S. N. 339. Schaeff. Ic. I, pl. 19, f. 46. W.-V. B. 41. Fab. 398. Rossi, 1191. Scriba, 509, pl. 6, £. 7. Hb. 33. Tr. p. 163 et sup. p. 35. Dup. 214, pl. 224, f. 2.—H.-Sch. p. 23. Gn. VII, p. 170. Stgr. cat. 94. = Cruentalis, Scriba, fig. 1,c. Castalis, Ev.

(PL. 63, fig. 4 à 3.)

Si la découverte d’une chenille inédite a de l’intérêt pour certains entomologistes observateurs, cet intérêt augmente lorsque l’espèce appartient à un genre dont aucune larve n’avait encore été observée. om

(1) Gn. VIN, p. 168.

Annales de la Société Linnéenne. 1

2 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

C’est ce qui vient d'arriver pour la chenille de la Sanguinalis, L., comprise dans le genre Rhodaria de M. Guenée, dont pas une des quinze espèces tant exotiques qu'européennes n'élait connue sous ses premiers états.

L'auteur du Species a bien fait de dire que le premier groupe des Rhodaria, dans lequel il a placé la Sanguinalis, avait une cer- taine affinité avec les Pyrausta. En effet, la chenille de cette Rhodaria a beaucoup de rapport avec celle de la vulgaire P. Purpuralhs, qui est le type du genre, aussi bien par les mœurs que par la forme, la taille et les couleurs.

CHENILLE.

Elle est fusiforme avec la tête petite, les points pilifères bien mar- qués ainsi que les lignes. Sur le fond d'un gris verdûtre teinté de vineux, les vasculaire et stigmatale, larges et continues, se détachent en blanchâtre du deuxième au onzième segment. La tête est globu- leuse bien qu’un peu déprimée, jaunâtre, avec les mandibules et les ocelles bruns; on remarque derrière ceux-ci deux points noirs relativement gros. Le premier anneau, non corné, se distingue par un double collier de points ronds, noirs et surmontés de poils courts ainsi que les trapézoïdaux et autres points. Les stigmates qu'on ne voit qu’à l’aide d’une forte loupe sont blancs et cerclés de brun. Le ventre est d’un blanchâtre livide et n’a pas de lignes. Les seize pattes sont unicolores; les membraneuses sont marquées à leur naissance d’un triple point noir. |

Cette chenille est paresseuse et n’a pas la vivacité frétillante des larves de Pyrausta dont cependant elle se rapproche beaucoup, ainsi que je l’ai dit.

On la trouve au printemps et en automne dans la campagne

Rhodaria Sanguinalis. 3

d'Hyères (Var), sur le romarin officinal (1) dont elle lie les fleurs situées dans son voisinage et qui sont si abondantes dans cet arbuste.

Sa croissance se fait assez rapidement, car des chenilles recueillies fort jeunes au commencement de septembre sont parvenues à leur taille en moins de trois semaines.

Pour se chrysalider la petite larve descend toujours de l’arbuste et cherche dans la mousse sèche un lieu propice elle tisse une coque de forme ovale, papyracée, d’un brun rougeûtre, mince, mais forte cependant, qu'elle fixe à un corps solide.

A l'existence de cette espèce se rattache un détail de mœurs très- singulier qui toutefois n’a rien de nouveau, puisque ce fait a dé,à été observé chez d’autres larves de lépidoptère de familles bien diffé- rentes. La chenille de la Sanguinalis, enfermée dans sa coque parche- minée, ne se transforme en nymphe qu’au bout d'un temps assez long. Elle demeure immobile, contournée sur elle-même pendant plusieurs mois; ce n’est que cinq ou six semaines avant l’éclosion du petit lépidoptère qu’elle forme sa chrysalide qui est d’abord d’un jaune verdâtre mat avec l'enveloppe de l’abdomen brune et l'ex- trème pointe garnie de sept à huit crins courts, très-fins et recour- bés en hameçon. L’éclosion de l'insecte parfait, pour la première génération, n'arrive qu'en mai de l’année suivante, après être de- meuré à l’état de nymphe pendant près de huit mois.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0,017 à 0",018.

(1) Elle doit assurément vivre sur d’autres plantes, car l'espèce n'est pas rare dans le département du Rhône eten Bourgogne ; je l'y ai prise moi-même maintes fois; elle vole aux environs de Paris et en d’autres lieux de la France ne croit pas spontanément le romarin. Duponchel dit avec raison : c'est bien à tort que Treitschke pensait que cette chenille dût vivre dans les mousses qui tapissent les coteaux l'on prend l'insecte parfait en Allemagne (V SI, p. 215).

k CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

Les ailes supérieures, dont le fond est d’un jaune paille, sont tra- versées obliquement par deux bandes assez larges, d’un rouge lie de vin luisant, dont la première représente la coudée : celle-ci est très- élargie au sommet ; la seconde bande, la subterminale, part de l’apex pour aboutir à l’angle interne. Les ailes inférieures sont grisâtres avec une bande transversale indécise. Les antennes sont grises; le thorax assez robuste est, comme le fond des ailes supérieures, d’un jaune paille vif. L’abdomen est effilé et de la couleur des inférieures.

Cette espèce varie beaucoup, soit pour la taille, soit pour la net- teté des couleurs.

La seconde éclosion arrive en août, au moins dans les parties rocheuses et herbues de nos environs.

Je crois aussi que la Virginalis, et c’est l’avis de l’auteur du Species, n’est qu'une variété locale de la Sanguinalis. J'en juge d’a- près de grands sujets de diverses provenances qui m'ont été adres- sés sous le nom de Virginalis.

Je n’ai jamais rencontré à Hyères la variété À signalée par M. Gue- née, bien que la Sanguinalis vole très-abondamment dans le voisi- nage des romarins dès le commencement d’avril.

Eupithecia Rosmarinata, DARD.ET MILL. ( Species nova.)

(PL. 63, fig. 4 à 8.) CHENILLE.

Elle possède la plupart des caractères propres aux espèces congé- nères observées jusqu’à ce jour. Cette larve est effilée, médiocrement longue, atténuée antérieurement, carénée sur les côtés avec le clapet anal assez bien formé. Elle est aussi très-plissée et parait rugueuse vue

Eupithecia Rosmarinata. 5

à la loupe. Sa couleur est le vertternegrisâtre ou bleuâtre, assez vague et mal défini; en dessous la teinte est encore moins décidée. Sur ce fond les lignes vasculaire et sous-dorsale sont continues et largement tracées en vert glauque, du premier au onzième anneau inclusive- ment. La ligne stigmatale est plus claire que le fond. Certains sujets ont cette ligne teintée de carminé obscur. Les stigmates, à peine visi- bles à la loupe, sont bruns. Le ventre est d’un vert blanchâtre lavé de bleuâtre antérieurement; une ligne étroite et foncée le parcourt du quatrième au neuvième anneau. La tête est petite, globuleuse, jau- nâtre et maculée de nombreux points noirs régulièrement placés. Les mandibules sont d’un pourpré obscur avec les ocelles noirâtres. Les dix pattes sont d’un vert grisâtre; les écailleuses ont le dernier article brun. Le clapet anal est taché de vert obscur ou de brunitre. Les trapézoïdaux et autres points pilifères sont fort petits et bru- nâtres.

Cette chenille doit vivre exclusivement sur le romarin offcinal Rosmarinus (1) officinalis, L. L'œuf éclot à l’époque la plante commence à fleurir, c’est-à-dire à la fin de décembre ou au com- mencement de janvier, peu de jours enfin après qu'il a été pon- du. La jeune chenille grossit assez vite et ne ronge que les fleurs très-abondantes du romarin, au centre desquelles elle demeure pen- dant le jour cachée et confondue à cause de sa couleur, et cela depuis l'instant de sa sortie de l'œuf jusqu’à celui de sa métamorphose, qui arrive au milieu du mois d'avril. On trouve encore en mai quelques chenilles retardataires. L'espèce parait rare et demeure cantonnée sur les pentes de certains vallons très-chauds de la Provence.

Mon ami M. Dardoin, qui a toujours chassé si heureusement, et qui a enrichi la science d’un bon nombre de lépidoptères inédits, a découvert, il y a deux ans, aux environs de Marseille, la chenille de la Rosmarinata. L'espèce est demeurée rare, bien que depuis lors

(1) Dont nous avons fait Rosmarinata.

LA 6 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

M. Dardoin ait indiqué à ses collègues marseillais l'habitat de cette Eupithecia nouvelle.

Lorsque la chenille sent approcher l’époque de sa métamorphose, elle se comporte ainsi qu’il arrive chez la plupart des espèces con- génères. Elle descend de l’arbuste, se cache au pied, près du sol, lie la mousse ou plusieurs débris de feuilles sèches, se retire au centre de ce léger abri, et cinq ou six jours après se transforme en chrysalide. Celle-ci est conico-cylindrique, assez allongée, avec la tête et les ailes d’un beau vert pomme; l’enveloppe de l’abdomen est d’un jaune rougeâtre avec l'extrémité formée en bourrelet brun et terminé par sept à huit crins raides, divergents, destinés à retenir la chrysalide fixée à la coque, lorsque l’insecte parfait en sort.

L’éclosion de la phalénite n’arrive que sur l’arrière-saison et se continue pendant un mois à six semaines; du milieu de novem- bre au quinze janvier environ.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0*,020 à 0,022.

Ainsi qu'on le voit, cette Eupithecia peut passer pour une des plus grandes du genre, elle se place naturellement par la forme et les dessins des ailes. Les supérieures sont larges, lancéolées et prolon- gées à l’apex. Chez le typele fond est d’un gris brun lavé de rougeûtre avec les lignes ordinaires fines et nombreuses; les bandes placées dans les intervalles se détachant à peine. L’espace médian est aussi mal accusé que le reste ; il est limité, comme toujours, par l’extrabasi- Jaire et la coudée; celle-ci est très-anguleuse ainsi que les lignes et les traits qui suivent. La basilaire est à peine indiquée; la subterminale est simple, droite et un peu plus claire que le fond. Le point cellulaire est ovale et bien marqué en noir. Deux traits bruns, espacés, d’iné- gale longueur, sont placés au dessous de l’apex; et un troisième trait, mieux marqué que les précédents, traverse le point cellulaire et ca

Eupithecia Rosmarinata. 7

ractérise l’espace médian. Les franges sont assez longues et conco- lores. Les ailes inférieures sont arrondies et relativement plus petites que les supérieures ; elles n’ont pas les lignes transversales ordinai- naires, si ce n’est cependant l'indice de ces lignes au bord in- terne. Le point ordinaire est petit, nébuleux et semble disparaître parfois. La frange, aussi longue que celle des ailes supérieures, leur ressemble pour la teinte. Le dessous est d’un gris luisant avec la coudée très-imparfaitement marquée à la côte ; le trait cellulaire est encore plus mal indiqué; le contraire arrive aux inférieures la ligne coudée existe, mais elle est finement écrite. Les traits nervu- raux qui précèdent la frange sont aux quatre ailes, en dessus et en dessous, visiblement écrits en noir. Les antennes sont crénelées. Le front et les pattes d'un gris clair. Les yeux sont gros et d'un gris bleuâtre; la tête et le thorax participent de la couleur des ailes su- périeures. L’abdomen est subcaréné, concolore, dépourvu de petites crètes et n’a pas, ainsi que cela se voit chez la plupart des espèces du même genre, le second anneau marqué de brunâtre en dessus. Les pattes sont concolores; les postérieures sont munies de deux paires d’éperons.

La femelle est un peu plus petite, avec les ailes moins élancées ; le fond est généralement plus clair et les lignes transversales moins accusées.

J'ai vu une trentaine de sujets de la Rosmarinata obtenus ex larva; tous, à peu de chose près, se ressemblent pour la taille et la couleur. L'espèce paraît donc ne pas varier. Aïnsi que toutes les Eupithecia que j'ai élevées de chenille, celle que je viens de décrire n’a qu’une génération (1).

(1) Je crois même que toutes les Eupilhecia sans exception n'ont qu'une seule génération. I] pourrait cependant arriver que certains sujets provenant de la même mère éclosent en deux époques. Il ne doit pas s'ensuivre pour l'espèce qui présenterait cette particularité, assez fréquente d’ailleurs chez les Chelonia et les Bombyx, que celle-là dût avoir deux générations par an, ainsi qu'on pourrait le penser, si on ne connaissait ces éclosions tardives chez quelques lépidoptères,

8 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDETS.

Olindia (1) Rosmarinana (2), Mir.

( Species nova.)

(PI. 63, fig. 9 à 11.)

CHENILLE,

Elle est fusiforme, un peu aplatie en dessous, généralement d’un jaune argileux, avec la tête petite, lenticulaire et de teinte jaune ambré. Le premier anneau ainsi que le dernier sont recouverts d’une plaque écailleuse luisante. La ligne vasculaire est large, con- tinue et d’un vineux obscur, du deuxième au onzième segment ; pas de sous-dorsale; la stigmatale est ondulée et blanchâtre. Le ventre est d’un gris bleuâtre et sans lignes. Les mandibules et les ocelles marqués en noir se détachent sur le fond ambré de la tête. La plaque du Cou, également d’un jaune ambré, est cerclée de noir; celle du dernier anneau est grisâtre. Les pattes écailleuses sont brunes, les autres sont concolores. Les points ordinaires petits et foncés donnent naissance à des poils courts et blanchâtres.

Cette chenille brunit d’une manière sensible au moment de la chrysalidation. Elle vit en août et septembre aux environs d’Hyères, et sans nul doute en d’autres endroits de la Provence, sur le roma- rin officinal (Rosmarinus officinalis, L.), grand arbrisseau qui croît spontanément, on le sait, dans nos provinces les plus méridionales. Cette larve réunit les feuilles et les fleurs récemment poussées, les lie à la manière de ses congénères, et sous cet abri préservée de tous

(1) Genre créé par M. Guenée et adopté depuis par tous les auteurs (Genus Sciaphila, Dup.) (2) De Rosmarinus (R. Officinalis ), arbrisseau qui nourrit la chenille,

Olindia Rosmarinana. 9

dangers (apparents du moins ), elle grossit lentement en accom- plissant son œuvre de destruction, car elle frappe d’atrophie les jeunes rameaux dont elle ronge le sommet. Lorsqu'’en automne arrive l’ins- tant de la métamorphose, elle abandonne l’arbrisseau , se réfugie parmi les plantes sèches , file une coque blanchâtre, papyracée, étroite, dans laquelle elle se place horizontalement.

La chrysalide est assez courte, rougeâtre, luisante, avec l’extrémité obtuse, brune et garnie de cinq à six crins recourbés en hameçon courts et divergents destinés sans doute à faciliter la sortie de l’in— secte parfait lors de son éclosion laquelle arrive dès le commence- ment du printemps, c’est-à-dire en février ou en mars.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",012.

Au premier abord on penserait voir un petit exemplaire de l’Olin- dia Limoniana, Mill. (1), dont ila la coupe d’ailes et à peu de chose près les dessins ; cependant, en comparant des sujets frais de chacune de ces deux espèces, on reconnait aisément que celles- ci diffèrent notablement entre elles.

Outre la taille plus petite d’un bon tiers que celle de la Limo- niana sa congénère, la Rosmarinana présente certaines différences caractéristiques dans la forme des dessins des ailes supérieures. Voici la description de cette nouvelle Olindia. Les premières ailes sont médiocrement larges; le fond est d’un brun sombre et même noirâtre par places. Ce qu’on remarque tout d’abord, ce sont deux bandes transverses blanchâtres, salies d’atomes plus ou moins nom- breux. La première de ces bandes, placée au tiers de l’aile, est pres- que droite, plus large à la base et bleuâtre au centre. La seconde bande située aux deux tiers de la longueur de l'aile est très-

(4) Zconogr., p. 134, IX, pl. 4, fig. 7 et 8.

. 10 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

irrégulière; partant du bord costal auquel elle semble adhérer par trois litures, elle est très-étranglée vers le milieu, s’élargit brus— quement et se divise en deux ruisseaux avant d'arriver au bord interne. Dans la partie resserrée cette bande blanchâtre est traver- sée par une ligne de points bruns qui paraissent la séparer en deux. L’apex est marqué d’un gros point rond et noir. La frange est brune et médiocrement longue. Les ailes inférieures sont arrondies, blanches, sans lignes, luisantes, un peu enfumées au bord interne ainsi que la frange qui est plus longue que celle des supérieures. En dessous les ailes sont brunes et leur nébulosité ne permet pas de voir les dessins du dessus, si ce n’est un ou plusieurs points blanchâtres à la côte. Les secondes ailes ne diffèrent pas du des- sus. Les antennes sont courtes, blanches et filiformes (1). Les palpes sont longs, blanchâtres et bruns sur les côtés. Le front et la tête sont blanchâtres ; les yeux sont gros et noirs. Le thorax est robuste et brun. L’abdomen court, lisse, caréné, gris, bleuâtre en dessus, avec le dessous et la touffe abdominale blanchâtres. Les pattes sont ren- flées, d’un blanc jaunâtre avec deux paires d’éperons aux postérieu- res. L'espèce a, cela est supposable, plusieurs générations.

Cette platyomide est lente dans ses mouvements et paraît fort peu voler.

L’Olindia Rosmarinana devant se placer après la Limoniana, por- tera dans le catalogue Staudinger le 689 ter.

(4) Elles sont noires et ciliées chez la Limoniana.

Acidalia Laevigata. 11

Voici une nouvelle petite série de quatre Acidalia; si celles-ci sont

anciennement connues, ce que j'ai à en dire ne sera pas sans intérêt puisqu'on ne sait encore rien de leurs premiers états,

Acidalin Laevigata.

Scop. 575? W.-V., p. 10. Fab. 247. Hb. 74. Tr. I, p. 291. Dup. VIII, 174, fig. 6. Bdv. 1853. Herr-Sch., p. 45.— Lab. p. 15. —Gn. IX, p. 460. Stgr. Cat. 65. = Renu- laria, Hb. 331? = Bellata, Frey. IV, pl. 393, fig. 4.

(PI. 64, fig. 4 à 3.)

Une Laevigata femelle prise à Evian (Haute-Savoie), vers le milieu de juillet 1864, me pondit un petit nombre d’œufs. Onze jours après ces œufs qui étaient fécondés sont éclos ; ils m'ont paru sphériques, granuleux et jaunâtres. A sa sortie de l'œuf la petite chenille est d'un blanc terne; lors de la seconde mue elle devient jaunâtre, et rou- geâtre après la troisième. Celle-ci est arrivée vers le milieu de no- vembre. C’est alors que la chenille cesse de manger, se cache parmi les plantes desséchées et s’y confond tellement qu'il faut une attention extrême pour la distinguer. Elle passe l'hiver sans prendre de nour- riture et maigrit alors plutôt que de grossir. Elle ne sort de sa lé- thargie apparente, au moins dans l’intérieur de l'appartement, que vers les premiers jours de février, époque elle se remet à man- ger et elle tarde peu à atteindre la grosseur qu'elle doit avoir. Elle est alors courte, très-atténuée antérieurement, rugueuse, vue à la loupe, carénée sur les côtés du quatrième au onzième segment, avec les lignes et les dessins dorsaux en forme de losange, assez bien écrits en brun, et la teinte générale d’un verdätre un peu glauque assez peu décidé. La ligne vasculaire est finie, mal arrêtée, incertaine. Je n’ai pas vu de sous-dorsale; la stigmatale indique sa

12 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

présence par une faible éclaircie. Les trapézoïdaux fort petits sont, ainsi que les autres points, marqués en brun. Sur les septième et huitième anneaux les points dorsaux se présentent ainsi : les deux premiers sont triangulaires et appuient un de leurs côtés à l'incision, les deux autres se'montrent plus développés que les précédents. La tête est petite, aplatie en avant, concolore, et le sommet est couronné par une ligne brune qui descend jusqu’aux ocelles, ceux-ci sont foncés ainsi que les mandibules. Les pattes antérieures sont d’une longueur normale et sont un peu plus sombres que le corps ; les quatre autres sont concolores ; enfin le clapet anal est mal formé.

L'espèce varie peu; cependant elle offre des sujets qui tirent sur

le brunâtre. Ainsi que la plupart des chenilles qui passent l’hiver, celle de la

Laevigata m’a semblé polyphage. Je l’ai nourrie plus spécialement avec les Galium, certains Chrysanthemum et une Gypsophila; la Muralis, L., desquelles plantes elle ronge préférablement les fleurs. Elle demeure plus de huit mois sous la forme de chenille, car ce n'est qu'à la fin de mars qu’elle s’est cachée définitivement pour se chrysalider. Elle file une coque légère où, peu de jours après, arrive la transformation.

Pour la forme, la chrysalide rappelle tout à fait celle des espèces congénères : elle est d’un jaune verdâtre, luisante, avec l'extrémité qui se termine par quelques crins en hameçon.

La petite Phalénite commence à éclore, en captivité, dès les pre- miers jours de juin, et dans la nature, on la rencontre pendant tout ce mois et au commencement de juillet.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0°,015 à 0",016. Les sujets frais de cette espèce sont rares : presque tous ceux que

Acidalia Laevigata. 13

l'on prend sont plus ou moins déflorés. Obtenue d’éclosion, la Laevigata semble être une tout autre espèce que les individus pris au vol. Les ailes sont un peu élancées et, sur un fond d’un terreux obscur, les lignes basilaire et coudée, bien que fines, sont nettement indiquées en brun aux supérieures. L'espace médian est sali par une large tache brune qui s'appuie sur le bord interne et quelquefois s'étend jusqu’à la côte. Sur les ailes inférieures, la coudée seule est bien écrite, et le point cellulaire qu’on ne voit pas aux supérieures, existe ici vivement indiqué. Sur la frange même on voit une série de points bruns, relativement gros, bien accusés et correspondant aux nervures. |

La femelle est plus grande que le mâle; elle a les ailes moins élancées ; l'abdomen est plus développé que chez les Acidalia appar- tenant au même groupe.

La Laevigata, suivant l’opinion des auteurs qui en ont parlé, n’est commune nulle part bien qu’elle existe en beaucoup de lieux. Elle est très-rare en Suisse (Lah., p. 18). Elle a été prise sur les bords du Rhin, dans la France centrale, dans la Charente (Gn., p. 460). M. Dardoin la prend de loin en loin aux environs de Marseille. Je l'ai prise moi-même une fois dans la campagne de Lyon et une fois à Aix-les-Bains. Cependant Evian (Haute-Savoie) semblerait être sa véritable patrie. Je l’ai recueillie fréquemment dans les corri- dors des maisons, fixée contre les murs elle demeurait tout le jour, ainsi que sa voisine l’Innotata dont elle paraît avoir les ha- bitudes, sauf toutefois que la Laevigata, au rebours de plusieurs de ses congénères, n'aurait qu’une seule génération. C’est au moins ce que je suis porté à admettre, puisque les chenilles de la Laevigata que je viens d'élever ab ovo ont mis près de dix mois à subir leurs diverses métamorphoses. Il est question de chenilles, on le voit, dont l'éducation a été faite en captivité; en est-il de même à l’état libre ?

14 CHENILLES ET LÉPIDOPTÉRES INÉDITS.

Acidalia Ruséicata.

W.-V.15.— Fab. 218.— Bork. 195.— Hb. 241. Haw. p. 364. Tr. Il. p. 44. et VI. p. 44. Dup. V. p. 51. pl. 174. fig. 4. Step. IT. p. 300. Wood. 703. Bdv. 1849. H.-S. p. 21. Lah. 32. Go. IX. p. 466. Sigr. cat. 73. Vul- pinaria, Herr.-Sch, sup. p. 65. fig. 473-474. Minutata., Fab. 280.

(PI. 64. , fig. 4 à 6.)

CHENILLE.

Elle est ainsi que celles de ses congénères la Lœvigata dont je viens de tracer l’histoire, les Acidalia Osseata et Interjectaria que je décri- rai dans cette livraison, et les chenilles des À. Moniliata et Degene- raria qui feront partie d'une des livraisons suivantes; elle est, dis-je, régulièrement rugueuse et comme grossièrement chagrinée.

A sa sortie de l’œuf, qui arrive vers le quinze juillet, la chenille de Rusticata est d'un vert jaunâtre, couleur qu’elle conserve jusqu'à la seconde mue. Un peu plus tard elle brunit, et enfin parvenue à sa taille au quinze ou au vingt août, sa couleur s’assombrit en- core ; sa peau se ride et présente la granulation dont j'ai parlé. Elle est alors assez courte, peu carénée, très-atténuée antérieurement, rigide, paresseuse, un peu courbée au repos, polyphage et vivant à découvert. La vasculaire est fine, interrompue et d’un vineux obs- cur ; la ligne sous-dorsale est de la même couleur que la précé- dente, mais celle-là est large et continue ; la stigmatale est étroite non interrompue. Les stigmates sont d’une petitesse extrème, car- nés et finement cerclés de brun. Le ventre est d’un blanchâtre livide;

Acidalia Rusticata. 15 il laisse voir un dessin triangulaire noirâtre sur les cinquième, sixième, septième et huitième segments. Les dix pattes sont d’un verdâtre obscur. La tête est très-petite, globuleuse, et la chenille la rentre à moitié sous le premier anneau au moindre bruit.

Vers le quinze ou le dix-huit août, cette larve disparaissait sous la mousse et au bout de peu de jours se métamorphosait sans former de coque.

La chrysalide est cylindrico-conique, d’un jaunâtre luisant, avec la partie abdominale passant au rouge acajou. L'insecte parfait éclot dans le courant de septembre, le soir, après le coucher du soleil, moins de quinze ou vingt jours après sa métamorphose. Cette espèce, qui s’accouple facilement en captivité, a deux éclosions ; la seconde génération passe l’hiver en chenille.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",019 à 0,020.

Cette Acidalie est toujours plus petite que l'espèce voisine la Filicata avec laquelle on la confond souvent encore. Elle a les ailes moins élancées, n’est jamais teintée de jaune rouillé et à toujours le fond des supérieures partagé par l’espace médian brun festonné et marqué au centre du point cellulaire, lequel n'existe jamais chez la Filicata que sur le bord de la coudée, ainsi que l’observe très-judicieuse- ment M. Guenée (IX, p. 466).

La Rusticata se prend dans presque toute la France, depuis les

environs de Boulogne jusqu'aux garigues de Marseille, les en- tomologistes de cette ville la rencontrent chaque année ; elle n’est rare nulle part.

Dès le milieu de juin on la voit voler, à la fin du jour, autour des haies de nos collines; sa congénère la Filicata, beaucoup moins fréquente, paraît quinze ou vingt jours après. Cependant, certaines années on prend ici l’une et l’autre de ces Acidalia dans les mêmes lieux et en même temps.

16 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDMS.

Obs. Dans sa monographie des Phalènes suisses, p. 27, M. de Laharpe dit que la Rusticata est commune aux environs de Lau- sanne son apparition n’a lieu qu’en juillet et en août. Ce con- sciencieux auteur ne confond-t-il pas la Filicata avec la Rusticata, puisqu'il rapporte à celle-ci la variété Vulpinaria de M. Mann (H.-S., 473-474), qui ne se distingue ‘du type que par une nuance jaune rouillé à l’espace médian, laquelle teinte, je l’ai dit, n’appar- tient qu’à la Fülicata ? Chez les Rusticata authentiques cette couleur n'existe jamais. De plus, M, de Laharpe cite une époque d’éclosion qui doit être celle de la Filicata.

Dans la liste des Lépidoptères de la Belgique (Annales de la So- ciété entomologique belge, t. III. p. 128), l’époque indiquée pour l'éclosion de Rusticata me ferait aussi craindre qu’elle n’ait été confondue avec sa voisine.

Acidalia Osseata.

W.-V. 22, Fab., 276. Bork., 154. Hb. 102. Tr. Il, p. 32. Dup. V, p. 104, pl. 177, f. 5. Steph. IL, p. 309. Wood., 723? Bdv., 1487. Herr.-Sch., p. 18. Lah., 24. Gn. IX, p. 167. Stgr., cat. 75.

(PL. 64, fig. 7 à 10).

CHENILLE.

Pendant les premiers jours de juillet 1860, dix jours environ après que les œufs de cette petite espèce ont été pondus, l’éclosion des jeunes chenilles est arrivée. Ces larves, pendant la première pé- riode de leur vie, n'ont rien qui les fasse remarquer ; elles sont d’un blanc tirant sur le verdâtre; peu à peu leur robe se fonce, et,

Acidalia Osseala. 17

lors des froids, leur petitesse était encore extrême et leur rigidité était telle qu’il fallait une attention très-grande pour les recon- naître parmi les fragments de tiges sèches, de brindilles végétales flétries dont elles empruntaient la forme recourbée et la couleur ter- reuse. De novembre à mars elles ont été privées de nourriture (4); cependant je n’en ai pas perdu une seule. Ce n’est qu’en avril qu’el- les ont augmenté de volume, et, au milieu de mai, elles étaient par- venues à toute leur grosseur. A cette époque, c’est-à-dire plus de dix mois (2) après son éclosion, cette chenille est courte, atté- nuée antérieurement, carénée, paraissant, vue à la loupe, ru- eueuse ou mieux grossièrement chagrinée, d’un jaune clair, lavée de verdâtre sur les premiers anneaux et de carné sur les derniers. La tête est petite, un peu triangulaire et rétractile. La région dor- sale présente une double ligne qui est plus visible sur les pre- miers segments que sur les postérieurs. Je n’ai pas vu la sous-dor- sale; une carène blanchâtre et rayée de brun en dessous remplace la stigmatale ; les stigmates placés au milieu de cette carène ne sont qu’imparfaitement visibles, même à l’aide d’une bonne loupe. En dessous il règne une ligne indécise, du quatrième au neuvième seg- ment. Les points trapézoïdaux se voient à peine à l’œil nu. Les six pattes antérieures sont brunes, les quatre autres sont verdâtres.

Si on l'inquiète elle a, dans son attitude, certains rapports avec la chenille de l’Euphorbiata et celle de la Berberata figurées par Hub- ner. Elle est polyphage ainsi que la plupart des larves qui passent

(1) A moins que, ainsi que certaines chenilles de Phalénite, celle de l'Osseala se soit contentée de feuilles de plantes desséchées.

(2) Je fais observer à mes fécteurs combien doit être grande la patience de ce- lui qui veut conserver vivants dix mois, et quelquefois plus, d'aussi petits êtres que ceux dont je raconte la vie.

Je dirai encore que ce n'est qu'au bout de la troisième année qu'il m'a été pos- sible d'amener à bien les chenilles de l'Osseata, car c’est en plein air seulement que son éducation peut réussir. Pendant les deux premières années ces petites larves, élevées dans un appartement sans feu, se sont desséchées avant la fin de janvier.

Annales de la Sociélé Linnéenne. 2

f \ . 18 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

l'hiver. J'ai nourri celle de l’Osseata avec les Rumex, les Taraxacum, les Veronica et autres plantes basses qui paraissent dès le premier prin- temps. Elle mange si peu à la fois qu'on ne dirait pas qu’elle touche aux plantes dont elle vit.

La transformation est arrivée vers le milieu de mai, après que l’in- secte a eu formé une légère coque dans la mousse. La chrysalide est assez allongée et d’un brun jaunâtre avec cinq ou six crins à l’ex- trémité de la pointe abdominale. Vingt jours après la métamorphose de la chenille, l’insecte parfait a paru. C'était toujours le soir, aus- sitôt après le coucher du soleil, qu’arrivait l’éclosion.

INSECTE 'FARFAIT.

Envergure : 0",017 à 0,018.

« Il est surprenant que les auteurs du catalogue de Vienne, ni aucun des auteurs anglais n’aient mentionné un caractère aussi saillant que la côte rouge chez cette espèce » (Gn. IX, p. 468). « La couleur rouille de la côte devient quelquefois à peine visible, tant elle pâlit » (Lah., Faune Suisse, p. 23). Les sujets chez lesquels la couleur rougeâtre tend à disparaître, sont frustes, car les indivi- dus en bon état, ceux surtout que j'ai obtenus ex larva, possè- dent cette teinte vive et caractéristique. « Il faut se défier de toutes les descriptions qui omettent ce caractère. » (Gn.)

Cette petite Acidalia qui n’a qu’une seule génération est fort ré- pandue en Europe dans les taillis bien exposés et herbus de la pre- mière zone, celle des chènes. Je ne pense pas qu'elle ait jamais été prise dans la plaine, ni dans la haute montagne. Elle vole au coucher du soleil dès le 25 juin jusqu’au 15 ou 20 juillet.

C’est une des espèces qui s’accouplent facilement en captivité.

L’Ac. Osseata fait également partie de la faune de Belgique (Anna- les de la Soc. ent. belge, INT, p. 129). |

Acidalia Interjectaria. 19

Acidalia Interjectaria.

Bdv., 14873. Herr.-Sch., p. 18, fig. 78-79. Lah. 25. Gn. IX, p. 468, 785.

(PI. 64, fig. 41 à 44.)

L'histoire de cette espèce qui vole en mai et qui précède de quinze à vingt jours l'apparition de sa congénère l’Osseata, est, à très-peu de chose près, sa propre histoire. Mêmes mœurs, même nourri- ture, même rigidité dans les attitudes, même rusticité et même so— briété dans l'appétit; partant, même lenteur dans le développe- ment. Les chenilles de ces deux espèces élevées en même temps et dans les mêmes conditions, se sont comportées l’une comme l’autre ; en sorte que, racontant la vie de la chenille de l’Osseata, on trace celle de l’Znterjectaria. Ayant assez parlé de la première, je renvoie à ce que j'en ai dit pour ce qui pourrait concerner la chenille de la seconde, me contentant de décrire cette dernière.

CHENILLE.

Elle est courte, atténuée antérieurement, carénée sur les côtés , très-plissée transversalement, régulièrement rugueuse et grossière- ment chagrinée ; la tête est petite, globuleuse, brune et rétractile, d’un verdâtre obscur lavé de rougeätre sur les premiers segments, et, en dessous, d’un vert bleuàtre uni. On ne voit bien la vasculaire que sur les premiers et sur les derniers anneaux. La stigmatale placte sur la carène est un peu plus claire que le fond. Les organes de la respiration sont relativement petits, et m'ont paru bruns. Les

20 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

pattes antérieures sont de couleur terreuse, les autres sont bleui- tres. Les poils, rares, courts, raides, sont peut-être plus épais au sommet qu’à la base. Elle est polyphage ainsi que la chenille de l'Osseata ; je l’ai nourrie de préférence avec certaines prinsulacées ; l’Anagallis arvensis, L., plante basse qui fleurit dès le mois de mars, lui convenait mieux que toute autre.

La métamorphose s’est opérée au commencement de mai de l'année suivante, et n’a duré qu’une quinzaine de jours. L’insecte n’a pas tissé de coque, car c’est sur la terre recouverte de mousse qu’il a formé sa chrysalide. Celle-ci est renflée, d’un brun rou- geûtre, lavée de verdâtre dans le voisinage de la tête, avec la place des yeux, les incisions, le bourrelet du dernier segment et les crins qui accompagnent la pointe, brun foncé.

L’éclosion arrive également le soir immédiatement après le cou-

cher du soleil. INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",020 à 0",022.

Il est toujours plus grand que l’Osseata ; les aïles sont arrondies, avec la côte brunâtre et terreuse, et non pas rougeâtre comme chez l’Os- seata. L’éclaircie subterminale des supérieures est ondulée et très- anguleuse extérieurement. Les quatre ailes sont de plus luisantes , et les petits traits qui précèdent la frange ainsi que les points discoi- daux sont plus gros et plus noirs que chez la précédente espèce. Le dessous est aussi plus clair et les lignes transverses plus nettement accusées.

L’Interjectaria se distingue d’'Holosericata, Dup., qui vient apres et à qui elle ressemb'e beaucoup, par un caractère principal et cons- tant : le point cellulaire aux quatre ailes, en dessus et en dessous, qui manque toujours chez Holosericata.

L’Aci. Interjectaria, qui n’a qu'une éclosion, se prend un peu pat-

Psyche Leschenaulti. 21

tout en France : elle ne se cantonne pas, ainsi que fait l’Osseata. Nous la trouvons fréquemment dans les taillis de nos collines et dans ceux de la plaine ; dans les lieux herbus de nos petites mon- tagnes, ceux des bas-fonds, voire même dans les roseaux des bords marécageux du Rhône, et enfin jusque sur les troncs d’arbres de nos quais.

Elle est commune à Châteaudun (Gn.); assez rare aux environs de Marseille (Dardouin) ; fréquente à l’orient et au sud de Lausanne (Lah.). « Elle parait » ajoute l’auteur de la faune Suisse, « avant « l’Osseata et disparaît lorsque celle-ci commence. » Ce qui a lieu également ici.

Obs. Dans son Addenda à ses Phalénites, M. Guenée nous apprend, p. 543, que les Znterjectaria qu'il a trouvées autour de Montpellier, de Perpignan et du Vernet, diffèrent des individus des diverses localités du centre de la France, « par la teinte noirâtre métallique des supérieures beaucoup plus prononcée, ainsi que la naissance des lignes, et par les traits terminaux plus fortement marqués en noir, surtout chez les femelles. »

Psyche Leschenaulti.

Stgr. Annal. Soc. entomol. de Fr., 1860, p. 663. Stgr. Cat. 160. (PI. 65, fig. 1 à 3.)

L'insecte parfait de cette espèce a été décrit, mais nulle part figuré; on ne connaissait rien encore de ses premiers états; je ne sache pas au moins qu'il en ait été question. Je suis donc heureux de pouvoir compléter l’histoire de cette Psyche et de la faire représenter sous ses diverses formes.

122 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

2 CHENILLE,

Elle est cylindrique, atténuée postérieurement, d’un blanc tirant un peu sur le jaunâtre, rase, sans lignes, si ce n’est cependant un très-mince filet grisâtre placé à la hauteur de la stigmatale et qu’on ne distingue pas toujours bien. La tête est petite, globuleuse, rétractile et d’un noir de jais. Il existe sur les trois premiers anneaux un écus- son corné, noir, luisant, qui occupe plus de la moitié de leur longueur respective. Ces écussons sont divisés en deux par un profond sinus plus large sur le premier anneau que sur les deux autres; celui-là est en outre taché de blanchâtre diagonalement. Le dernier segment porte aussi un écusson corné, mais 1l est petit et d'un noir mat. Les pattes écailleuses sont longues, concolores, marquées deux fois de noir longitudinalement avec le dernier article également noir. À la place des pattes ventrales on ne voit que de très-petits points verru— queux bruns. Les pattes anales sont aussi mal développées que les membraneuses. Les stigmates sont d’un gris foncé et fort peu visibles bien qu’assez gros.

FOURREAU.

Il ne ressemble nullement à ceux des Psyche Fulminella, Stgr., et Plumosella, Ramb., avec lesquelles espèces cependant l’insecte par- fait a les plus grands rapports. Ce fourreau se rapproche plutôt de ceux du genre Epichnopteryx, d'Hbner. Il aurait assez de rapport avec celui de la Nudella, Brd., bien que plus foncé. Il est tubuli- forme, un peu courbé, très-atténué postérieurement et assez peu an- térieurement ; il est de plus recouvert de parcelles de terre noirâtre et de grains de sable fins et serrés. L'intérieur du fourreau est ouaté d’une abondante soie fine et blanchâtre. Le fourreau de la

Psyche Leschenaulti. 23

femelle diffère fort peu de celui du mâle : il est seulement un peu plus renflé au centre.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0°,016 à 0”,017.

Je viens de dire que cette espèce a beaucoup de rapports avec deux de ses congénères dont l’une d'elles, la Fulminella, n’a été découverte que postérieurement. Les quatre ailes sont d’un noir fuligineux ayant quelques reflets bleuâtres. Les supérieures sont un peu falquées à la côte, s’abaissent à l’extrémité et ont l’apex sensiblement plus ob- tus. Les inférieures sont passablement allongées et sont de la cou- leur des supérieures. Les franges sont, aux quatre ailes, assez lon- gues et d’un noir de suie. Les antennes sont très-pectinées et, ainsi que la côte, d’un noir matet prononcé.

Je renvoie du reste pour la description plus détaillée de cette es- pèce, à ce qu'en a dit M. Staudinger dans nos annales entomologi- ques l’on remarquera les judicieuses observations de ce natura- liste sur la forme des antennes; cependant je ne saurais partager son avis rapporté dans ce passage : « Les ailes et les poils du corps « sont blanes, à l'exception des franges et du bord antérieur des « premières ailes qui sont noirâtres » (1). Les divers sujets de la P. Leschenaulti que j'ai sous les yeux, dont l’un de récente éclosion, sont, je l'ai dit, entièrement d’un noir fuligineux, un peu diaphane et sans trace de poils blancs, si ce n’est cependant, et cela chez un seul individu, quelques rares poils grisàtres sur le thorax.

La femelle ressemble encore plus que le mâle aux espèces ses voisines : elle est courte, molle, de couleur ambrée, avec les antennes et les pattes antérieures fort courtes. Elle est destinée, on le voit, à

(1) Ann. de la Soc. entom. de France, 1860, p. 662.

A CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. ne pas sortir du fourreau qu’elle a préalablement fixé et elle pon- dra un grand nombre d'œufs aussitôt après l’accouplement.

La Psyche Leschenaulti portera dans la Monographie Bruand le 26 bis.

L'espèce a été découverte par M. Leschenault du Villars, magistrat à Mauvezin (Gers). Cet entomologiste a bien voulu me transmettre sur cette Psyche certains détails de mœurs qu’on ne lira pas sans in- térêt. « L’accouplement, m'écrit M. Leschenault du Villars, s’est opéré sous mes yeux et à plusieurs reprises au Pic du Midi de Bi- gorre (Hautes-Pyrénées). Le fourreax contenant la femelle était in sensiblement plus gros dans la partie du milieu ; cette différence n’est presque pas remarquable, et elle m'eût échappé si, étant adossé contre des rochers pour ramasser des fourreaux qui y étaient appen- dus, plusieurs mâles ne fussent venus fondre avec une rapidité ex- trème sur la main qui tenait trois ou quatre fourreaux, en choisir un qui offrait pour toute dissemblance des autres ce léger gonflement, et s’accoupler quelques secondes sur ma main. Les mâles volaient en très-grande abondance; j'en pris une centaine et aurais pu en capturer un millier. Une seconde fois, en présence d’un botaniste, M. Philippe, de Bagnères, l’accouplement eut encore lieu. J'avoue que je crus que c'était l’Albida, et laissai dans mes boîtes mes échan- tillons, n’en préparant que très-peu. Plus tard, j’eus occasion de faire connaître ces échantillons à M. Staudinger, qui démontra parfaite- ment que c'était une espèce nouvelle.

« Je remarque que c'est la seule fois (l’année de mon premier envoi à M. Staudinger) que je trouvai en abondance cette espèce à 2,800 mètres au dessus du niveau de la mer. Depuis et les années qui suivirent, je m'occupai beaucoup moins de cette découverte ; mais aux mêmes époques, dans les mêmes lieux, je n’en vis pas; Je m'installai pendant des semaines dans ces régions alpines et nei- geuses, je ne trouvai que quelques fourreaux.

« Jeremarquai, dans les régions bien plus basses, c'est-à-dire à 1,200 mètres, quelques mâles très-rares volant et des fourreaux

Psyche Leschenaulti. 25

appendus contre les rochers. J'en avais ramassé une grande quan- tité; je les portai à Bigorre, mais malgré mes soins rien n’a pu éclore. La localité je les ai trouvés la première fois est le flanc méridional du Pic, habité par l’Hepialus Pyrenaicus et l’Emydia Rippertii. »

Obs. Feu Bruand, dans son travail sur les Psychides d'Europe, ne nous à pas dit à quelle époque de l’année éclosent les diverses che- nilles du groupe de l’Albida. Je crois devoir, pour compléter l’his- toire de quatre de ces intéressants insectes, en dire quelques mots, ayant souvent été à même d'observer moi-mème les chenilles à tous leurs âges.

La mère des Psyche Albida, Plumosella, Millierella, Gondebautella et plusieurs autres sans doute, la mère, dis-je, de chacune de ces quatre espèces meurt en mai, aussitôt après avoir pondu ses œufs dont elle tapisse les parois intérieures de son fourreau. Douze ou quinze jours après, les larves sortent de l'œuf, formant aussitôt, avec les débris du fourreau maternel, un petit capuchon qu’elles portent sur leur dos tout en marchant très-vite. Elles grossissent lentement d’abord et ne se nourrissent que de graminées ; elles passent l’hiver fixées provisoi- rement très-près du sol, perdues dans la mousse ou les plantes sè- ches. Puis lorsque revient le soleil du printemps, elles mangent de nouveau, achèvent de grossir et, vers le milieu de mars pour les unes, et, à la fin d'avril pour les autres, se fixent enfin pour se chrysalider et éclore quinze à dix-huit jours après. On voit donc que ces insectesont demeurésprès de onze mois à l’état de larve. Ce temps doit paraitre fort long eu égard à celui des deux autres états (1) et doit sembler encore plus considérable si on place en regard de la vie de ces Psyche, celle de certains lépidoptères qui, au contraire, ne restent à l'état de chenille que trois ou quatre semaines et passent près de dix mois en chrysalide.

(1) Pour la P. Leschenaulli, les diverses phases de sa vie se passent probable- ment d'une manière identique à celles que je viens de rapporter.

26 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, »

. Fumen Suriens.

Reutti, I, e. Stgr., Cat. 177. = Psyche Surientella, Brd., Ann. Soc. ent. de Fr., 1858, p. 465.

(PI. 65, fig. 4 et 5.)

Est-il bien certain que cette espèce ne soit pas la Perlucidella, Mann. (Brd., 52) ? (1). Le plus ou le moins de vétusté chez ces délicats insectes, peut souvent apporter une différence notable entre des sujets qui appartiennent néanmoins à la même espèce. J'ai sous les yeux des individus très-bien conservés de la Suriens, Reutti, et qui m'ont été donnés comme authentiques; je les trouve seulement un peu plus pâles que les Perlucidella (2) que nous prenons sur les collines du Lyonnais, les parapets herbus du Grand-Camp, et jusque dans le Parc de la Tête-d’Or. Je dirai de plus que les fourreaux de chacune de ces deux espèces se ressembleraient tout à fait, si ce n’é- tait la forme simplement tubulaire et un peu atténuée à l'extrémité de celui de la Perlucidella, tandis que dans l’autre elle est conique et d'une teinte un peu plus sombre. C’est sur ces faibles différences de four- reaux que Bruand à établi les principaux caractères qui séparent les deux espèces. (Ann. Soc. ent. de Fr., 4858, p. 465.) Toutefois il est nécessaire de dire que cet auteur ajoute : « Il faudrait « figurer les chenilles de l’une et de l’autre pour établir une difié- « rence sensible et facilement appréciable entre ces deux Psychides. » Je fais représenter la Fumea Suriens mâle qui ne l’a été nulle part.

(1) La figure de la Monographie Bruand est beaucoup trop enfumée, ce qui la rend méconnaissable. (2) Déterminées par l’auteur de la Monographie des Psychides.

Psyche Fulminella. 97

Elle mesure 0,016 à 0",017. Les quatre ailes sont presque trans- parentes, c’est-à-dire à peine recouvertes d’écailles d’un gris jau- nâtre, avec les nervures d’une finesse telle qu’il faut une forte loupe pour les bien distinguer. Les franges sont étroites, d’un gris soyeux luisant plus clair que le fond des ailes. Le thorax et l’abdomen sont d’une ténuité extrême et unicolores.

La femelle qui est semblable à celle de Perlucidella est vermifor- me, renflée, courte, avec une abondante touffe soyeuse qui termine l'abdomen.

Psyche Fulminella, STGr.

(PI. 65, fig. 6 à 8.)

Cette Psychide récemment découverte n’est pas plus connue sous ses premiers états que ne l'était naguère la chenille et l’insecte par- fait de la Psyche dédiée à M. Leschenault du Villars.

CHENILLE.

Elle est un peu plus grande que celle de sa congénère la Lesche- naulti ; sa couleur est le carné obscur teinté de bleuâtre à la région dorsale et présentant sur chaque segment une tache foncée rectangu- laire et transversale. La tête est petite, arrondie, rétractile et d’un noir de jais. Les trois premiers anneaux sont protégés par un écus- son corné d’un brun foncé mat, dont les deux premiers sont parta- gés par un sinus étroit de la couleur du fond. Le dernier segment est taché de brun, mais il ne porte pas d'écusson. Les pattes écailleuses sont assez longues, robustes et d’un brun foncé luisant. Les pattes ventrales n’existent pas, mais on voit à leur place des petits renfle- ments carunculiformes. Les stigmates sont proéminents et concolores.

28 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIMS.

Cette chenille, ainsi que celles de toutes les Psyche proprement dites observées jusqu’à ce jour, doit vivre de graminées,

FOURREAU.

C'est peut-être, à cause de sa structure exceptionnelle, le plus ex- traordinaire de tous les fourreaux de Psychide. Il présente une réu- pion de plusieurs petites feuilles sèches de Buæus et de Quercus cocci- fera appliquées les unes contre les autres et fixées ensemble par de nombreux fils de soie. Cette enveloppe protectrice de l’insecte est à peu près ovale autant qu’il est possible d’assigner une forme à des fourreaux dont pas un ne ressemble à l’autre. Toutefois sa forme générale serait assez celle d’un grain de courge de grosseur moyenne et médiocrement renflé au centre.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",018 à 0°,019.

Cette espèce est un peu plus grande que la P. Leschenaulti, Stgr.; mais un peu moins que la P. Plumosella, Ramb., de qui elle dif- fère par la coupe des ailes supérieures moins anguleuse; la forme moins arrondie des inférieures; la coloration complète- ment enfumée sans reflets bleuâtres de ses quatre aiïles ainsi que de tout le reste du corps: antennes, tête, thorax et abdomen.

La Fulminella qui a été rapportée de la Castille elle ne paraït pas rare, n’était pas encore publiée lors de l'impression du catalogue de M. Staudinger, par conséquent elle n’est pas indiquée. Placée après la P. Leschenaulti, elle devra porter dans la Monographie Bruand le 26 ter, et dans le catalogue Staudinger le 460 bis.

Six mâles et deux femelles avec fourreaux. Coll. Mill,

Crymodes Exulis. 29

Crymodes Exulis, LEFEBY.

Ann. Soc.entom. Fr. V, p. 393, pl. 10, fig. 2.—Gn. Ind., D. 238.— Bdv. 938. Dup. Sup. III, p. 588, pl. 49, fig. 2. Stgr. Cat. 364. Polia Exulis, Herr.-Sch., Cat. 21.

(PI. 65, fig. 9 à 41.)

La chenille de cette noctuélite se rapproche par ses mœurs mysté- rieuses de celles de la grande famille des Agrotides qui, pour la plu- part, vivent cachées près des racines des plantes basses ou parmi ces racines elles-mêmes; elle a de plus l’aspect vermiforme et la triste pa- rure du plus grand no nbre de ces larves souterraines. Elle est allon- gée, épaisse, cylindrique, plissée, à plaque cornée sur le premier et sur le dernier anneau, d’un blanchâtre livide, luisante et sans lignes; cependant les second et troisième segments, plus ridés que les autres, sont teintés de jaunâtre en dessus et ont comme l'apparence d'une vasculaire et d’une sous-dorsale. La tête est de grosseur moyenne, globuleuse, échancrée par en haut, rougeûtre et très-luisante, avec les mandibules et les ocelles bruns. Les pattes écailleuses sont de la cou- leur de la tête et le dernier article est noir, les dix autres pattes sont concolores avec la couronne de chacune d'elles brunâtre. Les stigmates sont ovales, noirs et se détachent très-visiblement sur le fond clair de la chenille. La plaque écailleuse du premier anneau oc- cupant toute sa surface est aussi d’un jaune rougeûtre, mais elle est plus claire que la tête; la plaque du dernier segment est également large et de la couleur de celle du premier. Les trapézoidaux ne sont pas plus gros que les autres points pilifères; ils donnent naissance à des poils très-courts et noirâtres.

La chenille de l’Exulis dont l’œuf a éte déposé par la prévoyante

30 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDÎTS.

mère sur la tige d’une graminée, le plus souvent un Poa, et qui éclot peu de jours après, doit s’introduire au centre de la tige, au des- sous de la première articulation, en ronger lentement l’intérieur etarriver jusqu’à la racine. L’hiver, si précoce dans les régions du nord de l'Europe, tarde peu à paraitre en Islande, patrie de cette Cry- modes ; il surprend l'insecte rongeur qui se hâte de s’abriter sous une abondante couche de mousse dont la presque totalité de l’île est recouverte et il demeurera engourdi pendant plusieurs mois. Lorsqu'arrive le printemps cette chenille a atteint toute sa taille; si on la cherche alors, on remarque les longues galeries qu’elle s’est formées parmi les plantes, et qui le plus souvent décèlent sa pré- sence à l’investigateur. À la mi-juin, c’est-à-dire sept à huit mois après qu’elle s’est enfouie au pied des mousses, elle tisse une légère coque elle se transforme pour donner son insecte parfait trois ou quatre semaines après tout au plus (1).

La chrysalide est pleine, luisante, sans aspérités, assez allongée, d’un brun rougeâtre, et n’aurait absolument rien qui dût la distin- guer du plus grand nombre, si ce n’était le dernier anneau abdo- minal qui est brunâtre, coupé carrément à l'extrémité et terminé par quatre pointes courtes dont les deux du centre sont un peu plus allongées que les autres. |

INSECTE PARFAIT.

Il n’est peut-être pas de noctuelle qui ait autant de synonymes que cette Crymodes boréale qui, suivant M. Staudinger, en aurait onze.

Plus que tout autre il a été à même de reconnaître et d’étudier les nombreuses et intéressantes variétés de cette espèce. Suivant donc

(1) Ces renseignements de mœurs m'ont été fournis, ainsi que la chenille et la chrysalide, par mon ami M, Staudinger.

Crymodes Exulis. 31

l'opinion de ce naturaliste la Cry. Eæulis, Lef., aurait pour synony- mes les noctuélites dont voici les noms : Gelata, Lef., Groenlandica, Dup., Cervina, Germ., Marmorata, Herr-Sch., Difflua, Hb., Assimilis, Dbld., Gelida, Gn., Poli, Gn., Aretica, Thubg., Oleracea, Mohr., et enfin la Borea, Herr-Sch. (1). Or, d’après cela, toutes les espèces formant le genre Crymodes de M. Guenée, sauf la Sommeri, Lef., toutes ne seraient que des aberrations plus ou moins remarquables de l’Exulis que je vais décrire.

Envergure : 0",038 à 0",040.

Les ailes sont élancées, arrondies à l’apex, obscures, ou mieux d’un brun plus ou moins lavé de jaunâtre avec les nervures et les points nervuraux assez visiblement indiqués en clair. L'espace médian est limité par ces derniers, et les taches réniforme et orbiculaire sont toujours plus ou moins visibles. Les inférieures sont d'un gris jau- nâtre qui se prononce davantage en s’approchant de la frange; celle-ci est blanchâtre. Les antennes sont épaisses, crénelées et mé- diocrement longues.

La femelle a un ‘peu moins d'envergure que le mâle ; sa parure est plus claire, c'est-à-dire que les teintes jaunätre - terreuses sont plus répandues sur les supérieures. Mais ce sont surtout les taches ordinaires ét les nervures qui se détachent plus ou moins vivement en clair qui distinguent cette femelle ; ces taches sembleraint au pre- mier abord en faire une espèce distincte du mâle. Les inférieures sont aussi moins obscures.

L'espèce a été rapportée en grand nombre de l'Islande elle est fort abondante. Paraissant en juiilet, elle n'attend pas toujours la nuit pour voler. Dès qu’un pâle rayon de soleil se fait jour à travers l'atmosphère humide de cette brumeuse contrée, on voit butiner ces noctuelles par essaims sur les rares plantes qui croissent clair- semées et on les saisit sans peine. La Cr. Exulis habiterait aussi le

(1) Catalog der Lepidopteren europa's und der angrenzenden, lander, Von Dr 0. Staudinger, p. #3.

32 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. Labrador, le Kamtschatka, la Laponie, les régions polaires et l'Amé- rique boréale.

Cleophana Arctata, G\.

Serrata Hb., 861. Gn., Ind. 246.— Bdv., 1221.—Feisth., Ann. Soc. entom., 1837, p. 299, pl. 12, fig. 2. Dup. Sup. HE, p. 426, pl. 37. Herr.-Sch., Cat. 53, VI, p. 161. Stgr., Cat. 651. (Non Tr.)

(PI. 66, fig. 1 et 2.)

La Cleophana Serrata de Treitschke n’est pas celle que nous con- naissons en France sous ce nom. C’est toutefois l'avis du savant au- teur du Species (VI, p. 160), à l’opinion duquel je me range. J’adop- terai donc le nom de Arctata (Serrata, Hb.) pour désigner cette Cleophana, dont je vais décrire la chenille qui, ainsi qu’on va le voir, a de grands rapports avec celle de sa congénère l’Antirrhini, Hb.

CHENILLE.

Elle est très-allongée, sensiblement atténuée en avant, et renflée sur les huitième, neuvième et dixième anneaux, avec les seize pattes bien distinctes; cependant la première paire ventrale semble un peu plus courte que les autres. La tête est petite, globuleuse et d’un jaune isabelle foncé. Tout l’insecte est d’un vert mat rayé longi- tudinalement de lignes fines, nombreuses, continues et plus claires que le fond. La stigmatale est blanchâtre et plus large que les au- tres lignes ; elle part de la tête et aboutit au dernier segment; le dessous qui est d’un vert bleuâtre ne présente pas de lignes. Les stigmates sont concolores et finement cerclés de brun. Les seize pattes sont d'un vert jaunâtre; les antérieures sont à peine plus

| L ET | + de ï

Du. : Cleophana Arctata. 33 { “foncées que le reste; j'en dirai autant de la couronne des autres À pattes. Absence complète de points pilifères et de poils; ils sont du moins invisibles. | Cette chenille vit en mai et en juin, sur plusieurs espèces de Scabieuses.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0,026 à 0,027.

Les ailes supérieures sont presque rectangulaires, à côte droite, à apex un peu aigu, à franges épanouies et profondément entrecou- pées de blanc. Le fond est d’un gris brunâtre; il est traversé par l’espace médian qui est très-brun et sur lequel se détachent très- visiblement les deux lignes ordinaires, b'anchâtres, continues, rap- prochées au centre et formant par ce rapprochement une sorte d’X. Les taches réniforme et orbiculaire sont séparées par la coudée à son point de départ. Ces taches sont de forme à peu près semblable, concolores, limitées par un cercle noir interrompu par places et éclairées de blanchâtre intérieurement. On voit sur l’espace basi- laire deux traits fins et noirs. Les ailes inférieures sont allongées, brunes, avec la base d’un gris jaunâtre et la frange médiocrement longue et blanchâtre. En dessous les ailes supérieures sont brunes, plus claires à la côte, à frange blanche entrecoupée de brun avec l'es- pace médian bien écrit en brun foncé. Les inférieures sont à peu près la répétition du dessus ; seulement le fond, plus clair, laisse voir l’es- pace médian et les nervures. Les antennes sont longues et ciliées; les yeux sont gros et bruns ; la spiritrompe est épaisse et relative- ment longue; le thorax est robuste et concolore; l’abdomen est sur- monté de deux longues crêtes noirâtres placées perpendiculairement.

Je ne connais pas la femelle qui ne doit pas beaucoup différer du |

mâle, ainsi qu'on le voit chez les espèces du même genre.

Cette jolie Cleophana, qui vole au printemps dans le midi de

Annales de la Société Linnéenne. 3

34 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. l’Europe, est encore une grande rareté. Le sujet que j'ai sous les yeux et qui a été obtenu de chenille provient des environs de Malaga. L'espèce a été primitivement rapportée de l'Espagne méridionale, mais on ne nous avait encore rien dit de sa chenille. La CI. Arctata, Gn. fait partie de mon cabinet.

Hydrilla Obliterata, DA».

Bdv., Ind. 1417. Gn., Ind. 236. Gn. V, p. 238. Herr..- Sch., Cat. 40. Agrotis Lœtabilis, Dalm. Zett., Ins. Lapp., p. 940. Stgr., cat. 74.

(PI. 66, fig. 3 et 4.)

Le mâle &e cette espèce boréale était à peine connu (1) et la femelle était restée complètement ignorée; mais tout récemment un naturaliste allemand, M. le docteur Wocke, a rapporté les deux sexes de l'Obliterata des montagnes centrales de la Norvège (2).

Envergure : 0°,038 à 0",040.

Les ailes sont entières, bien développées et oblongues : les supé- rieures sont d’un gris foncé lavé de nuances terreuses surtout à l’es- pace médian, qui est limité par les lignes transversa!es ordinaires les- quelles sont brunes, denticulées et éclairées de blanchâtre extérieure- ment. La ligne subterminale est plus brune que les précédentes, mais elle est interrompue et moins régulièrement indiquée. Les taches or- biculaire et réniforme sont blanchâtres, entourées de brun et reliées par deux traits foncés. La frange qui est médiocrement large, est en-

(1) Lors de l'impression du Species général des Lépidoptères, le seul mâle connu faisait partie de la collection de M. Boisduval. (2) Lettre du docteur Staidinger, 2 décembre 1863.

Hydrilla Obliterata. 39

trecoupée et précédée de lisérès foncés. Les secondes ailes sont d'un gris clair ; le centre eit coupé par une ligne brune aussi mal indi- quée que le point discoïdal et les traits bruns nervuraux qui précè- dent la frange. Le dessous est d’un gris blanchâtre ; la coudée des ailes supérieures, la ligne transversale des inférieures sont vigou- reusement accusées. La tête est petite et les antennes assez courtes ; les palpes sont bien développés et les yeux sont noirs. Le thorax est relativement grèle, globuleux, hérissé et concolore. L’abdomen est long, étroit, caréné, hérissé latéralement, et teinté de fauve.

La femelle diffère du mâle par le peu de développement de ses ailes. Elle ne mesure que 0",030 à 0*,031. Les supérieures sont de la même couleur que celles du mâle et les dessins sont à peu près semblables. Cependant on peut remarquer que l’espace médian est relativement plus large que chez le mâle, que les lignes ordinaires sont mal indiquées et que la subterminale se voit à peine. Si les taches orbiculaire et réniforme sont petites, la claviforme au con- traire est allongée, brune et appuie un de ses bords sur la basilaire. Les ailes inférieures sont d’un gris blanchâtre et n’ont pas la ligne transversale qu’on remarque chez le mäle. La tache discoïdale existe, mais elle est mal indiquée. En dessous, les supérieures sont blanchà- tres el les franges sont précédées d’un liséré brun. Les inférieures sont plus claires que les supérieures et laissent voir la tache ordi- naire mieux marquée qu’en dessus. Le thorax n’est pas très-robuste, cependant l’abdomen est renflé, conique et finit en pointe; il est également teinté de fauve.

Cette très-rare Hydrilla, qui appartient aux contrées les plus sep- tentrionales du globe, a été rapportée pour la première fois du nord de la Laponie; et, en dernier lieu, je l’ai dit, des provinces les plus froides de la Norvège.

Elle n’est pas indiquée dans les Noctuélites de la Russie, par le docteur Eversmann.

Les deux sujets mâle et femelle qui m'ont servi aux descrip- tions que je viens de faire, ont éti obtenus ex larva; ils appar- tiennent à mon cabinet,

36 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Je ne sais malheureusement rien de la chenille de l’Hydrilla Obliterata.

Arctia (1) Sordida.

Hb. 151. Bdv., Ic. 60, fig. 2-4. Dup. IT, 4, fig. 5, a. b. Heïr.-Sch., fig. 34-36. Frr., p. 332, 1, 2, 677. Stgr., cat. 104. Aberr. Carbonis Frr., p. 642, fig. 4.

(PI-266, En. 51AUS, )

Il n’y a pas très-longtemps qu’on ne savait pas encore ce qu'était la Sordida. Ochsenheimer la supposait appartenir au genre Lipa- ris, et M. Boisduval nous dit (Icon. II, p. 133), qu’elle semble se rapprocher de ce genre plus que de tout autre ; cependant cet au- teur la place parmi les Arctia.

Feu Donzel avait, un des premiers, obtenu l'insecte parfait d’une chenille trouvée dans le Var, ressemblant beaucoup à celle de la Chelonia Casta! (Dup., Sup. IL, p. 59 et 60).

CHENILLE.

L’œuf est sphérique, granuleux et jaunâtre; il acquiert vingt-qua - tre heures avant l’oclosion de la larve une couleur gris bleuâtre.

A sa sortie de l’œuf, la chenille qui éclot dix à douze jours après que celui-là à été pondu, est d’un vert blanchâtre avec les points ordinaires foncés et surmontés de poils gris relativement longs et

(1) G. Spilosoma, Stph. Stgr.

Arctia Sordida. 37

d’une finesse extrême. La tête est brune. Trois jcurs après, c'est-à- dire à la fin de mai, les jeunes larves avaient doublé de grosseur.

Le 5 juin, cette chenille qui se nourrit très-bien et qui grossit rapidement , était arrivée à sa troisième mue. Sa livrée est alors toute différente de ce qu'elle était précédemment : le dos et le ventre sont d’un gris bleuâtre ; les flancs sont d’un jaune isabelle présentant ainsi une ligne large et continue. Les poils toujours très- longs sont devenus d’un gris foncé. Les points pilifères sont gros et saillants. A la hauteur de la sous-dorsale on remarque, sur chaque segment, une éclaircie blanchâtre. La tête est jaunâtre et jaspée de noir.

À la fin de juin, cette chenille (1) étant parvenue à toute sa taille, a un faux air de celle de la Luctifera dont elle se rapproche d’ail- leurs par les mœurs. Au premier abord elle paraît entièrement noire, cependant vue de près, la peau est d’un gris ardoisé, sur laquelle on distingue les verrues trapézoïdales et autres points pilifères qui sont saillants et très-développés. Les poils sont rela- tivement moins longs qu'ils ne l’étaient aux âges précédents ; ils sont nombreux et d’un noir mat, sauf quelques-uns très-clair- semés et qui sont grisâtres. La ligne vasculaire est étroite, conti- nue, grise et marquée sur les incisions, d’un point orangé obscur qui n’est pas toujours distinct. La stigmatale, qu'on a le plus souvent assez de peine à reconnaître au milieu de l’abondante villosité dont cette chenille est enveloppée, est d’un beau jaune orangé, mais cette couleur est bien moins prononcée sur les anneaux du centre que sur les premiers et les derniers. Cette stigmatale est plutôt indi- quée par deux gros points sur chaque segment que par une ligne pro-

(1) J'ai élevé une famille de cette espèce que je tenais fde l’obligeance de M. R. Zeller, de Zurich. La mère de ces chenilles provenait des Alpes suisses.

Je fais observer que dans la nature les larves de cette Arclia propre aux hautes régions éclosent beaucoup plus tard que dans les éducations privées, et que ce n’est guère qu'à la fin de juillet qu'on rencontre la chenille sous les pier- res et les feuilles, dans les lieux herbus et bien exposés. (Détails fournis par M. Zeller.)

38 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDJTS.

prement dite. Le ventre, à partir du quatrième au neuvième, est gris bleuâtre. Le dessous des trois premiers et des trois derniers an- neaux est d’une teinte fulisineuse. Les stigmates sont ovales, d’un blanc mat et cerclés de noir. La tête est petite, échancrée au sommet, luisante et d’un noir de jais, ainsi que les écailleuses; les autres pattes sont d’un gris clair avec la couronne d’une teinte vineuse ainsi que les mandibules et l'extrémité des palpes.

Ces chenilles sont très-voraces, polyphages et grossissent avec une rapidité remarquable. Presque toutes les plantes basses paraissent leur convenir (1). Ce sont principalement les feuilles de Plantogo, de Rumex et de Scabiosa qui leur ont été fournies et dont chaque jour elles faisaient une énorme consommation. Les soins de propreté à apporter dans leur éducation sont indispensables , autrement la muscardine les atteindrait bientôt. La vivacité de ces larves est ex trême , et leurs mœurs sont féroces; elles se dévorent souvent entre elles, mais seulement à l’époque de leur métamorphose; on doit alors les isoler.

Dans la première quinzaine de juillet elles avaient toutes disparu sous la mousse pour se métamorphoser ; mais avant la formation de leur chrysalide ces chenilles avaient filé une soie très-foncée et cons- truit une coque molle ressemblant à du crêpe noir. La transforma- tion s'opère au bout de quatre ou cinq jours.

La chrysalide est un peu allongée, ostuse aux extrémités, d'un rouge acajou foncé, avec le derrière de la tête et le commencement du thorax sensiblement déprimés. L’abdomen, plus renflé que le reste , se termine par deux pointes courtes, brunes, fortes et accompagnées de plusieurs crins divergents.

A l’état de liberté l’éclosion de l’insecte parfait arrive vers la mi- juin et continue jusqu’à la fin de juillet, tandis que dans les éduca- tions privées, c'est de la fin d'avril à la fin de mai.

(4) Elle vit encore sur le genêt d'Espagne, Dup., Sup. HF, p. 60.

Arctia Sordida. 39

La Sordida, me mande M. Zeller, ne se montre jamais à l’état d’insecte parfait, que l’année qui a suivi la métamorphose; en cap- tivité ou à l’état libre. Certaines personnes, ajoute-t-il, ont dit à tort que l’éclosion avait en partie lieu six semaines ou deux mois après la chrysalidation.

Pendant assez longtemps l’Ar. Sordida, qui n’est plus aujourd’hui une raret*, avait été confondue avec la Mendica sa voisine dont le mâle, ainsi que celui de la Sordida, est bien différent de la femelle.

Le type, on le sait, a les ailes d’un gris noirâtre obscur, et la femelle les a d’un blanc roussâtre, à demi-transparentes ; cependant les nombreux sujets que m'a soumis M. Zeller présenteraient, chez les mâles, plutit une teinte d'un gris obscur plus ou moins accusé que celle d’un gris noirâtre.

La variété de M. le docteur Boisduval, Icon. II, pl. 60, fig. 3, se rencontre assez souvent dans les Alpes suisses.

L’Arctia Sordida fut prise par Duponchel, en Provence, au mois d'avril 4822 ; c’est depuis lors qu’elle a été considérée comme fai- sant partie de la faune française. Elle est restée fort rare jusqu’à l’époque feu Anderregg, de Gamsen la répandit dans les collec-— tions, où, depuis lors, tous les cabinets de quelque importance la possèdent.

L’insecte parfait a été pris à Digne. On l’a également recueilli à Rive-de-Gier, volant au grand soleil; enfin, depuis qu’on sait trou- ver la chenille, il ne paraît pas très-rare au Mont-Pilat, près de Lyon.

40 EXPLICATION DES PLANCHES. $

EXPLICATION DES PLANCHES De la 14e Livraison (1865).

—#0$ PLANCHE 63.

EXPLICATION DES FIGURES.

5

Fig. 1. Chenille de la Rhodaria Sanguinahs. L. 2. Chrysalide à moitié sortie de la coque. 3. Insecte parfait.

IL.

Fig. 4. Chenille de l’Eupithecia Rosmarinata, DArD. et Mi.

DUT: id. id. vue de dos. 6. Chrysalide. 7. Insecte parfait ©. SITES IT.

Fig. 9. Chenille de l’Olindia Rosmarinana, MiLe. 10 NT. id.

11. Insecte parfait.

à moitié hors de son abri.

Fig.

Fig.

œ RO =

EXPLICATION DES PLANCHES M1

PLANCHE 64.

EXPLICATION DES FIGURES,

I.

. Chenille de l’Acidalia Laevigata, Scor.

Id. id. id. vue de dos.

. Insecte parfait.

#5

. Chenille de l’Acidalia Rusticata, W.-Y.

». Chrysalide.

à 12. 13. 14.

. Insecte parfait.

LIL.

. Chenille de l’Acidalia Osseata, W.-Y.

Id. id. id.

. Chrysalide. 10.

Insecte parfait.

IV. Chenille de l’Acidalia Interjectaria, Boy. Id. id. id. Chrysalide.

Insecte parfait.

42 EXPLICATION DES PLANCHES. .

PLANCHE 65.

EXPLICATION DES FIGURES.

ls

Fig. 1. Chenille de la Psyche Leschenaulti, Srter. 2. Insecte parfait. 3. Fourreau.

IL.

&s

Fig. . Chenille de la Fumea Suriens, REUTTI.

5. Fourreau.

LIT.

Fig. 6. Chenille de la Psyche Fulminella, StGr. . Insecte parfait. 8. Fourreau.

«|

IV.

Fig. 9. Chenille de la Crymodes Exulis, Ler. 10. Chrysalide. 11. Insecte parfait.

EXPLICATION DES PLANCHES,

PLANCHE 66.

EXPLICATION DES FIGURES.

[. Fig. 1. Chenille de la Cleophana Arctata, Gx. (Serrata, Tr., HB STR. ). 2. Insecte parfait. IL. Fig.

3. Hydrilla Obliterata, Dam, GN. (Agrotis Laetahilfs, DALM., STGR. ). 2 Hd! "M. ‘9:

III.

Fig. 5. Chenille de l’Arctia Sordida, Hs. 6. Id. id. id. 7. Chrysalide. 8. Insecte parfait 4.

jeune.

43

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CIIENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS

PAR

P. MILLIÈRE

QUINZIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 11 décembre 1865

Eupithecia Massiliata, Dar. Er Mn.

(Species nova.)

(PI. 67, fig. 1 et 2.)

Le genre si nombreux des Eupithecia européennes n’est point épuisé, et bien certainement les Phalénites qui le composent, et qui sont d’une étude si difficile, s’accroitra encore. En attendant, M. Dar- doin et moi apportons à ce genre intéressant une nouvelle espèce à enregistrer. Il est fächeux que je n’aie pu encore me procurer la che- nille pour la faire connaître. Notre collègue marseillais affirme l’a- voir trouvée sur un Tamarix des bords de la mer.

Annales de la Société Linnéenne de Lyon Zip, Année 1865, PL 63 ; |

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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

PAR

P. MILLIÈRE

QUINZIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 11 décembre 1865.

Eupithecia Massiliata, Dar. ET Mie.

( Species nova.)

(PI. 67, fig. 1 et 2.)

Le genre si nombreux des Eupithecia européennes n’est point épuisé, et fien certainement les Phalénites qui le composent, et qui sont d’une étude si difficile, s’accroîtra encore. En attendant, M. Dar- doin et moi apportons à ce genre intéressant une nouvelle espèce à enregistrer. Il est fâcheux que je n’aie pu encore me procurer la che- hille pour la faire connaître. Notre collègue marseillais affirme l’a voir trouvée sur un Tamarix des bords de la mer.

146 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Cette petite Phalénite se place dans le voisinage des Eupithecia Castigata, Hb., Pimpinellata, Hb., et Merinata, Gn., dont elle a l’en- vergure et à peu près la coupe d’ailes. Elles sont toutefois moins aiguës à l’apex que chez les deux premières espèces que je viens de citer, et ressembleraient assez aux ailes plus arrondies de la Merinata.

Voici la description de l’Eupit. Massiliata.

Envergure : 0°,016 à 0*,017.

Les ailes sont arrondies ; les supérieures sont d’un gris obscur foncé, recouvertes d’un grand nombre de lignes fines, brunes et assez distinctes ; celles qu'on voit le mieux sont: la coudée, qui est dou- ble, géminée et qui présente deux dents internes avant d'attendre le bord abdominal ; la bande subterminale, qui est denticulée, con- tinue et plus claire que le fond ; les petits traits noirs qui précèdent la frange sont bien marqués et séparés par une éclaircie. La tache cellulaire est un peu ovale et bien indiquée en noir; la frange est conco- loreet entrecoupée de brun. Les ailesinférieures sont de la couleur des supérieures , mais elles sont plus claires à la base; elles sont également marquées de nombreuses lignes, bien visibles seulement au bord interne. Les franges, plus longues qu'aux ailes antérieures, sont concolores; le point cellulaire est rond et indiqué en brun.

En dessous, les quatre ailes sont beaucoup plus claires qu’en dessus; c’est sans doute parce que les lignes transverses sont à peine marquées, mais la tache cellulaire et les petits traits qui pré- cèdent les franges sont vigoureusement écrits aux quatre ailes. Les antennes sont courtes et pubescentes. La trompe est longue, fine et partagée en deux dans le dernier tiers de sa longueur. Les palpes sont droits, médiocrement longs, garnis d’écailles grossières et dépassent sensiblement le front. Le thorax est grèle et sembla- ble aux ailes; l'abdomen n'est pas marqué d’une bande-foncée sur le deuxième anneau, mais il est muni sur les segments du mi- lieu, de très-petites crêtes latérales. Les pattes sont concolores , annelées de clair et présentent deux paires d’éperons.

La femelle est de la taille du mâle : ce qui la distingue c’est la

Acrobasis Porphyrella. 147 teinte des ailes, légèrement plus claire, et, à l'abdomen, l'absence des petites crêtes latérales.

Je fais ma description d’après des sujets obtenus de chenilles par M. Dardoin, et qui sont, par conséquent, dans un excellent état de conservation.

L'Eupithecia Massiliata est encore fort rare; elle éclôt au com- mencement d'avril et sa chenille, suivant M. Dardoin qui l’a élevée plusieurs fois, vit, je l’ai dit, sur le Tamarix gallica des environs de Marseille.

Dans le Species général elle viendra se placer après la Pimpinellata, Hb., et portera le 1428 bis; et, dans le Catalogue Staudinger, le 663 bis.

Collection Dardoin : plusieurs exemplaires. Mon cabinet : un mâle.

Acrobhasis (1) Porphyrella.

Dup. X, pl. 279, fig. 2, Cat. 324. Zell.-Herr.-Sch. 29. Stgr. Cat. 514.

(PI. 67, fig. 3 à 6.)

Jusqu'à ce jour on ne soupçonnait nullement les mœurs de la che- nille de cette charmante espèce. Les deux figures qui existent de l’insecte parfait sont si peu exactes, que j'ai eu beaucoup de peine à reconnaitre l'identité des sujets que, cette année, j’ai obtenus ex larva. Cette Phycide est encore une très-grande rareté. Je suis heu- reux de pouvoir fournir sur les mœurs curieuses de cette Acrobasis des détails complets et qui sont tout-à-fait inédits.

ma usipésal nn s

(1) Acrobasis, Zeller (Phycis, Dup.).

148 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

CHENILLE.

Les œufs, qui sont pondus en été, n’éclosent sans doute que vers la fin de l'automne. En décembre la chenille est encore très-petite ; vers la fin de janvier elle est parvenue à moitié de sa taille ; elle n’a atteint toute sa grosseur qu’à la fin de mars. À celte époque, cette larve est sensiblement atténuée postérieurement, avec la tête grosse et les lignes ordinaires vivement indiquées en blanc. La couleur générale de cette cheni.le est le rougeâtre ou le rouge brique plus ou moins obscur. On ne voit pas la ligne vasculaire. La sous- dorsale est large, droite et continue, du second au douzième seg- ment. La stigmatale est très-large, ondulée , continue et d’un blanchâtre un peu carné, mais à partir du second anneau seule- ment cette ligne est, sur chaque segment, échancrée par en haut, ce qui semble la faire onduler fortement. La tête est de forme triangu- laire, aussi haute que le premier anneau; elle est couronnée par de grandes taches noires cunéiformes dont la base est appuyée à l'incision. Les mandibules sont brunes et les ocelles sont visibles. Le premier anneau est corné, unicolore, et marqué de taches longi- tudinales brunes, contiguës ‘aux lignes précitées. Les stigmates sont blancs et cerclés de noir ; le ventre est carné et n’a pas de lignes; les trapézoïdaux sont bien indiqués en brun, ainsi que les autres points pilifères; ils donnent naissance à des poils noirs et courts.

Cette chenille vit aux.environs de Cannes, uniquement, je le érois, sûr l’Erica scoparia, L. Malgré mes nombreuses recherches, je ne l’ai jamais rencontrée sur les autres Erica auxquelles la Scoparia est mêlée. Elle est fort délicate et il est difficilé de l’amener à bien (4).

(4) Pour la faire reussir il faut, de toute nécessite, élever cette larve sur l’ar- ‘buste en pleine terre.

Acrobasis Porphyrella. 119 Sa manière de vivre est intéressante à observer : elle est encore très- petite que déjà elle s’enferme dans un fourreau formé en partie avec ses excréments desséchés et quelques feuilles de bruyère retenus par de nombreux fils de soie, et tapissé intérieurement par une ouate blanche et pure. Elle demeure tout le jour dans ce fourreau et n'en sort que la nuit pour manger. À mesure que la chenille grossit, elle augmente le volume de sa demeure, et, lorsqu'elle est parvenue à sa taille, ce fourreau, qui n’est ouvert qu'au sommet et qui est tou.ours attaché au milieu de plusieurs petites branches réunies, est quelque- fois très-long : il a ordinairement deux ou trois fois la longueur de son habitante. Je n’ai jamais trouvé deux larves de cette espèce dans le même fourreau, mais j’ai le plus souvent rencontré des four- reaux vides, car ceux-ci solidement construits, demeurent pendant plusieurs années fixés aux branches, jusqu’à ce qu’une cause acci- dentelle ou leur vestuté les détache de l’arbuste.

L'espèce, qui n’est pas abondante ne se rencontre pas partout; elle se cantonne en certaines localités. Je l'ai trouvée dans la campagne de Cannes (Alpes-Maritimes), sur quelques collines exposées au le- vant et sur les bords de la mer, en face de l’île Sainte-Marguerite , au mil.eu des lentisques et des pins maritimes.

J'avais précédemment remarqué cette chenille à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), mais je n’avais pu la faire réussir. Elle ne reste jamais dans le fourreau pour opérer sa transformation ; elle descend de l’arbuste et c’est dans les mousses qu’elle cherche un lieu convenable pour cette importante opération.

La chrysalide est médiocrement allongée, d'un brun rougeâtre avec l'enveloppe des antennes descendant assez bas sur l'abdomen ; celui-ci n'est pas garni de crins à l’extrémité. L’éclosion du petit lépidoptère arrive dans le courant du mois de mai; sa vie, ainsi que celle de ses congénères, est très-courte.

150 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS&

: INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",027 à 0°,028.

Les ailes supérieures sont médiocrement allongées, étroites, d’un rougeâtre pourpré, marquées de lignes transversales d’un jaune ter- reux et de plusieurs autres, longitudinales et blanches. Les deux premières lignes transversales sont très-obliques, la troisième, la coudée, présente extérieurement une série de pointes déliées ; elle est de plus éclairée de blanchâtre à droite et à gauche ; cependant l'éclaircie extérieure manque quelquefois. Le milieu de l’aile est occupé par une large ligne longitudinale, blanche, marquée au centre d’un gros point pourpré obscur. La subterminale est aussi d’un jaune argileux ; elle est marquée d’une série de points ner- vuraux mal écrits en brun; les franges sont médiocrement lon- gues. Les ailes inférieures sont arrondies, d’un gris noirâtre, sans lignes, éclairées de blanchâtre à la base, avec les franges d’un blanc jaunâtre et plus larges qu’aux premières ailes. Le dessous est d’un gris foncé, uniforme ; on ne voit pour tout dessin que la coudée indiquée en plus clair que le fond, laquelle ligne se prolonge sur la moitié de la largeur des secondes ailes. Les antennes sont rapprochées et noduleuses à la base, sétacées, s’amincissant et bru- nâtres. Les palpes dépassent un peu la tête; ils sont pourprés en dessus et blancs en dessous; les yeux sont gros et noirs; la tête et le collier sont jaunâtres. Les ptérygodes présentent sur un fond ocreux la teinte purpurine des ailes supérieures ; le thorax laisse voir aussi la couleur porphyrisée des ailes antérieures. L'abdomen est conique, caréné sur les côtés, brunâtre, cerclé de blanc sur chaque anneau et garni à l’extrémité d’une touffe de poils jaunâtres. Les pattes sont purpurines en dessus, blanchâtres en dessous et annelées de clair à la base.

Agrotis Agathina. 151

La femelle est un peu plus grande que le mâle; elle est aussi plus foncée et a l’abdomen conique, renflé et sans carènes latérales.

Cette Acrobasis varie quelquefois ; j'ai remarqué certains mâles obtenus aussi de chenilles, généralement plus clairs que le type, et chez lesquels tous les dessins existaient cependant.

L'Ac. Porphyrella est demeurée, on le sait, fort rare jusqu'à ce jour. Elle a été rapportée pour la première fois, de Corse, par M. le docteur Rambur.

Obs. M. Guenée m'’écrit qu'il a pris la Porphyrella à l’état d’in- secte parfait, une fois, aux environs de Châteaudun, sur les bruyères, vers 1844.

Agrotis Agathina.

Dup. IV, p. 359, pl. 122, fig. 2. Gn. Ind. 240. Bdv. 770.— Herr.-Sch. 2.—Gn. V, p. 294. Stgr. Cat. 69. = Lidia, Bdv., Ind., meth. Iconog., pl. 77, fig. 4 (non alior). Albimacula ? St. I, p. 137, pl. 19, fig. 3. Leucographa? St. Sup. If, p. 199.

(Aberr. Scopariae (1), Mi.)

(PL. 67, fig. 7 à 10.)

L’Agr. Agathina n’est pas rare au centre et dans tout le midi de la France ; cependant jusqu'à ce jour on ne savait rien de la chenille de cette jolie Noctuëlite. Je viens de découvrir, non la larve de l’Agathina ordinaire, mais bien celle d’une remarquable variété tel- lement constante, qu'aucun exemplaire parmi les nombreux sujets

0

(1) Qui rappelle l'Erica Scoparia.

152 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDWES.

que j'ai obtenus ex larva, n’est venu rappeler le type par sa colora- tion.

CHENILLE,

Les œufs doivent être pondus à l’aisselle des branches de l’Erica, vers la fin de l’été; leur éclosion arrive en décembre et en janvier. À la fin de ce dernier mois, la chenille est parvenue à sa seconde mue. Vers cette époque hâtive de l’année, elle est invariablement d’un vert pomme avec les lignes vasculaire, sous-dorsale et stigmatale, larges, continues et d’un blanc mat très-vif. Lors de la troisième mue, qui à lieu à la fin de février ou au commencement de mars, cette chenille passe au brun-chocolat et conserve les lignes précitées, larges, blanches et continues. Elle ne prend sa quatrième livrée qu’au milieu d'avril ; à ce moment la couleur change encore; elle devient rose foncé ou rougeâtre vineux plus ou moins vif, avec la partie antérieure et les flancs quelque peu lavés de verdâtre : les lignes blanches ordinaires sont à peine visibles sur le fond qui est aspergé de nombreux atomes foncés. Adulte, cette larve est médiocrement longue; elle est cylindrique, avec la tête globuleuse, rétractile , d’un jaune testacé et marquée des deux croissants opposés. Le pre- mier anneau est couronné par une plaque écailleuse testacée sur la- quelle se détachent trois traits d’un blanc vif correspondant à la ligne vasculaire et aux deux sous-dorsales. La première de ces lignes est double, géminée, fine, brune et continue ; la sous-dorsale est indiquée par deux points blancs placés sur chaque segment et qui sont plus accusés sur les premiers et les derniers que sur ceux du centre. La stigmatale est très-large, carnée, blanchâtre sur les bords et om- brée de brun en dessous; les organes de la respiration sont ova- les, blancs et cerclés de noir. Il existe en outre, à partir du quatrième au pénultième segment, une double tache dorsale noire et cunéiforme dont la pointe se dirige en avant. Le ventre est de

Agrotis Agathina. 153 couleur livide; il ne présente pas de lignes. Les points trapézoidaux et pilifères sont petits, bruns et cerclés de blanchâtre. Les pattes écailleuses sont testacées, avec le dernier article brun ; les ventrales et anales sont violacées.

L'espèce varie en vineux très-foncé et en gris verdâtre avec les lignes et les taches moins visibles que chez le type.

Cette chenille vit à découvert jusqu’à l’époque de sa troisième mue ; après quoi elle descend de l’arbuste lorsqu’arrive le jour et y remonte la nuit pour manger. Je l’ai trouvée en très-grande abon- dance à Cannes, uniquement sur l’Erica scoparia, L., dont elle dévore les petites fleurs d’un jaune verdâtre, nombreuses et ser- rées contreles tiges. Les Erica arborea, L., multiflora, L., et laCalluna vulgaris, Salisb., parmi lesquelles l'Erica scoparia est mêlée, ne m'ont jamais donné cette chenille.

La métamorphose arrive à la fin d'avril ou au commencement de mai. La chenille se cache alors sous la mousse et forme sur la terre une coque solide dans laquelle la transformation arrive bientôt.

La chrysalide est conico-cylindrique, allongée, sans aspérités, lui- sante, d’un brun rougeâtre avec l'extrémité obtuse et terminée par une pointe déliée, unique, longue de cinq à six millimètres

L'éclosion du lépidoptère est arrivée, chez moi, dès le milieu de juin et s’est prolongée pendant un mois. Que penser de l'apparition si précoce de cette race d’Agathina (1) tout en tenant compte, bien entendu, du milieu dans lequel les chenilles ont été élevées ?

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",024 à 0",025. Il est, on le voit, un peu plus petit que le type ; mais cette variété

EE

(1) L'espèce ordinaire n'éclot guère qu'en août et même en septembre.

154 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. constante s'éloigne des sujets ordinaires : par le ton général très- sombre, presque noir; par la réduction des taches ordinaires ; par l’ahsence complète de la ligne transversale des ailes infèrieu— res, laquelle cependant est bien écrite en dessous. Çes trois caractè- res essentiels et qui ne varient pas, sont néanmoins insuffisants pour voir en cette race enfumée d’Agathina, une espèce distincte du type. C’est aussi l’avis de M. Guenée qui, à ce propos, me mande avoir reçu d'Angleterre des variétés de cette Agrotide indentiques aux miennes. « Seulement, ajoute ce savant, cette couleur sombre s’expli- « quait par le climat de l’Ecosse ; il est curieux que la même modifi— « cation se produise dans la partie la plus chaude de la France. »

L’individu de la collection Donzel, indiqué dans le Species général (V. p.294, Var. AÀ.), diffère surtout de la Var. Scopariae en ce que le bord terminal est presque droit et nullement arrondi.

Cette même aberr. Scopariae ne serait donc pas propre seule- ment à la Provence, puisqu'elle se retrouve au nord de la Grande- Bretagne.

Larentia Toplhaceata.

Wien.-Verz. 16. Hb. 309. Treits. IT, p. 162. Bdv. 1776. Herr.-Sch., p. 1461, fig. 198-199. Gn. X, p. 276. Stgr. Cat. 539 = Potentillaria, Fray. 609, 1, a-c.

(PI. 68, fig. 1 à 4.)

CHENILLE.

La première génération de cette Phalénite vole en mai. Une fe- melle prise dans l’Ariége à cette époque m'a donné une ponte qui est éclose le 17 juin suivant. Les jeunes chenilles sont rases, sans

Larentia Thophaceata. 155 aspérités et d’un vert blanchâtre. À mesure qu’elles grossissent, les teintes se prononcent de plus en plus et, vers le dix juillet, ces larves étaient parvenues à toute leur taille. Elles avaient alors certains rap- ports de mœurs, de forme et de couleurs avec la chenille d'Abluta- ria leur congénère. L'une et l’autre de ces espèces ont deux éclosions par an, et, bien qu'elles se ressemblent beaucoup, les dessins de cha- cune de ces géomètres, diffèrent cependant. L’insecte parfait de la To- phaceata à d’ailleurs des caractères constants qui ne permettent pas de croire qu’elle soit une simple aberration locale de l'Ablutaria.

Adulte, la chenille est cylindrique, un peu aplatie et faiblement carénée latéralement, avec les anneaux distincts. Le fond de la plupart des sujets est le verdâtre clair avec les taches et les lignes mal indiquées ; la vasculaire seule est très-visiblement écrite en vert glauque ou vert bleuâtre, et encore ne l’est-elle que sur les an- neaux du milieu ; ceux du quatrième au dixième. Cette ligne est, sur chaque segment, interrompue aux trois quarts de leur longueur, et suivie alors d’une éclaircie parallèle à la seconde paire de points trapézoïdaux, mieux marquée que la première. La sous-dorsale est à peine indiquée, ou n’existe pas du tout chez certains sujets. La stig- matale est représentée par un léger renflement ondulé et blanchâtre formant la carène précitée. Les stigmates, proportionnellement gros, sont noirs et nullement cerclés. La tête est petite, globuleuse, testa- cée et marquée de nombreux points bruns. Le ventre est d’un vert obscur ou bleuâtre ; une large ligne continue et blanchâtre règne dans toute son étendue. Sur les 4°, 5°, 6°, et anneaux on voit, au tiers caché par le bourrelet de la stigmatale qui le recouvre , un gros point noir de forme à peu près ronde. La moitié du premier anneau est marqué en dessus de nombreux points noirs donnant naissance à des poils bruns très-courts. Les pattes écailleuses sont brunes et les quatre autres sont concolores avec la couronne foncée. Enfin le clapet anal est à peine formé.

Cette chenille varie en plus foncé que le type. Je l’ai nourrie avec les fleurs de plusieurs Rubiacées ; les Asperula et les Galium. L’insecte,

156 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

depuis l'instant de sa naissance jusqu’à sa chrysalidation, vit sans cesse à découvert; ce qui n’a pas lieu pour la chenille de sa con- génère l’Ablutaria (1). Elle s'élève sans peine et arrive facilement à bonne fin.

Vers le dix juillet, époque cette larve a disparu dans la mousse, elle tisse une coque à claire-voie, dans laquelle, au lieu de se transformer immédiatement, elle est demeurée sans mouve- ment, contournée en demi-cercle, jusqu’au 25 août environ. Le temps de la transformation proprement dite n’a pas duré plus de dix à douze jours. La chrysalide est allongée, lisse, luisante, d’un jaune vif, lavée de rougeâtre et de verdâtre sur la tête et à l’extrémité anale. La place des yeux est indiquée en noir, celle des incisions abdominales en verdâtre, et les stigmates en brun. ;

L’éclosion du lépidoptère est arrivée vers les premiers jours de septembre.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0*,024 à 0,030.

Cette Larentia varie beaucoup, soit pour la taille, soit pour l’in- tensité des couleurs. Parmi les sujets de la même famille que j’ai obtenus ab ovo, il se trouve de grands individus que je considère comme le type de l’espèce; j'ai remarqué également d'assez petits exemplaires que je rapporte à la variété constante, la Mollicu- lata, Gn.

Ce qui distingue la Tophaceata de certaines aberrations de l’Ablu- taria, avec lesquelles on pourrait la confondre, ce sont les antennes simples du mâle; sans parler de la taille du type toujours plus grande que celle d'aucune Ablutaria.

I ER

(4) Iconog. I, p. 79,

Larentia Multistrigaria. 157

L'espèce a, je l'ai dit, deux générations : la seconde passe l'hiver en chrysalide.

J'ai pris contre les roches de Thiers (Puy-de-Dôme) des sujets de la variété Molliculata, Gn., très-obscurs, moins toutefois que certains individus sombres que j'ai rencontrés près d’Ax-sur-Ariége, en mai et en juin, l'espèce, type et variétés, sont fort répandus aux environs de la ville.

La Tophaceata, qui n’a jamais été prise dans la plaine, se fixe pen- dant le jour contre les rochers placés au nord. Elle est d’une grande vivacité, extrêmement farouche et, par conséquent, se laisse difficile- ment approcher par le chasseur. Elle n’est pas très-répandue en France.

Cette Larentia a été prise dès les premiers jours de juin à Saint- Sauveur. (Haut.-Pyr.). Gn. Elle est assez commune dans les Alpes vers le 25 juillet (Lah.).

Enfin, je lai trouvée à la Grande-Chartreuse (Isère), elle af- fectionne dans les chemins creux, le dessous des rochers qui sur- plombent, qui sont couverts de végétation et elle demeure ap- pliquée pendant son sommeil.

Larentia Multistrigaria.

Haw. p. 306. Steph. IT, p. 212. Wood. 548. Herr-Sch. p. 160, fig. 196, 197, 329. Gn. 270. Stgr. Cat. 506. (Aberr. Olbiaria (1) Mic.)

(PI. 68, fig. 5 à 9.)

On pourrait tout d’abord considérer cette race comme tout à fait distincte du type, tant elle a l’air de s’en éloigner par la blancheur

(1) Du latin Olbia ; nom primitif de la ville d'Hyères.

158 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

plus ou moins gris bleuâtre du fond et par les lignes nébuleuses de ses quatre ailes. Pendant longtemps j'ai cru nouvelle cette variété constante : j'étais induit en erreur par la teinte argileuse des ailes, chez la Multistrigaria d’Angleterre, et par les lignes transversales tou- jours bien écrites; caractères qui n’existent jamais chez la variété que je vais décrire. Les premiers états de cette aberration sont demeurés ignorés jusqu'à ce jour ; je les raconterai aussi complets que possible.

Ce n’est que lorsqu'on connaïitra la chenille de la Multistrigaria type, qu’on saura si j'ai eu tort ou raison de ne pas voir en cette race méridionale une espèce distincte.

La Var. Obliaria doit être celle que Duponchel a rapportée à la Nebulata, Tr. (Sup. IV, p. 384, fig. 2.)

Au commencement de janvier de cette année, mon collègue et ami, M. Emmanuel Martin m'adressait d'Hyères une quinzaine d'œufs de la Multistrigaria, pour me mettre à même d’essayer l’éducation de la chenille. Ma tentative, ain$i que je vais le dire, a été cou- ronnée de succès. Les œufs de cette intéressanie variété sont ova— laires, granuleux et d’un jaune blanchâtre ; quarante-huit heures après ils sont devenus d’un rouge obscur, et entièrement bruns la veille de l’éclosion des larves, qui est arrivée le vingt du même mois de janvier. Après de nombreux et infructueux essais, je m'as- surai que les feuilles. récemment développées des Galium (1) con- venaient à cette délicate chenille, et je soupçonnai que ces plantes devaient être sa nourriture à l’état libre.

CHENILLE.

Au moment de son éclosion elle est médiocrement allongée, très- vive, jaunâtre, avec une large vasculaire d’un vert indécis.

(1) A cette époque de l'année, j'habitais Cannes, les plantes basses ne gèlent jamais.

Larentia Multistrigaria. 159

Au commencement de mars, cette larve avait atteint sa troisième mue; cependant elle avait grossi lentement et son éducation avait été diflicile (1). Elle est alors, pour la couleur du fond et la disposition des lignes, ce qu’elle sera plus tard. Ce n'est que vers les premiers jours d’avril qu’elle a atteint toute sa grosseur.

Adulte, la cheni!le de cette variété Olbiaria est cylindrique, rase et sans aucune aspérité, peu allongée, avec les anneaux distincts. Sa cou- leur est le carné rougeitre largement lavé de blanchâtre ardoisé dans la partie antérieure, et surtout à la hauteur de la stigmate. Elle pré- sente, en outre, de nombreuses lignes longitudinales et continues assez mal indiquées, dont deux principales occupent de chaque côté, l'espace qui sépare la vasculaire de la stigmatale ; celle-ci, la seule qui Soit bien marquée, est très-large, ondulée, continue et d’un blanc ro- sacé. La vasculaire est fine et brune. Ces diverses lignes abou- tissent au clapet anal qui est mal formé. Les stigmates sont gros, ronds et noirs ; ils sont suivis, à la même hauteur, d'un gros point brun rougeûtre; la peau, vue à une forte loupe, a ua peu l’as- pect d’un granit gris-bleu. Le dessous est d’un blanc bleuûtre ; il présente aussi plusieurs lignes indécises : celle du centre, qui règne du quatrième au neuvième segment, est fine, brune et liserée de chaque côté d’un filet clair. La tête est aussi haute que le premier anneau ef, au repos, à moitié cachée ; elle est concolore et maculée de nombreux points noirs, avec les mandibules et ocelles noirs. Les incisions sont d’un carné prononcé et les points pilifères sont indi- qués en brun. Les dix pattes sont de la couleur du fond; les écailleuses ont le premier article foncé et les autres sont maculées extérieurement de plusieurs points brunâtres.

L'espèce n'appartient pas seulement aux environs d'Hyères; j'ai en effet trouvé cette année près de Cannes plusieurs chenilles de cette aberration constante, jeunes et adultes, sous des touffes de Galium

DES

(1) J'avais perdu plus du tiers de mes chenilles,

160 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. cruciatum, Lap. Ainsi que celles que j'ai élevées ab ovo, elles ont été lentes à grossir.

À la mi-avril environ, la chenille voulant se chrysalider, rassem- ble quelque tiges d'herbe sèche qu’elle lie au moyen de fils de soie et, dans cette coque légère, se transforme en moins de huit bts ere

La chrysalide est médiocrement allongée, d’un rougeâtre foncé et mat, presque brun, avec la gaine des antennes et celle des ailes proéminentes. La pointe abdominale est longue et très-aiguë ; elle est précédée d’un gros bourrelet noir relativement plus pro- noncé que chez les autres chrysalides de Larentia. L’éclosion de l’in- secte parfait n’arrive habituelle nent qu’à la fin du mois de novem- bre; elle se prolonge pendant les mois de décembre et de janvier. L’insecte a, de cette façon, passé le printemps, l’été et une par- tie de l’automne en chrysalide.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0”,030 à 0°,032.

Cette Phalénite a les ailes plus aiguës à l’apex que chez ses con— génères l’Austriacaria, H.-S., et la Nebulata, Tr. Elle est un peu plus grande que la première et elle est de la taille de la seconde. Les supé- rieures sont grises ou gris bleuâtre, n'ayant d'un peu visible que les deux lignes basilaires et coudées qui sont presque droites ; cetle dernière n’est pas denticulée. Ces lignes sont assez larges, d'un gris bleuâtre et ne sont bien indiquées que par le pré- sence de la ponctuation nervurale noirâtre. Deux autres. bandes , l’extrabasilaire et la subterminale, passeraient presque inaperçues si elles n'étaient limitées par la même ponctuation noirätre. La frange est étroite et concolore; elle est précédée d'un double point noir bien marqué qui accompagne chacune des huit nervures. Les secon-

L 4 * Larentia Multistrigaria. 161 . des ailes sont de la couleur des premières et, de plus, très-faiblement teintées de gris bleuâtre au bord; le plus souvent elles n’ont pas la ligne transversale, mais lorsque cette ligne existe, elle est nébuleuse, con- tinue, arrondie au milieu, et jamais coudée. Le contraire arrive chez l'Austriacaria et chez la Nebulata la ligne coudée, aux inférieures, est toujours anguleuse et bien écrite. Les quatre ailes présentent le point cellulaire, mais on a de la peine à le distinguer tant il est petit. Le dessous est aussi d'un gris bleuâtre, mais il est un peu plus foncé que le dessus. Les supérieures sont traversées par la coudée, qui est plus prononcée qu’au revers; elle est continue et précé- dée du point cellulaire bien indiqné aux quatre ailes, alors que ce point l’est à peine en dessus. Les inférieures sont de la couleur des supérieures et laissent voir deux lignes transversales fines, mais bien marquées. Les antennes sont fortement ciliées, à lamelles fines couchées le long de la côte ; les palpes dépassent à peine le front qui est blanc; les yeux sont noirs. Le thorax est grêle, unicolore et un peu crêté; l'abdomen est long, mince, gris, blanchâtre ; les pattes sont assez longues, grises, avec des tarses aux postérieures édiocrement longs.

La femelle est semblable au mâle par la couleur et la disposition des lignes; mais elle est un peu plus petite; les antennes sont sensi- blement crénelées; l'abdomen est renilé et finit en pointe.

L'Olbiaria n’a, comme on l’a vu, qu’une seule génération. Elle appartient à l'extrême midi de la France, et Hyères parait être sa vé- ritable patrie. Dans les mois de décembre et de janvier elle est fort répandue aux environs de cette ville. M, Martin me mande qu'il l’a prise fréquemment en hiver, pendant le jour, appliquée contre les rochers qui dominent la ville. Avant cette communication, nous l'avions prise assez souvent, feu Bruand-d'Uzelle et moi, en chassant à la lanterne, à la fin de décembre et jusqu’au milieu de janvier. Elle était alors posée sur les p'antes, les ailes relevées à la manière de certaines Phalènes diurnes; notamment la Psodos Alpinata et la Stenia Clathrata.

, s , rh 162 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. ne

Enfin, je dois ajouter, pour compléter les détails de mœurs de cette intéressante Larentia, qu'un mâle, éclos chez moi, en même temps que deux femelles, m'a procuré un double accouplement, et que ces deux femelles ont pondu cent cinquante-trois œufs fécondés.

Cette espèce déposeses œufs çà et là, et neles agglomère jamais; en est-il de même dans la nature? Le mâle a vécu huit jours, et les deux femelles, l’une douze, et l’autre quinze jours. L’éclosion de l’insecte parfait arrive toujours entre neuf et dix heures du matin.

Cette variété constante a été en outre prise aux environs de Mar- seille (Dard.), dans la campagne de Nice (Risso). En décembre 1864, je l’ai prise moi-même une fois aux portes de Cannes, pas très- loin de la mer, appliquée contre les rochers.

Elle a été souvent envoyée aux lépidoptéristes sous le nom de Nebulata; c'est une erreur qu’il convient de rectifier.

Pseudophia Iliunaris, Hs.

(Aberr. À, MizL.)

(PI. 68, fig. 9.)

Cette espèce méridionale varie pour la couleur, plus peut-être qu'aucun autre lépidoptère.

Une des plus remarquables aberrations de l’Zllunaris est sans contredit celle que je fais figurer, voici sa description sommaire :

Sur les ailes supérieures, le gris de poussière aspergé de nombreux atomes bruns, est remplacé par une couleur argileuse ou mieux une teinte ocro-argileuse très-caractéristique. Les lignes médianes manquent, et la troisième est à peine indiquée au sommet. Cepen- dant les ailes inférieures rappelleraient le type par leur bord terminal foncé. |

Gelechia Acuminatella. 163 Cette curieuse variété accidentelle que je désignerai par la lettre A. provient des environs de Montpeilier; elle fait partie de mon cabinet.

Je possède une autre aberration de l’Jllunaris, qui est aussi fort intéressante. Chez celle-ci le fond est d’un blanc mat très-faiblement argileux sur lequel se détachent en brun les trois lignes ordinaires, assez mal écrites d’ailleurs. Les inférieures sont de la couleur des premières ailes, et à peine tachées de gris au bord terminal.

La chenille de cette Pseudophia vit non-seulement en septembre et en octobre sur les divers Tamarix de la Provence, mais on la rencontre en été tout aussi abondamment. J’ai élevé plusieurs fois la chenille en juin ; celles de cette époque éclosent en août et en septembre, et la seconde génération passe l‘hiver en chrysalide.

J'ai fait la remarque qu'on rencontre cette larve plutôt sur les Tamarix qui bordent la mer ou les lacs salés, que sur ceux qui sont éloignés du rivage.

Gelechia Acuminatella.

Sircom. Zoologist. 14850, App. 72. Douglas, Trans. ent. Soc. London. vol. i, N. S., p. 242. Staint. Inst. Brit. Lep. Tin., p. 113. Herr.-Sch. Cat., p. 49. Stgr. Cat. 1576. Staint. vol. IX, p. 4, pl. IV, fig. 2. = Gelechia Cirsiella, Sta. Sup. Catal. Brit. Tin., p. 4.

(PL. 69, fig. 1 à 3.)

Une plante commune un peu partout en France, le grand chardon, (Cirsiwm lanceolatum, L.), nourrit, à ma connaissance, cinq espèces de chenilles qui, toutes sont de genres bien différents (1). L'une de

(1) Sans parler de deux trois larves de Diptères ou Hémiptères, dont j'ai remarqué le passage sur le Cirsium, et qui ont se nourrir de la feuille.

164 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDYTS. | # ces chenilles vit de la racine de la plante, l’autre vit dans l’intérieur de la tige, deux autres se nourrissent aux dépens du parenchyme des feuilles, mais d’une manière différente, ainsi que je le dirai. Et en- fin, la cinquième établit son domicile au sommet, dans le cœur même de la fleur. L'une de ces chenilles, celle de la Myelois Cribrella, Tr., vit, on le sat, dans les grosses tiges du Cir. lanceolatum ; elle s’y creuse de longues galeries tout en dévorant la moelle abondante, sa seule nourriture, et passe l'hiver pour ne se transformer en chrysalide qu'au printemps de l’année suivante. Cette larve, dis-je, est depuis longtemps connue, je n’en parlerai donc pas davantage. Je ne di- rai aussi que peu de mots de celle de la Phycis Nebulella, W.-\. (Homocosoma Nebulella; S. V. Hb. 157 ? Stgr. 516) qui vit au sommet de la plante, dans la tête du chardon dont elle ronge la base des fleurons placés sur le réceptacle (1). C’est des trois autres espèces, dont les mœurs sont tout-à-fait isnorées, que je veux entre- tenir mes lecteurs. Je commencerai par la Gelechia Acuminatella , Sircom.

CHENILLE.

Elle serait cylindrique si elle n’était faiblement aplatie en dessous ; vue à une forte loupe, elle paraît plissée et rugueuse. Sa couleur est le verdâtre glauque livide. On ne voit pas de lignes, si ce n’est le tube intestinal qui se montre sous forme d’une bande large, continue, d’un vert foncé, à la place de la vasculaire absente. La tête est lenticulaire, d'un jaune rougeûtre, avec les ocelles et mandibules indiqués en brun. Le premier et le dernier anneaux sont recouverts d’une plaque écailleuse brune; celle du premier anneau est partagée en deux par

Lo

(2) Cette chenille a été observée pour la première fois pat M. Tischer surl’Aster chinensis, qui, comme Duponchel l'a judicieusement fait observer, ne doit pas être la seule plante dont elle se nourrit (X, p. 198).

7 As

un sinus, et séparée de la tête par un collier blanchâtre. La plaque du dernier segment est relativement petite et allongée. Les pattes anté- rieures sont d’un noir de jais, les ventrales et anales sont concolo- res. Les trapézoïdaux, qu’on ne distingue pas sans loupe, sont blancs. “Le ventre est d’un vert livide et n’a pas de lignes. Les poils sont clair-semés et blanchâtres.

Cette petite larve peut être considérée comme mineuse; on la ren- contre non-seulement sur le Cirsium lanceolatum; mais plus fré- quemment peut-être sur le Carduus nutans qui nourrit quelques fois lui-même la chenille de la Depressaria Propinquella, dont je parlerai bientôt.

Ce n’est que vers le 45 mai qu’il faut chercher la chenille de la G. Acuminatella ; elle a cela de particulier qu’au lieu de se loger entre la pellicule inférieure d’une feuille et le parenchyme, ainsi que le fait celle de la Propinquella, c'est toujours sous la pellicule supérieure. Elle ne vit que de la matière colorante de la feuille, sans attaquer ja- mais l’épiderme protecteur qui la recouvre; paresseuse et nullement frétillante, elle ne se déplace que difficilement. Son éducation est facile et réussit presque toujours. La métamorphose arrive vers la fin de mai; deux jours avant cette importante opération, la petite larve, de verte qu’elle était, passe au jaune ocreux, et les anneaux sont teintés, dans la partie dorsale, de carminé obscur; le ventre cepen- dant reste d’un vert jaunâtre. Le plus souvent la transformation a lieu dans les plis d’une feuille, au centre d’une petite coque en soie d’un blanc jaunâtre. L’éclosion de la Tinéide a lieu vers le 45 ou 20 juin.

Gelechia Acuminatella. 165

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0°,011 à 0",012. Il a un faux air de la Gelechia Terrella, S. V. Les ailes supérieu- reures sont allongées, étroites et très-aiguës à l’apex, d’un brun

166 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDI®S.

ocracé uniforme et sans taches ou dessins appréciables ; ces ailes sont seulement saupoudrées d’atomes brunâtres, irrégulièrement placés. Les postérieures sont étroites et allongées, à angle anal pres- que nul, gris foncé, luisantes et garnies de longues franges soyeu- ses ef concolores. Le dessous est sans dessins, mais la teinte est plus chaude et plus luisante qu’en dessus. La tête, le thorax et l’abdo- men sont de la couleur des ailes.

Ce petit lépidoptère qui ne varie pas, est très-vif ; il se cache soigneusement pendant le jour.

J'ai pu m'assurer que cette Gelechia n’a qu’une seule génération par an, au moins dans nos environs; ef, bien que commune, elle est restée, à cause de l’uniformité de sa parure, inconnue pendant longtemps ; ce n’est que depuis peu d’années qu’elle a été décrite pour la première fois.

Obs. En commençant cet article, je ne pensais pas que cette Ti- néide fut connue sous ses premiers états, lorsque, peu de jours après, M. Stainton, de Londres, m’a mandé qu'il venait de publier les mœurs de cette Gelechia dans son IX° volume (1865), en restituant à l'espèce, à l’exemple de M. Douglas, le nom d’Acuminatella, Sir- com, primitivement imposé dans le Zoologist (1850).

Cette Gelechia, paraïtrait-il, fut, la même année, baptisée Cir- siella par M. Stainton qui la croyait inédite, dans son catalogue supplémentaire des Brist. Tineidae.

En 1852, M. Douglas rectifia la synonymie de ce petit lépidop- tère et lui rendit, dans les transactions de la Société entomolo— gique de Londres, son nom primitif de Gelechia he: qui fut définitivement adopté.

Conchylis Andorrana. 167

Conchylis Andorrana (1), Mi. ( Species nova ).

(PL. 69, fig. 4% et 5.)

Envergure : 0",019 à 0",020.

Cette Conchylis est de la taille des grands exemplaires del’Hilarana, Herr.-Sch., fig. 92, dont elle a assez la coupe d'ailes, mais elle n’a nullement sa couleur.

Les supérieures sont étroites, allongées, presque rectangulaires, aiguës à l’apex, d’un jaune paille très-clair, luisantes, avec deux bandes obliques, parallèles, ocreuses, placées sur le milieu de l’aile, ne touchant pas à la côte et venant aboutir au bord interne elles se réunissent. Vues à une forte loupe, ces bandes paraissent tachées d’atomes bruns placés çà et là, mais principalement au sommet et à la base, Enfin, à la hauteur de la l'gne basilaire on voit une tache d’un ocreux très-chaud, de forme indécise et qui touche à la naissance de l’aile. La frange est médiocrement longue, concolore, et n’est nullement précédée de liséré ou de points nervuraux, les ailes inférieures sont lar- ges et arrondies, aiguës à l’angle supérieur, d’un gris fuligineux, lui- santes, et sans lignes transversales ; la frange est plus longue qu’aux supérieures ; elle est d’un jaune très-clair. En dessous, les premières ailes sont d’un gris foncé presque noir avec des traces d’éclaircie au centre et au bord subterminal; les franges sont d’un jaune-paille. Si . les supérieures ont perdu, en dessous, leur couleur paille du dessus, les inférieures, au contraire, de fuligineuses qu’elles sont, paraissent, au revers, d’un jaune très-clair presque blanc. Les antennes sont

(1) Qui rappelle la patrie de cette Platyomide nouvelle. Je l'ai en effet prise pour la première fois, à la frontière nord de la vallée d'Andorre.

168 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDÔTS.

courtes, à peine pubescentes, jaunes en dessus et brunes en dessous. Les palpes sont longs, aigus, horizontaux, d’‘utres fois incombants ; ils sont recouverts d’abondantes plumulles jaunâtres. La tête est sur- montée de larges écailles concolores ; les yeux sont gros, ronds et noirs; le thorax participe de la couleur des premières ailes ; l’abdomen est effilé, conique, garni à l’extrémité d’une touffe de plumulles jaunä- res. Les pattes sont longues, jaunes, munies de deux paires de tar- ses aux inférieures.

J'ai pris un certain nombre de mâles de cette nouvelle Conchylis, mais pas une femelle ; je ne puis donc rien dire de cette dernière que je ne connais pas.

L’Andorrana varie d’une manière assez sensible ; j’ai capturé dans les mêmes lieux que le type, un sujet en bon état de conser- vation que je rapporte à cette espèce.

Il est de la grandeur du type; il s’en distingue par l'absence de toutes bandes ou taches aux premières ailes. Les inférieures, le des- sous des quatre ailes, le thorax et l'abdomen sont entièrement sem-— blables à l’espèce ordinaire.

Il est une seconde aberration qui se présente avec les mêmes ca— ractères que le type ; elle est seulement d’un bon tiers plus grande.

J'ai pris la C. Andorrana dans les montagnes de l’Ariége, à la fron- titre de la république d’Andorre ; j’ajouterai que je l’ai reprise sur les coteaux bien exposés des environs de la petite ville d'Ax-sur- Ariège. On la fait voler à la fin de mai, en battant PES le jour les genêts et les fougères.

Dans le Systema Lepidopterorum Europæ de M. Herrich Schæffer, la Conchylis Andorrana sera placée après l’Hilarana de cet auteur, et, dans le Catalogue de M. Staudinger, elle portera le 730 bus.

re 4:

Depressaria Propinquella. 169

Depressaria Propinquella.

Treits. F. R. p. 33, fig. 3. Ev. Ztte. Stgr. Cat. 1453. Var. Gilvosa, Haw. Yeatiella, Hb. 418.

(PI. 69, fig. 6 à 9.)

CHENILLE,

L'œuf a être déposé à l’aisselle d’une feuille radicale; il éclôt vers le milieu d'avril de l’année suivante, alors que la nouvelle plante commence à se développer. Aussitôt éclose, la petite chenille perce la feuille, s’introduit sous l’épiderme et ronge lentement le paren- chyme. Elle est d’abord d’un blanc d'os, sauf la tête qui est noire; elle grossit assez vite et, vers le quinze mai, arrivée à sa troisième mue, elle passe au vert d’eau. Jusqu’alors cette larve vit à la ma- nière des mineuses, c’est-à-dire que, placée entre les deux pellicules, elle se nourrit de la matière colorante de la feuille, sans jamais aban- donner sa retraite qu’elle agrandit à mesure qu’elle prend du dévelo- pement. Au vingt ou vingt-cinq du même mois, elle a atteint toute sa taille. Elle est cylindrique, rase, à peine atténuée aux extrémités et faiblement aplatie en dessous. Des lignes ordinaires, on ne voit que la vasculaire qui est indiquée en vert plus prononcé que le fond ; et encore ne voit-on bien cette ligne que sur les premiers et les derniers anneaux. Le dessous est d’un vert très-clair et uniforme. La tête est cordiforme, un peu aplatie, d’un noir de jais et luisante ; le premier segment est surmonté d’une plaque écailleuse large, noire, luisante et appuyée à l’incision. Je n’ai pu distinguer les stigma- tes, les trapézoïdaux, ni azcun des points pilifères. Les seize pat- tes sont bien développées et concolores ; les écailleuses ont le dernier

170 -: CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

article rougeûtre. C’est une chenille très-frétillante, qui s'échappe avec une grande facilité lorsqu'on croit la saisir, et cela par l’une des deux ouvertures qu’elle s’est ménagée aux extrémités de la lon- gue galerie contiguë à la côte principale, qu'elle a formée dans l'épaisseur de la feuille même. Parvenue à l'âge adulte, elle ne se contente plus du parenchyme; le plus souvent elle ronge la feuille dans toute son épaisseur et la troue de part en part.

Cette larve, bien que de genre différent de celui de la G. Acumi- natella, a des mœurs à peu pres identiques aux siennes; pourtant j'ai presque toujours vu celle de la Gelechia logée dans les feuilles su- périeures de la plante, tandis que la chenille de la D. Propinquella s'établit de préférence dans les feuilles placées près du sol. Du reste, ces deux larves paraissent assez peu s’accommoder du voisinage l’une. de l’autre, car ce n’est que très-rarement qu'on les voit habiter le même pied de Cirsium.

Au moment de la chrysalidation, la chenille de Propinquella passe au jaune isabelle, et la ligne dorsale qu'on avait eu de la peine à distinguer avant, devient, ainsi que la sous-dorsale, d’un rou- geûtre vineux. Pour se transformer elle se fixe quelquefois dans les feuilles, mais le plus souvent elle descend de la plante, cherche dans le voisinage un lieu propice, file une soie blanche dont elle forme une coque serrée et solide et se métamorphose trois jours après. La chrysalide est allongée, rougeâtre avec l'enveloppe des ailes brune ainsi que l'extrémité abdominale, qui est garnie de cerins courts, raides, bruns et recourbés en hameçon. L’enveloppe des ailes est proéminente et plus claire que le fond; celle de la tête est plus ou moins brunâtre. 4

Cette Depressaria éclôt depuis le dix jusqu’au vingt-cinq juin ; son développement n’a jamais lieu que le soir à la tombée de la nuit.

Depressaria Propinquella. 171

INSECTE FARFAIT.

Envergure : 0",016 à 0",017.

Les ailes supérieures sont allongées, rectangulaires avec la côte un peu arrondie et l’apex obtus ; elles sont d’un gris roussâtre, recouvertes d’un sablé noir de grosseur inégale. Le centre de l’aile est occupé par un très-gros point noir précédé de deux points de même couleur, mais qui sont comparativement très-petits. La frange est précédée elle-même d’une ligne de points noirs qui ne sont pas toujours bien marqués. Les ailes inférieures sont arrondies, d’un gris luisant et sans lignes ; les franges sont longues et soyeuses. Les antennes, les palpes, la trompe et l’abdomen ont, tous, les caractères des espèces congénères; la tête et le thorax participent de la couleur des ailes supérieures.

La femelle ressemble au mâle.

Ainsi que les e‘pèces du même genre, la D. Propinquella se cache dans les lieux très-sombres; en sorte qu'il serait fort difficile de la trouver si on ne la faisait déloger de sa retraite en frappant sur les plantes ou les troncs d'arbres dans les gerçures desquels l’insecte disparait complètement.

On pense généralement que cette Depressaria a deux éclosions par an; je ne crois qu'à une seule génération. Lorsque le Cirsium qui nourrit la chenille a passé fleur, on ne rencontre plus la chenille; cependant si la plante a été retardée dans son développement par la hauteur du lieu elle croit, ou par toute autre cause, on trouve des chenilles alors que depuis longtemps l’insecte parfait a disparu. Ce retard exceptionnel chez certains sujets, ne doit pas faire croire pour l’espèce à deux éclosions.

Partout croit le grand chardon, vit la Propinquella. Je l'ai trouvée dans le Bugey; dans la Haute-Saône, près de Gray ; aux environs d’Autun (Saône-et-Loire). Elle est fort commune ici, le long des chemins abonde le Cirsium.

172 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. Duponchel, qui n’avait jamais trouvé la D. Propinquella en France, la considérait comme de Bohême. (Cat, méth., p. 335.)

Gortyna Xanthenes.

Germ. Faun. XXII, pl. 22. Gn. VII, p. 121. Herr.-Sch. 119. Gn. V. p. 121. Stgr. Cat. 425.

(PI. 69, fig. 40 et 11.)

. La connaissance de la chenille de cette rare Apamide, vient confir- mer, à peu de chose près, ce que l’auteur du Species a dit des larves du genre Gortyna.

La chenille de la G. Xanthenes vit, ainsi que celle de sa congénère la Flavago, non dans l’intérieur des tiges de certaines plantes, mais plutôt dans leurs racines, ou mieux encore, mêlée aux racines elles- mêmes.

La forme et l’aspect de cette chenille sont assez semblables à ceux de l’unique espèce précédemment observée. Voici la description de cette larve inédite.

CHENILLE.

Elle est allongée, cylindrique, d’un jaunâtre livide, lavée de rou— geâtre dans la première moitié de chaque segment ; les trapézoi- daux et autres points pilifères sont vivement indiqués en brun. Elle présente en outre, sur le premier anneau, une large plaque ou écusson écailleux, noir, en forme de croissant partagé par un sinus étroit et concolore. Le dernier segment est aussi recouvert d’une pla- que écailleuse noire, mais moins large que celle du premier anneau.

Gortyna Xanthenes. 173

La base des pattes anales présente également une tache d’un noir luisant, qu'on pourrait croire écailleuse.

Des lignes ordinaires, on ne distingue qu'imparfaitement la stig- matale, qui est étroite, rougeâtre, à peine ondulée, et au milieu de la- quelle reposent les stigmates qui sont petits, elliptiques, grisâtres et entourés de trois gros points foncés. Le ventre, qui est plus clair, n’a pas de lignes. Les poils sont fins, brunâtres et fort courts. La tête est petite, globuleuse, d’un fauve rougeâtre et luisante, avec les mandibules et les ocelles noirs. Les pattes écailleuses sont unic:lo— res, avec le dernier article noir et luisant. Les ventrales, également concolores, ont la base brune, ainsi que la couronne.

M. Staudinger, qui a découvert cette chenille, m'écrit qu'il l’a re- cueillie en Andalousie, elle vit au printemps et en été dans les ra- cines d’un grand chardon (1), de même que dans celles de plusieurs artichauts, les Cynara scolymus, L, et carduncellus, L. qui, en Espa- gne, ainsi que dans le midi de la France, sont cultivés en pleine campagne. |

La chenille se change en chrysalide en août, et éclôt en octobre ou en novembre de la même année.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",046 à 0,048.

Cette Gortyna est, on le voit, presque aussi grande que sa voisine la Lunata, Frey. Est-ce une espèce distincte de cette dernière ? Ne serait-ce que la simple Var. Borelü, Pierr. ? On ne pourra rien affirmer tant que la chenille de la G. Lunata ne sera pas connue. Dès aujourd’hui on peut cependant reconnaître chez la Xanthenes plusieurs caractères qui doivent la séparer de la Lunata ; ne serait-ce que les

(1) Que je suppose le Cirsium lanceolatum ou le C. tuberosum, Risso.

174 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,.

antennes du ©’, moins fortement crénelées que chez cette dernière es- pèce, et les ailes inférieures sans trace de ligne transversale ; celle-ci, chez la Lunata, est des mieux indiquées.

La G. Xanthenes a les ailes supérieures allongées, presque rectan- gulaires, aiguës à l’apex. Le fond est d’un argileux foncé sur lequel se détachent en jaune ocracé, la ligne coudée, l’espace médian, les lignes basilaire et subterminale, et enfin les trois taches ordinaires qui ne se distinguent du fond que par un trait brun et délié. Les ailes inférieures sont proportionnellement très-grandes; elles sont d’un gris terreux tirant sur le violâtre, avec une bande terminale et la frange plus claire. On ne voit nulle trace de la ligne transverse et du point cellulaire qui cependant sont indiqués en dessous, mais d’une ma- nière vague. Les supérieures sont, en dessous, d'un gris foncé et sans dessins. Le thorax est robuste, bien fourni d’écailles et participe de la couleur des premières ailes. L’abdomen est très-gros, allongé et dépassant de beaucoup les ailes inférieures.

Je décris cette belle et rare Apamide d’après un superbe individu mâle obtenu de chenille, et qui a été rapporté d’Andalousie. Je ne connais pas la femelle en nature; il paraît qu’elle est plus grande que le mâle. Germer qui, le premier, a décrit l'espèce, l’a trouvée en Si- cile. Espérons, maintenant qu’on a des données certaines sur les habi- tudes de la chenille, que le papillon se répandra dans les collections. En effet, fort peu de celles-ci possèdent la Xanthenes.

Je ne désespère pas de rencontrer cette remarquable Noctuide dans le midi de la France, mais jusqu’à ce jour elle ne fait point partie de notre faune.

Les Gortyna habitent surtout l'Europe et l'Amérique du Nord. On en connaît neuf espèces dont quatre européennes (Gn. V, p. 121).

La G, Xanthenes mâle fait partie de mon cabinet.

Plusia Beckeri. 175

Plusia Beckeri.

Stgr. Stett. ent. Zeit. 1861. Stgr. Cat. 717.

(PI. 70, fig. 1.)

On n’avait encore rien appris des premiers états de deux Plusies appartenant au groupe V. du Species, et dont les chenilles possèdent bien les caractères généraux des Plusia proprement dites. Ce sont les P. Accentifera et Daubei.

Avant de faire l’histoire de ces deux Noctuelles, je décrirai et figu- rerai une autre espèce appartenant au même genre ; la P. Beckeri, Stgr., récemment découverte et qui, bien que publiée déjà dans les Annales entomologiques de Stettin, est à peine connue.

Cette charmante Plusie, qui n’avait point encore été figurée et qui appartient au groupe I. du Species, a la coupe d'ailes de la Consona, sa congénère, et dont, au premier abord, elle pourrait passer pour une variété à tons chauds. En comparant les deux espèces, on recon- naît bientôt en quoi elles diffèrent l’une de l’autre.

La P. Beckeri a une envergure de 0",029 à 0°,031. Les ailes su- périeures me paraissent plus étroites, moins falquées et plus aiguës à l’apex que chez la Consona. Le fond est d’un jaunâtre ocro-ferru- gineux sur lequel se détachent en clair les mêmes dessins et les mê- mes lignes que chez la Consona, seulement l’anneau qui entoure l'orbiculaire est d’un blanc mat, et non argenté; il touche presque la ligne coudée; ce qui n'arrive jamais chez l'espèce congénère. De plus, la coudée chez Beckeri est plus flexueuse; elle est surtout visi- ble dans toute son étendue. Les ailes inférieures sont d’un jau- nâtre luisant, couleur qui se prononce à mesure qu’elle approche de la frange qui, elle-même, est plus claire que le fond.

«#

176 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Le dessous est d’un fauve ocreux et luisant ; il n’a ni lignes ni taches, si ce n’est un point brun, carré, placé sur la frange des ailes supérieures. D'ailleurs, mêmes palpes ascendants que chez la Con- sona, même thorax hérissé, mêmes ptérygodes saillantes, même ab- domen crêté sur les premiers anneaux.

La femelle est de la taille du mâle, mais elle est un peu plus som- bre ; c’est-à-dire que l’espace médian et l’espace subterminal des pre- mières ailes, sont plus foncés. Les secondes ailes sont aussi plus rembrunies ; sur celles-ci on voit la trace d’une ligne transverse. En dessous ces ailes sont semblables à celles du mâle.

Ces deux Plusies, la Beckeri et la Consona, étant aussi voisines qu’elles le sont, je m'étonne que M. Staudinger n’ait pas, dans son Catalogue, placé l’une immédiatement avant ou après l’autre.

M. Siaudinger m’apprend que cette nouvelle Plusia, originaire de la Russie, a été obtenue ex larva, mais qu’il ne sait rien de la chenille, ni sur quelle plante elle vit.

M. le docteur Eversmann, dans ses Noctuélites de la Russie, récem- ment publiées, ne mentionne pas la P. Beckeri. Ne serait-elle pas une simple variété de la PI. Siderifera, Nordm.? Autant qu’on peut en juger par la description que donne de cette dernière espèce M. Eversmann (1).

La Plusia Beckeri, Stgr. devra dans le Species général des Lépidop- tères, porter le 1144 bis.

Mon cabinet : deux exemplaires © et 9.

(1) Noctuélites de la Russie, p. 436.

Plusia Accentifera. 177

Plusia Accentifera.

Lefebvre, Ann. Soc. Linn. Paris, VI, p. 94, pl. 5, fig. 2. Dup. V, p. 49, pl. 437, fig. 3. Treit. Sup. p. 134. Gn. VE, p. 351. Ster. Cat. 735. = Aureum, Frey. I, pl. 23 = Hieroglyphica, Frey. p. 176 L. Album. Hb. Gey. 856. Circumscr ot Heeger. Btr. I. 3, p. 5.

(PI. 70, fig. 4.)

CHENILLE.

A sa sortie de l’œuf, qui arrive cinq ou six jours après que celui-ci a été pondu, elle est d’un fauve clair transparent. Elle passe ensuite au blanchâtre, puis au jaune verdâtre ; enfin, parvenue à sa taille, cette larve ressemble assez à la chenille de la PI. Gamma, ou mieux à celle de la PI. Chalcites.

Elle est allongée, atténuée antérieurement, sans carène latérale, un peu renflée sur le onzième anneau, à tête petite, et n’a que deux paires de pattes ventrales bien développées et fortes. Elle est d’un vert clair avec les incisions jaunâtres, sur lesquelles teintes se détachent à peine, d’une stigmatale à l’autre, de nombreuses stries blanchâtres. La ligne vasculaire est fine, continue et d’un vert un peu plus pro- noncé que le fond. La stigmatale est large, continue, claire et néan— moins se détache difficilement du fond. Les stigmates sont ovales et noirs. Le ventre est sans lignes, d’un vert bleuâtre sur lequel on dis- tingue de nombreux petits points d’un blanc mat. La tête est glo- buleuse, concolore et tachée à la partie frontale de plusieurs points bruns très-petits. Les pattes écailleuses sont vertes avec le dernier article teinté de rougeâtre ; les ventrales et anales, également

#4

178 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDMS.

vertes, sont carnées à l'extrémité et ont la couronne rougeâtre. Les points pilifères, qu'on ne distingue qu’à l’aide d’une forte loupe, sont noirs et donnent naissance à des poils fins, courts et bruns.

Cette chenille ne varie pas. Elle se tient à découvert, et sa couleur se confond tellement avec les feuilles de la plante dont elles se nour— rit, qu'il faut une grande attention pour la distinguer. Elle vit sur les diverses menthes qui eroissent aux bords des eaux.

Je tiens de l’obligeance de M. Jacob Himmighoffen, entomologiste infatigable qui, depuis seize ans, habite les environs de Barcelone, plusieurs chenilles de cette Plusie. En me les adressant, ce naturaliste a bien voulu me transmettre sur elles les détails de mœurs que voici :

On trouve la chenille de la P. Accentifera assez ordinairement dans la plaine de Barcelone et autres lieux de la Catalogne, depuis les bords de la mer, jusqu’à une certaine hauteur sur les montagnes, mais toujours dans le voisinage des lieux humides, croissent di- verses espèces de menthes. Il n’est pas rare de rencontrer cette larve dans les jardins de la ville même. On peut la chercher depuis janvier et février, jusqu'à la fin de l’année, car les générations se succèdent sans interruption. La mère dépose ses œufs à l’aisselle des feuilles, par un ou deux, par trois et quelquefois par groupes de cinq à sept. Alors qu'elle est encore jeune, la chenille d’Accentifera indique sa présence sur la plante par de nombreux petits trous au milieu des feuilles; parvenue à sa taille, elle se tient appliquée le long d’une grosse tige.

De février à mai, cette larve est rare; en juillet et en août, elle l’est bien moins ; mais de septembre à novembre, elle devient fort abon- dante ; cependant de nombreux ennemis s’opposent à la multiplica- tion de cette espèce : ce sont surtout de petits Hyménoptères parasi- tes et certains oiseaux insectivores qui en détruisent un grand nombre.

La chenille descend de la plante pour se métamorphoser ; elle file dans les détritus de feuilles sèches une coque molle et blanchâtre. La chrysalide est médiocrement allongée, jaunâtre, luisante, avec la par- tie antérieure et les incisions brunes. L’extrémité abdominale est ob- tuse et la pointe qui la termine est double, courte et noirâtre. Moins de vingt jours après la transformation, arrive l'éclosion du lépidoptère.

Plusia Accentifera. 179

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0,027 à 0,029.

Les supérieures sont étroites, aiguës à l’apex, lisses, luisantes, à peine dentées, d’un gris violâtre, et à dent anale bien marquée. Le centre est occupé par une tache brune rehaussée de reflets mordorés ; celte tache est limitée extérieurement par un petit trait argenté, en forme de V couché, et intérieurement, par un second trait fin, oblique, également argenté. On voit en outre plusieurs autres taches mordo- rées, répandues çà et sur l’aile. Enfin, on peut distinguer une pe- tite tache noire placée sur le bord, à la base interne de l’aile. Le tho- rax, qui est concolore, possède bien les aigrettes propres à la plupart des Plusia, ainsi que celles plus petites qui surmontent les premiers anneaux de l'abdomen.

Pour terminer ses communications, M. Himmighoffen me dit que ce lépidoptère parait très-délicat et débile, qu’il vole peu et que c’est toujours dans le voisinage de sa chrysalide vide qu’on le trouve accro- ché à une tige, la tête en bas. Enfin, que les sujets élevés à l’ombre sont dépourvus d'éclat et sont près de moitié plus petits que ceux dont Téducation a été faite au soleil.

La P. Accentifera fut découverte en Sicile, par notre compatriote A. Lefèvre, et décrite par lui-même dans les Annales de la Société Linnéenne de Paris, en 1827. L'espèce appartient en outre à la faune de la Corse et à celle du Portugal. Depuis que M. Himmighoffen l’a répandue dans les collections, elle n’est plus une rareté.

ST

180 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. | qi | pu ( Plusia Daubhei. | sui Dr Pdv. Ind. met. 1281. Gn. Ind. p. 247. Dup. Sup. I, p. 486, | At pl. 42. fig. 4. Herr.-Sch. 206. Gn. VE, p. 351. —Stgr. Cat. | Lu 744, Syst, And. pl. VL fig. 6. 1 a | sel Le (PL. 70, fig. 5 à 7.) mis sarl 0 CHENILLE. 1 | soul; L’œuf, qui est sphérique, granuleux et d’un jaune pâle, après avoir | rie L été déposé sur une des feuilles qui sont les plus rapprochées de l’eau, | Lac au bord de laquelle croît le Sonchus qui doit nourrir la chenille, mn fut l’œuf, dis-je, éclot six à sept jours après qu'il a été pondu. La jeune | re d0 larve est alors d’un jaune clair transparent, mais peu d'heures après, ) (ba elle devient grisâtre ; dès le second jour, elle a passé au brun, et enfin (er aux elle se colore en noirâtre à sa seconde mue. La chenille étant parve- D Ile nue à toute sa taille, cette teinte sombre se soutient chez le plus grand eayln nombre des sujets, mais comme l'espèce varie beaucoup, il n’est pas leon rare de voir, me mande M. Himmighoffen, en outre de ces sujets quan d’un brun foncé, des chenilles rougeâtres, d’autres carnées et d’au- dal al tres verdâtres. Voici la description du type; c’est cette larve que j'ai EE peinte. Elle est allongée, très-atténuée antérieurement, avec le Brel pénultième segment relevé en pointe obtuse, et les anneaux dis- ile tincts. Le fond est généralement enfumé et les anneaux du milieu Gr sont marqués d’un chevron noir partant de la région dorsale pour ! la aboutir à la stigmatale ; les deux chevrons réunissant leur pointe 0 par en haut, forment ainsi un V couché. Ces chevrons sont accom- Qu pagnés en dessus de taches blanches, mêlées de teintes rougeàtres, | (

de formes indécises, lesquelles ne sont bien visibles qu’à partir du bu

Plusia Daubei. 181

cinquième au onzième anneau. Sur les troisième et quatrième seg- ments, ce sont seulement deux points blancs, accompagnant la se- conde paire de trapézoïdaux. La ligne vasculaire est fine, noire, in— lerrompue, et ne se distingue guère qu’au milieu de chaque anneau. La stigmatale est très-large, grisätre, marbrée et traversée par un liséré brun interrompu sur chaque segment. Aux incisions, cette même ligne est lavée de rougeûtre. Les stigmates sont petits, pour— prés et cerclés de noir. Le tête est globuleuse, d’un noir de jais et ca- ractérisée par deux traits fins et blancs qui descendent du sommet ef s’arrêtent à la hauteur des palpes. Les écailleuses sont noires et luisantes ; les six autres pattes sont d’un noir mat, avec l'extrémité carnée. Les points trapézoïdaux sont saillants, sur le onzième anneau surtout ; ils sont noirs et donnent naissance à un poil assez long et raide. Le ventre est d’un noir velouté, uniforme et n’a pas de lignes.

La chenille de la Daubei a les mœurs de celle de sa congénère Ac- centifera ; cependant celle-là paraît vivre dans la nature uniquement sur le Sonchus maritimus, L.; mais élevée en captivité, on la nourrit très-bien avec les chicoracées, dont elle ronge les feuilles sans tou- cher aux fleurs.

Elle est également attaquée par un petit ichneumon, qui est éclos en captivité dix jours après sa transformation. M. Himmighoffen, qui a bien voulu me procurer quelques chenilles de cette Plusie, me mande qu'ayant été induit en erreur sur leur véritable nourriture, qu'on lui avait affirmé être une plante crucifère, il avait, pendant plusieurs an- nées, vainement cherché sur toutes les crucifères des environs de Barcelone; ces plantes n’ont, ajoute-t-il, jamais nourrir la che- nille de la Daubei.

Ce n’est que depuis peu de temps que M. Himmighoffen a trouvé cette chenille fort abondamment dans les lieux arrosés par l'eau courante, dont elle aime à fréquenter les bords, et cela jamais ailleurs que sur le Sonchus maritimus.

Cette chenille qui, à tous ses âges, vit à découvert, trahit sa pré- sence sur les feuilles, alors qu’elle est jeune, par les morsures qu'elle

qu

182 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

y pratique, et qui produisent autant de petites taches brunes. Elle vole presque toute l’année, mais ses générations doivent être moins : nombreuses que celles de l’Accentifera, car la durée de la chrysalidation est relativement plus grande. Pour se transformer, elle descend de la plante, et tisse dans son voisinage une coque en soie très-blanche, où, avant de se métamorphoser, elle se place la tête en haut.

La chrysalide est allongée, d’un brun rougeâtre foncé, presque noir, finement chagrinée, avec la gaine des ailes saillante et comme détachée à l'extrémité ; rappelant ainsi les chrysalides de certaines Cucullia. La pointe est allongée, noire, forte, et précédée d’un bourre- let granuleux.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0*,028 à 0",030.

Cette espèce rappelle assez la Plusia Ni, avec laquelle on a pu la confondre dans le principe; cependant ses ailes sont un peu moins élancées et plus obtuses à l’apex; même aspect d’ailleurs, mêmes teintes, mêmes taches, mêmes habitudes chez les insectes parfaits de ces deux espèces (1).

Cette Plusie est connue depuis longtemps déjà. Elle a été décou— verte par M. Daube aux environs de Montpellier, et M. Boisduval la lui à dédiée. Non-seulement elle appartient aux faunes française et espagnole, mais encore à celle du Sénégal et à celle des Indes-Orien- tales, les individus sont tout à fait identiques aux nôtres. (Gn. VI, p. 352.) 1

Obs. M. Himmighoffen signale une épidémie survenue cette année chez diverses chenilles de Plusia, notamment celles de Chalcites,

(1) Prochainement je ferai connaitre la chenille de la Ni, demeurée inédite jus- qu’à ce jour.

Plusia Daubei. 183 Gamma, Ni, Accentifera et Daubei; ce qui a rendu celles-ci fort rares cette année. Ces chenilles ne sont malades qu’à l’état adulte ; elles maigrissent alors, deviennent noires, meurent, se dessèchent et restent suspendues aux petites branches, retenues seulement par les pattes anales. J’ai été témoin moi-même de ce fait anormal : des sept chenilles de la Daubei qui m'ont été envoyées, quatre sont mortes de cette épidémie.

184

Fig.

8.

3 10

EXPLICATION DES RANCHESS

EXPLICATION DES PLANCHES De la 15e Livraison (1865). #0}

PLANCHE 67.

EXPLICATION DES FIGURES.

CE . Eupithecia Massiliata, DaRp. et Miz. Id. id. vue en dessous. IL. . Chenille de l’Acrobasis Porphyrella, Due. Id. id. id. sortant de son fourreau. . Chrysalide. . Insecte parfait. II. Chenille de l’Agr. Agathina (Aberr. Scopariae, Mi.) Id. id. jeune, . Chrysalide. . Insecte parfait,

EXPLICATION DES PLANCHES 185

PLANCHE 68.

EXPLICATION DES FIGURES.

. Chenille de la Larentia Tophaceata, W.-Y.

Id. id. id. vue de dos. . Chrysalide.

. Insecte parfait.

Fig.

> uw D =

IL. Fig. . Chenille de la Larentia Multistrigaria (Ab. Olbiaria, Mir.) . Chrysalide. . Insecte parfait o”. 111 JIRRS SRE R

ϩ 1 D

DIE.

Fig. 9. Pseudophia Illunaris, Hs. (Aberr. A. Miz.).

156

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

NN

CU 2 RCE

10. 11.

» EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 69.

. EXPLICATION DES FIGURES.

IL.

. Chenille de la Gelechia Acuminatella, Sircou.

Id. id. id. sous sa toile.

. Insecte parfait.

IL.

. Conchylis Andorrana, Mi.

Id. id. (Var. A.). IT. . Chenille de la Depressaria Propinquella, TR. Id. id. id. sous sa toile. . Chrysalide.

. Insecte parfait.

IV.

Chenille de la Gortyna Xanthenes, GERM. Insecte parfait.

Fig.

Fig.

& Co

1 © ©

© EXPLICATION DES PLANCHES. 187

PLANCHE 70.

EXPLICATION DES FIGURES.

. Plusia Beckeri, STGR.

Il.

. Chenille de la Plusia Accentifera, Ler. . Chrysalide. . Insecte parfait.

TE.

. Chenille de la Plusia Dawubei, Bpv. . Chrysalide. . Insecte parfait.

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Annalih de la Soucte Linneenne de Lyon 5 Lor. Annee.1868, PI 67

2 \ Eos L Milière. et TMiyneaux Pi Voguar plant pt Debray se.

Lze 2, Eupithecie Massiliate, Dard.et Ml IL. 3 & 6, Acrobasts Porphyrella, Dup. EL. 7 a 10, Agrotis Agathina, Dup. | Var Scoparize, MU.)

n A r Monen > Zap Houaste, 4 Mignon MT Migneau col

167 Lépr.. Annee 1866, PL 68

- ee qu” mat 6 4 Phillère et IMigneaus Joques plant, p © Deëray se.

I z & 4, Larentia Tophaceata, W_r. IL 5 et 6, Larentia Mudtistrigarte, Law. | Aber. Olbiaria. Mi) IL. 9, Pseudophia Ilunaris, 46. /Aterr, A.)

np Houirte, & r Mignon . M Migneau col.

Année 1865. PI 6g.

Annals de la Souëté Liméenne de Lyon 15° Lior

P Milière et Huët Jogues plant,p < Debray sa

I.z à 3, Gelecluia Acuminatella, Sircom IL 4 5, Conclyls Andorrana , M. IL. 6 à 9, Depressarta Propinguedla, 7r.

IV.10 àu, Cortyna Âanthenes, Cerm.

Inp Houiste, 5 r. Mignon A7 Migneau &L

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in , / ? YA CE PL 7 Annales de la Soceté linnéenne de Lyon. 15€ Javr. Annee 1865. PL, 70

PMillière et Huit p £ loques pl und, p Ë

Debray «

L 2 Plusta Beckert, Sir IL. 2 & 4. 14. Accentifera, Le

I. $ à 7, 1d. Danube, Bdr.

np Houste,$ r Mignon ME Migneaus

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

PAR P. MILLIÈRE SEIZIEME LIVRAISON (Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 12 mars 1866)

RE ER

Anthocharis Bellezina? Bdv. (Aberr. A.) (PI. 71, fig. 1.)

Ce sujet n’est caractérisé que par le dessous des ailes inférieures ; voici ce qui le distingue. Sur le fond vert qui est d'une teinte plus jaunâtre que chez l'espèce ordinaire, les taches blanches du milieu et celles du bord, au lieu de présenter la forme circulaire et ellipti- que, se montrent en stries très-allongées rayonnant pour la plupart du centre de l'aile et se prolongeant jusqu’à la frange, qui ne les limite pas. Cette variété accidentelle et remarquable a été prise aux

190 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

environs de Montpellier, par M. Daube qui a ‘consenti à me la confier pour la faire connaître. Elle appartient à la collection de cet obligeant naturaliste.

. Swaminerdamin (1) Egregiella.

Dup. Supp. HE, 299, fig. 9. Herr.-Sch. p. 409. Stgr. Cat. 1360.

(PI. 71, fig: 2 àG.)

La chenille par ses mœurs appartient plus peut-être au genre Scythropia de Hubner, composé, on le sait, de la seule Crataegella , qu'au Swammerdamia du même auteur ; ne serait-il pas mieux de déplacer cet insecte et de le faire entrer dans ce genre Scythropia ? Voici l’histoire de la larve d'Egregiella qui doit éclore à la fin de janvier ou en février. On ne savait-encore rien de ses premiers états.

CHENILLE.

Elle est allongée, fusiforme, très-plissée, avec le premier et le dernier segments recouverts d’une plaque écailleuse. Sa parure est brillante et les lignes qui la parcourent dans toute sa longueur sont nettes et vivement indiquées. Le fond est d’un violacé plus ou moins aceusé sur lequel se détache la vasculaire, qui est étroite, tremblée, con- tinue, brune et qui repose sur un fond blanc carné, du au 11° segment. Pas de sous-dorsale ; la stigmatale est large, ondulée, conti- nue, blanche et teintée de jaune de chrôme au centre de chaque an- neau. Le ventre est d’une couleur sombre et marqué d’une ligne blanchâtre. Les stigmates, invisibles à l’œil nu, sont blancs et large- ment entourés de noir. La tête est globuleuse, un peu cordiforme , d’un jaune d’ocre foncé avec les mandibules et ocelles noirs ; ceux-

= ——————

(1) Créé par Hu bner.

Swammerdamia Egregiella 191 ei sont surmontés d’un trait horizontal blanc. Le premier anueau a un collier blanc et un écusson d'un noir mat, lequel est partagé par un sinus étroit; la plaque du dernier segment est petite et aussi d'un noir mat. Les pattes antérieures sont robustes, noires, annelées de blanc ; les ventrales et anales sont brunes avec la cou- ronne claire. Les trapézoïdaux et autres points pilifères sont, ainsi que chez les espèces congénères, gros et foncés ; les poils qu'on ne peut distinguer sans loupe, sont d’une longueur normale et bruns.

Vers le 45 ou le 20 mars, la petite chenille a atteint son entier développement. On la rencontre aux environs de Cannes (Alpes-Ma- ritimes), sur les Erica scoparia et arborea, dont elle ronge les fleu- reltes. Elle ne vit pas précisément seule, mais toutefois on ne peut la classer dans les espèces vivant en société ; le plus souvent c’est par deux ou trois, et au plus par quatre et cinq individus occupant une branche de bruyère; mais alors ces petites chenilles sont éloignées l’une de l’autre et séparées entre elles par des bou- quets de fleurs. Elle trahit sa présence par quelques fils de soie pla- cès surtout de bas en haut, fixés aux petits rameaux parmi lesquels la chenille est comme suspendue et elle demeure immobile pendant le jour. Elle neprend sa nourriture que la nuit, grossit rapidement, et pour se métamorphoser tisse dans les branches mêmes, un cocon en forme de navette, d’une soie pure et blanche, se place la tête en baut et se métamorphose cinq ou six jours après. Cette petite larve est plus que toute autre peut-être attaquée par un ichneumon dont on remarque souvent le cocon blanchâtre fixé contre un petit rameau de la plante.

La chrysalide enfermée dans une double enveloppe blanche, opa- que, très-mince, mais cependant forte et impénétrable à l'humidité , la chrysalide, dis-je, est allongée, rougeâtre, avec la gaine des anten- nes descendant très-bas et atteignant presque la pointe abdominale : celle-ci est obtuse, brune et munie de plusieurs crochets divergents,

fins, tournés en dehors. La petite Hyponomeutide éclot dès le 15 ou le 20 avril, et toujours dans la matinée.

192 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0,014 à 0,015.

Cette espèce, placée à la fin du genre dans le Catalogue Staud., avait été’bien à tort ‘considérée par Duponchel comme une Bu- talis. La découverte de la chenille est venue donner raison à M. Herrich-Schaeffer qui, avant qu'on eût connaissance des pre- miers états de cette espèce, a reconnu en elle une véritable Hypono- meutide (1).

L'Egregiella est très-allongée surtout aux ailes supérieures qui sont relativement étroites, généralement d’un bronzé verdâtre et n'ont pour tout dessin que deux bandes blanchâtres ; l’une qui tra- verse l’aile dans la presque totalité de son étendue et qui est inter— rompue au milieu par un gros point noir, et l’autre placée à la côte, qui, partant de la hauteur du point noir précité, se dirige sur l’apex qu'elle n’utteint pas. Les ailes inférieures sont d’un gris de fer uniforme et ornées de très-longues franges soyeuses et concolores. Le dessous est luisant et unicolore ; les antennes noduleuses à la base sont brunes et épaisses, elles partent d’une touffe de poils fauves ; les palpes relevés comme chez les Butalis et les Gelechia.

L'Egregiella varie : chez certains sujets les lignes blanches sont très-oblitérées et les ailes paraissent d’une teinte uniforme.

Cette Hyponomeutide a toutes les habitudes des espèces de la même division ; elle est lente dans ses mouvements, vole peu, demeure dans une complète immobilité lorsqu'elle est blessée par l’épingle et meurt sans s’agiter beaucoup. Elle vole le soir d’une manière lente et nulle- ment saccadée, ne quitte jamais trop le voisinage des Erica qui. ont nourri sa chenille et la femelle dépose à l’aisselle des bran- ches, par petits groupes, ses œufs qui ne devront éclore que neuf

(1) A la vue de sa chenille que j'elevais en certain nombre, M. Stainton, Londres, dont j'eus la visite à Cannes, soupçonna de suite que ce devait être celle de la Swan. Egregiella, Dup.

Omia Theophila. 193 mois après. Il m'est à peu près prouvé que lEgregiella n'a qu’une génération. Elle ne paraît pas exlusivement propre au Midi, puisque Duponchel (t. If, p. 345), tenait du nord de la France les individus qui lui ont servi à décrire l'espèce.

Obs. Postérieurement à la rédaction de l’article qui précède, j'ai pu m'assurer que la Swm. Egregiella fait partie de notre faune lyonnaise et que même l'espèce se rencontre assez abondamment sur certains coteaux bien exposés des bords du Rhône, croît en abondance la Calluna vulgaris. La chenille de lEgregiella ne vit donc pas exclusivement sur les Ærica scoparia et arborea.

Omia (1) Theophila, Stgr. Annales Soc. entom. de Stettin, 1865, p. 56 et 57.

(PL TE fe 7.)

Cette nouvelle Omia est très-voisine de la Rupicola, avec laquelle il serait facile de la confondre au premier abord, car elle a la coupe d'ailes, la taille et la couleur de sa congénère ; cependant en compa- rant les deux espèces on reconnaît de suite en quoi elles diffèrent. Si le fond des quatre ailes est noir et luisant chez ces deux Omia. celte couleur est légèrement brune chez la Theophila. Celle-ci, en ou- tre, présente aux supérieures plusieurs lignes dentées, transverses, d'un bleu d’acier, et la coudée seule est toujours entière. On voit à la côte, d’où part la basilaire, une agglomération d’atomes bleuà- tres ; les quatre à cinq taches blanches qui caractérisent le bord ex- térieur des ailes chez la Rupicola, manquent toujours chez l'espèce nouvelle; les franges, qui sont noires, ont l'extrémité blanche. Le dessous serait entièrement noir, n’était une tache claire à la côte .

(1) Crée par M. Guenée.

194 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

correspondant à la coudée bien indiquée en déssus; l'extrémité des franges est, ainsi qu'en dessus, d’un blanc pur. Mais ce qui distin- oue surtout la Theophila de sa voisine, c’est que la tête, les palpes et le prothorax sont d’un jaune orangé très-vif. Le thorax et l'abdomen sont noirs ; ce dernier est garni d’une petite touffe noire mêlée à des poils jaunâtres ; chez la Rupicola ces poils sont toujours d’un jaune pur. Les pattes sont noires, velues et annelées de blanc aux derniers articles.

La © est toujours un peu plus grande que le ©; elle lui ressem- ble pour la couleur et la disposition des lignes.

M. Staudinger nous dit que cette charmante espèce lui a été en- voyée en certain nombre par M. le docteur Crüper, qui l’a prise pendant l'été de 1865, sur le Mont-Parnasse, en Grèce.

La Theophila, ainsi que ses voisines la Cymbalariæ et la Cyclopea, doit avoir un vol diurne.

Mon cabinet : un © et une © en bon état de conservation.

EÉupithecia Multiflorata, ML. (Species nova.) (PI. 71, fig. 8 à 13.)

CHENILLE.

Elle éclot dès la fin d'octobre ou le commencement de novembre , grossit lentement et n'est parvenue à son entier développement qu'en janvier et février ; cependant on trouve encore des individus tardifs jusqu’en mars. |

A sa sortie de l’œuf, cette chenille est d’un vert clair uniforme ; ce n'est qu'à sa seconde mue qu'elle prend les jolies couleurs qui la distinguent et qu’elle conservera jusqu’à sa transformation. Parve- nue à toute sa grosseur, elle est allongée, cylindrique, plissée, d’un

P

|

Eupithecix Multiflorata. 195 vert d'herbe avec la région dorsale d’un carminé vif, tendant à s'obs- eurcir sur les premiers anneaux. La ligne vasculaire, du second au douzième segment, est large, resserrée à chaque incision, carminée et finement liserée de blanc pur à droite et à gauche. La stigma- tale est large, blanche et légèrement ondulée. Le ventre est également vert; il est marqué, du quatrième au neuvième anneau, d’une ligne double, continue et blanchätre. La tête est petite, globuleuse, verte, avec les mandibules et ocelles d’un vineux obscur; le clapet anal existe, mais on le voit à peine ; les stigmates sont blancs et d’une pe- titesse extrème; les dix pattes verdâtres; les autres ont le dernier article légèrement carminé. Il existe de rares variétés de cette che- nille chez lesquelles la teinte carminée du dos est in par une couleur d’un jaune d’ocre vif.

Cette chenille est d’une lenteur extrême, et, au repos, d’une im- mobilité absolue; elle se tient pendant le jour fixée par les pattes anales aux branches de l’arbuste, légèrement recourbée, et par sa couleur se confond tellement avec les feuilles et les fleurs des Erica, qu'il faut la plus extrême attention pour la distinguer. Ce sont les E. multiflora (arborea) et scoparia qui la nourrissent. Elle est peut- être plus fréquente sur la seconde de ces Erica. Je fais observer que la Calluna vulgaris, mêlée aux deux précédents arbrisseaux, ne m'ont jamais donné la chenille de la Multiflorata que j'ai prise en cer- tain nombre aux environs de Cannes, sur toutes les collines chaude- ment exposées qui entourent la ville. On la rencontre aussi, mais de loin en loin, au bord de la mer, sur les rochers garnis de bruyères, et également à l’île Sainte-Marguerite.

Lorsque arrive en janvier et février l’époque de la transformation, cette petite chenille descend de l’Erica, se cache au pied parmi la mousse et forme une petite coque molle mais solidement tissée et à laquelle se mêlent certains détritus de végétaux; la transformation a lieu dans un temps relativement court.

La chrysalide, qui a la forme cylindrico-conique de toutes les espè- ces congénères que j'ai observées, rappelle par sa couleur celle

196 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

de la chenille. Elle est d’un vert pomme avec l’enveloppe des ailes et des anneaux d'un vert jaunâtre; de plus, la partie dorsale est mar- quée d’une large teinte carminée. Le dernier segment est faiblement carminé et la pointe est brune; celle-ci présente trois à quatre pe- tits crins droits très-courts. Les larves qui se sont métamorphosées dès la fin de janvier, ont donné l’insecte parfait à la mi-avril; l’éclo— sion a continué pendant cinq à six semaines, Ce petit lépidoptère éclot entre six et huit heures du matin et jamais à un autre moment du jour.

INSECTE PARFAIT.

Pour la coupe d’ailes et Le facies général, cette Phalène est voisine de plusieurs de ses congénères ; notamment de la Tenebrosata, H.-<S., Constrictata, Gn., Phaeniceata, Ramb. et Guinardaria, Bdv.; c’est peut-être de cette dernière espèce qu'elle se rapproche le plus ; elle est toutefois constamment plus petite et ses ailes supérieures et inférieures sont relativement plus étroites : de plus, la teinte de la Multiflorata est toujours plus sombre, les taches noires nervurales sont vivement écrites et les lignes transversales me semblent dispo- sées différemment que chez sa voisine. Voici au reste la description de la Multiflorata.

Cette Eupithecia est assez tranchée et ses dessins sont toujours nettement arrêtés.

Les ailes sont allongées ; les supérieures sont aiguës à l’apex, le fond est d’un brun de bois sur lequel les larges lignes transversales plus ou moins claires se détachent assez bien. La coudée, dont l’an- gle est bien formé, est limitée par une éclaircie qui, de même que les autres lignes, part de la côte. L'espace médian présente; en ou- tre, une tache blanche au centre, qui est quelquefois oblitérée, et cinq à six petits traits noirs nervuraux plus ou moins bien indiqués, et qui manquent parfois. Le point cellulaire est de grosseur médiocre, noir, ovale et ordinairement bien écrit. La ligne subterminale est très-fine,

Eupithecia Muitiflorata. 197 festonnée, claire et aboutit à un gros point blanc de forme anguleuse,

La frange est foncée et entrecoupée de brun. Les nervures sont in-

terrompues mais le plus souvent bien écrites. Les ailes inférieures sont d'un gris foncé, uniforme et obscur on distingue imparfaitement une ligne transverse et flexueuse et le point cellulaire n’est pas toujours visible. Les ailes sont en dessous très-obscures et le point ordinaire et les traits noirs qui précèdent la frange, sont cependant bien indiqués. Entre la tache cellulaire et la côte, on distingue pres- que toujours une éclaircie dont la largeur varie. Les antennes sont assez longues, grises en dessus, brunes en dessous ; les yeux gris foncé ; le thorax assez robuste et concolore; l'abdomen, qui participe de la couleur générale, est marqué sur les quatre anneaux du milieu d'une tache en forme d’O ; sur les flancs, de taches noires, et cela indépendamment des deux premiers anneaux plus foncés que les autres; les pattes, d'une longueur normale et grises ; enfin, l'abdomen est un peu relevé.

La © est semblable au ©”, mais elle est un peu plus grande. Les deux sexes se tiennent au repos les ailes inférieures entièrement ca- chées par les supérieures, ce qui ferait croire les quatre ailes plus étroites qu'elles ne le sont en réalité.

Cette Eupithecia ne varie pas d’une manière appréciable, cepen- dant quelques sujets se présentent avec une teinte généralement plus claire, plus grisâtre.

On ne rencontre que rarement dans la nature la Multiflorata à l'état d'insecte parfait volant dans le voisinage des Erica. Elle portera le 1421 bis, dans le Species général, et dans le Catalogue Stgr. le 691 bis.

Obs. N'ayant pas été à même de voir les Guinardaria Bdv. en nature, je dois avouer que je ne suis pas absolument certain que cette Eupithecia ne soit pas la même que ma Multiflorata.

198 CUEN!LLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Voici une troisième série d’Acidalia, mais ces Phalénites, par leurs mœurs, la forme de leurs chenilles et aussi par l’angle plus ou moins prononcé de leurs ailes inférieures, ne devraient-elles pas être sépa- rées des Acidalia proprement dites, et constituer un genre distinct ? Toutes les larves de ce groupe ont probablement une forme iden- tique et doivent se rapprocher des Pellonia de M. Guenée. Les quatre espèces de larves dont il va être question ont de grauds rapports avec les deux chenilles connues du genre Pellonia: celle de Ja Vibicaria et celle de la Calabraria.

Aeïidalir Emmutata ; L:

S. N. 264. Bork. 258. Haw. p. 352. Steph. HN, p. 308. Wood, 72, Gn. IX, p. 498. = Syloestrata, Hub. 97? Tr. I, p. 306 et Sup., p. 201. Frey. I, pl. 77, fig. 2, 5. Herr-Sch., p. 28, fig. 403, 105. Lah., 37 Stgr. Cat. 131.

(PI. 79, fig. 4 à 3.)

CHENILLE.

Des œufs de cette Acidalie ont été pondus le 10 août; ïls sont ovalaires, cannelés longitudinalement, jaunes, puis couleur de chair, et Striés de taches vineuses douze heures avant l’éclosion, qui est ar- rivée le 19 du même mois. La jeune larve est d’abord d’un. jaune verdâtre, et huit jours après, la région dorsale se colore d’une teinte foncée sur le milieu du corps. Cette chenille, qui passe l’hiver, n’a at- teint son entier développement que pendant le mois de mars ; elle est

alors allongée, cylindrique, légèrement carénée sur les côtés, avec la

Acidalia Immutata. 199 tôte petite, aplatieen devant. La couleur générale est l’argileux plus ou moins clair sur lequel la vasculaire se montre, à partir du quatrième anneau, sous forme d’un trait fin qui s'élargit insensiblement pour finir en pointe sur le onzième segment. Cette ligne, qui est d’abord d’un vineux obscur, se prononce jusqu’à devenir très-brune. Sur l'incision des 5°, 6°, et anneaux, on distingue une tache carrée, noire, marquée au centre d'un point blanc ; la sous-dorsale est fine et continue ; la stigmatale est un peu plus large que la précédente ligne, faiblement ondulée, claire, et contre elle sont appuyés les stig- mates noirs et visibles à l’œil nu. Le dessous est d’un blanc verdâtre avec une ligne large, continue, à peine indiquée. La tête est d’un vert jaunâtre avec les ocelles noirs et les mandibules vineuses. Les dix pattes sont concolores et les antérieures sont très-éloignées des ana- les, ainsi que chez les trois autres espèces qui feront le sujet de cette livraison.

La chenille de l’Immutata ne m'a pas semblé varier ; elle est très- rigide, et vit à découvert sur plusieurs espèces de plantes. Je l'ai nourrie avec les Chicoracées, les feuilles radicales de l’Arthemisia campestris et, en automne, avec la fleur du Thesium linophyllum. Pour se métamorphoser elle se comporte comme la plupart des che- nilles dont l’état léthargique ne doit avoir qu'une courte durée; sa coque est molle, à claire-voie et protége à peine la chrysalide qui, dans sa forme, n’a absolument rien de remarquable. L’éclosion de la Phalénilte a commencé le 9 avril et s’est continuée pendant dix ou douze jours.

INSECTE PARFAIT.

On le distingue toujours des espèces voisines par ses ailes inférieu- res moins anguleuses, par ses lignes transversales de couleur de rouille, parallèles et régulières, par le point noir central toujours visible aux quatre ailes en dessus et en dessous, et enfin par la tête, dont le fond est noir et le vertex blanc.

200 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS

Cette espèce, qui est une des plus communes genre, a deux gé- nérations ; celle du printemps m'a paru moins abondante que celle de l’automne.

L’Immutata vole en grand nombre dans les prés humides de nos environs; dans le Bugey, au centre et au nord de la France. Elle n’a jamais été signalée dans le Midi. Elle appartient aux fau- nes belges, anglaises et allemandes.

« C’est bien là, évidemment, l’Immutata de Linné et de Clerk qui la figure à ne pas s’y tromper. La description de Borkhausen, de Haworth, etc., sont aussi concluantes. Comment donc les auteurs modernes ont-ils méconnu une espèce aussi solidement établie ? » (Gn. IX, p. 498.)

Acidalia Caricaria.

Herr.-Sch. Sup. p. 134, fig. 553 et 854. Gn. IX, 861. Stgr. Cat. 129.

(PL. 72, fig. 7.)

C’est pendant le mois d’août que vole la seconde génération de celte Phalénite. Une 9 recueillie le 47, à pondu un certain nombre d'œufs qui sont éclos le 26 du même mois ; ces œufs sont sphériques, bleuâtres, puis passent au brun.

CHENILLE.

Lors de son éclosion elle est d’un blanc livide ; adulte, elle est lon gue, effilée, légèrement carénée sur les cîté:, plissée transversale- ment, à anneaux distincts, généralement d’un argileux clair avec les lignes assez bien indiquées. La vasculaire est fine, interrompue ; elle s’élargit sur les 7°, et segments et présente sur les incisions de ces mêmes anneaux une tache petite, rectangulaire et bleuâtre ; la

Acidalia Caricaria. 201 sous-dorsale est très-fine, brune, et repose sur une ligne plus large et plus elaire qui déborde de chaque côté ; la stigmatale est blanchâtre, mal indiquée, large et continue ; elle est limitée par les stigmates qui s’appuyent au bord supérieur ; ces organes de la respiration, invisi- sibles à l’œil nu; sont blancs, ronds et cerclés de noir. Le ventre est d’un gris foncé ; on y distingue à peine une double ligne claire , fine et continue. La tête est petite, aplatie en avant et brune; les dix pattes concolores ; les trapézoïdaux sont à peine visibles; les autres points et les poils courts et bruns, ne le sont pas sans le secours de la loupe.

Cette chenille, ainsi que la précédente, est très-rigide, vit à décou- vert et varie en gris et gris bleuâtre, mais alors les lignes sont moins distinctes. Elle est polyphage; je l'ai nourrie plus spéciale- ment avec les feuilles de la Centaurea jacea, et, en hiver, avec celles des Artemisia vulgaris et campestris. Quelques-unes de mes larves étaient parvenues à leur entier développement au commence- ment de novembre, mais le plus grand nombre ne l’a atteint qu'en mars de l’année suivante. C’est à cette dernière époque qu'arrive la transformation de la chenille. Pour se métamorphoser elle forme une coque solidement construite dans la composition de laquelle il entre de la mousse, des grains de sable liés au moyen d’une soie brune. La chrysalide qu’elle renferme est d’un jaune clair lavé de verdâtre avec les anneaux rouge acajou et l'enveloppe tellement diaphane qu’on aperçoit distinctement les dessins des ailes lorsque celles-ci sont formées. La tête et la pointe anale sont brunes; cette dernière présente un double crochet allongé et recourbé en dehors. La che- nille reste à peine un mois en chrysalide.

INSECTE PARFAIT. La Caricaria, dont la découverte n’est pas très-ancienne, est voi-

sine, mais cependant distincte de l'?mmutata. Les ailes plus obtuses sont un peu moins grandes. Sur un fond très-blanc on voit à la

202 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,

côte et sur les bords un semé de très-fins atomes bruns; les lignes argileuses, dont quatre aux supérieures et trois aux inférieures, sont diagonales et flexueuses. Ce qui distingue invariablement cette espèce de sa voisine, est l'absence constante du point cellulaire aux premières ailes, alors qu'il est toujours bien écrit aux secondes. Les cils des antennes sont plus longs que chez l’Immutata; de plus ils sont doubles; la tête est noire ainsi que les yeux ; le vertex est blanc.

Cette espèce, qui éclot en mai ou dans les premiers jours de juin, semble appartenir aux régions montagneuses. Je l’ai prise abondamment en septembre au pied du Mont-du-Chat (Haute-Sa- voie), dans un pré humide parmi les grandes herbes; mais c’est en vain que je l’ai cherchée en juillet dans les vallons frais des envi- rons de Plombières (Vosges), elle doit exister : il devait être à celte époque trop tard et trop tôt, la seconde génération ne paraissant qu'en août.

L’Acid. Caricaria fait partie de la faune de l’Oberland (Suisse), M. de La Harpe l’a recueillie dans les marais, volant parmi les jones. (Faune des lépidoptères suisses. Sup. p. 10.) M. Guenée l’a rencontrée dans les prairies des Pyrénées pendant la première quin- zaine de juin. La Caricaria est jusqu’à ce jour assez peu répandue dans les collections ; cela tient sans doute à ce qu’elle a été confondue avec l’Zmmutata; ses habitat sont d’ailleurs circonscrits et peu nombreux.

Acidalia Emitaria.

Hub. 31.— Tr. IL, p. 24. Dup. IV, p. 229, pl. 448, fig. 4. Step. IL, p. 318.— Bdv. 1912. Herr.-Sch. p. 27. Gn. IX, p. 508. Stegr. Cat. 138.

(PI. 72, fig. 8 à 11.)

À la vue de la chenille de cette espèce, on penserait avoir sous les yeux celle d'une Pellonia. Sa forme, en effet, est à peu de chose

rs

Acidalia Imitaria. 203 près celle des larves de la Vibicaria, L. et de la Calabraria Hb. ? Si, par suite de la connaissance de ses premiers états, on reconnaît que l’Zmitaria n’est pas à sa véritable place, les classificateurs futurs l’enlèveront du genre Acidalia dans lequel on l'a toujours comprise; pour moi, je me contenterai de dire ce que j'ai pu observer des mœurs de cette espèce.

CHENILLE.

Ainsi que celle de sa congénère la Vibicaria, la chenille de l’Zmi- taria est très-longue et filiforme, finement plissée transversale- ment, cylindrique, mais un peu plus épaisse à partir des trois der- niers anneaux, nullement aplatie en dessous et non carénée latérale- ment. La tête est petite, arrondie sur les bords, un peu déprimée en avant, pointillée et éclairée de deux traits blanchâtres qui, partant du front, descendent à la hauteur des ocelles. Le type est d’un jau- nâtre isabelle, sans dessins, si ce n’est une fine vasculaire géminée, droite, continue, brune et ombrée de chaque côté ; le ventre est plus foncé, mais il ne présente pas de lignes. Les stigmates, complètement noirs, paraissent reposer sur une caroncule très-plissée, invisible à l'œil nu. Les pattes sont concolores, fort espacées ; les postérieures, relativement robustes, sont tachées de noir extérieurement ; le clapet anal est fort petit.

Cette chenille varie beaucoup : il est des individus d’un jaune ver-

-dâtre, d’autres d’un gris bleuâtre ; certains sujets sont marqués sur

les flancs, du au segment, d’une grosse tache brune, en forme d'étoile distinctement écrite ; cependant la plupart se présentent jus- qu’à leur troisième mue inelusivement avec une livrée chamarrée, bien différente de ce qu’elle sera après la quatrième. En effet, sur un fond plus ou moins clair, on voit de grandes taches brunes dorsales et stigmatales, avec une large vasculaire et deux sous-dorsales de même couleur, et enfin tout le ventre est d’un brun plus ou moins en- fumé. Ces diverses taches donnent à la chenille un aspect tellement

204% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

différent de celui qu'elle aura plus tard, qu'il faut avoir élevé sépa- rément les larves en nombre, ainsi que je l’ai fait souvent, pour être bien sûr que toutes appartiennent à la même espèce. Cependant À ses divers âges cette chenille conserve invariablement son aspect fili- forme et cylindrique, sa pose en demi-cercle plus ou moins con- tourné et sa parfaite immobilité pendant plusieurs heures ; ee qui la fait confondre avec des tiges de plantes desséchées. Toutefois, au moindre contact, elle se roule sur elle-même, se pelotonne, se laisse tomber à terre, demeure ainsi confondue parmi les débris de végé- taux et, de cette façon, échappe le plus souvent à ses ennemis.

Cette espèce qui a deux, trois et peut-être quatre générations et qui, de septembre ou octobre, reste à l'état de chenille jusqu'en mars, vit sur plusieurs espèces d’arbrisseaux et sous-arbrisseaux. Je l’ai rencontrée sur les Rubus, Artemisia, Rubia, Erica. et les Galium sous-ligneux. Aux environs de Cannes, c’est le Lotus angustissimus qui la nourrit le plus ordinairement. En hiver on la trouve sous les feuilles de cet élégant sous-arbrisseau qui orne de ses longues tiges étalées ou pendantes les rochers des bords de la mer aux expositions les plus chaudes.

L'époque de la transformation de l’Imitaria est très-variable ; lorsque le printemps doit être précoce, la chrysalidation dans le Midi arrive dès les premiers jours de février ; cependant aux environs de Lyon, l’espèce est des plus abondantes, la transforma- tion n'a pas lieu avant la fin de mars ou les premiers jours d'avril. C'est au pied de la plante ou parmi les petits rameaux qu'elle se transforme après avoir formé une très-légère coque. En Provence , l’éclosion arrive en mars, et quelquefois plus tôt; en effet, le 27 février j'ai trouvé appliquée contre un rocher une Zmitaria ® fraichement éclose.

Acidalia Imitaria. 205

INSECTE PARFAIT.

Cette jolie Phalénite placée dans le groupe V de M. Guenée, que ce savant rapporte au genre Calothysanis, Hb., occupe le milieu de ce groupe composé de douze espèces, dont trois européennes seulement. J'ai dit au commencement de cet article les raisons qui me font croire que l’Imitaria sera un jour déplacée, et rapprochée des Pellonia.

Il est bien clair que les individus à fond blanc isabelle avec large bande médiane brun rougeàtre, représentent le type et que les sujets d’un roux plus ou moins brunâtre n’en sont qu’une constante variété. Celle-ci, bien que fréquente, ne se retrouve cependant pas partout vole l’Imitaria ordinaire. Type et variété sont communs aux envi- rons de notre ville : ils se rencontrent dans les bois herbus, les haies fourrées, les jardins ombreux, les parcs, celui de la Tête-d'Or entre autres. Les sujets provenant de l'Ariège sont grands et ont une coupe d’ailes très-allongée, différente de celle du type : serait-ce une espèce distincte ? Cependant les dessins de cette race pyrénéenne sont les mêmes que ceux des individus ordinaires.

Les Imitaria des environs de Nice et de Cannes sont généralement d’une teinte plus sombre que celles du centre de la France, et leurs chenilles au troisième âge sont peu chamarrées de dessins bruns. Bien que cette Acidalia soit considérée comme espèce méridionale , elle n’est pas rare en Bourgogne et en Franche-Comté ; elle est « commune en Angleterre. » Gn. p. 508. L'’Imitaria a été signalée en Italie, en Hongrie, en Dalmatie, en Espagne et en Belgique.

266 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, .

Acidalia Depurmetnata (PUNCTATA).

Scop. 343. Villers, IE, p. 362. Bork. 246. Dup. pl. 177, fig. 3.— Bdv. 1838.— Gn. IX, p. 500. Stgr. 128.— Subpunciaria, Herr.-Sch., p. 23, fig. 311, 313. Cerusaria, Lah.. p. 38.

(PI. 72, fig. 12 à 45.)

La chenille de cette Acidalia, dont la forme et les mœurs sont à peu près celles des trois précédentes espèces qui caractérisent le groupe U de M. Guenée, présente une particularité qui n'est pas sans intérêt: cette chenille ne parait qu’une fois par an, son insecte parfait n'ayant qu’une seule génération ainsi qu'il sera possible d’en juger.

CHENILLE.

Elle est éclose neuf jours après que l'œuf a été pondu, c’est-à-dire le 5 août. Sa croissance s'opère très-lentement ; en effet, dans les premiers jours de novembre elle était encore fort petite puisqu'elle mesurait à peine 2 millimètres ; cependant à partir du quinze au vingt du même mois jusqu’à la fin de janvier, cette chenille qui a été élevée dans l'appartement, n’a rien mangé, bien que des feuilles frai- ches ne lui aient jamais manqué ; aussi ce jeüne absolu l’avait-il fait beaucoup maigrir, à tel point que je la croyais desséchée et morte. A peine les premiers beaux jours de février ont-ils paru qu'elle se re mettait à manger et, vers la fin d'avril, elle était parvenue à son en- tier développement. A cette époque, cette larve est très-allongée, fili- forme, atténuée antérieurement, très-plissée, carénée sur les côtés , généralement d’un blanc jaunâtre lavé de carné sur les premiers an- neaux. La ligne vasculaire est large à partir du septième anneau, brune et continue ; la sous-dorsale est fine, à peine distincte ; la stig-

L |

Acidalia Depunrctata. 207 mätale, placée sur la carène, est large, continue, faiblement ondulée et blanchâtre ; la partie dorsale laisse voir sur les anneaux du milieu un dessin brun en forme de fer-à-cheval allongé. Le ventre, dont le fond est blanchâtre, est marqué de cinq lignes fines et droites : celle du milieu présente sur chaque segment un losange allongé et brun. La tête est petite, carrée, concolore, aplatie en avant, pointillée, pré- séntant au centre un delta bien écrit en clair. Une forte loupe per- met de distinguer les stigmates, qui sont blancs et cerclés de noir.

J'ai nourri cette larve, qui demeure sans cesse à découvert, avec la fleur du Mélilot (Melilotus off.) et, à partir de février, avec les feuilles et les fleurs de l’Hippocrepis comosa. |

Vers la fin de mai, mes chenilles de la Depunctata se sont réunies sous une couche commune de mousse et ont formé rapidement leurs cocons qu’elles ont placés les uns à côté des autres ; très-peu de jours après, la transformation a eu lieu. La chrysalide est pleine, médiocrement allongée, d’un vert jaunâtre , luisante et très-vive. L’éclosion de l’insecte, qui a toujours lieu le matin entre sept et huit heures, est arrivée dès les premiers jours de juin et s’est prolon- gée pendant environ vingt jours.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",030 à 0",032.

Les ailes, qui sont très-blanches, sont traversées par les lignes ar- gileuses ordinaires : trois aux antérieures et deux aux postérieures. Je ne parle pas de deux ombres ou lignes indécises qui suivent la coudée. Le blanc parfait des ailes est sali principalement chez la @ par un plus ou moins grand nombre d’atomes noirs répandus surtout à la côte, sur les lignes et à la base des ailes inférieures. Chez tous les sujets que j’ai vus, on distingue le point cellulaire, et les points terminaux aux quatre ailes placés avant la frange. Il paraît cependant que ces derniers points manquent souvent aux inférieures (Gn., p. 501).

208 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Notre compatriote de Villers prenait cette Acidalie dans les envi- rons. Elle n’est en réalité pas très-rare dans les bois humides de Roche:ardon, je l’ai réncontrée quelquefois, mais jamais ailleurs. Elle se tient appliquée au revers d'une feuille.

Je l’ai capturée, en compagnie de feu Bruand d’Uzelle, dans les buissons des petites collines aux portes d’Aix-les-Bains.

La Punctata, qui n’est pas très-répandue dans les collections, est considérée comme habitante de la France méridionale, de la Suisse et de l’Autriche.

Depressaria Feruliphila. 209

Une plante commune sur quelques points de la Provence, la Fe- rula nodiflora, L., nourrit à ma connaissance trois espèces de De- pressaria, dont deux nouvelles. En faisant connaître ces deux Depres- saria inédites de la Ferule, je figurerai en même temps la chenille de la D. Ferulae, Zell. qui ne l'a pas encore été, et je dirai ce que J'ai appris de ses mœurs.

Depressaria Feruliphila, Mii:. (Species nova. ) (PI. 73, fig. 1 à 3.)

CHENILLE.

Elle est fusiforme, à anneaux distincts, d’un vert clair franc, avec les lignes ordinaires larges, continues, mais imparfaitement écrites. Ce n’est pas sans peine qu’on distingue à l’aide d’une bonne loupe les organes de la respiration, d’une grandeur normale cependant , mais mal indiqués. La tête est cordiforme, d’un noir de jais et très-luisante; le premier segment, qui est écailleux, a cela de remar- quable que la partie cornée de cet anneau présente deux couleurs distinctes ; la première moitié est jaunâtre et la seconde est d’un noir luisant aussi intense que la tête. Le dernier segment, qui m’a paru faiblement corné, est jaunâtre. Les pattes antérieures sont testacées avec le dernier article noir et luisant ; les dix autres pattes sont uni- colores et la couronne est jaunâtre ; les trapézoïdaux sont bruns et les points pilifères sont d’un noir foncé; ils donnent naissance à des poils fins, courts et blanchâtres.

La chenille de cette nouvelle Depressaria vit sur la Ferula nodi- flora dont elle lie les feuilles tenues, pour former une galerie ou- verte aux extrémités, et d’où elle s'échappe très-prestement au moin-

210 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

äre danger qui la menace en se laissant glisser à terre au moyen d’un fil de soie ; autrement elle ne quitte sa retraite que la nuit pour ronger les feuilles déliées de la grande ombelle. Cette espèce est beaucoup moins répandue que ses deux congénères les Depressaria Ferulæ et Nodiflorella dont je parlerai bientôt. Ce n’est qu’à la fin d'avril qu'on doit chercher la chenille de Feruliphila. Elle se transforme parmi les débris de végétaux et l’éclosion du lépidoptère arrive vers la fin de mai ou les premiers jours de juin.

INSECTE PARFAIT.

Il est de la taille des grands exemplaires de la Characterella, S.N. Dup. Tr. IE, p. 127, pl. 290 ( Ocellana, F., Steph. ), à laquelle cette Depressaria nouvelle ressemble, mais dont elle se distingue ce- pendant, ainsi qu’on pourra en juger par la description que j’en ferai.

Lorsqu'on connaît les mœurs de la chenille de la Characterella, on ne peut admettre que la Feruliphila n’en soit qu’une variété; en effet, suivant Duponchel, p. 428, la chenille de la Characterella est lavée de couleur de chair sur le dos et elle a l’écusson et la tête d’un vert clair ; de plus, cette dernière est tachée de rose. Le même auteur ajoute : « La chenille de la Characterella vit sur le bouleau, ap- partient au département du Nord et éclot en octobre. » La chenille de la Feruliphila vit, je l'ai dit, sur la Ferula nodiflora, plante herbacée des bords de la Méditerranée, et éclot à la fin de mai.

La D. Feruliphila mesure 0,035 d'envergure environ ; elle rap- pelle assez pour la taille, la teinte générale et la disposition des ta- ches, la Characterella. Les ailes supérieures sont allongée, étroites, rectangulaires, d’un grisâtre chaud avec reflets carnés sur toute leur surface, marquées de quelques atomes noirs à l'extrémité, de plu- sieurs taches de même couleur appuyées à la côte, dont trois principa- les, des deux ou trois taches noires ordinaires centrales. et d’une rangée de sept petits points subterminaux également noirs et

bien nets. En outre, les supérieures présentent à la base deux

ss

Lycinea Argus. 211 points bruns sous forme de petite ligne transverse ; les franges sont longues et concolores. Les ailes inférieures sont allongées, élargies à l’angle abdominal, blanchâtres, luisantes, avec une teinte brune au bord. Les nervures sont fines et bien indiquées en brun ; les franges sont longues, soyeuses, luisantes et blanchä- tres. En dessous les supérieures sont uniformément d'un fuligineux pâle avec les franges et la côte lavées de jaunâtre ; les inférieures ressemblent au dessus. Les palpes, dont la pointe se dirige en haut, ont les deux premiers articles très-velus ; le dernier est tout-à-fait dénudé; ces palpes sont d’un gris carné ; les antennes médiocre- ment longues, moniliformes et grisâtres ; le front est gris carné; le thorax rappelle la couleur des premières ailes ; l'abdomen est crêté sur les flancs, gris et carné à l’extrémité ; les pattes sont très-lon- gues, velues, concolores et munies aux inférieures de trois tarses , dont deux au second article.

La femelle est semblable au mâle.

La Dep. Feruliphila ne doit avoir qu'une seule génération.

Après avoir rencontré une première fois cette espèce dans les ter— rains rocheux des environs d’Hyères (Var), j’espérais la reprendre à l'île Sainte-Marguerite, près de Cannes, abonde la Ferula nodi- flora; c’est en vain que je l'y ai cherchée à plusieurs époques, sur tous les points de l’île.

Variété du Lycaena Argus ©, L.

Fab. Ochs. Hb. Bdy. De Vill. et Gn. Stgr. L'Argus bleu, Engr.

(PI. 73, fig. 4 et 5.)

Cette aberration $ qui est de grande taille, diffère du type : par la teinte bleue de la base des ailes, plus étendue, principale- ment aux inférieures ; par l’absence des lunules fauves, en dessus

242 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDMTS. et en dessous; par la couleur gris de perle des quatre ailes en dessous, lavées de vert bleuâtre à la base; par la présence, aux inférieures,, également en dessous, d’une série de lunules sagittées d’un vert métallique éclatant, bordées antérieurement par des che- yrons noirs surmontés eux-mêmes d’un liseré blanc mat.

Cette remarquable variété accidentelle n’a point encore été signa- lée : elle provient des Alpes provençales.

Collection Donzel : deux exemplaires identiqnes.

Depressaria Ferulae, ZELL. Is. 1847, Ann. Soc. Stett.— Herr.-Sch., fig. 437.— Stgr. Cat.1482.

(PL, fig. 6.et 7.)

CHENILLE.

Elle est effilée, fusiforme, d’un .verdâtre clair sur lequel se déta- chent en vert plus foncé la ligne vasculaire et les deux sous-dorsales, qui sont larges et continues. La tête est jaunâtre avec les ocelles bruns. Le premier anneau est muni d'une plaque écailleuse qui ap- puie un de ses côtés sur l’incision ; les deuxième et troisième seg- ments ont, en outre des trapézoïdaux, une couronne de points noirs très-petits, donnant naissance à autant de poils courts, bruns, invi- sibles à l’œil nu; le dernier anneau est au:si muni d’une plaque cornée, marquée de deux traits foncés longitudinaux. Les stigmates sont relativement gros et noirs ; le ventre est d’un’vert bleuâtre et les seize pattes sont concolores.

La chenille, qui viten février et en mars, doit éclore en janvier; peu après que la férule a commencé à se développer. Adulte, cette larve ronge les feuilles de la plante, mais ce dommage est insignifiant, comparé au préjudice qu’elle lui cause alors qu’elle est plus jeune, en pratiquant à la base de cette grande ombelle des morsures qui dé-

tue.

Dep'essuria Ferulae. 213 termirent un abondant suintement (1) arrêteent sa croissance et sou— vent la font périr prématurément. Ce n'est qu’à la fin de mars ou au commencement d'avril que cette larve, vive et frétillante, est parve- nue à toute sa grosseur. Pour se transformer elle se retire le plus

souvent au pied de la plante; cependant elle se métamorphose quel-

quefois dans les feuilles réunies en paquet. La chrysalide est médio- crement allongée, d’un brun rougeâtre avec l'extrémité anale obtuse et sans crochets. La gaïîne des ailes, qui descend assez bas, est proé- minente. Le petit lépidoptère commence à éclore à la fin d’avril.

INSECTE PARFAIT.

Cette espèce, qui mesure environ 0°,022 est très-tranchée; c’est assurément une des plus remarquables du genre. Les ailes supérieu- res sont d’un brun chocolat un peu plus accusé à la partie qui pré- cède la tache claire de la base, la couleur de cette tache d’un jaune argileux, est celle du thorax ; les trois points du centre de l’aile sont blanchâtres et cerclés de noir. La frange, qui est médiocrement large, n’est ni précédée ni accompagnée de points nervuraux. Cette Depres- saria ne doit avoir, ainsi que la Feruliphila, qu'une génération. On la trouve sur les rochers des environs de la ville d'Hyères (Var), par- tout croit la férule ; gros-fenou, en langue provençale.

Je n’ai pas retrouvé la chenille de la Ferulae à l’île Sainte-Margue- rite, dont quelques parties rocheuses sont littéralement infesté?s de ceite Ferula nodiflora.

Obs. Bien que Cannes ne soit placée qu’à une très-faible distance des îles Lérins, je n’ai pu, dans un assez vaste rayon , autour de la ville, rencontrer cette grande ombelle.

{) Ce suce de la plante, en se solidifiant au contact de l'air, passe, d'incolore qu'il est, au brun noirâtre et devient une substance analogue à certaines gommes- résines, laquelle, au dire des gens du pays, serait employée dans les arts.

214 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDLES .

Hepressarina Nodifiorellz, Mi. (Species nova.)

(PL 73, fig. 8 à 11.)

CHENILLE.

Elle se distingue de celle de sa congénère la Feruliphila, dont elle a les mœurs, par la taille qui est plus petite de moitié, par la couleur de la tête et par celle du premier anneau qui ne sont pas noirs ; elle paraît d’ailleurs vingt à vingt jours plus tôt.

Jeune, la chenille de la Nodiflorella ronge le parenchyme de la plante qui enveloppe et protège la fleur naissante; elle attaque aussi cette dernière alors qu'elle est à l’état rudimentaire. À cette époque la petite larve est d’un vert glauque ; elle file déjà une soie fine et blan- “che et y demeure fixée pendant le jour ; ce n’est qu'après la troisième mue que sa couleur s’éclaireit et qu’elle lie les feuilles ténues de la férule; elle pratique par ce moyen une galerie tapissée intérieurement de soie, qu’elle agrandit à mesure qu’elle se développe. Adulte, cette larve est fusiforme, d’un vert pomme, et les lignes, bien que très-visi- bles sont moins bien indiquées qu’elles ne l’étaient précédemment. La vasculaire et la sous-dorsale se prolongent sans interruption du second au onzième anneau ; si la ligne sous-dorsale est très-large, la stigmatale n’existe pas. Le ventre est d’un vert clair ou vert bleuâtre. La tête est 2lobuleuse, coupée droit du côté de l’incision, d’un jau- nâtre testacé avec les ocelles et les mandibules colorés en brun. Le premier anneau est protégé par un écusson jaunâtre, luisant et limité à droite et à gauche par un trait noir qui n’arrive pas jusqu’à la tête ; les st gmates sont blancs et cerclés de noir ; les pattes unicolores ; les trapézoïdaux et autres points bien indiqués en brun et surmontés de poils courts et foncés.

«#B

Depressarit Nodiflorella. 215 Cette chenille, qui paraît un peu plus tard que celle de la D. Fe- rulae, mais un peu plus tôt, je l’ai dit, que celle de la Feruliphila, n'a atteint son entier développement qu’au milieu d'avril; cependnt les plus hâtives de ces larves sont parvenues à toute leur grosseur dès la fin de mars. Elle demeure sur la plante et se cache dans l'espèce de fourreau dont il a été question, formé avec plusieurs feuilles réunies et liées par de nombreux fils de soie très-blanche. Ce fourreau est ou- vert au deux extrémités, et l’animal qui l’habite s’en échappe facile- ment lorsqu'il est inquiété. Cette espèce, qui est la plus abondante des trois Depressaria dont je viens de parler, n’attaque jamais la base de la plante, ainsi que le fait la chenille de la Ferulae, et je n’ai jamais remarqué qu’elle se métamorphosât dans les feuilles, mais toujours au pied de l’ombelle, parmi les débris de végétaux. La chry- salide est allongée et sans crochets à la pointe anale. L’insecte com- mence à éclore vers les premiers jours de mai ; il n’a vraisemblable- ment qu'une seule génération.

INSECTE PARFAIT.

Le type est d’un bon tiers plus petit que la Ferulae, Z. : il paraîtêtre de la taille de la D. Rotundella, Dougl., dont elle diffère par la coupe relativement plus allongée, les ailes supérieures d’un argileux plus prononcé, l'angle anal des inférieures plus accusé, les palpes moins longs, etc. Voici au reste sa description :

Envergure : 0”,017. Les ailes supérieures sont allongées, pres- que rectangulaires, d’un argileux plus ou moins obscur, salies d'om- bres brunâtres formées par la réunion de très-fins atomes foncés et de rayons bruns qui, précédant la frange, s’avancent jusqu’au tiers de l’aile. On voit, en outre, plusieurs points noirs ainsi disposés : deux au centre assez espacés l’un de l’autre, un à la base plus gros que les précédents, et enfin une ligne de points subterminaux placés en- tre la frange, qui est unicolore, et les rayons précités. Les ailes infé- rieures sont faiblement enfumées et s’éclaircissent à la base, En des-

216 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDMS. sous, les supérieures sont uniformément d’un brunâtre clair et lui- sant ; les inférieures sont semblables au dessus. Les antennes sont brunes, les yeux noirs; le thorax, la tête, les palpes sont de la cou- leur des supérieures. L’abdomen est très-aplati et brunâtre avec l'extrémité garnie de poils argileux.

La femelle est plus petite et un peu plus enfumée que le mâle.

L'espèce ne varie pas.

J'ai élevé en très-grand nombre cette Depressaria aussi commune à l’île Sainte-Marguerite, près de Cannes, qu’elle est abondante sur les rochers qui avoisinent le ville d’Hyères, lieux croit spon- tanément la Ferula nodiflora.

Hibernia Ankerarin,

Stgr., Stett. e. Z. 1861. Cat. 234.

(PI. 74, fig. 1.)

Cette Phalénite récemment découverte n’a été figurée nulle part ; ele a cependant été décrite dans les Annales de la Société entomolo— gique de Stetlin.

Elle est de la taille de la Progemmaria, et trouve sa place entre celle-ci et la Defoliaria. Les ailes sont grandes, minces, à peine recou- vertes d’écailles ; les supérieures, d’un brun clair, couleur de feuille forte, sont transversées par deux lignes, l’extrabasilaire et la coudée, brunes, étroites et continues : la première est presque droite, la seconde présente un coude arrondi très-saillant. Le point cellulaire, placé au niilieu de l’espace médian, est ovale, grand et de la couleur des bandes. Les inférieures sont blanches, très-faiblement maculées de gris brun au bord subterminal avec la frange longue et la tache cellulaire à peine différente. En dessous les quatre ailes sont d’un grisètre foncé et la tache ordinaire est mieux indiquée qu'en dessus. . Les antennes sont concolores, atteignent à peine la moitié de la

Aspilutes Citraria. 217 longueur de l'aile et sont faiblement pectinées de chaque côté. Les yeux sont gris; le thorax, proportionnellement grêle, et l'abdomen sent de la couleur des ailes supérieures.

La femelle d’Ankeraria n’est pas connue et on ne sait rien de sa chenille.

Cette Hibernia, qui a été découverte en Hongrie, est encore une grande rareté. Elle sera indiquée sous le 1326 bis dans le Species général.

Mon cabinet.

Aspilates Citraria.

Hb. fig. 212. Tr. I, p. 139. Dup. V, p. 116, pl. 178, fig. 4, 5. —Bdv. 1491.—H.-S., p. 94. Gn. 1220.— Stgr. 396 = Gilva- ria var. Esp., pl. 54, fig. 5.

(PL. 74, fig. 2 à 5.)

Bien que tout-à-fait ignorée de l’auteur du Species, cette chenille inédite assure, par ses caractères spécifiques, la place qu'occupe l'insecte parfait parmi les Aspilates. Ce que dit ce savant des larves connues du genre, s’applique à celle de la Citraria.

La chenille, qu'on trouve au printemps, a passé l’hiver; elle est éclose depuis le mois de septembre et n’est parvenue à tout son déve- loppement qu’à la fin demars. Pendant le premier âge, on la voit, à la taille près, ce qu’elle sera adulte. Sous ce dernier état elle est allon- gée, cylindrique, faiblement carénée latéralement, un peu renflée sur les 8°, et 10° anneaux ; à seconde paire de trapézoïdaux plus sail- lante que la première et cela du au 9°; cette saillie est surtout sen— sible sur les et segments. Le fond est d’un grisâtre argileux lavé de roussâtre par grandes places et les lignes ordinaires sont bien indiquées. La vasculaire est fine, interrompue, brune; cependant comme il arrive que le dos prend parfois une teinte plus ou

218 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES [NÉDITS.

moins foncée, la ligne vasculaire disparaît alors. La sous-dorsale est double, géminée, continue dans toute l’étendue de la chenille; la stigmatale, qui est d’une largeur moyenne, est blanchâtre et limitée par les stigmates, qui sont un peu jaunâtres et entourés d’un double cercle brun. Le ventre est marqué d’une ligne noire, interrompue et seulement indiquée sur la première moitié de chaque segment du au 9°. La tôte est lenticulaire, concolore et les lignes stigmatales et sous-dorsales sont indiquées jusqu’à la hauteur des ocelles ; les pat- tes sont tachées de noir perpendiculairement. Les trapézoïdaux sont quelquefois concolores, et quelquefois très-foncés.

Cette arpenteuse varie en brun, et de loin en loin on remarque cer- tains sujets dont le fond est clair, sans lignes et entièrement recou- verts de points bruns régulièrement placés.

La chenille de la Citraria, qui vit à découvert sur une foule de plan- tes basses et sous-ligneuses, est lente à grossir. C’est principalement sur les Scabiosa, les Lotus et certaines Crucifères que, dans les gar- rigues d’Hyères, ceux de Cannes et des iles Lerins, je l’ai rencontrée maintes fois vers la fin de mars et le commencement d'avril. La chenille, pour se métamorphoser , forme une coque à claire-voie mêlée de brins de mousse. La chrysalide est placée horizontalement et retenue par la pointe; elle est allongée, à anneaux abdominaux carénés et noirs au sommet, à fond terreux tout chargé de rayures noires indiquant le contour des ailes, des antennes, de la trompe, ete. L’éclosion a lieu vérs la fin d'avril.

INSECTE PARAIT.

Le tÿpe en Provence serait d’un jaune d'’ocre, cesendant on ren- contre un certain nombre de sujets qui varient depuis le jaune sou fre. La femelle, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’est pas plus rare que le mâle ; c’est ce dont j'ai pu m’assurer par l’éducation de l’espèce obtenue ex larva ; mais comme cette femelle vole très-peu, on la rencontre bien moins souvent que l'autre sexe, Au plus léger

Noctua Leucogaster. 219

bruit, la Citraria & quitte pendant le jour son lieu de repos. Son vol est rapide, mais court. L'espèce est fort abondante en Provence, mais elle l’est beaucoup moins autour de Lyon; c'est sa congénère la Gilvaria qui la remplace dans notre département. Cette Gilvaria. très-fréquente presque partout en France, n'existe pas, je crois, sur le littoral de la Méditerranée. La Cütraria qui appartient aussi à l'Angleterre, la Corse, la Sicile, l'Espagne, etc., a denx générations : la seconde éclosion a lieu en août et septembre.

Noctun Leucogaster.

Frey. I, pl. 21.— Tr. X, p. 37. Bdv. pl. 83. Dup. sup. IE, p. 222, pl. 20. H.-$. fig. 4. Gn. V, p. 327. Stgr. Cat. 108.

(PI. 74, fig. 6 à 8.)

CHENILLE.

Cette larve méridionale doit éclore en décembre : ce qui me le ferait penser, c’est qu'étant fort petite encore vers le milieu de janvier, elle a atteint son entier développement dès le 10 ou le 15 février. Lors de ses seconde et troisième mues, les lignes dont elle est ornée sont beaucoup plus vives qu'elles ne le seront à son état adulte. Parvenue à tout son développement cette chenille est médiocrement allongée, épaisse, rase, et serait tout-à-fait cylindrique si elle n’était un peu renflée sur les derniers anneaux; de plus, le onzième sement est relevé en petite carène transversale qui incline faiblement en arrière. Le fond est d’un brun verdâtre mal décidé qui varie et passe souvent au jaune cannelle foncé. Les lignes ordinaires sont visibles surtout la stigmatale, qui est large, continue, d’un jaune de Naples assez vif, striée de rouge orangé au bord supérieur et finement liserée de clair en dessus. Les vasculaire et sous-dorsale sont fines, blanchà- tres, ombrées de chaque côté ; la première de ces lignes est in-

220 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

terrompue par une tache foncée sur l’incision dés anneaux du milieu. Les stiomates sont blancs, ovales, cerclés de noir, teinte qui s’élargit en se fondant. Le reste du’corps, vu à la loupe, paraît finement strié de brun. Le ventre participe de la couleur du dos et des flancs. La tête est d’un jaune un peu rougeâtre, luisante, largement striée de brun, avec les deux croissants noirs opposés bien écrits. Les seize pattes sont concolores : les ventrales, qui sont plus largement striées de brun extérieurement, ont la couronne foncée. Enfin, les trapé- zoïdaux sont petits, noirs et accompagnés d’une éclaircie blanchâtre du côté de la sous-dorsale.

Cette chenille, qui n'avait point encore été observée, m’a paru rare aux environs de Cannes. Je ne l’ai rencontrée qu'en un seul lieu, à deux kilomètres de la ville, entre la route d'Antibes et la mer, cachée sous des touffes éfalées ou pendantes du Lotus angustissi- mus? L., plante sous-ligneuse des bords de la mer et dont la chenille ronge les feuilles persistantes, petites et charnues. Elle ne doit cependant pas vivre uniquement sur le Lotus angustissimus, car à défaut de cette plante, je l’ai nourrie avec les feuilles de plu- sieurs Chicoracées.

C’est au pied du Lotus, parmi les petites branches et les feuilles sèches que la chenille de cette Noctua construit une légère coque la chrysalide est rapidement formée. Elle est de forme ordinaire, d'un brun rougeûtre, luisante, à anneaux abdominaux mobiles et dont le dernier finit en pointe courte. Dès la mi-avril les quelques chrysalides que j'avais obtenues sont écloses et ont donné des Leu-— cogaster ©" et $ grands et bien développés.

INSECTE PARFAIT.

Cette jolie Noctuélite est, on le sait, très-voisine de la Plecta; ce doit ètre en effel à cause de son extrème ressemblance avec cette espèce congénère, qu'elle est peu recherchée par les collectionneurs. Au

Chionobas Aëllo. 221 reste jusqu'à ce jour notre faune française ne l’a signalée que dans la Provence elle est, je le crois, assez peu répandue. Elle à encore été rencontrée en Sicile et en Dalmatie. (Gn. V, 327.)

Cette espèce doit avoir plusieurs générations.

La AN. Leucogaster qui a été découverte par M. Freyer, ne varie pas, sauf certains sujets dont la teinte des ailes supérieures est plus claire que le type, cependant les inférieures demeurent inva- riablement blanches.

Chionobas Aëllo.

Esp. pl. 4145. fig. 1. Hb. 519. Bdv. Dup. H. —S$. Stgr. = Norna, Bb. pl. 141, fig. 2. (Aberr. A.)

(PL. 75, fig. 1.)

Voici une bien remarquable variété de l'Aëllo © ; elle paraît d'autant plus intéressante qu'aucune aberration de ce Chionobas n'avait encore été indiquée. Si la taille et la coupe d'ailes de ce sujet sont exactement celles du type, la coloration générale s’en éloigne sensiblement, car au lieu d’être d’un brun d’ocre, cette teinte est uni- formément d’un gris d’argile, sauf pourtant une nuance fuligineuse qui occupe le centre de chaque aile et qui fait d’autant mieux ressor— tir les nervures qui se détachent en clair. Les franges, qui ordinai- rement ‘sont blanchâtres et entrecoupées de brun foncé, sont pres- que incolores. Les taches ocellées des ailes supérieures, au nombre de trois, ne sont pas pupillées et sont moins vivement écrites que chez l'espèce ordinaire. La tache des inférieures est à peine visible. Le dessous des quatre ailes ne présenterait rien d’anormal si les taches ocellées n'étaient, au rebours du dessus, très-accusées et vivement pupillées de blanc. Les antennes, le thorax et le reste du corps ne

varient pas. 3

299 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIT.

Cette variété accidentelle du Chionobas Aëllo appartient au cabinet de M. Auguste Prévost, de Genève ; elle a été prise par cet ento— mologiste dans les Hautes-Alpes. |

Obs. Je possède une variété de la même espèce, mais qui est moins remarquable que celle de M. Prévost. Chez ce sujet qui est aussi uno”, le brun à envahi la presque totalité des ailes, et les supérieures ne présentent qu’un seul point noir presque imperceptible ; cependant ce point redevient normal en dessous.

Laplhiygma Exigar.

Hb. fig. 362. Tr. Dup. IE, p. 45, pl. 75. Bdv. Gn. V, p. 158, Sigr. Cat. 497.

(PI. 75, fig..2 et 3.)

CHENILLE.

Elle est cylindrique, rase, assez courte, faiblement atténuée en avant ; se rapprochant un peu pour la forme et la couleur de certaines larves du genre Orthosia. Sa teinte sombre est uniforme; cependant la ligne stigmafale qui est large, claire, continue, rougeâtre sur les premiers segments et finement liserée de brun, présente cela de particulier que sur chaque anneau on voit, à partir du cinquième, un dessin à peu près carré qui s'appuie à cette ligne, et qui par cela même semble la faire onduler sensiblement. Ce dessin ou série de taches est moins clair que la ligne précitée et, chez quelques sujets, il est à peine visible. La stigmatale est en outre striée de brun irrégu- lièrement et marquée, sur chaque anneau, à partir du quatrième, d’une ligne de points foncés. Toute la région du «dos et celle des flancs sont brunes; c’est à peine si on distingue la vasculaire qui commence au second segment ; elle est fine, noire, interrompue et légèrement ondulée. Le ventre est d’un jaune d’ocre pâle et n’a

Laphygma Exiqua. . 223

pas de lignes. Les stigmates sont gros, ovales, blancs et cerclés de brun ; ils sont placés avant la tache carrée dont il a été question. La tête est petite, un peu aplatie, d’un verdâtre obscur et marquée d'un double croissant brun. Les seize pattes sont unicolores. Les points trapézoïdaux sont très-petits et bruns.

La chenille d’Exigua présente une variété moins sombre ; la ligne stigmatale et la région ventrale sont alors d’un jaune ochracé plus ou moins obscur ; peut-être même que ce que je considère comme une variété représente le type, puisque parmi les chenilles d’'Exigua que j'ai vues, il s’en est trouvé autant de brunes que d’ochracées.

Cette espèce qui vit en automne sur les plantes basses, grossit assez rapidement. M. Himmigolffen qui me l'a pr'ocurée m’annonce qu'elle est fort abondante aux environs de Barcelone sur le Polygonum persi- caria L:, et que c’est toujours au bord des eaux dans le voisinage des lieux humides qu’on la rencontre. On savait assez peu de choses des mœurs de cette larve, qui n’est figurée nulle part, et c’est avec raison que l’auteur du Species, mal renseigné sur les chenilles qui habitent exclusivement le Midi, a plus d’une fois regretté les obs- tacles que lui a opposés ce défaut de précision. (V, p.157.)Cependant si M. Daube a affirmé que la chenille d’Exigua est très-commur:e dans les champs de blé des environs de Montpellier, son assertion peut être exacte, car cette larve vivant aussi sur plusieurs Convolou- lus, doit se rencontrer sur le C. arvensis si fréquent dans les céréa- les ; mais je ne pense pas que jamais ces dernières plantes aient été attaquées par la chenille de l’Exigua. Elle n'aurait donc pas les mœurs de sa congénère exotique la Frugiperda, Abbot, qui, sui- vant cet iconographe, « fait son aliment du blé de Guinée, ainsi « que de toute espèce de grains, auxquels elle est extrêmement nuisi- « ble sous forme de chenille, qui dévore le tuyau principal de la «plante elle se loge. »

Abbot termine par proposer un moyen de détruire celte larve dangereuse, moyen que je crois impraticable. « Parmi les oiseaux de

224 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

« basse-cour, n’y en aurait-il point quelqu'un, dit-il, qui fit volon—

« tiers sa nourriture dela #ympheet qui füt la trouver sous la terre ? » Après avoir formé une légère coque, la chenille d'Exigua se

chrysalide dans la mousse ou parmi les plantes sèches ; en captivité

du moins. Dans la nature, le lépidoptère éclot depuis le mois de juin

jusqu’à la fin de juillet.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",026 à 0",028.

Cette Laphygma, la seule qui soit européenne parmi les cinq es- pèces qui composent le genre, se distingue par la forme très-allon- vée des ailes supérieures, la largeur relative des inférieures, la cou- leur hyaline de celles-ci tranchent les nervures et la bordure blanche, l’exiguité du thorax et de l’abdomen; tous caractères qui, en effet, doivent l’éloigner des Caradrina parmi lesquelles les au- teurs l'avaient primitivement classée ; ce qui justifie sa séparation et sa place définitive parmi les Laphygma de M. Guenée.

Les Exigua du Midi varient en brun ; les taches ordinaires se dé-

_tachent alors plus vivement en jaune ferrugineux ou ochracé et les nervures des ailes inférieures sont plus accusées.

Je crois que cette noctuelle, qui doit avoir deux générations, ne s’avance pas en France plus haut que Lyon, et que par le fait elle ne doit pas se rencontrer au delà de nos environs. C’est à la Pape, à 6 kilomètres au nord de la ville, {sur les collines qui avoisinent le Rhône, que je l’ai trouvée de loin en loin, au commencement d'août, en chassant la nuit sur la bruyère fleurie. Je l’ai prise une fois près de Cannes, à la fin de mai. Elle est commune en Italie, en Espa- gne, en Sicile. Elle fait également partie de la faune, de la Dalmatie.

Grammodes Geometrica, 295

Grammoides Geometrica.

Rossi, IE, p. 179. Tr. IT, p. 310, God. Bdv. Gn. Stgr. = Chalciptera, Bork, 350. = Ammonia, Esp. 180, fig. 2. Parallelaris Hh. 324. = Bifasciata, Petagna , 197. = Linea- ris, Hb.

(PI. 75, fig. 4 à 6.)

CHENILLE.

Je ne l’ai vue figurée nulle part, et, si elle est connue, elle doit l'être imparfaitement. Cette chenille qui n’a que trois paires de pattes ventrales est très-allongée, sensiblement atténuée aux extré- mités, complètement rase, d’un gris plus ou moins violâtre et or- née de lignes longitudinales jaunes, grises et brunes bien indi- quées dans le Species, mais cependant l’auteur de ce savant ou- vrage n’a pas mentionné trois caractères qui ne manquent pas d’une certaine importance : la tache noire ocellée appuyée à la ligne sous-dorsale qui existe non-seulement sur le quatrième anneau , mais encore, bien que plus petite, sur les 5°, 6°, et segments ; le ventre qui est d’un noir fuligineux velouté uniforme et sans li- gnes; la première paire de pattes membraneuses un peu plus courte que les autres. La tête est petite, un peu aplatie, et présente sur un fond gris maculé de noir, deux traits jaunâtres qui la traversent du sommet à la hauteur des palpes ; ceux-ci sont carnés et les mandibules sont rougeûtres. Les pattes antérieures sont effilées, d’un noir de jais et luisantes. Les membraneuses et les anales, dont la base est d’une belle couleur orangée, sont carnées, tachées de points et de rayures foncés. Les stigmates sont très-petits, noirs et finement pupillés de blanchâtre.

L'espèce varie en gris de souris : chez cette variété qui est assez commune, les lignes sous-dorsale et stigmatale ne sont plus jaune

226 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. orangé ; elles ont, ainsi que les autres lignes et les taches, pli d’une manière sensible. Chez le type et chez la variété les points trapézoi- daux, qui sont petits et concolores, se confondent avec les lignes.

La chenille de la Geometrica qui a un faux air d’arpenteuse, a des mœurs autres qu'on ne l'avait pensé jusqu’à ce jour ; c'est toutefois ce que m'écrit M. Himmighoffen, de Barcelone. Non-seulement, dit-il, cette noctuelle n’a pas qu’une seule éclosion par an, mais les géné- rations se continuent et se succèdent sans interruption du commence- ment de mai au mois de novembre les froids arrêtent les éclo- sions. De la fin de mai au mois de décembre, on trouve des chenil- les de cette Grammodes à tous les âges sur le Polygonum persicaria, au bord des eaux courantes ou des marais. Cependant lespèce se can- tonne et vit abondamment en certains lieux humides, tandis qu'elle est fort rare en beaucoup d’autres situés dans des condit ons ana- logues. Au premier âge, ajoute M. Himmighoffen, la chenille se tient au sommet de la plante et ronge seulement les feuilles récem- ment développées. Si une cause accidentelle la dérange, elle se laisse tomber de son point d'appui, mais elle demeure suspendue par un fil de soie (1); après la troisième mue, au plus léger c:ntact qu'éprouve la tige qui la supporte, elle se roule sur elle-même en se laissant choir, et si elle tombe dans l’eau la plante croit souvent, elle n’a pas de peine à atteindre une tige et à se sortir du liquide. Enfin, parvenue à son entier développement, elle descend à fleur d’eau et demeure tout le jour la tête en bas, appliquée le long des plus gros Polygonum. Elle vit en compagnie des chenilles de la La- phygma Exiqua et de la vulgaire Timandra Amataria fort répandue aux environs de Barcelone.

Ce que j'ai dit des nombreuses générations de la Geometrica, apprend que sa larve grossit très-rapidement. Pour se transformer elle tisse

(4) Ce fait, je le pense, n'a jamais été signalé chez les chenilles d’autres noctuelles.

Grammodes Geometrica. 2 dans les feuilles de la plante une coque en soie blanche, forte, serrée et impénétrable à l’humidité ; cela doit être puisque souvent la chry- salide demeure immergée pendant plusieurs jours à la suite d’une crûüe d’eau subite, sans que pour cela l’insecte paraisse en souffrir. La chrysalide rapidement formée est allongée, d’un brun rougeâtre et recouverte, sauf les deux derniers segments, d'une efflorescence bleuâtre matte, à la manière des chrysalides de la plupart des Cato- cala. La Geometrica éclot le soir, quelquefois à une heure avancée de la nuit ; son développement est rapide.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",040 à 0",042.

C'est un des papillons européens les plus richement parés : ses larges ailes supérieures d’un gris violâtre dont le centre est occupé par une grande tache triangulaire d’un noir velouté, sont caractérisées par deux bandelettes droites, parallèles, d’un blanc jaunätre. La pre- mière de ces bandelettes se prolonge sur les ailes inférieures, mais elle est indécise,. à l’angle anal surtout.

L'insecte parfait varie peu ; aucun auteur ne signale d’aberration de cette jolie Grammodes. Cependant M. Himmighoffen me mande que parmi le grand nombre de Geometrica qu'il a obtenues ex larva, il ne lui estéclos qu’une variété, mais des plus remarquables. Le sujet est grand et bien développé; des deux bandes transversales ordinaires, il n’en reste qu'une : la seconde ; mais elle est du double plus large qu’elle devrait être.

Ce lépidoptère, qui n’est pas très-vif, se rencontre rarement dans la nature ; il demeure caché au centre des touffes de Polygonum et, si par hasard on le fait voler, il ne s’élève guère plus haut que les plantes parmi lesquelles il s’abat bientôt pour disparaître aux yeux du chasseur.

L'Espagne, l'Italie, la Russie, la Mingrélie (4) et la France méri-

(1) Noctuélites de la Russie, par le docteur Eversmann, p. 521.

228 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDLTS.

dionale sont les seuls lieux jusqu’à ce jour la Geometrica ait été rencontrée. Sans nul doute elle existe en plusieurs autres pays de l'Europe. Fabricius assignant les Indes-Orientales pour patrie à cette espèce, il est probable que cet auteur a vu laGram. Ammonia, Cram.., qui est extrêmement voisine et avec laquelle les auteurs l'ont confondue pendant longtemps.

Amphidasys Betularia,.

Alb. Lin. Gn. Geer.— L’Adm. Kléem. Wien. Verz. Fabr.— Esp. Bork. Steph. Bdv.— Herr.-Sch.— Gn. Stgr. = Ulmaria, Bork., fig. 73 = Marmoraria, Sepp., pl. 40 et à 15 R2

(Aberr. ® A.)

CPL 75, fig. 7.)

Cette variété accidentelle de la Betularia @ est fort remarquable ; le noir l’a complètement envahie; tout a pris cette teinte sombre en dessus et en dessous : les ailes, les antennes, le thorax, l’abdomen et les pattes ont l’air d’avoir été teints en noir, tant cette couleur est complète et profonde; les pattes cependant sont annelées de blanc. La taille de cette curieuse variété et sa coupe d’ailes sont exactement celles du type, autrement il eût été difficile peut-être de savoir à quelle espèce rapporter cette anomalie, qui devra être nommée variété A.

Nulle aberration de cette Amphidasys n'avait encore été signalée. Celle que je viens de décrire a pour patrie le nord de l'Angleterre ; elle appartient au cabinet de notre collègue M. Fallou, de Paris.

bel v'r

Acidalia Orhrata. 2929

J'ai donné précédemment l’histoire des chenilles de plusieurs très-petites Acidalies. Je raconterai aujourd'hui celle de cinq autres espèces qui, de même que les précédentes, sont tout aussi incon— nues sous leurs premiers états (1). Deux de ces espèces sont commu- nes presque partout et ce n’est pas sans motifs qu’on s'étonne que leurs larves. sans cesse foulées aux pieds des entomologistes, n’aient pas été plus tôt observées. Cela peut s'expliquer cependant : la parure sans éclat de ces chenilles, leur constante immobilité pendant le jour, leur exiguité et l'habitude qu’elles ont de se cacher parmi les plantes basses dont elles se laissent tomber au plus léger contact ; tout cela, dis-je, a bien pu les faire méconnaïître jusqu’à ce jour. J'ai dit à la page 117 du présent volume, toute la peine qu'il m’a fallu pour ame- ner à bonne fin les Acidalia Osseata et Holosericeata, je pourrais ajouter que les chenilles des A. Politaria, Ochrata, Obsoletaria, Mo- niliata et Var. Canteneraria ont, avec les larves de celles-là, de grands rapports de mœurs.

Acidalia Ochrata.

Scop. Wien. Verz. Bork. Tr. Fisch. Rost. H.-S., p. 20 Gn. IX, 449. Sigr. = Ochrearia, Lah. 30. = Palli- daria, Hb. Dup., pl. 75, fig. 1. Curt. Wood. 741 Bdv. 1865.

(PI. 75, fig. 1 à 3.) CHENILLE.

Les œufs ont été pondus le huit juillet ; ils sont éclos le 15 du même mois. Les chenilles sont restées imperceptibles pendant plus

(1) J'en excepte la Var. Canteneraria, Bdv., dont la chenille du type, celle de l'Incanaria, a déjà été figurée par Hubner.

230 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

de six semaines; ce n’est guère qu'à la fin de septembre qu’elles ont commencé à grossir ; elles n’ont enfin acquis leur entier développe- ment que dans la première quinzaine de juin. Leur état de chenille a donc duré juste onze mois.

Lorsqu'elle est adulte cette larve est médiocrement allongée ; elle serait tout-à-fait cylindrique si la carène latérale n’était assez sail- lante. Elle est de plus plissée transversalement, surtout aux deux extrémités du corps, d’un jaune de Naples plus ou moins verdâtre en dessus, et lavée de carné sur la tête, sur les premiers et les derniers anneaux, ainsi qu'aux incisions. La ligne vasculaire est très- fine, blanche et largement liserée de verdâtre de chaque côté; ou mieux cette ligne blanchâtre repose sur une large bande vert clair qui passe au vert obscur sur les derniers segmenis pour finir en pointe aiguë et noire sur le douzième. La ligne stigmatale qui est placée sur la carène, est étroite, continue, ondulée et d’un blanc jaunâtre. Le ventre passe un peu au bleuâtre, avec une ligne claire qui le par- court du quatrième au neuvième anneau. La tête est triangulaire , aplatie en avant, d’un carné vineux avec les ocelles et mandibules foncés. Les stigmates sont bruns; les trapézoïdaux invisibles à l’œil nu, les dix pattes concolores; les antérieures relativement longues ; le clapet anal est bien formé, mais il ne dépasse pas les pattes anales ; les poils sont fins, courts et blanchâtres.

Cette chenille est très-lente dans sa marche, mais au plus léger bruit elle cache sa tête en roulant sur elle-même la partie antérieure de son corps. Elle vit de la feuille de nombreuses plantes basses ; notamment de celle des Composées Radiées, Crucifères et Borra- ginées ; mais elle n’attaque pas la fleur. ,

La transformation arrive à la fin de juin dans une coque légère formée de brins de mousse liés par des fils de soie blanche. La. chry— salide qui pour la forme ressemble à celle de ses congénères est jau— nâtre et luisanie ; elle brunit 48 heures avant l’éclosion qui arrive vers les premiers jours de juillet. Or, comme la mère avait été prise le 8 du même mois de l’année précédente, cette espèce est demeurée,

Acidalia Obsoletaria. 231

on le voit, un an pour subir ses diverses transformations. Rappelons- nous toutefois que l’insecte est resté onze mois sous son état de larve. Cette Acidalie n’a donc qu’une seule éclosion.

INSECTE PARFAIT.

« L'Ochrata, nous dit l’auteur du Species, est celte espèce très-vul- & gaire d’un roux-d’argile à lignes bien marquées, etc. » Il ajoute plus loin : « La chenille peut passer pour complétement inconnue, « la plante seule ayant été indiquée (Festuca duriuscula) probable- « ment un peu au hasard. »

L’Acidalia Ochrata est fort répandue en juillet dans nos environs, non pas seulement sur les coteaux herbus et bien exposés, mais encore dans les prés du parc de la Tête-d'Or et autres lieux bas. Elle s'envole lorsqu'on passe près d'elle ; son vol est court et on peut la saisir sans peine. L'espèce n'est pas rare aux environs de Marseille et de Cannes. Elle ne varie pas pour la couleur, cependant certains sujets de provenance espagnole, sont généralement plus clairs que le type. On la dit commune dans toute l'Europe.

L'Ochrearia de M. de La Harpe, rapportée à l’Ochrata du Species, ne doit pas être la même espèce que cette dernière, car l’auteur de la faune suisse nous dit, p. 26, qu’elle paraît « du 12 mai au 27 juin, puis du 8 juillet au 28 août. » Jai démontré que l’Ochrata ne devait avoir qu'une génération.

Acidalia Obsoletaria.

Ramb. Dup. Bdv. Herr.-Sch., p. 16. fig. 190. Gn. IX, p. 481. Stgr. Cat. 83. Rufularia, Herr.-Sch., p. 17. fig. 84. Led.

(PI. 76, fig. 4 à 6.) CHENILLE.

Une dizaine d'œufs de cette petite espèce qui avaient été pondus le 9 juillet, sont éclos le 18 du même mois entre six et huit heures du

232 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, matin. L'’œuf, qui est oblong, cannelé et d’un blanc de cire, passe vingt-quatre heures avant d’éclore au vert foncé mat. La chenille lors de sa naissance est blanchâtre, rayée longitudinalement de plusieurs lignes continues et la tête est relativement grosse et brune. Cette larve ayant à la fin d'octobre atteint sa troisième mue est, pour la forme et la couleur, ce qu’elle sera parvenue à son entier développe- ment, qui n’a pas lieu avant le commencement de mai de l’année sui- vante. Elle a alors l’aspect de deux chenilles ses congénères ficurées à la 64° planche; c’est-à-dire qu’elle est courte, très-atténuée antérieu- rement, plissée en travers, carénée latéralement, rugueuse, grossière- ment chagrinée. Le fond est jaunâtre ou jaune verdâtre avec la partie dorsale d’un vert glauque et les extrémités lavées légèrement de bleuâtre. Sur chaque segment un dessin piriforme se détache en plus clair que le fond. On ne distingue pas les lignes vasculaire et sous- dorsale, excepté cependant sur les trois premiers anneaux, la pre- mière de ces lignes est large, continue et d’un vert foncé. La stigma— tale placée sur la carène est marquée en dessous, aux 5°, 6°, et segments, d’un gros point foncé que tout d’abord on prendrait pour un stigmate ; cependant les organes de la respiration sont d’une ex- trème petitesse. Le clapet est mal formé, mais on le voit pourtant. Sur le ventre qui est bleuâtre on distingue des dessins de forme hié- roglyphique ; la tête est petite, triangulaire; d’une couleur rougeâtre plus ou moins foncée et recouverte ainsi que le premier anneau de nombreux poils courts, blanchâtres, visibles seulement à une forte loupe ; les dix pattes sont concolores ; les trapézoïdaux et les points pilifères sont de la couleur du fond.

Cette petite chenille est d’une lenteur excessive, cependant lors- qu'on la touche, elle se détache de la plante et se laisse choir.

Ainsi que la plupart des larves d’Acidalia qui passent l’hiver (1),

(4) Toutes les chenilles d’Acidalies que j'ai observées dans leurs mœurs, qu'elles aient une ou plusieurs générations ont sans exception passé l’hiver en chenille.

Acidalia Obsoletaria. 233 celle de l’Obsoletaria est polyphage, mais elle mange si peu à la fois, qu'on ne saurait le remarquer. Sa sobriété est telle que je l’ai laissée au printemps pendant plusieurs semaines privée de nourriture sans qu’elle ait paru en souffrir. Ce n’est qu’à la fin de juin qu’elle opère sa transformation. La chrysalide qui n’a rien de saillant, ressemble à la plupart de celles des Acidalies qui ont été observées.

INSECTE PARFAIT.

Cette petite espèce dont la vie de chenille a duré plus de onze mois, n’a rien de tranché ; mais elle varie beaucoup pour la taille. La couleur, d’un ochracé roussâtre, empêche au premier abord de la distinguer parmi plusieurs espèces communes, ses congénères. Les lignes ordinaires quoique très-fines sont bien indiquées. La tache cellulaire aux quatre ailes et les points terminaux placés en dehors, sur la frange même, sont visibles bien que très-petits. On retrouve en dessous les lignes et les taches du dessus, mais elles sont plus nébuleuses. Le vertex et le premier quart des antennes sont blancs.

La Rufularia de M. Herrich-Schaeffer n’est je crois qu’un grand exemplaire de l’espèce dont il est question qui, on le sait, varie beau- coup pour la taille.

L’Obsoletaria se trouve en Corse, en Espagne, en Autriche et dans le midi de la France. Je ne la crois nulle part abondante. On la rencontre de loin en loin aux environs de Marseille (Dard.). Je l'ai prise plusieurs fois moi-même dans l’Ardèche, au fond d’une chaude vallée. Elle n’a, je pense, jamais été prise en France plus au nord que ce département. Quand elle est troublée dans son repos, son vol est lourd et incertain et, lorsqu'elle se pose, c’est toujours au revers d’une feuille. Les sujets que j’ai obtenus de Marseille et ceux que j'ai rencontrés à Celles-les-Bains, sont d’un bon tiers plus petits que les individus provenant d'Allemagne.

23/4 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIRS.

Acidalia Politaria.

1b. Tr. Dup. V, p. 58, pl. 174, fig. 3. Bdv. 1852. Herr.-Sch., p. 18, fig. 337. Gn. IX, p. 461. Sigr. 71.

(PI. 76, fs, 7 49.)

CHENILLE.

L’œuf est pondu à la fin de juin ou vers les premiers jours de juillet. La chenille tarde peu à éclore : elle est d’abord d’un jaune pâle pres- que diaphane, avec la tête foncée. À l’époque de la troisième mue qui arrive à la mi-octobre, cette larve est d’un vert glauque; ce n’est qu'à la fin d'avril de l’année suivante qu'elle est parvenue à son entier déve- loppement. Elle est alors relativement courte, très-atténuée en avant, carénée latéralement, rugueuse, très-plissée, d’un vert glauque plus ou moins sombre, mais moins intense qu’il ne l'était précédemment: elle présente quelquefois les et segments lavés de carné, de jaunâtre ou de bleuâtre. On ne distingue que très-imparfaitement la vasculaire qui est géminée et interrompue sur chaque incision. Pas de sous-dorsale ; la stigmatale placée sur la carène est large et plus claire que le fond ; les trapézoïdaux sont bruns et indiqués à l'extré- mité de chacun des petits traits foncés qui croisent l’incision, mais cela seulement sur les 6°, 7°, et anneaux. On voit en outre au dessous de la ligne stigmatale un point brun proportionne:lement gros. Je n’ai pu distinguer les stigmates qui sont perdus dans les rugosités de la peau. La tête est petite, triangulaire et brune ; le ventre est d’un bleuâtre livide ; il est marqué au centre d’une double bande festonnée claire ; les pattes écailleuses sont verdâtres avec le dernier article noir et luisant ; les quatre autres sont carnées et mar- quées de chaque côté d’un trait brunâtre. Cette petite larve est au repos courbée en demi-cercle. Elle vit à découvert, et se nourrit d’un

Acidalia Politaria. 235 : grand nombre de plantes basses. Bien que très-lente à grossir, elle opère rapidement sa transformation qui n'arrive que dans le courant de mai ou les premiers jours de juin , selon que le printemps a été plus ou moins précoce.

La chrysalide qui est médiocrement allongée, a l’enveloppe des ailes un peu proéminente. Elle est d’un jaune rougeâtre, Javée de brun à la tête et à la pointe anale ; celle-ci est obtuse et précédée d’un bourrelet foncé, granuleux et qui se termine par une pointe aiguë entourée de crins courbés en hameçon. La chrysalidation n’a pas duré plus de vingt à vingt-cinq jours ; cependant la vie de che- nille de cette Acidalia a ëté de près de onze mois. L’éclosion de la Phalénite a eu lieu vers la fin de juin et a continué pendant une se- maine; dans la nature elle se prolonge pendant quinze ou vingt jours.

INSECTE PARFAIT.

Cette petite espèce sera toujours facile à distinguer de ses voisines par la teinte paille luisante de ses ailes en dessus, la bande subtermi- nale des quatre ailes, large, continue, d’un fuligineux violacé en dessus et en dessous, et par le point cellulaire noir, rond et bien écrit aux quatre ailes. Le thorax et l'abdomen participent de la couleur luisante précitée. La femelle ressemble au mâle. Je ne sache pas que cette espèce varie.

La Politaria est très-répandué aux environs de Marseille, dans les campagnes de Nice, de Cannes et dans celle de Perpignan (Pyrén. Orient.). Elle n’a je crois jamais été prise sur d’autres points de la France.

Obs. Je dois faire observer que l’une des quinze ou dix-huit che- nilles que j'ai élevées ab ovo, plus robuste ou plus précoce sans doute que ses sœurs demeurées à leur troisième mue jusqu’après l'hiver, s’est métamorphosée le 29 septembre et a donné son insecte parfait le 2 novembre suivant.

936 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,

Acidalia Moniliata.

Wien. Verz. Fab. Hb. Treits. Dup. p. 68, pl. 474, fig. 5. Bdv. 1847. Herr.-Sch. —Lah. 31. Gn. IX, p. 453. Stgr. Cat. 41.

(PI. 76, fig. 10 à 12.) CHENILLE.

Une ponte de cette Acidalia m'’ayant été fournie le 4 juillet, est éclose dans l'appartement sept jours après. L’œuf est ovalaire, déprimé, jaune de cuir. A la fin d'avril de l’année suivante, la chenille qui s’élève très-difficilement, n'était point encore adulte; je l'ai tenue autant que possible dans des conditions qui la rapprochaient le plus de l’état de nature. Elle a vécu en plein air, et a passé la mau- vaise saison cachée dans la mousse, à une exposition abritée des vents froids. Ce n’est que vers la fin de mai que cette larve est parvenue à tout son développement. A cette époque elle est courte, très-atté- nuée antérieurement, carénée sur les côtés, plissée transversalement, chagrinée, rugueuse, très-rigide, à tête petite, carrée, brune, à moitié rentrée et, au repos, les pattes antérieures tellement appliquées contre la tête qu'on ne saurait les distinguer. Elle a tout l’aspect de deux des chenilles précédemment décrites ; celles de la Politaria et de l’'Obsoletaria ; elle est seulement un peu plus allongée. Le fond est d’un brunâtre argileux sur lequel se détache en clair, à la partie dorsale, un losange bien formé sur les 5°, 6°, et anneaux. Des lignes ordinaires, je n’ai vu que la stigmatale qui est blanchâtre et placée sur la carène. Les stigmates invisibles à l’œil nu sont noirs, à centre blanc; le ventre aussi rugueux que le reste du corps est d'une teinte sombre ; on y voit imparfaitement, au milieu du au anneau, une ligne large, claire, interrompue; les dix pattes sont de la couleur du fond.

Acidalia Moniliata. 237

J'ai nourri cette chenille avec les Vicia, les Leontodon, les Borrago et autres plantes herbacées. Au commencement de juin elle se cache sous la mousse et forme sur la terre une coque à claire voie elle se transforme en peu de jours pour demeurer sous cet état un mois à peine; ainsi qu'il arrive à presque toutes les chenilles qui, n’ayant qu'une éclosion, passent la plus grande partie de l’année à l'état de larve.

La chrysalide est allongée, d’un jaune clair, luisante, lavée de ver- dâtre au sommet et de rougeâtre à la partie anale. L’extrémité abdo- minale se termine par une pointe brune, garnie de quelques crins recourbés. La Phalénite à paru dans les premiers jours de juillet.

INSECTE PARFAIT.

Ses dessins sont tellement précis et arrêtés que je crois inutile de le décrire de nouveau ; il l’a été d'ailleurs assez souvent avant moi. La Moniliata n’a jamais varié : aucune aberration au moins n’a été signalée à ma connaissance.

Ce qui me prouve très-évidemment que cette petite Acidalie n a qu'une génération, c'est que la ponte dont j'ai élevé les chenilles, étant arrivée chez moi le 4 juillet, l’éclosion de la première des Phalénites n’a eu lieu que le six du même mois de juillet de l’année suivante. Les autres sujets ont paru dans les huit jours suivants. On peut expliquer ce retard, qui me paraît anormal, par les con- ditions de captivité l’insecte a vécu dans ses divers états, alors qu'il se nourrissait autrement sans doute qu'il ne l'eût fait à l'état libre. Les exemplaires provenant de cette éducation, étaient tous assez petits, preuve que la chenille avait souffert dans son déve- loppement.

En considérant la conformation de cette larve, il serait peut-être à propos de ne pas éloigner l’insecte parfait de ses congénères les Rusticata, Politaria, Obsoletaria, Laevigata, Osseata et Interjectaria

*

238 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉBITS. dont elle se rapproche beaucoup, ainsi qu’on a pu en juger par ce que j'ai dit des chenilles de ces six Phalénites. . L’Acid. Moniliata vole assez communément aux environs de notre ville, sur le penchant des collines de St-Clair et de La Pape. Bien qu’elle soit considérée comme de la France méridionale, je dois dire que je ne l’ai jamais prise dans le Midi et que mes correspondants de la Provence ne m'ont jamais signalé cette jolie espèce que je crois plutôt du centre et du nord de la France. On la rencontre dans le dé- partement de Saône-et-Loire. (Constant p. 201), en Autriche, en Alle- magne, en Suisse (Gn. IX, p. 453). |

« et là, toujours rarement, sur les bords du Léman, en Valais » (Lah. faune suisse, p. 26).

Acidalia Incanaria.

Hb. Tr. Wien. Dup. Bdv. Herr.-Sch. Lah. Gn. Stgr. Seriata, Schr. = Virgularia, Hb. How. Step. Vood. = Moniliata, Bork. = Laevigaria, Sepp.

(Var. Canteneraria, Bdy.) (PL. 76, fig. 13 et 14.)

La connaissance de la chenille de cette race exclusivement méridio- nale, m'a démontré que ce n’est bien qu’une variété constante de l’Incanaria de Hubner. La réunion de cette variété au type est depuis longtemps établie; j'ai voulu toutefois corroborer ce fait et dire quelques mots de la larve dont l’insecte parfait-est presque aussi abondant dans tout le midi de la France que le type est répandu ailleurs.

CHENILLE.

Elle est d’une longueur normale, effilée en avant, très-carénée sur les côtés, avec la tête petite, triangulaire et recouverte ainsi que tout

Acidalia Incanaria. 239 le corps de rares poils fins et bruns. Sa couleur varie de l’argileux clair au brun rougeâtre en passant par tous les tons intermédiaires. Les lignes ordinaires qui sont fines et brunes et quelquefois oblité- rées, se présentent ainsi : la vasculaire est géminée et continue, mais mieux indiquée sur les derniers segments que sur les autres. La sous-dorsale est très-fine et interrompue ; la stigmatale qui repose sur la carène latérale est ondulée et claire. Le ventre se montre avec une ligne blanchâtre du au segment ; les stigmates sont bruns ainsi que les points pilifères. Les losanges du dos existant toujours chez les chenilles du.type que j'ai élevées maintes fois, sont tout aussi bien indiquées en brun chez celles de la variété. A tous ses âges cette larve vit à découvert; je l'ai rencontrée communément aux environs de Cannes sur beaucoup de végétaux d'essence différente, sans parler des plantes basses ; il me suffira de citer les Rhamnus, Viburnum, Cytisus, Crataegus, Rubus, voire le Pistacia lentiscus à odeur si pénétrante. Elle s’accommode des fleurs aussi bien que des feuilles ; celles-ci même desséchées. lui conviennent au besoin. La rusticité de ses mœurs fait que cette espèce s'élève toujours bien, et c’est ce qui explique la vulgarité de l’insecte parfait. Cette chenille se métamorphose dans une coque légère, demeure à peine trois semaines sous cet état léthargique et le lépidoptère commence à voler dès les premiers jours de mars. |

Ld

INSECTE PARFAIT.

Les sujets des environs de Cannes et d’Hyères sont recouverts de fort peu d’atomes bruns sur les quatre ailes ; cependant les lignes or- dinaires sont bien marquées ainsi que les points nervuraux; ceux qui précèdent immédiatement la frange et la tache cellulaire, en dessus et en dessous.

Bien que l’Acidalia Var. Canteneraria remplace dans la Provence l’'Incanaria type, de loin en loin cependant on rencontre l'espèce ordinaire.

240 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. » . . Q , « 4 . 5 Cette Phalénite vole depuis le mois de février jusqu’à la fin de novembre. Selon M. Guenée, la Calcearia Zell., d’un blanc presque pur, n’est qu'une sous-variété de l’Incanaria.

Obs. J'ai pris à Evian (Haute-Savoie), plusieurs individus © et 9 d’une troisième variété remarquable et constante. Cette dernière au rebours de la Canteneraria et de l’Incanaria est entièrement recou- verte d’atomes foncés ; à tel point que les lignes et taches ont si bien disparu qu'on à de la peine à reconnaitre une variété du type. Cette troisième variété ne serait-elle pas la Virgularia, Hb. fig. 104. —Haw. fig. 354 ? Cette curieuse race vole en compagnie des Laevi- gata et Incanaria. C'est presque toujours dans les corridors des maisons que je l'ai prise. La chenille de cette variété savoisienne que j'ai élevée ab ovo a passé l'hiver ; elle a la forme et des mœurs iden- tiques à celle de l’Incanaria proprement dite.

t

Fig.

Fig.

13. Branche fleurie de l’Erica arborea, L. (Var. Multiflora ?).

D SX à ww

EXPLICATION DES PLANCHES,

EXPLICATION DES PLANCHES De la 16e Livraison (1866).

—— 04e

PLANCHE 71. EXPLICATION DES FIGURES.

I.

. Anthocharis Bellezina ? Boy. (Aberr.).

IL.

. Chenille de la Swammerdamia Egregiella, Due.

Id. id. vue de dos.

. Chrysalide. . Cocon d’un Ichneumon parasite. . Insecte parfait.

LIL.

. Omia Theophila, Stern.

IV.

. Chenille de l’'Eupithecia Multiflorata, Mi.

Id. id. vue de dos.

. Chrysalide. . Insecte parfait o.

id; 18. 9. Id. ü.

9

24

[4

212

Fig.

Fig.

Fig.

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 72.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

1. Chenille de l’Acidalia Immutata, L.

2. 3.

OT

Insecte parfait. Antenne du o” grossie.

IT.

. Chenille de l’Acidaria Caricaria. HErr.-Scu. . Chrysalide. | :

. Insecte parfait.

. Antenne du © grossie.

LL.

. Ghenille de l’Acidalia Imitaria, HB., inquiétée.

9. Chrysalide. 10. Insecte parfait o. 11. Id. g (variété). AE

. Chenille de l’Acidalia Depunctata, Scop., au repos.

Id. id. vue de dos. . Chrysalide. . Insecte parfait.

Deux tiges, dont l’une en graine et l'autre en fleur, de l’Artemisca vulgaris, L.

. EXPLICATION DES PLANCHES 243

PLANCHE 73.

EXPLICATION DES FIGURES.

É

Fig. 1. Chenille de la Depressaria Feruliphila, Mizz. 2. Chrysalide. | 3. Insecte parfait. IL.

Fig. 4. Lycaena Argus, L. (Aberr. ®). Id. id. dessous.

Oct

JIL.

Fig. 6. Chenille de la Depressaria Ferulae, ZELL. 7. Insecte parfait.

IV.

Fig. 8. Chenille de la Depressaria Nodiflorella, Mir. Me 14: id. vue de dos. 10. Chrysalide. 11. Insecte parfait. Tige de la Ferula nodiflora, Risso.

244 EXPLICATION DES PLANCHES. 4

PLANCHE 74.

EXPLICATION DES FIGURE.

[.

Fig. 1. Hibernia Ankeraria, Srcr.

he. Fig. 2. Chenille de l’Aspilates Citraria, Hg. ES LA id. (Var. ). 4. Chrysalide. D:

Insecte parfait o”.

JE.

Fig. 6. Chenille de la Noctua Leucogaster, FREY. 7. Chrysalide. 8. Insecte parfait. Tige fleurie du Lotus angustissimus ? L.

EXPLICATION DES PLANCHES, 245

PLANCHE 75.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig 4. Chionobas Aëllo, Esp. (Aberr. A.).

I. Fig. 2. Chenille de Laphygma Exigua, Esp. 3. Insecte parfait. III. Fig. 4. Chenille de la Grammodes Geometrica, Rossi.

(14

. Chrysalide. . Insecte parfait.

©

IV

Fig. 7. Amphidasys Betularia, L. (Aberr. 9 A.). Tige du Polygonum persicaria, L.

F4

246 EXPLICATION DES PLANCHES. à

PLANCHE 76. EXPLICATION DES FIGURES.

I.

Fig. 1. Chenille de l’Acidalia Ochrata, Scor. . Chrysalide. 3. Insecte parfait.

ho

IE.

Fig, 4. Chenille de l’Acidalia Obsoletaria, Raws. . Chrysalide. 6. Insecte parfait.

(bre

IT. Fig. 7. Chenille de l’Acidalia Politaria, H8. 8. Chrysalide. 9. Insecte parfait.

IV.

Fig. 10. Chenille de l’Acidalia Momliatu. W.-V. 11. Chrysalide. : 12. Insecte parfait.

V.

Fig. 13. Chenille de l’Acidalia Incanaria, H8. (Var. Canteneraria. Bpv..). 14. Insecte parfait. Myosotis hispida, Sc.

Lyon. Imp. Pinier, rue Tupin, 31

rinalas de la Socio Linneonne de Lyon 167% Livr Année 1866. PL.

Phihière et J Migneaur, p! Jogues plant p! Debray se

L 2, Anthocharis Bellexina ? Bar. [Aberr U 2 à 6, Smammerdanua Egregiella, Dup. Ul 7, Orua Theophila, Sur. IV. # à 13, Eupithecia Multiflorata, Mu.

mp. Houste. 5, r Mignon, Paris M" Migneaur, col

Annales de la Société Linneenne de Lyon. 66 Livre Année 1866 PL 72

PMiliére, VJogques. plant. pf Debray se.

L 24 3, Acidalia Immiutata,1..

IL. 4 à 7, cé. Caricaria, Herr.-Seh. IL. 4 2 2, td. Îrrutaria, 6. [V,22 à 15, dd. Depuncta ta, Seop.

Imp Houiste, Sr. Mignon, Paris, He Migneaux. col

Annales de la Soaëte Linnéenne. de Zyon. 167€ Lir. Annee 1866. PL

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L 2a 3, Depressarta Ferulphuda, Ha. I. 4 et 5, lycæna Argus, Z Aberr. p } IL 6 7, Depressarta. Ferule, Zeë.

IV. 8 & 11, 774 WNod/florella, Hi.

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Annales de la Soaete Loneenne de lyon 16 7" Ler. Annee 1866, PL, 74.

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Ill. Z & 6, Crammodes bteomelrica, Rosst.

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FE Annales de la Société lnnéenne de lyon.

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16€ Lur. Année-1866. PL, 76.

Debray se.

Ochrate,, Scop.

Obsoletaria. Ramb.

Podtaria, 46.

Moniliata, W.- F.

Încanarie: Ab. (Var: Cantenerariæ. Bd.)

ME Migreauz col.

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

PAR P. MILLIÈRE DIX-SEPTIÈME LIVRAISON (Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 12 juillet 1866)

a

Luperina Kabella.

Dup. Sup. IE, p. 249, pl. 23, fig. 4. Gn. 238. Bdv. 870. Herr. Sch. 431, 432. Gn. V, p. 182. Stgr. Cat. 338.

(PL. 77, fig. 1 à 5.) CHENILLE.

Cette mystérieuse larve qui pendant bien des années a échappé à mes constantes recherches, vient enfin d’être découverte; grâce, je dois le dire, aux investigations soutenues et à l’ardeur infatigable de nos jeunes et intelligents collègues, MM. Ferrouillat frères.

Au 15 ou 20 juillet, cette chenille, dans les années ordinaires, a atteint son entier développement; elle est épaisse, cylindrique, rase,

à peine atténuée aux extrémités, d’un gris jaunâtre obscur lavé de Annales de la Société Linnéenne. 24

356 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

verdâtre antérieurement et de rougeâtre sur les derniers anneaux. Le premier et le dernier sont recouverts d’une plaque écailleuse concolore et luisante; celle du premier segment est large, robuste, et je recouvre en presque totalité ; cette plaque est traversée par un sinus étroit, concolore, mais teinté de brun postérieure- ment. La ligne vasculaire est imparfaitement indiquée ; la sous- dorsale est nulle; cependant la stigmatale est large, ondée, plus claire que le fond; les stigmates qui s’appuient sur cette ligne, sont relativement gros, noirs et de forme arrondie. Le ventre est d’un jaune verdâtre. La tête est grosse, de la largeur du premier anneau, échancrée au sommet, d’un jaunâtre indécis, lavée de rougeâtre obscur sur les bords, avec les mandibules foncées, les pal- pes courts et carnés. Je n’ai pu distinguer les ocelles. Les seize pattes sont de la couleur du corps. Enfin, on voit une sorte de clapet anal assez large, mais mal formé et que recouvre imparfaitement la pla- que écailleuse postérieure. |

Jeune, la chenille de Rubella est relativement courte, et la cou- leur dorsale se prononce en carminé plus ou moins obscur.

Cette larve est assurément une des plus souterraines de toutes les chenilles de noctuelles. Je ne suppose même pas qu'il y en ait d’autres vivant à une pareille profondeur. Nous l’avons en effet trouvée parmi les racines, enfoncée dans la terre à une profondeur de dix, quinze et même vingt centimètres. Elle ne doit vivre que de la racine de certaines graminées sans jamais attaquer les feuilles. Les collines brûlées en été, l’herbe courte et rare ne peut préserver la terre des rayons du soleil très-ardents à cette époque de l’année, sont les lieux que préfère cette chenille très-robuste d’ailleurs. C’est à la fin de juillet qu’elle forme une coque molle, composée de soie, de grains ce terre et de radicules de graminées, dans laquélle huit ou dix jours après arrive la transformation. La chrysalide qui s’agite beaucoup est conico-cylindrique, d’un rouge acajou, avec l’extrémité abdominale terminée par deux pointes aiguës et fortes. L'insecte parfait commence à paraître dès le quinze ou le vingt août;

Luperina Rubella. 397

mais on ne le voit en certain nombre que vers les premiers jours de septembre. Il continue à voler pendant un bon mois.

INSECTE PARFAIT.

Les ailes supérieures bien fournies d’écailles très-faciles à se détacher au plus léger contact, sont d’un carné vif, avec l’espace médian traversé par une large ligne coudée d’un rouge obscur qui certaines fois passe au brun plus ou moins prononcé. Les au- tres lignes sont fines, rougeâtres et le plus souvent mal indiquées même chez les sujets obtenus d’éclosion. Les ailes inférieures sont grandes, arrondies, sans lignes transversales, d’un blanchâtre lui- sant et d’une teinte faiblement carnée dans le voisinage de la frange qui. est elle-même assez large. En dessous les quatre ailes sont blan- châtres, sensiblement carnées sur les bords avec un commencement de ligne transverse. Les antennes sont garnies de lames pubescentes et le thorax est bien fourni d’écailles concolores.

La © est plus grande que le ©’; elle a l'abdomen très-développé et lisse, vole lourdement, ou mieux elle demeure le plus souvent fixée à une tige de brome et, par les chaudes nuits, dans les lieux circonscrits de son habitat, il n’est pas rare de voir les mâles voler en abondance autour des femelles presque toujours immobiles.

Cette Luperina se distingue par des habitudes qui lui sont propres; celle entr’autres de ne pas paraître avant la neuvième heure de la nuit alors que les autres noctuelles volent depuis deux heures et plus.

La Rubella qui est considérée comme de la France méridionale, semble appartenir plus spécialement aux environs de Lyon quelle ne doit pas trop dépasser. Les collines les plus chaudes de la Pape, celles de Crépieux et, au sud, les coteaux de Corendin; de même que certaines parties incultes du territoire de Vaugneray; notamment les garigues qui avoisinent le château de la famille Ferrouillat, nous l'ont plus particulièrement fournie.

398 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉBITS.

Obs. Les L. Rubella de l’Ardèche et de toute la Provence l’es- pèce semble commune, présentent une coloration différente de celles de nos environs ; en effet, sur le fond qui est d’un argileux terne, sans trace de couleur carnée, les lignes transverses des supérieures se détachent en brun et sont par ce fait plus crûment indiquées que chez le type. J'ai rencontré cette variété constante aux environs de Marseille, d'Hyères, de Cannes et surtout près de Celles-les-Bains.

Deux nouvelles Psychides viennent augmenter le nombre déjà con- sidérable des insectes de cette division dont la parure, on le sait, est si uniforme et si sombre ; mais dont les larves ont des mœurs si intéressantes. L’une de ces Psychides inédites appartient au genre Psyche de Schrank, et l’autre au genre Fumea de Haworth. Malheu- reusement on ne connaît de leurs premiers états que les fourreaux qui ont servi de demeure à chacune des deux larves. On sait aussi la patrie des deux espèces.

Psyche Valesiella, Mir.

(Species nova. )

(PI. 77, fig. 6 et 7.)

Par la coupe de ses ailes, cette Psyche ne ressemble à aucune de ses congénères, cependant ce serait de la Muscella, S.-V. et de la Gondebautella, Mill. qu’elle s’éloignerait le moins ; mais elle est tou- jours plus petite que ces deux espèces et sensiblement moins robuste ;

| Psyche Valesiella. 309 les ailes sont conséquemment plus minces, plus ténues, moins four- nies d'écailles. Voici sa description :

Envergure : 0,015 à 0",016.

Elle à les ailes très-allongées et par relativement étroites. Elles sont presque vitrées, à peine recouvertes d’écailles, d'un aspect uni- formément enfumé, et munies de longues franges soyeuses et noires. Les antennes sont longues et très-plumeuses. Les palpes sont allon- gés et se terminent par des soies longues, serrées et noires, ce qui donne à ces palpes un aspect anormal. La tête, le thorax et l’ab- domen bien que fort grêles, sont recouverts de poils longs, soyeux et d’an noir profond. Les ailes en dessous sont peut-être d’un aspect plus vitreux qu’en dessus ; des deux côtés les nervures sont bien distinctes.

La femeile est encore inconnue.

Le fourreau est médiocrement allongé, brun, formé d’esquilles et de parcelles de mousse fixées avec une soie brune.

Plusieurs individus de cette Psychide nouvelle m'ont été offerts par M. de La Harpe, de Lausanne, qui m'a dit les tenir d’un natura- liste qui les avait rapportés du mont St-Gothard. L’année suivante, je reçevais de mon ami M. Constant, d’Autun, deux exemplaires de la P. Valesiella en tout semblables à ceux du St-Gothard. M. Cons- tant avait recueilli lui-même cette espèce en certain nombre dans le Valais où, m’a-t-il dit, elle paraît commune sur les pelouses qui avoi- sinent le sommet du Gornergrat et elle vole aux premiers rayons du soleil. Le fourreau est fixé, la pointe postérieure en l'air, à travers les herbes courtes qui tapissent le sol.

La Psyche Valesiella devant trouver place après la P. Gondebau- tella qui suit elle-même la Plumistrella, Hb. dans la monographie Bruand, portera le 46 ter. |

»

360 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Fumen Graecellr, Mi. (Species nova.)

(PI. 77, fig. 9 et 10.)

Envergure : 0,014 à 0°,015.

Elle est de la taille des exemplaires moyens de la Pulla (Pullella, Brd.) à laquelle cette Psychide ressemblerait si les ailes supérieures étaient arrondies à l’apex et au bord extérieur. Ce seul caractère, sans parler des autres qui sont il est vrai moins importants, empé- chera toujours de confondre cette nouvelle espèce.

La F. Graecella est d’un noir de suie mat et comme pelucheux ; les ailes supérieures sont passablement allongées, larges à l'extrémité, à pointe apicale prononcée, avec le bord externe coupé oblique- ment. Les ailes inférieures sont bien développées, larges et arrondies. Les franges, aux quatre ailes, sont assez longues et d’un noir encore plus prononcé que le fond des ailes. Les antennes sont d’une longueur normale, avec de nombreuses et fines barbules ; elles sont, ainsi que la tête et le thorax, d’un noir profond. L’abdomen est grêle et recou- vert de poils noirs soyeux, de médiocre longueur ; il est très-faible- ment teinté de fauve à l'extrémité. En dessous cette couleur est plus sensible.

La femelle n’est pas connue.

Le fourreau est revêtu de petites pailles cylindriques et agglomé- rées. Ce fourreau quelque peu renflé au centre, ressemble à celui de la Comitella, Brd. ou de la Crassiorella, Gn. J'ai sous les yeux plusieurs

exemplaires identiques de cette Fumea nouvelle, qui m'ont été

adressés par mon ami M. Staudinger, de Dresde, avec cette simple

annotation : « Species nova. De la Grèce. »

4

2"

LL. +

Leucania Punctosa. 361

Cette Fumea nouvelle trouvera place après la Crassiorella de la monographie Bruand et portera le 61 fer (1).

Obs. J'ai pris cette année, à la fin d'avril, sur le versant est de l’Es- térel (Alpes-Maritimes) plusieurs petits fourreaux appendus aux rochers : moins de trois semaines après, j'obtenais plusieurs mâles de la F. Intermediella, et parmi eux deux exemplaires que je rapporte à la F. Graecella.

Leucania Famctosa.

Tr. Gn. Herr.-Sch. fig. 310. Fray. 406. fig. 4. Stgr. Cat. 468.

(PI. 77, fig. 10.) CHENILLE.

Elle doit éclore en automne. A la fin de février ou en mars de l’an- née suivante elle a atteint son entier développement. Elle est plus cylindrique, moins atténuée en avant que les chenilles de ses congé- nères l’Albipuncta, la Pudorina et autres ; elle aurait plutôt la forme de certaines larves d’Orthosides; cependant les chenilles de la Punc- tosa et de la Putrescens qui se ressemblent grandement, présentent dans leurs divers âges, le fond gris jaunâtre et les lignes ordinaires continues et bien marquées de leurs congénères, indépendamment d’autres lignes intermédiaires plus fines. La plaque écailleuse du pre- mier anneau est traversée par la vasculaire et les deux sous-dorsales. La première de ces lignes, indiquée sur toute la région dorsale, est fine, blanche et liserée de brun sur chaque côté. La sous-dorsale qui

(1) Dans la monographie Bruand il existe un 61 fer (Psy. Radiella, Cur- tis) : ce qui doit être une erreur typographique puisque le 61 bis n'existe pas.

362 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

n’est bien écrite qu’à partir du quatrième segment, est large, inter- rompue aux incisions, noire et finement liserée de blanchâtre en dessous. La stigmatale est étroite, continue, claire , au dessus de la- quelle reposent les stigmates ; ceux-ci sont circulaires, bruns et cer- clés de rougeâtre. Le ventre est d’un carné obscur ; cette teinte est due à un semé d’atomes bruns. Les incisions sont d’un carné vif, presque rose. La tête est de grosseur ordinaire, testacée, maculée de points bruns en outre des deux croissants noirs opposés. Les pattes écailleuses sont testacées ; les autres sont concolores ; les tra- pézoïdaux sont bruns et visibles sans loupe.

La métamorphose a lieu dans une coque molle. La chrysalide est rougeûtre, luisante et de forme ordinaire; l’éclosion arrive vers le 45 ou le 20 juillet suivant.

La Punctosa appartient à la France méridionale, à la Sicile, à l'Espagne. Je l’ai prise en certain nombre aux environs de Cannes (Alpes-Maritimes) et à Celles-les-Bains (Ardèche).

Leucania Putrescens.

Tr. Gn. Herr.-Sch. 310.

(PI. 77, fig. 11.)

La chenille, je l’ai dit à l’article précédent, ressemble beaucoup à celle de sa voisine la Punctosa ; cependant elle en diffère par la tête plus cordiforme dont la ligne du sommet présente une courbure antérieure, tandis que cette ligne est droite chez la chenille de la Punctosa ; par la sous-dorsale qui est fine, double, brune, non interrompue aux incisions et surtout jamais noire aux centre des anneaux ; par le fond qui est carné au lieu d’être jaunâtre et qui est en outre lavé de bleuâtre antérieurement et posté- rieurement.

Tortrix Croceana. 303

Cette espèce présente une particularité digne de remarque, qu'elle partage sans doute avec plusieurs de ses congénères; elle reste enfermée dans sa coque sans se chrysalider, depuis la mi-mars jus- qu'au 15 ou 20 juillet suivant, époque arrive la transformation

- qui s'opère de la même manière que pour la chenille de la Punctosa.

La chenille de la Putrescens m'a été adressée de Barcelone par M. Himmighoffen qui l’élève chaque année. La chrysalide de la Putrescens ressemble identiquement à celle de

_sa voisine. L’éclosion de l’insecte parfait a lieu du 15 au 25 août, et

se prolonge pendant quatre à cinq semaines.

Cette Leucanide est rare en Provence, mais elle est répandue dans l’ouest de la France M. Guenée l’a prise en certaine quan- tité dans les dunes de la Bretagne. Je l’ai rencontrée moi-même assez abondamment dans l’Ardèche.

Obs. Duponchel en publiant sa L. Boiduvalii n’a pas reconnu en elle la Putrescens de Hubner. La Caricis, Tr., ne serait elle-même que cette Putrescens ; Leucanide, il faut en convenir, sur laquelle on à de la peine à s'entendre, puisqu'elle a encore été nommée Punctosa par M. Boisduval.

Tortrix Croceana.

Hb. fig. 120. Haw. Stgr. Cat. 636. Ochreana, var. Dup. 265. f. 6. Cupidinana, Stgr.. Stett. e. Z. 1859.

(PI. 78, fig. 1 à 3.)

Le Pistacia lentiscus, grand arbrisseau méridional, à odeur forte et nauséabonde, nourrit plusieurs espèces de chenilles ; sans parler des larves de quelques Coléoptères et Hémiptères. Ces chenilles sont rares, il est vrai, mais par cela même, leur étude pique d’autant plus la curiosité du naturaliste. Il ne sera aujourd’hui question que de trois espèces : la Tortrix Croceana, l'Eurhipia Adulatrix et la Liparis

"+

36% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Rubea; ajournant de raconter bientôt les mœursfl’une très-petite mi- neure qui vit du parenchyme des feuilles da Lentisque, ef qui doit être la chenille d’une Nepticula, ou plutôt celle d’une Bucculatrix. Je commengerai par la Tortrix Croceana.

CHENILLE.

Parvenue à sa grosseur, elle a, sauf la taille un peu plus grande , tout l’aspect de la chenille de la Pronubana, décrite dans la Liv. p. 382; mais les mœurs de cette larve inédite, ne sont pas préci- sément celles de sa congénère. Dans le jeune âge, les chenilles de la Croceana sont réunies par petits groupes de deux, de trois ou de quatre au plus, et, entre plusieurs feuilles fixées par des fils de soie, elles rongent sans se déplacer la pellicule supérieure d’une feuille et la matière colorante, sans attaquer la pellicule inférieure. À cette époque cette petite larve est d’un vert bleuâtre ; ce n’est qu’a- près la troisième mue qu'elle devient d’un grisätre mat. Ce qui la distingue, ce sont les taches noires du premier anneau beaucoup plus larges que chez la chenille de la Pronubana, et les points trapé- zoïdaux mieux indiqués en brun.

Cette larve est fusiforme, faiblement aplatie en dessous avec les lignes dorsale et sous-dorsale à peine plus accusées que le fond; la stigmatale est ondulée, continue et d’un vert très-clair. Les stig— mates sont noirs et cerclés de blanchâtre ; les seize pattes sont concolores.

Parvenue à toute sa taille, cette chenille lie et roule les feuilles en paquet et se comporte ainsi que la plupart de celles du genre. J'ai trouvé cette Tortricide à Amélie-les-Bains, sur le Pistacia lentiscus:; mais c’est en vain que je l’ai cherchée aux environs de Cannes cet arbrisseau abonde. |

Il est essentiel cependant de signaler une autre plante méridio- nale qui nourrit cette espèce; c’est le Dorycnium suffruticosum , plante sur laquelle, à Cannes et à Celles-les-Bains, je l’ai rencon-

À - AE

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Tortrix Croceana 365 trée de loin en loin sur des terrains rocheux. Cette Platyomide arrive après la Pronubana; on doit chercher la chenille seulement en mars et avril; elle ne se métamorphose jamais dans les feuilles: c'est toujours au pied de la plante, parmi les détritus de végétaux qu'elle forme une toile légère la transformation a lieu trois ou quatre jours après. La chrysalide est en tout semblable à celle de la Pronubana (1, pl. 46, fig. 1). Le lépidoptère paraît au commen- cement de mai.

INSECTE PARFAIT.

- Envergure : 0",020 à 0°,021. |

Cette Tortricide est une des plus remarquables du genre : elle est assez voisine, par la coupe d’ailes et les dessins des supérieures, de sa congénère l'Ochreana, Hb. Les premières ailes sont allongées, larges, coupées carrément et d’un beau jaune ochreux, largement lavées au bord interne et dans le pourtour de la frange, de la teinte appelée terre de Sienne. Ces ailes sont en outre recouvertes d’un dessin brun fin, représentant un canevas régulier. L'espace médian est interrompu au milieu de l'aile; une large bande, couleur de terre de Sienne brülée, la traverse obliquement ; une tache cunéiforme de la même teinte qui est appuyée à la côte, tend à réunir sa pointe à l’apex. Les ailes inférieures sont uniformément d’un gris blanchà- tre lavé de carné à la pointe. Les antennes sont couries et ochreu- ses ; l'abdomen est recouvert de poils blancs et teinté d’ochreux à l'extrémité.

La femelle est d’un bon tiers plus grande que le mâle ; elle est généralement d’un ton plus chaud.

La Croceana n’a sans doute qu'une génération.

Cette Platyomide qui appartient à diverses parties de la France mé- ridionale, avait primitivement été rapportée de la Sicile, puis de l'Espagne. Elle est encore bien peu répandue dans les collections.

306 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

Eiparis Rubea.

S-V. Hb. fig. 60, 61, 240. Esp. pl. 89, fig. 3. God. IV: pl. 26, fig. 5 et 6.—Frey. fig. 152.—Herr.-Sch.— Stgr. Cat. 204.

(Var. rose.)

(PL. 78, fig. 4 à 6.)

Voici une jolie Liparis, la Rubea, S. V. (variété rose constante), dont la chenille est différente de celle du type et dont elle s’éloigne plus encore que les insectes parfaits ne différent entre eux. Je ne crois cependant pas à une espèce distincte, car forme et caractères spécifiques se retrouvent chez Ja variété méridionale dont il va être question.

CHENILLE.

Elle éclot en novembre ou en décembre ; sa croissance est fort lente, puisqu’en février elle est encore très-petite. Dès la première mue elle est recouverte d’une abondante, mais courte villosité. Parvenue à toute sa grosseur à la fin de mai, elle est à cette époque d’une longueur normale, atténuée postérieurement avec la tête petite et les premiers anneaux, notamment le second, plus élevés que les suivants. Le corps est recouvert de plusieurs rangées de verrues fauves surmontées de faisceaux de nombreux poils raides rayonnants et rougeàtres d’une médiocre longueur, auxquels sont mêlés quelques poils entièrement noirs. La peau est d’un brun clair se détache à peine la vascu- laire qui est étroite, carnée, finement liserée de brun et coupée sur les neuvième et dixième segments par un point blanchâtre placé au centre des trapézoïdaux. Le dessous est plus clair que le reste du corps. La tête est cordiforme, rougeitre, luisante, et disparait à la volonté de l'insecte sous le premier anneau. Les pattes antérieures

Liparis Rubea. 307 sont de la couleur de la tête ; les membraneuses ont celle de la peau ; les stigmates sont blanchâtres et cerclés de noir.

Cette race ou variété constante habite la Provence et le départe- ment de l’Ariége je l’ai recueillie moi-même. Elle vit à découvert sur plusieurs espèces d’arbrisseaux, mais jamais sur des plantes herbacées. À Ax (Ariége), ce sont les Rubus qui la nourrissent, tandis qu’aux environs de Marseille, d’Hyères et de Nice, il convient de la chercher sur l’Arbutus unedo, le Pistacia lentiscus, les divers Cistus et même les Erica.

Pour <e transformer, cette chenille se comporte comme celles de beaucoup de Bombyx : elle descend le plus souvent au pied de l’arbuste ; cependant elle se fixe parfois dans les petites branches, la tête en haut, après s’être entourée d’un réseau à mailles lâches. La chrysalide est rougeâtre avec les incisions abdominales plus claires ; elle est de plus garnie sur toute la surface de poils rougeâtres. C’est à la fin de juin ou au commencement de juillet qu'éclot le Bom- bycide, vingt à vingt-cinq jours après sa métamorphose.

INSECTE PARFAIT.

Cette variété de la Rubea paraït un peu plus grande que le type ; ce qui la distingue de ce dernier, c’est sa coloration qui est toujours d’un rose rouge brique sur toutes ses parties. Le mâle et la femelle participent toujours de cette couleur caractéristique qui fait de cette variété une race remarquable. Elle appartient plutôt à l’Ariége qu’à la Provence propre, car si on rencontre dans cette dernière partie de France, le type et la variété rose, je n’ai jamais, à Ax-sur-Ariége, recueilli que cette dernière. +

L'espèce ordinaire appartient à la faune lyonnaise, bien qu’elle soit fort rare, Ici j'ai trouvé deux ou trois fois la chenille sur les

308 ; CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. Quercus. Cette Liparis appartient également au centre (1) et au nord de la France, à l’Angleterre, à l’Autriche, à l'Espagne.

Obs. M. Himmighoffen m'a envoyé de Barcelone des Rubea telle- ment foncés, que ce naturaliste inclinait à voir en eux une espèce distincte de la, Liparis Rubea.

Eurhipia Adulatrix.

Hb. 517, 649, 650. Tr. I, p. 370 et VI, p. 395. Dup. II, p. 352, pl. 94 et IV, p. 331, pl. 120, fig. 3 et 4. Frey, pl. 195. Gn. Ind., p. 245. Bdv. 967. Gn. VI, p. 306. Stgr. Cat. 703.

(PL. 78, fig. 7 à 11.)

Les premiers états de cette charmante noctuelle sont imparfaite- ment connus; c’est ce qui me décide à faire part aux entomologistes de mes observations et de ce que j’ai appris des mœurs de cette es- pèce. Je joindrai au type de la chenille, la figure de deux variétés dont l’une vernale et l’autre automnale. Cette dernière, par sa cou- leur anormale, est, ainsi qu’on en jugera, vraiment extraordinaire.

CHENILLE.

Dans le jeune âge elle est, à peu de chose près pour la forme et la couleur, ce qu'elle sera parvenue à tout son développement. A son état adulte, elle est cylindrique, d’une longueur médiocre, rase, avec la tête grosse et le premier anneau recouvert d'une plaque écailleuse qui est ordinairement de la couleur de la tête. La génération de l’été

(1) Environs d’Autun (A. Constant, Catalogue des lépidoptères du département de Saône-et-Loire).

Eurhipia Adulatrix 269 qui représente le type est relativement plus abondante que les deux autres. La chenille ordinaire de l’Adulatrix est d’un vert clair et on n’aperçoit des lignes, que des traces de la vasculaire , et encore ces traces de ligne sont elles parfois nulles; les sous-dorsales sont fines, continues et toujours visiblement écrites en jaune verdâtre. La stigmatale est ondulée, continue, d’un carné vineux faible. Les stigmatales qui s'appuient à cette ligne sont gros, ovales et carnés. La tête et l’écusson du premier anneau sont d'un vert plus accusé que le fond de la chenille. Le collier et la couronne des pattes ventrales sont lavés d’une teinte vineus?. Examinée à une forte loupe, cette larve paraît aspergée de blanc.

La variété du printemps, celle qui paraît en mai et en juin, est d’un vert bleuâtre mat. Chez cette variété constante, la tête et la pla- que du premier segment sont d’un vert clair qui rappelle la couleur du type. |

Ainsi que je l'ai dit, il existe une seconde variété de la chenille d’Adulatrix qui je crois ne paraît qu’en automne. Cette seconde variété est moins abondante que la première. Elle est d’un beau rouge mat quirappelle assez la couleur de la brique foncée. Cette chenille a exac- tement la forme du type; mais elle m'a toujours paru plus petite; elle semble maladive et réussit ordinairement moins bien que les sujets ordinaires. C’est parmi les fruits rouges du Lentisque, mûrs à cette époque, que, pendant le jour, elle se tient immobile; dans le but peut-être d'échapper à la vue de ses nombreux ennemis. Type et variétés vivent sur les Pistacia lentiscus et terebinthus «ont elles rongent les feuilles les plus récentes.

On trouve la chenille de l’Adulatrix à partir de mai jusqu’en no- vembre et même décembre. Elle se métamorphose dans la terre après avoir formé une coque molle. La chrysalide est assez courte, d’un rougeâtre foncé et luisant, à tête tronquée, avec les yeux sail- lants, et la partie postérieure obtuse et sans pointe.

310 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. »

INSECTE PARFAIT.

Si la chenille de cette espèce nous montre deux variétés remar- quables et constantes, l’insecte parfait ne varie pas même acciden— tellement. En outre des charmantes couleurs qui ornent les ailes de cette jolie Eurhipide, le blanc hyalin, le brun pourpré sont re- haussés par le bleu métallique, le corps se recommande par des ca— ractères dignes d’un certain intérêt, lesquels ont suffire à la création d’un genre pour les deux seules espèces qui le composent. Les antennes de l’Adulatrix o’ sont pubescentes dans leur première moitié, puis nues dans la seconde. Le thorax est robuste, carré, velu, crêté, à collier large et relevé. L’abdomen qui est varié de brun pourpré et de noir, se termine carrément et présente sur le qua- trième segment une tache blanche triangulaire.

Ce lépidoptère a trois ou quatre générations. La chenille qui ne vit que sur des plantes essentiellement méridionales, ne doit pas se rencontrer en France plus haut que la zone des Pistacia. On prend l’'Eu. Adulatrix aux environs de Montpellier, Celles-les-Bains , Marseille, Hyères, Amélie-les-Bains, Nice, etc. Le type appartient à l’Angleterre, à la Belgique, à l'Allemagne , à la Dalmatie , à la Sicile, à l'Italie, à l'Espagne, etc.

Psamatodes Catalaunaria.

Gn. X, p. 108 (non Herr.-Sch., non Stgr.)

(PI. 79, fig. 1 à 4.)

J'éprouve d'autant plus de satisfaction à faire connaître les pre- miers états de cette Phalénite que, bien qu’elle ait été décrite par M. Guenée et publiée dans le Species général, elie n’a élé, jusqu'à ce jour, figurée nulle part; pas plus en France qu’à l'étranger. De plus, aucune larve du genre n’était encore connne.

Psamatodes Catalaunaria. 371

CHENILLE.

Des œufs de la Catalaunaria pondus le 10 avril sont éclos sous mes yeux le 26 du même mois. Pour la forme, ces œufs rappellent ceux de la Sterrha Sacraria figurés à la planche 10° (3‘livr.). Ils sont d’un ovoïde très-allongé, déprimés et obtus aux extrémités, d’un vert d’eau clair avec l'un des bouts chargé de nombreuses petites ta- ches d’un rouge corail qui se prolongent sur l’une des carènes latéra- les, dans toute la longueur de celle-là. À sa sortie de l’œuf la petite larve est allongée, à tête grosse, d’un vert obscur ; elle est très-vive. Au 15 mai environ, parvenue à sa seconde mue, elle a le dos et les flanes d’un vert ardoisé et le ventre d’un vert clair, avec la tête et les derniers anneaux teintés de rougeâtre. De nombreuses lignes longi- tudinales se montrent déjà. Le 30 du même mois, cette larve qui se nourrit bien et qui grossit rapidement, parvient à toute sa taille. A cette époque elle est allongée, sans éminences, cylindrique, très-fai- blement carénée latéralement, un peu aplatie en dessous, avec la tête lenticulaire. La teinte générale, qui est le rougeâtre obscur, est pro- duite par de nombreuses lignes continues ayant cette couleur. La vasculaire est étroite, géminée, brune et aboutit au douzième segment qui est muni de deux très-petites pointes caronculiformes d’égale longueur, horizontales et terminées par un poil raide. La stigmatale est très-large, d’un blanc jaunâtre, continue et liserée d’un trait double, fin et noirâtre. Les stigmates sont ovales, orangés et finement cerclés de brun. Le ventre est marqué des mêmes rayures serrées et continues ; on voit au centre, deux lignes brunes qui partant du anneau aboutissent au 9°. Les dix pattes sont d’un carné chaud. Les trapézoïdaux très-petits sont invisibles à l’œil nu. Peu de temps avant sa métamorphose, cette larve: passe au rouge brique lavé de vineux tout en conservant ses lignes.

Pendant toute sa vie cette chenille vit à découvert sur le Dorycnium dont elle ronge les feuilles ténues, n’attaquant les fleurs que lorsque

celles-là lui manquent. Annales de la Société Linnéénne. 25

O1 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. |

M. Himmighoffen qui la recueille dans les garigues des environs de Barcelone, me mande ne l'avoir jamais vue sur une autre plante que sur ce sous-arbrisseau fort abondant dans les lieux incultes. La transformation doit s’opérer promptement, puisque 16 à 18 jours après que la chenille était descendue dans la mousse, arrivait l’éclo- sion de l’insecte parfait.

La chrysalide placée horizontalement dans sa coque est d’un rou- geâtre clair lavé de jaune, luisante, avec une seule pointe placée à l'extrémité abdominale. Du 17 au 22 juin, toutes mes chrysalides sont écloses pendant la nuit, cependant l’insecte moins vif que ne le sont d'ordinaire les Phalénites, ne volait pas avant la nuit suivante. Les Catalaunaria que j'avais alors, se sont accouplées en captivité; les œufs sont éclos le 30 juin et les nouvelles chenilles grossirent plus ra- pidement encore que celles de la génération précédente qui était la seconde de l’année, et se sont elles-mêmes chrysalidées très-vite. L’éclosion du lépidoptère a eu lieu pendant les premiers jours d’août ; il a donné une nouvelle génération qui ne doit pas être la dernière. On peut donc croire vraisemblablement que cette Psamatodes a au moins quatre éclosions.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",026 à 0",028.

Les ailes sont grandes, arrondies et grises ; les inférieures lavées d’une teinte carnée, avec les lignes transverses plus accusées qu'aux supérieures, et les stries brunes qui les recouvrent moins nombreuses que sur les premières ailes. Les antennes sont longues et se terminent en pointe déliée ; elles sont garnies de lamelles nombreuses et fines. La tête et la pièce qui précède le collier sont d’un jaune d’ocre.

La femelle, ordinairement plus petite que le mâle, a les ailes plus arrondies, l'abdomen plus renflé et les antennes filiformes.

Cette Phalénite varie selon les lieux qui la produisent. J’ai sous les yeux deux sujets de l’île de Malaga qui sont d’un tiers plus grands

Scodiona Hispanaria. 373 que le type, et les lignes sont plus brunes ainsi que l’espace terminal. - JL est des individus qui sont plus blanchâtres ; d’autres, obtenus aussi de chenilles, se montrent avec les lignes des ailes inférieures seules visibles.

On n’était pas bien certain de la patrie de cette Psumatodes que l'auteur du Species soupçonnait « être originaire de l’Afrique. » C’est peut-être à-cause de ce doute que M. Staudinger n’a pas compris la Catalaunaria dans son Catalogue.

Cette espèce qui était naguère une grande rareté, se répand au- jourd’hui dans les collections. Elle n’a point encore été rencontrée en France, cependant il serait surprenant qu’elle ne vécût pas dans quelques parties de la Provence les Dorycnium sont des plus abon- dants.

Scodiona Hispanaria, Mir. ( Species nova.)

(PI. 79, fig. 5 à 9.)

Voici une nouvelle Scodiona d’origine espagnole remarquable par sa taille et sa belle coloration. Elle est depuis quelque temps déjà envoyée aux entomologistes sous le faux nom, mais cela involontaire- ment, de Var. Perspersaria par M. Himmighoffen, de Barcelone, qui seul l'élève de chenille et qui chasse l’insecte parfait. Il suffira de jeter les yeux sur la chenille de la Perspersaria (Iconog., liv., pl. 35, fig. 4 et 2) pour s'assurer que cette Scodiona inédite diffère essen- tiellement de celle de la Perspersaria (1) par la forme de sa chenille. En effet, tandis que celle de l’Hispanaria porte une caroncule très-dé-

(1) Cette Phalénite n’est pas selon moi une Scodiona, ainsi que je l’ai démon- - tré (Iconogr., I, p. 293).

"

3174 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

veloppée sur le pénultième anneau, la chenille de la Perspersaria n’a pas de trace de ce caractère important (1).

CHENILLE.

Une ponte m'est éclose le 48 avril dernier. Les œufs sont ovoïdes, déprimés et d’un argileux brunâtre. La jeune chenille est allongée, grise et marquée d’une large sous-dorsale continue et foncée. La ca- roncule de l’avant-dernier anneau se montre déjà sous forme d’une petite éminence arrondie. Cette chenille grossit lentement, n’a atteint son entier développement que vers la fin de juin. Elle est assez allon- gée, cylindrique, un peu carénée latéralement, plissée, et, ainsi que chez les larves de la Lentiscaria et de l’Emucidaria (conog., pl. 5°, fig. 4, et pl. 6°, fig. 1 et 2), le onzième anneau est surmonté d’une poïnte caronculiforme très -caractéristique s’inclinant un peu sur le dou- zième segment qui présente deux paires de pointes horizontales dont l’inférieure est plus longue que la paire supérieure. Tout le corps de la chenille est d’un gris argileux lavé de blanchâtre les lignes se présentent ainsi : la vasculaire est brune et n’est visible que sur les et anneaux ; les autres segments ne portent que des traces de cette ligne. La sous-dorsale qui n’est bien écrite qu’à partir du 4 est fine, géminée et d'un brun pourpré ; elle s'arrête à la caroncule du 11° an- neau, sur la longueur et au centre de laquelle elle se prolonge. La stigmatale, placée sur la carène, est large, très-ondulée, continue, jaunâtre. Les stigmates qui reposent Sur cette ligne sont ovales, blancs et cerclés de brun. Les dix pattes sont robustes et concolores. La tête,

(1) Pour qu’il soit possible de $’assurer à quel point ces deux espèces, la Pers: péersaria et l'Hispanaria, différent par les mœurs, je ferai observer que la chenille de la première, élevée par moi en très-grand nombre, ne demeure jamais sous son état de larve plus de cinq à six semaines, cependant son état de nymphe se prolonge de la mi-avril au mois de septembre suivant. La vie de la chenille de l'Hispanaria au contraire, ainsi qu’on le verra, est de six à sept mois, et son état de chrysalide n’est que de quarante jours plus.

Li

Scodiona Hispanaria, 379

aussi haute que le premier anneau, est un peu lenticulaire, marquée de rougeâtre au sommet, avec les ocelles et mandibules noirs, et les palpes carnés. Les trapézoïdaux sont invisibles à l’œil nu. Le ventre est marqué au milieu d’une ligue claire, indécise. Le huitième anneau, dans son premier tiers, est taché à la région dorsale d’un double point brun de forme rectangulaire. Le point foncé du onzième segment est marqué de blanchâtre en avant.

Cette chenille est une des plus rigides ; son immobilité est absolue pendant le jour, et elle demeure sans cesse à découvert sur la plante qui la nourrit le plus ordinairement. Cette plante est le Dorycnium suffruticosum ; cependant on la trouve encore, mais très-accidentelle- ment sur certains Genista et même sur le Plantago lanceolata.

Paraît-il dans l’année une ou plusieurs générations de l’Hispa- naria ? J'inclinerais à penser que cette espèce a deux éclosions, puisque l’insecte parfait vole du commencement de janvier jusque dans les derniers mois de l’année ; il est cependant certain que la vie de chenille de cette espèce est de cinq, six, et même de sept mois.

Pour compléter ses renseignements, M. Himmighoffen ajoute qu'il trouve, en hiver surtout, des chenilles de cette Scodiona à toutes les grosseurs, depuis celle du premier äge, jusqu’à celle de l’entier déve— loppement et cela en compagnie de l’insecte parfait tantôt au moment de son éclosion, tantôt entièrement passé.

Pour se transformer, la chenille s’enfonce sous la mousse et tisse une coque à claire-voie la métamorphose s'effectue rapidement. La chrysalide n’a rien qui la distingue ; elle est médiocrement allon- gée, d’un brun rougeâtre avec la pointe abdominale brune, forte et qui se termine par deux crins parallèles longs de deux millimètres et recourbés en hameçon à l'extrémité.

L'état léthargique a duré cinq à six semaines au plus.

INSECTE PARFAIT.

Euvergure : le 0*,030 à 0",032. La 9 0°,035 à 0°,037.

376 CHENILLES ET) LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Cette belle Scodiana serait en effet assez voisine de la Perspersaria qui, je le répète, n’est point une Scodiona proprement dite, mais bien une Selidosema, Led. Cependant l’Hispanaria se rapproche bien da- vantage pour la coupe d’ailes soit de la Conspersaria, soit dela Turtu- raria ; mais indépendamment de la couleur qui, je le veux, n’est pas un caractère stable, on voit chez l’espice nouvelle, entre autres signes distinctifs, la ligne coudée propre dont le coude, nullement sensible chez les deux espèces congénères, est toujours très-accusé chez l’Hispanaria dont voici au reste la description.

Elle est de la taille de la Turturaria, Dup.

La couleur du type, m’écrit M. Himmighoffen, est le gris foncé rougeûtre. Cette couleur se fond en approchant de la base des ailes, lesquelles sont finement saupoudrées d’atomes noirs. L'espace mé- dian ne diffère pas du fond. Les deux lignes, la basilaire et la coudée, sont très-rapprochées à la base, mais très-espacées au sommet. Ces lignes sont indiquées par une série de petites taches brunes, nervu- rales, de forme triangulaire. La basilaire, moins bien marquée que la coudée, est légèrement convexe; elle est seulement indiquée par trois ou quatre points. La ligne principale qui part de la côte, présente un coude arrondi en dehors très-saillant. Les ailes infé- rieures, plus claires à la base que chez les supérieures, ne portent qu’une seule ligne formée aussi par une série de sept à huit taches ou points bruns. La tache cellulaire qui est elliptique, est toujours bien indiquée aux quatre ailes. Les franges sont assez longues et concolo- res. Le côté interne des supérieures est pourvu de franges presque aussi longues que celles du bord terminal. En dessous les ailes ont perdu leur teinte rougeâtre; les supérieures sont presque entière- ment brunes etles inférieures seraient d’un blanc parfait, si les fran- ges n'étaient très-foncées, et si on ne voyait encore des traces de lignes transverses; cependant le point cellulaire aux quatre ailes est plus accusé qu’en dessus. Les antennes sont très-pectinées de la base au sommet et munies de lames fortes et régulières. Les palpes sont courts et dépassent à peine le front ; les yeux sont noirs ; le thorax

: ;

Scodiona Hispanaria. 377 médiocrement robuste, convexe, est bien fourni de poils. L’abdo- men est cylindrique, velu, concolore, et terminé par une touffe de poils soyeux. Les pattes, avec deux paires de tarses aux postérieures, sont d’un gris fuligineux chez les deux sexes.

La femelle est un peu plus grande que le mâle. Le brun des ai- les a disparu : les supérieures sont entièrement d’un carné vif; les inférieures sont plus pâles ; leur base est presque blanche. Les lignes et le point cellulaire sont aussi bien accusés aux quatre ailes que chez le mâle. Le dessous est semblable à celui de l’autre sexe. Les antenres sont complétement filiformes, et l’abdomen est gros, renflé au centre, finissant en pointe et d’un blanc jaunâtre.

Cette Scodiona varie pour la couleur d’une manière sensible. On rencontresouvent des sujets qui ont le fond des ailes entièrement blan- châtre, et le semé d’atomes, les lignes et les points, sont d’un ochreux plus ou moins foncé. Chez d’autrex, également à fond blanchitre , les lignes et la tache cellulaire sont à peine visibles; pourtant il est toujours facile de distinguer la coudée.

C’est d’après un certain nombre de sujets des deux sexes obtenus ex larva, que je fais ma description.

Cette Phalénite, dont l'éducation est fort difficile, n'est pas très- vive ; elle se cache avec grand soin pendant le jour, et vole la nuit dans les lieux a vécu sa chenille. Onla prend rarement fraiche, car les écailles se détachent des ailes avec une remarquable facilité ; il est donc indispensable de l’obtenir d’éclosion afin de pouvoir constater son identité.

La Scodiona Hispanaria doit trouver place après la Conspersaria, et dans le Species général porter le 1150 bis. Dans le Catalogue Stgr. elle sera distinguée par le 379 bis.

378 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,

Polia Flavocineta.

Roes. pl. 55, fig. 4 à 3. W.-V. Fab. 344. Gn. Ind. p. 244. Bdv. 1023. Hb. fig. 46 (vera), Dup. IE, pl. 418, fig. 12. Gn. VI, 722. Stgr. cat. 308 Dysodea, Esp. pl. 153, fig. 4 à 6. Bork. 112.

(Var. Meridionalis, Bdv. 1023.) (PI. 80, fig. 1 et 2.) CHENILLE.

Celle de la variété constante, la Weridionalis, se distingue de la che- nille du type par des caractères qui, bien que secondaires, méritent cependant d’être signalés. Elle n’est pas, ainsi que celle de Flavo- cincta, d’un vert jaunâtre, mais plutôt d’un vert un peu bleuâtre qu'on trouve aspergé d’atomes blancs, si on l’examine à la loupe. La ligne vasculaire qui ne se voit pas chez la chenille de la Flavocincta, se montre en vert glauque sur les anneaux du milieu chez sa variété la stigmatale est plutôt blanche que jaunâtre, et les stigmates plutôt de couleur aurore que d’un blanc rosé.

La chenille du type bien que décrite déjà par plusieurs naturalistes, n'est peut-être pas complètement connue dans ses mœurs. On ignore sans doute que cette larve et celle de sa variété, ne passent jamais l'hiver, ainsi que cela arrive pour le plus grand nombre des chenilles de noctuelles. Les œufs en effet qui ont été pondus en automne, n’é- closent qu’à la fin de mars ou au commencement d’avril : ils sont ovoides, testacés et granuleux. La chenille est jusqu’à sa troisième mue, chez le type et chez sa variété, d’un vert clair. Parvenue à sa quatrième mue, celle de la Var. Meridionalis acquiert cette teinte vert bleuâtre qu'elle doit conserver jusqu’à sa transformation. Elle grossit rapide-

be

Polia Flavocincta, 379

ment, ne mange que la nuit et, pendant le jour, se tient fixée soit aux feuilles, soit à une grosse tige de la plante qui la nourrit. La chenille du type vit aux environs, et jusque dans nos jardins, sur une foule de plantes herbacées et, bien qu’elle ne soit pas abondante, cette espèce cause, par sa voracité, quelque dommage à nos plantes d’agrément et potagères. On la rencontre aussi sur plusieurs arbrisseaux et sous- arbrisseaux. On trouve communément la chenille de la variété à Ax-sur-Ariége, dans l’intérieur de la ville, sur le Muflier (Antirrhinum asarina, L.), gracieuse plante appendue aux tours et aux murailles en ruines, ainsi qu'aux rochers du voisinage situés à une expo- sition nord.

La métamorphose a lieu en terre ou dans la mousse, dans une coque molle. La chrysalide est lisse, brune, et l’éclosion arrive au mois de septembre.

INSECTE PARFAIT.

La race pyrénéenne est, aux quatre ailes, d’un gris tellement fon- cé, qu’il passe souvent au noir chez certains sujets et que, dans ce cas, les lignes ordinaires et les taches orangées s’aperçoivent à peine.

Le type semble ne pas exister dans l’Ariége, cependant aux envi- rons de Lyon, c’est lui qui domine et, sur les hauteurs qui avoisinent la cité, on rencontre de loin en loin la Var. Meridionalis laquelle, soit dit en passant, a être figurée par Duponchel (VI, pl. 118, fig. 1) sous le nom de Flavocincta. Ce qui pourrait expliquer cette opinion de Duponchel, à l'égard de sa V. Meridionalis, c’est que, dans le Midi, à Hyères par exemple, la Flavocinctatype est la seule que j’y ai trouvée.

Je crois que la P. Calvescens, Bdy. n’est qu’une sous-variété du type. Il existe dans notre département du Rhône, dans les lieux bas, des variétés de cette Polia obtenues par éducation, d’un gris presque blanc les taches ochreuses se distinguent à peine, et qui pour- raient bien être cette sous-variété.

D. ne.

380 GHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

Polia Rufocinceta.

Hb., fig. 247. Gn. Ind. 244. Bdv. 4022. Dup. Sup. I, 259, pl. 24, fig. 3 bis. Herr.-Sch., fig. 37. Gn. VI, 724. Stgr. : Cat. 309.

(PI. 80, fig. 3 à 5.)

Il est certains lépidoptères dont les mœurs, mais plus particuliè- rement l'habitat, déroutent l’entomologiste observateur, et l’étonne- ment à bon droit. La P. Rufocincta, Hb. serait un de ces insectes ; en effet, après l'avoir rencontrée dans les pays montagneux de la Suisse, aux environs d'Hauteville (Aïn), ainsi qu’au mont Roland (Jura), je l'ai retrouvée près de Cannes (Alpes-Maritimes ). Comme on ne connaissait rien des. mœurs de la chenille, on me saura-gré, je pense, de dire ce que j'ai appris de cette larve qui a de grands rapports avec celle de sa congénère la Flavocincta, Roes. Des habitudes identiques rapprochent encore ces deux espèces; cependant la Rufocincta paraît environ quatre à cinq semaines plus tard que sa voisine; conséquemment l’insecte parfait n’éclot qu’un mois après la Flavocincta; c’est toutefois ce qui arrive pour cette dernière élevée en captivité.

CHENILLE.

Elle est allongée, pleine, cylindrique, d’un beau vert pomme, avec la tête petite et, au repos, à moitié dissimulée sous le premier an— neau. Les lignes vasculaire et sous-dorsale ne sont indiquées que par une série de points petits, blanchâtres, à peine visibles à l’œil nu. On distingue cependant le tube intestinal qui est d’un vert glauque et _ quidisparaïît à chaque mouvement de la chenille. La stigmatale large, - continue, d’un jaune serin, n’est nullement liserée de noir en des-

Polia Rufocincta. 381

sus; ce qui est, on se le rappelle, un des caractères distinctifs de la chenille de la Flavocincta. Le ventre est d’un vert bleuâtre clair; la tête, d’un testacé verdâtre, avec les ocelles noirs et les mandibules pour - prées. Les trapézoïdaux sont petits, noirs et se distinguent à l'œil nu. Les stigmates sont en ovale allongé, petits, blanchâtres, à peine visibles ; mais un des signes distinctifs de cette espèce, c'est deux gros points noirs placés sur chaque segment, accompagnant, à droite et à gauche, l'organe de la respiration. Enfin, les pattes sont d’un carné jaunâtre ; les antérieures ont le dernier article brun, et les membraneuses ont la couronne d’un rougeätre obscur. Cette chenille qui éclot à la fin de mars n’est parvenue à toute sa taille que vers les premiers jours de mai. On la rencontre sur plusieurs es- pèces de plantes basses de genres bien éloignés.

- Pourse chrysalider elle se cache dans la terre et se métamorphose après avoir formé une coque molle. La chrysalide ressemble beau- coup à celle de la Flavocinta, mais elle est plus brune; elle tire plutôt sur la couleur du bois de palissandre. Le lépidoptère éclot ordinaire- ment vers le quinze ou la fin de novembre; plutôt le matin qu’à tcut autre moment de la journée.

INSECTE PARFAIT.

C’est la plus grande des Polia : elle mesure jusqu’à 0,046. Elle est donc toujours plus grande que la Flavocinta avec laquelle cependant on a la confondre. La Rufocincta se distingue de sa congénère par les ailes supérieures d’un gris plus ou moins bleuâtre et surtout par une tache orangée qui traverse invariablement l’espace médian. Larace du Midi me paraît généralementplus sombre queles sujets pro- ve: ant des montagnes de la Suisse et de l’est de la France; ce sont principalement les ailes inférieures qui, chez cette race, passent au noirâtre.

Cette variété constante, à laquelle on pourrait donner un nom, est

382 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. au type, ce qu'est la Weridionalis à la Flavocincta, ce qu'est la Xanthomista à la Nigrocincta.

La P. Rufocincta n’est pas encore très-commune dans les collec- tions. J'ai énuméré en commençant les divers lieux où, jusqu'à ce jour, elle avait été rencontrée.

Obs. II me paraît certain que la Mucida, Bdv., n’est qu'une va- riété locale de la Rufocincta.

Gelechia Amtirrhinella, Mir. :

( Species nova. ) (PI. 80, fig. 6 à 8.)

Pour clore cette livraison je tracerai les premiers états d’une grande Gelechia inédite, voisine de la Tripunctella.

CHENILLE.

Elle est allongée, fusiforme, un peu aplatie en dessous, d’un vert obscur presque noir chez les sujets adultes, à tête lenticulaire, à pre- mier anneau recouvert d’un écusson corné. On ne distingue aucune ligne ; mais les points pilifères sont noirs et distincts. La tête est d’un testacé rougeâtre et bordée de noir au sommet. Le collier est blanchà- tre et la plaque du premier segment qui est de la couleur de la tête, est également bordé de noir. Les pattes écailleuses sont brunes et luisantes ; les huit ventrales et les deux anales sont concolores.

Depuis l'instant de sa naissance qui arrive en mars ou avril, jus- qu’à l’époque de la métamorphose qui a lieu à la fin de mai, cette chenille vit sous une petite toile de soie blanshâtre, dont les bords retiennent les plis d’une ou de plusieurs feuilles de l’Antirrhinum asarina , L., jolie plante sous-ligneuse qui croit spontanément, Je l'ai dit à l’article précédent, dans les fissures des vieilles murailles d'Ax-sur-Ariége, et qui sert de nourriture à cette chenille que j'ai

Gelechia Antirrhinella 383 recueillie en certain nombre dans la ville même, et contre les rochers des environs.

C’est au pied de la plante, dans les feuilles sèches que la chenille se transforme, ou de temps en temps sur la plante, dans le pli d'une feuille.

La chrysalide qui est médiocrement allongée, avec l'enveloppe des ailes et la gaïne des antennes descendant assez bas sur l’abdomen, est d’un jaunâtre sombre, et brune à la pointe anale, La Gelechia est éclose en captivité, pendant les premiers jours de juillet.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0°,023 à 0",024.

Il a le port d’ailes des grands exemplaires de la G. Tripunctella à laquelle il ressemble beaucoup.

Cette nouvellle Gelechia diffère de sa congénère, par des carac- tères peu sensibes, mais qui sont constants et qui nous ont paru suffisants, à M. Stainton, de Londres, et à moi, pour voir en elle une espèce distincte.

Les ailes antérieures sont allongées, rectangulaires, d’un gris lui- sant, avec les trois points qui caractérisent la Tripunctella bien mieux écrits que chez celle-ci. La série de points nervuraux qui précède la frange, est également bien indiquée en noir. Les ailes inférieures sont grandes, arrondies et d’un gris un peu fuligineux ; les antennes sont fines et brunes. La tête et le thorax sont de la couleur des ailes supérieures. La $ ressemble au ©.

Voici en quoi, suivant M. Stainton, la G. Antirrhinella diffère de la Tripunctella :

Par ses ailes antérieures plus courtes, moins luisantes, et par une légère teinte rougeâtre ; de plus, par les points noirs du bord posté- rieur beaucoup plus distincts et les stries foncées plus accusées. En outre, si on regarde les palpes à la loupe, on reconnaît que le der- hier article est noir extérieurement, tandis que chez la Tripunctella,

384 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. il n’est que d’un gris clair. Enfin, chez l’Antirrhinella le bout des ailes postérieures est sensiblement plus obtus que chez sa voisine. Cette grande Gelechia vole en mars dans le voisinage de l’Antir- rhinum asarina. N'ayant pris alors que des sujets flétris, passés, il est vraisemblable que ceux-ci sont éclos l'automne précédent et que ces sujets étaient le produit de la seconde génération qui, je l'ai dit, éclot une première fois en juillet. La Gelechia Antirrhinella ne peut être placée qu'après la Tripunctella, S.-V.; elle portera dans le Catalogue Stgr.' le 4529 bis.

.

EXPLICATION DES PLANCHES. | 385

EXPLICATION DES PLANCHES

De la 17e Livraison (1866).

PLANCHE 77. EXPLICATION DES FIGURES. à

. Chenille de la Luperina Rubella, Dur. AMIE LE Id. jeune. . Chrysalide.

. Insecte parfait.

. Cocon.

IE.

. Psyche Valesiella, Miz. . Fourreau. | ; L 4

IL.

. Fumea Graecella, Miz. . Fourreau.

IV. . Chenille de la Leucania Punctosa , TR. N\.

. Chenille de la Leucania Putrescens, Hs.

Tige de l’Hordeum pratense, Lois.

380 EXPLICATION DES PLANCHES :

PLANCHE 78.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig. 1. Chenille de la Tortrix Croceana, Hs. 2, Chrysalide. 3. Insecte parfait.

IL.

Fig. 4. Chenille de la Liparis Rubea, S. V. (Var. Rosea). . Chrysalide. 6. Insecte parfait.

Sid

JET.

Fig. 7. Chenille‘de l’Eurhipia Adulatrix , Hs. 8. Id: id. (Variété vernale). 9: 1044: id. (Variété automnale). 10. Chrysalide. 11. Insecte parfait.

Tige du Pistacia lentiseus, L.

Fig.

Fig.

EXPLICATION DES PLANCHES 387

PLANCHE 79.

EXPLICATION DES FIGURES.

LE 1. Chenille de la Psamatodes Catalaunaria , G\. 2. Chrysalide. 3. Insecte parfait o. MUC. 1 Ç. IT. 5. Chenille de la Scodiona Hispanaria , MILL. 6. Chrysalide. 7. Insecte parfait ©. Rod ME.

Id. id. (Var. À).

de L 2 à

Tige du Dorycnium suffruticosum , VILL.

388 EXPLICATION DES PLANCHES. »

PLANCHE 80.

EXPLICATION DES FIGURES.

Fig. {. Chenille de la Polia Flavocincta, Rous. (Var. Meridio- nalis, BDv.) $. Insecte parfait.

IT. Fig. 3. Chenille de la Polia Rufocincta, Hs.

4. Chrysalide. 5. Insecte parfait.

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>. Chenille de la Gelechia Antirrhinella, Mie. 7. Chrysalide. 8. Insecte parfait.

Tige de l'Antirrhinum asarina, L.

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Annalar de la Société Linnéenne de Lyon 17 Lror Année 1866 PI 77

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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

P. MILLIÈRE DIX-HUITIÈME LIVRAISON

Présentées à ‘a Société Linnéenne de Lyon, le 14 janvier 1867)

Gr

Nemorlia Aureliaria, Mi:.

( PL. 81, fig. 1 à à.)

J'ai publié dans la XIE liv., pl. 55°, fig. 4 et 2, le o* de cette remarquable phalénite, mais alors je n'avais pas la certitude de pouvoir, peu de temps après, découvrir et faire connaître non-seu- lement la 9, mais encore la chenille de ce charmant insecte, et observer ses mœurs depuis l'instant de sa naissance. Ainsi qu'il arrive très-souvent en histoire naturelle, le hasard m'a mieux servi dans mes recherches que l’obstination que j’ai pu apporter à les poursuivre. Je soupconnais vaguement qu’Aureliaria, que je savais

190 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

appartenir à l'Italie, pouvait aussi se rencontrer dans les Alpes- Maritimes, qui touchent comme on sait à ce beau royaume, et dont la végétation est, à peu de chose près, la même. Quoi qu’il en soit, j'éprouve aujourd’hui l'extrême satisfaction de pouvoir, tout en racontant l’histoire complète de la Nemoria Aureliaria, constater sa présence en Frânce, et augmenter ainsi notre faune lépidoptérique déjà si remarquablement riche.

CHENILLE.

L'œuf, après avoir été déposé et fixé, au moyen d’une matière visqueuse, à l’aisselle d’une petite branche de l’arbrisseau qui doit nourrir la chenille, éclôt dès le mois d'octobre, et la croissance de la petite larve est extrèmement lente; en effet, à la fin de janvier elle n’est point encore à moitié de sa taille. Au moment de sa naissance, elle est d’un blanc jaunâtre, possède dès alors la forme qu’elle aura plus tard ; c’est-à-dire qu’elle a déjà le premier anneau bifide, et qu’elle est carénée sur les côtés. À sa seconde mue, la couleur d’un rouge minium qui caractérise la double pointe du premier anneau, les dix pattes extérieurement et le clapet anal, se montre d’une manière plus ou moins vive. Ce n’est qu'après la troisième mue, qui arrive à la fin de février, que la couleur générale, qui est le vert irès-tendre, se prononce et passe au vert pistache ; la ligne stigma- tale est indiquée alors en jaune serin. Parvenue à son entier déve- loppement pendant le courant ou à la fin de mars, cette larve est médiocrement allongée, avec la tête petite, un peu rectangulaire et légèrement convexe, à fond vert, avec le sommet lavé de carminé vineux, les ocelles et les mandibules de la même couleur. Elle est au tiers cachée sous le premier segment, qui la dépasse de beau— coup en hauteur. Cette chenille est très-carénée latéralement, avec le clapet anal prononcé en pointe aiguë teintée de rouge minium, d’un vert pistache foncé, et, paraissant, vue à la loupe, aspergée sur tout

+ LL 'ÉÉSRS js 7, à

Nemoria Aureliuria. 191 le corps de nombreux atomes blancs. Des lignes longitudinales, il n’en existe qu’une seule: la stigmatale, qui se prolonge du premier anneau au onzième inclusivement. Cette ligne est large, continue et d’un jaune serin très-franc. Le premier anneau est élevé, bifide et coloré en rouge de Saturne (minium). Les dix pattes sont robustes, longues et vertes; elles sont teintées de carminé vineux extérieure- ment. Les stigmates sont ovoides, d’un jaune rougeâtre et paraissent saillants. Cette chenille (4) qui est très-délicate, fort difficile à élever, se tient le plus souvent un peu courbée au repos, conserve pendant tout le jour une constante immobilité, et, si on la fait tomber de la branche qui la soutient, elle demeure longtemps sans mouvements. Elle vit à découvert depuis l'instant de sa naissance et se place à toutes les époques de sa vie dans la partie la plus fourrée du Phillyrea angustifolia, L., qui paraît la nourrir bien plus fréquemment que le Ph. media, L. (2). Elle n’attaque que rarement les feuilles et ronge le plus souvent les nombreuses petites fleurs de l’arbuste; mais avant que celles-là ne soient développées, elle dévore les bourgeons, auxquels le dégât qu’elle cause n’est pas appréciable en raison du peu de nour- riture que cette larve prend à la fois.

Il n’est pas sans intérêt pour la science de faire connaître un fait unique peut-être parmi les Lépidoptères; c’est que la chenille de cette espèce devient la victime d’une larve de Diptère dans des proportions qui doivent paraître énormes. En effet, près des 9/10 des larves d’Aureliaria, que j'élevais avec un grand soin, après les avoir recueillies à divers âges, m'ont donné ce même Diptère à la place de la précieuse phalénite que j'espérais voir éclore. C’est du

(1) Par sa forme relativement plus courte que celle de ses congénères, elle semblerait s'éloigner de la chenille, sa voisine, la Pulmentaria, Gn., qui est beau- coup plus allongée et que j'espère bientôt faire connaître ; mais elle se rapproche de la chenille la Viridata, L., que j'ai également étudiée,

(2) Je l'ai rencontrée deux fois seulement sur ce dernier arbrisseau. Je ne pense pas que cette arpenteuse vive ailleurs que sur les Phillyrea.

LR es

192 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

moins ce que j'ai remarqué cette année (1). ce parasite, Suivant mon collègue de la Société entomologique, M. Bigot, de Paris, auquel je l’ai soumis, ce parasite, dis-je, serait l’Exoritta OEmula, Nuig.

Un second parasite attaque encore cette chenille, mais bien moins fréquemment, c’est la larve d’un petit Hyménoptère ichneumo- nien (2), alors qu’elle n’est qu’à sa troisième mue.

Quand arrive, du 20 au 30 mars, l’époque de la transformation, la chenille forme, au milieu de l’arbuste et au centre de plusieurs feuilles réunies, une coque à très-claire-voie dans laquelle, après s’être placée perpendiculairement la tête en haut, ou horizontalement, la transformation a lieu. |

La chrysalide est médiocrement longue, conico-cylindrique, sans aspérités, à anneaux mobiles, d’un vert d’eau mat qui blanchit quel- ques jours avant l’éclosion. La place des yeux est indiquée en brun et celle des nervures des ailes en vert plus foncé, ainsi que l'enveloppe des antennes et celle de la trompe. L’éclosion du lépidoptère arrive vingt-quatre ou vingt-six jours après la transformation , quelquefois au milieu de la nuit, mais le plus ordinairement entre sept et huit heures du soir.

-

INSECTE PARFAIT ® (3).

Envergure : 0",028 à 0,029.

La © de la Nemoria Aureliaria n'était, je le répète, pas encore connue. Elle est sensiblement plus grande que le o* ; mais sauf cette différence d'envergure, la forme des ailes est à peu de chose près la

(1) J'ai de la peine à croire, je dois l'avouer, que chaque année cette larve soit ainsi décimée par cet ennemi de sa race.

(2) Notre collègue, M. le docteur Sichel, de Paris, me mande que c’est le Micro- gaster reconditus, Nees.

(3) Le & a été décrit à la page 37 du volume de mon Iconographie.

Nemoria Aureliaria. - 193

même, et sa couleur, le vert bleuâtre velouté (1), tout aussi vive que chez l’autre sexe. L’apex prolongé des supérieures existe pres- que aussi prononcé, ainsi que l’angle anal des inférieures. Cependant la ligne blanche transverse, très-étroite, est encore plus imparfaite- ment écrite que chez le ©"; cette ligne est presque imperceptible aux inférieures. La côte est légérement teintée de fauve. Le dessous des ailes diffère du dessous du ©; il est vert ainsi qu’en dessus, avec des reflets clairs. On ne voit pas de lignes, si ce n’est un imperceptible filet oblique d’un vert obscur. Les antennes sont ciliées, et à hampe légèrement foncée. Les palpes ne dépassent pas le front. La tête est verte, et le vertex est d’un blanc pur. L’abdomen est gros, conique, renflé au centre, vert en dessus, blanc satiné en dessous: la poitrine est d’un blanc pur et les pattes sont légèrement fauves. Les tibias ne portent aussi qu’une seule paire d’éperons fauves.

La N. Aureliaria à un vol timide et incertain. Bien qu'on la ren- contre sur les coteaux les plus chaudement exposés des environs de Cannes, ce n’est guère qu’au centre des bois, dans le calme parfait des tièdes soirées, qu'on a l'espoir de voir voler cette phalénite, que ses habitudes mystérieuses ont bien pu jusqu’à ce jour soustraire aux recherches des entomologistes, car elle n’est pas absolument rare aux environs de Cannes, et sans doute sur tout le littoral de la Méditerranée, dans la région des Phaillyrea, qui est celle des oliviers. L'espèce cependant se cantonne; elle n’existe pas toujours crois- sent ces élégants arbrisseaux. Il convient de la chercher aux environs de la ville, dans le voisinage du château du Rocher, sur les hauteurs

(1) Je crois devoir citer un fait qui peut paraître anormal chez les espèces du genre Nemoria et chez celles des genres voisins. L’insecte parfait, au moment de V'éelosion, se montre, et cela tant qu'il n’est pas mort, d’un vert plus foncé et qui ressemble pez au vert blerâtre qui, para’t-il, ne se prononce et ne devient plus clair que par site de la dessication de l’insecte. Cette belle couleur, privée de l’action de la lumière, demeure inaltérable; fait dont on a la preuve à la vue de la première de mes Aureliaria, collectée depuis bientôt vingt ans.

Annales de la Société Lianéenne. 13

1 =,

194 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

de la villa Henriette et sur les collines très-bôisées qui dominent la Bocca. C’est bien vainement que j’ai cherché, à diverses reprises, sur les Phillyrea qui abondent à l’île Sainte-Margurrite, soit la chenille, soit l’insecte parfait. Je crois le lieu relativement trop bas, bien qu’en toute saison, d'une température plus élevée que sur les rivages VOISINS.

Selon toute vraisemblance, la N. Aureliaria n’a qu'une géné- ration.

Obs. Longtemps après que la dernière Aureliaria était éclose, près de trois mois, une chenille retardataire de cette espèce, parvenue à toute sa taille, vigoureuse et bien portante, élevée en plein air sur an Phllyrea du parc de Lyon, n’était point encore transfor- mée. Rien n’annonçait que ce sujet, qu’une cause accidentelle a fait périr, fût attaqué par un parasite, cependant il ne paraissait pas dis- posé à changer d'état. À quelle cause attribuer ce retard anormal qui aurait pu se prolonger longtemps encore? Prouverait-il pour Auwre- liaria une éclosion sutomnale ?

ÆZelleris Pissliyrella, Micr.

(Species nova.)

(PI. 81, fig. 8.)

Il suffit souvent qu'un arbre, un arbrisseau, ou une plante her- bacée qui croissent spontanément dans les lieux qui leur sont propres, nourrissent peu de larves, ou même paraissent n’en nour- rir aucune, pour que certains entomologistes s’obstinent à explorer ces végétaux. Les Phillyrea, par exemple, arbrisseaux aux feuilles persistantes de l’Europe méridionale, sont généralement considérés comme n'étant jamais attaqués par des larves de lépidoptères. Le Phillyrea angustifolia, L., nourrit cependant plusieurs espèces de

Zeileria Phillyrella. 193

| chenilles, mais elles sont, je dois l’avouer, restreintes en individus. Il faut chercher avec une certaine perséverance pour réussir à ren— contrer, en outre de la chenille de la N. Aurceliaria, celle d’une tinéide inédite, la Phillyrella, que je réunis au petit genre Zelleria, créé par M. Stainton.

CHENILLE.

Elle éclôt à l’époque commence à bourgeonner le Ph. angustifolia qui la nourrit (4), c’est-à-dire vers le 15 ou le 30 janvier. Elle grossit assez vite et atteint son entier développement dès la fin de février. A ce moment, elle est allongée, presque cylindrique, un peu aplatie en dessous, d’un vert clair, avec la région dorsale d’un vert foncé et les lignes sous-dorsales d'une teinte légèrement vineuse. La plaque du premier anneau est partagée par un sinus étroit et clair. La tête est cordiforme, d’un jaune testacé, avec les ocelles à peine indiqués. Les pattes écailleuses sont vertes; les huit ventrales et les deux anales sont concolores. Les stigmates sont à peine indiqués; les trapézoï- daux ne sont visibles que lorsque la chenille a pris, sur la région dorsale, une teinte vineuse plus ou moins prononcée; ce qui arrive ordinairement lorsque l1 chenille est sur le point de se métamor- phoser ; ces trapezoïdaux se détachent alors en clair sur le fond.

Cette petite larve est d’une extrème vivacité et rappelle les habi- - tudes de certaines Tortricides : elle vit isolément, lie plusieurs feuilles de la plante, se tient au centre pendant le jour ; mais elle en sort la * nuit pour accomplir son œuvre de destruction en dévorant les bour- geons du Phillyrea angustifolia à l'exclusion des feuilles. Parvenue à toute sa grosseur, cette chenille descend de l'arbrisseau et forme

(1) Ce n’est que bien rarement que j'ai trouvé cette petite larve sur les Phil: lÿrea media, L., et latifolia, Lam.

196 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

à sa base, entre deux feuilles desséchées, une double coque fusi- forme, en soe opaque d’un blanc mat, mince et forte cependant, et s’y tra:sforme bientit. Très-souvent aussi, la chenille place sa coque sur une feuille du Phillyrea, dans le sens de la longueur de cette feuille. La chrysalide est méd'ocrement longue, d’un jaunâtre argileux, avec la place des yeux bien indiquée en brun. Le petit lépidoptère éclôt cinq à six semaines après la formation de sa chrysa- lide, plutôt dans la soirée qu’à tout autre instant.

ÆEphyra Pubpillaria, Hs.

Var. Gyraria, Dup. V, p. 31, pl. 127, fig. 3. Bdv. 1827. Gn. 662. Stgr. Cat. 148. Sparsaria, Hb. 327.

(PI. 81, fig. 9 à 12.)

CHENILLE.

Elle est cylindrique, très-faiblemeut carénée, à tête aussi large que le cou, aplatie en avant, faiblement bifide au sommet, entièrement d’un vert pomme un peu clair en dessus, excepté le sommet de la tête, les dix pattes et le clapet anal, qui sont d'un carminé plus ou moins obscur; le reste de la tête est toujours teinté de jaunàtre. Des trois lignes ordinaires, on ne distingue que la sous-dorsale, qui est étroite, interrompue et d’un vert jaunâtre; les incisions sont aussi de cette couleur claire. On voit en outre quelques poils courts, lins et bruns ; les stigmates sont ovales et rougeätres. Le dessous n'a pas de lignes. Vue à la loupe, cette chenille parait comme aspergée de nombreux points blanchâtres. Elle varie en jaune citron, en jaune canneile, en vert obscur, en brun et en rougeàtre plus ou moins clair. Ces variétés, relativement rares, indiquent le plus souvent des che- nilles malades et qui sont devenues la proie d’un parasite, L’habitude

ro»

Ephra Pupillaria. 197 decette arpenteuse au repos est de tenir la partie antérieure de son corps, courbée en demi-S, et de demeurer immobile pendant tout le jour, fixée seulement par les pattes anales.

La chenille de la Gyraria, Dup., vit dans tout le midi de la France sur plusieurs expèces d’arbres et arbrisseaux ; ceux qui la fournis- sent le plus ordinairement sont les Cistus monspeliensis et salviæfo- lus, le Myrtus communis, le Phillyrea angustifolia, \' Arbutus unedo et divers Quercus. Elle demeure toujours à découvert, ne mange que la nuit, et n’attaque jamais que les feuilles, contrairement à certaines chenilles arboricoles qui ne se nourrissent que de la fleur. On la trouve toute l’année, aussi bien pendant la belle saison que pendant l'hiver ; cependant, en décembre et janvier, sa croissance est beaucoup plus lente qu’à toute autre époque. |

Le mode de transformation de cette chenille, qui est celui de tous les Ephyra, est des plus singuliers; tout le monde le sait.

La forme de la chrysalide est tronquée carrément par en haut, entièrement d’un vert foncé un peu bleuâtre, avec des lignes claires et déliées sur la carène et le bord de l’enveloppe des ailes. Vue à la loupe, on la dirait aspergée de blanc et de noir sur un fond vert clair. Les deux pointes supérieures et la pointe anale sont légèrement car— minées ou vineuses. La chrysalide d’une chenille qui a presenté une couleur anormale se ressent de cette couleur. L'état de la nymphe dure, au printemps, de quatre à six semaines; en hiver, cet état se prolonge beaucoup plus.

INSECTE PARFAIT.

Cette Gyraria de Duponchel ne doit être en réalité qu’une des nombreuses variétés de la Pupillaria, Hb. fig. 69; et je crois même que les Gyrata, Hb. fig. 434 et 543, ne sont que des variétés de la Pupillaria, qui, ainsi que j'ai pu m'en convaincre, en élevant de nombreuses chenilles de cette Ephyra, varie énormement, depuis le

198 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

type de cette variété constante qui est, non hs fig. 3 de la pl. 172 de Duponchel, mais plutôt la mienne, pl. 81, fig. 41 (4), jusqu'aux sujets qui sont d’un rouge ochreux foncé (Hb. fig. 543, et Iconog. Mill. pl. 81, fig. 42) en passant par toutes les nuances intermé- diaires.

J'ai rencontré très-abondamment les variétés de la Pupillaria aux environs de Hyères, de Cannes et d’Amélie-les-Bains. Je ne l'ai jamais vue à Celles, dans l’Ardèche, si riche cependant en lépidoptères du Midi.

Le type (2) et toutes les variétés de cette Ephyra volent, en Pro- vence, dans les mèmes lieux.

M. Guenée a pris abondamment la variété B. à Biarritz, en juin, et M. Ledérer a rapporté quatre individus de Beyrouth, qui ne diffé- rent en rien des nôtres (Gn.).

Je crois que la Nolaria, Hb. (Sparsaria, Hb. 327) est une variété de la Gyraria, car j'ai obtenu des sujets presque identiques dont les chenilles avaient vécu sur le Cistus monspeliensis.

Obs. En terminant, je me demande si cette Eph. Pupillaæria et ses nombreuses variétés ne seraient pas, en réalité, des variétés et sous— variétés locales de Ja plus anciennement connue des Ephyra, la Punc- taria d’Albin, fig. 82, dont la chenille commune partout dans les bois de chêne, excepté en Provence, ressemble tellement à la chenille de la Pupillaria, qu'on ne pourrait peul-être pas distinguer ces deux larves en comparant celles-ci en nature.

(4) Cette figure représente bien certainement les individus les plus nombreux de la Gyraria Dup. qui, je le répète, n’est qu'une sous-variété de la Pupillaria des auteurs.

(2) La Pupillaria type est assez rare dans le Midi; mais c'est la seule qui existe dans le Lyonnais.

de à

Psecadix Funerella. 199

Psecadia Faunerella, Far,

Hub. fig. 85. Tr. Dup. pl. 285, fig. 5. = Funerea, Haw. Stgr. Cat. 1374. (Var. Canuisella Mie.) (1).

(PL. 81, fig. 13.)

Voici une variété qui est des plus constantes, aussi lui ai-je imposé un nom, celui d’une ville aux environs de laquelle je l’ai prise en certamm nombre, à la fin de mars 1866.

Cette Psecadia, qui au vol ressemblait assez à un Diptère ou à un Hyménoptère, ne quittait pas un emplacement restreint couvert d'Arundo donax et de nombreux pieds de l’Aristolochia rotunda, L., la même plante, on le sait, qui nourrit la chenille de la jolie Thais Hypsipile. Cependant je n’ai pu remarquer un seul pied du Symphy- tum officinale,L. ou autres Borraginées qui, on le sait encore, nour— rissent la larve de la Pse. Funerella type. Jusqu'à ce que la chenille de la variété dont j'ai recueilli plus de cinquante exemplaires ait été trouvée et reconnue pour appartenir à la Funerella propre, jus- qu'alors, dis-je, il ne me sera pas absolument prouvé que cette variété n’est point une espèce distincte. En attendant, toutefois, je ne la con- sidère que comme variété constante.

La Psecadia Var. Canuisella à, il est vrai, la taille et la coupe d’ai- les de la Funerella type, bien que me paraissant d’une envergure un peu moins grande ; mais ce qui frappe tout d’abord chez cette race

(1) De Canuis, indiqué dans diverses chartres du Moyen-Age; non primitif de Canne:, d'après l'abbé Alliez qui, dans son beau livre Cannes el les rivages en- vironnants, p.213, n’admet pas que le nom moderne de la ville soit dérivé de Cannis,

200 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES iNÉDITS.

provençale, ce sont les ailes inférieures, qui sont toujours ou presque toujours entièrement d’un noir mat profond, tandis que chez l’espèce ordinaire, le sommet de l’aile seul est enfumé et le reste est d’un blanc pur et satiné.

D'autre part, la tache blanche de la côte, à l’aile supérieure, dis- paraît le plus souvent, en sorte que cette aile, dont le côté interne est seul marqué de blanc, a un tout autre aspect que chez les Funerella ordinaires. Quelques exemplaires cependant se montrent avec les ailes supérieures semblables à celles du type, tout en conservant les inférieures invariablement noires. Le reste du Corps n’a rien d’anormal.

J'ignore si cette intéressante variété a plusieurs générations.

Nicra Hismanmighoffens, Mic.

(Species nova.)

(PL. 82, fig. 1 et 2.)

Ce joli lépidoptère inédit, un des plus élégants qui se puissent voir parmi les espèces européennes, nous a semblé, à M. Guenée et à moi, constituer un petit genre très-voisin des Micra. Je pourrais et devrais peut-être former pour cette noctuélite un genre séparé ; mais comme la chose ne me paraît pas rigoureusement indispen— sable, je laisserai provisoirement ce lépidoptère parmi les Micra propres.

Cette espèce, ainsi que la plupart de ses congénères et plusieurs Anthopbhilides, a la forme d’une Pyrale; elle ne ressemble par sa livrée à aucune autre et ne saurait prêter à la confusion ; cependant sa coupe d'ailes rappelle assez celle des Micra Viridula, Gn. Elychrysi, Ramb. Dalmatina, Herr.--Sch. et Parva, Hb. Voici sa description.

Envergure : 0",018 à 0",019.

Les ailes supérieures sont bien développées, aiguës à l'apex, à

Micra Himmighoffeni. 201 _ lignes peu distinctes, sauf la double bande précédant la frange, qui cest très-large et.vivement indiquée. Le fond de ces premières ailes est d’un jaure luisant clair qui se prononce d’autant plus qu'il se rapproche davantage de la bande subterminale; celle-ci se pré- sente ainsi: elle est large, épaisse au centre, aiguë aux extrémités, part de l’apex, cotoie la frange et aboutit au bord interne; cette teinte foncée est due à une agglomération de petits points noirs placés sur la limite extérieure. Cette bande est en outre lavée au bord d’une teinte ochreuse très-chaude. Sur le fond de l'aile se détache une large bande centrale oblique d’un blanc satiné, partant de la seconde nervure pour aboutir au bord interne. La côte est d’un blanc satiné pur et luisant. La frange très-large est d'un gris foncé. Les ailes inférieures sont entières, assez larges, médiocrement longues, et sans lignes ni points; elles seraient d’un blanc pur si elles n’étaient légèrement teintées de gris au bord subterminal et de jaune clair à la frange ; celle-ci est également très-large. En dessous les premières ailes sont d’un gris clair, luisantes, n’ayant nulle trace des lignes du dessus, mais cependant avec les nervures distinctes. Les inférieu- res sont d’un blanc moins pur qu’en dessus. Les antennes sont courtes, finement pubescentes et d’un jaune rougeàtre. Les palpes sont assez longs, horizontaux, plumeux et d’un blane pur. Les yeux sont gros, saillants, d’un gris foncé, avec le centre rougeâtre. Le front est blanc, le thorax convexe, globuleux et bien fourni de plu- mules blanches. Les pattes sont d’une longueur normale, blanches et luisantes. L’abdomen est mince, allongé, d’un blanc pur et luisant. é e

La © est un peu plus grande que le o"; elle lui ressemblerait tout à fait si elie n'avait les antennes un peu plus courtes, et fili- formes, l’abdomen renflé au centre et aigu à l’extrémité.

C'est aux soins d’un chasseur infatigable, M. Himmighoffen, de Barcelone, à qui la science est redevable de la connaissance de plusieurs lépidoptères inédits, et de celle d’un grand nombre d’es- pèces rares qu'il a répandues dans les collections françaises et étran—

202 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. gères, que nous devons de posséder cette Micra nouvelle. Je la lui dédie en souvenir de son dévoñment à l’'Entomologie.

La Micra Himmighoffeni à pour patrie les environs de Barcelone (Espagne). C'est, m'écrit M. Himmighoffen, sur le versant méridional du Montjuich, rocher calcaire situé aux portes de la ville, qu'ont été pris en Juillet, au milieu d’une végétation herbacée, plusieurs exem- plaires de cette jolie Micra. L'année suivante, M. Himmighoffen retrouva en mai, deux individus de cette noctuide en un autre lieu, sur une petite montagne élevée de 450 mètres, d’où il les fit partir d’un buisson de Quercus coccifera. Cependant il suppose que la che- nille de cette Micra, qui a deux générations, doit vivre sur quelques plantes basses, telles que Plantago, Helichrysum ou Scabiosa, qui sont assez abondants dans les lieux très-secs d’ailleurs a été trouvé l’insecte parfait, lequel, ainsi que ses congénères, a le vol très-vif et court, et qui, après s'être posé contre une tige, se retourne rapi- dement et demeure immobile, la tête-en bas.

Je placerai la Micra Himmighoffeni après la Parva du Species général, et, en attendant que sa véritable place lui soit assignée, elle portera dans cet ouvrage le 1037 bis, et. dans le Catalogue Stgr., le 830 bis.

Mon cabinet ; deux exemplaires © et 9.

Hypotia Corticalis, W.-V. B. 22. Hb. 137. —,155. Tr. p. 152. Dup. p. 147, pl. 233, fig. 8 Zell. p. 593. Herr. Sch. p. 120. Gn. p. 132. Stgr. Cat. 4.

(PI. 82, fig. 3 et 4.)

Voici une Pyralide d'autant plus intéressante à connaitre sous ses premiers états qu'on ne savait à peu près rien de ses mœurs, si ce

Hypotia Corticals. 203

n'est que l’insecte parfait vole dans les lieux très-sees du midi de l'Europe. Je viens de découvrir la chenille près de Cannes (Alpes- Maritimes) ; l'espèce appartient désormais à la faune française.

CHENILLE,

Après être demeurée fort longtemps à grossir, elle n’est parvenue à son entier développement que pendant le courant de mai. Elle reste plusieurs semaines dans cet état avant d’en changer. Elle res- semble assez alors à la chenille de la Pempelia Albiricella, Fis. (Euphorbiclla, Z.) que j'ai figurée et décrite (I vol. p. 459). Ainsi que cette larve, celle de la Corticatis est assez longue, cylindrique, à peine carénée, généralement d'une teinte obscure, n'ayant pour toute ligne qu’une très-large vasculaire continue du premier au onzième segment. La tête est cordiforme et foncée, ainsi que les pattes écailleuses ; les membranes sont de la couleur du ventre, qui est d'un terreux obscur et uniforme. Les stigmates sont blanchâtres et cerclés de brun. Les trapézoïdaux et autres points pilifères don- nent naissance à des poils médiocrement longs assez apparents.

Cette chenille vit à l'ile Sainte-Marguerite, sur l’ÆEuphorbia spinosa, L., plante sous-ligneuse fort abondante sur les rochers calcaires de la partie méridionale de l’île. Elle lie les feuilleset les petites branches de la plante, au centre desquelles cette larve demeure immobile tout le jour, et d’où elle sort pendant la nuit pour manger. Sa croissance est fort lente et son genre de vie rappelle un peu les habitudes de la chenille d’Albiricella ; cependant j'ignore si, dans leur jeunesse, alors qu'elles n'ont pas subi leur troisième mue, les larves de la Corticalis vivent en famille sous une toile commune, ainsi qu'il arrive pour celles de la Pempelia Albiricella. La transformation a lieu en terre. L'éclo- sion de l’Hypotia Corticalis arrive en été pour la première génération, en admettant qu'elle en ait deux.

20% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Les chenilles dont j'ai fait l'éducation sont écloses dans l’appar- tement, du15 au 20 juillet. Si, comme c’est bien supposable, l'espèce a deux éclosions , la seconde génération doit subir toutes ses phases dans l'éspace de quelques semaines.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0”,017 à 0°,018.

Les ailes sont passablement allongées: les supérieures étroites , presque rectangulaires , faiblement aiguës à l’apex, à lignes larges, brunâtres, liserées de blanc pur extérieurement, très-distinctes, mais non parallèles, et reposant sur un fond de couleur testacée. La ligne coudée, qui est très-tortueuse, commence non loin de l’apex, forme un large sinus arrondi, et vient aboutir au bord interne, au tiers de son étendue. Six traits noirs terminaux précèdent la frange. Le point cellulaire existe, mais il est fort petit. Les ailes inférieures sont bien développées, griseset n’ont pour tout dessin qu'une trace de ligne sub- terminale. Le dessous est uniformément gris. La coudée seule se soupçonne aux quatre ailes; cependant le point de départ de cette ligne est à la côte largement indiqué en clair. Les antennes sont courtes et garnies de cils égaux. Chez la Q, les antennes sont fili- formes et l’abdomen est crêté latéralement.

Cette rare Pyralide n’avait, jusqu’à ce jour, été rencontrée qu'en Corse, en Sicile, en Hongrie, en Espagne et à l’île de Crète.

Il est bien supposable que l’île Sainte-Marguerite n’est pas le seul point des environs de Cannes, peut se rencontrer l’Hypotia Corticalis. \

Acidäiia Mediaria. 20

Acidalia Mediaria, Hs.

Fig 502. Evers. p. 374. Bdv. 1914. Herr.-Sch. p. 21. Gn. 856. Sigr. Cat, 43.

(PI, 82, fig. 5 à 7)

CHENILLE,

Par la forme générale, elle se rattache au groupe des larves des Acidalia Incanata, Straminata (1) et Dorycniata, Bell.; cependant celle de la Mediaria est relativement plus courte, avec une livrée plus obscure. C’est encore une de ces petites chenilles qui sont des plus sobres, et dont la croissance est fort longue. En effet, éclose en juillet, elle passe à l’état de larve la fin de l'été, l'automne, l'hiver et la plus grande partie du printemps. On ne savait absolument rien de ses mœurs. Parvenue à toute sa grosseur vers les premiers jours de juin, cette chenille est alors médiocrement longue, atténuée antérieu- rement, à peine carénée sur les côtés, très-plissée, d’un gris obscur. Une large vasculaire brune et continue règne à partir du premier segment. La ligne stigmatale, placée sur la carène, est continue et à peine plus claire que le fond. Les stigmates petits et hoirs ne sont pas visibles à l'œil nu. La tête est petite, carrée, aplatie en avant, et marquée de brun perpendiculairement. Sur les 2 et an- neaux, on voit, de chaque côté, un point brun bien marqué. Les pattes antérieures ont le dernier article noir, les quatre autres sont très-rapprochés et concolores.

Cette chenille vit, aux environs de Cannes (2), sur l’Euphorbia

(1) Dont je viens de découvrir la chenille, que je ferai bientôt connaître. (2) Je lai trouvée à l’île Sainte-Marguerite, elle ne paraît pas abondante.

906 CHENILLES FT LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

spinosa, dont elle ronge les feuilles préférablement aux fleurs. Elle mange très-peu à la fois et pourrait se passer de nourriture pendant plusieurs semaines sans paraître souffrir de ce jeûne prolongé. C’est au pied de plante que cette lpetite larve, qui est assez difficile à élever, tisse parmi les débris de végétaux une petite coque à claire- voie la chrysalide promptement fermée, est retenue horizonta- lement par la pointe abdominale. Cette chrysalide, brune antérieu- rement, avec les anneaux abdominaux rougeâtres, n’a rien pour la forme qui la distingue de celle de ses congénères.

L’éclosion de la petite phalénite a lieu au commencement de juillet. C'est peu de temps après que sont pondus les œufs, qui éclosent au bout de huit ou dix jours. Par là, il est facile de juger du long espace de temps que l’insecte passe sous son état de larve.

INSECTE PARFAIT.

Il varie beaucoup pour la taille, mais constamment le mâle m'a paru plus petit que la femelle.

Par la coupe d’ailes qui lui est propre, et par ses lignes diagonales et droites, il est toujours facile de distinguer la Mediaria de ses congés nères. Il n’existe pas de synonymie pour cette délicate espèce de- meurée rare et que beaucoup de collections ne possèdent pas encore. Je ne pense pas qu’elle ait été trouvée, en France, au-delà du littoral de la Méditerranée. Elle a été signalée en Espagne, en Italie et dans la Russie méridionale.

Obs. Je ne serais pas éloigné de penser que la chenille de l’Acidalia Mediaria vit exclusivement sur l'Euphorbia spinosa, plante sous- ligneuse du littoral de l'Europe méridionale, et qui d'ailleurs n’est signalée qu'en Provence par les auteurs de la Flore française.

Eucrostis Indigenaria. 207

Eucrostis Indigenaria, :VILL.

P. 383, pl. VE, fig. 19. Bork. 238. Tr. [, p. 269. Dup. 466, pl. 168, fig. 5. Frey. I, p. 78, fig. 4. Bdv. 1430. Herr. Sch. p. 9. Gn. IX. Stgr. Cat. 15. Fimbriolaria, Hb. 468.

(PI. 82, fig. 8 à 11.)

Cette petite et charmante phalénite est demeurée jusqu’à ce jour tout à fait ignorée sous ses premiers états. Les deux autres espèces qui complètent le genre, sont dans le même cas. Ces trois insectes, dont deux exotiques, ont été fort bien observés sous leur état parfait ; ils se recommandent par des caractères tels qu’il n’est pas possible de les séparer et de les faire entrer dans d’autres genres (1). Voici quelques-uns de ces caractères : « Les antennes du o” courtes, gar- nies de lames robustes, spatulées, avec le sommet crénelé; celle de la @ garnies de lames courtes et dentiformes...... trompe nulle. » (Gn. IX, p. 366). Je suis surpris cependant que l'auteur du Species

_ n'ait pas indiqué le lieu de Villers, notre compatriote, qui a

découvert et nommé l’{ndigenaria, a rencontré celle-ci. Cette Eucros- tis à été trouvée pour la première fois près de Lyon, dans l’ancien lit du Rhône, vulgairement appelé le Content (de Villers), Depuis, cette phalénite, qui est fort rare dans notre département, a été reprise par plusieurs lépidoptéristes de notre ville. Je l’ai rencontrée moi-même une fois sur les hauteurs de Crépieux, le2 septembre 1855, en chassant à la lanterne; mais c'est en vain qu’en ce lieu j'ai, à diverses reprises, cherché la chenille. Le hasard vient enfin de me

a

(4) La connaissance de la chenille de l’/ndigenaria vient justifier la création du genre : pour cette phalénite, toutefois.

208 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,

procurer cette larve à l'île PR (Alpes-Maritimes ), sur l’Euphorbia spinosa, L. Depuis cette époque, des œufs de l’Indi- genaria m’ayant été envoyés d'Espagne pendant le mois d'octobre, j'ai pu observer la chenille dès sa sortie de l’œuf, lequel éclôt huit à dix jours après qu'il a été pondu. Cet œuf est déprimé, d’un jaune serin, et, la veille de l’éclosion, acquiert à l’une des extrémités, une couleur plombée métallique qui paraît éclatante vue à la loupe.

CHENILLE.

De l’époque de son éclosion à sa seconde mue, elle est d’un jaune citron uniforme, avec la tête entièrement d’un noir mat; mais dès le cinquième jour, la double caroncule dorsale de chaque anneau, commence à paraître. Ce n’est qu'à la troisième mue que la tête, perdant sa couleur noire, devient concolore. La chenille de la seconde génération, celle qui passe l'hiver, ‘croit avec une extrême lenteur : éclose vers la mi-octobre, elle n’est parvenue à tout son développement que dans la seconde quinzaine d'avril. Elie est, à cette époque, médiocrement longue, un peu atténuée en avant, avec les anneaux très-distincts s’emboïtant en partie les uns dans les autres. Les deux premiers segments sont très-carénés; les suivants présentent deux proéminences placées à la suite l’une de l’autre, dont la première un peu plus élevée que la seconde. Tout le corps, sauf la tête et les pattes antérieures, est d’un vert clair tendre, jaunâtre en dessous, avec les incisions d’un jaune clair. Les trois premiers anneaux et lesdeux der- niers sont très-légèrement lavés de rougeitre. Aucune trace de lignes en dessus et en dessous. La tête est relativement petite, nullement bifide, un peu aplatie en avant, sans aucune proéminence, d’un jau- nâtre vineux, avec les mandibules et ocelles bruns. Les stigmates sont petits, ronds et bruns ; les pattes écailleuses sont de la couleur de la tête, et les ventrales sont vertes.

J'ai trouvé cette chenille, comme je l'ai dit, à l'ile Sainte-Margue- rite, sur l'Eup. spinosa, dont elle ronge d’abord les feuilles les plus

Eucrostis Indigenaria. 209

- tendres; mais elle doit vivre sur d’autres espèces d’Euphorbia, puis- que dans le Lyonnais, n'existe pas la spinosa, cette Eucrostis se montre de loin en loin.

La chenille vit à découvert, et c’est au centre de plusieurs fils de soie fixés aux ramuscules de la plante, qu'elle se tient pendant le jour. Son habitude au repos est de ne jamais avoir les pattes écailleu- ses appuyées, et celle d’être à moitié recourbée en demi. Si elle est inquiétée, elle cherche à dissimuler sa tête en retournant en dessous la partie antérieure du corps. C’est encore parmi les rameaux qu'elle

« demeure, la tête en haut, pour opérer sa transformation, qui arrive à la fin d’avril pour la première génération et en octobre pour la se- conde.

La chrysalide, retenue par quelques fils de soie sur la plante, est un peu obtuse, lisse, d’un vert tendre rappelant assez bien la couleur de la chenille. Peu de jours après, cette teinte délicate se prononce sur l'enveloppe des aïles et celle de la tête. Enfin, la pointe abdominale se colore légèrement en vineux. L'état de chrysalide ne dure pas plus de vingt à vingt-cinq jours, mais cinq à six avant l’éclosion du lépi- doptère, la nymphe change de couleur : de verte elle devient d’un jaune blanchâtre et la poitrine prend une couleur vineuse, teinte due

à la coloration de la frange des quatre ailes, qui sont alors rabattues

. sur la poitrine.

L’éclosion du printemps a lieu dans la matinée; c’est le contraire pour la génération de l’automne. Dans ce dernier cas, en effet, c’est entre sept et huit heures du soir que se développe la phalénite.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : le o” 0",015. la © 0",018. Les ailes sont unies, veloutées, bien fonrnies d’écailles, d’un beau

vert pistache, n'ayant qu'un seul petit point cellulaire d’un rouge

obscur aux quatre ailes. La frange est large, d’un rouge pourpré Annales de la Société Lianéenne. 14

210 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

obscur et précédée d’un feston éclairé antérieurement d’un jaune vif. La nervure costale est brun-rougeätre. Le thorax et le dessus de l'abdomen sont du même vert que les ailes. Le front est rougeâtre et le vertex est jaune. (

La © ressemble au ©”, mais elle est toujours plus grande.

L'espèce, que je sache, ne varie pas pour la couleur; mais iln’en est pas de même de la taille : j’ai vu des sujets mâles obtenus ex larva qui sont d’une extrême petitesse.

L’Indigenaria s'éloigne rarement du lieu da sa naissance. Aux iles Lérins, c’est au midi, sur les rochers calcaires, tapissés d’abondantes touffes d’'Emph. spinosa, qu'il faut la chercher. Le vol du o est assez rapide, mais celui de la © est lourd, incertain et court.

Cette intéressante phalénite appartient non-seulement à la faune du Lyonnais, pays que peut-être elle ne dépasse pas, mais encore à toute la Provence. Elle a été signalée en Espagne, en Dalmatie, en Italie. :

Obs. Sur le chemin qui conduit de Nice à Villafranca, notre collè- gue, M. Fallou, en mai 1865, a fait partir d’un buisson bas deux 7n- digenaria. Quelques pieds d’Euphorbes devaient être mêlés à ces buissons, ou croître dans leur voisinage.

Agdistis Heydenii, ZELL.

VI, p. 322. Herr.-Sch., 45. Stgr. Cat. 2584. (PI. 82, fig. 12 à 14.) CHENILLE.

Cette larve fort bizarre par sa forme rappelle assez celle de sa con- senère la Tamaricis, Z. (4).

(1) Qui n’est pas encore figurée et que j'espère bientôt faire connaitre.

Agdistis Heydenit. 211

j Jeune, la chenille de l’Heydenii, dont on ne connaissait point les mœurs, est, sauf la taille, ce qu’elle sera parvenue à toute sa gros- seur, qui n'arrive que dans le courant d'avril pour la première géné-

ration. Elle est atténuée postérieurement, un peu carénée latérale- ment, d'une couleur d'argile plus ou moins prononcée en dessus et sur les flancs, et d’un verdâtre livide en dessous. Les trois premiers anneaux, le dixième et le onzième, présentent chacun deux pointes bifides en forme de caroncules relativement élevées. Les pointes des 10° et 11° segments sont un peu moins hautes que les précédentes. La

tête est petite, globuleuse et brune. Le dos et les flancs sont recouverts

de poils gris et raides légèrement inclinés en arrière, implantés sur

des points proéminents. Ces poils, vus à la loupe, ne finissent pas en pointe, mais présentent au contraire une sorte de petit renflement spatuliforme. La tête, les pattes et les caroncules bifides sont aussi garnies de ces poils de forme anormale. La tête, vue de face, pré- sente un triangle noir. Les pattes antérieures sont robustes, longues et concolores ; les dix autres sont de couleur argileuse. Les stig- mates, à peu près perdus dans les rugosités de la peau, m'ont paru bruns.

. Lors de la seconde génération, cette curieuse chenille passe l’hiver ; je l’ai trouvée près de Cannes, contre les rochers, sur d’autres plantes que sur l'Euphorbia spinosa, qui me l’a fournie à l’île Sainte-Margue- rite. Elle m'a paru vivre sur plusieurs espèces de sous-arbrisseaux et plantes sous-ligneuses. C’est peut-être le Lotus angustissimus., L., qui la nourrit le plus ordinairement. L'espèce vit et se chrysalideà décou- vert. À la fin d’avril, elle se fixe la tête en haut à un petit rameau de la plante qui l’a nourrie et se transforme à la manière de la plu= part des diurnes. Cette chrysalide, fixée par la pointe abdominale et retenue perpendiculairement par un fil de soie qui entoure le milieu

. du corps, est allongée, très-atténuée postérieurement, avec la pointe des ailes déliée et non adhérente au corps. La forme du masque est caractérisée. La partie antérieure et l'enveloppe des ailes est d’un brun

rougeâtre, les anneaux abdominaux sont carnés et maculés d’atomes

242 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. foncés. Les premiers exemplaires de l’Heydenii sont éclos du 10 au 45 mai.

INSECTE PARFAIT.

Envergure 0®,017 à 0,048.

On sait que ce qui caractérise les insectes de ce genre, c’est d’avoir les ailes entières et non divisées. L’Agd. Heydenii a les antérieures relativement larges à l'extrémité, d’un brun de bois variant d'inten- sité, largement éclairées à la côte, au centre et au bord interne. La tache claire centrole est marquée de trois gros points bruns placés sur la même ligne ; la côte en porte quatre ou cinq ; enfin, l’apex et l’angle opposé sont l’un et l’autre marqués d’un gros point brun plus développé que les précédents. Les ailes inférieures, coupées triangu- lairement, sont brunes et sans dessins. La tête, le thorax et les pattes sont d’un gris blanchâtre; ces dernières, annelées de brun. La spiri- trompe est longue, déliée et jaunâtre,

Cette jolie Agdistis, dont la découverte n’est pas ancienne, est en- core une grande rareté, et très-peu de collections la possèdent. Bien

qu’elle paraisse abondante près de Cannes, au golfe Jouan et aux îles

Lérins, je crois qu’elle n’avait point encore été signalée en France.

Crambus Staudingeri, ZELL.

‘Ann. Soc. entom. de Stettin (1864). (PL. 83, fig. 1.)

Ce Crambus qui pour la taille rappelle les petits exemplaires du Falsellus, S-V, auquel il ressemble au premier abord, vient d'être publié par M. Zeller, d’après un seulexemplaire rapporté dela Vieille- Castille, en 1862, par M. Staudinger. Ce Crambus n’ayant point en— core été figuré, je crois, en le faisant représenter, être agréable à mes collègues.

Crambus Lugdunellus. 213

M. Staudinger me mande qu'il a obtenu ce Crambide en septembre d’une chenille trouvée dans Ja mousse, dont elle avait ronger les ra- cines.

Cette espèce appartient aussi à notre faune française, car J'ai col- lecté, depuis plusieurs années déjà, aux environs d’Ax (Ariège), en juin, deux exemplaires du Cram. Staudingeri dans un pré monta- gneux sec, et l'espèce ne m'a pas semblé rare.

Ce petit Crambus mesure 9",017 à 0,018. Les ailes supérieures sont étroites, d’un blanchâtre lavé de gris à la côte et au bord interne, marquées de plusieurs lignes longitudinales foncées, dont la princi- pale, partant de la base de l’aile, aboutit à la pointe apicale. Deux li- gnes sagittées se dirigeant intérieurement occupent le centre de l’aile. On voit en outre plusieurs petits traits et points noirs : les premiers à l’angle interne de l'aile, les seconds à la base. Enfin, une ligne de points noirs subterminaux, avec une frange étroite et grise. Les ailes inférieures sont entièrement blanches ainsi que la frange. Les palpes sont très-longs et blanes ; le thorax est grêle et concolore. L’abdomen, qui dépasse les aïîles inférieures, est gris.

La © ressemble au ©”; eile est seulement un peu plus foncée, avec l'abdomen renflé au centre et pointu à l’extrémité.

Le Cr. Staudingeri, qui trouve sa place après le Falcellus, a deux éclosions.

Ma collection : un ©, une 9.

Crambus Lugdunellus. Mic... (Species nova.)

(PI. 83, fig. 2.)

Ce nouveau Crambide est de la taille du Contamanellus, Hb., et a un peu sa coupe d'ailes. Je l'ai pris, il y a dix ans environ, dans le Lyon- nais, en mai, sur la montagne d’Iseron, dans un pré exposé au midi,

214 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES QNÉDITS. et où, autant qu'il m’en souvienne, l'espèce ne doit pas être rare.

Envergure 0°,019 à 0",020.

Les ailes supérieures sont longues, étroites, un peu falquées, à bord extérieur très-oblique, à apex prononcé. Ces ailes sont d’un jaune paille, sur le fond desquelles tranche une ligne médiane des plus ca- ractéristiques ; cette ligne est très-fiexueuse, fine, brune, et, partant de la côte, aboutit au bord interne après avoir formé un coude arrondi prononcé et, plus bas, un angle également prononcé. La pointe apicale, très-aigué, est précédée d’un double trait diagonal qui part de la côte et aboutit à la frange; celle-ci est précédée d’un double trait brun. Au-dessous du double trait diagonal, on voit un autre trait fin subterminal qui accompagne la frange jusqu’au bord interne. L’es- pace compris entre ce dernier et la frangeest, vers son milieu, occupé par trois petites taches noires éclairées extérieurement par un point argenté éclatant. Les nervures sont bien indiquées par une couleur plus sombre que le fond. Les ailes inférieures sont larges, bien déve- loppées, semi-circulaires, et, au repos, plissées en éventail sans les supérieures. Ces secondes ailes sont uniformément enfumées, sans dessins, avec la frange longue, soyeuse et luisante. Les quatre ailes en dessous sont d’un gris fuligineux ; chez les supérieures, les lignes et points du dessus ont complètement disparu, si ce n’est pourtant le double trait qui précède la frange. Les antennes sont allongées et sim- ples. Les palpes inférieurs, seuls visibles, sont médiocrement longs et projetés en avant. La têteetle thorax sont de la couleur des premières ailes ; le corps est effilé et dépasse sensiblement les inférieures.

Cette description ne concerne que le o’; je ne connais pas la 9.

Le Crambus Lugdunellus, qui doit trouver sa place après le Cr. Con- taminellus, portera dans le Catalogue Staudinger le 316 bis.

Mon cabinet : deux ©.

Crambus Argentarius. 215

Crambus Argentarius, Stgr.

Ann. de la Soc. entomol. de Stettin (1866). (PI. 83, fig. 3.)

Cette belle espèce, qui est des plus tranchées, vient d’être décrite par le docteur 0. Staudinger, de Dresde, qui a bien voulu me la con- fier pour la faire figurer, car elle ne l’a point encore été.

Ce beau Crambus, dont la conservation est parfaite, a été envoyé par Kandermann comme provenant de l’Oural.

Le C. Argentarius, qui vient naturellement se placer après le Pas- cuellus L., se rapproche aussi du Cr. Agitatellus, Clem., de l’Améri- que du Nord.

L’envergure du Cr. Argentarius d'est celle-des grands exemplaires du Pascuellus, c'est-à-dire qu’il mesure 0",026.

Les ailes sont larges et bien développées : les supérieures, aiguës à l’apex, sont d’un blanc argenté éclatant, traversées par une seule li- gne centrale d’un jaune d’or mat, liserée de brun de chaque côté, et formant vers le milieu du bord de l'aile, deux angles qui aboutis- sent à un trait subterminal délié et noirâtre. On voit encore, au centre de l’aile, une grande M couchée longitudinalement aussi d’un jaune d'or mat, dont le premier jambage part de la base del’aile. Les franges sont aussi argentées avec le bord extérieur foncé. Les ailes inférieures sont d’un gris légèrement enfumé qui va en diminuant , pour devenir très-clair à la base. Le dessous des ailes supérieures est le gris fuligi- neux sur lequel reparaissent , mais très-imparfaitement, les lignes et les dessins du dessus. Les ailes inférieures sont d’un gris blanchâtre, avec les franges toutes blanches, ainsi qu’en dessus. Les palpes sont blancs, mais teintés de fuligineux extérieurement. Les antennes sont jaunes ; les yeux noirs; le thorax convexe et de la couleur des supé-

216 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

rieures. L’abdomen, dépassant de beaucoup les inférieures, est d’un gris foncé.

La © de l’Argentarius n’est pas connue.

Ce beau Crambide fait partie de la riche collection Gruner, de Leipzinck.

Ephestia Gnidiella, Mi. (Species nova.)

Le Daphne gnidium, L., plante essentiellement méridionale, répan- due dans la région située entre Nice et Foix, pour reparaître dans la Gironde, nourrit spécialement une petite larve qui, par la manière dont elle attaque cet arbrisseau, lui cause un dommage considérable.

CHENILLE.

Elle est allongée, fusiforme, rayée de nombreuses lignes pas tou- jours bien indiquées. La tête est lenticulaire, d’un vineux bleuâtre avec les ocelles et mandibules noirs. Le premier segment est recou— vert d’une large plaque écailleuse, convexe, d’un noir mat et qui des- cend très-bas sur les flancs. Le corps de la chenille est généralement d’une couleur terreuse, lavé de verdâtre sur la partie dorsale et de bleuâtre livide en dessous. Sur la région dorsale, à partir du deuxième segment, il existe une large bande continue d’un vineux obscur. Immédiatement en dessous de cette bande, on distingue la stigmatale déliée, plus claire que le fond, continue, ondulée et finement lisérée de brun en dessous. Les trapézoïdaux et autres points pilifères sont bruns et cerclés de blanchâtre; ils donnent naissance à des poils courts et foncés. Les stigmates invisibles à l'œil nu paraissent noirs. Les pattes écaillantes ont le dernier article foncé et luisant; les dix autres sont unicolores.

Cette chenille varie pour l'intensité des couleurs; elle vit, comme

Ephestia Gnidiella. 217 je lai dit, sur le Daphne gnidium depuis le milieu de juillet, époque commence à fleurir l'arbrisseau, jusqu'en novembre. Elle préfère les jeunes feuilles aux fleurs du Daphne ; cependant à défaut de l’une, elle s’accommode bien de l’autre. Les petites baies dela plante, vertes d’abord, puis rouges à maturité, ne sont jamais attaquées par l’in- secte qui nous occupe. Cette larve vit le plus ordinairement solitaire, mais quelquefois on les trouve réunies par deux, par trois et même par qnatre dans des paquets de feuilles terminales desséchées en par- tie, liées ensemble par des fils de soie et ces chenilles semblent vi- vre en bonne intelligence. Le plus souvent elles descendent de l’ar— buste pour se métamorphoser, mais parfois elles demeurent dans le paquet de feuilles dont il a été question pour opérer leur métamor- phose.

Cependant deux parasites, une larve d’'Ichneumonide et une de Chal- cidite, attaquent en assez grand nombre les chenilles de la Gnidiella. Le parasite ichneumonien ne se métamorphose jamais ailleurs qu'au centre du paquet de feuilles sèches lesquelles se sont noircies, et cela dans une coque de soie d’un blanc satiné. Je n’ai pu suivre dans ses transformations la larve du Chalcidite : celle-là ne mani- feste sa présence que lors de l’éclosion dela chrysalide d’où s'échappe un petit Hyménoptère qui doit appartenir au genre Morinia, Rob.— Desv., au lieu du lépidoptère qu'on attend.

Les premières chenilles de cette Ephestia inédite m'ayant èté procu- rées par M. Himmighoffen, de Barcelone, mon attention, lors de mon arrivée dans les Alpes-Maritimes, se porta sur les nombreux Daphne gnidium répandus aux environs de Cannes et je rencontrai abon- damment la chenille que je viens de décrire.

La chrysalide est formée au centre d’une coque en soie d’une solide texture. Elle est conico-cylindrique, passablemeut allongée, d’un brun rougeûtre ; elle éclôt ordinairement trois semaines au plus tard après sa formation. Cependant les chenilles tardives, celles qu’on ne rencontre qu à la fin de novembre, ne doivent éclore qu’au printemps suivant ; je le crois du moins.

218 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

INSECTE PARFAIT.

Envergure : le o” 0",019 à 0,020.

sn 07-0164.07.017:

Cette phycide, très-tranchée, ne peut être confondue avec aucune autre. Elledoit être placée dans le genre Ephestia, Gn.., et c’est del’Elu- tella, Hb. qu’elle paraît s'approcher le plus. Les ailes supérieures sont étroites, allongées, faiblement arquées à la côte; le bord extérieur est élargi, oblique, d’un rougeûtre plus ou moins sombre, avec l’espace médian relativement large et limité par les deux lignes ordinaires, brunes, plus ou moins nettement éclairées en dehors, et qui se pré- sentent ainsi : la première, l’extrabasilaire, n'est pas toujours bien marquée, elle indique une H couchée dont le premier jambage tou- che au bord interne, et le troisième s’appuie à la côte. La ligne coudée presque droite, très-oblique, laisse voir deux festons à peine marqués. Le point cellulaire est très-petit, allongé dans le sens des nervures, brun et précédé d’un point noir rond et aussi très-petit. On voit, en outre, une bande brune partant de la base de l’aile qu'elle partage en deux et se prolongeant jusqu’à la partie éclairée de l’extrabasilaire. Les franges sont assez longues, concolores et précédées d’un filet délié, clair et qui est précédé lui-même par cinq ou six points bruns, petits, à peine visibles à l'œil nu. Les inférieures sont larges, d’un gris un peu bleuâtre, luisantes, sans lignes, mais légèrement plus foncées au bord terminal précédant la frange, qui est large et soyeuse. Les ailes sont en dessous uniformément luisantes, sans dessins, sans lignes, si ce n’est un simple point clair aux supérieures. Les antennes sont rapprochées, sétacées, brunes, plus épaisses à la base, nullement no- duleuses, ni garnies de poils ou d’écailles à leur point de départ. Les palpes sont courts, recourbés, ascendants, aigus et dénudés au troi- sième article. Les yeux sont gros, foncés et mats; la trompe est mé- diocrement longue ; le thorax grêle et de la couleur des premières

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Eromene Bella. 249

ailes. L'abdomen est long et dépasse les ailes inférieures ; il est cylin- . drique, d’un gris brun annelé de blanchâtre. Les pattes sont d’une longueur normale ; garnies de deux paires d’éperons aux inférieures, blanches et annelées de clair. |

La © est un peu plus petite que le ©; elle a les premières ailes moins foncées, d’un ton plus grisâtre les lignes transversales se détachent généralement mieux. L’abdomen est plus allongé etaigu à l'extrémité.

L'espèce varie quelque peu ; certains sujets, également obtenus de chenille, se montrent avec une teinte uniformément rougeâtre et les lignes ont complètement disparu.

L’Ephestia Gnidiella, qui peut bien avoir deux générations, et qui doit trouver place après l’Elutella, Hb., précédera dans le Catalogue Dupauchel, la Binaevella, Hb.; dans le Catalogue Staudinger elle por- tera le 521 bis.

Eromene Bella. He.

Fig. 60. Tr. Dup. pl. 270, fig. 7. Zell. Stgr. Catal. 331. (PI. 83, fig 10 à 12.)

J'ose espérer qu'on n’accueillera pas sans intérêt l’histoire des pre- miers états de cette Eromene, par la raison qu'aucune larve de cebeau genre n’est encore connue.

Une © de l’Er. Bella prise vers le milieu de septembre dernier à Celles-les-Bains, par le docteur Staudinger, pondit à cet observateur habile un certain nombre d'œufs. Les jeunes chenilles furent élevées par lui avec la fleur d’une Scabieuse blanche (Scabiosa columbaria ? ou mieux sa variété, la S. afjinis, Gr. et G.,), plante herbacée fort abon- dante à l'endroit très-sec d’ailleurs avait été rencontrée la Bella ç. C’est en vain cependant qu'à l’époque voulue, M. Staudinger, qui m'a soumis ces chenilles lors de leur entier développement, a cher-

290 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

ché sur les Scabieuses du lieu que je viens de ter ; il n’a pu rencon- trer une seule larve de l’Eromene Bella. Il est donc bien difficile de préciser quelle est en réalité la plante qui nourrit dans la nature cette chenille, laquelle, élevée en captivité, n’avait atteint son entier déve- loppement que le 20 ou le 25 octobre. Voici sa description.

CHENILLE.

Elle est allongée, cylindrique, atténuée postérieurement, non caré- née, à tête petite, cordiforme, un peu aplatie, d’un brun clair, avec les mandibules et ocelles noirs. La plaque du segment est parta- gée par un sinus étroit. Cette plaque, plus claire que la tête, est très- large et recouvre en presque totalité l’anneau; elle est de plus macu- lée de petits points rougeâtres. Le corps est d’un carné obseur, lavé de vineux postérieurement et recouvert de larges points verruqueux de couleur testacée, donnant naissance chacun à un poil gris assez long. Le dernier segment présente de son côté une plaque écailleuse, mais celle-ci est relativement étroite et presque concolore. Les six pattes écailleuses sont de la couleur de la tête ; ies huit ventrales et les deux anales sont d’un cerné clair, ainsi que le ventre; celui-ci n’est marqué d'aucune ligne ou tache. Les stigmates sont circulaires, pe- {is et noirs. On ne voit aucune trace des lignes ordinaires, mais on distingue à la place de la vasculaire, le tube intestinal qui se montre sous forme de ligne brune, étroite et interrompue.

J'ai dit qu'on ne savait quelle devait être la plante que préfère cette larve à l’état libre. J’ajouterai que celles qui ont été élevées avec les fleurs de la Scabiosa columboria ? ont parfaitement réussi. Je ferai encore observer que cette chenille n'est pas polyphage, car elle n’a pas touché à d’autres plantes qui lui ont été données en même temps que celle de la Scabieuse. C’est à la fin d'octobre que cette larve descend sous la mousse et forme une petite coque en soie très-blanche, mince et forte, à lieu assez promptement la transformation. La chrysa- lide n’est pas très-allongée ; la pointe abdominale est obtuse et dé-

Epidola Barcinonella. 221 pourvue de crochets. L'enveloppe des ailes se prolonge beaucoup sur l’abdomen ; celle des yeux et surtout des antennes est saillante. La couleur générale de cette chrysalide est le brun rougeâtre. Le petit lépidoptère paraît une première fois en avril.

INSECTE PARFAIT.

Cette charmante Eromene est très-anciennement connue : elle avait été comprise par Duponchel dans son genre Crambus.

La Bella appartient au midi de la France, et bien certainement à d’autres parties de l'Europe méridionale. Elle semble fréquente dans Ardèche ; mais elle n’a jamais été rencontrée dans le département du Rhône ou les départements voisins. L’Eromene Bella à bien cer- tainement deux générations, car je l’ai prise en avril aux environs de Cannes, volant dans les lieux bas il y avait beaucoup de Sca- biosa maritima? Le soir, elle venait dans l'appartement, elle était attirée par l'éclat des lumières ; c’est ce dont j'ai pu me convaincre plusieurs fois dans mon nouveau domicile d'hiver.

Epidola Barcinonella, MiiL.

( Species nova). (PI. 83, fig. 13 à 15.)

En 1859, M. Staudinger créa le genre Epidola pour un lépidoptère fort curieux, dont la chenille traîne une sorte de fourreau. Je viens ajou- ter à ce petit genre une seconde espèce distincte de l’Epidola Stigma, Stgr., dont la larve a des mœurs au moins aussi remarquables que celles de sa congénère. Il est fâcheux que M. Himmighoffen, de Bar- celone, qui m'a procuré cet intéressant insecte, n'ait pu me dire au juste quelle est la plante dont se nourrit ordinairement la chenille.

292 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIRS.

Ce naturaliste, trompé par la forme du fourreau que la larve devenue adulte traîne sans cesse après elle, crut reconnaître celle d’une Coleo- phora et me J’adressa sous ce nom générique. Je n’ai pas tardé à voir que cette chenille n’appartenait nullement au genre des Coléophores.

CHENILLE.

Parvenue à toute sa taille pendant le mois de mai, elle se pré- sente alors avec une forme allongée, cylindrique, très-plissée, d’une couleur carnée tirant sur le jaunâtre, avec les lignes ordinaires ondu- lées, continues et d’un ton ochreux assez vif. La tête est globuleuse, entièrement d’un noir mat, avec le premier anneau convexe, sensible- ment plus élevé que les suivants et recouvert jusqu’à la naissance de la seconde paire de pattes, d’une plaque écailleuse d’un noir mat. Le second anneau, don: le fond est carné, ainsi que le reste du corps, est précédé d’une large zone blanche. On remarque en outre sur ce même segment des caractèresnoirs imitant imparfaitement un Y cou- ché, et qui sont placés dans le sens des lignes vasculaire et sous-dor- sale. Au moyen de la loupe, on distingue d’autres lignes fines et conti- nues. Les pattes antérieures sont relativement robustes, concolores, avec le premier article noir.

Bien que M. Himmighoffen ne puisse préciser le genre de plante dont se nourrit cette larve, puisqu'il l’a trouvée à divers âges soit dans les tiges de graminées, soit dans la tige d’une lavande, soit enfin dans celle d’une scabieuse à fleurs blanches, il est supposable qu'elle se nourrit le plus ordinairement de graminées et que, parvenue à une certaine grosseur, elle coupe une tige de ces dernières plantes, laissée ouverte aux deux extrémités. Dans cette nouvelle de- meure, qui à la forme d’un fourreau allongé qu’elle traîne à la manière des larves de Coleophora, cette chenille se transporte d’une plante à l’autre, se fixe momentanément pendant le repos , et demeure ainsi jusqu’à la fin de mai où, se fixant définitive-

Cr kT on 7

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ment, exposée au soleil, elle opère sa transformation. La métamor- phose a lieu assez rapidement, mais avant ce changement d'état, la chenille doit se retourner dans son enveloppe ainsi que le font dans le leur, en pareil cas, les larves de Coléophores, celles des Psychides o et celles des Solénobides ©. L'éclosion a lieu cinq à six semaines après.

Le parasite de cette nouvelle Epidole, qu’on remarque dans les pro- portions d’un huitième environ, est un très-petit Chalcidite qui s’é- chappe trois semaines après la fixation du fourreau. Sa larve a vécu aux dépens de la chenille et a ensuite pratiqué un petit trou rond dissimulé au moyen d’une mince couche de soie que l’'Hyménoptère n’a pas de peine à déchirer lors de son éclosion.

Epidola Barcinonella. 223

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",013 à 0",014.

Les ailes supérieures sont allongées, un peu falquées, aiguës à l’a- pex, d’un carné grisâtre, aspergées de nombreux atomes foncés qui recouvrent en grande partie les ailes et qui donnent à celles-ci un as- pect légèrement ardoisé, on voit au centre trois petites taches allon- gées, brunâtres, et pas toujours bien écrites. De plus, on voit une ligne longitudinale qui part de la base de l’aile, et arrive au tiers de sa longueur. Cependant ces premières ailes sont quelquefois zonées de lignes claires d’un carné chaud. Les ailes inférieures sont allon- gées, étroites, taillées en biseau à l’extrémité, d’un gris légèrement bleuâtre ; parfois carnées, luisantes et garnies de très-longues franges soyeuses et carnées. En dessous, les antérieures sont d’un gris foncé, et les atomes bruns ont disparu ; les postérieures ressemblent au- dessus. Les antennes sont longues, épaisses, moniliformes, jaunâtres, légèrement noduleuses à la base, avec cette partie de l’antenne recou- verte de fines soies concolores. Les palpes sont médiocrement longs, ascendants, gris, garnis de soies plus longues à l'extrémité qu’à la

224 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

base. La tète est un peu laineuse, c’est-à-dire recouverte de poils fins, courts et gris ; les yeuxgros et bruns. Le thorax convexe et concolore; l'abdomen long, grisâtre, dépassant les ailes inférieures; les pattes longues, jaunâtres, soyeuses, avec deux paires de tarses aux inférieu- res,

La © ressemble au ©.

Cette espèce varie : quelques sujets sont d’un gris moins chaud, plus sombres, c’est-à-dire d’un gris d’ardoise.

L'Epidola Barcinonella n'a qu’une seule génération. Au repos, elle a assez la forme d’une Coleophora; elle est effilée et ses ailes infé— rieures sont entièrement cachées par les supérieures. Elle ne parait pas rare aux environs de Barcelone (Espagne) et vole sur les terrains secs des collines bien exposées. J’ai dit qu’elle devait représenter la seconde espèce du genre Epidola de M. Staudinger, dans le Cata- logue de qui elle portera le 1752 bis.

Obs. N'ayant pas vu l’Epidopta Stigma, Stgr., je n’ai pu compa- rer à ce Micro la Barcinonella ; mais lors de la dernière visite que ce naturaliste m'a faite à Lyon, en 4866, il n’hésita pas à dire que ma nouvelle Epedola était bien distincte de celle qui avait motivé la créa- tion du genre.

Kodis Impararia, G\.

IX, p. 354. Stgr. Cat. 10. Herr.-Sch., p. 27. (PI. 84, fig. 4 et 2.)

M. Guenée, qui a nommé cette phalénite dans son Species, a fait sa description d’après un seul ©” rapporté de l'Oural par le naturaliste Kinderman. Ce savant ne connaissait pas la $, qui n’est publiée nulle part, et, comme on n’a donné aucune figure de cette Zodis, je suis heureux, tout en publiant la © , de pouvoir faire représenter les deux sexes de l’Impararia qui est toujours de la plus grande rareté.

lodis Impararia. 295

Je dois cet avantage à l’obligeance de M. le docteur Rambur qui a consenti à me confier les deux sexes de cette espèce, qu'il a reçus de la Russie méridionale.

Envergure : le o* 0",036.

| la 9 0,938.

Les ailes sont grandes, entières, soyeuses; les supérieures sont aiguës à l’apex, d’un vert pàle mat un peu plus prononcé à la côte. Elles sont traversées par deux lignes blanches; la basilaire et la cou- dée; la première interrompue, la seconde légèrement flexueuse et sans coude. On soupçonne l’extrabasilaire qui est à peine indiquée par un trait blanchâtre. On distingue au centre de l’espace médian une sorte d’éclaircie occupant la place du point cellulaire. Les franges sont étroites et blanches à l’extrémité. Les ailes inférieures sont allongées et présentent un coude assez apparent; l'angle interne est assez sensi- ble. Ces ailes inférieures sont blanches ou d’un blanc très-légèrement lavé d’une teinte verdâtre, sans lignes et à franges blanches. Le dessous des quatre ailes est d’un vert d’eau très-clair ; il ne présente aucun dessin , aucune ligne. Les antennes sont blanchâtres et faiblement carnées en dessous, pectinées et diminuant d'épaisseur jusqu’à l'extrémité. Les palpes sont courts, les yeux noirs, le front est d’un rougeâtre obscur, le vertex blanc ; le thorax assez bien four- ni d’écailles, est de la couleur des premières ailes. L’abdomen est lisse et d’un blanc satiné mat. Les pattes sont grandes et blanches; les qua- tres premières présentent deux couleurs; la partie externe est blan- che tandis que la partie opposée est rougeâtre.

La 9 est à peu de chose près semblable au ©’; elle en diffère par taille un peu plus grande, les antennes crénelées, l'abdomen gros, allongé et conique.

Ma description du © de l’Impararia ne se rapporte pas exactement L à celle de l’auteur du Species, cependant il est facile de reconnaître que c’est bien de l’Impararia, Gn., qu'il vient d’être question.

Coll. Guenée un o”, et coll. Rambur un o” et une 9. Obs. En ne voyant que très-imparfaitement ma nouvelle pha- Annales de la Sociélé Linnéenne. 15

e

226 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

lénite, la N. Aurelieria, on pourrait penser que l’une de ces deux es- pèces, l’Impararia et l'Aureliaria, n’est peut-être qu'une variété de l’autre ; mais il suffit de les comparer pour reconnaître à quel point elles s’éloignent l'une de l’autre, Non-seulement l’Awreliaria © est plus petite; mais la coupe d'ailes chez les deux sexes, si différente de l'Impararia, pourrait suffire, si, à ces caractères, ne s'en Jjoignaient d’autres, tels que la briéveté comparative des ailes inférieures chez l’Aureliaria, l’absence du coude à ces mêmes ailes, caractère si im- portants, enfin celles-là toujours semblables aux ailes supérieures, par la belle couleur verte. Tous caractères qui suffisent, et au-delà, pour qu’il ne soit jamais permis de confondre ces deux remarquables phalénites.

Kanthodes Malvae., Esr.

P. 63, pl. 195. fig. 4. Hb. 358. Tr. sup. p. 145. Gn. In. 249. Dap. sup. IH, p. 533, pl. 45, fig. 2. Herr. Sch. 221 ? Gn. VI, p. 210. Stor. Cat. 794.

Les observations qui précèdent l’histoire de la chenille de la Graellsii, congénère de la Malvae, Esp., dans mon Iconogr. I, p. 73, peuvent très-bien s'appliquer à la larve que je vais décrire, car ces deux espèces sont très-voisines entre elles, non-seulement par la forme, mais encore par les habitudes et par les mœurs depuis leur sortie de l'œuf. On ne savait rien de la chenille de la rare Malvae, si ce n’est que Esper en parle vaguement en décrivant l'insecte par- fait; il « se borne à dire qu'elle vit sur la mauve ». Gn. VE, p. 210.

CHENILLE.

Elle est très-allongée, moniliforme, cylindrique, à tête globuleuse,

| | Xanthodes Malvae. 227 n’a que douze pattes ; mais, ainsi que la chenille de la Graelisi, elle a, aux sixième et septième segments, à la place des pattes membra- “neuses existant chez les autres chenilles, « les deux points ventraux -surnuméraires et placés immédiatement au dessus du ventral Supérieur, ‘comme si ces points étaient les rudiments des pattes

absentes », dont parle M. Guenée, dans la note qu'il m'a envoyée à :

Varticle de la Graellsii ({con., p. 76). La chenille de la Malvae est partagée en trois couleurs principales : Ia région du dos, du 4% au 10° segment inclusivement, est d'un gris de souris limité de chaque côté par la sous-dorsale fine, brune et interrompue. Les flancs sont d'un beau jaune serin uniforme, mais taché, ainsi que je l'indiquerai dans un instant; et enfin la région ventrale qui est d’un vert bleuâtre ne présentant ni ligne ni tache. La ligne vasculaire est très-fine, interrompue et ne se voit pas sur les derniers anneaux ; la stigmatale plus fine encore n’est indiquée en plus clair qu'au commencement de chaque segment. Le premier anneau présente en dessus quatre traits noirs dont les deux premiers tendent à se toucher par la pointe et, sur les côtés de ce même segment, on voit trois points disposés en triangle. Le et le anneaux nous montrent un trait noir oblique reposant sur une large tache latérale d’un jaune plus vif que le fond. Tous les autres anneaux, jusqu’au 10°, sont en outre partagés par un trait perpendiculaire d’un pourpré obscur et limité en haut et en bas par deux points foncés s'appuyant au centre sur un gros point noir “luisant placé antérieurement. Enfin, le 41° segment est marqué de trois points d’un noir mat et le 12° d’une tache jaune orange triangu- “aire. La tête est aussi haute et large que le corps, d’un vert bleuâtre lavé de jaune par places, et maculée d’une vingtaine de très-petits me noirs, ronds et ovales, placés symétriquement. Les pattes écail- leuses sont bien développées, implantées sur des mamelons saillants d'un noir de jais et, à leur point de départ, teintées de pourpré bscur. Les quatres pattes ventrales et les deux anales sont fort lon- gues, effilées et coniques; sur ses six dernières pattes la couleur jaune des flancs se prolonge jusqu’au dernier article, celui-ci est

ÉNE A

298 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

d’un jaunàâtre orangé. Les trapézoïdaux a autres points sont noirs, verruqueux et donnent naissance à des poils longs et grisàtres. Cette larve, ainsi que celle de sa-congénère la Graellsü, varie en vert glau- que ubiforme les taches et les lignes ont disparu; cependant chez cette variété qui est assez fréquente, le ventre demeure d'un vert bleuâtre uniforme.

Cette chenille vit aux environs de Barcelone (Espagne), unique- ment, d’après M. Himmighoflen, sur la Lavatera olba (1). Néan- moins je l'ai nourrie et amenée à bonne fin avec les feuilles de la Malva officinalis et de la M. Moschata, L. Cette larve et sa voisine vivent sans cesse à découvert. Avant la seconde mue elles se cachent en dessous des feuilles dans l’un des plis l'œuf avait été déposé. Plus tard, c’est encore au revers des feuilles qu’on les voit fixées, et le plus souvent confondues avec la couleur de ces feuilles. La géné- ration d’été opère rap dement sa transformation ; quelques semaines lui suffisent pour cela. Mais voici ce qui se passe à l'égard de la génération d'automne: si les chrysalides ne sont pas formées promp tement et si, par le fait, l’éclosion ne doit pas avoir lieu deux ou trois semaines après, les chenilles qui se sont retirées au pied de la plante, au centre d’une coque molle et solidement tissée, les chenilles, dis-je, rentrées sur elles-mêmes, en partie décolorées, demeurent ainsi jusqu’au printemps d’après, époque seulement la nymphe est formée (2). Cette chrysalide est passablement allongée, pleine, lisse, luisante, d’un rougeûtre acajou clair, à anneaux mobiles et dépourvus de crins à la pointe abdominale. L’enveloppe des ailes très-transparente et lavée de jaune vif, permet de distinguer les nervures et la forme des antennes. Elle est vive, s'agite au moindre

(1) Malvacée sur laquelle je l’eusse placée dans mon dessin, si j'eusse eu à ma Ra une branche de cet arbrisseau à faire représenter.

(2) Ces détails de mœurs doivent exactement s'appliquer à la chenille de Gr'aellsi dont les habitudes sont tout à fait celles de la Malvae.

NM ete DE PO le STE POUCES Re ED ue LA ONENS LE are) 4 D , , : »

Xanthodes Malvae, 229

contact et, si elle doit éclore la même année, elle ne dépasse jamais toi semaines pour l’époque de son apparition.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : Le o”’ 0,"030 à 0,"032. La $ 0,"028 à 0,"030.

Gette Noctuide est d’un cinquième environ plus petite que la Graellsii. Les ailes sont arrondies, entières; les supérieures sont d’un jaune paille et marquées d’une large teinte terminale foncée. Ces ailes antérieures sont traversées par trois lignes à peine indiquées en plus foncé. La tache orbiculaire comprise dans l’espace médiane est large, bien marquée, elliptique, brune, faiblement éclairée au centre. La réniforme est à peine marquée. Les ailes inférieures sont d’un blanc pur un peu nacré. Les antennes sont médiocrement longues et pubescentes.

La ©, qui est un peu plus petite que le ©”, a les lignes et la tache terminale des supérieures mieux marquées que chez ce dernier; cependant chez quelques sujets la tache orbiculaire des supérieures èst à peine indiquée et chez d’autres elle manque tout à fait. Les ailes inférieures diffèrent de celles du ©” en ce qu’elles sont très- largement teintées de jaunâtre, surtout au bord terminal.

La Malvae, comme je l'ai dit, varie passablement : je fais représenter un sujet & obtenu ex larva, les supérieures sont largement salies par le roux foncé et le jaune des ailes inférieures est en partie enfumé. Ne serait-ce pas cette variété, qui du reste paraît constante, qui a été décrite comme Var. 221 ? par M. Herrich-Schæffer et que

. Guenée rapporte à sa Stramen (976), du Thibet, la tache réni- forme manque tout à fait ?

Gette jolie noctuelle est toujours des plus rares ; elle est peu répan- due dans les collections; mais comme M. Himmighoffen l'élève de

4 # À

! 3 AA ARE D

230 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS chenille et souvent ab ovo, elle Cnren ee à se répandre chez les entomologistes, tout en conservant son prix élevé.

En outre de l'Espagne, la Malvae à été signalée en Sicile, en Italie et en Hongrie. Je ne désespère pas de la rencontrer aux environs de Cannes, d'Antibes ou de Nice, les Lavatères ne sont pas rares.

Coll. Mill. plusieurs o et $ et la Var. ©. Coll. Gn. Coll. Zeller. de Zurich. Coll. Ferrouillat frères, de Lyon, etc.

Obs. La figure de Duponchel est trop pâle: elle a été copiée sans doute sur l’un des deux sujets o de la riche collection Donzel, qui ont voler, car ces deux insectes, sont assez défectueux.

Hadena Assimilis. DBpay. Cat. p. 10. Gn. VE, p. 85, Stgr. Cat. 364. (PI .84, fig. 8.)

Il faut que M. Standinger n'ait pas vu cette belle Noctuide d’origine écossaise pour qu'il l'ait rapportée, dans son Catalogue, à la Crymo- des Exulis dont, suivant ce naturaliste, elle ne serait qu'une variété locale.

Autant que je puis juger de l’Assimilis par un beau dessin de la © que vient de me communiquer M. Doubleday lui-même, cette noctuelle me paraît être une Hadena très-caractérisée, bien plus voi- sine assurément de la Satura, W.-V. et de l’Adurta, Esp., que de l'Exulis reportée non sans raison dans le genre Crymodes de M. Guenée.

L'Had. Assimilis $ mesure 0,”"047. Les ailes sont grandes, larges, entières, bien fournies d’écailles. Les supérieures, d’un aspect sombre, presque noir, sont traversées par les lignes ordinaires d’un pourprés obscur et présentant, à la coudée surtout, des dents correspondantes à chacune des nervures qui sont fines, mais distinctes cependant. Les

ni: | Hadena Assimilis. | 231 taches réniforme et orbiculaire qui reposent sur un fond presque “noir, se détachent d'autant mieux en jaune ochreux. Le cercle de - chacune ‘de ‘ces taches présente intérieurement une solution de con- - tinuité, et le centre des taches elles-mêmes est très-obscur. Les ailes inférieures sont d’un brun noirâtre uniforme, avec une tache centrale obscure en forme de croissant ; les franges sont moins obscures que le fond. Le thorax est robuste, très-velu et de la couleur des ailes supérieures. L’abdomen est velu et participe de la couleur des ailes inférieures. Les antennes sont simples chez les deux sexe (1). Le o, que je ne connais pas, est tout aussi grand que la © , mais il est un peu moins obscur.

On ne sait absolument rien de la chenille de cette remarquable espèce, qui est à peine connue. Elle vole en juin; sa patrie est le nord de l'Ecosse.

Le cabinet de M. Henry Doubleday, d'Epping, possède seul l'Ha- dena Assimilis.

(4) M. Guenée m'écrit que le & et la © de l’'Had. Assimilis sont décrits dans son Species (VIe vol.,p. 85, 781), savoir : le sur la nature et la © sur un fort beau dessin de M. Doubleday.

Fig.

Fig.

13.

EXPLICATION DES PLANCHES.

EXPLICATION DES PLANCHES De la 48e Livraison (1867).

"#0 he PLANCHE 81.

EXPLICATION DES FIGURES.

if . Chenille de la Nemoria Aureliaria, Mi Id id. : vue de dos. . Chrysalide.

. Insecte parfait ©.

Id id 04, IL.

. Chenille de la Zelleria Phallyrella, Mize. . Chrysalide.

Insecte parfait.

JT.

. Chenille de l'Ephyra Pupillaria (Var. Gyraria, Du.) 10. 14°

Chrysalide. Insecte parfait type. Id M. 7 (Nar.)

VE Psecadia Funerella (Var ? Canuisella, Mic.)

Branche fleurie du Phillyrea angustifolia, L.

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Annales de la Societe Linnéenne de Lyon. 1976 Lip. Année 1867 PL 8.

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Philière et AMigreaur p! Joguer plpf Debray se.

L 2 & 4, Nemorta Aurediaria, Mill.

IL £ 2 8, Zelleria Full rella, Hi. IL. 2 22, Ephyra Pupillaria. / Var. Gyrariæ Du IV. 13, PRrecadia Funerella,F | Var. Canuisella.)

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Annales de la Soaete Linneenne de Lyon. 107% Zip. Année 1467 PL g2.

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L 2 et 2, Mira Himmighe fera. , MZ. IL 4 4, ypota Corkcals, W-V IL #2 7, Acdalia Mediaria, 8%. LL . . x . NV. #au, Eucrostis Indygenaria, Vil V.12 44, Agdustis Heydenit, Zeë.

6 np. Houste, £r Morcr. KT" gnome col

Annales de la Socité Linneéenne de Lyon. 107€ Leo. Année 1867, PL. 83

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L. 2 Gambus Slaudingert. Lei. IL. 2. DA Lug dunellus. Mill. 2 td. Argentariuus. Stgr. IV. 4 à g. Ephesha Gridella. Hill. V. 20 à 12. Eromene Bella... | VL 27 à 15 Epidola Barctnonella. Will.

imp.Houiste, 5, r Migrun..

AT Minas col.

Annales de la Socièté Linnéenne de JL, yon. 187 Lip. Année. 1867. PL, 84.

P Millire et Foujade p!

Joques plp} Debray se Lz et 2.1ods Dnpararta. 6n. IL. 3 à 7. Aanthodes Malpae., Esp. IL. & Aadena Assunilis. phud.

Znp.Bouiste, 5 r Mignon.

MT Migneaur col

PLANCHE 82.

EXPLICATION DES FIGURES, :

! x.

4. Micra Himmighoffeni o, MILL. 2. Id. id. Ps

IL.

Fig. 3. Chenillede l’Hypotia Corticalis, W. 4 4. Insecte parfait.

DIT.

Fig. 5. Chenillede l'Acidalia Mediaria, Hs. | 6: Chrysalide. 7. Insecte parfait. -

IV.

8. Chenille de l’Eucrostis Indigenaria, Vizz. do T4 id. id. jeune. 40. Chrysalide. | 11. Insecte parfait.

Xe:

12. Chenille de l’Agdistis Heydenii, ZE. 13. Chrysalide. 14. Insecte parfait.

Tige d’Euphorbia spinosa, L.

ALP EX N 0 LP AURA TT UX d' La PAS ET . pi LR" > ; ù ni

234 EXPLICATION DES PLANCHES. À .

PLANCHE 83.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

Fig. {. Crambus Staudingeri, ZELL.

IE

= ne 19

. Crambus Lugdunellus, Mizx. VIT.

Fig. 3. Crambus Argentarius, STGR.

IV. Fig. 4. Chenille de l’'Ephestia Gnidiella, Micr. SR D id. id vue de dos. 6: 17d; id. id. sortant de sa retraite. 7. Chrysalide. | 8. Insecte psrfait ©. SAMANQE 1 RCE RAR V.

Fig, 10. Chenille de l’Eromene Bella, Hs. 11. Chrysalide. 12. Insecte parfait. NL

Fig. 13. Chenille de l’Epidola Barcinonella, MiL., trainant son fourreau. 14. Insecte parfait. 15. Tête grossie. Branche portant fleurs et fruits du Daphne gnidium, L.

| “à Ne

PLANCHE 84.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

1. Iodis Impararia o”, GN. 2. . Id. id. Fe

IL.

Fig. 3. Chenille de la Xanthodes Malvae, Esp.

Id. id. vue de dos. Chrysalide. Insecte parfait.

Id. id. (VAR).

IL.

dre à Hadena Assimilis, DBLD.

Tige de la Malva moschata, L.

dl

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS

P. MILLIÈRE DIX-NEUVIÈME LIVRAISON

Présenties à la Société Lin-éesne de Lyon, le 10 juin 1867)

Lycanen Mylus, S-\.

Hb., pl. 670, fig. 3.— Villiers et Gn., p. 25. --Stgr. Cat. 117—Aben- cerragus, Pierret, Ann. Soc. ent. Fr., pl. 1. fig. 7.

(Var. Panoptes. ) (PL. 85, fig. 1 à 4.)

CHENILLE.

Ellenes ‘éloigne pas pour la forme de ses congénères. Elle éclot vers le milieu ou la fin d'avril, peu de jours après que l'œuf a été - pondu à l’aisselle d'une petite branche de Thymas vulgaris des fleurs À

» .

330 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. duquel cette chenille se nourrit. Ses trois premières livrées, bien

qu’assez pâles, annoncent la parure qu’elle aura quand elle sera

parvenue à son entier développement qu’elle "n’a guère atteint que le 15 ou le 20 mai. Adulte, cette larve au repos est courte, globuleuse, convexe en dessus, un peu aplatie en dessous, très-carénée latérale- ment, à anneaux distincts et renflés. La tête est petite, lenticulaire, noire, luisante, rétractile et à moitié cachée sous le premier an- neau. Sur le fond de la chenille qui est d’ua vert clair, on voit, à partir du deuxième segment au neuvième, une suite de taches dorsa- les piriformes, d'un carminé vif, éclairées au centre par deux points blancs, séparés entre eux par la ligne vasculaire qui est d’un £arminé vineux, ascez large et continue. Chaque tache piriforme est en outre accompagnée des deux côtés d’un double trait blanc d’abord, puis vert foncé. La ligne stigmatale, interrompue aux incisions, est d’un blanc vif et largement liserée de vert foncé de chaque côté ; les stig- mates sont d’un blanc mat. Le ventre est d’un vert plus obscur que le dos et les flancs ; il est partagé par une ligne sombre et continue. Les pattes écailleuses sont brunes, les membraneuses sont vertes. Cette jolie chenille vue à une forte loupe paraît couverte de poils nombreux, courts et serrés ; elle était jusqu’à ce jour demeurée com- plètement inconnue sous ses premiers états. C’est aux environs de Cannes et d’Hyères et probablement dans toute la région du littoral qu'on la rencontre sur le Thymus vulgaris, et cela dans les lieux les plus chauds, les plus brûlés par le soleil. Cette larve ou plutôt celle de l’Hylas type, doit vivre encore sur le Thymus serpillum du centre et du nord de la France ne croît pas spontanément le Thymus vul- garis. Elle éclot au moment le Thym est en pleine floraison et sa croissance est rapide, puisque la chrysalide est formée dès les pre- miers jours de juin (1).

a ——s

(1) Elle ne doit pas senourrir uniquement de la fleur du Thym, car que devien- drait la génération d'automne, celle qui paraît alors que la plante: n’a plus une seule fleur, et même ne présente plus que des feuilles dures et coriaces? La Q du Panoptes qui éclot en août cu septembre déroserait-elle ses œufs sur une autre plante labite fleurie alors ?

|

Lycaena Hylas. 331 Quand on élève des chenilles de cette Lycaena, il ext important de isoler, car non-seulement elles se dévorent entre elles, mais les rysalides qui ont été formées les premières sont impitoyablement mangées par les larves qui restent dans la poche en gaze qui les en- ferme sur la plante fraiche et fleurie.

C'est au pied des Thyms, parmi les débris de végétaux que se métamorphose la chenille du Panoptes. Je n'ai jamais remarqué qu’elle fixât sa chrysalide sur les branches de la plante. La chenille se place, ainsi que ses congénères, la tête en haut, et moins de qua- tre à cinq jours après, la chrysalide est formée ; celle-ci est ovoïde, courte, un peu atténuée aux extrémités, sans aspérités, d’un jaune argileux lavé de verdâtre sur l’enveloppe des ailes dont les nervures se distinguent, bien que d’une manière imparfaite. Très-peu de jours après la transformation, onze ou douze au plus, éclôt quelquefois un ichneumon parasite; mais un second parasite, un diptère, éclot en mars de l’année suivante. Le tiers des larves de la première généra- tion donne l’insecte parfait à la fin de l'été; les deux autres tiers environ passent l'hiver et ne paraissent qu’à la fin de mars ou vers les premiers jours d'avril.

INSECTE PARFAIT.

Cette variété constante de l'Hylas n’est bien caractérisée que chez la © qui, obtenue d'’éclosion, présente une teinte très-sombre. IL y a chez le Panoptes des différences de taille qu'il me paraît difficile d'expliquer ; certains sujets femelles sont relativement très-grands, tandis que d’autres sont d’une exiguité extrême. Je ne parle ici que des individus pris au vol. Le type de l’Hylas n'a jamais, à ma connaissance, été remarqué en Provence.

Cette Lycaena vole en plein soleil dans les lieux croissent les Thyms; elle se pose fréquemment sur leurs rameaux, surtout si la plante est en fleur ; elle est facile à saisir.

,) /

A Hyères, on doit chercher le Panoptes dans le voisinage de l'Er- mitage ; à Cannes, c’est principalement sur la lisière du bois de pins situé sur le chemin du Cannet qu’on est certain de le rencontrer en grand nombre.

Le type n’est pas précisément rare à Francheville (Rhône), mais il paraît près dun mois plus tard que le Panoptes.

3932 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Fotys (Pyrausta) Erimaeuialis, Srnc.

Ann. Soc. entomol. Sltettin, année 1866, p. 109. (PL.'85, fig. 4).

Celte charmañte petite espèce a été décrite récemment d’après un seul exemplaire o”* en très-bon état; mais elle n’a point encore été figurée. C’est assurément la plus petite des Pyrausta ; bien que l’au- teur qui l’a nommée ne lui ait pas assigné de place, je crois qu'elle doit se ranger après le Botys (Pyrausta) Acontialis, Ster.

La P. Trimaculalis mesure à peine 0°,013 d'envergure. Le fond est d’un noir brun luisant, marqué de trois grosses taches circulaires d’un beau jaune orange, dont deux placées près du bord interne, et la troisième au bas de l’apex. Les ailes inférieures sont traversées au centre par une très-large bande également de couleur orange n’attei- gnant nile bord supérieur ni le bord interne de l’aile. Les franges sont assez larges, concolores, avec l’extrémité blanchâtre. En dessous l’orangé des taches a päli, et la première de ces trois taches de l'aile supérieure a sensiblement bruni. Les antennes sont filiformes et noires ; la tête, les yeux et le thorax qui est passablement robuste sont, ainsi que l'abdomen, entièrement noirs.

La Pyrausta Trimaculalis (Botys Trimaculalis, Stgr.) fait partié de la collection de M. Grüner, de Leipsick. On ne connait jusqu'à ce jour que cet unique individu de l'espèce, qui a été pris près d’Amasia, par le nafuialist' Kindermann.

Acidalia Decorata. 333

Acidalin Decorata, W.-V.

PL. 43. Boik. 226. Hb. 71. Tr. HN, p. 285. Dup. VI, p.47, pl. 173, fig. 2. Bdv. 1836. Herr.-Sch. p. 25. Gn. IX, p. 485.— Stgr. Cat., 140. = Cinerata, Fab., p. 259. =

Ornataria, Esp., pl. 51, fig. 2. Pl 85,.fig. 5 à 7.) CHENILLE. :

Elle a quelque ressemblance avec la chenille de sa voisine l'Ornata, Scop. avec laquelle on pourrait la confondre; cependant sa forme plus allongée la rapproche plutôt des larves de l'Imitaria, Hb., Im— mutata, L., Depunctata, Scop., Submutata, Tr. etc.

Les chenilles d'Ornata et de Decorata ont les mêmes mœurs : vivent à la même époque et se nourrissent sur la même plante ; mais je dois dire que la chenille de Decorata estbeaucoup moins abondante que celle de sa congénère, et qu'en comparant ces deux larves, on n’a pas de peine à les distinguer. Celle de la Decorata dont on ne savait rien des premiers états, passe l'hiver, et ne parvient à toute sa grosseur, en Provence, que vers le milieu ou la fin d'avril. A cette époque elle est longue, cylindrique, très-plissée, non carénée sur les côtés, généralement de couleurs assez vives, avec les lignes ordi- naires bien marquées, et la tête petite et globuleuse. La vasculaire est fine, double, noire et repose sur un fond de couleur jaunâtre ; la sous-dorsale est très-large, continue, d'un gris noir ardoisé se fondant par en haut. La stigmatale est large, continue, blanche, salie de gris ardoisé sur les incisions et finement liserée de brun rougeûtre. Les stigmates sont relativement gros et noirs. La tête, qui est concolore, est marquée de lignes foncées, lesquelles sont la continuation des sous-dorsale et stigmatale. Le ventre est marqué sur chaque anneau

334 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. du milieu d’une tache brune de forme rectangulaire. Les dix pattes sont concolores; les quatre dernières sont très-rapprochées.

Cette chenille vit sur le Thymus vulgaris dont elle ronge les feuilles les plus tendres en attendant qu’elle puisse se nourrir des fleurs. Elle se tient à découvert et sa position est ordinairement des plus rigides, Elle doit vivre aussi sur le Thymus serpillum.

La métamorphose, pour la première génération, a lieu vers le 10 ou le 45 mai, sous la mousse, au centre d’une légère coque; la chrysa- lide qui n’a rien qui la distingue pour la forme, est d’un vert pomme, avec les anneaux abdominaux rougeâtres. L'état léthargique de l'in secte ne dure pas plus de dix-huit à vingt jours.

INSECTE PARFAIT.

Cette Decorata, si bien nommée, est une des plus jolies du genre Acidalia. Elle est généralement considérée comme appartenant à la France méridionnale ; cependant je dirai qu'avant de la rencontrer aux environs de Cannes (Alp.-Mar.), je l’avais recueillie dans le Lyon- nais, en Auvergne près de Clermont, etdans le département de Saône- et-Loire, près d’Autun, volant sur les coteaux les plus secs, parmi les genêts croît le Thymus serpillum. Partout elle/était assez rare et se voyait en compagnie de l’Ornata dont, pendant longtemps, on ne la croyait qu'une variété locale.

La Decorata qui a deux générations, et peut-être trois ou quatre dans le Midi, ne paraît pas varier, à moins que l’Arcuaria, Hb., f. 137, « que personne n’a vue en nature » (Gn.) ne soit qu'une aber- ration de cette Acidalia.

Obs. Je lis dans les notes manuscrites de feu Donzel que l'Arcuaria. Hb. appartient à l'Italie.

RE:

Acidalia Submutala. 3939

Acidalin Submutata, Tr.

I, p. 277.-Herr.-Sch., p. 25, fig. 97. Led. Bdv. 1837. Gn. IX, p. 488. Stgr. Cat. 121.

(PI, 85, fig. 8 à 10.)

Si l'insecte parfait de cette espèce ne se place}pas dans le groupe des Acidalia Immutata, Caricaria, mais surtout Zmitaria et Depunctata, il s’en approche par sa chenille qui a de grands rapports de forme et de mœurs avec les larves de ces quatre espèces dont j’ai raconté les habitudes (IE, p. 198-208).

Les œufs de la première génération de la Submutata éclosent pen- dant le courant de mai: ils sont oblongs, cannelés et d’un rouge corail. Jeune, la chenille est d’un vert obscur; cette teinte S'éclaircit à mesure que la petite larve grossit. Elle se développe rapidement ct parvient à toute sa taille vers le milieu ou à la fin d'avril. À cette époque elle est très-allongée, presque cylindrique, à peine atténuée en avant, faiblement carénée sur les côtés, mais très-plissée en tra- vers. Elle est d’un vert un peu glauque, avec une ligne stigmatale très-large, blanchâtre, continue de la tôte au douzième segment. Si on distingue à peine la vasculaire qui est fine, blanchtre et continue, on ne voit pas du tout la sous-dorsale. Les stigmates, placés sur la ligne même, sont très-petits, blancs et cerclés de brun. La tête est carrée, jaunâtre, avec deux lignes claires correspondant aux deux stigmatales. Les pattes antérieures sont testacées, les anales Conco- lores: ces dernières sont marquées de brun extérieurement, et ont la couronne vineuse. Deux ou trois jours avant la métamorphose, cette chenille prend une teinte violacée, sombre, et conserve toutefois la ligne stigmatale blanchâtre. À côté du type de cette larve, on ren- contre assez souvent des sujets qui sont d'un gris bleuâtre; d’autres,

3306 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

d’une teinte ardoisée plus ou moins prononcée. Cette géomètre qui vit à découvert jusqu'au moment de sa transformation, fixée aux centre des petits-rameaux par les pattes anales, est fort commune dans les lieux circonscrits de son habitat. On la rencontre aux envi- rons de Cannes et d’Hyères, et dans toute la Provence, la chose n’est pas douteuse, sur le Thymus vulgaris, et, de loin en loin, sur les Dorycnium. Je l’ai encore trouvée assez abondamment sur les mêmes plantes aux environs de Celles-les-Bains (Ardèche), ce petit coin de terre caché au milieu de hautes montagnes calcaires, si riche en lépidoptères du Midi.

Cette larve, ainsi que celles du groupe dont elle est voisine.par les . premiers états, se transforme dans la mousse ou les feuilles sèches: La chrysalide est médiocrement allongée, luisante, avec le dernier, segment finissant en pointe aiguë. L'enveloppe des ailes est verdâtre. et celle des anneaux abdominaux d’un rouge obscur. L’éclosion qui commence du 20 au 25 mai, pour la première génération, se pro- longe pendant quinze jours environ; l’éclosion de la seconde généra- tion a lieu à la fin d’août ou le commencement de septembre (4).

INSECTE PARFAIT.

Cette Acidalie n'est pas toujours facile à distinguer, et je soup- conne qu’elle est encore confondue dans plusieurs collections d'ama- teurs; car non-seulement elle varie pour la couleur, mais certains sujets se montrent sensiblement plus petits que d'autres. Le fond du type est d’un blanc roussàtre lavé de gris-bleuâtre au bord terminal, avec les trois lignes parallèles qui ne sont pas toujours bien écrites. La tache cellulaire et quelques points nervuraux aux supérieures,

(1) Les chenilles qui proviennent de cette seconde éclosion passent l'hiver; ces dernières ne sont parvenues à leur faille que pendant le mois d'avril,

Nola Thymula. 337 sont toujours bien marqués. La tète est brune avec le vertex blanc. C'est la race de l’Ardècue qui me semble représenter le type; celle des environs de Cannes et d’Hyères est plus sombre, plus ardoisée. L'Acidalia Submutata dont on ne savait rien comme chenille, a précédemment été signalée en Croatie, en Dalmatie et en Anda- lousie (Gü.). Obs. Depuis que je connais les mœurs de cette Acidalie, j'ai bien de la peine à admettre qu'elle ait été rencontrée en Auvergne, ainsi que l'ont avancé plusieurs entomologistes.

Nola Thymula, MiLL. (Species nova.) (PI. 85, fig. 11 à 16.) CHENILLE.

Parvenue à son entier développement vers la fin de mai, elle est assez courte, convexe en dessus et très-atténuée à partir du huitième segment ; elle est en outre demi-velue, mamelonnée, ornée de cou leurs vives, à tête petite, globuleuse, noire et très-dissimulée sous le

premier anneau ; ce segment présente en dessus une double plaque

noire. Sur le fond de la chenille qui est carné on voit, du second au onzième anneau, la ligne vasculaire. qui est large, continue, blan- châtre et accompagnée, à partir du quatrième, d'un gros point ver- ruqueux d’un pourpre noir luissant, et, à la suite, de deux perles d’un carné jaunâtre également luisantes, semblables aux autres perles qui toutes sont pilifères et donnent naissance à la villosité dont il a été question. Toutes les pattes sont, ainsi que le corps, d’un carné indécis.

Cette petite chenille, qui paraît très-localisée, vit en mai aux envi- rons de Cannes, sur les collines les plus chaudes, dans les plis de terrains les mieux exposés au soleil, uniquement, je crois, sur le

338 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Thym vulgaire dont elle ronge pendant le jour les fleurs et les graines * récemment formées. Elle grossit très-rapidements trois quatre semaines lui suffisent pour opérer ses divers changements de peau et se métamorphoser. Lorsque vient le moment de la transformation, la chenille s'applique contre une petite branche de la plante qui l'a nourrie, construit une coque papyracée d’un gris roussätre en forine de nacelle renversée qui se confond avec la couleur de l'écorce. La chrysalide est médiocrement allongée, presque cylindrique, d'un brun clair, obtuse à l'extrémité anale et sans crins, avec la gaine des ailes descendant très-bas sur l'abdomen. L’insecte demeure sous son état léthargique depuis la fin de mai jusqu’en mars ou avril de l’année suivante ; près de onze mois !

INSECTE PARFAIT.

IL est de la taille de ses congénères les Strigulalis, Hh., et Cicatriea- lis, Tr. Les sujets d’éclosion récente ont une teinie gris-bleuâtre qu'ils perdent après quelques mois, pour devenir d’un gris légèrement argi- leux. Les lignes des ailes supérieures sont bien marquées quoique fines ; ce qui ne permet pas de confondre cette Nola avec ses voisines.

La basilaire et la coudée sont brisées, noires et nettes. La seconde de

ces lignes, la coudée, es: accompagnée intérieurement d'une autre ligne, à peine visible à l’œil nu, qui suit son mouvement; celte coudée présente un angle extérieur très-vif. On distingue encore une ligne subterminale claire, ondulée, légèrement ombrée intérieurement. Ainsi que la plupart des espèces du genre, la T'hymula présente deux rugosités au centre de l’espace médian et une à la base de l'aile. Ges trois rugosités, formées par des agglomérations d'écailles, sont d’au- tant plus apparentes que l’insecte est mieux conservé. Les ailes infé- rieures sont plus claires que les supérieures et sont sans dessin.

La N. Thymula qui se tient pendant le jour appliquée contre les

Bolys Cultralis. 339 pierres ou les tiges du Thym, devra trouver sa place après la Striqu- lalis, Hb. (Pyr., fig. 16), et précéder la Cicatricalis, Tr. Dans le cata- logue Stgr. elle portera le 10 bis.

Je dirai avant de terminer cet article que c’est encore à l'extrême obligeance de M. Guenée que j'ai acquis la certitude que cette Nola est bien une espèce inédite. On sait que cet habile et savant observa- teur a reconnu le premier que le genre Nola, qu’on avait jusqu'à lui placé dans les Pyralites, doit faire partie de la famille des Litho- sides. Les auteurs allemands partagent également cette opinion.

Botys Cultralis, SrG6r.

Ann. Soc. entomol. Stettin, année 1866, p. 108.

(PI. 85, fig. 17.)

M. Staudinger qui vient de décrire cette nouvelle Botyde, ne nous dit pas après quelle espèce elle doit être inscrite. Sa place sera sans doute à la suite des B. Lancealis, S. V. Les ailes antérieures très- élancées et fort aiguës à l’apex, donnent à cet insecte une forme par- ticulière qui empêchera toujours de le confondre avec tout autre. Ces premières ailes sont à demi transparentes, d’un jaune paille, couleur plus prononcée à la base et au bord interne ; elles sont traversées par trois lignes d’un brun clair ; la basilaire, la coudée et la subterminale. Si la basilaire est fine et à peine indiquée, la subterminale est large, droite, et touche au bord interne. Outre la tache cellulaire qui est grande, rectangulaire et d’un brun clair, on voit un point de même couleur, petit et circulaire, qui la précède. Les ailes inférieures sont très-larges, bien développées, plus transparentes que les supérieures et d’un jaune paille plus pâle. Ces inférieures sont traversées par deux lignes également d’un gris brun ; la première correspond à la coudée ; elle est fine, irrégulière et présente un angle au centre : la subterminale, qui est large, part de l'angle supérieur de l'aile, finit

340 GHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIT. en pointe et n’atteint pas le bord interne. Le dessous est plus pâle, mais les lignes ont la même forme. Les palpes sont bruns, les yeux noirs, le front blanchâtre, les antennes longues, cylindriques, filifor- mes, jaure paille ; la trompe forte et brune. Le thorax est grêle et de la couleur des premières ailes. L'abdomen est allongé, conique, dépas- sant les ailes ; les pattes longues et blanchâtres. La © est inconnue. L’exemplaire du Bot. Cultralis qui sert à ma description est dans un parfait état de conservation. Il appartient, me mande M. Staudin- ger, à la collection Grüner et provient du naturaliste Kindermann qui l’a reçu du Caucase.

Herminin Crinalis, Hs.

Tr. Dup., p. 54, pl 214, fig. 7. Herr.-Sch., p. 385. Gn., p. 61. Sigr. Cat, 951. Barbalis, Hb., fig. 48. W:-V,., fig. A-9.

(PI. 85, fig. 1 à 3.)

Jusqu'à ce jour une seule chenille de ce beau genre avait été observée ; celle de la Barbalis qu'a élevée et étudiée l’auteur du Species. Je viens faire connaitre celle d’une espèce congénère, la Cri- nalis, dont les, habitudes point encore connues sont à peu près celles de la première de ces deux larves ; toutefois leur forme respective diffère ; voici ce que j'ai appris sur la Crinalis.

CHENILLE.

Elle est renflée, du troisième au septième anneau, très-atténuée postérieurement, un peu aplatie en dessous, avec la tête petite, d'un noir mat. Le cou est étranglé, et les anneaux bien distincts; cepen- dant les deux derniers sont très-étroits. Jusqu'à la troisième mue in- clusivement, cette chenille est d’un brun marron plus ou moins som-

Herminia Crinalis. 41 bre ; mais lorsqu'elle prend sa quatrième livrée, elle passe au jaune cannelle ou rougetre indécis ; quelquefois cependant elle reste jus- qu’à la fin d’un brun de bois. Le premier segment qui est étroit , ainsi que les deux derniers, est recouvert d’une plaque brune partagée par un sinus. La ligne vasculaire large et brune n’est pas cependant bien marquée. On voit à l'incision, des cinquième au dixième seg- ment, une tache blanchâtre de forme rectangulaire qui est d’autant plus visible que la couleur du fond est plus obscure. La sous-dorsale est fort étroite, et le plus souvent il n'existe pas de ligne stigmatale : mais on voit sur les flancs et sur chaque anneau un chevron plus ou moins bien indiqué. Les stigmates sont gros et noirs ; les seize pattes concolores; les trapézoïdaux et autres points pilifères sont bruns, ainsi que les poils fo:t courts auxquels ils donnent naissance. Cette larve est très-paresseuse et ne se déplace que difficilement; lorsqu'elle marche, le cou qui, au repos de l’insecte, semble étroit, s’allonge, et la tête paraît ne plus tenir au corps que par un ligament. La che- nille tombe-t-elle de son point d'appui, elle se roule sur elle-même et ressemble assez vaguement alors à un cloporte.

Cette larve de La Crinalis vit aux environs de Cannes, sur la Rubia peregrina, L., et, bien que je l’aie nourrie avec les feuilles de plusieurs arbres et arbrisseaux, tels que ronce, chèvrefeuille, ro:

-sier et chère, je ne l’ai pas trouvée ailleurs que sur la Rubia préci- P

tée. Ainsi que la chenille de la Barbalis, eelle de la Crinalis sem- ble polyphage, sans toutefois se nourrir de plantes basses propres. Elle se tient sans cesse à découvert, et c'est en battant les haies grimpent les tiges de la garance, qu'on la fait aisément tomber. Elle passe l'hiver, grossit lentement, et setransforme en mars, dans la terre ou sous la mousse, après avoir formé une coque mince, mais solide,

Si par sa forme la chenille de la Barbalis est remarquable, il n’en est pas ainsi de la chrysalide qui n’a absolument rien qui la dis- tingue ; toutefois, je dirai que l'enveloppe des antennes descend assez bas sur les anneaux abdominaux qui sont mobiles.

Cette Herminia éclot du 4°" au 45 mai.

349 CHENILLES ET ILÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

INSECTE PARFAIT.

Il réunit de nombreux caractères, et la description seule de ses premières pattes suffirait à le distinguer des autres Herminia. Ces pattes, en effet, présentent dans leur dernière moitié deux toufies de poils noirs séparées entre elles par un pinceau en éventail de soie jaune. Les palpes, bien fournis de poils, sont très-longs , égaux, bruns et ont le troisième article court, large, sécu- riforme et qui se termine par une pointe blanche. Les anten- nes ont ceci de remarquable qu'elles présentent de véritables lames plumeuses qui occupent la côte jusqu'à l'extrémité, mais dont ces « lames ne commencent à garnir les deux côtés de la tige qu'à partir de la nodosité. » (Gn. VIII, p. 60). Ce nœud squammeux est propre au plus grand nombre des Herminies.

La Crinalis qui a probablement deux générations, appar lient à notre faune lyonnaise, mais ce n’est que de loin en loin qu'on la rencontre, volant à la tombée de la nuit dans le voisinage des haies hautes et fourrées. Aux environs d'Hyères, et de Cannes sa véritable patrie, c'est dans le lit des torrents desséchés garnis de végétation sur les bords qu'elle se tient en grand nombre. Son vol est court, mais rapide et saccadé, L'espèce a élé remarquée en Espagne, en Autriche, en Italie. On la trouve encore aux environs de Marseille, Montpellier, Perpignan et dans plusieurs de nos dé- partements du Centre, notamment celui de Saône-et-Loire. (A. Cons- tant.)

>olys Asinalis. 7n

Botys Asinalis, He.

Fig. 485. Dup., p. 318, pl. 232, fig. 1. Step., p. 47. Vood. 808. Herr. - Sch., p. 31. Gn., p. 340, Stgr. Cat. 141.

(PI. 86, fig. 4 à 6.) CHENILLE.

En Provence, eile éclot en automne ; pendant ses deux premiers âges, elle vit à la manière de certaines mineuses : elle s’introduit sous l'épiderme d’une des feuilles les plus récentes de la Rubia peregrina, en ronge le parenchyme et, par ce moyen, donne aux feuilles qu’elle a privées d’une partie de leur matière colorante, cet aspect vitreux et bianchâtre qu’on remarque assez souvent chez celles qui ont été pré- cédemment attaquées. Lorsque cette larve est adulte, ce qui n'a lieu qu'en janvier ou vers les premiers jours de février, elle est atténuée aux extrémités, légèrement aplatie en dessous, renflée au centre, mo- noliforme, luisante, chargée de points pilifères gros, foncés et surmon- tés de poils courts, raides et gris. Le fond, d’un jaunâtre livide, lavé de carné, présente de nombreuses striés d’un vineux pâle. Les lignesordi- naires, peu apparentes, se présentent ainsi : la vasculaire est fine et brune ; elle règne sans lacune du second au onzième segment; la sous-dorsale est large, grise et continue ; on remarque sur cette ligne unesérie de points verruqueux bruns; ce qui la fait paraître plus foncée qu'elle ne l’est en réalité. La stigmatale est ondulée, continue, conco- lore et se distingue à peine. Les stigmates sont petits, blanchâtres, ron cerclés de noir et invisibles à l’œil nu. La tête est petite, lenticu- laire, jaunâtre et tachée de points bruns parallèles qui semblent être la continuation des deux sous-dorsales. Le ventre est livide, sans li- gnes; mais la couleur des matières ingurgitées s'y montre sous forme de grosses taches foncées, Le premier et le dernier anneaux

344 CHENILLES ET! LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

sont recouverts d'une plaque écailleuse concolore : sur la première plaque on voit la continuation de la ligne sous-dorsale. Les points verruqueux sont gros et foncés; ils donnent naissance à des poils courts et noirâtres.

Cette chenille qui m'a paru assez rare, semble vivre, du moins aux environs de-Cannes, exclusivement sur la Rubia peregrina. J'ai dit que dans sa jeunesse, elle se nourrit du parenchyme des feuilles récem-— ment développées, mais à l’état adulte elle ronge non pas l'extrémité supérieure des jeunes tiges, mais seulement la base, ou mieux le pé- Liole des jeunes feuilles. Pendant le jour, celte chenille, qui est très- viveet qui ne mange que la nuit, se tient immobile au centre de plusieurs feuilles réunies, liées par des fils de soie, et d’où elle s’é- chappe prestement au moindre danger. La métamorphose arrive à la fin de janvier ou dans les premiers jours de février ; cette larve des- cend alcrs sous la mousse et construit une coque légère la chrysa- lide est bientôt formée ; celle-ci est allongée et d’un brun rougeûtre. La première génération du Bot, Asinalis éclôt à la fin d'avril ou pen- dant les premiers jours de mai.

INSECTE PARFAIT.

Les sujets obtenus ex larva sont généralement pourvus aux quatre ailes, notamment aux supérieures, de couleurs sombres ou très-foncées. Les antérieures sont allongées, larges, à apex prolongé, d'un gris enfumé, sombres, luisantes les lignes médianes et les deux taches ordinaires sont assez mal indiquées. Les inférieures bien . développées et larges sont moins obscures que les supérieures. Le thorax est de la couleur des premières ailes ; l'abdomen, qui dépasse de beaucoup les inférieures, rappelle la teinte de celles-ci.

Le B. Asinalis appartient non-seulement à la France méridionale, au Bugey et au département de l'Ardèche, en juillet et en août je l'ai pris abondamment, mais encore à l'Angleterre, à l'Italie, à l'Es- pagne, à la Corte, ete.

Eubolia Basochesiatu, 345 Obs. La Rubia peregrina m'a semblé ne pas exister aux environs de Celles-les-Bains (Ardèche). Cependant le B. Asinalis y est com- mun. La chenille vivrait-elle sur une autre plante?

Eubolia Basochesiata, Dur.

VHI, p. 558, pl. 210, fig. 5. Bdv. 1768. Gn. p. 485.—Mill. J, P. 145-148, Liv. 3, fig. 4 à G. Stgr. Cat. 557.— Malvaria Var. Herr.-Sch., p. 166, fig. 397.

(PL. 86, fig. 7 à 9.)

La première figure que j'ai donnée de cette arpenteuse, peinte d’après fun sujet qui n'était point encore adulte, ainsi que je l'ai fait connaître, n’est pas très-exacte. Ayant retrouvé la chenille de cette Eubolia sur la plante qui paraît la nourrir exclusivement dans la nature, je crois devoir figurer de nouveau la larve de la Baso- chesiata longtemps confondue, c’est ce que j’ai démontré (T, p. 148), avec une espèce congénère. Je donnerai aussi quelques détails inédits sur les mœurs de la larve et sur l’insecte parfait.

CHENILLE.

On la trouve parvenue à toute sa taille depuis Ia fin de novembre jusqu’au commencement de mai, et, pendant cet espace de temps, on rencontre des larves de cette espèce à tous les âges. Cette chenille grossit rapidement, même en janvier. Adulte elle est médiocrement

allongée, presque cylindrique et quelque peu atténuée antérieurement.

avec la tête de grosseur moyenne et un peu lenticulaire ; le corps est sans éminences, mais il présente sur les flancs une légère carène qui est ondulée, continue, concolore et qui occupe la place de la ligne stigmatale. La couleur générale est celle du brun clair, ombré de noirâtre sur:les flancs : le dessous est gris ardoisé. La ligne vascu- laire est fine, brune, continue du premier au onzième anneau inclu-

3

248 7,

346 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

sivement; la sous-dorsale est d’un blanc carré, lavée de jaunâtre; elle est médiocrement large et continue; la stigmatale est ondulée, claire et interrompue. Le ventre présente une ligne claire, large, non interrompue et partagée par un trait brun et fin. La tête est d’un testacé clair, maculée de nombreux points bruns, avec les ocelles de la même couleur. Les dix pattes sont blanchâtres et paraissent diaphanes. La dernière paire est rayée d'un trait brun perpendi- culaire. Les stigmates sont ovoïdes, très-petits, d’un jaune orangé et largement cerclés de noir. On distingue quelques poils rares, courts et raides. La région du dos laisse voir, chez certains sujets, des taches noirâtres rhomboïdales et cerclées de blanchâtre, mais ces taches ne sont pas toujours bien visibles ; elles sont placées sur les incisions du milieu, qui sont elles-mêmes d’un carné vif.

Cette larve qui vit à découvert depuis sa naissance jusqu’à l’époque de sa transformation sur la Rubia peregrina, L., dont elle ne mange que les jeunes tiges, ronge celles-ci jusqu’à ce que, parvenue à la partie coriace du rameau, elle l’abandonne pour se jeter sur une autre tige fraichement poussée. Moins de six à sept semaines suffisent le plus souvent pour voir cette espèce subir ses divers états. Pour se chrysalider elle descend de la Rubia, plante aux rameaux grimpants et aux feuilles persistantes, et se métamorphose dans la terre après avoir formé une légère coque composée de soie et de grains de terre ; cependant la métamorphose a souvent lieu dans la mousse seulement, alors que la terre ne lui manque pas. La chrysalide est conico— cylindrique, médiocrement longue, d’un rouge acajou, et n’a rien qui Ja distingue. L'état léthargique de l’insecte ne dure que vingt ou vingt-cinq jours au plus en hiver et au commencement du prin-— temps. É

Cependant je ferai observer qu'un certain nombre de ehenilles de Basochesiata recueillies au printemps, et paraissant devoir éclore plus rapidement que celles qui ont subi leur métamorphose en hiver, ne sont après bientôt trois mois de transformation point encore écloses..…. Les chrysalides, je m'en suis assuré, sont vivantes.

Eubolit Basochesiala. 347

L'insecte parfait ne varie pas; cependant @ à pour caractère constant d’avoir les couleurs moins vives que le o”. La Basochesiata, décrite par Duponchel, a été, personne ne l’ignore, considérée pen— dant longtemps comme une simple variété de la Malvata, RAMs. Cette Eub. Basochesiata n'est plus aujourd’hui une rareté, car on la chasse facilement aux environs d'Hyères et surtout de Cannes. Les entomologistes, par les soirées tièdes de l’arrière-saison, et même de l'hiver, peuvent en saisir un certain nombre de sujets dans le voisi- nage des haies. Elle s'éloigne cependant des lieux qui nourrissent sa chenille, car le 7 novembre, à Cannes, je prenais une Basochesiata à la tombée de la nuit, butinant sur les fleurs de mon jardin.

Obs. Voici, en dernier lieu, etaprès l'impression de l’article précé- dent, une remarque qui, jecrois, n’est pas sans intérêt à proposde cette Eubolia, remarque dont je n’ai pu que tardivement reconnaître l'exac- titude, Les chrysalides de cette Phalénite, qui, en hiver et au premier printemps, éclosent 20 ou 25 jours après la transformation des che- nilles, cessent tout à coup d’éclore, ainsi que je l’ai dit, et, quelque chaude que soit la température de la fin du printemps et de l'été, ces chrysalides n’écloront plus qu’en automne. Ce n’est donc qu'à partir de la fin de septembre et du courant d'octobre que reparaissent les Basochesiata dont les générations, pendant les cinq ou six mois qui suivront, se succèderont sans discontinuer. Il est clair que, dans ce fait anormal en apparence, se montre la sagesse infinie du Créateur qui réserve cette génération du prin— temps pour l'automne suivant, alors que reparaitront de nouvelles pousses de la Rubia. En effet, que deviendraient les jeunes chenilles de notre Eubolia si, au sortir de l'œuf, en été, elles ne trouvaient sur la garance qui doit les nourrir, que des feuilles dures et inatta- quables ? (1)

Gt mt tte

(4) Certains botanistes disent, avec une grande apparence de raison, que le véri- table hiver pour un grand nombre de plantes du littoral, règne du milieu de juillet au 15 septembre environ.

=

948 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

La À. peregrina, on le sait, ne croit dans la Provenc?, qu'à partir du mois d'octobre, pendant tout l'hiver et le premier printemps. Ses feuilles après leur développement deviennent, en été, très-coriaces et alors, nul insecte ne s’en nourrit.

Nouvelle variété de l'Aretia @uenselii, Pay.

Tr, Hb. Dup. HE, pl. 4, fig. 4 Sigr. Cat.87. Mill. IF, p. 20, pl. 53, f. 4et5. Jourdheuil. Ann. Soc. Fr., p. 126,

pl, 2, fig. 14.

(PI. 86, fig. 10.)

La Quenselii, cette joie Chélonide qui aujourd’hui n'est plus une rareté, grâce à l’ardeur toute juvénile de plusieurs de nos collègues de la Société entomologique de France, et de M. Zeller, de Zurich, la Quenselii est assurément un des lépidoptères qui varient le plus. En outre des quatre aberrations que j’ai signalées (IE, p. 20), et, plus récemment, de celle qu'a décrite et fait figurer M. Jourdheuil, sous Le nom de Falloui, dans les Annales de la Société entomologique de France, en outre, dis-je, de ces cinq variétés, je viens faire connaitre une sixième aberration de cette Arctia. Cette dernière variété acci- dentelle n’est point aussi remarquable que celle qui a été dédiée à notre excellent collègue, maiselle l’est assurément davantage que les quatre que j’ai décrites. Chez cette dernière venue, rapportée du Haut- Valais par M. Fallou, et qui est éclose à Paris, les ailes supérieures présentent cette particularité: sur un fond jaune, de Naples, et non plus jaune nankip, les grandes taches noires du type ont tellement diminué détendue, qu'elles ne sont plus indiquées que par quelques stries noires à la base, par quelques atomes de même couleur au bord subterminal, et, au centre, par un gros point noir de forme cir- culaire. Les larges taches des ailes inférieures ont püli, mais elles ont à peu près la forme des taches de l'espèce ordinaire. Si le thorax

Arclia Fasciata. 349 rappelle la couleur de celle du type, l'abdomen est dépourvu de la série de taches noires latérales.

Cette aberration, que je désignerai par la lettre F, appartient à mon cabinet ; je la tiens de notre collègue M. Fallou père.

Variété de l'Arctia Fasciata, Es».

PI. 33, fig. 3. God. IV, p. 31, pl.3, fig. 3. Stgr. Cat., 76. = Gratiosa, Hb., 133.

(PL: 86, fig. 11.)

Aucune variété de cette belle Chélonide n’avait encore été figurée ; celle que j'ai l'honneur de présenter à la Société Linnéenne est assuré- ment digne d’être connue, Ce sujet est un o” de médiocre grandeur ; voici ce qui le distingue. Le fond qui est d’un jaune clair est envahi en presque totalité par le noir. Les diverses taches centrales qu’on remarque chez le type, n'existent plus chez cette aberration, ou mieux elles se sont réunies pour ne plus présenter qu’une seule tache, une sorte d'espace médian entièrement noir. Ce n’est qu'à la base de l’aile et dans le troisième tiers qu’on distingue d’étroites bandes jaunes qui rappellent le type. Les inférieures n'ont rien d’anormal. Il en est de même du thorax et de l'abdomen. Les quatre ailes sont en dessous la répétition du dessus.

Cette variété accidentelle que je désignerai par la lettre A, appar- tient à la collection Donzel, mais elle ne porte nulle indication de patrie. Dans les notes laissées par notre regretté collègue, il n’est point dit d’où provient ce lépidoptère.

Godard nous apprend (IV, p. 314) « qu’on voit parfois des indi- vidus qui n’ont pas de taches noires sur le disque des ailes infé- rieures ». J’ajouterai qu'on en remarque bien plus souvent chez lesquels les taches noires des supérieures sont réduites à de simples

350 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. points noirs. Deux de ces derniers sujets appartiennent à ma collec— tion.

J'ai sous les yeux un individu de la Fasciata que m’a com- muniqué M. Fallou, lequel a été obtenu d’une chenille rapportée de Grasse. Ce sujet qui s'éloigne du type par la disposition des taches noires, se rapprocherait assez par la taille et la couleur, de l’aberra- tion que je fais connaître.

Obs. Il n’est pas inutile d'indiquer que, bien que cette belle Chélo- nide ait été jusqu’à ce jour exclusivement signalée en Provence, j'ai rencontré abondamment la chenille aux environs de Celles-les-Bains, à la fin de mars, vivant de plantes basses sur un terrain composé de roches schisteuses, situé en plein midi, privé d'arbres et arbustes. J'ajouterai que je ne crois pas que la chenille, que je confondais d’abord avec la Caja, vive sur « le lilas commun » (1), comme le dit Godard, p. 312, d’après le renseignement de de Villers.

Fapinostola Boxdii, DBLr.

(PI. 87, fig. 1ct2)

Cette espèce, découverte depuis peu en Angleterre, n’a été repré- sentée nulle part; elle ne figure pas dans le Species de M. Guénée, et doit trouver sa place après la Nonagria Concolor, Gn., dont elle est voisine, aussi bien par la coupe d'ailes que par la couleur générale.

Chez la Bondi, les ailes supérieures sont d’un blanc mat, sans lignes ni dessins, si ce ne sont cependant quelques taches nervurales de couleur argileuse à peine accusées au bord subterminal. Les ailes inférieures sont légèrement enfumées, avec une ligne transversale étroite, faiblement indiquée, et qu'on ne distingue pas toujours, ainsi qu’un point cellulaire qui n’est guère plus apparent. Les antennes

(1) Ou sur un arbuste quelconque.

Dasypolia Templi, 351 sont simples et d'un blanc pur ; l'abdomen est long, lisse et blanc. En dessous, les ailes supérieures sont légèrement enfumées, ainsi que le sont en dessus les inférieures ; c’est le contraire aux ailes inférieures qui sont plutôt blanchâtres.

La © est de la taille du o”; elle en diffère seulement par la couleur des ailes inférieures un peu plus claires, et par l'abdomen plus gros et plus long.

Cette Leucanide nouvelle, qui est encore une rareté, provient des environs de Folkston (Angleterre). J’en possède plusieurs sujets des deux sexes qui m'ont été envoyés par M. Henri Doubleday, d’Ep- ping.

La chenille de cette Tapinostola n’est point encore connue.

Obs. La Bondii qui ressemble beaucoup à l’Extrema , Herr.- Sch., 336-337, sauf la taille plus petite de cette dernière, pourrait bien n'être qu’une variété locale de cette noctuelle.

Dasypolia Templi, THUMBERG.

Diss. Ent. Ins. Sv. IV (1792), p. 56. Hb. 373. Tr. Il, p. 23. Dup. IE, p. 43, pl. 57. St. IE, p. 31, pl. 26, fig. 1. Gn. Ind., p. 238.— Rdv. 888.— Herr.-Sch.. fig. 454. Gn. VE p.44. Star. Cat. 639. Frey., pl. 544, fig. 3.!

(PI. 87, fig. 8 7.)

L'espèce unique qui compose le genre, bien que décrite et figurée depuis longtemps, est demeurée jusqu'à ce jour tout à fait inconnue sous ses premiers états. La manière exceptionnelle dont vit la chenille

‘dela D. Templi est des plus curieuses. Ce ne sera pas sans intérêt, j'ose

lespérer, qu’on l’apprendra. C'est encore de l’obligeance de M. Dou- bleday, d'Epping, que je tiens tous les détails concernant cette belle et rare Noctuide que cet entomologiste distingué élève ex larva et sou-

S

332

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. veut ab ovo. C’est aussi cet ami de la science qui m'a procuré de bons dessins de la chenille et de la plante qui la nourrit.

CHENILLE,

L'œuf qui est déposé au printemps sur la fleur naissante de l’He- racleum sphondium, L., éclot quinze jours après ; les jeunes larves se cachent aussitôt parmi les péfales et rongent ceux-ci jusqu’au réceptacle qui porte la jeune fleur. La chenille, peu de temps après, pénètre dans l’intérieur de la tige, y descend peu à peu jusqu’à la racine, s'enfonce dans celle-ci, trace de nombreuses galeries dans cette racine charnue, mange beaucoup, mais cependant grossit avec lenteur, et acquiert pendant l'été son développement complet. Ayant acquis toute sa taille, la chenille qui a cessé de manger, quitte alors sa retraite, et, avant de se mélamorphoser, se cache, soit dans la terre, soit sous des pierres amoncelées. Cette larve, qui rappelle assez celle de la Gortyna Xanthenes (Icon. XV‘ Liv.), soit pour les mœurs, soit pour la forme, est allongée, cylindrique, plissée, rase. Le pre- mier et les deux derniers anneaux portent un écusson corné. L'aspect de cette chenille est d’un terreux mat, avec les trapézoïdaux et autres points gros, foncés et se détachant bien du fond. La tête est globu- leuse, d'un rougeâtre obseur et luisante; les mandibules sont brunes ; l’écusson du premier segment, partagé par un sinus, est de la couleur de la tête ; il est entouré d’un trait noir plus large en avant qu'en arrière ; les deuxième et troisième anneaux portent chacun une série de points noirs placés au centre, et partant d’une stigmatale à l’autre. Les trapézoïdaux n'existent que du au 11° segment. On voit en outre, quatre gros points sur chaque anneau qui semblent protéger les stigmates ; ceux-ci sont ovoïdes, clairs et cerclés de noir. Si la plaque du 41° anneau est petite, celle du 12° est large, entoure ce- lui-ci et le protège. Ces deux plaques sont de la couleur de celle du

Dasypola Templi. 393 premier segment. Les seize pattes sont concolores. On ne voit enfin aucune trace des lignes ordinaires.

La couleur sombre de cette larve et sa conformation, indiquent bien son genre de vie et ses habitudes souterraines. Ce n’est guère qu’à la fin de juillet ou en août qu’elle s'enfonce assez profondément dans le sol pour se métamorphoser, mais sans former préalablement de coque.

La chrysalide est allongée, cylindrico-conique, à anneaux très- mobiles, d’un rougeâtre vineux. Les stigmates sont visibles ; la pointe abdominale est double, forte et brune. L’éclosion du lépidoptére a lieu à la fin de septembre ou au commencement d'octobre.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : Le © 0,035. La ® 0",048.

Les ailessont grandes, larges, avec de longuesfrangesconcolores. Les supérieures sont allongées, d’un jaune argileux, nébuleuses, chargées de nombreux atomes, foncées, avec les lignes ordinaires, ainsi que les dessins, parfois mal arrêtés dans leurs formes et leurs contours ; ce pendant les dents régulières de la ligne coudée, sont bien accusées et indiquent les nervures. La ligne extra-basilaire est assez vague ; la subterminale est indiquée entre chaque nervure par une tache claire, sagittée ; les taches ordinaires sont petites et mal écrites. Les ailes inférieures sont d’un gris jaunâtreet marquées d’une ligne transverse très-accusée, Les antennes sont pubescentes et concolores, avec des cils assez longs. Le thorax est robuste, large, muni de nombreux poils qui rappellent la couleur des ailes supérieures. L’abdomen est velu, concolore et dépasse un peu les ailes inférieures.

La © est sensiblement plus épaisse que le o”, mieux fournie d'é- cailles et de poils, à dessins et lignes plus foncés, présentant enfin

394 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. un aspect plus sombre. Les antennes sont simples et nullement pu- bescentes.

Cette intéressante noctuelle, qui est depuis longtemps ballottée d'un senre à un autre genre, et qu’en dernier lieu, M. Guenée, dans son savant livre, a séparée de toutes les autres espèces pour en faire un genre à part ; cette Dasypolia, dis-je, n’est pas, si nous tenons compte des mœurs de sa chenille, parfaitement à sa place dans le voisinage des Polia. Je crois qu’elle serait mieux placée avant ou après les Gortyna.

La Dasy Templi qui est toujours une grande rareté, appartient à la Laponie, à la Suède, au Devon et au nord dela Grande-Bretagne.

Collect. Bdv. Coll. Dbld. Mon cabinet : deux ©; une © ex larva.

Vamessa Caïlirhoë. Her.

Vulcania, God. Ency. Méth., T. VX, p. 320 (4819). = Pap. Ala- lanta, Cram. pl. 84, fig. E. F. Pap. Indica, Herbst, pl. 180, fig. 1 et2.

(PL: 88, fig. 4 et 2)

Ce lépidoptère qui est un des plus remarquables du genre, doit désormais appartenir à la faune européenne. Cette Vanessa, me mande le docteur Staudinger qui me l’a procurée, a été prise sur les côtes méridionales du Portugal l’espèce, originaire de l’île de Té- nérifle, doit s'être acclimatée.

La V. Callirhoë est un peu plus petite que l’Atalanta; elle diffère de celle-ci par la bande rouge des supérieures qui est plus large, plus sinueuse, et qui est d’un rouge de feu plus éclatant. Elle est marquée, en outre, sur le côté interne de trois taches noires de di- verses grandeurs. Les taches blanches du sommet de l'aile, sont plus petites que chez l’Atalanta. Le dessous des ailes inférieures se dis- tingue en ce que la tache jaune du milieu de la côte est moins srande et moins vive.

Vanessa Alalanta. 3959

La chenille de la V. Callirhoë vit sur les orties ainsi que celle de Atalanta. Cette jolie Vanessa, suivant Hubner, se trouve assez commu- nément à l’île de Ténériffe où, paraît-il, elle remplace notre Atalante. C’est de cette île que le naturaliste Mangé l’a rapportée pour la pre- miére fois. Cramer dit qu’elle habite la Chine, mais cela mérite con- firmation.

Il paraît que Herbst la croyait des Indes, puisqu'il l’a nommée Ata- lanta Indica (Encyclop. méth.) (4).

La Vanessa Callirhoë étant considérée aujourd’hui comme euro- péenne, portera dans le Catalogue Stgr. le 187 bis, et dans le Catalogne Berce le 232 bis.

Nouvelle variété de la Vanessa Atalanta. L.

S. Ve Esp. 14, 1. Hb. 75, 76. God. FE, 6, 1. Vill. et Gn,, p. d1. Stgr., Cat. 187 = Le Vulcain, Engr.

(PI. 88, fig. 3.)

« L’intérèt qui s'attache à l'étude des aberrations est beaucoup

« plus grand que certaines personnes ne semblent le soupçon- « ner, etc. » (Professeur Girard, séance du 8 novembre 1866).

La nouvelle aberration de l'Atalanta que je fais connaître aujour- d'hui est de grande taille ; elle est d’une conservation telle qu'on la croirait obtenue ex larva. Elle se distingue du type par une colo- ration anormale des plus étranges : le rouge des supérieures a dis- paru, et cette partie de l'aile, entièrement dénudée, est diaphane ; le sommet et la base de cette bande qui traverse obliquement toute l'aile, est d’un jaunâtre isabelle mat. Les taches blanches ont la même

(1) Cependant l’auteur du Spécies général m'écrit que « Herbst ne se trompait point. J'en ai trois individus qui viennent du nord de l'Inde, et il me paraît très-probable que la Callirhoë se trouve aussi en Chine. »

396 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

disposition et sont d'un blanc tout aussi vif que chez les individus ordinaires. Aux ailes inférieures la très-large bande rouge subter- minale, tachée de quatre points noirs, à changé de couleur ; elle a passé au jaune isabelle faiblement teinté de couleur terre de Sienne à l'angle inférieur. Le dessous des quatre ailes ne se distingue de celui du type que par la bande rouge absente aux supérieures et rempla- cée par la bande diaphane dont il à été question. Je répète que ce su- jet est dans un grand état de fraîcheur, et que la décoloration que j'ai signalée aux ailes, ne peut être le résultat de la vétusté ou d’une exposition prolongée à la lumière, car dans ce cas, le noir du fond eût pâli et le blanc eût perdu de son éclat. D'ailleurs, en- fin, l'absence des écailles rouges seules ne saurait s'expliquer par une cause accidentelle.

Cette intéressante aberration que je désignerai par la lettre B., appartient au cabinet de M. Oberthur., de Rennes, qui a bien voulu me la confier. Elle a été prise au vol, aux environs de Rennes (Ele-et-Vilaine).

Nyssia Alpinaria, SULZ.

Abg. Ges. pl. 21, fig. 56 (1775) Scriba, pl. 47, fig. 4 à 5 (1793). Bork. 81. Esp. pl. 42, fig. 2 à 6. Tr. I, p.244. Herr.-Sch., p. 400, fig. 42?2(®). Gn. IX, p. 200. Lah. 162, fig. 5 ? Sigr. 245.

(PL. 88, fig. 8.)

La connaissance de la chenille de cette rare phalénite, vient justi- fier la séparation de l’insecte parfait d'avec la Bombycaria, Bay. D'ailleurs les larves de ces deux Nyssia sont évidemment distinctes entre elles.

Une ponte de l’Alpinaria provenant de la Haute-Engadine m'ayant

été adressée par M. Rodophe Zeller, de Zurich, j'ai pu amener à

Nyssia Alpinaria. 397 bonne fin l'espèce, et recueillir sur ses premiers états les renseigne- ments que je vais avoir l'honneur de soumettre à la Société.

CHENILLE.

En avril des œufs de la Nyssia Alpinaria ont été pondus en grand nombre par une seule & dont l'éducation avait eu lieu en captivité. Les œufs sont ovales, déprimés et d’un vert glauque; ils présentent une particularité remarquable que je crois intéressante à signaler : leur texture ou enveloppe, au lieu de se solidifier à l’air, conserve jusqu’à l’éclosion de la chenille une certaine flexibilité ou mollesse ; en effet, l'œuf lorsqu'on le touche s’affaisse sensiblement sous la pression du doigt.

Vers les premiers jours de mai les œufs sont éclos. Pendant la première période de sa vie la petite chenille est d’un noir mat et présente, sur chaque anneau, une ceinture de points blancs; ce qui lui donne un aspect bien différent de celui qu’elle aura plus tard. Dès la troisième mue, sa livrée devient ce qu’eile devra être jusqu'à la fin, c'est-à-dire jusqu'à la première quinzaine de juillet. A cette époque la chenille d’Alpinaria, étant adulte, est allongée, cylindrique, dépourvue d’éminences, à tête aussi large que le premier anneau, avec dix pattes bien développées et robustes. Pour la forme elle est assez voisine des chenilles de la Zonaria et de la Bombycaria (1) figu- rées par Hubner (Geometrae I, Æquivorae À. C.); cependant elle s’en éloigne sensiblement par la couleur générale et la disposition

(1) 1 me paraît évident que la chenille figuürée par Hubner sous le nom d'Af- pinaria, n’est pas celle de cette Nyssia, mais plutôt la chenille de la Bombycaria, car cette larve d'Hubner, dont le dessin me semble exact, est tout autre que la chenille d'Alpinaria.Ce qui a pu donner lieu à cette confusion de noms, c’est que la Bombycaria n’était point encore séparée de l’Alpinariaà l'époque ont para les chenilles d'Hubner; cet iconographe a figurer la chenille de la Bombycaria croyant représenter celle de l’Alpinaria.

398 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

des taches. Sur le fond qui est d'un blanc blétâtre, se détache vive- ment une large stigmatale ondulée, continue, d’un jaune vif, liserée de noir de chaque côté; on voit en outre une multitude de taches noires de diverses grosseurs qui recouvrent tout le corps de la che- nille; ces taches sont plus ou moins nombreuses et serrées sur le ventre, avec une éclaircie jaune au centre de chaque segment. Les lignes vasculaire et sous-dorsale n'existent pas, mais la région du dos est éclairée de taches jaunes placées à l'inscision de tous les anneaux. Les stigmatales sont gros, elliptiques, d’un noir luisant et largement cerclés de jaune vif. La tête est également recouverte d'un grand nombre de taches noires. Les mandibules er ocelles sont noirs: les pattes écailleuses qui sont également noires, sont, à la base du der— nier article, cerclées de blanchâtre. Les pattes anales sont de la couleur du corps.

J'ai nourri cette chenille avec les fleurs du Chrysanihemum ino- dora, celles de la Bellis perennis et de la Centaurea jacea; mais dans les deux dernières périodes de sa vie, elle a préféré les feuilles du Cratcægus oxyacantha.

Cette larve se métamorphose dans la terre, après avoir formé une coque assez solide. La chrysalide est médiocrement longue, renflée au centre, entiërement d’un brun d’acajou foncé mat; les anneaux abdominaux sont mobiles et se terminent par une pointe unique, longue, forte et brune.

IL est un détail de mœurs, se rattachant à cette Nyssia, qui pré- sente un intérêt réel : la chrysalide, au lieu d’éclore au printemps de l’année suivante, passe deux hivers sous son état léthargique. En est-il de mème dans la nature? Le fait est assez supposable. M. R. Zeller est le premier qui ait fait cette remärque ; c’est ce qu'il m'apprend par sa lettre du 43 mai 1866. Je n'ai encore pu recon— naître exacte la remarque de M. Zeller; mais Je me suis assuré qu'après dix-huit mois les chrysalides sont vivantes.

Nyssia Alpinaris. 399

INSECTE PARFAIT.

Je ne sais pourquoi cette phalénite est considérée par plusieurs auteurs qui en ont parlé comme très-voisine de sa congénère la Zo- naria, quand en réalité elle s’en distingue sensiblement par la taille toujours plus grande, et par la coupe d'ailes. L'espèce dont elle est le plus voisine est la Bombycaria chez laquelle Les supérieures sont moins élancées, plus arrondies, plus blanchâtres.

La N. Alpinaria type a donc les quatre ailes relativement longues, traversées, ainsi que chez la Bombycaria, par quatre lignes brunes, mais ces lignes sont plus obliques et plus larges ; ce qui donne à l’Alpinaria un aspect généralement plus sombre. Jai sous les yeux une variété de cette dernière espèce, que m'a soumise M. Zeller, et qui provient des Hautes-Alpes ; d’une teinte argileuse terne, mais ce— pendant la coupe d’ailes etles lignes rappellent tout à faitcelles dutype.

La © a une forme ovoïde; elle est entièrement pourvue de poils laineux d’un blanc roussâtre, a l'abdomen terminée en pointe longue, aiguë, et n’a que des moignons d'ailes aiguës, très-courtes. Ces deux Nyssia, l'Alpinaria et la Bombycaria, sont bien dictinctes entre elles.

Les chenilles, je le répète, sont assez différentesl'une de l’autre, pour admettre définitivement la séparation des deux insectes parfaits que plusieurs entomologistes ont voulu dernièrement réunir. Je prie- rai mes lecteurs de ne pas oublier que la chenille de la N. Alpi- naria de Hubner, doit représenter celle de la Bombycaria. Je dirai encore que cet auteur donne à la pointe qui termine la chrysalide de sa Nyssia, deux crochets recourbés en hameçon très-apparents, tan- dis que la chrysalide de l’Alpinaria, que je figure, ne présente qu’une pointe longue et brune.

La N. Alpinaria, bien que demeurée rare, est depuis fort longtemps connue. Sa patrie est, je l’ai dit, la Haute-Engadine; elle a encore été rencontrée dans les Alpes italiennes et en Dalmatie (Lah.).

360 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Obs. Toutes les Nyssia sont rares ; j'ajouteräi que les chenilles qui ont été observées sont d’une éducation difficile.

On ne connaît jusqu’à ce jour que des Nyssia européennes.

La N. Graecaria, Bpv. de Morée, appartient-elle bien à ce groupe? Elle n’a été ni décrite ni figurée.

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

G''AQ 7e

EXPLICATION DES PLANCHES,

EXPLICATION DES PLANCHES De Ia 19e Livraison (1867).

ER CRE PLANCHE 85. EXPLICATION DES FIGURES.

[.

. Chenille de la Lycaena Hylas (Var. Panoptes, H8.). . Chrysalide. ; . Insecte parfait.

IL.

. Pyrausta Trimaculalis, Srcr.

ll.

. Chenille de l’Acidalia Decorata, W.-Y. . Chrysalide. . Insecte parfait.

EN:

. Chenille de l’Acidalia Submutata, Tr. . Chrysalide. . Insecte parfait.

V. . Chenille de la Nola Thymula, Mit. . Cocon. . Insecte parfait.

VL

. Botys Cultralis, SrGr.

Tige fleurie de Thymus vulgaris, L.

364

302

Fig.

EXPLICATION DES PEASSNES :

PLANCHE 86.

EXPLICATION DES FIGURES.

. Tapinostola Bondii ©, DsLp.

Id. (He 0

IE.

. Chenille de la Dasypolia Templi ©, Taus.

Id. id. ME Id. id. id. Jeune.

. Chrysalide. . Insecte parfait ©.

Racines de l’Heracleum sphondium, L. rongées par la chenille de la D. Templi.

L Lie = RPRINE POROAS A a US « e Net " ne v# à # : VA A ee x

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 87.

EXPLICATION DES FIGURES.

4. Chenille de l'Herminia Crinalis. HB. ®. Chrysalide. . 3. Insecte parfait. IE.

4. Chenille du Botys Asinalis, Hg. >. Chrysalide formée dans la mousse. 6. Insecte parfait.

HT.

fig. 7. Chenille de l'Eubolia Busochesiata, Dur. MS Chrysalide. |. 0 9. Insecte parfait. #

DA LAN

F M 2 “ELA Fig. US de l’Arctia Quenselii, PAY%K. LETTRE

Le

Ed

1407 A Re | Mig. 14. VRPIÉSS de l’Arctia Fasciata, Esp.

Tige de la Rubia peregrina, L., sur laquelle existent

des feuilles minées : a a, par de jeunes larves du Botys Asinalis.

TION DES PLANGHES

7 x

s \

Vanessa Callirhoë, Hs. ;

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LE.

É:

Vanessa Atalanta, (Aberr . B) 4

An.

Chenille de la Nyssia Alpi

——

Chrysalide. . Insecte parfait ©.

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Bellis Perennis, L.

L Hiales de la Societé Linnéenne de Lyon . 19® Lio Année 1867 PL. 85.

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; 13 JA à be” ê 9 | FES} æœ\., pe 1 "9 J | 2 Milière et Poyade pr Jogues rt.pf Debray se | Lza 4, Lycaena Aylas [Var. Panoptes, Bb.) IL. 4, Pyrausta Trimaeulales, Styr. à. II, 4 à 7, Acidalia Pecorata,W.v. [V. 4 à 10, ,. d'ubmutata, Tr. D. V. u à 6, Nola Taymula, Mu D. VL27, Botys Cultralus, Star.

. np Houiste, 6,r. Mignon. MT Mjgreaux col

Annee 1867 PI. 86.

PF Millére et Auët p t Joques pl} ;

[2 à 4, Zermiua Cialis, Kb. IL 4 à 6, Botys Asinals, Hb

[IT. 7 à d, Eubalia Basochesiata, Puy.

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[V. ze, Arctia Quenseli, Payh. | Var. F.) [A 2

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Annalar de la Societé Linnéenne de Lyon 197 Le. Are 1867. PL. 81

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Philière et W" Buckler p ? Debrey so.

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sl h | Annales de le J'ociété Linnéenrie de Lyon.

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np. House, 5, r.

TMigneaur Jogues pl.p

Mignon

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

P. MILLIÈRE YINGTIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 11 novembre 1867)

um

Cerocnla Scapulosa.

Hb. 360-361. Tr. IL, p. 317. Dup. IV, p. 333, pl. 121. Gn., Ind., p. 248. Gn., Spec., 1733. Stgr., Cat. 866.

(PI. 89, fig. 3 et 4.)

Voici une bien intéressante espèce formant genre et que beaucoup de caractères signalent à l’attention des entomologistes. On ne savait rien des mœurs de sa chenille qui a été observée avec un grand soin par mon ami le docteur Staudinger, qui a bien voulu me la procurer et me fournir sur elle des détails de mœurs du plus réel intérêt ; communication dont je crois devoir transmettre à la Société Lin- néenne le détail complet.

366 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

C'est le 10 mars 4858, m'’écrit M. Staudinger, que j'ai pris la pre- mière Cerocala Scapulosa fraîchement éclose, près de Chiclana, pro- vince de Cadix, en Andalousie. Les jours suivants je capturai un cer- tain nombre de sujets de cette espêce, dans un bois de pins, d’une éten- due restreinte, et on ne voyait, sur un sable très-fin, que de rares pieds de Cistus et quelques Helianthemum. Vers la fin de mai, je me donnai une peine extrême pour chercher la chenille de ce charmant papillon que je supposais vivre dans ces lieux l’insecte parfait volait communément. C’est en vain que, pendant de longues heures de jour et de nuit, je fauchai les Cistes et les Hélianthèmes dans l’es- poir de rencontrer cette larve. Au commencement de juin, enfin, mon chasseur Kalisch, le même qui m'avait accompagné en Islande, se mit à fouiller dans le sable et trouva cachée, à près de deux dé- cimètres une curieuse chenille qui ne pouvait appartenir qu’à la Cerocala Scapulosa. Nous continuâmes nos recherches et nous trou- vâmes un certain nombre de ces chenilles enfoncéesau pied de l’Hel/ian- themum halimifolium Desf. qui, de même que toutes les plantes de ee genre, fleurit pendant plusieurs mois, et dont les fleurs éphémères qui se succèdent sans interruption, perdent, à la fin de chaque jour, leurs pétales à moitié flétris. Je fais observer que ces larves, dès leurs seconde mue, ne montent plus sur la plante, mangent exclusi- vement alors les pétales de l’Hélianthème, détachés et tombés sur le sable d’où elles ne sortent pas, se contentant d'élever la tête au des- sus de sa surface et de saisir les pétales que bien souvent elles entrai- nent sous le sable, pour s’en nourrir.

Peu de jours après, je quittai l'Espagne, et, en route, je perdis une partie de mes chrysalides qui se desséchèrent ; cependant ce qui m’en est resté, m'est éclos de la mi-juillet à la mi-août. Il est bien supposable que la chenille de la Scapulosa doit paraître une seconde fois en septembre ou octobre, et que cette génération doit donner son papillon en mars ou avril. de l’année suivante. Mais, dans ce Cas, ajoute M. Staudinger, il faut admettre que cette larve ne se nourrit pas seulement des pétales de l’Helianthemum, puisque cette plante

« AI LEE J / AP : La *

Cerocala Scapulosa. 367

qui a fleuri une partie de l'été, ne donne plus une seule fleur en automne, époque peut paraître la chenille de la seconde éclosion.

CHENILLE.

Par sa forme elle est bien placée dans la famille IT des Euclidides Gn., ainsi qu'on va le voir. Cette larve doit éclore peu de jours après que l'œuf a été pondu, et sa croissance, qui est rapide, a lieu à l’époque fleurit en abondance l’Helianthemum halimifolium et sa variété Sanguineum ? plantes sous-ligneuses communes en Espa- gne, à la fin d'avril et à la fin de juin. À ce moment, cette chenille dont la couleur rappelle assez des habitudes souterraines, à acquis toute sa grosseur. Elle a l'aspect d’une arpenteuse, est allongée, cylindrique, un peu atténuée postérieurement, sans carè- nes, d’un grisâtre livide, et n’a que douze pattes. Si on ne distingue pas les lignes ordinaires, on voit sur la partie dorsale des traces d’autres lignes, six à sept, fines, serrées, flexueuses, interrompues, d’un vineux clair, et qui ne sont bien indiquées qu’à partir du qua- trième segment. La tête est médiocrement grosse, globuleuse, un peu cordiforme, d’un testacé jaunâtre, luisante, avec les mandi- bules et ocelles noirs. Les six pattes écailleuses sont de la couleur du corps et n’ont de foncé que l'extrême pointe; les quatre pattes ven- trales et les deux anales sont aussi concolores, et ont la couronne brune. Le ventre n’a pas de lignes, mais il est strié longitudinale- ment de roussâtre. Les stigmates sont ovales et noirs. Ce n’est qu’au moyen d’une bonne loupe, qu'on distingue des poils espacés très- courts et blanchâtres. Les trapézoïdaux et autres points pilifères ne sont pas visibles. Cette chenille qui réussit facilement, se trans-

È forme dans le sable à une assez grande profondeur. J

PT PRE

368 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

INSECTE PARFAIT.

Cette jolie Cerocala, ainsi que le dit M. Guenée, au bon livre duquel j'emprunte ce passage : « est remarquable, avant tout, par ses antennes, dont la tige est recouverte, dans les deux sexes, d'écail- les disposées par rangs circulaires et imbriquées ; dans les mâles, ces tiges sont munies de barbes longues, inclinées en dessous, spatu- lées à l'extrémité, et garnies de petits cils extrêmement fins. Ses palpes forment une exception dans la famille, par la longueur de leur dernier article, qui dépasse, sous ce rapport, celle des Erébides. »

La ® m'a toujours paru un peu plus petite que le o. Ses cou- leurs sont aussi moins vives; elles sont roussâtres et le thorax est gris. :

La C. Scapulosa n’a, jusqu’à ce jour, été rencontrée sur le con- tinent qu’en Espagne. C’est M. Lorquin, qui le premier, en a rapporté un assez bon nombre en 1847. Depuis cette époque , M. Staudinger l’a répandue dans les collections qui presque toutes la possèdent aujourd’hui.

L'Algérie revendique aussi la possession de la Scapulosa. M. Lucas, dans la séance du 27 juin 1849, de la Société entomologique de France, signale, pl. 2, Il, £. 3, une variété de cette Cerocala qui, dit-il, « habite les vallées du Djebel-Amour, elle a été découverte par le général Jean Levaillant. »

Tephrinn Buflonaria , ML.

(PI. 89, fig. 2.) (Species nova.)

On ne saurait dire à quel genre appartient réellement cette phalénite; aux Acidalia ou aux Tephrina. Si c'est à ce dernier

Tephrina Buffonaria 369 genre que la Buffonaria doit être rapportée, elle sera assurément la plus petite de toutes les Tephrina. Quoi qu'il en soit, et bien que je ne possède qu’une seule Q obtenue ex larva, je n'hésite pas à la publier, tant ce sujet me semble caractérisé par la forme des ailes, et la netteté des lignes aux supérieures. Malheureusement ayant fait l'éducation de la chenille alors que je n’étudiais pas encore avec soin les premiers états des lépidoptères, je n’ai peint, ni décrit, et n’ai conservé aucun souvenir de la chenille trouvée lors d’un premier voyage que j'ai fait à Hyères, au printemps de 1855. Cette larve m'a donné son insecte parfait vers la fin de l'été, ou au commencement de l’automne suivant.

C’est de la Teph. Arenacearia que cette nouvelle espèce, dont l’envergure est de 0,020, s’éloignerait peut-être le moins. Les ailes, par leur coupe, ont un aspect particulier ; elles sont assez étroites, élancées, aiguës à l’apex, et les inférieures présentent une légère pointe externe, ainsi qu'on le remarque chez plusieurs Arenacearia, mais plus particulièrement chez certains sujets $ de la Murinaria. Les ailes supérieures, en outre de la pointe apicale prononcée, se distinguent encore par la côte légèrement convexe au centre. Elles sont d’un jaune argileux, saupoudrées de rares atomes bruns à la base, à la côte et au bord interne. Ces mêmes ailes sont traversées par deux lignes très-bien écrites en brun; la première est fine, droite, bien qu’un peu flexueuse, non interrompue, de la côte au bord interne. La seconde ligne, la coudée, est oblique; également fine, mais très-largement ombrée de brun extérieurement. Le point cellulaire est grand, brun et des mieux écrits. La frange est courte et concolore ; elle est précédée par une série de huit points bruns subterminaux. Les ailes inférieures sont uniformément d’un gris argileux, sans ligne ni point cellulaire. En dessous, les supérieures, beaucoup plus pâles qu’en dessus, laissent soupçonner vaguement sur un fond saupoudré comme au-dessus, les lignes transverses et le point cellulaire. Les inférieures ressemblent au dessus. Les antennes médiocrement longues sont très-faiblement pubescentes et concolo-

370 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

res. Les yeux sont gros et noirs; les palpes, sont grossièrement squammeux, disposés en bec, et, ainsi que le vertex et le thorax, sont de la couleur des premières ailes. L’abdomen est ovoïde-oblong, con- colore et ne dépassant pas les inférieures. Les pattes sont munies de deux paires de tarses tres-courts; elles sont concolores. La Tep. Buffonaria, que je dédie à notre illustre naturaliste français, por- tera, dans le Species général, le 10992 bis, et, dans le Catalogue Stgr. le 366 bis.

Eumpithecir Sextiata (1); Darn. et MiLL.

(Species nova.)

(PI. 89, fig. 5.)

Elle est d’une teinte uniforme et n’a rien de tranché. Les ailes sont grandes et allongées, eu égard à l’exiguité du corps de l’insecte. Sur le fond, qui est d’un gris mat, les trois lignes des ailes supé- rieures sont obliques, continues et non festonnées. Indépendamment de ces trois lignes, on en voit une quatrième qui traverse le point cellulaire, forme un coude à sa hauteur, et vient aboutir, ainsi que les autres lignes, au bord interne de l’aile. Ces quatre lignes sont assez vivement indiquées à la côte. Enfin, le feston subterminal, fin, délié, clair, règne sans interruption dans la plus grande largeur de l'aile. La tache cellulaire est relativement grande, rectangulaire, noire. Les franges sont entrecoupées de gris foncé et précédées de la série des petits traits noirs ordinaires, séparés entre eux par un point clair. Les ailes inférieures sont grises avec une large bande conti- nue, à peine plus claire que le fond. On voit au-dessous, le feston clair subterminal, mais il est, aux supérieures, moins accusé

(4) De Sertius (aquæ Sexliæ; Aix).

Psyche Tenella. 371 qu'en dessus. Le point cellulaire existe, mais il est ici à peine in- diqué. Cependant la bande transversale de ces dernières est mieux marquée qu’en dessus. Les antennes sont simples; le vertex est d’un gris clair, presque blanc. Le thorax est grèle et de la couleur des ailes. L'abdomen est effilé et concolore. La © ressem- ble au o”.

L’Eupith. Sextiata, dont on ignore les premiers états, a été ren- contrée par M. Dardoin, en juin, aux environs d'Aix (Bouches- du-Rhône), dans des lieux boisés et herbus. Elle a un peu la taille et le facies de la Laquearia, H.-$. ; c'est après elle qu’on doit la placer. Dans le Species général, cette petite espèce portera le 1469 bis. Cabinet Dardoin : deux mâles, une femelle

Je fais figurer deux Psychides à peine connues, et qui, sans être des nouveautés, n’en ont pas moins un très-réel intérêt, ni l’une ni l’autre n’était encore figurée. J'ajouterai que le fourreau de la Psyche Tenella, d’une forme très-particulière, n'avait point été observé.

Psyche Tenella, SPEYER.

Stett. ent. Zeitung. (PI. 89. fig. 6 et 7.)

Elle a l'envergure de la Fumea Sapho, Mill., mais elle à la coupe d'ailes des petits individus de la Calvella, Och. (Fusca, Haw.); ce-

372 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. pendant c’est au groupe de cette dernière Psyche qu’elle doit appartenir.

Par la délicatesse de ses ailes qui sont presque diaphanes, et par l'exiguité relative de son corps, elle se rapprocherait encore - des Epichnopteryx Pectinella, S. V., et Surientella, Reutti; mais la conformation du fourreau qui n’est pas tubulaire, l'en éloigne ; cependant ce fourreau par sa structure ne ressemble à aucun autre. Il est formé de parcelles de terre micachiste quartzeuse qui, examinées à la loupe, laissent très-bien reconnaître leur nature et leurs formes plus ou moins lamelleuses.

Je ne sais rien de la chenille qui, d’après la conformation du fourreau, doit vivre de graminées, sur des terrains secs et rocheux.

Mon cabinet : deux © ex larva.

Fumea Sieboldii, REUTTI.

Btr. 2. rh. Nat. 1853, III, p. 48. Her. Sch., p. 61. Ster. Cat. 167.

(PI. 89, fig. 8 et 9.)

Cette petite espèce qui est déjà décrite depuis quelques années, n’a pas été connue par feu Bruand d’Uzelle, elle ne fait donc pas partie de la monographie des Psychides de cet auteur.

Ainsi que je l’ai dit, la F. Sieboldii n’est encore figurée nulle part.

Par la coupe des quatre ailes, elle a quelques rapports de forme avec la P. Pulla des auteurs, et la Plumella, Brd.; cependant on peut dire que la conformation arrondie de ses ailes et leur briéveté, lui donnent un aspest particulier qu’on ne retrouve chez aucune autre Fumea. Si ce n’est cependant chez la Pontbriantella, Brd.; mais celle- ci est sensiblement plus grande.

Le fourreau ressemble à s’y méprendre à ceux de la Pulla : ilest

EN

Cucullia Xeranthemi. 373

formé de tiges d'herbes sèches appliquées les unes contre les autres. La chenille qui n’a pas encore été observée doit se nourrir de gra- minées. Mon cabiret : trois o” ex larva.

Cucullis Xerantlhemi, Bpv.

1228, Gn. Ind., p. 240. Herr. Sch. 195, 481. Gn. Species, 862. Stgr. Cat. 695.

(PI. 89, fig. {0 et 11.)

CHENILLE.

Elle s'éloigne de la plupart des larves de Cucullia; cependant elle a assez la forme de celle de l’Asteris dont elle rappelle aussi les bril- lantes couleurs. Elle est donc loin d’avoir l’aspect des chenilles de l’Abrotani et de la Gnaphalii entre lesquelles l’insecte parfait tient cependant le millieu. Il est à remarquer que l’auteur du Species, sans avoir jamais vu la larve de la Xeranthemi, l'a devinée. « La chenille doit être très-distincte. » En effet, elle est allongée, fusi- forme, lisse, rase, matte, à tête globuleuse, à lignes nettes et tran- chées, avec seize pattes bien développées. Le fond est d’un vert un peu jaunâtre sur lequel deux des lignes ordinaires sont ainsi disposées : la vasculaire large, continue, d’un carné vineux, couleur qui s’éclaircit à chaque incision à partir du quatrième anneau; sur les trois premiers, c’est seulement un filet clair qui partage la vasculaire. La sous-dorsale est très-imparfaitement indi- quée par une doub'e ligne large et continue, à peine plus accusée que le fond ; la stigmatale, au contraire, est large, continue et des mieux marquées en carminé vineux sur toute la longueur; cette ligne est accompagnée en dessous d’un filet clair et continu très-net; les stigmatales, blancs et cerclés de vineux, sont compris dans

374 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

la ligne. Le dessous qui est concolore, ne pôrte qu’un filet cen- tral clair.à peine distinct. La tête est obscurément marbrée et ces marbrures, vues à la loupe, présentent autant de petites aggloméra- tions de points vineux ; les mandibules sont blanchâtres et les ocelles noirs.

Il est fâcheux que je n’aie pu obtenir aucun détail sur les mœurs de cette chenille qui doit avoir les habitudes de ses congénères, et, ainsi que ces dernières, vivre à découvert mêlée aux fleurs de la plante qui la nourrit; mais quelle est bien cette plante ?

J'ai tracé mon dessin d’après un bel exemplaire de la chenille soufflée de la Xeranthemi que m'a procuré M. le docteur Staudinger, et dont les couleurs sont demeurées très-vives.

INSECTE PARFAIT.

Comme je l'ai dit, si la chenille de cette noctuelle est essentiel- lement différente de ses voisines, l’insecte parfait se rapproche beau- coup de ces deux Cucullia, principalement de la Gnaphalii avec laquelle il serait facile de le confondre. On distingue la Xeranthemi de cette dernière, dont elle a la coupe d'ailes, par l’absence du gros trait noir de l’angle postérieur. Elle diffère de l’Abrotani par la teinte des quatre ailes toujours plus sombres et les taches ordinaires qui sont moins marquées, plus nébuleuses. Les ailes inférieures de la Xeranthemi se distinguent de celles de ses deux congénères en ce qu’elles sont noirâtres et qu’elles ont la base largement éclairée de gris presque blanc.

Cette espèce qui est toujours rare, se répand lentement dans les collections. Jusqu’à ce jour elle n’a été rencontrée en France qu'aux environs de Montpellier, on l'élève de chenille. |

Le naturaliste Eversmann a également trouvé cette Cucullia dans quelques provinces méridionales du Volga (4).

(1) Les Noctuélites de la Russie, par le docteur Eversmann, p. 402.

Gnophos Ophthalmicata. 379

Gnophos Oplatlhanimicata, Len.

Lepid. sibir., p. 29, pl. 5, fig. 5. Gn. Species, IX, p. 306. Stgr. Cat. 300.

(PI. 90, fig. 1 à 3.)

CHENILLE,

Une ponte de cette rare phalénite m'a été envoyée le 2 août, de la Haute-Suisse, par mon ami M. Rodol. Zeller. Les œufs qui sont ovales, cannelés et d’un rouge vif, sont éclos le 40 du même mois. La chenille qui passe l'hiver, grossit très-lentement. A la fin de novembre, elle est au tiers de son développement; à la mi-février, elle avait atteint sa troisième mue, et, un mois après, elle était parvenue à toute sa grosseur. Depuis le premier âge jusqu’à l’état adulte, sa livrée a peu varié, j'en dirai autant de sa forme qui était dès le commencement ce qu'elle a été peu de jours avant la transformation. Cette larve est des plus caractérisées par sa rugosité, la carène saillante de ses flancs et par ses couleurs vives. Par sa forme cependant elle ne s'éloigne pas des chenilles de Gnophos; les Mucidaria, Glaucinaria et Pullata que, dans la Liv. I, pl. 4, j'ai figurées. Elle possède, ainsi que ces der- nières, cette particularité de mœurs propre aux chenilles congénères, que j'ai signalée; cette sorte de frémissement dont parait agitée la chenille au plus léger bruit qui se produit dans son voisinage.

La chenille d'Ophthalmicata est de médiocre longueur, très- carénée latéralement, très-plissée, et présente sur le pénultième segment quatre pointes caronculiformes ; deux au sommet qui sont très-rapprochées, et une sur chaque flanc, placée sur la carène qui est elle-même comme festonnée. Le clapet anal, bien formé, pré- sente, vu de dos, deux pointes concolores. La partie antérieure du

376 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

corps, d’une carène à l’autre, est d’un fauve rougeûtre ; les anneaux du milieu, sur un fond grisätre, montrent des chevrons foncés séparés entre eux par une ligne blanchâtre. On voit en outre sur les 4°, 5°, et segments, près de l’incision, un trait noir placé à droite et à gauche de la bande blanche. Les lignes ordinaires n’existent pas; cependant le dessous en présente plusieurs qui sont mal indiquées.La tête est de grosseur moyenne, un peu rentrée, jaunâtre, avec deux lignes frontales claires et perpendiculaires. Les stigmates sont blancs et cerclés de noir. En outre des caroncules du 11° anneau, on voit, sur les segments postérieurs, de petites rugosités saillantes et conco— lores. Les dix pattes sont de la couleur du corps.

Cette larve qui est une des plus rigides, fort délicate à élever, est cependant très-polyphage. Pendant l'automne et l'hiver je lai nourrie avec la feuille d’un grand nombre de plantes basses; mais au printemps ce sont les fleurs de Ficaria et de Chrysanthemum qu'elle a préférées à toute autre. C’est dans les feuilles sèches qu’a eu lieu la transformation, au centre d’un réseau à claire-voie. La chrysalide est médiocrement allongée, d’un brun rougeûtre, avec l'enveloppe des ailes descendant assez bas; les anneaux abdominaux courts et mobiles se terminent par une pointe forte garnie elle-même de trois ou quatre crins recourbés invisibles à l’œil nu. L’éclosion a lieu vers le 45 avril ; mais dans la véritable patrie de cette Gnophos, la première apparition de l’insecte parfait doit se produire beaucoup plus tard ; cependant il est supposable que cette espèce a deux générations; la seconde devant opérer toutes ses phases en l’espace de quelques semaines seuiement.

INSECTE PARFAIT.

Cette phalénite, qui a été découverte il y a peu d’années par M. Lederer, a dû, pendant longtemps , être confondue avec les espèces congénères Mendicaria, H.-S., Dilucidaria, W.-N., Ambi- gquata, Dup., et même avec certains petits exemplaires de la Pullata.

Camptogramma Fluviata. 377

Cette Gnophos, dont les individus ne semblent pas différer entre eux pour la taille, varie pour l'intensité du fond. Les sujets que j’ai reçus des Alpes sont d’une teinte plus sombre, plus nébuleuse, que ceux que j'ai rencontrés soit au Mont-Pilat (Loire), soit appliqués contre les rochers ou les murs en pierres sèches de Plombières (Vosges), l'espèce n’est pas rare à la fin de juillet et en août.

La Var. À du Species provenant de l’Altaï, autant que je peux en juger par ce qui en est dit, se retrouve au Pilat.

La chasse de cette Gnophos n’est pas difficile, car le plus souvent elle se tient plaquée pendant le jour contre les rochers il est facile de la voir et de la saisir. Son vol est essentiellement nocturne. Elle partage encore avec ses congénères la faculté de pondre aussitôt qu'elle a été piquée par l’épingle.

La Gn. Meyeraria, Lah., p. 121, fig. 2, pourrait bien n'être qu'une Ophihalmicata des régions basses, qui, on le sait, sont tou- jours à fond plus clair que les sujets des hautes montagnes. La Meye- raria à été prise au pied du Jura (Lah., p. 66.)

Camptogramma Fluviata.

Hb., 280-281 .—Tr. IL, p. 52.—Herr.-Sch., p. 175.—Lah., 316.— Led., 102.—Gn., p. 429.—Stgr., Cat. 529.—Gemmata, Hb, 283. Tr.,-Dup.,-Herr.-Sch., p. 173, fig. 345.— Bdv.-Lah., 317. Gn., X, p. 429.—Angustata, Haw., p. 340, Step., I, p. 258. Wood., 616. Obstipata, Fab., 257 ?

(PI. 90, fig. 4 à 10.)

Il est parmi les lépidoptères des espèces dont les sexes sont si dif- férents l’un de l’autre, qu'il n’est pas surprenant que ceux-ci aient pu causer des doubles emplois, c’est-à-dire induire en erreur les ento-

378 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

mologistes qui, jusqu'à ce jour, ont vu en eux deux espèces dis- tinctes. La Fluviata et la Gemmata des auteurs sont la preuve de ce que je viens de dire. On soupconnait depuis quelque temps que ces deux prétendues espèces n’en formaient qu’une seule, mais on n’en avait point encore eu la preuve. Constatons que tous les auteurs in- diquent dans leurs livres la Fluviata et la Gemmata comme deux phalénites distinctes entre elles, sauf pourtant M. Staudinger, qui, dans son récent Catalogue, les réunit en une seule espèce.

J'ai eu la preuve irrécusable que la Fluviata était le o” de la Gem- mata en élevant une ponte que m'a donnée cette dernière, laquelle ponte, lors de l’éclosion des insectes parfaits qui en provenaient, m'a fourni des Fluviata et des Gemmata en nombre à peu près égal.

CHENILLE.

Vingt œufs environ ont été pondus par une Gemmata que j'ai ren- contrée le 27 janvier dans l’intérieur de Cannes, appliquée contre un mur. Le 41 février, ces œufs sont éclos ; de vert obscur qu'ils sont d’abord, ils deviennent d’un jaune orange. Au moment de l’éclo- sion la chenille est d’un jaune terreux, couleur qu’elle conserve jus- qu'à sa troisième mue. À cette époque, celle du 40 mars, elle passe au vert clair et acquiert des lignes dorsales mal indiquées. Elle grossit alors rapidement et atteint son entier développement vers la fin de mars. Elle est à cette époque assez longue, cylindrique, à peine atténuée en avant, peu carénée sur les côtés, avec les lignes mal écrites. Cette ponte m'a donné autant de sujets verdâtres que d'in- dividus d’un brun jaunâtre; il serait donc difficile de préciser quelle est celle de ces deux chenilles qui doit représenter le type, d’autant que les larves que j'ai rencontrées dans la nature, en novembre et en décembre, sous des touffes de Chrysanthèmes et d’Anthemis, étaient brunes et quelques-unes presque noires. Des lignes ordinaires on ne voit guère que la sous-dorsale qui est largement interrompue, et, à

la place de la vasculaire, on distingue, à l’incision des anneaux du milieu, une tache en forme d’omicron rougeâtre à fond vert clair. La stigmatale se détache à peine en couleur plus claire que le fond ; elle est ondulée et porte les stigmates qui, vusà la loupe, paraissent de couleur orange ; ils sont cerclés de brun et reposent sur un fond clair. Une ligne, d’un vert obscur, parcourt le ventre, du au segment. La tête est petite, globuleuse, à fond vert ou jaunâtre, mar- quée de nombreux points pourprés. Les dix pattes sont concolores; les anales sont lavées de vineux à l'extrémité. On ne voit aucun des points ordinaires.

Cette chenille se tient ordinairement un peu recourbée, soit à décou- vert sur une tige, soit cachée au pied de la plante. Il n’est pas, jecrois, de larves qui se fixent aussi solidement à la plante qui les supporte que celle de la Camp. Fluviata. On la trouve aux environs de Fréjus, de Cannes et de Nice sur une foule de plantes, telles que l’Anthemis maritima, le Chrysanthemum segetum, le Convolvulus lineatus , l’Alyssum maritimum, etc.; mais ce sont le plus souvent les Anthemis et les Chrysanthèmes qui les fournissent dans les lieux mcultes, et même dans les jardins.

La chrysalide est rapidement formée au centre de feuilles sèches, retenues par des fils de soie. |

Elle est médiocrement allongée, brune, lavée de rougeâtre sur les anneaux, et de verdàtre sur les ailes et les yeux. La pointe abdomi- nale est garnie de cinq à six petits crochets recourbés. L’éclosion a lieu du 20 au 25 avril.

Divers sujets se sont facilement accouplés en captivité. Les œufs qui en provenaient sont éclos et les chenilles ont réussi. Les géné- rations de cette géomètre doivent se succéder sans interruption en

Provence ; excepté peut-être pendant les grandes sécheresses qui, sur le littoral, sont un temps d'arrêt pour les plantes basses surtout, notamment pour les Anthémis et les Chrysanthèmes dont les fleurs paraissent être la principale nourriture de notre chenille. Ces plantes, on le sait, refleurissent en automne.

Camptogramma Fluviata. - 379

380 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

INSECTE PARFAIT.

Cette phalénite varie énormément, non-seulement par la couleur de chacun des deux sexes, mais encore par la grandeur relative des sujets. À l'égard du o” (Fluviata), les Var. À et B du Species, sont fréquentes, et la © (Gemmata) présente des individus bruns, sombres les lignes sont à peine distinctes, mais cependant l’omicron blanc ou tache cellulaire est d’autant plus visible. Certains sujets o” et ® récoltés dans la nature, sont d’une exiguité extrème. Les individus frais se rapprochent pour la couleur de la figure 345 de Hubner. Il est très-probable que l’Obstipata de Fabricius n’est qu’une variété de cette petite espèce qui doit se trouver en Algérie, et qui a été rapportée de l'Amérique septentrionale. (Gn. X, p. 429.)

Elle appartient à la France centrale et méridionale, à l’Angleterre, à l'Allemagne, et à la Suisse elle est rare. (Lah., p. 316.)

Les Camp. Lapillata & Gn. (1603) d’Abyssinie, et Baccata 9 Gn. (1604), de Ceylan, « ne seraient peut-être que des modifications lo- cales » Gn., p. 430. de la Gemmata. Si ce doute est fondé comme je “le crois on devra, en conservant le nom du o Camp. Fluviata , supprimer du Species général les Gemmata, Hb., Lapillata, Gn. et Baccata, Gn.

La véritable patrie de la Fluviata semblerait être Cannes et ses en- virons l’espèce paraît des plus abondantes, à la fin de l’hiver prin- cipalement. Il est facile de s’en assurer à la vue des nombreux sujets de cette phalénite qui, par les tièdes soirées de février et mars, tourbil- lonnent autour des becs de gaz ou s'appliquent contre leurs verres. La © paraît plus rare ; cela tient à ce qu'étant plus lourde que le o”, elle vole bien moins.

En automne, on rencontre quelquefois la Fluviata aux environs de notre cité; soit appliquée contre les murs des enclos, soit dans le parc de la ville, on peut la chasser des buissons de Clématite ,

Abraxas Grossulariala. 381 sous les feuilles de laquelle elle se tient fixée pendant le jour. En septembre, jai trouvé plusieurs fois cette espèce dans la propriété de MM. Ferrouillat, située au pied de la montagne d'Izeron, en chassant la nuit à la lanterne.

Je ne sache pas que la Fluviata ait été rencontrée en France au- delà du département du Rhône; mais elle doit exister dans nos départements du Nord puisqu'elle n’est pas rare en Angleterre.

Nouvelle varièté de l'Abraxas Grossulariata, Mourr.

(PI. 90, fig. 41.)

J'ai donné dans la première livraison de mon vol., 2 da Lu fig. Get 7, deux variétés de la Grossulariata. Depuis lors il m'a été soumis de nouvelles aberrations plus ou moins remarquables de cette belle phalénite, notamment deux sujets qui font partie de la collection de notre collègue M. Oberthur. Chez l’un d’eux, une 9, les taches noires sont très-développées, et le fond, au lieu d’être d’un blanc jaunâtre, est entièrement d’un jaune cannelle. Chez l’autre su— jet qui est un o” et qui est de petite taille, les taches noires sont, chez les supérieures, tellement rapprochées, qu’elles ne présentent plus qu’un large espace noir qui occupe les deux premiers tiers de chaque aile. Les inférieures n’ont rien d’anormal.

Cependant la plus étrange des aberrations de la Grossulariata que j'ai vues, est celle dont M. Henry Doubleday, d'Epping, vient de me communiquer la reproduction photographiée avec une réussite par= faite, et que je fais graver telle qu’elle est sortie de l'appareil. J'ai l'espoir de faire comprendre aux entomologistes qui verront cette gravure, tout le parti qu'on pourrait tirer pour la reproduction de certains insectes, de ce nouveau et précieux moyen. Je fais donc scrupuleusement graver et sans y rien changer l'épreuve photogra- phique de cette variété de Grossulariata.

382 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Cette remarquable aberration qui est d’ufle taille médiocre, n’a conservé de la couleur du type, qu'une large bande d’un blanc pur précédant l’espace médian, qui se continue sur les ailes inférieures ; tout le reste des quatre ailes, en comprenant les franges, est d'un noir absolu. La tête, le thorax et l'abdomen varticipent de cette der- nière couleur. Les ptérygodes et l’'andomen cependant rappellent un peu l'espèce ordinaire.

Cette variété accidentelle (4) de la Grossulariata, qui est originaire de l’Angleterre, appartient à la riche collection de lépidoptères de M. H. Doubleday.

Gnoplios? Respersaria, He.

406. Herr.-Sch., p. 76, et Sup., p. 73, fig. 505-506. Bdv. 1590. Gn. Species IX, p. °96. Sigr. Cat. 294. Pers- persaria, Tr. 1, p.166 (non Dup.).

(PI. 90, fig. 42 et 13.)

À la vue de la chenille on reconnaitra immédiatement que, dans le classement qui a été fait de ce lépidoptère, celui-ci n’est point à sa véri- tableplace. La chenille n’a en effet aucun des caractères de celles des Gnophos propres ; elle se rapprocherait plutôt des larves connues, des Solidosema, desquelles, je crois, la Respersaria est moins éloignée que des Gnophos.

CHENILLE.

Elle ne change pas de couleur à partir de la seconde mue. Ce n’est qu’en avril, qu’étant parvenue à sa complète grosseur, sa livrée se modifie. Elle est à cette époque médiocrement longue, entièrement cylindrique, sans nulle proéminence ou caroncule,

(1) Peu d'heures avant l'impression de la 29e livraison, M. Doubleday me mande

que sept exemplaires de la Grossulariata, semblables à la variété que je viens de signaler, ont été élevés en même temps.

Gnophos Respersaria. 385

sans carène latérale, à tête petite, moins haute que le cou, à dix pattes, avec les derniers segments un peu plus bas que les précé- dents. Toute la région du dos et des flancs, d’une stigmatale à l’autre, est d'un blanc vineux, et, examinée à la loupe, permet de dis- tinguer une granulation noire et serrée sur un fond gris. La pré- sence de deux traits gemminés d’un jaune serin, sur la première moitié des trois premiers segments, laisse soupçonner la vasculaire ; on ne distingue pas la sous-dorsale; la stigmatale est large, continue, blanchâtre et partagée par un point noir relativement très-gros, lequel est entouré par d’autres points foncés variant de grosseur. Le ventre est d’un blanchätre lavé de carné avec les anneaux marqués de deux croissants bruns et opposés. Les trapézoïdaux sont très-gros et noirs, mais seulement sur les 4°, 5°, et anneaux. Les posté- rieurs sont précédés de deux gros points d’un jaune serin. On voit en outre d’autres points noirs sur les flancs et le ventre. Les stigmates sont blanchâtres et d’une petitesse remarquable. La tête est granulée de noir ainsi que les pattes postérieures ; les pattes écailleuses sont robustes, concolores et noires à l'extrémité.

Cette chenille qui, ainsi que son papillon, n’a encore été rencontrée qu’en Espagne, est arboricole. Elle vit sur le Rhamnus alaternus, L., arbrisseau de l’Europe méridionale, à feuilles persistantes dont elle attaque les plus récemment formées. Elle demeure pendant le jour appliquée très-bas contre les branches les plus grosses ; en sorte qu’il n’est guère possible de se la procurer que la nuit, car alors elle monte sur les rameaux élevés du Rhamnus. Elie est fort délicate à élever ; si on ne veut laisser périr cette larve à sa troisième mue, il faut de toute nécessité en faire l'éducation sur l'arbrisseau en pleine terre. Les branches coupées, dont le pied baigne dans l’eau, empêchent toujours la chenille de la Respersaria deréussir. Pour se transformer, elle descend profondément en terre elle se métamorphose bientôt dans une coque formée de soie et de grains de terre. L'éclosion de la phalénite a lieu dix-huit ou vingt jours après la chrysalidation, c’est-à-dire, vers la fin de mai ou les premiers jours de juin.

384 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

INSECTE PARFAIT,

La confusion qui s’est faite au sujet de cefte espèce, nous dit M. Guenée, vient de ce que Hubner a deux Respersaria. Treitschke voulant éviter ce double emploi, appela celle-ci Perspersata (1) ; mais Duponchel qui ne la connut point, donna, sous ce dernier nom, une espèce du midi de la France, toute différente.

La Respersaria varie peu; cependant quelques sujets & se mon- trent avec une grande envergure et une teinte plus sombre que le type (2).

Je ne désespère pas de rencontrer cette espèce dans les Alpes- Maritimes abonde le Rhamnus qui, selon M. Himmighoffen, nourrit exclusivement la chenille de la Respersaria.

C’est par l'éducation seule qu’on doit obtenir cette géomètre qui maintenant n’est plus une rareté.

Obs. M. Himmighoffen, de Barcelone, qui m’a procuré cette intéres- sante chenille, me transmet, en dernier lieu, certains détails de mœurs qui devront compléter l’histoire de la phalénite dont il vient d’être question.

L'insecte parfait qui ne hante que le lit desséché et profond des torrents est des plus farouches ; le plus léger bruit l’oblige à quitter le lieu de son repos. Il a le vol rapide, saccadé mais soutenu ; il s’abat enfin après que l’œil a eu de la peine à le suivre dans son vol qui paraît extravagant, et il se pose contre les rochers, ou mieux sur les feuilles on a l'espoir de le saisir au filet. Toutes les Respersaria

(1) Je crois devoir rappeler qu’en faisant connaître la chenille de la Persper- sala (1, p. 293, pl. 35, fig. 1 à 5), je ne considérai point cette géomètre comme une Scodiona; j'indiquai alors sa place future parmi les Selidosema, parmi les- quelles devra venir se placer la Respersaria par les raisons que j'ai données.

(2) Je reçois au dernier moment une Respersaria & qui est d’un gris clair, avec les lignes transverses bien marquées.

! 1

Synopsia Sociaria. 385 qu’on se procure par ce moyen ont les ailes plus ou moins déchirées. En captivité, la $ pond rarement; dans la nature c’est contre le tronc de l’arbuste qu'elle dépose ses œufs par petits groupes de quatre à six. Ces œufs demeurent neuf mois avant d’éclore; de cette façon la Respersaria ne peut avoir qu’une génération par an. La chenille, pendant la nuit, après avoir mangé, se suspend au moyen d’un long fil de soie, dans le but, sans doute, d'échapper à certains ennemis. Sa croissance est rapide, aussi est-elle très-vorace.

Synopsia Sociaria, Hs.

Fig. 455 et 424. —Tr. Dup. IV, p. 332, pl. 157, fig. 4, et pl. 159 fig. 6. —Frey., pl. 348. Bdv., 1563. Herr.-Sch., p. 78. Gn., Species IX, p. 227. Stgr. Cat. 257.

(PI. 91, fig. 1.)

Dans le genre Synopsia de Hubner, les espèces sont très-voisines entre elles, les chenilles sont à peine connues. Celle de la Sociaria seule avait été observée par M. Freyer ; elle est assez exactement représentée par ce fécond iconographe allemand. Cependant, bien qu’elle soit déjà figurée, je ne crois pas inutile de la faire représenter de nouveau et de la mettre en regard d’une espèce congénère avec laquelle cette larve a de grands rapports de mœurs.

CHENILLE.

Elle est longue, atténuée antérieurement, à trapézoïdaux saillants donnant naissance à des poils courts, raides et bruns. Le segment, le et le sont surmontés d’une caroncule; celle des et est double, en forme de pointe conique, éclairée de blanc sur les côtés. La caroncule du anneau est trifide et plus élevée que les autres. Le dernier anneau se termine par une pointe placée horizontalement,

380 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIT.

également bifide et qui dépasse de beaucoup le clapet (4). Sur un fond de couleur de bois, on voit, d’une stigmatale à l’autre, sept lignes, fines, brunes, inferrompues, et qui ne sont pas toujours bien indiquées. Ce qui caractérise cette larve, est une ligne stigma- tale large, blanche qui s’élargit à partir du anneau, et qui est bordée de nôir en dessous. La tête est aussi haute que le premier segment, un peu lenticulaire et tachée de brun à la hauteur de la sous-dorsale. Le ventre est d’un grisâtre obscur, marqué de quatre à cinq lignes foncées, étroites, interrompues et accompagnées d’une tache noire sur les 5°, 6°, 7°, et anneaux.

Cette larve qui passe l’hiver, est parvenue à toute sa grosseur vers le milieu d'avril. Je l’ai rencontrée sur les Genista purgans et scorpius, les Artemisia campestris et absinthium, d’où on peut la faire tomber et souvent on la distingue facilement à l'œil nu, à sa pose raide, alors qu’elle est seulement fixée par ses pattes anales à une branche supérieure et dénudée de l’arbrisseau. Je l’ai également remarquée sur le Thymus vulgaris. À Hyères et à Cannes, ce n’est pas loin du rivage de la mer que je l’ai rencontrée sur les Armoises et le Thym. Sur les collines, les Genêts me l’ont donnée le plus souvent. La chenille qui a vécu près de sept mois sous ce premier état, reste à peine trois semaines en chrysalide. La seconde géné- ration doit opérer ses diverses phases dans l’espace de deux mois et demi à trois mois au plus; c’est-à-dire de la mi-mai à la première quinzaine d'août.

La chrysalide qui est renfermée dans un réseau lâche fixé dans la mousse, est allongée, d’un brun presque noir, matte, finissant par deux pointes aiguës, munies de crins et recourbées en sens inverse. Le papillon éclôt dix-huit ou vingt jours après; dans la matinée, entre neuf et dix heures.

(4) Ce caractère important doit rapprocher les Synopsia des Scodionu.

* Synopsia Propinquar ta. 3937

INSECTE PARFAIT.

La Sociaria et la Propinquaria se ressemblent beaucoup ; sauf la taille toujours plus petite chez cette dernière. Je ferai observer que chez les deux espèces, la teinte générale varie, que le testacé clair, à peine saupoudré d’atomes bruns, se voit chez les deux sexes, à côté d’indi- vidus chez lesquels les lignes sont vivement écrites en noir, et le fond est presque obscurci par des atomes foncés. Pour moi, la Sociarian’a guère d’autres caractères spécifiques propres à la séparer de la Propinquaria que sa taille plus développée et la double pointe de la coudée plus aiguë et plus noire que chez sa congénère avec laquelle elle a, je le répète, de nombreux points de ressemblance (4).

La Syn. Sociaria appartient à nos provinces les plus méridionales. Elle ne paraît pas rare aux environs de Nice, Cannes, Hyères, Mar- seille, etc.

Synopsia Propinquaria.

Bdv., Ind. 4564. Gn.. Species IX, p. 227. Sigr., Cat. 258. (PI. 94, fig, 2-45.)

CHENILLE.

L'œuf, de jaune qu'il est d’abord, devient, peu de temps après , d'un rouge purpurin obscur. Il est ovale et paraït, sous la lampe , seusiblement granuleux. Pondu le 31 mai, il est éclos le 6 juin; la petite chenille, à sa sortie de l'œuf, est très-vive, longue et d'un blanc

(t) Les divers sujets & et Q de la collection de feu Donzel, présentent les Sociaria et les Propinquaria semblables aux individus que j'ai obtenus ex larva.

388 . CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS,

verdâtre, avec une large sous-dorsale foncée. À la fin de juin, cette larve ayant passé la troisième mue, change de livrée ; la sous-dorsale est alors divisée en trois filets foncés et continus. C’est le 10 juillet que la chenille est parvenue à son entier développement. Elle à, à cette époque, beaucoup de ressemblance avec sa congénère la Socia- ria, quant à la forme ; il n’en est pas ainsi de la couleur qui est plus claire; la chenille est aussi plus lisse; ce qui lui donne comme un aspect de fayence. Jedirai encore que la seconde paire detrapézoïdaux, plus haute que les autres, l’est moins cependant que chez l'espèce précédente les taches noires qui accompagnent inférieurement la ligne stigmatale, sont beaucoup moins accusées. Voici la disposi- tion des lignes ordinaires : la vasculaire est fine et brune; elle n’est indiquée que sur les premiers et les derniers anneaux; la sous-dorsale, de double et triple qu’elle était précédemment, n’est plus caractérisée que par une ligné fine, interrompue, d'un gris un peu rougeâtre ; la stigmatale est très-large, à peine ondulée, con- tinue et blanche, du premier au douzième. Les flancs, à l’incision des trois premiers anneaux, des et 40°, sont marqués d'une ta- che noirâtre oblongue. Le ventre qui est d’un ton chaud, présente quatre lignes d’un pourpré obscur; les deux du milieu sont plus fines que les deux autres. Les stigmates sont grands, obliques, de couleur orange et cerclés de noir. La tête est un peu aplatie, concolore, marquée de deux lignes d'un lilas clair. Les poils sont courts et bruns. Ainsi que chez sa congénère, la Socia- ria, le dernier anneau est très-caractérisé ; il est, ainsi que les trois précédents, plus épais que les premiers segments. Les dix pattes sont robustes et concolores.

Cette chenille qui est d’une extrême rigidité, a été nourrie en captivité avec les fleurs du Genista scorpius, L. Dans la nature on la rencontre sur divers Genista, tels que le purgans et le scorpius. L'Artemisia campestris, et le Plantago cynops, L., me l'ont également fournie.

Dès les premiers jours de juillet, la chenille de la première généra-

ÿ *%

| .Synopsia Propinquaria. 389 tion file, dans les petits rameaux du Genêt, une toile à mailles lâches vingt-quatre heures après la transformation à lieu. La chrysalide qui est très-vive, brunit bientôt ; elle est conico-cylindrique, d’un brun noirâtre mat et se termine par deux pointes noires parallèles , recourbées en sens opposé. Vingt jours après la métamorphose, pa- raissait la phalénite.

INSECTE PARFAIT.

J'ai dit à l’article précédent, en parlant de la Sociaria, que la Pro- pinquaria était toujours plus petite que sa congénère ; j'ajouterai qu’elle me parait être aussi moins élancée aux supérieures, et d’un aspect général plus arrondi. Dans le Species, la description de la Pro- pinquaria, faite d’après « un mauvais o”, » ne me semble pas exacte sur un point. Il est dit que les ailes sont d’un testacé clair à peine saupoudrées. Cette description doit convenir à une variété rare de l’espèce ; car, au contraire, les quatre ailes de la Propinquaria sont tout autant, et plus peut-être que chez sa voisine, saupoudrées de nombreux atomes bruns, et quelquefois tellement serrés, que les lignes noires transversales se distinguent à peine.

Cette Synopsia qui n'avait été, jusqu’à ce jour, figurée nulle part, appartient au littoral; elle n’est pas rare à Celles-les-Bains, et elle s’avance jusque dans le Lyonnais où, je me hâte de le dire, elle n’est pas commune. En Provence, elle vole plutôt sur les collines plantées de chênes verts que dans la plaine. On ne la rencontre sans doute pas plus haut que Lyon. C'est sur les terrains calcaires de la Pape, à six kilomètres de la ville, qu’on la remarque de très-loin en loin. Je n’y ai jamais vu l’insecte parfait.

Les œufs £e la seconde génération éclosent en août ; les chenilles passent l'hiver, et ne se transforment qu’en avril, suivant exactement en cela les habitudes de la Sociaria.

Obs. Je me demande maintenant si, malgré cette différence dans la taille des chenilles et celle des insectes parfaits, si malgré leur co-

390 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

loration respective, il est bien certain qu'il y ait deux espèces dis- tinctes, car les différences spécifiques qu’on observe chez l’une et chez l’autre de ces Boarmides, n’accusent peut-être que des variétés locales. Je dirai encore, et cela pourrait être une chose con- cluante, que les mœurs, les habitudes et l’époque d'apparition de la Sociaria et de la Propinquaria sont identiquement les mêmes. J'appelle donc l'attention des lépidoptéristes sur ces deux pha- lénites, et les engage à renouveler les éducations comparatives des deux Synoptia dont il vient d'être question.

Secodionr? Agaritlharia, Dar.

Ann. Soc. entomol. Fr. 4842, p. 201, pl. 8, fig. 3 et 4.—Herr.-Sch., p. 68, fig. 44 et 261. Gn. Species, X, p. 143. Stgr., (at: 9714

(PL. 91, fig. 6 et 7.)

Gette rare espèce, par suite de la connaissance de sa chenille, ne doit pas plus être une des Scodiona de M. Guerée (Species général) qu'une des Enconista de M. Lederer (Catalogue Stgr.), par la rai- son que, autant toutefois qu’on en peut juger par une larve très- bien préparée que j’ai reçue du docteur Staudinger, par la raison, dis-je, que cette chenille n’a aucun des caractères des larves connües appartenant à ces deux genres. |

Il est bon de reconnaître une fois de plus que, si l’auteur du Spe- cies s’est trompé quelquesfois dans le classement d’un lépidoptère dont il ignorait les premiers états, il soupçonnait le plus souvent son erreur et, en cette circonstance, c’est ce que sa justesse de vue lui a fait entrevoir : « Cette géomètre, nous dit M. Guenée, est un peu incertaine, quant au genre. Elle tient à la fois des Numeria et des Selidosema. » Nul doute donc que si ce savant eût connu la chenille de l’Agaritharia, il eût placée près des Plumularia, W.-V.et Ténio-

Scodonia Agaritharia. 391 laria (1), Hb. dont les chenilles, que j'ai souvent été à même d'obser- ver, ont de grands rapports de forme avec celle de l’Agaritharia.

CHENILLE.

Elle est longue, pleine, cylindrique, rase, sans éminences, à peine carénée latéralement, à lignes nombreuses, peu apparentes, excepté la stigmatale qui est large, un peu ondulée, continue du au 12° anneau, blanchâtre, ombrée de noir en dessous, partagée par un liseré vineux, et interrompue aux incisions. Sur un fond grisâtre lavé de carné et de vineux, on distingue à peine une fine vasculaire perdue dans une infinité de liserés clairs ou lignes très-fines et conti- nues, lesquelles sont mieux marquées sur les trois premiers segments que sur tous les autres. Le ventre qui est concolore, présente, en ou— tre des nombreuses lignes qu'on y remarque, une ligne centrale brune, presque noire, longue et continué, du au segment, et accompagnée de chaque côté d’un fin liseré blanchätre. La tête est relativement petite, presque globuleuse, concolore et on y trouve la continuation de plusieurs des lignes dont il a été question. Les stig- mates sont proportionnellement gros, circulaires, noirs et par- tagés par un trait fin perpendiculaire, jaunâtre, et qu’on ne voit bien qu’à la loupe. Les pattes écailleuses sont robustes, notamment la paire, jaunâtres, avec la pointe brune ; les quatre autres pattes sont concolores.

M. Staudinger me mande que cette chenille vit en Andalousie, sur un grand Genêt dont il l’a fait tomber plusieurs fois.

M. Dardoin, de Marseille, qui a nommé l’insecte parfait, nous ap— prend que la chenille d’Agaritharia qu’il ne retrouve plus depuis bien des années, vit sur un Uleæ qu’il suppose le provincialis, et que la phalénite vole sur l’un des versants de la montagne de Notre- Dame-de-la-Garde.

PS

(1) Icon. Mill, H, p. 77, pl. 3, fig. 4 à 7.

392 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, .

Pseudoterpna Cytisrria, Ross.

I, pl. 42. W.-V. Bork. Esp. Hb. 2. Tr. —Stphe. WE, p. 180. —.Vood. 497. Sepp., VI, pl. 19. H.-S., p. 14, et Supp., p. 64. —Gn., IX, p. 339. Sigr. Cat. 1. = Pruinata, Hufn. Berl. Mag. naturf.—Papilionaria Wilk., 75. = Prasinaria, Fab. 80. Haw., p. 299. = Genistaria, Nill. 455. = Var. Agres- taria? Dup. p. 257, pl. 152 fig. 4. Porracearia? Bdv. 1419 (spec. nusquam descripta).

(PI, 91, fig. 8 à 10.)

Elle n’est pas une des espèces de ce genre bizarre quia le moins sus- cité de discussions parmi les lépidoptéristes, car, si sa chenille ne varie pas ou varie peu, il n’en est pas de même de l’insecte parfait qui présente des sujets bien différents du type, soit pour la couleur, soit pour la taille. Deux autres espèces du même genre ne paraissent pas authentiquement distinctes aux yeux de quelques entomologistes ; ce sont la Corsicaria, Ramb., et la Coronillaria, Hb.; cependant rien n’est plus certain que l'identité de chacune de ces trois espèces, ainsi qu’il sera possible de s’en convaincre à la vue des chenilles que je fais représenter sur la même planche; aucune de ces deux der- nières n'avait encore été figurée.

CHENILLE.

Cette larve de la Cytisaria peut être considérée comme le type du genre; c’est d’elle qu’on peut dire, ainsi que nous l’a si bien raconté l’auteur du Species dans l'exposition de ses généralités, que l’inflexi- bilité de cette chenille est complète; que, détachée de son point d'appui, elle demeure aussi immobile que si elle était encore fixée

Pseudoterpna Cytisaria. 393

sur la tige ; « Droite, dure, sèche, roulant comme un cylindre de pierre ou de métal, » Son attitude rigide est, au repos, des plus bizarres : elle rentre sa tête ainsi que ses pattes écail- leuses, pelotonne ses trois premiers anneaux de manière à faire disparaître aux yeux ces diverses parties du corps. Sa couleur étant celle de la plante, on la prendrait alors pour une petite branche, ou une épine du Cytisus spinosus dont elle paraît imiter la disposition avec les pointes de sa tête; dans le but sans doute d'échapper à ses ennemis.

Cette larve qui est d’un vert myrthe, semble différer un peu de la description qu’en donne M. Guenée, p. 340. Si la vasculaire est bien d’un vert foncé et continu, la stigmatale large, blanche, lavée de vineux au centre, est bien indiquée, la ligne sous-dorsale n’est pas « géminée, blanchâtre, peu marquée » (Gn.) ; cette sous-dorsale est, au contraire, assez large, blanche et nullement géminée. Cependant cette différence de lignes, et celle de la couleur, ne doivent être que des variétés climatériques et locales. Les trois lignes blanches et con- tinues existent donc chez les sujets de la Provence. Les pointes de la tête sont de couleur vineuse. On voit encore au dessous du clapet anal, sur chacune des dernières pattes, une petite pointe rosée, horizontale et qui se relève un peu lorsque la chenille se met en mou- vement.

À la fin de janvier, alors que la chenille n’est qu’à sa seconde mue, la ligne stigmatale est teintée de vineux clair. Cette larve qui vit à découvert aux environs de Cannes et de Nice, sur le Cytisus spinosus, dont elle préfère les tiges les plus retardataires, et dont elle aime mieux les feuilles que les fleurs, grossit d’abord avec une extrême lenteur. Eclose en été, elle est encore fort petite au mois de no-- vembre (1). De ce moment jusqu’en février, elle ne mange abso— lament rien, et maigrit par le fait ; mais dès qu’arrive la mi-février, sa croissance est rapide. La fin de mars la voit atteindre son entier

SR

(1) Je ne parle que des chenilles de Cytisaria observées en Provence.

394 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

développement ; elle descend alors dans la mousse elle se tisse une très-légère coque, et la transformation a bientôt lieu ; l’insecte parfait se montre trois semaines ou un Mois après au plus.

La chrysalide est passablement allongée, d’un gris argileux, maculée sur toute la surface de nombreux points noirs et ronds, dont quelques-uns plus gros que les autres, notamment sur l'enveloppe des antennes. La pointe abdominale qui est un peu rougeûtre, est garnie de petits crins qui servent à fixer cette chrysalide dans sa coque au moyen de plusieurs fils de soie.

INSECTE PARFAIT.

Tout le monde connaît cette jolie phalène dont je crois inutile de faire la description et dont je dirai seulement que les sujets obtenus ex larva, provenant des environs de Cannes, sont d’un vert pulvé- rulent, semés d’atomes blanchâtres, d’une teinte bleuâtre plus prononcée que ceux du Lyonnais, dont la chenille ne vit ici que sur les Genista scoparia et tinctorium.

L’Agrestaria de Duponchel (p. 257, pl. 152, fig. 4) qui n’est évidem- ment qu'’unevariétéde petite taillede la Cytisaria, semble ne pas exis- ter près de Nice et de Cannes; mais par contre, on obtient par les éducations de chenilles, dans des proportions d’un huitième environ, une belle variété, grise chez le ©”, et gris ardoisé chez Ia © ; celle-ci surtout est des plus caractérisées. Je la figure (pl. 91, 40). Il résulte de ce fait que la variété grise dont a parlé M. Boisduval, existe en réalité, et que l'opinion émise dans le Species (IX, p. 340) ne doit pas être fondée puisqu'il y est dit : « Je crois donc, jusqu’à preuve contraire, que la variété grise en question, si elle existe quelque part, consiste seulement en exemplaires décolorés de la Cytisaria. »

Pseudoterpna Corsicaria. 395

Pseudoterpna Corsicaria, Ras.

Ann. Soc. entomol. Fr., T. IT, p. 32, pl. 2, fig. 6. Dup., Sup. IV, p. 100, pl. 59, fig. 4. Bdv. 1420. Herr.-Sch., p. 12, fig. 60. Gn., Species, IX, p. 339. Stor. Cat. 3.

(PI. 94, fig. 41 et 12.)

C'est à l’obligeance de M. Mabille, lépidoptériste distingué, qui habite la Corse une partie de l’année, que je dois de connaître la chenille de cette rare espèce, qui est très-différente de celle de sa voisine la Coronillaria et qui, de plus, est toujours plus petite. On pourra juger de cette différence par le dessin de la chenille de la Corsicaria, tracé par M. Rambur lui-même, et que j’ai fait reproduire par la gravure.

Dans les Annales entomologiques de France, on trouvera une des- cription détaillée et très-complète des mœurs de cette larve et de son insecte parfait. Sa couleur ordinairement verte passe quelque- fois au jaune obscur. Elle est « très-rarement rouge ». (Ramb.)

Suivant M. le docteur Rambur, la Corsicaria ne vit que sur le Genista corsicaria; tandis que celle de la Coronillaria ne se ren— contre que sur les Cytisus lanigerus et spinosus.

La chrysalide qui est renfermée dans un réseau en soie foncée, à mailles lâches, ressemble à celle de la Cytisaria, c’est-à-dire qu'elle est de médiocre longueur, d’un jaunâtre argileux, et recouverte de nombreux points foncés de grosseurs diverses.

La chenille vit d’abord en mars, puis en juin; le lépidoptère fait sa première apparition en avril et en mai, la seconde a lieu en juillet et en août.

INSECTE PARFAIT.

Ce qui distingue la Corsicaria de ses congénères, la Cytisaria type, sa variété grise, et la Coronillaria, c’est le front qui, chez celle-là

396 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. est invariablement gris, comme l’a fait observer M. Rambur, tandis qu'il est largement noir chez les trois dernières. Il est un autre caractère léger, en apparence, mais qui n'en à pas moins sa valeur puisqu'il est immuable : ce sont les antennes de la Cor- sicaria qui sont près du double plus pectinées que celles de la Coronillaria, etun peu plus que celles de la Cytisaria. Enfin cette espèce possède plus qu'aucune autre du genre peut-être, ce caractère qui, lui aussi, a son importance, et dont, jusqu'à ce jour, M. Guenée seuil a parlé : les crêtes abdominales disposées par petites touffes au sommet de chaque segment.

La Psec. Corsicaria, particulière à la Corse et à la Sardaigne, n'a encore été rencontrée que dans ces deux iles.

Pseudoterpna Coronillaria.

Hb., 479. Tr... L, p.70. Dup.. IV, p. 255, pl. 432, fig. 3. Ramb., Soc. ent. Fr., t. I, p. 251 et IL, p. 33, Bdv., 1421.—H.-S., p. 12. Gn., Species, p. 338. Stgr., Cat. 2 Var. ? Axillaria, Gn. IX, p. 339.

(PI. 91, fig. 13.)

Je n’ai jamais vu en nature la chenille de cette Pseudoterpna, qui, je l’ai dit, n’est figurée nulle part. Cependant je viens de recevoir un beau dessin de cette larve de la part de M. le docteur Rambur, et je m’empresse de le faire figurer sur la même planche que celui de la Cytisaria et celui de la Corsicaria.

On dit que la Coronillaria appartient à la roi méridionale, centrale et occidentale (Gn..), cela doit être ; pourtant je l’ai ren— contrée ni aux environs de notre ville, ni en Provence, ni dans l'Ardèche. M. Rambur nous apprend qu'il a trouvé la chenille sur les Cytisus laniger et spinosus. (Soc. ent. Fr., II, p. 33.) A la vue du dessin gravé de cette chenille, je crois qu’on pourra se faire de

2

À

Bolina Cailino. 397 celle-ci, une idée exacte, Elle est distincte de celle de la Cyti-

saria, et surtout bien différente de la chenille de Corsicaria, Ra mb.

INSÉCTE PARFAIT. k.:

IL est quelquefois plus petit que la Cytisaria, bien que toujours un peu plus grand que la Corsicaria. Cependant il n’est pas exact de rapporter la variété de Cytisaria, ainsi que l’a fait M. Boisduval , à la Coronillaria de Duponchel ([V, p. 257, pl. 152, fig. 4), par plu- sieurs raisons ; notamment par celle que la Coronillaria, que je n'ai jamais rencontrée aux environs de Cannes, a toujours les ailes moins aiguës, plus arrondies à l’apex que chez cette dernière. Ce carac- tère, indépendamment de plusieurs autres, tout léger qu'il paraît être, a néanmoins sa valeur par sa constance.

Bolina Caïlino, Ler.

Ann. Soc. Linn., VE, p. 94, pl. 5. Ramb., Soc. obs. 1829, p. 10, pl. 5, fig. 4.— Dup., Sup., pl. 43, fig. 4.— Evers., K. V. U. 342. Herr.-Sch., 245. Gn., VIE p. 62. Stgr., Cat. 874. = Gentilis, Friw. Magy. Ac., 1838.

(PI. 99, fig. 1 à 4.)

Voici un beau genre parmi les BoLiNIDÆ de M. Guenée, composé de vingt-deux espèces toutes exotiques, sauf une seule, la Cailino, et, ce qu’il y a de surprenant, c’est qu'aucune larve de ces vingt-deux lé- pidoptères, pour la plupart d’une taille au-dessus de la moyenne, n’est encore connue. La publication de la chenille de Caïlino sera donc bien accueillie, puisque la connaissance de ses mœurs, soulè- vera un coin du voile qui cache aux yeux des entomologistes, les premiers états de ce genre remarquable.

On soupçonnait bien, il est vrai, que la B. Caïlino, qu'on rencon-

3

398 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

tre toujours dans le voisinage des saules, devait vivre à l’état de chenille, sur ces arbres ; mais on ne savait rien de précis à cet égard ; « bien qu’on élève dans le midi de la France la chenille de la Caïlino, on fait encore un secret de ses habitudes » (Gn.). Les cho- ses en étaient là, jusqu’au jour M. Poulin, de Genève, M. Stau- dinger, de Dresde, et moi, fûmes assez heureux pour recueillir, le 28 septembre 1866, à Gelles-les-Bains, un bon nombre de ces pré- cieuses chenilles que, de suite, nous supposâmes être celles de la se- conde génération de la Caïlino. Nous en avons eu la preuve en mai dernier, lors de l’éclosion de l’insecte parfait.

CHENILLE.

Elle est allongée, rase, sans aspérités, et serait à peu près cylin- drique, si elle n’était sensiblement atténuée postérieurement. Elle à seize pattes, et, par ce caractère important, est bien à sa place parmi les BOLINIDÆ ; mais je me hâte de dire que quatre des huit pattes ventrales, les quatre dernières, sont seules propres à la marche. Les deux précédentes paires, très-courtes, ne servent à la chenille que de point d’appui.

Cette larve est d’une teinte argileuse lavée de carné par places, sauf les premiers segments qui sont d’un gris blanchâtre en dessus, et les lignes ordinaires sont assez mal indiquées. La région du dos, qui est plus foncée que les flancs, présente sur chaque anneau un espace foncé qui est traversé par la ligne vasculaire fine et brune. La sous-dorsale est géminée, non interrompue; la stigmatale, plus mal indiquée que les précédentes lignes, ne se voit pas toujours bien. Le ventre, plus clair que le reste du corps, est d’un ton argileux chaud ; il n’est pas maculé de taches foncées, ainsi qu’on le remarque chez toutes les chenilles de Catocala, et ne présente aucune ligne, Les stigmates qui sont placés un peu obliquement, sont ovales, d’un jaune orangé et finement cerclés de noir. La tête est ovoido-glo-

Bolina Caïlino. 399 buleuse, un peu rentrée sous le premier segment, testacée, avec les mandibules foncées ; les ocelles, au nombre de cinq de chaque

côté, sont noirs. On voit en outre, au-dessous du front, une ligne

transversale d’un jaune rougeûtre. Les pattes écailleuses qui sont longues et fortes, sont d’un gris blanchâtre, noires à la base et à la pointe, et, de plus, tachées au centre d’un trait brun perpendicu- laire. Les ventrales et anales sont concolores et robustes, sauf les quatre premières qui, je le répète, sont courtes et impropres à la locomotion.

Cette chenille qui tient de celles des Catocalides et des Ophiusides, est vive, frétillante, et a un aspect particulier. Elle vit à découvert sur le Salix viminalis, et grossit rapidement aux dépens des feuil- les récemment développées. Jeune, elle demeure fixée pendant le

. jour aux rameaux supérieurs de l’arbrisseau dont on la fait facile-

ment tomber ; mais parvenue à sa troisième mue, elle descend très- bas, presque à fleur d’eau et reste étroitement appliquée contre les gros rameaux du saule viminale.

C'est toujours sur les Salix du bord de l’eau qu'il faut la cher- cher. Ceux de ces arbres éloignés des cours d’eau ne nous ont pas donné cette chenille qui, pour bien réussir, demande essentielle- ment des feuilles très-fraiches qu’il convient de renouveler tous les jours (1).

Mes chenilles se sont métamorphosées dans les branches du saule ; mais je suppose que dans la nature, c’est au pied de l’arbrisseau, parmi les détritus de végétaux qu'a lieu cette transformation, au centre d’une légère toile en soie grisâtre.

La chrysalide qui est formée cinq ou six jours après, est allongée,

(1) Pour faciliter l'éducation de cette chenille, il convient de l’enfermer dans une poche en gaze, sur un saule, au centre des buissons, en ayant soin de vi- siter de temps en temps la poche, car souvent les forficules y pénètrent et dévo- rent soit les jeunes chenilles, soit les chrysalides ; M. Staudinger et moi en avons fait la fâcheuse expérience.

400 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

lisse, avec les anneaux très-mobiles, d’un roügeâtre foncé, nulle- ment efflorescente, ni luisante. L’extrémité anale présente deux pointes déliées, assez longues, brunes et espacées à la base. Si la première génération se montre en mai, la seconde fait son apparition en août. J’ai remarqué que l’éclosion a ordinairement lieu au milieu de la nuit; mais pendant le reste de cette première nuit, le papillon ne vole pas.

INSECTE PARFAIT.

Les Caïlino de l'Ardèche n’ont rien qui les éloigne du type quant à la couleur, mais il n’en est pas de même de la taille qui est sensi- blement plus petite, au moins chez la plupart des sujets qui nous sont éclos. Comme nous n'avons pas pris l’insecte au vol, je suppose que ce peu de développement est plutôt à l’état de captivité dans lequel à vécu la chenille, qu'à une exiguité naturelle chez cette race du centre de la France.

La figure de Duponchel (IL, pl. 43, fig. 4), bien qu’un peu outrée de couleur, représente le type. La figure de Hubner, 834, ne donne pas la Caïlino ordinaire, mais bien la variété ; celle dont je parlerai bientôt. Cette Bolina varie assez ; quelques sujets se montrent avec la bande subterminale brune des inférieures, dépourvue de la tache blanche appuyée à la frange; chez d’autres individus, l’espace médian est rempli en presque totalité par la teinte du fond; en sorte que cet espace est à peine distinct (1). Les ailes inférieures s’éloignent de celles du type, en ce que le fond a perdu sa blancheur parfaite, et qu'il est devenu d’un gris violacé obscur.

Cette jolie noctuelle qu’on prend facilement à la lanterne sur les lavandes fleuries (Donzel) a été rencontrée pour la première fois en Sicile. Elle l’a été ensuite en Espagne, en Italie, aux environs d’Aix-

(4) Cette aberration, qui appartient à la collection Donzel, a servi de modèle à la figure 834 de Hubner. C’est du moins ce que je lis dans les notes manus- crites de feu Donze], qui ajoute avoir pris ce sujet à Digne, en juin 1829.

Tephrina Rippertaria. 401 en-Provence, de Montpellier, de Digne, et enfin aux environs de Celles (Ardèche), elle n’est pas rare.

Il me semble bien douteux que la Caïlino (4), dont parle Evers- mann, trouvée par lui sur les sommets arides et pierreux de l’Oural, espèce dont les palpes, dans les deux sexes, sont plus de moitié plus longs que chez la Caïlino ordinaire; il me paraît douteux, dis-je, que cet insecte soit bien la même Bolina que celle dont je viens de raconter l’histoire.

Tephrina Rippertaria, Dur.

V,p. 159, pl. 180, fig. 5.—Hb., 579. Bdv. 1604. Herr.-Sch., p. 88, fig. 121 et 122. Gn., Species, p. 99. Stgr., Cat. 560.

(PI. 99, fig. 5à8.)

A la connaissance de la chenille de cette Tephrina viendra bientôt se joindre celle de trois autres espèces du même genre, les Parti- taria, H8., Murinaria, W.-V. et Assimilaria, RAMB., après quoi presque toutes les larves européennes de Tephrina seront connues. En attendant, je dirai l'histoire de la chenille de la Rippertaria, pha- lénite demeurée assez rare jusqu’à ce jour.

CHENILLE.

Elle ressemble beaucoup à celle de sa congénère l’Artesiaria, à tel point que, sans une grande attention, il serait très-facile de les con- fondre. Elle est médiocrement allongée, un peu aplatie en dessous, lisse, rase, d’un vert bleuâtre, avec les lignes ainsi disposées : la vasculaire est fine, continue et d’un vert foncé; la sous-dorsale fine,

(1) Les entomologistes qui l’ignorent, ne seront peut-être pas fâchés d'apprendre que le nom de Caïlino qu'a imposé M. Lefèvre à cet insecte, est l'anagramme de celui d’un ancien officier de la marine française, auquel il l'a dédié (Nicolaï).

102 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, |

séminée, continue, blanchâtre; la stigmatale lârge, droite, continue et blanche. Les stigmates, placés en dessus de celle-ci, sont ovales, d’un jaune rougeâtre et cerclés de brun. Le ventre, également d’un vert bleuâtre, est marqué de nombreuses lignes claires et continues. La tête est aplatie, concolore, avec les mandibules rougeâtres et les ocelles bruns. Gette chenille qui vit une première fois en mai, et que j'avais reçue des environs d'Aix (Bouches-du-Rhône), m'a fourni, Jors de cette première génération, des sujets variant en brun. La seconde éclosion de la Rippertaria, provenant de l'Ardèche, ne m’à pas donné cette variété de chenille brune. Elle vit à découvert sur les Salix viminalis et rosmarimifolia; elle ne mange que la nuit, et, pendant le jour, elle demeure appliquèe contre une grosse branche de saule, se confondant avec son écorce. Elle grossit très-vite. Pourse métamorphoser, cette larve se comporte ainsi que plusieurs du genre: elle tisse, parmi les feuilles sèches, un réseau à claire-voie ressem— blant assez à du tulle grossier et se transforme trois ou quatre jours après, c’est-à-dire, à la fin de mai, pour la première génération, et du 25 au 30 septembre pour la seconde.

La chrysalide est rougeâtre, lavée de verdâtre sur l’enveloppe des ailes. Les anneaux abdominaux, qui sont mobiles, se terminent par une pointe unique, un peu recourbée à l'extrémité. L’éclos‘on de l’'insecte parfait, pour la première génération, arrive dix-huit ou vingt jours après la transformation, tandis que pour la seconde, l’insecte passe l'hiver dans son état léthargique et n’éclôt qu'à la fin d'avril.

INSECTE PARFAIT.

Cette espece découverte depuis bientôt quarante ans, par M. Rip- pert, à qui Duponchel l’a dédiée, est exclusivement propre à la Pro- vence. Prise d’abord aux environs de Digne, elle a été retrouvée par M. Dardoin, aux environs d’Aix-en-Provence ; puis, enfin, près de Celles-les-Bains, où, à la fin de septembre 1866, MM. Staudinger, Poulin et moi avons rencontré la chenille.

Ophiusa Algi'a. 403

La Rippertaria ne doit fréquenter que les lieux frais et humides, plantés de Salix viminalis. Elle ne vole pendant le jour que lors- qu'on dérange de son lieu de repos, qui est ordinairement l'inté- rieur des buissons de saules bas et fournis de nombreux rameaux. Son vol est vif, rapide et soutenu.

Cette espèce varie : le Species signale {une Var. À qui ne présente aucune trace de bandes noires sur les ailes supérieures. Cette variété constante n’avait point encore été figurée; je la fais représenter, pl. 92, f. 8.

Feu Donzel, dans ses notes manustrites, parle d’une semblable variété prise à Gréouls (Basses-Alpes).

Je possède deux variétés $ obtenues ex larva il n’existe que plus large bande noire; celle-ci est-elle encore fort atténuée ; et chez l’autre, il n'y a pas de trace de bande foncée. Enfin, la Ripper- taria varie aussi pour la taille : certaines © présentent une enver- güre de près de moitié plus grande que celle du type.

Ophiusa Algira, L.

S.N. 98. Esp., pl. 87, fig. 1. Brek. Treits. God. HIl p. 3, pl. 53. —Gn., Ind., p. 248. Bdv., 1363. Enc. 141. Gn., Species VII, p. 270. Stgr. Cat. 881. Achatata, Sulz.— Ræm., p. 75, pl. 2. = Triangularis, Hb., 323.

(PI. 92, fig. 9 et 40.)

La chenille de cette espèce est fort mal connue, ou ne l’est peut- être pas du tout. M. Guenée, dans son savant ouvrage, décrit la larve de l'Algira d’après un dessin peu fidèle probablement, car ce consciencieux observateur eût parlé autrement qu’il l’a fait des. deux premières pattes membraneuses : « la première paire de ven- trales tout-à-fait rudimentaire, » lorsqu’en réalité ces deux pre- mières pattes existent, bien que plus courtes que les autres. L'au-

10% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

leur du Species, s’il eût vu cette chenille en nature, eût encore signalé une petite caroncule bifide placée sur le 11° segment, et le ven- tre marqué de noir sur chaque anneau. Quoi qu'il en soit, cette che- nille n’a jamais été figurée et, en la faisant représenter, je comble une lacune dans l’histoire de l’A/gira.

CHENILLE.

Elle est allongée, fusiforme, atténuée, sur les derniers anneaux avec une petite éminence bifide sur le 11° segment, propre à la plus grande partie des chenilles de Catocala. La tête est presque aussi haute que le premier anneau, aplatie en avant, grise et rayée de deux lignes blanches frontales, ne descendant pas plus bas que les ocelles qui sont bruns et visibles à l’œil nu. Le corps est d’un gris terreux chaud sur la région du dos; passant au rougeâtre anté- rieurement , elle est rayée de nombreuses lignes fines, continues, aboutissant toutes au dernier segment. Au milieu de ces lignes, il serait difficile de distinguer la vasculaire et la sous-dorsale. La stig- matale est double, géminée, un peu plus claire que le fond ; mais à peine plus apparente que les précédentes lignes. Les stigmates , placés en dessus, sont blancs, ovales, et finement cerclés de noir. Les pattes ventrales sont au nombre de huit; les quatre premières sont sensiblement plus courtes que les quatre autres ; celles-ci, très- allongées, ainsi que les deux pattes anales; toutes.sont concolores et maculées extérieurement de petits points noirs. Les écailleuses sont robustes et teintées de rougeâtre. Le ventre est, ainsi que chez les larves de Catocala, marqué de noir sur chaque segment. Les tra- pézoïdaux sont petits et à peine visibles.

Cette larve qui est assez vive, mais non frétilante, ressemble un peu à celle de la Caïlino. Elle vit sur divers arbrisseaux, notamment

4

Ophiusa Algira. 405 la ronce, le saule, le grenadier (1), Gn. La première génération opère ses métamorphoses en été; de juin à août. La $ dépose ses œufs en août et en septembre ; ceux-ci éclosent peu de jours après. La chenille grossit rapidement et se transforme dans la mousse (2) vers la fin d'octobre, après avoir formé une coque mince en soie grise et serrée, dans laquelle l’insecte passe l'hiver sans son état léthar- gique. La chrysalide est allongée, sans aspérités, d’un brun rou- geûtre et efflorescent sur toutes les parties.

INSECTE PARFAIT.

C'est une des plus jolies espèces de ce beau genre; mais il paraît que beaucoup d’anteurs l'ont confondue avec plusieurs de ses con- génères exotiques , notamment la Stuposa, Fab. et l’Achattina, Cr.

L'Oph. Algira paraît aussi commune aux environs de Barcelone, Cannes et Fréjus, que dans la campagne de: Lyon; cependant la race provençale semble plus petite, avec le cendré du fond un peu violâtre et la tache brune rhomboïdale du milieu, plus intense et plus veloutée. Je ne crois pas que l’Algira, qui est répandue aussi bien au centre qu’au midi de la France, puisse être, ainsi que le pensent plusieurs entomologistes, d’origine exotique , et qu’elle ne se soit propagée qu accidentellement parmi nous.

Elle fait partie de la faune du département de Saône-et-Loire (Constant).

Obs. Les chenilles d’Algira et de Caïlino ont certainement entre

elles plusieurs points de ressemblance; quand ce ne serait que les quatre premières pattes ventrales plus courtes que les quatre sui- vantes, chez les deux espèces; sans parler de leur forme générale qui se ressemble beaucoup. Cependant les classificateurs ont tous placé les insectes parfaits bien loin l’un de l’autre; ont-ils bien ou mal fait ?

(4) Ce qui n'a rien de surprenant, puisque dans le Midi on la rencontre sur plusieurs arbrisseaux grands et petits. (2) En été, c'est dans les feuilles de l'arbre qu’elle se métamorphose.

406 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. =

Variété de l'Euclidia Munita, ls.

395 Ev, Fau, Ural., p. 352. Gn., Species VII, p. 293. (Var. Immunità, Stgr.). (PI. 92, fig. 11.)

Les Euclidia sont de jolis msectes qui paraissent avoir tous le vol diurne et qui butinent à l’ardeur du grand soleil, ainsi que les Heliothis dont elles ont les habitudes.

L’Eucl. Munita qui est peut-être la plus élégamment parée de toutes les espèces du genre, semble varier beaucoup. Outre la Var. Angulosa, EVER, il én est une seconde, plus remarquable et qui paraît con:tante ; c’est l’!mmunifa (1), Srer. Celle-ci qui a l’enver- gure du type, se distingue par les ailes supérieures, qui sont d’une belle teinte rouge ochreuse et qui n’ont pour tout dessin qu’une ligne centrale et transversale large, bruné, qui se fond insensible- ment; on voit encore deux petites taches brunes et allongées M première appuyée à la côte, la séconde placée sur la troisième ner- vure et précédant un commencement de ligne subterminale, présen- tant âu centre un angle vif extérieur. Les quatre ailes sont en des- sous de la couleur du dessus des inférieures, avec la ligne de ces dernières à péiné indiquée.

Cette belle variété volé en juin sur lés promontoires méridionaux de l’Oural.

Le type n’est pas très-raré dans les steppes de la Russie.

Mon cabinet: type et variété que je crois ex larva (2); un exem- plairé de chaque. |

(1) Que je ne crois décrite nullé part: (2) Je n'ai rien pu apprendre des premiers états de l'Eucl. Munita.

Fig. Fig. Fig. Fig.

Fig.

[)

10. 11.

. Psyche Tenella, SPEYER. . Fourreau.

EXPLICATION DES PLANCHES. 407

EXPLICATION DES PLANCHES De Ia 20e Livraison (1867).

—— > ———

PLANCHE 89.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

. Sesia Himmighoffeni, Srer.

I.

. Tephrina Buffonaria © , Mi.

IT.

. Chenille de la Cerocala Scapulosa, Hs. . Insecte parfait.

IV.

. Eupithecia Sextiata, DARD et MILL.

Y.

VI.

. Fumea Sieboldii, REUTTI. . Fourreau.

VI. Chenille de la Cucullia Xeranthem, BD. Insecte parfait.

Tiges de l’Helianthemum halimifolium et de sa variété sanguineum ?

108 .

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 90.

EXPLICATION DES FIGURES.

L-

Fig. 4. Chenille de la Gnophos Ophtalmicata, Len. 2. Chrysalide. 3. Insecte parfait: IE. Fig. 4. Chenille de la Camptogramma Fluviata, Hs. Dee VD » Var. 6,2 » » jaune. AUS » » brune. 8. Chrysalide. 9. Insecte parfait 4 (Fluviata). 10. » & (Gemmata). IT. Fig. A1 Fig. 12.

. Abraxas Grossulariata ©, Mourr., (varieté gravée

d’après une photographie.) I Chenille de la Gnophos? Respersaria, H8.

13. Insecte parfait.

Chrysanthemum segetum, L.

EXPLICATION DES PLANCHES. -

PLANCHE 91.

EXPLICATION DES FIGURES.

I. Fig. 4. Chenille de la Synopsia Sociaria, HB,

IT. F 2. Chenille de la Synopsia Propinquaria, By. 3. Id. id. id. Jeune. 4. Chrysalide. ©. Insecte parfait >. DIT.

Fig. 6. Chenille de la Scodiona? Agaritharia, DARD. 7. Insecte parfait Fm | IV. Fig. 8. Chenille de la Pseudoterpna Cytisaria, RoEës. 9. Chrysalide. 10. Insecte parfait ©, (Var. grise). V. g. 11. Chenillle de la Pseudoterpna Corsicaria, RAMB. 12. Chrysalide.

Fi

——

VI. Fig. Chenille de la Pseudoterpna Coronillaria, Hs.

Tige de Genista purgans, L.

doter ini dif 4 ' 7

410

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

n ho

© y OO ©

11.

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 92.

EXPLICATION DES FIGURES.

JL

. Chenille de la Bolina Caïlino, LEr.

» jeune.

. Chrysalide. . Insecte parfait.

IT.

. Chenille de la Tephrina Rippertaria, Dur. . Chrysalide. . Insecte parfait.

» (variété.)

III.

. Chenille de l'Ophiusa Algira, L. . Insecte parfait.

IV.

Euclidia Minuta, HB. (Var. Immunita, STGR.).

Tige de Satix Viminalis, L.

D |, M4

EMiliore et Poyade

Zmp. Douute, 5,r Mignon.

20° Lt.

Joques pl,p?

L 2, Sera Aimrug hoffènx, Star. IL. 2 Zephrina Buffonaria, Mil Il. 3e 4, Cerocala Seapulosa, Hub.

[V. 5, Eupithecia Jextata, Dard.et Mi.

V. 6 et 7, Psyche Tenella, Speyer. VL 4 et g, Fumea S'ieboldii, Routti.

VIL. 20 et 1, Cucullia Xeranthemi, Bd».

Année 1867. PI. 84.

Debrey se

Mignraue col

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Annales de la Société Linnéenne de Lyon. 20° Le Année 1867. PL go

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P Milière et Poujade pt

Joques p! pt

Debray we Li 39) Crophos Ophthalmicate, Led. I. £ à 10, Camptogramma Fluviata - Cemmata IL, zz, Abravaw. Grossulartata, Mouff / Var.) IV. z2 et 1, Gnophos ? Aespersarta, 4b. Ep. Houurte, 5,r. Mgnon :

M Moreau col

20 "Jr. Année: 1867, PL. 91

Pire et Rambur p! Joquer pl. p? Deëray se.

ME Jyrnopsia Jociarta, #6. L 228 id. E roptnquarte , Ba». IL. 6 et 7 Jeodiona ? Agaritharia, Dard IV 4 à 10.17 deudoterpra Glsarta, Roer. V. z2 et 12 A Corsécarta. Rams. VI. 23. td. Coronillaria, k4.

Imp. Houirte 5 r. Mignon . AM Migneaus col

; Le à : © de x S'octete Linnéenne de Lyon. 20 7 Lt . Annee 1867, PL g2.

P Millire et Poujade pt Joques pipi Deëray N [.z & 4. Bolna lailno,Lef. IL. 5 à 6. Tephrina Rippertarta, Dur. # IT. 4 ed 10. Ophaura Aaira, L. :

IV, ze. Buclidia Munila, H6. | Var. Îmmunita., Sor.)

Amp Houirte 5 r. Mignon . HT Migneaux col

ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

P. MILLIÈRE. VINGT-UNIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéonne de Lyon, le 10 février 1868.

Satyrus Fidia, L.

Hb., pl. 147, fig. 8. Esp., pl. 49, fig. 3. God., IL, pl. 44, Gg. 3 et 4. Stgr., Cat. 314.

(PI. 93, fig. 4 à &)

. la $ du S. Fidia, après avoir été piquée mortellement par l’'épingle, pond plusieurs œufs. Ceux-cisont sphériques, cannelés, rayés transversalement et d’un blanc mat. Cinq ou six jours après, vers le 40 ou le 45 juillet, la chenille éclot ; elle est alors très-atténuée posté- rieurement, d’un gris verdâtre, avec une tête relativement énorme. La première nourriture de la chenille est la coque vide de l’œuf qui

lui à servi de berceau. Les jeunes larves se placent ensuite le long . 1

112 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

d’une tige d'herbe, à la suite les unes des autres, et demeurent ainsi jusqu’à ce que les premières pluies aient développé de jeunes tiges de graminées, c’est-à-dire jusqu’en octobre. Cependant elles prennent fort peu de nourriture en hiver; leur croissance est donc très-lente pendant cette saison, et cen’est guère qu’à partir de la mi-mars qu’elles grossissent d’une manière sensible. Enfin, à l’époque du 45 mai environ, ces larves sont parvenues à toute leur taille (1).

Adulte, la chenille est allongée, fusiforme, glabre, sauf la tête et les derniers anneaux, qui sont garnis de poils courts et fins, plissée trans- versalement, avec le fond d’un roussâtre carné, et marquée de nom- breuses lignes continues, dont les principales sont très-distinctes. La tête est grosse et globuleuse ; le dernier segment finit en deux pointes tellement serrées l’une contre l'autre qu'elles ont l’air de n’en former qu’une seule. Les lignes se présentent ainsi : la vasculaire est con- tinue, très-fine sur les premiers et les derniers anneaux, mais elle s’élargit à partir du cinquième segment au dixième inclusivement; elle est de plus finement lisérée de clair à droite et à gauche. La sous- dorsale. est fine, noire, continue et s’élargit sensiblement sur les derniers anneaux ; elle est en outre accompagnée d’un liséré jaune de Naples. La ligne stigmatale est large, droite, continue, jaune nankin et lisérée de brun en dessous. En outre de ces trois lignes, on en voit distinctement deux autres qui sont doubles: la première placée entre la vasculaire etla sous-dorsale, et l’autre entre celle-là et la stigmatale. Le ventre est concolore et jaspé de taches d’un blanc nacré. La tête est roussâtre et marquée de chaque côté de quatre lignes noires longitudinales, indépendamment de trois ocelles également noirs. Les stigmates sont circulaires, très-foncés, placés en dessus et en dehors de la ligne stigmatale. Les seize pattes sont carnées; la couronne des ventrales est brune. |

oo oo

(1) Ces détails de mœurs m'ont été fournis par M. Himmighoffen, de Barcelone, qui chaque année obtient en nombre l’insecte parfait ex larvû.

ht TS

Satyrus Fidia. 413

Cette chenille, qui se cache soigneusement pendant le jour au pied des plantes ou sous les pierres, ne sort de sa retraite pour man- ger qu'en pleine nuit. Elle vit sur diverses graminées des terrains crélacés montagneux. On la rencontre le plus souvent sur le Pipta- terum multiflorum. C’est une des chenilles de Satyres qui ne se sus- pendent pas pour se métamorphoser, Lors de cette importante opé- ration, elle se cache au pied de la plante, ou mieux sous une grosse pierre voisine, sur la terre nue, et, sans former de coque, les pattes en l'air, elle se transforme bientôt.

Les chenilles des Satyrus Hermione et Phaedra , autant que je peux en juger par les bonnes figures de l’Iconographie de MM. Gue- née et Duponchel, ont quelques rapports de forme et paraissent avoir des mœurs identiques à celles de la chenille du Fidia. Mais indépen- damment de la couleur de celte dernière larve, qui est différente, sa forme est relativement plus allongée.

La chrysalide est médiocrement longue, obtuse, légèrement carénée sur le thorax. Les stigmates sont brun foncé et un peu saillants. :

L’éclosion arrive vingt ou vingt-cinq jours après la transformation de la chenille.

INSECTE PARFAIT.

Ce Satyre, ainsi que ses congénères de grande taille, vole avec une extrême rapidité sur les pentes rocheuses et boisées; on peut le chasser et l’obtenir en bon état du 15 au 30 juin environ; cependant on l'aperçoit pendant plus d’un mois après cette époque.

Ce beau diurne appartient à plusieurs parties montagneuses de la Provence; notamment aux environs de Nice et de Grasse, il n'est pas très-rare. IL vole communément en Portugal, en Espa- gne, en Italie, etc.

Obs. Le S. Fidia se trouve aussi aux environs de Grenoble (Isère). Note laissée par feu Donzel,

, à PUS L2 A4 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Leweania Hispanicen, BELr.

Annal. Soc. ent. Fr. (1863), p. 424, pl. 9, fig. #. (PI. 93, fig. 5 à 7.)

Elle s'éloigne un peu pour la forme des larves ses congé- nères qui ont été observées ; cependant elle n’en diffère pas assez pour qu'elle puisse paraïtre déplacée parmi elles. :

La chenille de l’Hispanica est allongée, cylindrique et un peu relevée à partir des derniers segments. Ses couleurs sont moins uni- formes que celles des espèces du genre Leucania qui sont connues. Le fond est d’un jaune clair mat lavé de vineux obscur sur les pre- miers et derniers anneaux, avec les lignes ordinaires non inter— rompues , ondulées, très-apparentes (1), la sous-dorsale et la stigmatale principalement. On voit en outre plusieurs lignes inter- médiaires fines, brunes et continues. La vasculaire est étroite, géminée, brune, continue. La sous-dorsale est large, blanchâtre, finement lisérée de brun en dessus et de noir en dessous. La stigmatale est très-large, blanchâtre, lisérée de chaque côté d’un trait fin, délié, entièrement blanc. La tête est grosse, concolore et porte le prolongement des lignes sous-dorsale et stigmatale. Les stigmates sont relativement gros et noirs. Les pattes sont concolores; les ventrales ont la couronne brune et sont marquées extérieurement de trois points bruns superposés. Les trapézoïdaux et autres points sont petits et à peine visibles. |

Cette chenille varie: on remarque en assez notable proportion des sujets dont le fond est d’un rougeâtre plus ou moins obscur

(4) Devenue adulte, la chenille perd en partie la couleur vive des lignes qu’elle avait primitivement.

Leucania Hispanica. AE)

et les lignes d’un blanc jaunâtre se détachent plus visiblement que chez le type. |

L'espèce qui se nourrit de graminées, et peut-être exclusivement sur les Piptaterum, notamment le multiflorum, n’habite que les ter- rains secs, pierreux, bien exposés et à une élévation de cinq à six cents mètres, aux environs de Barcelone (Espagne), d’où M. Him- mighoffen m’en a fait parvenir plusieurs sujets vivants et que j'ai élevés ; mais ceite chenille est fort délicate et craint le froid (4). Elle demande des soins extrèmes, car bien qu’élevée à Cannes, à l’air libre, sur un Piptaterum en pleine terre, elle n’a réussi qu’en de très-faibles proportions. Serait-ce parce qu’elle n’avait pas la véritable graminée qui la nourrit dans la nature? serait-ce plutôt parce que l’air de la montagne lui manquait ? Quoi qu’il en soit, ces chenilles qui, provenant de la seconde génération, avaient passé lhiver , étaient parvenues à toute leur taille vers la fin de mars. Elles se sont enfoncées dans la terre , et ont formé une coque légère dans laquelle a bientôt eu lieu la transformation.

La chrysalide n’a rien de remarquable et ne saurait être distinguée de celles des espèces congénères qui ont jusqu'à ce jour été observées. |

Cette Leucania éclot une première fois vers la fin de mai. La se- | conde génération donne son lépidoptère depuis la fin d'août jusqu’en décembre. M. Himmighoffen, qui me transmet ces détails, me mande en outre qu'il prend l’insecte parfait de la L. Hispanica pendant l'automne, pendant l'hiver et jusqu'en avril, et que même, à cette dernière époque, on rencontre des chenilles de cette espèce à tous les âges.

(4) M. Himmighoffen m'écrit qu’il ne la rencontre que sur les versants de la montagne les plus chaudement exposés, cachée pendant le jour au centre d'une touffe du Piplaterum qui la nourrit presque toujours isolément, Elle se tient étroitement appliquée contre une tige d'où elle se laisse tomber ay plus léger froissement de la plante en se roulant sur elle-même.

416 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, .

INSECTE PARFAIT.

Il est, en effet, de la taille de la Leucania Impura, cependant sa coupe générale-est: moins allongée; elle rappellerait plutôt la coupe d'ailes, relativement plus courtes, de la Pallens, L.

Je renvoie, pour la description de la L. Hispanica, à celle qu’en a donnée M. Bellier de la Chavignerie, qui a publié l’insecte dans les Annales de la Société entomologique de France (1863), p. 42. Ce- pendant notre collègue ne nous parle pas de la® , qu'il n'avait peut- - être point encore vue. Cette Hispanica 9 est un peu plus grande que le ©. Sauf cette différence et celle de l’abdomen, qui est renflé au centre, conique et pointu à l'extrémité, elle lui ressemble tout-à-fait.

La L. Hispanica ne paraît pas varier.

Bien qu'élevée de chenille chaque année, cette noctuelle conserve son prix élevé et ne se répand que lentement dans les collections.

Mon cabinet : deux ® et trois 9.

Agrotis AShiwortihii, DBLn.

Zool. 1855, p. 47-49.—Stor., Cat. 191. = Vallesiaca Stt, Ann. 1855, p. 41, fig. 2.

(PI. 93, fig. 8 à 41.)

Cette belle noctuelle, qui n’était point encore découverte lors de l'impression du Species général, n’a pas été comprise dans ce savant ouvrage. Elle est spéciale à l'Angleterre, et aujourd’hui je puis raconter les mœurs de la chenille que je fais figurer en même temps que l’insecte parfait. Ni celui-ci ni sa larve ne sont encore représentés en France. Le papillon seul a été figuré en Angleterre.

Agrotis Ashworthii. y

CHENILLE.

Elle est allongée, pleine, cylindrique, plissée, faiblement atténuée aux extrémités, d'un vert sombre et parfois presque noir. On ne distingue qu’imparfaitement les lignes vasculaire et sous-dorsale, qui sont fineset plus sombres que le fond. Au-dessus de la sous-dorsale existe de chaquecôté et sur chaque anneau, du au 41°, un trait noir un peu oblique s'aperçoit en dessous, près de l’incision, un gros point d’un jaune verdâtre, rond, mat et des mieux indiqués. Le ventre est d’un vertlivide et sans lignes. Les stigmates sont elliptiques, d’un rouge obscur et cerclés de noir. La tête est globuleuse, noire, luisante, elaire sur les bords. Le premier anneau est recouvert d’un large écusson concolore. Les pattes écailleuses sont noires et luisantes ; les mémbraneuses et autres sont d’un vert livide.

Cette chenille varie pour la couleur du fond. Quelques sujets sont d’un vert un peu moins sombre que le type. Chez ceux-là l’écusson est d’un noir profond, la tête est jaunâtre, les traits noirs dorsaux partent du deuxième segment, au onzième, et les gros points jau- nâtres qui les accompagnent ont disparu. (PI. 93, fig. 8.)

Cette larve, qui passe l'hiver cachée au pied des plantes basses, n'est parvenue à sa taille qu’à la fin de mars ou les premiers jours d’avril. Elle se nourrit de plusieurs plantes, notamment d’un Sedum ; mais ce sont les graminées que cette chenille m'a semblé préférer. Pour se métamorphoser, elle forme dans la mousse une coque com- posée de soie, de grains de terre et de brindilles végétales.

La chrysalide, d’un brun rougeâtre, luisante, et relativement grosse, n'a rien qui la distingue de celle des autres Agrotis.

Six semaines à peine après que la chenille s’est transformée, c'est-à-dire à l’époque du 20 ou 25 juin, de deux à quatre heures du soir, apparait l’insecte adulte.

LAS CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

INSECTE : PARFAIT.

Envergure : 0°,040, à 0",042. Les ailes supérieures sont allongées, rectangulaires, d’un gris de

souris, traversées par quatre lignes distinctes, brunes, festonnées ; outre une large bande d’un brun clair traversant l’espace médian ,

et traversée elle-même dans le sens opposé par un trait fin parallèle aux nervures. La tache orbiculaire qui est de Ia couleur du fond s’en détache toujours cependant. La frange est courte, brune et pré- cédée par une ligne régulièrement dentée, obscure et continue. Les ailes inférieures sont grandes, arrondies, uniformément grises , avec la frange plus claire. Les antennes sont simples et brunes. Le thorax est robuste, fourni de poils nombreux qui sont de la cou- leur des premières ailes. L’abdomen est long, gris et dépassant les inférieures. |

La © est généralement plus sombre que le ©.

Cette Agrotis varie: quelques sujets & sont d’un gris obscur; chez ces variétés qui paraissent constantes, les lignes des ailes supérieures se détachent à peine.

M. Henry Doubleday, d’Epping, qui a découvert cette remarquable noctuelle, l'élève chaque année de la chenille.

Obs. M. Doubleday qui, avec son obligeance accoutumée, m’a pro- curé la chenille de l’Ashworthii, m'écrit qu'il la trouve sur les rochers des côtes de Galles qui dominent la mer, seul lieu, ajoute-t-1l, où, jus- qu’à ce jour, cette espèce ait été rencontrée

Nouvelle variété de la Thais Polyxene, S.-V. Hb., Led., Stgr., Berce. = Hypsypile, Hub., Bdv. (PI. 94, fig. 1et2.)

La T. Polyxena type n'appartient pas à la France. Cette belle es- pèce qui varie beaucoup, a deux variétés principales ; la Cassandra,

Thais Polyxena. 519 Hb., qui est commune dans nos provinces méridionales, notamment aux en7irons d'Hyères, de Cannes, de Nice, etc., et la Var. Ochracea, Bdv., propre au nord de l’Algérie.

La remarquable aberration que je fais représenter n’a, je crois, jamais été figurée. Elle se distingue du type par sa taille plus pelite, par les dessins des quatre ailes, qui sont différents en dessus et en dessous, mais principalement par une ligne subterminale étroite, continue, d’un jaune vif, et, aux inférieures, par un liséré fin qui la précède, lequel est d’un rose carminé vif. Le dessous rappelle le des- sus ; cependant la ligne subterminale a passé du jaune au carminé un peu orangé. MA

J'ai sous les yeux deux sujets identiques de cette variété, qui pour- rait bien être constante. M. Lederer me mande qu’il lui est éclos, à Vienne, quatre individus de cette Thais absolument semblables, rapportés en chrysalide de la Dalmatie.

Obs. La chenille de la Var. Cassandra est assez répañndue aux envi- rons de Cannes, dans les lieux bas plantés d’Arundo donax, au bord des cours d’eau croît abondamment l’Aristolochia pistolochia, plante sous-ligneuse jui nourrit cette larve. Celle-ci éclot dans les premiers jours de mai, mais ce n’est qu’en juillet qu'il convient de la recueillir ; elle est assez délicate à élever. Pour être sûr de la rencon- trer, on doit la chercher dans les bois de la Croisette, dans le voi- sinage de Notre-Dame-des-Pins. Mais c’est surtout à l’autre extré- mité de la ville, à droite de la Verrerie, tout le long du ruisseau qui coule au pied de la colline, qu’on est certain de la trouver abondam- ment, fixée pendant le jour aux tiges de la plante.

L'insecte, on le sait, passe l’hiver en chrysalide et éclot dès la seconde quinzaine de mars; mais les chrysalides qu'on transporte dans les zones centrale et boréale de la France ne donnent leur papillon qu’à fin d'avril.

Le vol de ce lépidoptère est assez lourd et on le saisit facilement au filet. Les femelles déposent leurs œufs au revers des feuilles de l’Aris- toloche, on les distingue facilement à l’œil nu en soulevant ces feuil-

420 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDLIS.

les. L’œuf est oblong, cannelé, jaunâtre, il brunit deux jours avant l’éclosion, et la petite chenille, pendant la première période de sa vie, est d’un brun presque noir. Sa croissance s'opère lentement ; c’est en juillet seulement qu'elle est parvenue à toute sa grosseur. Elle se transforme la tête en haut en se fixant près du sol par la pointe anale à une tige elle est retenue par un fil de soie transversal. La chrysalide est tellement dissimulée qu'il est presque impossible de la découvrir dans les lieux cependant abonde l’insecte parfait.

Enfin, je dirai qu’une espèce congénère qui, à ma connaissance , n'avait point encore été remarquée dans les Alpes-Maritimes, la Thais Rumina, vient d'être rencontrée en certain nombre aux envi- rons de Grasse, par M. de Mimont, notre collègue de la Société entomologique de France.

Nouvelle variété de la Vanessa Antiopa, L. S. V., Esp., God., Devil et Gn. (PI. 94, fig. 3.)

La variété accidentelle d’Antiopa que je fais connaître aujourd'hui est de grandeur ordinaire, le fond des ailes rappelle exactement le type, mais ce qui distingue ce sujet, c’est la bordure jaune des ailes supérieures qui est beaucoup plus large que chez le type, elle a recouvert la série de points bleus subterminaux qui ont complète- ment disparu sous cet envahissement de la bordure. De plus, les deux grosses taches jaunâtres, appuyées à la nervure costale, ne se voient pas d'avantage. Les ailes inférieures ne varient pas. Le dessous des supérieures ne présente absolument rien d’anormal.

Cette aberration de l’Antiopa, bien que voisine de la Hygiæa, Heydenr ; Hb., fig. 993, et de la variét accidentelle de M. Frayer, Tab. 445, diffère de l’une et de l’autre cependant d’une manière assez sensible, pour mériter l'honneur de la publication.

Hepialus Humili. 121

Cette intéressante variété, qui est d’une grande fraicheur, m'a été communiquée par M. Lederer, de Vienne (Autriche), qui m’écrit que ce lépidoptère a été élevé de chenille en Moravie.

J'ai reçu en outre de cet obligeant collègue, une seconde aberra- lion de l’Antiopa, élevée, ainsi que la précédente, en Dalmatie. Cette derniere variété accidentelle, qui est de petite taille, n’a de remarquable que l'extrémité de la bordure jaune des quatre ailes, lavée d’une couleur rouge de sang vif. Les pointes et l’angle interne «les inférieures sont entièrement marqués de cette couleur anormale.

En dessous, on voit la même particularité qu’en dessus.

Cette curieuse variété appartient aussi au cabinet de M. Lederer.

Variétés de l’'Hepialus Humili, L,

S. V., Esp., God., Bdv., Doubl., Led., Stgr. (PI. 94, fig, & à 6.)

Jusqu'à ce jour on n’avait pas remarqué en France que cette grande Hépiale présentât des variétés, et il n’en a été figuré en aucun pays. Cependant je viens de recevoir d'Angleterre, par les soins de M. Henry Doubleday, six variétés accidentelles de l’Hepialus Humili, dont trois mâles et trois femelles, toutes plus ou moins remarquables par les taches anormales des ailes supérieures. Chez l’une d'elles, qui est une 9 de petite taille (n° 4), les ailes supérieures sont d’un jaune ochreux vif, rehaussées de taches centrales rougeâtres et d’une bande subterminale de même couleur. Les ailes inférieures sont d’un brun enfumé, avec les nervures bien marquées, ainsi qu'aux ailes supérieures. Le thorax, tout aussi fourni d’écailles que chez le type, est d’un ochreux très-chaud.

Je désignerai cette première aberration : Var. A.

Une seconde variété accidentelle ©” (n° 6) se préseate avec le fond

422 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

des quatre ailes d’un blanc mat rappelant la teinte des ailes du type. Sur le fond blanc des supérieures, on distingue imparfaitement deux ou trois taches centrales reciangulaires et la bande subterminale à peine indiquée en ochreux clair. Les ailes inférieures sont entière- ment blanches. Le thorax très-velu serait également blanc, n’était le haut qui est teinté d’ochreux ainsi que la tête.

Je désignerai cette variété par la lettre B.

Mais la plus remarquable de ces aberrations est celle d’une 9 (n° 6) qui est de grande taille et chez laquelle, sur le fond des supérieures, qui est d’un blanc mat, on distingue plusieurs grandes lignes nervurales brunes, une tache centrale et deux gros points interrompant la ligne Subterminale, lesquels sont de même couleur. Les ailes inférieures n’ontrien d’anormal. La base des secondes ailes, ainsi que chez les précédentes variétés, est garnie d’une grosse touffe de poils d’un ochreux très-vif.

Je désignerai cette remarquable variété © par la lettre C.

Plusieurs autres variétés moins importantes, mais qui n'en sont pas moins très-curieuses, sont là, et me prouvent à quel point ce lépi- doptère varie chez nos voisins d'outre-mer. L'une de ces dernières variétés m'a été soumise par M. Lederer ; elle provient aussi d’Angle- terre. Elle diffère peu du 5 ; si ce n’est quelle présente une enver-— gure moins grande.

M. Doubleday, me mande que ces intéressants lépidoptères, élevés de chenille, proviennent de Schetland, l’une des nombreuses iles de la mer d'Ecosse. )

Collection Doubleday, d'Epping, et collection Lederer, de Vienne.

Bombyx Rubi. 123

M. Lederer vient de me communiquer, pour les faire connaître, deux remarquables sujets de Bombycites présentant chacun un cas d’albinisme à peu près complet ; ce sont un Bombyx Rubi $ et une Lasiocampa Potatoria ©, tous deux élevés de chenille à Vienne (Autriche), m’écrit M. Lederer.

Variété du Bombyx Rubio.

L., —S. V.,— Esp., pl. 9, fig, 4 à 6, Hb., God. IV, pl. 13, fig. 4 et 2. Led.,— Bdv., Sigr. Cat. 239.

(PI. 94, fig. 7.)

Aucun auteur, à ma connaissance, n’avait encore signalé de variété de ce Bombyx ; celle que je publie est un sujet tout aussi grand que l'espèce ordinaire. L’insecte a perdu la couleur d’un brun plus ou moins clair qui existe chez le type, et ce qui remplace cette teinte obs- cure c’est le blanc mat, couleur qui est un peu carnée à la côte, aux antennes, au thorax et à l’abdomen. Cette teinte carnée est plus pro- noncée en dessous. Ici le bord supérieur des secondes ailes est lavé de jaune, et l’abdomen, ainsi que les pattes, empruntent cette couleur qui rappelle, bien que vaguement, celle du type.

Cette curieuse aberration, qui sera désignée par la:.lettre À, fait partie du cabinet de M. Lederer.

Variété du Lasiocampa Potatoris & , L. L.,—S. V.,—Fab.,— Esp., pl. 2, fig. 4 à.5.—- Hb., pl. 182, fig. 3. God., IV, pl. 8, fig. 3 et 4. Led., Stgr. Cat. 243. (PI. 94, fig. 8.)

Cette aberration, qui est de grande taille, est des mieux dévelop- pées. Les écailles des quatre ailes, ainsi que les poils du thorax et de l’ab-

12% CHENILLES ET .LÉPIDOPTÉRES INÉDITS. »

domen, sont longs et nombreux, Cette variété accidentelle se distingue dutype par une décoloration presque complète. Les quatre ailes, en effet, seraient entièrement d’un blanc mat un peu carné en dessus, si a côte des supérieures, le bord extérieur de ces mêmes ailes et la igne qui les traverse diagonalement, n'étaient lavées de fauve vineux. * Les antennes et le thorax participent de cette dernière teinte. Les deux taches qui occupent le centre des supérieures sont d'un blanc pur et cerclées d’un filet vineux. Les inférieures sont sans aucune ligne. En dessous, les ailes sont également blanches, mais elles sont lavées d’une teinte chaude au bord supérieur, à la frange des premières ailes, et, de plus, la ligne diagonale est assez vive- ment écrite et teintée de fauve. La poitrine et les pattes rappellent assez l’espèce ordinaire par leur teinte très-chaude. Cette intéressante aberration sera désignée par la lettre A.

Stenia Adelalis.

Gn. VIIL., p. 245. Stgr., Cat. 68. (PI. 95, fig. 4 et 2.)

Cette petite espèce, décrite d’après un o” unique, n'avait point encore été figurée. C’est cet unique sujet de la collection de M. Guénée qui me sert à la faire représenter et, pour la description de laquelle. je ne saurais mieux faire que de copier celle du savant auteur du Species général :

« Très-voisine du Bruguieralis, dont elle diffère par les caractères suivants : elle est plus petite (16 mill.). Les ailes supérieures sont un peu plus prolongées à l’apex, beaucoup moins jaunâtres, plus cendrées. Les points terminaux, si marqués chez Bruguieralis, sont remplacés par un liséré gris pâle, continu. Toute l’extrémité de l'aile est occupée par une plaque ou tachetriangulaire grise, qui ne laisse pas deton clair entre elle et le bord, Les lignes sont de la même

Metasix Olbienalis. 125 forme, mais la coudée est plus nettement éclairée de couleur pâle, qui s’étend en une tache claire entre les nervules de la médiane, et qui, à la côte seulement, prend un ton jaunâtre. Les ailes inférieures sont d'un cendré très-clair, à bord un peu assombri, mais sans points ; on n’y distingue aucun dessin, et le dessous des quatre est dans le même cas. Antennes comme chez Bruguieralis. »

« Découverte aux îles d'Hyères par M. Donzel. »

J’ajouterai que l’espèce appartient encore aux environs de Cannes où, en octobre 1867, j'ai pris au vol deux mâles passés, il est vrai, mais cependant reconnaissables.

La © de la Ste. Adelalis est encore inconnue.

Metasia Olbienalis, G\. VIIE, p. 251. Stgr., Cat. 61. (PI. 95, fig. 3 et 4.)

Tout en figurant cette Pyralite qui ne l’a pas encore été, je ferai connaître le ©, que n’a pas vu M. Guénée. Ce mâle de l’Olbienalis se rapporte à la description de la femelle du Species général, auquel je renvoie mes lecteurs. Cependant l’envergure du est sensible- ment plus petite que celle de la 9; elle n’est que de 12 mill., alors que celle de la femelle est de 18.

Les deux sexes de cette rare Metasia faisaient partie d’un envoi de lépidoptères que m'a soumis M. Himmighoffen; ils ont été pris en juin, aux environs de Barcelone (Espagne). L'espèce a probable- ment deux générations. J'ai capturé, vers les premiers jours d’oc- tobre 1867, près de Cannes, dans les hautes herbes, plusieurs exemplaires d’une Metasia passée que je rapporte vaguement à l'Olbienalis, Gn. Il n’y aurait rien d'étonnant qu’elle habitât ces lieux, puisque les deux femelles qui ont servi à la description de l'espèce proviennent des environs d'Hyères. (Gn., Species, p. 251.).

Mon cabinet: Un o” et une © en très-bon état de conservation, et plusieurs exemplaires frustes.

426 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. .

Stenia Canuisalis, Mir. (Species nova.) (PL 95, fig. 5 à 7.)

Les Stenia, Gn., représentent un genre nombreux, riche surtout en espèces exotiques ; celles de l'Europe, au nombre de neuf, appartien- nent toutes à ses contrées les plus méridionales. La Stemia nouvelle que je publie a pour patrie l’extrème midi de la France. Je n’aien- core pu, et je le regrette vivement, observer les premiers états (4) de cette espèce, qui est des mieux caractérisées.

Envergure : le o” 0", 018 à 0", 019 la $ 0”, 021 à 0",022

Cette Stenia a un peu la coupe d'ailes de la Bruguieralis. Les su- périeures sont lancéolées, obtuses à l’apex, de couleur sombre et opaques. Sur un fond brun de bois, les deux lignes principales, d’ex- tra-basilaire et la coudée, se détachent assez nettement en clair; Ja première est presque droite, fine et lisérée de brun foncé de chaque côté; la seconde, également fine et lisérée de brun foncé à droite et à gauche, présente un coude des plus caractéristiques. Ce coude forme un angle aigu externe placé diagonalement. Le centre de l’espace médian est occupé par un gros point discoïdal brun. Les franges, d’une longueur normale et entrecoupées de clair, sont précédées par une série de taches sagittées dont la pointe se projette intérieurement. Les ailes inférieures sont longues, brunes et traversées par une ligne arquée, étroite et claire. La tache cellulaire est également grandeet bien indiquée en brun, et, ainsi qu'aux ailes supérieures , la

ER EC II EEE 2

(1) Je soupçonne que la chenille de cette Pyralite nouvelie doit vivre sur le Lotus decumbens ? très-abondant dans les lieux j'ai rencontré l’insecte parfait.

Stenia Canuisalis. 497 frange est précédée d’une série de taches sagittées nervurales. En dessous, le dessin des quatre ailes est à peu de chose près la répétition du dessus ; ces ailes sont en outre lavées de jaune et légèrement lui- santes, et les nervures sont visiblement indiquées. Les antennes sont longues, effilées, moniliformes et brunes. Les palpes sont courts, droits, noirs en dessus et blancs en dessous. La tête est saillante, les yeux gros et noirs, le thorax est gris et concolore. L’abdomen est très-long, très-effilé et dépasse de beaucoup les secondes ailes ; ilest noir, annelé de blanchâtre et terminé par une pointe bifide. Pattes très-grêles, très-longues, grisâtres, avec deux paires d’éperons à chaque tibia des postérieures et une paire à chaque tibia des quatre autres pattes.

La © est sensiblement plus grande que le o”; si elle est tout aussi sombre que lui, ses ailes supérieures sont plus obtuses à l'apex, son abdomen est plus court, moins grêle, renflé au centre et aigu à l’ex- trémité. Les antennes sont plus fines, mais moins longues que chez le ©”. La coudée n’a pas non plus, aux ailes supérieures, la pointe diagonale aussi aiguë. La tache cellulaire est plus large aux pre- mières ailes que chez l’autre sexe, mais la tache des inférieures est

sensiblement plus petite. En dessous, les lignes et les taches sont moins accusées.

Cette Stemia inédite vole aux environs de Cannes, une première fois en mars et avril, et une seconde fois en septembre et octobre (1). Elle se tient pendant le jour dans les grandes herbes et parmi les plantes sous-ligneuses qui gærnissent les rochers des bords de la mer.

C'est entre Cannes et le golfe Juan que j'ai rencontré plusieurs fois les deux sexes de ce lépidoptère.

(4) Je l’ai reprise au crépuscule du soir, le 16 octobre dernier, mais alors l’es- pèce était fruste.

128 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. L ae *. FANGLE La Stenia Canuisalis (1) devra trouver place après la Bruguieralis, Dup., du Species général, et porter le 224 bis.

Nodaria (2) Hispanalis, Gx.

VIE, p. 64—Stgr., Cat. 937. (PL. 95, fig. 8.)

Cette race obscure semble au premier abord différer sensiblement de l'Hispanalis type. Cependant, en comparant cette nouvelle venue que je rapporte à la Var. À. du Species, bien qu’elle s’en éloigne par les ailes inférieures, on ne tardera pas à s'assurer que c’est bien la même coupe d'ailes, et que ce sont les mêmes lignes transversales que chez l'Hispanalis ordinaire.

J'ai sous les yeux deux sujets, un o”et une 9 ; ils mesurent:

Le o” 0,027. La 9 0”,030.

Les ailes sont grandes, un peu arrondies ; les supérieures sont épaisses, étroites à la base, d’un brun très-foncé, avec les lignes ordinaires noires, à peine distinctes du fond, tant celui-ci est obscur. La première des deux médianes est irrégulièrement continue, dentée; la seconde est arquée et plus régulièrement dentée que la précédente

(1) De Canuis, nom spécifique propre à rappeler la patrie de l'insecte. J'ai dit précédemment, lors de la description de la Psecudia, Var. Canuisella, p.294, pour quel motif Canuis, nom primitif de la ville de Cannes, ne doit prendre qu’un #.

(2) « M. H.-Schaeffer a confondu ce genre avec les Herminia, mais il m'a paru nécessaire de les en détacher ..L’aspect général de ces espèces, qui rappelle bien plus les Helia que les Herminies, leurs antennes, la disposition des nervules, ef surtout le mode d'insertion de l'indépendante, leurs ailes supérieures épaisses, à ligne subterminale toujours ponctiforme, les secondes, qui ne participent point aux dessins des premières, etc., etc, me semblent largement motiver cette sépa- ration. » Gn. VIII, p. 63.

Nodaria Hispanalis. 429

ligne. La subterminale est presque droite ; elle est composée de petits points nervuraux jaunâtres, accompagnés intérieurement de points noirs plus gros et un peu fondus. Le dernier des points clairs est plus gros que ceux qui le précèdent. La tache cellulaire est grande, noire, en forme de croissant dont les pointes se dirigent extérieurement. Les ailes inférieures sont enfumées, avec une ligne transversale arquée , fine, nébuleuse, ainsi que la tache cellulaire, qui est petite. En dessous, les supérieures sont très-sombres, avec la coudée bien écrite. Les inférieures ont la teinte du dessus, et on voit distinc- tement accusées les lignes transverses et la tache cellulaire. Les antennes sont noires, noduleuses au tiers, et très-grêles ensuite. Les palpes sont très-arqués, ascendants, noirs et dépassant la tête. Le thorax et l’abdomen sont très-sombres.

La 9 , qui est un peu plus grande que le o”, a les ailes supérieures plus arrondies à l’apex et un peu moins sombres. Les inférieures ne sont plus que d’un gris fuligineux.

Il est fâcheux que je n’aie encore rien appris des mœurs de cette espèce, qui m'a été envoyée par M. Himmighoffen, de Barcelone.

Cette Nodaria, à peine connue, vole en juin dans les lieux monta- gneux et herbus des environs de Barcelone, et une seconde fois en automne.

C'est M. Lorquin qui a rapporté du midi de l'Espagne le o” de l'Hispanalis, qui a servi à la description de l'espèce et qu’on n'avait pas retrouvée jusqu’au jour M. Himmighoffen l’a reprise au nord de l'Espagne.

Coll. Gn. : deux ©.

Coll. Mill. : un o’et une Q@

Obs. Ces deux derniers sujets sont d’une conservation telle qu'on les croirait obtenus ex larvd.

430 CHENILLES ET LÉPIDOLTÈRES INäBITS.

Lobesia Stnticeana, Mi

(Species nova.) (PI. 95, fig. 9 À 14)

CHENILLE.

+

Elle est allongée, fusiforme, plissée transversalement, d’un jaune verdâtre très-clair, lavée de carné sur les trois ou quatre premiers anneaux et les deux derniers. Le premier segment est recouvert d’une plaque écailleuse, noirâtre, luisante, partagée par un fin sinus. Sur le dernier anneau on voit difficilement une plaque écailleuse concolore. Le tube intestinal est indiqué en verdâtre foncé, mais il n’existe pas d'autre ligne en dessus et en dessous. On distingue cepen- dant sur les côtés une légère carène plus claire que le fond. La tête est petite, cordiforme, noire et luisante ; les pattes écailleuses sont également noires; les huit pattes ventrales et les deux anales sont d’un vert clair.

Cette larve semble vivre uniquement sur le Sfatice cordata, L., petite plante sous-ligneuse qui croît sur les rochers du bord de la mer situés entre Cannes et le golfe Juan, et qui existe aussi sur les falaises calcaires des îles de Lérins.

La chenille commence à paraître en avril, en même ie que les fleurs du Statice, dont elle lie les rameaux pour former des petits pa- quets qu’elle agrandit à mesure qu’elle se développe. Sa croissance est lente ; elle a lieu du commencement d'avril à la fin de mai, ou les premiers jours de juin, époque à laquelle cette petite larve descend de la plante qui l’a nourrie pour se métamorphoser, après avoir formé une coque papyracée qui adhère solidement soit à la base de la plante, soit à un corps solide du voisinage.

La chrysalide ne présente rien de remarquable.

Lobesia Staticeana. 131

L'étai léthargique est fort court; en effet, dix à douze jours après la transformation de la chenille, la petite Lobesia éclot dans la mati- née, parée de ses vives couleurs.

INSECTE PARFAIT.

Envergure, 0",011 à 0",012.

Cette jolie Tortricide est assez voisine, pour la taille et la coupe d'ailes, de la Littoralis, Curt. (Venustana, Dgl. = Hibernana, Stgr.); mais cependant il n’est pas besoin d'un long examen pour reconnaitre en quoi elle différe de cette Lobesia.

Les quatre ailes de la Staticeana sont relativement allongées; les supérieures coupées presque carrément à l'extrémité, avec le fond d'un gris de perle luisant, un peu jaspé, sur lequel tranchent trois larges bandes transversales d’un brun clair rougeûtre, ainsi disposées : première occupe le quart de l'aile et le recouvre complètement ; la seconde prend la place de la ligne coudée ; elle est également ap- Puyée à la côte et à la base de l'aile; elle est étroite au sommet, salie d’atomes foncés, et présente à son milieu un angle externe des plus saillants, taché de noirâtre. L'espace subterminal laisse voir un dessin très-tourmenté, entouré d’un filet clair qui ne descend pas jusqu’à l'angle interne. La frange participe de cette couleur brun clair rou- geâtre. Quelques taches également brun clair se voient encore à la nervure costale. Les ailes inférieures sont grises, luisantes, sans des- sins, avec la frange soyeuse. En dessous, les supérieures sont légère- ment enfumées ; on ne voit aucun des dessins du dessus, si ce ne sont quelques points blanchâtres à la côte; les inférieures sont semblables au dessus. Les antennes sont courtes, épaisses, moniliformes. Les palpes sont longs, décumbents, blanchâtres. La tête et le thorax sont brun rougeâtre. L’abdomen, qui dépasse les ailes inférieures, est gris de perle et annelé de brun; la poitrine et les pattessont blanehâtres.

La © ressemble au o”, bien qu'un peu plus petite.

La Lobesia Staticeana, dont l'existence est très-éphémère, ne

RSA CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES 1NÉBITS.

s'éloigne guère de la plante qui à nourri sa chenille. Les œufs que la 9 dépose à l’aisselle de ses petits rameaux ne doivent éclore qu’au printemps de l’année suivante. Cela doit être ainsi, car les jolies fleurs bleuâtres du Statice cordata se flétrissent rapidement à leur exposition au Soleil de la Provence, sans nul abri contre ses rayons. Dès le mois de juillet, la dernière des fleurettes du Sratice est dessé- chée, et toutes ses feuilles sont devenues coriaces.

La Lob. Siaticeana, dans le Catalogue Stgr., portera le 883 bis.

Fielanippe PFermixéaria, Herr.-Scn., Fig. 515 —Led. Gn., X, 1550. —Stor., 562. (PI. 95, 15 et 16.)

Voici deux WMelanippe européennes dont l’une, la Permixtaria, était à peine connue. Elle avait été considérée comme étrangère à, l’Europe jusqu’au jour où, ainsi que je vais le dire, elle fut retrouvée en France. L’autre espèce, qui se rapproche beaucoup de lapremière, est inédite.

C'est M. Fallou père qui a découvert la Melanippe Permixtaria, H.-S., dans les gorgés de Tarn (Lozère), lors de l’excursion annuelle de la Société entomologique de France, en juin 1863, voyage scien- tifique dont a rendu compte notre collègue M. Ch. Oberthur (séance du 9 mars 1864). Avant l’époque précitée, cette phalénite n'avait été rencontrée qu'aux environs de Beyrouth (Syrie); elle appartient donc aujourd'hui à notre faune française.

Pour la description de la Permixtaria, je renvoie au Species géné- ral; X, p. 404, il est très-judicieusement dit qu’elle fait le passage au genre Anticlea.

Les deux sujets &’et 9 que j'ai devant moi appartiennent au Ca- binet de M. Lederer. Cet obligeant collègue me mande qu'il en a pris au filet, près de Beyrouth, quarante exemplaires qui ne varient pas.

Melanippe Bulgariata 433

Obs. Au dernier moment, j'ai fait une visite à la collection Donzel , car j'avais un vague souvenir d'y avoir vu la Permixtaria; en effet, je pus reconnaître qu'il existe dans cette collection deux individus o” et 9 de la Melanippe Permixtaria, H.-.S., parfaitement conservés, avec une étiquette de la main de Donzel lui-même, portant, à tort: Larentia Molluginata ? et, au dessous : Greouls. Juin 1830.

Ainsi qu’on le voit, la Permixtaria, qu’on pensait, il y a peu d’an- nées, étrangère à la France, y a été rencontrée pour la première fois il y a près de quarante ans.

Melanippe Balgariata, Mi.

(Species nova.)

(PI. 95, fig. 17 et 18.)

Elle est très-voisine de sa congénère, la Permixtaria, dont elle a le port; cependant, en comparant les deux espèces en nature, on peut reconnaitre facilement en quoi elles différent l’une de l’autre. Ce qui, au reste, doit faire accepter mon opinion à cet égard, c’est l'avis de M. Lederer lui-même qui, dans sa lettre du 27 novembre 1867, me dit que précédemment cette espèce avait été considérée et annoncée par lui comme étant une variété de la Permixtaria. (W. Ent. Meuh., VII, p. 41); mais à tort, ajoute ce savant.

M. Lederer a bien voulu me communiquer les deux sexes de la Bulgariata pour faire représenter comparativement cette espèce nou- velle avec sa voisine la Permixtaria. |

La Melan. Bulgariata est plus petite que sa congénère d’un quart environ, son aspect est généralement plus clair et plus chaud; les li- gnes brunes et grises sont moins accusées ; les dessins, celui surtout qui limite intérieurement l’espace médian, sont d’une forme différente, mais le caractère distinctif le plus saillant est, aux ailes supérieures, la ligne transversale brune qui touche le point cellulaire, laquelle

134 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIYS.

est simplemeut arquée chez cette nouvelle espèce, « tandis que cette ligne fait un profond sinus à son dernier tiers dans la Permixtaria » (Led.) (1); de plus, cette ligne transverse est toujours moins oblique que chez celle-ci.

Les ailes supérieures dela Bulgariata sont blanchâtres et marquées des lignes ordinaires propres à ce groupe de Melanippe. L'espace compris entre la base de l'aile et le point cellulaire qui est grand et brun, est occupé par cinq à six lignes serrées, tremblées , brunes et rougeâtres. Ce faisceau de lignes transversales s’arrondit en arc, comme je l’ai dit, et ne forme pas d’angles sensibles. Le bord subter- minal, au lieu d’être d’un brun foncé presque noir, est d'un gris lavé de rougeâtre. Sur les secondes ailes, les lignes fines, brunes, gémi- nées, sont à peine marquées.

Le dessous laisse voir en partie les lignes et taches du dessus, ex- cepté pourtant celles de la base des supérieures. On voit, mais à peine, Je point cellulaire aux quatre aies; sur celles-ci on peut distinguer les petites lunules marginales noires. Les antennes sont filiformes ; le thorax est assez robuste et participe de la couleur des pres ailes. L’abdomen est d’un blanc jaunâtre.

La © est un peu plus petite que le &; cependant les lignes trans- versales paraissent plus larges; c’est ce qui leur donne un aspect plus foncé que chez l’autre sexe. L’extrémité des quatre ailes est lavé d’ochreux clair.

Cette Melanippe nouvelle provient des environs de Slisseno, en Bulgarie.

Il est fâcheux qu'on ne sache encore rien des premiers états de la Bulgariata, laquelle portera dans le Species général le n°1550 bis.

(1) Ge caractère, qui est immuable, doit {trancher la question.

Geometra Volgaria. 135

Geometra Volgarina Prasinaria, Evers.

—Gn., IX, p. 344 = Prasinaria, Evers. Bull. Mosc., 1837, p. 52. Faun. Ural. p. 369. Sigr., Cat. 8.

(PI. 96, fig. 1.)

M. Staudinger, qui vient de me procurer cette espèce, la considère comme une simple variété de la Smaragdaria (1). :

Etant à même de comparer les insectes en nature de ces deux Geometra, mon opinion est que la Prasinaria Evers est distincte de la Smaragdaria, par les raisons suivantes. Elle est d’un tiers plus pe- tite que sa congénère, et la coupe d'ailes présente des différences ap- préciables, et que voici : l'apex des supérieures est plus aigu, l'angle interne plus arrondi et les ailes inférieures moins longues que chez la Smaragdaria. Non-seulement les lignes blanches des supérieures sont beaucoup plus larges, mais leur direction n’est plus la même; ces lignes sont, en effet, plus obliques et moins rapprochées au bord interne. Le point cellulaire blanc est aussi remarquablement plus gros aux quatre ailes. Enfin, les inférieures, presque entièrement blanches, ne sont lavées de vert d’eau qu’à l’angle abdominal. On voit sur ce fond une ligne subterminale fine, déliée, continue, nettement indiquée en blanc. La teinte générale des ailes supérieures est le vert pomme très-clair. Les antennes et l’abdomen sont entièrement blancs.

Il est probable que la 9 , que je ne connais pas, s'éloigne autant de la Smaragdaria que le o” en diffère.

Cette Phalénite provient de la Russie méridionale.

Mon cabinet : un © ex larv. |

(1) « Bien que je ne l’aie pas vue, nous dit l'auteur du Speries, et que M. Eversmann ait changé d'opinion 4 son sujet, je pe puis croire qu'elle ne soit qu’une simple variété de la Smaragdaria. » (Gn. IX, p. 344.)

436 CHENILLES ET LÉPIDUPTÈRES INÉDIS.

Nemorina Faustimata, MiL. (Species nova.)

(PI. 96, fig. 248.) -

-

Voici une nouvelle espèce qui vient augmenter le genre déjà nom- breux de ces intéressantes Géomètres du genre Nemoria presque tou- tes rares, très-localisées et d’une recherche difficile. Si, jusqu’à ce jour, certaines espèces de ce genre ont été confondues, c’est sans nul doute parce que leurs chenilles n’avaient point encore été observées. On peut même dire que parmi les Nemoria européennes de M. Guenée, aucune de leurs larves n’est encore authentiquement connue et publiée. Cependant, les généralités exposées dans le Species, d’après la chenille d’une seule espèce exotique de ce genre, s’accordent assez bien avec les observations que j'ai recueillies moi-même.

CHENILLE.

Les œufs de la N. Faustinata sont sphériques, déprimés et d’un bleu d’azur, mais ils brunissent peu de jours après.

La chenille provenant de la seconde ou de la troisième généra- tion doit éclore vers la fin de l'été ; elle indique dès alors ce qu’elle sera lorsqu'elle aura atteint toute sa croissance. En octobre elle est encore fort petite. Elle ne mange rien ou presque rien pendant les mois de novembre, décembre et janvier, et ce n’est guère qu’en février qu'elle recommence à se nourrir. Elle n’est parvenue à son entier développement que vers la fin de mars ou les premiers jours d'avril, époque elle se transforme dans la mousse ou parmi les feuilles sèches (4).

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(4) Ce n’est que rarement que la métamorphose à lieu dans les feuilles de l'ar- buste qui a nourri la chenille.

Nemoria Faustinata. 437

Arrivée à son entier développement, la chenille de Faustinata est mince, effilée, cylindrique, bien que sensiblement atténuée antérieure- ment. Sa peau, vue à la loupe, paraît rugueuse et grossièrement cha- grinée. Elle est d’un vert mat un peu blanchâtre, avec la tête petite, bifide et le premier anneau relevé en pointe. La ligne vascu- laire, qui est bien indiquée, aux incisions surtout, est plus ou moins vineuse et interrompue sur les 7°, et segments, con- tinue sur les 3°, et 5°, ainsi que sur les trois derniers. Cette ligne vineuse est, sur les anneaux du centre, cerclée de blanc par en haut et sur les cotés, ce qui la fait paraître d’autant plus. On ne voit nulle trace des sous-dorsale et stigmatale ; à la place de la première de ces lignes, il existe, de chaque côté, des chevrons plus foncés, mais qui ne sont pas toujours bien visibles. Le ventre est concolore et sans lignes. Le clapet anal est formé, mais petit et teinté de vineux sur les bords. Je n’ai pu distinguer les stigmates. La tête et le premier anneau sont d'un vineux plus ou moins obscur. Les pattes écailleuses sont lon- gues, robustes et vineuses; les autres vertes, avec la couronne vineuse et rayée de blanchâtre perpendiculairement.

Quelques chenilles sont entièrement d’un vineux plus ou moins foncé, mais comme enfarinées par places.

L'espèce qui se tient presque toujours à découvert sur la plante qui la nourrit conserve, au repo:, soit une rigidité absolue, soit une courbure antérieure du corps.

Contre l'ordinaire de plusieurs larves congénères, celles des Veridata, L., et Pulmentaria, Gn., dont je parlerai dans un instant, la chenille de Faustinata passe l'hiver, mais alors elle descend près du sol, ou se cache parmi les feuilles sèches. Elle ne mange rien ou presque rien pendant les mois de novembre, décembre et janvier ; et ce n’est qu’en février qu’elle recommence à se nourrir. Elle n’a atteint son entier développement que vers les premiers jours d'avril, époque elle se transforme dans la mousse ou parmi les détritus vègétaux qu'elle réunit au moyen de quelques fils de soie.

Cette larve, qui m’a été procuréé par M. Himmighoffen, vit uni-

138 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIIS.

quement, m'écrit ce naturaliste, sur le romarin officinal des environs de Barcelone, grand arbuste qui fleurit pendant tout l'hiver et le printemps. Elle n'en attaque que les fleurs, parmi lesquelles elle se tient tout-à-fait dissimulée ; cependant, lorsque ces fleurs lui manquent, elle s’accommode des feuilles récemment développées du romarin.

Les chenilles de ia Nemoria Faustinata sont attaquées fort souvent par un petit Ichneumon, dont les larves en détruisent un bon nombre.

La chrysalide est ordinairement placée la tête en bas; elle est d’abord d’un vert sombre, passe ensuite au jaune verdâtre, etsur l'enveloppe des ailes on distingne, ainsi que chez la chrysalide de l’Aspilates Citraria (pl. 74, fig. 4), les nervures indiquées en brun foncé. On voit, en outre, sur les anneaux de l'abdomen une grosse tache latérale brune qui se prolonge jusqu’à la pointe.

L'éclosion de la phalénite a lieu du 10 au 20 mai, et toujours à partir de neuf à onze heures du soir. Elle est beaucoup plus vive et vole bien davantage que ses congénères Viridata, Pulmentaria et Aureliaria, et, comme les écailles de ses ailes tiennent à peine, il est difficile d'obtenir ce lépidoptère en bon état, bien qu’élevé de chenille. |

INSECTE PARFAIT.

Envergure : le ©” 0°,93 à 0",24 ; 1219 0796" 0727.

Cette Nemoria esi un peu plus grande que ses voisines la Viri- data et la Pulmentaria, et sa coupe d'ailes est relativement plus large. Par ce dernier caractère la Faustinata se rapprocherait de l’Aurelia- ria, Mill. par l’envergure seulement. Mais ce qui distinguera toujours cette nouvelle espèce de ses congénères, ce sont les lignes transverses des quatre ailes qui, au lieu de se détacher en blanc ou blanchâtre, -sont au contraire invariablement indiquées en vert plus accusé que

le fond. La couleur des ailes, qui rappelle assez le vert des espèces du

Nemoria Faustinata. 439

même genre, teinte qui, de même que chez les Viridata et Pulmen- taria, s'est légèrement obscurcie par la dessication de l'insecte, la couleur, dis-je, est d’un vert myrte clair présentant de très-fines stries blanchâtres assez mal indiquées, avec deux lignes médianes et transverses aux ailes supérieures d’un vert foncé, presque droites, bien que formant des petits angles à droite et à gauche. La coudée surtout en présente deux plus saillants que les autres ; le premier dont la pointe externe est placée à la hauteur de la seconde nervure ; le second angle dont la pointe interne est à la hauteur de l’avant- dernière nervure. Le point cellulaire est grand ; il touche à la ligne basilaire. La côte aux supérieures est légèrement teintée de jaunâtre. Les ailes inférieures sont larges et sans aucune trace de l’angle exté- rieur; elles présentent deux lignes transversales également d’un vert foncé. La première de ces lignes est à peine indiquée au bord supé- rieur de l'aile ; la seconde ligne forme un renflement extérieur sen— sible aux deux tiers de sa longueur. Les franges aux quatre ailes sont longues et concolores. Le dessous des ailes est d’un vert d'eau très- clair et sans aucune ligne ni point. Les antennes sont très-légèrement ciliées, médiocrement longues, blanchâtres à la base et rougeûtres à l'extrémité. Les palpes et le front sont rougeûtres; les yeux noirs ; le vertex est blanc ; le thorax concolore, ainsi que le dessus de l’abdo- men; celui-ci est en dessous d’un blanc satiné avec l’extrémite fauve. La poitrine et les pattes sont blanches; les postérieures, chez les deux sexes, sont garnies, aux tibias, d’une paire d’éperons.

La 9 est un peu plus grande que le ©”, d’un vert tout aussi foncé que lui, avec de légères stries blanchâtres. Les lignes transverses se distinguent aussi nettement que chez leo”. Le dessous des quatre ailes est également très-clair et n’a pas deligne.

J'ai dit que la N. Faustinata élait originaire des environs de Barcelone (Espagne), chaque année M. Himmighoffen l'élève de chenille.

Je n'ai point encore remarqué cette jolie phalénite dans le dépar- tement des Alpes-Maritimes; cependant je conserve l'espoir de l'y

440 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

- . A . La rencontrer, car le romarin, qui croit en abondance et spontanément sur quelques points de son territoire, doit y nourrir sa chenille (4).

Nemorisa Pulmentaria, G\.

IX, p. 349. Sigr. Cat., 20.=— Cloraria Dup., V, p. 549, pl. 210, fig. 4. Tr. Sup., p. 177. Zell. Isis, 1847, p. 486 et Ent. Zeit, 1849, p. 203. Bdv., 14424. Herr.-Sch., p. 10 et Sup. p. 62 et 63, fig. 362. (non Hb.)

(PI. 96, fig. 9 à 12.) CHENILLE.

L'œuf est ovolaire, sensiblement déprimé en dessus et en dessous, d’un vert glauque pâle, passant au vert jaunâtre six ou sept jours après avoir été pondu. La chenille grossit rapidement; en été, vingt à vingt-cinq jours lui suffisent pour arriver à son entier développe- ment. Elle est longue, atténuée antérieurement, sans carène latérale, très-plissée transversalement, avec la tête et le premier anneau bifi- des. Ce dernier, vu de très-près, présente plutôt deux pointes se divi- sant elles-mêmes en deux plus petites, mais ce caractère n’est pas constant. La vasculaire, la seule des lignes existantes, est très-large, continue, vineuse ou mieux d’un carminé obscur. Les pointes de la tête, celle du premier anneau et les pattes écailleuses sont de cette même teinte carminée obscure. Vue à la loupe, cette larve parait . pointillée de blanchâtre sur tout le corps, lequel est d’un vert clair un peu bleuâtre. Le ventre n’est marqué d’aucune ligne. Les pattes anales, très-rapprochées les unes des autres, sont verdâtres et tein—

(1) La plupart des Nemoria sont, comme je crois l'avoir déjà dit, étroitemeny circonscrites ; le tout est de découvrir le lieu de leur retraite.

Nemoria Pulmentaria. A tées de vineux à la couronne ; les stigmates sont d’un rougeûtre

pourpré; les côtés des pointes du premier segment et les incisions sont jaunâtres.

L'espèce est parfois d’an jaune serin vif, ou entièrement blanche si les fleurs dont elle se nourrit sont de cette couleur.

Cette chenille, qui est le plus souvent rigide dans sa pose, et.qui se tient toujours à découvert, vit en automne sur plusieurs espèces d'om- bellifères. Ce sont les Buplerum, Seseli, Anthriscus, Fœniculum, etc., sur lesquelles plantes herbacées M. Staudinger, M. Poulin, deGenève, et moi l'avons trouvée assez abondamment, dans la première quin- zaine d'octobre (1), à Celles-les-Bains (Ardèche). Elle m'a paru très- localisée ; je l’ai encore trouvée aux environs d'Hyères, et au Grand- Pin, près de Cannes, sur le Lotus hispidus.

À la fin de juin, j'ai reçu de Bastia, par les soins obligeants de M. Mabille, six chenilles de la Pulmentaria rencontrées sur le Buple- rum fruticosum, L. qui croit spontanément en Corse. Ces chenilles diffèrent légèrement du type ; presque toutes n’ont plus la vasculaire de couleur vineuse et tranchante ; cette teinte a passé au vert foncé ; la couleur de la tête et des pattes est assez celle de l'espèce ordinaire. Ces six chenilles se sont métamorphosées et sont écloses du 10 au 45 juillet. |

Enfin, je n’ai jamais remarqué la Pulmentaria dans le Lyonnais, je fais de l’entomologie depuis près de vingt-cinq ans.

Cette larve construit une coque légère en réunissant quelques brins de mousse ou des feuilles sèches, se transforme bientôt, et, sous cet abri, passe l’hiver à l’état de nymphe.

La chrysalide est allongée, à fond gris verdâtre, avec l’enveloppe des ailes marquée de quelques lignes longitudinales foncées.

oo,

(1) Ce devait être la chenille de la 4e ou la génération, comme aussi la dernière de l'année.

#42 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS, _

INSECTE PARFAIT. Envergure : 0,024 à 0,025.

La N. Pulmentaria est assurément une espèce distincte, mais lors- que M. Guenée lui donne, dans son Species, IX, p. 349, pour couleur le vert jaunâtre, je crois que ce savant n’a vu que des sujets qui ont volé ou qui étaient anciens en collection.

Cette phalénite est, au moment de l’éclosion, d’un vert glau- que, un peu bleuâtre, et ce qui la distingue de ses congénères, avec lesquelles on pourrait encore la confondre, ce sont, indépen— damment des lignes médianes blanchâtres et bien marquées qui traversent les ailes, de nombreuses stries claires qui recouvrent toute leur surface ; caractère invariable (1) qui suffirait pour en faire une espèce séparée, alors que la connaissance de sa chenille ne viendrait pas nous le prouver.

La N. Pulmentaria, qui a quatre ou cinq générations, est com- mune dans l’Ardèche; elle ne paraît pas rare en Corse.

Obs. Cette espèce s’accouple facilement en captivité ; de plus, elle est douée d’une remarquable fécondité pour une phalénite; en effet, l’une de ces Pulmentaria, placée séparément après l'acte copulatif, a pondu jusqu’à 138 œufs qui sont éclos huit jours après.

(1) Ce caractère est partagé, bien que faiblement, par ma nouvelle Nemoria, la Fauslinata; cependant, en outre de ce que cette dernière possède des lignes transverses indiquées en vert foncé, la coupe d'ailes est, ainsi que je l'ai fäit obser- ver, bien différente de celle de la Pulmentarig. Je dirai encore que les chenilles de ces deux espèces différent entre elles par la forme, la couleur et par les mœurs. Enfin, il me suffira de rappeler que si la chenille de la Faustinata passe l'hiver, celle de la Pulmentaria et celle de la Viridaria demeurent toujours pen dant cette saison sous leur état léthargique.

Nemoria Viriduta. 443

Nemoria Viridata, L.,

230. Scop, 530. W.-V.—B., 7.— Fab., 147.— Bork., 18. 0 Hb., 1. —Tr., I, p. 407. Dup., IV, p. 246, pl. 151, fig. 4. Step., IE, p. 316. Wood., 734. Bdv., 1423. Herr. Sch., p. 10, et sup., p. 63, fig. 567.— Lah., 5. Gn., IX, p. 346.

Stgr., Cat., 16. = Vernaria, Haw., p. 300. (PI. 90, fig. 13 à 15.)

CHENILLE.

Elle est verte, assez longue, mais relativement moins que les larves des deux précédentes Nemoria. Elle est atténuée antérieurement, carénée sur les côtés, rugueuse vue de très-près, à tête bifide, à pre- mier anneau bifide. Les pointes de la tête, celles du premier segment, ainsi que le troisième article des pattes écailleuses, sont d’un vineux clair. La ligne vasculaire est indiquée en un trait carminé vineux sur les quatre premiers et les trois derniers anneaux. Les segments intermédiaires sont, sur chacun d’eux, marqués au centre d’un losange d’un carminé plus ou moins obscur. Les pattes anales sont du même vert que le fond. Les stigmates sont très-petites et rougeâtres : on ne peut les distinguer qu'à l’aide d’une bonne loupe.

La chenille de la Viridata, de même que celles des espèces congé- aères que j'ai observées, est lente dans ses mouvements, vit assez communément dans les lieux bas des environs de notre ville, sur l'Ononide épineuse (Ononis spinosa, L.) dont elle dévore les fleurs préférablement aux feuilles.

Cette larve vit toujours à découvert, grossit très-vite, ne mange que la nuit, et, pendant le jour, se place au centre d’un groupe de fleurs, parmi lesquelles il est fort difficile de la distinguer. C’est au pied de la plante, dans les feuilles sèches, qu’elle forme une coque légère la transformation a bientôt lieu.

L44 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

La chrysalide est allongée, rougeâtre et marquée sur l'enve- loppe de la poitrine et de l’abdomen d’un petit trait brun sur chaque segment.

L'état léthargique. est court si l'insecte appartient à la premiére génération; sa durée n’est alors que de trois ou quatre semaines; si au contraire Ja chenille à vécu en automne, elle. passe l'hiver en chrysalide. |

INSECTE PARFAIT,

Envergure : 0",022 à 0°,024.

La N. Viridata paraît à deux époques, en juin et en septembre. Elle n’est pas rare dans nos environs, sur les bords du Rhône croît en abondance la plante qui nourrit sa chenille. Elle vole au crépuscule, et quelquefois pendant le jour. Je l’ai prisé dans une prairie humide du Haut-Bugey, croissait l’Ononis spinosa, volant avant le coucher du soleil. Depuis, en 1864, j'ai repris très-abondamment la Vüiri- data à la fin de mai, aux environs d’Ax-sur-Arriége, le type m'a paru grand et d’un vert plus vif que celui du Lyonnais.

Nola Thymula. | (5)

Avant de clore cette livraison, je fais observer que, dans la pré- cédente, lors de la reproduction de la chenille de la Nola Thymula (PL. 85. fig. 11.), mon dessin n’a pas été exactement copié. En effet, cette chenille doit être moins atténuée postérieurement, et, chose plus importante, elle ne doit avoir que trois paires de pattes mem- braneuses au lieu de quatre qui sont indiquées par la gravure.

146 EXPLICATION DES PLANCHES@

EXPLICATION DES PLANCHES De la 24e Livraison (1868).

PLANCHE 98.

EXPLICATION DES FIGURES.

I. Fig. 1. Chenille du Satyrus Fidia, L. 2. Chrysalide. 3. Insecte parfait. 4, OEuf fortement grossi. IL. Fig. 5. Chenille de la Leucania Hispanica, BELL. à » » » » (Var.) 7. Insecte parfait 9. III. Fig. 8. Chenille de l’Agrotis Ashworthü, DBLn. 9. > op » » (Var.)

- 40. Chrysalide. 41. Insecte parfait ©. Tige fleurie de Piptaterum multiflorum ? L.

ES = 1

EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 94.

EXPLICATION DES FIGURES.

L.

Fig. 4. Thais Polyxena, H. (Var.) Ds » v II.

Fig. 3. Vanessa Antiopa, L. (Var.)

IL. Fig. 4. Hepialus Humuli, L. (Var. A). G: » » (Var. B). D » (Var. C). IV. Fig. 7. Bombyx Rubi 9, L. (Var.) .

Fig. 8. Lasiocampa Potatoria ©, L.(Var.)

148 EXPLICATION. DES PLANCHES. @

PLANCHE 95. EXPLICATION DES FIGURES.

LR Fig. 1. Stenia Adelalis o”, GN. D » ir: Fig. 3. Metasia Olbienalis ©”, GN. »' » °. IE. Fig. 5. Stenia Canuisalis ©", Mizx. 2 D » “JE 74:08 » c. IV. . Nodaria Hispanalis. GN. V. Fig. 9. Chenille de la Lobesia Staticeana, Mi. 40.» 913 descendant à terre pour se transformer. IL. nb » à moitié hors de sa retraite. 42. Chrysalide. 43. Insecte parfait. 14. Aile antérieure grossie. VE. Fig. 15. Melanippe Pernuxtaria. HERR.-SCH. 16. » »

QC

Fig.

VII. Fig. 17. Melanippe Bulgariata, Mer. 18. » » Tige fleurie de Statice cordata, L.

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

EXPLICATION DES PLANCHES, 419

PLANCHE 96.

EXPLICATION DES FIGURES.

E

4. Geometra Volgaria-Prasinaria ©. EVERS. Il.

2. Chenille de la Nemoria Faustinata, MizL.

3. » » » (Var.)

4. » » »

5. Chrysalide.

6. Insecte parfait o”.

; SE : NC 10.

8. » “St ©

Branche fleurie de Rosmarinus officinalis, L. II.

9. Chenille de La Nemoria Pulmentaria, GN. : 10. » » » vue de dos. 41. Chrysalide.

12. Insecte parfait.

14. 15.

Tige fleurie de Buplerum falcatum ?

IV. . Chenille de la Nemoria Viridata, L. Chrysalide. Insecte parfait.

Branche fleurie de l'Ononts spinosa, L.

EL LR + Frs ne, * NE ; { a { £ 3 BAREOTS rte d ii és A »

Annales de la Societe Luneenne- de Lyon : 21° Liv. Année 1868, 1.93.

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P Milière et Poujade p! Jogues pl.p! Debray se L 7 : P?:) : I za4, S'aéyrus Fidia, Z. IL. 8 à 7, Leucante Hisparica, Bell.

Il, # à 2, Agroks Ashavorllué, Dbtd

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Annades de la Societé Linméenne. de Lyon . Liv. Année 1868. Pl, 96.

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P Milière et Poujade p! Voqueg pl. p*

Lzret 2, Steria Adelalis, 6n. Il. 3 et 4, Metasia Olbienalis, Gn. II. 5 a 7; Jd'étenia Canuasalis, Mill. IV. 4, Nodaria fHispanalis, En V. 9 à 14, Loberrta Wtaticeana, Mi. VI. 28 et16, Melanippe Permértaria, Her.- Soh.

VII, 17 et 18, Melanipre Budgarrata, Mill. 7 c

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Annales de la Socièté Lüumeenne de lyon. af Liv.

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L 7, Geometra Volgarta -Prasinariæ, Evere. IL 2 à 8, Nemorrta. Faustinata, Mi . Il. 9 &12, ul. Pulmentaria, 6n.

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Année 1868, PL, 06.

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ICONOGRAPHIE ET DESCRIPTION

DE

* CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES

INÉDITS

PF. MILLIÈRE.

VINGT-DRUXIÈME LIVRAISON

Présentées à la Société Linnéenne de Lyon, le 9 mars 1868.

nn NU ae es

Grgyia Ledereri, Mir. (PI. 97, fig 1ct2,)

(Species nova.)

À la première‘vue on prendrait ce Bombycide inédit pour une phalénite ; cependant M. Lederer, de Vienne, en Autriche, avant de me confier deux mâles de cette Orgyie, a dénudé les ailes du dernier o” qui lui restait, et a reconnu, à ne pas en douter, que la nervulation était bien celle des Orgyia propres. C’est ce dont cet entomologiste distingué a bien voulu m’informer dans sa lettre du 9 décembre 1867.

Je n'hésite donc pas à considérer ce lépidoptère comme une véritable i

452 CHENILLES Et LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. Orgyia, en attendant que la connaissance de la get celle de la che- nille nous en fournissent la preuve irrécusable.

CUS LE Envergure : 0",32 à 0,33.

Les ailes sont grandes, bien développées , prolongées à Papex, entières, épaisses, d’un noir fuligneux mat. Les supérieures sont traversées par l’espace médian qui est d’un noir plus profond ; il est limité par les deux lignes principales qui sont très-noires et pro— fondément dentelées; la première, l'extrabasilaire, est presque droite; la seconde présente un coude arrondi prononcé. Une éelaircie partant de la côte, limite le coude extérieñrement. La tache cellulaire se présente sous forme d’un croissant allongé, étroit, plus clair que le fond, arrondi aux extrémités, étranglé au centre, et limité par un filet noir. Les secondes ailes, dont l’angle interne est prononcé, ne présentent aucun dessin. Les ailes en dessous sont d’un noir mat, lavées de jaunâtre et la ligne coudée du dessus y est faiblement indi- quée en roussâtre. Bien qu’en dessus on ne distingue aucune bande aux inférieures, on voit en dessous une large lignée subterminale roussâtre très-arquée qui les traverse en presque totalité. Les ner- vures sont aussi indiquées en roussâtre ; les franges, aux quatre ailes, sont finement entrecoupées de noir ; les antennes sont médio- crement longues, pectinées, noires, avec la hampe annelée de gris clair. Le thorax est noir et l'abdomen qui dépasse les ailes inférieures, est écalement noir et recouvert de rares poils grisâtres assez longs. Les pattes sont médiocrement longues, noires et munies de très- petits éperons. |

L'un des deux mâles qui servent à ma description, est dans un état de parfaite conservation. 3

La © est encore inconnue; elle doit être aptère ainsi que toules celles des espèces congénères. )

Découverte récemment en Sicile par M. Benoît , lépidoptériste de Messine, cette Orgyia fut envoyée à M. Lederer qui seul doit la pos- séder. On ne sait encore rien de la chenille qui, espérons-le, ne - fardera pas à être connue, et, avec elle, la © del’insecte adulte.

Acidalin Isabellaria. 153

Je dédie cette Orgyia nouvelle au savant lépidoptériste viennois, M. Julius Lederer.

La Ledereri est la plus grande des Orgyia ; je la placeen tête de ce genre; elle précédera donc l’Aurolimbata, Gn. et, dans le Cat. Stgr., elle portera le 193 bis.

Cabinet Lederer : 3 ©”.

Acidalia Isabellaria, Mix. (PI. 97, fig. 3 et 4.)

(Species nova.)

Envergure : 0",017.

Elle à un faux air de la Rubricata, S. V. dont elle présente assez bien la coupe d’ailes et la couleur générale ; cependant elle diffère de cette Acidalia par des caractères essentiels, tels que : les ailes moins allongées et moins aiguës à l’apex, les lignes des quatre ailes sensiblement festonnées ; la coudée entre autres montre un coude bien formé, tandis qu’il n'existe jamais chez la Rubricata ; les palpes et le vertex blancs, etc. Cette nouvelle Acidalie présente bien les lignes de l’Acid. Submutata, Tr., mais elle s'en éloigne aussi par sa taille plus petite, ses ailes plus arrondies et surtout par ses antennes faiblement pectinées.

Les quatre ailes de l’fsabellaria sont épaisses, mates, entièrement d'un rougeâtre vineux chaud, lavées de bleuâtre sur les bords et traversées par quatre lignes aux supérieures, toutes appuyées à la nervure costale. L'espace médian, limité par l’extra-basilaire et la cou- dée, est traversé par uneligne tortueuse assez large, mais mal arrêtée sur les bords. Cette ligne présente, àson deuxième tiers, un angle obtus interne. La coudée est fine, festonnée, brune, nette, continue, avec le coude bien formé, mais peu saillant et arrondi. La frange qui est

454 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

concolore, avec le limbe carné, est précédée à l’äpex d’un trait délié, continu et noir. D'autres traitstrès-fins, très-courts, également noirs, limitent les nervures. La quatrième ligne, la subterminale, est très- sinueuse, brune et continue. Les secondes ailes ressemblent aux premières, mais elles n'ont que trois lignes transverses au lieu de quatre. Les franges sont aussi précédées de petits traits noirs limitant les nervures. La tache cellulaire est indiquée aux quatre ailes sous forme d'un petittrait noir allongé aux premières, et d’un point mal défini aux secondes. Le dessous ne donne aucune idée du dessus ; il est d’un gris uniforme et luisant, avec les franges lavées de fauve. Seul le point cellulaire est indiqué, et encore l’est-il très- vaguement. Les antennes sont sensiblement ciliées, ou mieux sont pectinées, de médiocre longueur et brunes; le thorax est assez robuste et concolore ; l’abdomen est conique, également concolore et annelé de clair ; les pattes sont longues, grises et blanchâtres intérieurement.

La $ m'est inconnue.

Cette jolie phalénite dont J'ai reçu deux exemplaires identiques, m'a été envoyée d’Espagne par M. Himmighoffen. Elle est dans un état de fraicheur tel qu'on la dirait obtenue ex larvd. Je n’ai rien appris de sa chenille ; je sais seulement que l’insecte parfait vole en juin, aux environs de Putchet (Espagne), dans les lieux herbus des collines bien exposées.

L'’Acidalia Isabellaria viendra se placer après la Rubricata, et portera le 753 bis dans le Species général, et le 108 bis dans le catalogue du docteur Staudinger.

Mon cabinet : deux mâles.

Ædia Pusiella. 455

Ædia Pusiella, F4s.

Eut. syst., IE, 2, 301, 65; Sup. 481, 4. Dup., X, p. 507, pl. 285, fig. 5. Sigr. Cat., 1379.=— Sequella, S. V. La Mignonne, Devill. Lithospermella, Hb. 104. = "Tr, Ev. = Scalella, Z. Is., 1844.

(PL. 97, fig. 5 à 9.)

CHENILLE.

Elle est fusiforme, d'un noir profond et mat tranchent en vives couleurs les lignes vasculaire et stigmatale. Il n’y a pas de trace de la sous-dorsale. La ligne vasculaire est représentée sur chaque segment, à partir du troisième, par une tache d’un ochracé rougeàtre, ayant exactement la forme d’une étoile à cinq pointeséclairées de blanc vifà l'extrémité de chacune d'elles ; cette étoile est, en outre, marquée d’un point noir au centre; ce qui la détache d’autant mieux du fond. Les deux premiers anneaux n’ayant pas l'étoile précitée, sont marqués d’une tache blanche rectangulaire. La ligne stigmatale est large, continue, également d’un ochracé rougeàtre, mais elle est interrompue d'un côté par une grosse tache d’un blanc parfait qui touche à linci- sion, et de l’autre par un gros point noir. La ligne stigmatale n'est plus d’une teinte ochracée sur les premiers et les derniers segments, mais elle est blanche. La tête est petite, globuleuse, d'un noir luisant, et marquée de petits traits noirs frontaux. Le ventre est d’un noir mat,et sans lignes ; les pattes écailleuses sont robustes,” longues et d’un noir de jais ; les dix autres sont fortes, longues, avec la couronne noire. On voit, enfin, sur tout le corps, des poils assez longs et noirs; ils sont implantés sur des points pilifères un peu saillants.

Cette chenille, qui n’est pas commune aux environs de Cannes, y vit solitaire sur deux espèces de Borraginées ; le Cerinthe major, L.,

456 CHENILLES ET LÉPIDUPTÈRES INÉDLIS.

et le Borrago officinalis, L. (1). Elle se tient à découvert pendant le jour, couchée dans le'pli d’une feuille ou fixée au centre d’ün groupe de fleurs, se laissant tomber à terre au plus léger froissement des feuilles, en se roulant sur elle-même. Elle est aussi des plus vives, et sa marche saccadée a quelque chose de fébrile. Sans cette extrème facilité de s'échapper et de se perdre en se laissant choir parmi les plantes qui recouvrent le sol, que deviendrait-elle ? sa race, décimée par ses nombreux ennemis, disparaîtrait bientôt. Il est vrai que sa riche parure tend à la dissimuler au milieu des jolies fleurs dont elle se nourrit et dont elle semble emprunter les vives couleurs. De plus, elle m'a semblé douée d’un autre avantage, celui d'échapper aux atteintes des parasites ailés. En effet, je n’ai point remarqué jusqu'à ce jour que la chenille de la Pusiella fut devenue victime d'aucun hyménoptère, ou d’aucun diptère.

Cette espèce mange beaucoup à Ja fois, et plus volontiers la fleur que la feuille; elle grossit rapidement. L'œuf éclot au printemps, lors du développement de la plante qui doit nourrir la chenille; dès le milieu d'avril, elle a acquis en Provence toute sa grosseur. C’est. à’ cétie époque qu’elle se tisse soit sur une feuille sèche, soit contre la tige de la plante, une coque en soie blanche, papyracée, relativement grande, d’une texture solide, dans laquelle la transformation a lieu douze ou quinze jours après. La chrysalide est ordinairement placée Ja tête en haut ; celle-là est d’un brun rougeâtre, avec l’enveloppe des ailes descendant très-bas sur l'abdomen ; la pointe anale est obtuse, avec des crins recourbés placés dans le même sens, et qui précèdent cette pointe; les stigmates sont bruns et paraissent saillants.

. L'insecte adulte se montre dès les premiers jours de septembre, et son éclosion se prolonge pendant vingt jours environ. L'espèce n’a, je pense, qu'une génération ; cependant si la Pusiella vole en juin et juillet, ainsi que l’annonce Duponchel, cette Ædia, dont M. Stau-

(4) Et sans doute sur d’autres plantes de la même famille.

Ædia Pusiellu. 457 dinger, dans son catalogue, a fait une Psecadia, aurait deux éclosions. Toutes les'thenilles de la Pusiella que j'ai prises en avril aux envi rons de Cannes sont toujours écloses en automne ; cela ne me prouve cependant pas d'une manière absolue que l'espèce n’ait qu’une géné- ration. |

C'est un des plus charmants insectes, comme c’est aussi la plus grande de toutes les-Ædia, lesquelles ont un peu les habitudes et la façon d’être de la plupart des Lithosides. Le vol dela Pusiella est vif, saccadé, mais court.

À l'approche d’un danger, son immobilité est absolue; ce n’est qu’assez longtemps après qu'elle s’agite vivement.

L'espèce n'appartient pas seulement au midi de la France: dans certaines parties chaudes du Bugey, à Artemart (Ain), je l’ai rencon- trée à l’état de larve sur l’Echium pustulatum G. et G.; mais je n'ai pas obtenu le papillon. Je ne l'ai jamais vue dans la nature à l’état d’insecte parfait.

Obs. S'il n’y a pas eu erreur à l'égard de la Pusiella que Duponchel dit vivre sur le Grémil violet (Lithospermum cœruleum), j'ai de la peine à expliquer ce passage de son 10° vol., p. 307 : « Dans les pre- miers Jours de juin, cette chenille se fabrique une coque de soie blan- che. le papillon en sort à la fin du mène mois. » J'ai dit précé- demment, à l'égard des larves de la Pusiella rapportées de la Provence, que l’insecte parfait ne m'était jamais éclos avant le mois de septembre.

Duponchel ne veut-il pas plutôt parler de la chenille d’une espèce congénère, la Decemguttella dont il avoue ne pas connaître les pre- miers états; laquelle larve, je m'en suis assuré, vit sur le Lithosp. cœruleum? Toutefois, M. Guenée me mande qu'il a élevé aussi Ia Decemguttella sur l'Echium vulgare.

CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

= QE ©

: Aretia Rivularis, MÉNÉTRIES.

Herr. Sch.; p.160. Bdv. Jud. met. 534. —- Dup. Cat., p. 64 Led. Sigr., Cat. 88.

(PL. 97, fig. 10 à 13.)

Le o” de cette Chélonide qui est à peine connu, n’a été nulle part figuré; de plus, nila 9 semiaptère ni la chenille n’avaient encore été observées. À la première vue, il semble qu’on devrait placer de préfé- rence ce lépidoptère dans les Trichosoma, Ramb.; cependant, chez la Rivularis, le crochet des pattes antérieures existant, et les antennes du ©” étant ciliées et non pectinées, doivent en faire plutôt une Arctia qu'une Trichosoma. Les ailes, incomplètes ‘chez la , ne sont point une cause suffisante pour comprendre la Rivularis dans le sous- genre Trichosoma (1).

CHENILLE.

Si l’insecte parfait de la Rivularis ©” a quelque rapport de forme avec la Pudica ”, il en est de même des larves deces deux espèces qui se ressemblent assez; cependant, celle de la Rivularis est un peu plus allongée et plus brune que la chenille de la Pudica. Elle parait aussi avoir les poils plus rares, mais plus longs. Elle se rapprocherait davantage peut-être de la chenille de la Dominula, qui est une Calli- morpha; mais voici, au reste, sa description : Elle est médiocrement longue, cylindrique, recouverte sur un fond brun clair de nombreux

(1) La validité du genre Trichosoma, suivant M. Lederer , doit paraitre dou- teuse, puisque l’Arclia Bellieri, Led. a les antennes pectinées, le crochet des .Frichosoma, et la Q à des ailes parfaitement développées: tandis que chez la Frich. Hemigena, Gras]., le crochet manque etla @ est aptère.

Arctia Rivularis. 459 tubercules ovales, gros, roussâtres, chacun donnant naissance à un faisceau de poils courts, fins, grisâtres, et, en outre, à deux ou trois poils noirs plus longs que les autres. Des lignes ordinaires, on ne dis- tingue que la stigmatale qui est ondulée, continue et d’un blanc jau- nâtre. Le ventre est d'un jaune argileux luisant, teinté de rougeûtre sur les derniers segments; les stigmates sont bien développés, elliptiques et noirs. La tête est brune, luisante, marquée de deux traits jaunes etde deux points frontaux de même couleur : les ocelles sont noirs ; les pattes écailleuses sont d’un jaune vif, et les ventrales et anales d’un jaune pâle, teintées de noir à l'extrémité. Je dois ajouter que les flancs de cette chenille, de la hauteur de la sous- dorsale à la ligne stigmatale, sont d’un brun foncé, présentant ainsi une large bande continue reposent sur chaque anneau et de chaque côté, trois des tubercules pilifères dont il a été question.

Cette chenille, qui paraït polyphage, vit sur diverses plantes basses; je la décris d’après un sujet soufflé en très-bon état, qui m'a été com- muniqué par M. Lederer.

INSECTE PARFAIT.

Envergure : 0",036 à 0,037.

Les ailes supérieures sont allongées, plus larges à l’extrémité qu'à la base, aiguës à l’apex, d’un blanchâtre carné et entièrement macu- lées de taches noires de diverses formes et de différentes grandeurs, lesquelles sont au nombre de quatorze non compris deux points noirs touchant à la frange ; ces taches sont, pour la plupart, disposées par quatre sur trois lignes obliques. Les ailes inférieures sont d’un blanc un peu jaunâtre, sans taches, sauf pourtant un trait fin, noir, placé sur la lisière du bord supérieur. La frange est médiocrement large, et de la couleur du fond. Le dessous des quatre ailes rappelle tout-à- fait le dessus ; les taches sont cependant d’un noir moins prononcé. Les antennes sont de médiocre longueur, simplement ciliées, jaunà— tres dans leur première moitié et brunes dans la seconde ; les yeux

460 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS# gros et noirs ; la tête bien fournie de poils concolores et marquée d’un trait noir en dessus ; le thorax est robuste, garni d’une abon- | dante fonrrure d’un jaunâtre chaud, et maculé de quatre taches noires ; l'abdomen est jaunâtre et taché de noir sur les derniers seg- ments. Les pattes sont largement annelées de noir. Les antérieures ont une paire de crochets noirs très-apparents. Cette espèce, ainsi que sa congénère la Pudica, m'a paru posséder sur les flancs cet organe propre à faire entendre pendant le calme des nuits ce petit cri particulier qui a été successivement signalé par MM. Devilliers et Goureau , par MM. les docteurs Laboulbène et Girard, et plus ‘récemment parM. J. Künkel dans les annales de la Société entomo- logique de France.

La ©, dont la couleur générale est plus chaude que ceile du ©”, n’a guère que des rudiments d’ailes ; celles-ci sont donc fort courtes ; cependant, on peut y remarquer de petites taches noires ainsi dispo- sées: au centre des supérieures, un point noir de forme à peu près triangulaire, suivi d’une série de sept à huit points plus petits qui précèdent la frange de haut en bas; les inférieures sont marquées d'une ligne subterminale noire et continue; les antennes sont de moitié plus courtesque celles du ©”, maiselles rappellent leur couleur. Il en est de même des pattes, dont les antérieures sont également munies de crochets; le thorax est moins gros que chez le ©, mais l'abdomen est remarquablement développé; sur un fond bistre chaque anneau est en dessuset sur les flanes marqué d’une tache noire géné- ralement d’une forme triangulaire.

Cette précieuse Chélonie, dont les deux sexes ont été obtenus de chenille, provient des environs d’Elisabethpol, petite ville de la Géor- gie russe (1).

Cabinet Lederer : plusieurs mäle: et femelles, et chenilles souf- fées.

(4) M Boisduval, dans son Index methodicus, p. 65, fait paraitrela Rivularis en septembre, et lui donne pour patrie la Russie méridionale,

Argyris Ommalophoraria. #61

Argyris Ommatophoraria, G\.

aX., p. 13. Led. Sigr. Bombyx Ocellata, Herr.-Sch. p. 97, fig. 125-126.

(PI. 98, fig, 1.)

$ , Envergure : 0°,036.

Cette remarquable phalénite n’a point encore été figurée en France: le ©” seul à été représenté en Allemagne par M. Herrich-Schaeffer.

La © diffère du © par sa taille plus grande et par la teinte des ailes généralement plus claire. |

Ce n’est pas sans étonnement qu'on à appris que M. Herrich- Shaeffer ait, en faisant connaître le © de l'Ommatophoraria, Gn., placé ce lépidoptère parmi les Bombyx de sa famille des Saturnides ; on n’est pas moins surpris que ce naturaliste distingué, n'ait pas reconnu en ce lépidoptère une phalène des mieux caractérisées. On ne peut expliquer cette erreur du savant entomologiste de Ratis- bonne qu’en admettant que le sujet qui a servi à la description de l'espèce était en partie mutilé.

.Le genre Argyris, Gn., comprend six espèces, dont cinq exotiques ; toutes sont des plus élégamment parées ; il est bien regrettable qu'on pe sache absolument rien des premiers états de ces remarquables insectes desquels on aura une idée fort juste en lisant cette phrase descriptive du genre, extraite du Species général de M. Guenée, et que je reproduis textuellement : |

« Un des plus jolis genres de Géomètres, ce sont les belles phalènes à ailes blanches ou grises, veloutées, et qui se reconnaissent d’abord aux écailles couleur d'argent ou d’acier métallique le plus brillant, qui dessinent des anneaux ou des yeux sur différentes parties des ailes. Ces écailles sont, en outre, soulevées et comme gonflées, en

462 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS®

sorte que la lumière se joue dans leur relief et y développe les couleurs irisées de la nacre, jointes à l'éclat du métal. Si une de ces écailles se détache, elle scintille comme une paillette sur la surface de l’aile. Enfin, chez quelques espèces (Deliaria, Delphiaria, etc.), ces belles écailles, vues à la clarté de la lampe ou des bougies, renvoient tois les feux du diamant , et cet état leur est d’autant plus naturel qu'elles sont placées sur un fond blanc qui n’est guère propre à les faire valoir. »

L'Ommatophoraria $ que j'ai devant moi, appartient à la riche collection de M. Lederer, à l’obligeance de qui je dois la communica- tion des deux sexes de cette précieuse espèce. Elle a été découverte à l’île de Candie par M. le docteur Frivaldszky, puis retrouvée aux environs de Beyrouth en Syrie. C’est, je l’ai dit, la seule espèce du genre qui soit européenne, etencoresa patrie touche-t-elle à l'Afrique. Il est probable que personne en France ne possède cette grande rareté.

Cabinet Lederer : plusieurs mâles et femelles.

Cucullia Formosa, ROGENHOFER.

Z. D. V. 1860, p. 775. Led. Stgr. Cat. 692.

(PI. 98, fig: 2.)

Cette Cucullie qui est à peine connue, n'existe sans doute dans aucune collection française. C’est encore à M. Lederer que je dois la communication des deux, sexes de cette charmante noctuelle élevée de chenille, et qui, jusqu’à ce jour, n’a été figurée nulle part. Elle est de la grandeur de la Balsamitæ, Bdv. ou de la Tanaceti, S. V. Sa couleur rappelle un peu celle de l’espèce congénère Santonici, Hb., et, les dessins des ailes supérieures, ceux de l’Absinthii, L.; mais elle est distincte de toutes ces Cucullia.

. Les ailes supérieures ont le fond d’un gris de perle: elles sont tra-

Fidonia Pennigeraria. 463 versées au centre par l’espace médian qui est presque noir et traversé lui-même par une bande droite, jaunâtre, continue, au centre duquel repose l’orbiculaire qui est petite, ochracée et entièrement cerclée de

blanc vif. La tache réniforme limite extérieurement l’espace médian; elle est grande et a le fond d’un jaune chamois chaud, ombré de brun postérieurement. L’extrabasilaire est teintée de jaunâtre à sa base ainsi qu’à la naissance des ailes; les nervures sont finement indiquées en noir. La frange est brune et précédée de petites lunules nervurales noirâtres. Les secondes ailes seraient complètement d’un blanc hya- lin, si elles n'étaient enfumées sur les bords ; les franges sont blanches. Les ailes antérieures sont en dessous d’un gris foncé luisant, lavées de fauve à la base et au centre; les inférieures ressemblent au dessus. Le thorax est crêté, gris de perle et teinté de noir sur les ptérygodes. L’abdomen est blanc, marqué de noir au sommet des quatre premiers segments, et enfumé à la base. La poitrine est blanchâtre, ainsi que les poils des pattes ; celles-ci ont les derniers articles bruns.

La 9 est un peu plus petiteque le ©’; ses ailes sont plus arrondies, et l'abdomen est brun et aigu à la pointe.

La Cucullia Formosa, me mande M. Lederer, a été découverte par M°° Haberhaner, à Kuenfkirohen, en {Hongrie. La chenille vit sur l’Artemisia camphorata, Vill., et ressemble à celle de l’Absinthü. M. Lederer ajoute que M. Rogenhofer a décrit par erreur la cheniHe de la Tanaceti pour celle de la Formosa . :

Cabinet Lederer : plusieurs mâles et femelles ex larva.

Fidonia Pennigeraria, Hs.

363 Tr. Ï, p. 230. Dup. IV, p. 4192, pl. 164, fig. 2. Bdv. 4511. Herr.-Sch., p. 91.— Gn. X, p. 160. Athroolopha Pennigeraria, Led. Stgr., Cat. p. 73.

(PI. 98, fig. 3 et 4)

Lorsque je publiai deux chenilles du genre Fidonia, celle de la

464 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. Concordaria, Hb., et celle de la Phumistaria, Boëk., on connaissait déjà les larves de quatre espèces de ce beau genre ; les Aomaria, Geof., Pinetaria, Tr., Conspicuaria, Reaum. et Roraria, Fab. La chenille de la‘ Pennigeraria étant désormais connue, il en restera bien peu à découvrir. L

Ces diverses larves sont généralement allongées, cylindriques, sans éminences ; celle de la Pennigeraria, pour la forme, tient de la Concor- daria et de la Plumistaria ; elle est moins allongée que la première, mais cependant plus effilée que la seconde; voiei sa description :

CHENILLE.

Elle est assez longue, complètement cylindrique, sans éminences, à tête globuleuse, aussi haute que le cou, à lignes très-visibles, avec le clapet anal assez bien formé. Le fond est d’un vineux très-obscur, entièrement aspergé d’atomes bruns et serrés. Les lignes ordinaires sont ainsi disposées: la vasculaire est très-brune, presque noire, interrompue aux incisions, sauf sur les trois premiers anneaux cette ligne devient plusétroite ; la sous-dorsale est fine, claire, et n’est continue que sur les quatre premiers segments ; la stigmatale est très- large, blanche, ondulée, continue, marquée d’un liseré noir en dessus et d’un gros point de même couleur en dessous. Le centre de cette Ligne est marqué sur chaque anneau d’un gros point ochreux; cette tache, au milieu de laquelle on voit le stigmate rougeâtre, est entourée d’un trait noir antérieurement, et postérieurement d’un point de même couleur. La tête testacée, est aussi aspergée denombreux points foncés. Le dessous est concolore, et les six anneaux du milieu sont parcourus par une ligne claire, étroite, non interrompue, qui se double au centre de chaque segment pour former un losange. Les . dix pattes sont concolores; on voit enfin sur tout le corps de très- courts poils blanchâtres.

M. Staudinger, quim’a procuré cette chenille, pense qu'elle vit sur la Santoline (Santolina chamæcyparissus, L.), sous-arbrisseau qui

Polia Canescens. 465 croit spontanément en Espagne. Cette chenille doit avoir les mœurs de celle de la Plumistaria, c’est-à-dire qu’elle éclot une première fois au printemps pour reparaître en été ou en automne. C’est dans Ia mousse que la chenille de la F. Pennigeraria forme sa chrysalide. Celle-ci est assez longue, pleine, brune, à pointe abdominale unique, avec la place des stigmates bien indiquée en noir.

INSECTE PARFAIT.

On dit qu'il varie beaucoup pour l'expression de la bordure des secondes ailes et pour la quantité des atomes qui les recouvrent en dessus (Gn.). Le Species fait mention d’une grande et belle variété de la Pennigeraria, supposée d’origine andalouse, d’une envergure de 0"047, avec les ailes supérieures d’un blanc jauni, et les inférieures d’un jaune vif et à frange concolore.

Cette rémarquable variété faisait partie de la collection Pierret.

Je n’ai pu encore découvrir la Fid. Pennigeraria aux environs de Cannes ; cependant, cette belle phalénite, qui appartient à la faune française, doit exister dans le département des Alpes-Maritimes croit spontanément la Santoline, « sur les coteaux arides de Ja Roquette, près de Grasse. » (Ardoino, Flore des Alpes-Maritimes).

La Pennigeraria parait assez répandue en Andalousie, d’où le docteur Staudinger l’a rapportée en certain nombre.

Polia Canescens, Boy.

Ann. Soc. Linn., Paris, 1827.— Dup. VI., pl. 99, fig. 3, p. 432. Tr. Herr. Sch. Frey. Gn. VI, p. 35. Stgr. 313— Var. a Pumicosa, Hb.— Dup., Gn., Stgr.= Senilis, Bdv. Var.? b. Asphodeli, Ramb., Ann. Soc. Fr., 1839, p.382, pl. 9, fig. 4.— Dup.— Gn.— Hb. H. —S$. Sigr., p. 42.

(PI. 98, fig. 5 à 8.)

La P. Asphodeli, Ramb. n'est-elle en réalité qu'une variété locale

466 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

du type, la Canescens? La question a été examinée et jugée par notre consciencieux et savant collègue, M. Guenée, à l'opinion de qui je crois devoir me rendre, bien que je ne sois pas entièrement convaineu.

En publiant deux figures de la chenille de l’Asphodeli, espèce dis- tincte ou variété constante de la Canescens, je pense être agréable aux lépidoptéristes que cette question intéresse: puissé-je apporter quel- ques lumières sur ce sujet.

CHENILLE.

Elle est médiocrement allongée, cylindrique, pleine, rase, d’un vert päle, avec un écusson étroit, concolore placé sur la première partie du premier anneau. La seconde des lignes ordinaires n’existe pas, mais la vasculaire et la stigmatale sont bien indiquées. La ligne vas- culaire qui règne du second au onzième segment, est fine, continue, d’un vert foncé, et marquée, aux incisions du milieu, d’un gros point rougeâtre largement éclairé en dessous. Le ventre, qui ne présente pas de lignes, est d’un vert pâle, lavé de bleuàtre: la tête est petite, rétractile, d’un verdâtre testacé, avec les mandibules rougeûtres : les stigmates sont elliptiques, d’un blanc jaunâtre, et cerclés de brun. Les pattes écailleuses sont testacées ; les membraneuses concolores, avec la couronne rougeûtre.

Il existe une variété de cette chenille, mais elle est assez rare. Le dos de cette variété est d’un vineux pourpré jusqu’à la ligne stigma- tale ; le dessous reste d’un vert pâle. Les sujets quim'’ont servi d'étude provenaient des environs de Bastia (Corse), d’où ils m'ont été envoyés par notre obligeant collègue, M. le professeur Mabillé.

Je n'ai pu encore découvrir la chenille de cette Polia aux environs, de Cannes où, en certains lieux, notamment aux îles de Lérins et sur quelques points de l’Esterel, abonde la plante qui la nourrit: l’Aspho- delus microcarpus, L.

C’est en janvier que sort de l'œuf cette chenille, qui est d’une édu-

Polia Canescens. 467

cation difficile; elle n’est parvenue à son entier développement qu'en avril, époque elle descend dans la terre et se métamorphose bientôt en une chrysalide médiocrement longue, brune et luisante, L’insecte adulte éclot seulement en automne; son apparition dure un mois environ : du 45 septembre au 45 octobre.

INSECTE PARFAIT.

La véritable patrie de la P. Canescens type, aux ailes supérieures presque blanches, semblerait être l'Ardèche, où, aux environs de Celles-les-Bains, l’insecte parfait m'a paru des plus abondants à la fin de septembre et pendant une bonne partie d’octobre. Cependant, jamais en ce lieu je n’ai pris les Var.? Asphodeli, Ramb.,et Pumi- cosa, Hb.

Si la P. Pumicosa a les ailes supérieures grises et saupoudrées d’atomes olivâtres disparaissent les lignes ordinaires, l’Asphodeli est encore plus obscure, plus nébuleunse, et recouverte d’un plus grand nombre d’atomes foncés aux supérieures. Les inférieures sont blanchâtres, avec les nervures bien. indiquées en gris, mais chez la & ces ailes postérieures sont antérieurement d’un gris très-sombre. ,

Je ne puis rien dire des habitudes de l’Asphodeli de Corse, car je ne l'ai jamais rencontrée à l’état libre; mais dans l'Ardèche on trouve fréquemment, pendant le jour, la Canescens plaquée contre les murs, les rochers, les troncs d'arbre ; la nuit, on la voit sur le raisin, elle paraît comme enivrée de sa liqueur et on peut la piquer sur place sans qu’elle cherche à s'envoler. C’est à la même époque et dans les mêmes conditions qu’on la rencontre aux environs de Thiers (Puy- de-Dôme), mais elle y est assez rare.

M. Constant, daus son Catalogue des lépidoptères, dit qu’il a trouvé la P. Canescens en assez grande quantité, au mois d’octobre 1850, sur les bruyères aux environs d’Autun, mais que depuis cette époque elle est devenue très-rare.

468 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Alamis Albidens, HErr-Scx.

Fig. 293.—Gn. VIL p. 5. Sigr., Cat. 867. Albidentaria, Frey. IV, pl. 354, fig. 1 (1847).

(PI. 99, fig. 9 et 10).

C’est, j'ai lieu de l’espérer, avec un certain intérêt qu'on apprendra ce qu'est la chenille l’Alamis Albidens, H.-S. (Albidentaria, Frey.), considérée primitivement comme celle d’une phalénite. Elle présentera d’autant plus d'intérêt, qu'aucune larve de ce genre n’avait jusqu'à ce jour été observée.

Toutes les Alamis de M. Guénée sont exotiques, sauf l’Albidens, et encore celle-ci est presque asiatique, puisque sa patrie est la Russie méridionale.

CHENILLE.

Elle est très-allongée, sensiblement atténuée antérieurement et postérieurement, à tête globulo-cordiforme, avec quatorze pattes, dont la prémière paire des membraneuses est d’une petitesse extrême, et impropre à la marche; les deux autres paires de pattes ventrales sont longues et fortes ; les anales sont relativement petites. Cette che- nille est d'un vert jaunâtre très-pâle, faiblement lavée de rougeûtre sur la tête, sur les deux premiers et les trois derniers anneaux. La ligne vasculaire est fine, claire, et n’est distincte que sur les anneaux du milieu; pas desous-dorsale; la stigmatale est assez large, continue et jaunâtre ; les stigmates sont petits, elliptiques, rougeûtres et cer- clés de noir; la tête est concolore, aspergée de noir, avec une série de sept à huit ocelles bruns de chaque coté rangés en demi-cercle. Les 5°, et anneaux, vus de dos, présentent une tache rectangu— laire verdàtre ; sur les 5°, 7°, 10° et 4°, cette tache prend une forme

Alamis Albidens. 469

. circulaire. Les pattes antérieures sont longues, robustes et concolores : les autres ont le second article carné, avec la couronne brune; le ventre est concolore et sans lignes.

Je ne connais aucune chenille qui ressemble à celle de l’Albidens : sa forme, exceptionnellement allongée pour une larve de noctuide, et sa manière de marcher, ont bien pu, sans trop d'examen, la faire prendre pour une géomètre (1), de sans doute le nom d’Albiden- taria qui lui a été imposé dans le principe.

Cette chenille vit au printemps sur une plante épinense qui doit être un Ulez ou un Genista.

INSECTE PARFAIT,

Tout le monde connaît aujourd'hui l'Albidens, et toutes les collec- tions la possèdent ; elle était naguère fort rare. Chaque année, depuis quelque temps, on élève la chenille en nombre; c’est ce qui explique la vulgarité actuelle de. l’insecte parfait.

L'Albidens ne varie pas; elle a, paraît-il, beaucoup de rapport avec sa voisine l’Alamis Palioides, Blanch., rapportée du Chili par M. Guy, laquelle appartient au Muséum de Paris.

Obs. Au moment de l'impression de l’article qui précède, j'apprends par M. Guenée que la chenille de l'Alamis Albidens à été figurée par Ménétries, dans son Enumeratio coysorum animalium musei Petropo- litani, livraison, dernière planche ; mais qu’il n’y a point de texte.

(1) Les chenilles des autres Alamis, dont on le sait, aucune n’est connue, viendront-elles, par leur forme et le nombre de leurs pattes, confirmer l'homogénéité du genre ?

470 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. LZ

Grgyia Kambhuwii, MApilre.

Ann. Soc. ent. Fr. 4866, trim., p. 557, pl. 8, fig. 6, et séance du 11 septembre 1867.

(PI. 99, fig. 1à4.)

M. P. Mabille, en publiant la chenille de cette Orgyia, ne l’a pas figurée. Notre collègue nous dit que, dans sa seconde ascension au Monte-Rotondo, en Corse, entreprise le 29 juillet 4867, il reconnut que c’est dans la vallée de Rivisecco, sur les pentes qui descendent du lac aux bergeries, que croît le Genista lobeli, Dec., lequel nourrit en juillet la chenille de cette Orgyia récemment publiée. Cette larve doit éclore à l’époque du développement des fleurs du G. lobelu ; elle n’a atteint toute sa grosseur que vers les premiers jours de juillet; c’est, en effet, à cette époque que M. Mabille m’a fait parvenir la chenille de l’Org. Ramburü.

Cette chenille ne le cède pas en beauté à toutes ses congénères ; elle a le corps assez long, cylindrique, garni de faisceaux de poils dis- posés en brosses sur les 4°, 5°, et anneaux, indépendamment de deux pinceaux de poils longs placés sur le cou, dirigés en avant, et de deux autres pinceaux fixés sur le pénultième segment, inclinés en arrière. Les lignes ordinaires sont ainsi disposées : sur un fond brun, on distingue la vasculaire assez large, continue et d’un noir mat; la sous-dorsale est large, interrompue sur les anneaux du milieu, d’un rouge de Saturne chez les chenilles qui produiront des mâles, et d’un jaune vif chez celles qui donneront des femelles (1); la stigma-— tale, un peu moins large que la précédente ligne, est interrompue, ondulée, atténuée sur les premiers et les derniers anneaux ; «elle est

(1) La grosseur ou la petitesse des chenilles d’Orgyia, indique quel est le sexe que ces larves doivent produire; les chenilles des femelles sont toujours beaucoup plus grosses que celles des mâles.

Orgyia Ramburii. 471 d’un jaune de Naples, liserée de noir de chaque côté ; leventre est d’un noir blanchâtre ; la tête et les pattes écailleuses sont d’un noir lui- sant, les dix autres d'un gris carné ; les pinceaux du cou et ceux du 44° anneau sont noirs ; les brosses dorsales, d’un gris un peu fuligi- neux ; le corps est, en outre, recouvert de gros points pilifères, sail- lants, d’où s’échappent des poils courts, d’un gris clair. Enfin, les et 10° segments portent au centre une petite caroncule du même rouge que la sous-dorsale. Les couleurs des chenilles qui produiront des femelles sont généralement moins vives que celles qui donneront des mâles.

Cette larve était douée d’une grande vivacité ; elle s’est transformée vers la mi-juillet, après avoir tissé dans les débris de végétaux une coque en soie oblongue, renflée, pointue aux extrémités, et la chrysalide a été très-promptement formée. Celle-ci est courte, épaisse, à pointe obtuse, d’un brun foncé et à demi-velue. Vingt jours après, environ, parait le lépidoptère.

INSECTE PARFAIT.

Cette Orgyia rappelle, en effet, la Trigotephras, Bdv., mais je trouve qu’elle a plus de rapport avec la Corsica, Bdv., soit pour la taille, soit pour la teinte générale, soit pour la coupe d'ailes ; cependant je me hâte de dire que je n’ai point vu en nature la Corsica de M. Bois- duval, que je ne la juge que d’après les bonnes figures de cet icono— graphe (pl. 614, f. 6 et 7), et qu'aussi je ne possède que deux Org. Ramburü, un o et une ®. Mais, sans nul doute, M. Mabille, avant de publier son espèce nouvelle, a s’assurer qu’elle est dis- tincte de la Corsica, et ce n’est qu'après avoir bien vu, bien jugé, qu'il a dit en parlant de cette Corsica : « dont la figure dans les Icones et dans Herrich-Schaëffer ne s’accorde en rien avec notre espèce. » |

La © de la Ramburi, Mab. est aptère; elle rappelle, pour la forme, la ® dela Trigotephras ; elle est allongée, pleine, ventrue,

. k72 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

recouverte d’un duvet fin, court, ‘d’un blanc satiné en dessus et jau— uâtre en dessbus, duvet qu’elle détache pour entourer les œufs qu’elle pond dans le fourreau mème, après avoir été fécondée, lequel devient son {ombeau. La'tête est très-dissimulée sous le premier anneau; les antennes sont courtes et brunes; les yeux noirs; les pattes fauves et annelées de blanc.

Eanholin Froximaréina, Ram.

Soc. ent, Fr. 18392, p. 40, fig. 7. Dup. Sup., EV, p. 26, pl. 52, fig. 6. Gun. X, p. 489. Sigr. Cat,, p. 76. —? Sororiata, Dup., VIE 194, fig.7. Gn. X, pl. 494.

(PI. 99, fig. 5 et 6.)

Larve et insecte parfait de cette rare Eubolia (4) ont été décrits par l’auteur du Catalogue de l’île de Corse ; cependant, la phalénite seule a été figurée. Je représente la chenille sur la plante elle a été rencontrée la première fois par M. Rambur. Les sujets qui n'ont servi_ ont été adressés de Corse par M. Mabille qui à retrouvé cette chenille sur le. Genista corsica et sur un Ulex. ‘Cette larve a les plus grands rapports de forme avec celle de la Peribolaria, que j'ai fait connaître (Iconog., l, p. 321, pl. 38, fig. 4 et 5); de plus, les mœurs de ces deux chenilles arboricoles se ressemblent beaucoup. Celle de la Proximaria se distingue de celle de la Peribolarie par le fond de sa livrée qui est plus sombre, la stigmale plus vive, les taches dorsales plus accusées ; celles-ci ont aussi une forme différente. Voici la description de cette larve, qui n’est parvenue à toute sa gros- seur que vers le milieu ou la fin de mars.

»

4) Genre Orfholitha, Hb.

Eubolia Proximaria. + 473

CHENILLE.

Elle est médiocrement longue , atténuée antérieurement et caré-

née sur les côtés; le fond étant d’un brun rougeâtre, les lignes se présentent ainsi: la vasculaire est fine, double, géminée, noire et interrompue sur les six anneaux du milieu, par une tache à l’incision, laquelle se divise en deux; cette tache est anguleuse antérieurement et noire, et à peu près ronde postérieurement et blanche. Les stig- mates sont petits, blancs et largement cerclés de noir. Le dessous montre trois lignes foncées, du au anneau; celle du centre est plus étroite que les autres ; la tête est globuleuse ; elle est concolore ainsi que les dix pattes. Cette chenille, qui varie, se montre quel- quefois sensiblement plus pâle que le type. Ainsi que celle de la Peri- bolaria, elle passe l'hiver, et, par le fait, grossit très-lentement. Elle demeure à découvert, dans une position des plus rigides, tout le temps de son repos, c'est-à-dire depuis l’aube jusqu’à la tombée de la nuit. C’est parmi les débris de feuilles sèches qu’elle se transforme dans une coque légère. La chrysalide est conoïde, aiguë, d’un rouge obscur et finissant par une pointe allongée et fourchue. Les Proximaria que j'ai élevées sont écloses dans les premiers jours d'octobre ; c’est à cette époque que l’insecte parfait vole aux environs de Bastia et dans « les lieux se rencontre le Genista corsica. » (Ramb., p. 41.)

Cette Eubolia n’a qu'une génération ; elle a encore avec la Peribo- laria ce point de rapprochement. C’est une phalénite que j'ai espoir de rencontrer dans les Alpes-Maritimes , en certains lieux de son territoire, croît assez abondamment le Genista corsica. (Ardoïino, Flore des Alpes-Maritimes.)

Obs. Il est fort possible, et même probable, que la Sororiata, Dup., V, p. 335, pl. 194, fig. 7. (Var. de la Carsia Imbutata, Hb., suivant M. Guenée, X, p. 494), n’est qu'un petit individu 9 à tons chauds de la Proximaria, Ramb. Cette variété accidentelle, qui n’a pas été retrouvée, avait été rapportée du midi de la France et com- muniquée à M. Duponchel par le capitaine de Villiers.

AT ts : ae PER 7 CHENILLES ET LEPIDOPTERES INEDITS,

: Tephivina Murimaria, W.-P.

G. - 4. Fab., 67. Hb., 115-134. Tr., I, p. 284. Dup., IV, p. 449, pl. 167, fig. 3, 4et 5. Bdv., 1599. Herr.-Sch., p. 87. Gn. X, p. 103. Stgr., Cat., p. 74. Respersaria, Bork, 96. —=Myosariu, Esp., pl. 49, f. 1.=— Planaia,Nill., p. 386, f. 23. = Cineraria, Dup. VIL part., p. 440, fig. 1 et 2.

(PI. 99, fig. 1% à 16.)

En décrivant, dans la précédente livraison, la Teph. Rippertaria, p. 401, j'annonçai que bientôt je ferais connaître les premiers états de trois Tephrina dont les larves étaient encore inédites; je viens donc aujourd’hui compléter l’histoire des Teph. Murinaria, W.-V., Assi- milaria, Ramb. et Partitaria, Hb. Les Tephrina françaises citées dans le Species général, et dont le nombre s’élève à sept (1), seront toutes connues sous leurs premiers états. Je commencerai par la T. Murinaria.

CHENILLE.

Elle est assez courte et cylindrique, très-faiblement carénée sur les côtés, avec la tête aussi haute que le premier anneau, d’un beau vert myrte, et marquée de lignes claires longitudinales qui se présentent ainsi : Ja vasculaire est fine, blanc'âtre, interrompue aux incisions ; la stigmatile est large, continue, blanche et aboutit au clapet anal qui est imparfaitement formé ; de plus, cette ligne est marquée sur les anneaux du milieu, du au 9°, d’une tache qui présente deux

ess

(1) Je dois excepter de ce genre la Vincularia, Hb., laquelle, par la connais-

sance d2 sa larve (lcon., pl. 7, fig. 4), ne doit plus, selon moi, être considérée comme une vraie Tephrina; les six autres espèces me paraissent aussi homogènes par leurs chenilles que le sont entre eux les insectes parfaits.

Tephrina Murinaria. 475

couleurs : vineuse et jaunâtre. Le ventre est parcouru par une bande claire, large et continue. La tête est concolore et marquée de deux petits traits foncés et perpendiculaires ; les dix pattes sont robustes et concolores.

Cette chenille vit sur divers espèces de Vicia, mais principalement sur la luzerne (Medicago sativa, L.).

On doit s’étonner avec raison qu’une larve aussi abondamment répandue que l’est celle de la Murinaria soit demeurée inconnue jusqu’à ce jour; rien n’est cependant plus vrai, puisque aucun auteur n'en a encore parlé. On élève cette chenille, que je crois polyphage, avec une grande facilité; en effet, toutes réussissent. C’est dans les herbes sèches qu’elle se métamorphose.

La chrysalide est médiocrement allongée, un peu ventrue, et entiè- rement d’un brun rougeâtre obscur.

INSECTE PARFAIT.

Il varie beaucoup, non-seulement pour la teinte des quatre ailes, mais encore pour la taille, et même pour la disposition des lignes. De ce fait, il ne faut pas conclure à plusieurs espèces, d’autant mieux qu’une ponte de la Murinaria m’a produit la plupart des variétés lesquelles sont plus ou moins constantes.

Il est bien évident que la Cineraria de Duponchel, p. 440, pl. 167, f. 4et 2, n’est qu'une variété locale du type lequel est représenté par la figure 4, même planche, bien que trop chaude de ton ; c’est-à-dire à fond gris, très-sablé, et à lignes brunes bien marquées. Il ne doit pas être moins certain que la Respersaria , Bork., la Myosaria, Esp., et la Planata, Vill., sont autant de variétés de la Murinaria.

Si le type appartient à la France centrale et occidentale, la Cine- raria Dup., semble plutôt être propre au midi de la France. J'ai pris abondamment cette race aux portes de Valence (Drôme), volant pen- dant le jour dans un champ de luzerne.

La Teph. Murinaria, qui a deux générations et qui éclot une pre-

,?

476 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

mière fois en mai et une seconde en juillet et août, passe l'hiver en chrysalide. Dans le Lyonnais, on la rencontre aussi bien dansla plaine que sur les collines. En outre des champs de luzerne, on la voit dans les prés du pare de fa Tête-d’Or, où, pendant le jour, elle vole aussi bien qu'un lépidoptére diurne. Enfin , le 12 juillet. 4867, cette . Tephrina m'a semblé très-répandue aux alentours du château des Esguillons, ainsi que dans les lieux incultes de la propriété située au pied de la montagne d’Iseron (Rhône).

Tephrina Assimilaria, Rae.

Ann. Soc. Ent. Fr., 4832, p. 34, pl. 2, fig. 9 et 10. Bdv., 1597. Herr.-Sch.-Sup., p. 74. Gn. X, p. 102. Stgr., Cat. p. 74. |

(PL. 99, fig. 10)

CHENILLE.

Elle est médiocrement longue, cylindrique, d’un vert jaunâtre clair et ornée de lignes continues; pour la forme, elle ressemble beaucoup à la chenille de sa congénèrela Murinaria; cependant, elle en diffère: par les lignes vasculaire et sous-dorsale, qui ne sont pas blanches, mais bien la première vert foncé et continue, la seconde double, très-fine, grisâtre et se détachant à peine du fond clair; par la stigmatale, qui, au lieu d’être blanche, est jaune serin, tachée de vineux au centre et croisée diagonalement par _un trait blanchâtre, du second au dixième anneau; par la têté, qui est concolore et non marquée de deux lignes perpendiculaires ; par le dessous, qui, au lieu d’une seule ligne, en présente quatre fines, continues, et d’un vert foncé ; par les nombreuses variétés plus ou moins sombres qu’elle présente, alqrs qu'on n'en remarque pas chez la chenille de la Murinaria; enfin, par ses habitudes

Tephrina Assimilaria. 477 arboricoles, lorsque sa congénère précitée vit essentiellement sur les plantes herbacées. Les stigmates gros, ronds et noirs, reposent sur une tache d’un blanc d’émail placée sur la ligne stigmatale même.

Cette chenille, qui m’a été envoyée de Corse par M. Mabille, vit aux environs de Bastia, en mai, sur le Genista corsica; cependant je l'ai nourrie et menée à bien avec le Genista tinctoria et le Spartium junceum, dont ele rongeait préférablement les fleurs. Parvenue à son entier développement vers le commencement de juin, elle se trans- forme dans Ja terre, après avoir formé une coque légère.

La chrysalide est longue, cylindrique jusqu'à l’avant-dernier anneau, entièrement d'un rougeàtre obscur, sauf le dernier segment, qui est brun et se termine par une pointe unique, longue, effilée et noire.

J'avais reçu quatre chenilles de l’Assimilaria ; trois se sont méta- morphosées ; les deux premières sont écloses dans la matinée des 9 et 44 octobre 1866, et, chose digne d'observation, troisième, dont la chenille paraissait être du même âge que les deux premières, n’est

éclose que le 5 mai de l’année suivante! 4

INSECTE PARFAIT.

L’insecte adulte a autant de rapport avec la Murinaria que la chenille de celle-ci en a avec celle de l’Assimilaria ; cependant, elle s’en distingue par les ailes plus oblongues, les lignes moins marquées et surtout par les antennes du © qui sont sensiblement plus pectinées que chez la Murinaria. Elle paraît deux fois; en mars et en avril, puis en août. », (Ramb., faune de la Corse, p. 33.)

Autant la Tep. Murinaria varie, autant le contraire paraît se pro-

duire chez l’Assimilaria. Celle-ci vole en Cor:e dans tous les lieux arides et montagneux, croit le Genista corsica.

478 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIT

Obs. J'ai aussi l'espoir de rencontrer l’Assänilaria dans les Alpes- Maritimes, puisque, suivant M. Ardoino, auteur de la flore du département, le Genista corsica croît aux environs de Menton, Vense et Grasse.

Tephrina Partitaria, Hs.

374. Dup. V, p. 160, pl. 180, fig. 6. Bdv., 1601. Herr.— Sch., p. 87, fig. 262, 263. Led., p. 100. Gn. X., p. 100. Stgr. Convergata, Vill., p. 382, pl. 6, fig. 18.

(PI. 99, fig. 11 à 13.)

Le 10 septembre, en chassant la nüit à Celles-les-Bains, en com- pagnie de mon ami le docteur Staudinger, je pris une 9 de la T. Par- tütaria qui. me fournit une abondante ponte d'œufs fécondés. Les jeunes chenilles qui sont écloses douze jours après furent nourries sans peine, car M. Staudinger, qui avait déjà observé cette larve inédite, m'apprit qu'il l’avait rencontrée en Espagne, sur le Teucrium chamædryis, L. |

CHENILLE.

À sa sortie de l’œuf elle est effilée et très-vive; elle grossit assez rapidement, puisque le 45 octobre elle avait atteint son entier déve- loppement. Jeune, cette larve paraît diaphane, jaunâtre, avec les lignes à peine visibles ; après sa quatrième mue, elle ressemble, bien que plus grosse, à la chenille de l'Ablutaria (Kcon., pl. 3, fig-8 et 9.); elle est médiocrement allongée, presque cylindrique, très-faiblement

atténuée aux extrémités, avec les anneaux distincts, d'un gris argi- Jeux, et largement lavée de vert bleuâtre sur les flancs des quatre ou cinq premiers segments, avec les lignes et les dessins assez bien mar- qués. La vasculaire, du au 9°,est très-fine, double, brune, inter-

Tephrina Partitaria. 479 rompue,; la sous-dorsale, qu’on ne distingue qu’à la loupe, est fine, claire et interrompue sur les derniers anneaux; la stigmatale est assez large, continue, ondulée, blanchâtre, et repose sur la carène.Le dessous, qui est d’un argileux obscur, permet néanmoins de distinguer plu- sieurs lignes déliées, blanchâtres, continues, indépendamment de deux lignes plus larges, de couleur bois, et qui limitent les premières. La tête est petite, un peu globuleuse, d’un gris testacé et comme mar-— brée ; le clapet anal est très-court ; les stigmates ronds, relativement gros et noirs; la région du dos à la hauteur de la sous-dorsale pré- sente, du au 9°, un dessin sagitté, brun, dont la pointe est obtuse; les incisions sensiblement carnées; les dix pattes concolores; les qua- tre postérieures sont leintées de bleuâtre. Enfin, l'extrémité du clapet anal présente une sorte de pièce cornée, grise, luisante, dont l’usage, chez une chenille qui vit sans cesse à découvert, ne peut facilement S’expliquer.

Dès la fin d’octobre mes chenilles avaient toutes disparu; elles s'étaient réfugiées soit dans la mousse, soit dans les feuilles sèches, et avaient, chacune de son côté, tissé un réseau de soie brun-rougei- tre, au centre duquel la chrysalide a été très-promptement formée, la tête en haut. Cette chrysalide est allongée, d’un rougeûtre pâle, mat, avec la pointe brune retenue au réseau par d’imperceptibles cro— chets epposés les uns aux autres.

L’insecte parfait, qui éclot au printemps, représente la première génération, Presque toutes les Partitaria provenant de cette édu- cation sont écloses en mars et avril; quelques-unes, cependant, n’ont paru qu’en août, et même en septembre.

Ce dernier fait ne laisserait-il pas supposer, puisqu'il y a eu deux époques d’éclosion pour cette phalénite provenant de la même ponte, que celle-là n’aurait qu'une génération? En effet, les sujets tardifs peuvent étre considérés comme représentant la seconde éclosion. Cependant, je répète encore qu’on ne peut rien préciser pour le nom- bre des générations et l'époque certaine des éclosions, lorsqu'on expérimente sur des insectes élevés en captivité.

480 CHENILLES ET LÉPIDOPTÉRES INÉDITS.

» INSECTE PARFAIT.

Il varie aussi bien pour la taille que pour le nombre des atomes bruns qui recouvrent les quatre ailes. Les sujets que j'ai capturés en Provence sont généralement plus petits que ceux de l'Ardèche.

La Partitaria de M. Herrich-Schaëfter (fig. 262 et 263) représente un petit exemplaire o” que deux auteurs fort compétents ont rap- portée à la Peltaria, bien qu’en réalité c’est une Partitaria à ailes très-fournies d’atomes bruns et à bandes jaunes un peu larges.

La T. Partitaria n’est pas rare aux environs d’Hyères dans les lieux découverts placés à une exposition méridionale ; plusieurs fois je l’y ai prise en chassant à la lanterne, en compagnie de feu Bruand d’Uzelle. Après l'avoir rencontrée en septembre, à Celles, puis à Cannes, je l'ai retrouvée au printemps dans ces deux localités.

« Elle se prend à Fontainebleau, dans la vallée de la Sale, dès le mois d'août. » (Gn., p.400.)

Cette Tephrina n’a jamais été rencontrée dans le Lyonnais ou les départements limitrophes.

Acidalin Ostrinaria, He.

430. Dup. Sup. IV, p. 47, pl. 54, fig. 7.— Bdv., 1859.— Herr..- Sch., pl. 28, fig. 234, 235. Gn. IX, p. 467, et X, p. 542, Stgr. Cat. 97.

(PL. 100, fig. 1 et 2.) CHENILLE. L'œuf est légèrement allongé, granuleux, d'un blanc jaunâtre, puis

carné, et, examiné à la loupe, il laisse voir une plaque d’un rouge aurore à l’une de ses extrémités. Get œuf est éclos le 25 juin, quel-

Acidalia Ostrinarsa. 481 ques jours après avoir été pondu. La chenille, lors de sa naissance, est allongée, blanchâtre. Douze jours après son éclosion, cette petite larve n’avait encore que deux millimètres de long. Le 40 août, elle paraissait être au tiers de sa taille; dès lors, un caractère des plus singuliers, pour une chenille de ce genre, se montrait, elle était garnie de poils clair-semés relativement fort longs, à tel point que ces grands poils retenaient le pollen détaché des fleurs dont la che- nille se nourrissait, et, l’en garnissant d’une manière complète, la rendaient méconnaissable. Pour l'examiner alors il devenait néces- saire de faire tomber cette poussière au moyen d’un fin pinceau. Ces poils étaient d’une finesse extrême, blanchâtres, recourbés à l'extrémité, et projetés en avant. Après s'être nourrie du pollen, puis des étamines de plusieurs espèces de plantes basses, telles que : Synanthérées, Caryophyllées, Convolvulacées, Campanulacées, elle attaqua les pétales, puis enfin les feuilles lorsque ceux-là vinrent à lui manquer.

Vers la fin de septembre, ayant atteint la moitié de sa taille, la chenille de l’Ostrinaria m'a paru d’un brun foncé presque noir, avec certaines taches dorsales claires qui ont persisté jusqu’à la fin de son existence de chenille.

Ainsi qu’un grand nombre de chenilles d’Acidalies, celle dont il est question passe l'hiver, ne mange presque rien pendant la mauvaise saison, recommence à prendre de la nourriture en février, et demeure sous son état de chenille jusqu’en mai, époque elle a atteint son entier développement. À ce moment, ses poils, bien que toujours fort-longs, n'avaient plus la dimension si anormale qu’on leur remarquait précédemment. Elle est alors courte, carénée latérale- ment, atténuée en avant, très-rugueuse, à tête petite et rétractile, d’un brun rougeâtre; des trois lignes ordinaires, on ne distingue que la stigmatale qui estun peu plus claire que le fond. Les incisions des 6°, et segments sont marqués sur le dos d’un gros point oblong, blanc, entouré de noir; cependant, sur le 8°, cette tache blanche se développe et prend la forme d’un cœur maculé de brun au centre. Le ventre, qui est concolore, laisse voir, sur chaque anneau, un

482 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

losange clair assez mal formé. Tête globuleuse, sans dessins, conco- lore, ochracée au sommet; les dix pattes concolores ; les stigmates fort petits, blancs et cerclés de noir. Trapézoïdaux et autres points noirs donnani naissance aux Jongs poils dont il a été question.

Cette chenille, qui se tient fixée aux grosses tiges des plantes dont elle vit, ou mieux, cachée au centre des fleurs ou d’un groupe de feuilles, a préféré se nourrir de la fleur de l'héliotrope d'Europe et de celle de la bruyère commune. C’est dans la mousse qu’elle s’est transformée à la fin de mai, et c’est à la mi-juin qu'est éclos le lépidoptère.

INSECTE PARFAIT.

Il est un des plus jolis du genre. Bien que M. Guénée ait pris cette petite phalénite « en certain nombre, autour de Cette (Hérault), vers la fin de juin » X, p. 542, elle n’est, je crois, nulle part abondante. C’est de loin en loin seulement que, dans le courant de juin, on la rencontre aux environs d'Hyères, de Marseille, de Montpellier, de Barcelone (Espagne), etc. Je ne l’ai prise qu’une fois dans un vallon ombreux du territoire de Cannes.

D’après l'éducation que j'ai faite de l’Ostrinaria, j'ai tout lieu de penser qu’elle n’a qu’une génération, cependant, mon correspondant de Barcelone, M. Himmighoffen, me mande qu'après l’avoir prise en juin, il l’a retrouvée à la fin d'août dans les mêmes lieux que la première fois.

Acidalia Inesata, Mir. (Species nova.) | (PI. 400, fig. 3 à 5.)

Envergure : 0",018 à 0,019. C’est de la Scutulata, W.-V., que cette espèce nouvelle se rappro-

Acidalia Inesata. 483

che le plus : au premier abord, elle semble n’en être qu’une variété; cependant, en comparant les deux espèces sur nature, on reconnait bientôt en quoi elles diffèrent l’une de l’autre. L’{nesata est toujours plus petite, les quatre ailes sont relativement plus allongées , l'apex plus aigu ; les lignes transverses sont nettes, continues, et ne pré- sentent pas, ainsi que chez la Scutulata, une basilaire nébuleuse et une coudée formée par une ligne de points nervuraux; enfin, lespetites taches terminales représentent chez l’Inesata une série de petits traits bruns placés en dehors de la frange, tandis que, chez la Scutulata, ce sont invariablement des points ronds sur la frange même; sans parler d’autres caractères différentiels qui ont aussi leur valeur.

Cette nouvelle Acidalia ne peut être confondue avec l'Inustata, H.-S., si différente par la taille, les bandes, et surtout par « son apex souillé de brun-noir, qui s’étend presque sur toute la côte. » (Gn. IX, p. 459.)

L’Inesata ne peut être davantage confondue avec l’Ochroleucata, H.-S., qui a « la ligne coudée fortement denticulée. L'ombre médiane également bien visible aux quatre ailes. » (Gn. IX, p. 458), puisque la ligne est brisée chez l’Acidalie nouvelle, qu’elle ne présente pas de dentelure, etqu’enfin on ne voit pas de trace de l’ombre médiane au bord interne des supérieures.

Voici la description de l’Acidalia Inesata : Envergure, 0,018.

Les ailes sont allongées, arrondies, aiguës à l’apex des antérieu- res, avec le fond d’un gris blanc jaunâtre sur lequel se détachent les lignes et les taches ordinaires. L'espace médian est sans ombre aux quatre ailes, à peine sali à la côte des supérieures, avec le point cellulaire rond, brun et bien marqué. La première ligne, l’extra- basillaire, est fine, oblique, continue, brune; la coudée, plus visible, présente un léger coude avec un angle interne au second tiers de sa longueur. L'espace subterminal, ainsi que la base de l’aile, sont salis

3

484 CHENILLES ET: LÉPIDOPTÈRES INÉDITS. par des atomes bruns et serrés; on voit, en outre "un trait brun obli- que partant du coude pour aboutir à l’apex, limitant ainsi le semé d’atomes bruns de l’espace subterminal ; les franges concolores sont précédées aux quatre ailes d’une série de petits traits noirs allongés ; enfin, on voit, compris dans l’espace subterminal, un filet clair se détachant à peine. La tête est petite et concolore; le thorax et l’ab- domen rappellent la couleur des ailes. Le dessous est la répétition du dessus, mais d’une manière imparfaite, car sur un fond grisâtre, les lignes et les taches ont visiblement pâli, les pattes sont médiocrement longues ; elles sont grises et munies de deux paires d’éperons aux postérieures. Le corps est grêle, caréné en dessus, brunâtre et d’un gris elair à l’extrémité. La © , qui est un peu plus grande que le o’, en diffère sensiblement par la couleur de l’espace subterminal, lequel est entièrement d’un gris brun jusqu’au trait diagonal qui relie l’an- gle de la coudée à lapex. La bande subterminale des inférieures est également brune. Cette espèce varie pour la grandeur des sujets : je vois une © dont l’envergure n'arrive pas aux deux tiers de celle du type. |

Cette petite Acidalie à pour patrie les environs de Barcelone (Espa - gne), d'où me l’a fait parvenir M. Himmighoffen.

L’Acidalia Inesata prendra place après la Scutulata et précédera la Lœvigata. Elle portera, dans le Species, le 765 bis.

Mon cabinet : deux ©” et trois £.

Acidalia Flaveolaria. | 485

Acidalia Flaveolaria, Hz.

341. Dup., V, p. 87, pl. 176, fig. 4. Tr., Sup.,221. Herr.- Sch., p. 27. Led., p. 91. Lah., 49. Gn., IX, p. 447. Ster. 32. Brunnearia, Fab. 119 ?

(PI. 100, fig. 6 et 7. CHENILLE.

L’œuf est relativement gros et elliptique, granuleux vu à la loupe, et d’un vert glauque. Pour arriver à tout son développement, la che- nille demeure depuis la fin de juillet jusqu’au commencement de mai de l’année suivante ; pendant ce long espace de temps, elle semble à peine toucher aux plantes dont elle se nourrit. Elle a les habitudes de toutes les petites chenilles d’Acidalia dont j'ai parlé précédemment. Parvenue à tout son développement, elle est courte, atténuée en avant, rugueuse, médiocrement carénée sur les côtés, à anneaux distincts et à tête petite. Généralement d’un argileux foncé, les lignes sont ainsi indiquées : la vasculaire est fine, claire, un peu rosée, continue, liserée de brun de chaque côté ; la sous-dorsale est fine, claire, légé- rement flexueuse, brune et continue; la stigmatale, placée sur la carène, est claire et continue. Tête petite et brune ; marquée de deux lignes claires correspondant aux sous-dorsales ; le ventre est concolore et marqué d'une double raie claire formant sur les anneaux du milieu un dessin losangé ; les stigmates blanchâtres et non cerclés. Au-dessous de la stigmatale il existe, à partir du au anneau, un gros point brun placé en dessous de chacun des stigmates. On voit, enfin, sur le premier segment, quatre traits bruns qui en occupent le sommet.

Bien que mangeant fort peu à la fois, la chenille de la Flaveolaria a touché aux feuilles et aux fleurs d’un bon nombre de plantes basses.

486 CHENILLES ET LÉPIDOPTÉRES INÉDITS,

Il est probable que dans la nature l’espèce, originaire des Hautes— Alpes, y vit sur les surfaces gazonnées et qu’elle passe de six à sept mois enfouie sous la neige, engourdie par le froid. Dans l’apparte- ment, la métamorphose à eu lieu en mai, et l’état léthargique a été fort court.

INSECTE PARFAIT.

Il est vrai qu'il varie du jaune citron au jaune orange foncé. Elle est très-commune dans les Alpes-Rhétiennes (Meyer). Assez fréquente dans les prairies sèches des montagnes de la Suisse orientale (Bremi). Abondante près de Zermatt, à la Grave et dans plusieurs autres parties des Alpes (Gn.).

La © de la Flaveolaria est un peu plus difñcile à rencontrer que le ©”; car, plus lourde que celui-ci, elle vole peu. Cette Acidalia est plus rare que sa voisine l’Aureolaria, ou plutôt moins répandue dans les collections, parce qu’elle n’habite que les régions montagneuses. Cette dernière, au contraire, est plus facile à chasser, puisque « elle est très-commune sur les pentes rocailleuses et chaudes de la plus grande partie de l’Europe. » (Gn., IX, p. 447).

Acidalia Belemiata, Mir.

(Species nova.) * (P1.:400, fig. 8 et 9.)

C’est la plus petite du genre après la Nexata, Hb., qui, elle, appar- tient à un tout autre groupe d’Acidalies. La forme relativement arron- die des quatre ailes de mon espèce nouvelle, et lagrosse tache d’un brun noir dont chacune de ses ailes est marquée aux trois quarts dubord interne, en font une espèce tranchée, et que de suite on recon-

Acidalia Belemiata. 487

naît comme distinete de tout autre. Si je rapporte l'Acidalia Belemiata au groupe G. du Species général (Gen. Ptychopoda, Steph.), je ne puis la comparer à aucune des Acidalia qui le composent, si ce n’est pourtant à la Lœvigata, dont les lignes transverses des ailes supé- rieures rappellent un peu celles de la nouvelle Acidalie.

Voici sa description :

Envergure, 0",015.

Les ailes sont arrondies, mais cependant les supérieures présentent une légère pointeobtuse à l’apex; ellessont d’un argileux foncé, un peu vineux, saupoudrées de quelques atomes noirs et traversées par deux lignes brunes, fines, très-coudées aux supérieures, une ligne de même couleur aux inférieures, partant toutes du bord supé- rieur pour aboutir au bord inférieur, avec une grosse tache noi- râtre , d'une forme à peu près rectangulaire , appuyée aux trois quarts du bord interne de chaque aile. L’unique bande transverse des inférieures, qui est très-arquée, n’est précédée d’aucune tache ni d'aucune ligne, si ce n’est pourtant le point cellulaire qui est relativement gros et noir, aux secondes ailes surtout; on voit, mais vaguement, un feston clair, subterminal, appuyé à la grosse tache noire précitée. On distingue en outre une série de points noirs-et ronds sur la frange des quatre ailes; celle-Jà est médiocrement large; elle est concolore. Le dessous serait assez la répétition du dessus ; cependant le fond est plus clair, les lignes, les taches et les points y sont beaucoup moins accusés. Les antennes sont longues, simples et de couleur argileuse ; les yeux noirs, le vertex et le thorax concolores; les pattes, longues et brunâtres, sont munies aux inférieures d’une paire d’éperons assez longs.

La © nediffére que légèrement du o’; elle est un peu plus grande et un peu plus foncée que lui.

Cette petite espèce m'a été procurée par M. Himmighoffen qui l’a découverte, ainsi que l’Inesata précédemment décrite; elle vole aux environs de Barcelone (Espagne).

» L88 €HENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

Devant trouver place après la Lœvigata, V’Acid. Belemiata portera, dans le Species général, le 758 bis. Mon cabinet: un © et deux ©.

Acidalia Stramimata, TR.

Sup., p. 205. Bdv., 1880? Herr.-Sch. p. 16, fig. 82, 83. Lah., 19. Gn.IX, p. 493. Stgr. 55. —Sylvestraria, Hb. 94? . == Marginepunctata, Steph. IE, p. 310. Wood. 724.

(PI. 400, fig. 40 et 11). CHENILLE.

Le 4 juin, une Straminata m'a pondu dix-huit œufs sphériques , cannelés, jaunes, puis rougeâtres ; ils sont éclos le 11 du même mois. Si ces œufs éclosent rapidement, la chenille, qui se développe en été, n’en grossit pas moins fort lentement. Six semaines après sa naissance, elle n’avait pas un centimètre de long; ce n’est qu’en ceptéembre que cette larve prend du développement d’une manière appréciable. A la voir, vers la fin d'octobre, parvenue à sa taille, on penserait que sa transformation doit avoir bientôt lieu; il n’en est rien cependant, car elle passe l'hiver (1) et ne se chrysalide qu'au premier printemps de l'année suivante, vers la fin de février. En est-il de même à l'état de liberté? La chose me paraît assez supposable.

Cette chenille est, pour une espèce de ce groupe, passablement longue, atténuée en avant, très-plissée, carénée, à tête petite, globu- leuse, un peu aplatie antérieurement, brune, rétractile, avec les derniers segments très-plissés et formés en petites caroncules; le clapet anal existe, mais imparfaitement. Le corps, sur un fond ver- dâtre plus ou moins prononcé, est chamarré de taches blanches,

(4) J'en excepte deux sujets qui se sont transformées à la fin de novembre.

Acidalia Straminata. 489 grises, noires et rougeâtres. Le losange dorsal, sur les anneaux du milieu, est bien formé ; il est ordinairement carné et liséré de noir sur les bords, avec des éclaircies blanchâtres extérieurement. On ne distingue que la ligne vasculaire; elle est fine, double, noire; le ventre, qui est de couleur fuligineuse, présente au centre, sur chaque segment du milieu, un dessin clair, en forme de losange.

Cette chenille est polyphage ; je l’ai nourrie avec les fleurs et les feuilles d’un certain nombre de plantes basses, telles que: Synan- thérées, Renonculacées, Polygonées, Convolvulacées, etc. Celles de ces chenilles qui ont continué à manger pendant l'hiver ont préféré les feuilles sèches, alors que les feuilles fraiches ne leur manquaient pas. Ainsi que la plupart des larves d’Acidalies, celle de, la Straminata se cache parmi les débris de plantes, les lie et tisse une sorte de réseau blanc à larges mailles, ressemblant assez à du tulle grossier; elle s’y blottit et se transforme après trois ou quatre jours, et, un mois après environ, éclot l’insecte parfait, c’est-à-dire vers le commence- ment d'avril.

La chrysalide ne présenterait rien de remarquable si la gaîne des antennes , des yeux, et celle des nervures des ailes supérieures, n'étaient des plus prononcées. La pointe abdominale est précédée d’un bourrelet et terminée par six ou sept crins recourbés.

1]

INSECTE PARFAIT.

La race méridionale est un peu moins saupoudrée d’atomes noirs que celle qui se prend en Allemagne; elle est donc plus claire, sans avoir le blanc satiné de la Subsericeata, Haw. Cette race du Midi est aussi plus grande; mais, malgré ces différences, je ne saurais voir ni une espèce distincte, ni même une variété tranchée; . d’ailleurs, la tache cellulaire et les points terminaux sont aux quatre ailes bien marqués.

Cette Acidalie ne doit avoir qu’une génération.

Les figures 32 et 83 de M. Harrich-Schaëffer sont très-bonnes ; la

o

190 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDIT#

Sylvestraria de Hubner, à cause de sa médiocrité, ne doit pas plus être rapportée à cette dernière Acidalia qu'à la Straminata, Tr. « D'ailleurs, vorame le dit avec grande raison M. Guenée, il est fort inutile de discuter une figure aussi imparfaite. »

L’Acid. Straminata, qui n’avait point encore été signalée comme appartenant à la Provence, est cependant très-abondante à Cannes pendant le mois d’avril, dans les terrains inculies qui avoisinent Notre-Dame-des-Pins.

Acidalia Rubricata, W.-V,

K.-19. Fab., 264, Bork., 152. Hb., I.— Tr., I p. 8 et Sup. p. 203 Dup., V, p. 94, pl. 176, fig. 5, 6. Step., HIT, p. 408, pl. 34, fig. 1.—H.-S., p. 22. Lah., 34. —Gn., IX, p. 454. Stgr., 108 = ? Rubiginata.

om L4

(PI. 100, fig. 16 et 17.) CHENILLE.

La Rubricata, par la forme relativement très-allongée de sa larve, serait peut-être mieux placée dans le voisinage des Acidalia Imi- taria, Hb., Depunctata, Scep. (Iconog.. pl. 72, fig. 8, 12 et 13), et Promutata. Elle est, en effet, très-longue, très-effilée, cylindrique, à peine carénée sur les côtés, à pattes antérieures très-rapprochées et à pattes anales se touchant presque, à tête petite et globuleuse, à clapet bien formé. Elle est en dessus et sur les flarics d’un jaunâtre carné, avec une seule ligne; la vasculaire, fine, continue et rougeàtre : le ventre est d’un vert clair uniforme; la tête, la région du dos et les trois premiers segments sont lavés de rougeûtre ; les stigmates ronds, noirs, bien visibles, les dix pattes concolores.

Il est surprenant que cette chenille, qui est si abondante dans la plus grande partie de l’Europe, soit demeurée inconnue jusqu'à ce

Acidalia Degeneraria. 491 jour, je l’ai nourrie avec les feuilles de la Vicia cracca, du Convolvulus vulgare, du Polygonum aviculare, etc. L'espèce paraît au moins trois fois dans l’année. Pour se métamorphoser la chenille se comporte ainsi que celle des Acidalia que j'ai observées et dont j’ai raconté les mœurs dans les précédentes livraisons.

INSECTE PARFAIT,

Indépéndamment du fond de la couleur, qui varie passablement du gris verdâtre au pourpre rosé (c’est cette dernière variété queje figure en regard de la chenilledu type, pl. 400, fig. 16), indépendamment de cette variété dans la couleur des ailes, dis-je, on rencontre dans le Lyonnais des sujets relativement petits, lesquels présentent une “envergure de 0°,15, alors que de grands exemplaires de cette Aci- dalie mesurent jusqu’à 0",25. |

Je n’ai jamais remarqué la Rubricata plus bas que le département du Rhône, et je ne sache pas qu'elle y ait été prise. Elle est fréquente aux environs de Lausanne, et près des lacs de Zurich et de Constance (Laharpe). Elle n’est pas très-rare sur les coteaux secs exposés au midi des environs d’Autun (Constant).

Acidalia Degeneraria, Hs.

57.— Tr. Il, p. 267.—Dup., V, p. 78, pl. 175, fig. 4.—Curt., 384. Step., IV, p. 394. Wood., 720. Herr.-Sch., p. 15, fig. 339. Gn., IX, p. 513. Stgr., 99.

(Var. Meridiaria, Mill.) (PI. 100, fig. 12 à 15.)

Voici une espèce qui présente, chez les sujets du midi de la France, une variété tellement constante, que le type, toujours rougeâtre et

: : _ 492 CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS.

plus petit, ne s’est, à ma connaissance, jamais rencontré en Provence. Je dirai en outre que la chenille de cette variété est d’une couleur si différente, qu’il pourrait bien se faire que ce fut une espèce séparée. Je ne la considère cependant que comme variété constante de la Dege- neraria, etje crois devoir l'appeler Var. Meridiaria. Tout en donnant la figüre de la chenille de chacune de ces deux races, je les décrirai

séparément et dirai leurs mœurs, lesquelles pourtant sont assez sem- blables.

CHENILLE DU TYPE (Degeneraria).

Elle est courte, atténuée en avant, très-carénée sur les côtés, très- plissée sur les premiers et sur les derniers anneaux, presque entière- ment d’un noir velouté, carnée sur les premiers et derniers anneaux, à Clapet anal formé, mais assez petit. On voit imparfaiteméent les deux premières lignes, et, si on distingue mieux la stigmatale, c’est qu'elle est blanchätre. Le dos présente, sur les 6°, et anneaux, un losange clair, mais qui n’est pas toujours bien arrêté sur les bords; on voit en outre, sur le 8°, un dessin en forme de fer à cheval, suivi d’une ligne noire qui atteint le 12° segment. Le dessous est également noir, avec une tache claire sagittée placée au centre de chaque anneau du milieu; les pattes écailleuses sont entièrement noires ; les autres sont 'concolores.

Quand cette chenille est au repos, sa pose est des plus rigides, et, ses habitudes de vivre à découvert, fixée près du sol pendant l'hiver, sont des plus curieuses à observer. Eclose en été, cette larve n'avait atteint son entier développement qn’en avril de l’année suivante. Elle a vécu sur plusieurs espèces de plantes herbacées, telles que Scabieu- ses, Achillées, Liserons, etc. Elles’est métamorphosée dans la mousse et a formé une chrysalide brune, lavée de verdâtre antérieurement, et terminée par une pointe recourbée et précédée d’un petit bour- relet brun. Le lépidoptère a paru en mai.

Acidalia Degeneraria. 493

CHENILLE DE LA VARIÉTÉ (Meridiaria).

L'œuf provenant de la seconde génération est sphérique et rougeà- tre. Lors de son éclosion, la petite larve est jaunâtre est cerclée de brun; éclose le 20 mai, elle était à toute sa grosseur vers le à juillet.

Je fais observer que cette chenille, représentant la génération de l'été, n’a jamais été noire comme celle du type, et que les sujets que ‘j'ai rencontrés dans la nature, pendant l'hiver, n’avaient pas davan- tage cette teinte obscure; que toutes ces chenilles, enfin, se sont tou- Jours montrées d’un rougeâtre plus ou moins foncé (4). Parvenue à sa taille, la chenille de cette variété constante m'a paru plus allongée et plus épaisse que celle du type; elle est atténuée en avant et caré=+ née, a tête petite, rétractile et brune. Les anneaux sont distincts ; ceux du centre présentent sur ledos une espèce d’X auxincisions ; on voit encore sur le un dessin rappelant vaguement celui du type. La ligne vasculaire est fine, interrompue, blanche; la stigmatale, qui est continue, est aussi un peu plus claire que le fond. Les stigmates ronds et noirs. J'ai nourri la chenille de cette variété de la même manière que celle du type.

INSECTE PARFAIT.

La figure de Duponchel (pl. 174, 4), nous montre, non la Dege- neraria type dont le fond est rougeâtre, avec une ombre médiane plus foncée ; mais elle indique la variété constante (Meridiaria), dont l’espace médian est ordinairement envahi par une teinte vineuse plus ou moins accusée. L

La couleur de l’insecte de Duponchel n’a, au reste, rien qui doive surprendre, car le sujet qui à servi à représenter la figure en ques-

(1) I est cependant utile de dire que parmi les chenilles noires du type, quel- ques-unes avaient perdu leur couleur sombre, et qu’elles étaient devenues d’un carné obseur.

49% CHENILLES ET LÉPIDOPTÈRES INÉDITS#

tion, provenait du Midi. « L’individu figuré, rapporte Duponchel, nous a été communiqué par le docteur Rambur, qui l’a pris dans les environs de Montpellier. »

Le type, que l’on rencontre de loin en loin aux environs de notre ville, au centre, à l’est et au nord de la France, en Angleterre et en Hongrie, n’a, je l’ai dit, jamais été remarqué en Provence.

La Var. Meridiaria qui, au moment de l’éclosion, a des reflets verdâtres, est fort abondante aux environs de Cannes, aux îles de Lérins principalement, elle paraît être, en ce lieu, la plus commune de toutes les phalénites. Elle est également fréquente à Amélie-les- Bains (Pyrénées-Orientales (1), aux environs de Montpellier, de Mar- seille, ainsi que sur tout le littoral, elle pourrait bien avoir plus de deux générations.

J'ai rencontré une seule fois cette variété constante près de Lyon, dans la propriété de MM. Ferrouillat.

(1) Les sujets de ce pays, obtenus de chenilles rencontrées en hiver, sont grands, bien marqués, et caractèrisent parfaitement la variété méridionale.

Fig.

Fig.

Fig.

Fig,

EXPLICATION DES PLANCHES.

EXPLICATION DES PLANCHES De la 22e Livraison (4868).

DT

PLANCHE 97.

EXPLICATION DES FIGURES.

E 4. Orgyia Ledereri o, MILL. ni 2 » » IE. 3. Acidalia Isabellaria o', Mir. 4. » » JL. 5. Chenille de l’Ædia Pusiella, ROEMER. 6. » » » rongeant une feuille. 7. Chrysalide. 8. Cocon. 9. Insecte parfait. IV. 10. Chenille de l’Arctia Rivularis, MEN. 44. » » 42. Insecte parfait o”. 49.» pv. -£:;

Tige fleurie de Cerinthe major, L.

495

496

UN AREZ À

EXPLICATION DES PLANCHES,

PLANCHE 98.

EXPLICATION DES FIGURES. k

Argyris Ommaitophoraria $ GN. (Bombyx Ocellata, Herr.-Sch.)

IL:

Fig. 2. Cucullia Formosa, ROGENHOFER.

Fig 99: . Insecte parfait ©.

8.

Fig 50) . Insecte parfait.

[EL

Chenille de la Fidonia Pennigeraria, He.

Branche de Santolina chamæcyparissus, L.

IV. >. Chenille de la Polia Canescens, Bpv. (Var.? Asphodeli, Ram.) » » » (Var.) . Chrysalide,

Insecte parfait 6. Feuille d’Asphodelus ramosus?

Ni Chenille de l’Alamis Albidens, HeRR.-ScH.

Branche de Calycotoma spinosa, L.

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

Fig.

æ

10.

44. 42. 13.

14. 15. 16.

= w D »

EXPLICATION DES PLANCHES,

PLANCHE 99.

EXPLICATION DES FIGURES.

[.

. Chenille de l’Orgyia Ramburii 9 , MABILLE. . Cocon. . Insecte parfait ©.

» » Q.

IE.

. Chenille de l’Eubolia Proximaria, RAM.

. Insecte parfait. HIT. . Cheñille de la Tephrina Assimilaria, RAMB. » » » (Var.) . Chrysalide. Insecte parfait.

Branche de Genista corsica.

LV:

Chenille de la Tephrina Partitaria, Hs. Chrysalide.

Insecte parfait.

Tige de Teucrium chamædrys, L.

#

Chenille de la Tephrina Murinaria, W.-Y. Chrysalide.

Insecte parfait.

Tige de Vicia cracca, L.

497

498

Fig.

Fig.

Fig.

Fig,

Fig.

Fig.

LES

: we EXPLICATION DES PLANCHES.

PLANCHE 100.

EXPLICATION DES FIGURES.

I.

. Chenille de l’Ostrinaria, HB. . Jnsecte parfait.

IL. . Acidalia Inesata ©, MILL. » » 9. » » a

IX.

6. Chenille de l’Acidalia Flaveolaria, Hs.

16. 17.

. Insecte parfait.

IV.

. Acidalia Belemiata ©, Mizz.

» »

V:

. Chenille de l’Acidalia Straminata, TR. . Chrysalide.

VI.

. Chenille de l’Acidalia Degeneraria, Hs. (type).

» » (Var. Meridiaria, Mize.)

. Chrysalide. . Insecte parfait (Var. Meridiaria).

VII.

Chenille de l’Acidalia Rubricata, Hg. Jnsecte parfait (Var..).

Convolvulus arvensis, L.

Annales de la Nocete Linnéenne de Lyon 12° Année 1868. PL 97 4}

Joquas pl pr? Debray se

P M;]/; s D ? 4 L. Muleère et loujade p

L. z et 2, Orauta Ledereri, Mi. IL 3 et b, Acidadia. Lsabellaria, Mu Il. 5 & 9, Ædta Pusiella, Roemer.

[V, ze à 13, Arctia Rioularis, Mené

Annve 1866 P1L,a8

22 LD

Annales de la Soi tele Linréenne de Lyon.

P Milire et Pouade p £ Joques pl. p?

L z, Arquyris Ormmatorhorartæ p 6n. Bombye. Ocellata, Her -Sch.

IL. 2, Cacullra Formosa., Rogenhofer IL. 3 ec 4, Fidonia Pennigerarta, Ab. [V. 5 « 8, Pola Lanescens, Bdr. | Var. : Asphodel, Ram.

V. 9 et 10, Aamis Albidens, Herr- Sch. (Albidentarta, Freu.

Inp. Anuiste A 0 Mignon i

Annalas de la Societé Linnéénne de Lyon. 22 © Lipr.

Anrwe 1868. PL 99

PMillère et Poujade. p: VJoques pl, Debres

L 244, Ory gra Ramburtü, Mabille. Il. 5 été 6, Eubola Proximaria, Ramb. EL. 7 & 10, Tephrina Assimilaria., Ram. VI. Z2 &13, 4... Partitaria ,. Hb

V. zh &16, td. Murinaria, W.-V.

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Annales de la Socirte Linneéenne de Lyon.

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TABLE ALPHABÉTIQUE

DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME

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Les noms des espèces et des genres sont en caractère romain, ceux des variétés en italique et précédés d’un V en grande capitale

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* 500 TABLE DES MATIÈRES. .

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TABLE DES MATIÈRES. 501

Pages. Catalaunaria, Gn. (Psamatodes). . . .: . . . . . 262 Hanicocnemis," Sigr. (Sega). 4: 2". 2 M ie to M Dar, Hb. (Aspilates):. "SR DT, ot DD: QATYO). 4 0 RER LS à ON Gosciferata; Mill. (Eupithecia). :#. 1.4 . 2... : .. 14 ON OC) 2. “OA ra ele Coronillaria , Hb. (Pseudoterpna). . . . . . . . . 398 Corsicaria , Ramb. 6 A TS FOR RE TE ENV (po), 5" Tue Nm, . 1097. D: (Herman), RS NAT 5 A HD: (TOrtMIX).., 5: 2 0 CAS Qt 2: 7, RS Or (diys). 0 NO ANT 2e, 939 Maria R0es. (Pseudaterpna). ©... 44. .…: % 392 D RONA ML QEyDhoniAa) 7 4 50 Vo 97 0 (PA) A EL on De ot, PL LENS ten): 7 5 OR 0 Et es n-neraria.-Hb. (Acdala}is & 4%. 7. 9, =... : : 4% Depunctata, Gn. (Acidalia). . . . . . MP AE SN E ra Hb. (Laphyema): tte 26 FARMER 1 cr 090 ms; Lef.(CGrÿmodes).”" .: 2227. tm . ‘498 Dora; Esp "CATOO), | 1." US 1: :::900 OO Slpr CAMION): 0 TEE Faustinata, Mill. (Nemoria). . . . * . , . . . .. 436 Paule oil: (Deprésara): "=, een just. HDI

Maipnia; MIE (14.7: 7. ant) où. or ie0p

502 TABLE DES MATIÈRES.

Fidia, L. (Satyrus). Flaveolaria, Hb. (Acidalia). Flavocincta. Roes. (Polia). Fluviata-Gemmata. (Camptogramima) Formosa, Rogenhoser (Cucullia). Fulminella, Stgr. (Psyche).

G

Graëllsi , Feisth. (Xanthodes). . Geometrica, Rossi. (Grammodes) Gnidiella , Mill. (Ephestia). Græcella, Mill. (Psyche).

V. Grossulariata, Mouff. (Abraxas)

51

V. Hebe. L. (Chelonia). (Var. D. E. F.). Heydenii, Zell. (Agdistis).

Himmighoffeni, Stgr. (Sesia). (planche 89) Himmighoffeni, Mill. (Micra).

Hispanalis, Gn. (Nodaria).

Hispanaria, Mill. (Scodiona).

Hispanica, Bell. (Leucania). he V. Humuli, L. (Hepialus) (Var. A. B. et C.) Hylas, S. V. (Lycæana).

Hyperborea, Daim. (Pachnobia).

Hicis, Ramb. (Bombyx). V. Illunaris, Hb. (Pseudophia).

293 308 252

381

17 302

2992 128 265 428 421 329

79

49

162

TABLE DES MATIÈRES,

Haitaria, Hb. (Acidalia). Immutata, L. (id.). Impararia , Gn. (lodis).

V. Immunila, Sigr. (Euclidia). Indigenaria, Vill. (Eucrostis). Inesata, Mill. (Acidalia). Interjectaria, Bdv. (Acidalia) Isabellaria. Mill. (id.) .

EL

Laeta, Stgr. (Atychia).

Lachesis, Hb. (Arge) .

Laevigata, Scop. (Acidalia). Lavaterella, Mill. (Buceulatrix). Ledereri, Mill. (Orgyia). . Leschenaulti, Stgr, (Psyche). Leucogaster, Frey. (Noctua).

V. Lividaria (Nychiodes). (Var A.). Lugdunellus , Mill. (Crambus).

NE

Malvae, Esp. (Xanthodes), 6 Massiliata, Dard. et Mill. (Eupithecia). Mediaria, Hb. (Acidalia). V.Meridiaria, (Mill. (id.).

Moniliata, W.-V. (id.), Multiflorata, Mil. (Eupithecia). Murinaria, W.-V. (Tephrina).

503 .

Pages. 202 198 316 406 299 A82 119 453

13 92 114 69 451 121 219 78 305

318 145 297 491 236 194 474

504 TABLE DES MATIÈRES.

. N Pages. Nexdla "Ab (Acidal ay AR ONE REED TR ORNE Nodiflorella, Mill. (Depressaria). . . . . . 1. . V9 Nyctemeraria, Hb. (Hemerophila). . : . . . , .'. 8 @ Cnhterata; Dalm: (HydAla): 22 4901 SALE re ÉMOUREEESSSES OPsolétäria;Ramb. (Acidalia). 57. 002 V0 Ochrata, Scop. (OUEN Re ENT RAR EN OM re EE VS OTbiarias MT" (Career ne Er EE RP Olbienalis, Gni(Métasia)ie 5 0 CU RUE MSN Qfeastrélas NAIL (Timea); 0220 LRU ER MINES ENENRRRE Ophthalmicata , Led. (Gnophos), : 1 7: : . 1. N0NS7s Ommatophoraria, Gn. (Argyris). (Bombyx Ocellata, H.-S.). . 461 OSSPAA AN. (AGidalia)ei 5 LE SP RE TERRES OétrinaneiHb. AGdalia):,-.S 7". 148 2 PER EEER > Pancratn Cyillo (Glotahieres" Air IP SRE TT EME Partitané,\ Ab: (Tephnina)ie" "200 Me POUNEE, CRISE Pechania Sert (Acta) Aide. ue TU MOTS MINT CNRS Permixtaria, Herr.-Sch. (Melanippe). . . . . . . . 439 Phirella., Mill (Zee en Re SE CRT RES Pohtanias HD: (Acidatee. "PR OLA ER RS RENE Porphyrella: Dupi, (Atrobasis}i "25 05 AN PSS NsaPoliteng. Hb:(Thais) 02e RER OI V: Potatoria o,L. (Lasiocampa). . , :e . . , 43 Propinquarias:Bdve: (Synopsia). 23%, ne ME AU RSR Propinguella,Fr.:(Dépressaria), à. SRE ES Tr PES

Proximaria;,, Ramb.: (Bubolia): 7.222 PR LS EE ARE

TARLE DES MATIÈRES.

Psoralella , Mill. (Gelechia), À Pupillaria Var. Gyraria, Dup. (Ephyra), Pulmentaria, Gn. (Nemoria). | Putrescens, Tr. (Leucania).

Pusiella, Fab. (Ædia) .

LU

V. Quenselii, Payk. (Arctia) (Var. A. B.C. D.)(et Var, F.).20et348

Ramburi , Mabille (Orgyia). Reaumuraria , Mill. (Cleta). . Respersaria, Dup. (Gnophos?) . Rippertaria, Dup. (Tephrina). Rivularis, Menet. (Arctia).

Robiginata, Stgr. (Acidalia).

Robiniella, Mill. (Myelois). Rosmarinana, Mill, (Olindia). Rosmarinata, Dard. et Mill. (Eupithecia). V. Rubi. o”, L.(Bombyx).

Rubea. S. V. (Liparis).

Rubella, Dup. (Luperina).

Rubricaria, W.-V. (Acidalia)

Rufocincta, Hb. (Palia).

Rusticata, W.-V. (Acidalia).

Sanguinalis, L. (Rhodaria). Sapho, Mill. (Fumea).

Scapulosa, Hb. (Cerocala).

V. Scopariæ, Mill. (Agrotis). Sextiata, Dard. et Mill. (Eupithecia).

506 YABLE DES MATIÈRES.

Sieboldii, Reutti (Fumosa). Sociaria, Hb. (Synopsia). . Sommeri, Lef. (Crymodes).…. Sordida, Hb. (Arctia). Staticeana, Mill. (Lobesia) Straminata, Tr. (Acidalia). . Staudingeri, Zell. (Crambus). Suriens, Reutti (Fumea). Submutata , Tr. (Acidaia).

ÿ

Templi, Thumberg (Dasypolia). Tenella, Speyer (Psyche). . Theophila, Stgr. (Omia). Thymula, Mill. (Nola). Trimaculalis, Stgr. (Botys.

U Unionalis, Hb (Margarodes).

à "4

Valesiella, Mill. (Psyche).

Vandalicia, Mill, (Chenille du Bombyx).

Viridata , L. (Nemoria).

Volgaria-Prasinaria, Evers. (Geometra) . x

Xanthenes, Germ. (Gortyna). Xeranthemi, Bdv. (Cucullia).

FIN DU DEUXIÈME VOLUME.

Assoc. typ. lycnn. Regard, rue Tupin, 1.

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